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30 novembre 2024
Economie
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LE PACTE, UN ENGAGEMENT À CONCRÉTISER
EXCLUSIF SENEPLUS - Face au silence du nouveau régime sur le Pacte de bonne gouvernance démocratique, la société civile se remobilise. Objectif : rappeler aux décideurs leur promesse pour un Sénégal de démocratie participative et d'État de droit...
La Coalition pour le suivi du Pacte national de bonne gouvernance démocratique a tenu une conférence de presse mardi 30 juillet au Radisson Blu pour faire le point sur l'état d'avancement de ce texte signé par 13 candidats à l'élection présidentielle de 2024, dont le président élu Bassirou Diomaye Faye.
Plus de 100 jours après l'élection, la Coalition déplore ne pas avoir reçu de réponse à ses demandes répétées d'audience adressées aux nouvelles autorités. Si certaines mesures prises vont dans le sens du Pacte, le silence observé suscite des interrogations selon les responsables de la Coalition.
Celle-ci dit rester dans une démarche constructive, rappelant que le Pacte est l'expression d'une demande sociale ancrée dans les conclusions des Assises nationales et les recommandations de la CNRI. Elle dit sa volonté de poursuivre le dialogue et d'éclairer l'opinion sur les enjeux de ce texte visant une transformation institutionnelle et démocratique en profondeur.
Plusieurs actions ont été annoncées, notamment une campagne d'information et des travaux avec la société civile sur la méthodologie et les outils de suivi de la mise en œuvre effective du Pacte. La Coalition dit rester confiante dans la volonté de changement exprimée et attend désormais des signes concrets de la part des nouvelles autorités.
Retrouvez ci-dessous, la déclaration liminaire lue par l'ancien ministre et membre du mouvement Sursaut citoyen, Mamadou Ndoaye, à l'occasion de cette adresse à la presse :
"Mesdames, Messieurs les journalistes,
Chers amis des mouvements citoyens,
Nous sommes ravis, au nom du collectif des mouvements citoyens engagés pour l'application des conclusions des Assises Nationales (AN 2008/2009) ainsi que des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI/2013), de vous souhaiter la bienvenue à cette conférence de presse. Il s’agit essentiellement pour nous de porter à la connaissance de l’opinion publique nationale l’état actuel et les perspectives de portage du Pacte national de bonnegouvernance démocratique.
Permettez-nous tout d’abord de faire quelques brefs rappels qui permettent de situer le sens, la portée et les implications du Pacte.
Le Pacte s’origine dans les luttes contre les atteintes graves aux libertés individuelles et collectives ainsi que les dérives autoritaires qui ont marqué l’histoire récente du Sénégal sous le régime de Macky Sall. Au-delà de la résistance du moment, la durabilité des conquêtes exigeait de donner corps au « plus jamais ça dans notre pays » en promouvant un nouveau contrat social régulant un vivre ensemble basé sur quatre piliers : la démocratie participative, l’État de droit, la gouvernance responsable et la citoyenneté consciente et active.
Pour élaborer un tel contrat social, il n’était point besoin de réinventer la roue : les conclusions des Assises Nationales et les recommandations de la CNRI ont alimenté la substance du Pacte et du même coup fondé solidement sa légitimité dans ce large consensus national sur la demande sociale de transformation du pays, demande validée par les différents secteurs et niveaux de la société ainsi que par le leadership politique et syndical à l’exception du parti au pouvoir de l’époque.
L’opportunité offerte par les élections présidentielles de 2024 a été alors saisie pour lancer un processus de rencontres et de dialogue entre les candidats et le collectif des mouvements citoyens sur les orientations et le contenu de la transformation afin d’aboutir à un accord solennel. C’est ainsi que sur les 17 candidats aux élections, 13 ont signé le Pacte et pris l’engagement écrit de « traduire les principes, valeurs et objectifs du Pacte en plan d'actions à réaliser dans le courant de la première année de leur mandat en cas de victoire électorale à la présidentielle de février 2024. ». Principes, valeurs et objectifs que l’on peut résumer ainsi :
Une République laïque et démocratique organisée en un État unitaire décentralisé où la pleine reconnaissance et le respect des diversités qui composent la nation constituent le ciment de l'unité nationale et le fondement de toute prise de décision publique ;
Un État de droit qui assure la séparation et l’équilibre des pouvoirs, l’indépendance de la justice, l’effectivité de l’exercice des libertés individuelles et collectives et la primauté du droit en se dotant de dispositifs appropriés, notamment une Cour Constitutionnelle au pouvoir élargi et renforcé à la tête du système judiciaire ainsi qu’un Juge des libertés ayant la capacité d’ordonner des mesures diligentes et provisoires : tout cela implique aussi que l’Exécutif doit impérativement sortir du Conseil supérieur de la Magistrature ;
Une démocratie participative où, le peuple étant réellement source de tout pouvoir, la concertation et la participation sont érigées en principe constitutionnel, démocratie qui place le citoyen au centre du système en lui donnant, au-delà du droit de vote, des espaces d’initiative et des instruments de contrôle de l’action publique comme des prérogatives nouvelles en matière de pétition, de loi et d'accès à la justice : il s’agit là d’un renversement de paradigme et d’une véritable révolution copernicienne par rapport à l’hyper-présidentialisme régnant ;
Une gouvernance globale dévouée à l’intérêt général et basée sur l’éthique, la sacralisation des deniers et biens publics, la reddition des comptes et l’imputabilité constitutionnalisées, le traitement équitable des citoyens y compris l’égalité homme-femme ; qui érige la transparence, la consultation et la participation en mode de fonctionnement ; assure une gestion vertueuse, rationnelle et durable des ressources naturelles, en particulier foncières et minérales ; régule le jeu politique, électoral et économique de façon à en garantir la transparence, l’équité et le caractère pacifique ; rend effectif le principe constitutionnel d’une administration publique républicaine, impartiale et apolitique avec des appels à candidature pour pourvoir les postes de direction ; procède à une dévolution de pouvoirs significatifs et de ressources conséquentes renforçant les capacités de réalisation et l'autonomie financière actuellement trop faibles des collectivités territoriales tout en responsabilisant les citoyens à la base par des prérogatives de participation et de contrôle de la gestion locale ;
Réaménagement du dispositif de contrôle de l'État autour de la Cour des Comptes, institution supérieure de contrôle des finances publiques en vue de le rendre structuré à toutes les étapes et coordonné entre toutes les instances.
Développement d’un continuum éducatif dans les langues nationales permettant la maitrise par toutes et par toutes du nouveau contrat social afin de promouvoir une citoyenneté consciente et active pour l’exercice aussi bien de ses droits et libertés que de ses devoirs et obligations.
Voilà donc, pour l’essentiel, les orientations de transformation institutionnelle et de gouvernance que les 13 candidats, dont M. Bassirou Diomaye Faye qui a été élu président de la République, se sont engagés à mettre en œuvre.
En ce qui le concerne, le Collectif a pris également l’engagement écrit d’« accompagner l'évaluation et la promotion de la demande citoyenne et à concourir à parfaire son élaboration et sa formulation. ». Les deux parties se sont assignées une obligation de suivi des engagements respectifs « en mettant en place, en tant que de besoin, un Comité de suivi chargé d'apprécier l'évolution des questions faisant l’objet d'intérêt ou de préoccupations communes. »
Où en est-on aujourd’hui par rapport à tous ces engagements ?
Pour se conformer à la redevabilité mutuelle de suivi, le Collectif a adressé, dès le 25 mars 2024 donc avant même la proclamation officielle des résultats, une lettre de félicitations au nouveau Président de la République avec une demande d’audience pour un entretien sur le Pacte.
N’ayant pas reçu de réponse, le Collectif a écrit une seconde lettre au Président de la République en date du 19 avril 2024, cette fois-ci après son installation officielle, pour saluer les premières mesures prises par les nouvelles autorités allant dans le sens du Pacte et pour réitérer sa demande d’audience. Après plus de 100 jours, nous restons en attente d’une réponse.
Toutefois, il ne nous semble pas responsable, à partir de ce fait, de précipiter un bilan de déception dans un contexte où l’enjeu est vital : une opportunité historique pour le peuple sénégalais d’accomplir un saut qualitatif vers un vivre-ensemble de démocratie, de progrès social et prospérité partagée. L’espérance d’une véritable alternative a été si fortement exprimée par les Sénégalaises et les Sénégalais que notre rôle, voire notre devoir, est de la soutenir et de l’accompagner en tant que demande sociale afin qu’elle puisse aboutir.
Par ailleurs, après 100 jours, le temps relativement court de réalisation ne fournit pas d’éléments probants permettant une évaluation objective d’un processus de transformation ne serait-ce qu’institutionnelle et ce d’autant plus qu’en ce qui concerne spécifiquement le Pacte, l’engagement de le mettre en œuvre se situe dans la durée d’une année, la première du premier mandat.
En revanche, nous avons des sources sérieuses d’interrogation :
Pourquoi le président de la République prend-il plus de 100 jours sans répondre à notre correspondance ?
Pourquoi les mots Pacte et Assises nationales semblent bannis du discours des nouvelles autorités alors qu’ils foisonnaient dans leurs messages de la période préélectorale ?
Pourquoi les nouvelles autorités n’invitent pas le Collectif à leurs initiatives de dialogue sur les sujets qui le concernent à l’instar de celui initié sur la réforme de la Justice ?
Tout observateur objectif peut reconnaitre la légitimité de telles interrogations. Nous n’en tirons pas pour autant de conclusion hâtive pour les raisons suivantes :
L’enjeu tel que souligné ci-dessus dépasse nos egos et nos émotions car il s’agit du devenir du vivre ensemble au Sénégal.
Nous n’osons pas également croire que la démission du président du poste de secrétaire général de Pastef-Les Patriotes, son engagement à mettre fin à « l’hyper-présidentialisme » et à renforcer l’indépendance de la justice, sa décision d’initier les Assises de la justice ainsi que les actes posés par les nouvelles autorités pour une gouvernance éthique et sensible à la situation des plus démunis relèvent simplement d’éléments de communication et ne sont pas les signes d’une volonté de transformation dont nous ne doutons pas.
Nous n’osons surtout pas croire que les nouvelles autorités feront moins que Macky Sall qui, tout en disant qu’il avait émis des réserves lors de la signature de la Charte des Assises, a tout de même confié au bureau des Assises, la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) sans bien entendu adopter les recommandations transformationnelles qui en sont issues.
Au bilan, la balle se trouve aujourd’hui dans le camp des nouvelles autorités qui peuvent et doivent lever ces sources d’interrogation. Leur première différence par rapport à ce que le peuple a observé jusqu’ici doit être de montrer qu’elles respectent les engagements auxquels elles ont librement souscrit à travers le candidat Diomaye vis-à-vis du Pacte mais aussi d’Ousmane Sonko qui a signé la Charte des Assises nationales.
Pour sa part, le Collectif persévérera dans son approche pour faire comprendre aux nouvelles autorités que le Pacte qui repose sur les conclusions des AN et les recommandations de la CNRI n’est pas et ne saurait être traité comme une simple requête d’une coalition de la société civile et encore moins comme une exigence posée des individus (pour ne pas dire Massemba ou Mademba). Comme dirait l’autre, il n’est non plus ni le Coran, ni la Bible. Pas du tout un prêt-à-porter.
Le Pacte traduit, par son ancrage sur les AN, une demande sociale solidement établie par des consultations les plus larges possibles couvrant les différents secteurs et niveaux de la société et par des démarches de validation ascendantes tout en restant un document dont l’élaboration et la formulation restent ouvertes à l’amélioration à travers le dialogue et la co-construction.
Loin donc de toute déception, encore moins de capitulation, une telle approche ouvre plutôt des perspectives d’action avec les objectifs suivants :
Mieux faire connaitre à l’opinion le contenu et les objectifs du Pacte à travers une campagne d’information
- Conférence de presse le mardi 30 juillet 2024 de 11H à 12H30 au Radisson Blu (introduite avec un court documentaire d’une douzaine de minutes) ;
- Publication d’un texte collectif sur le Pacte qui sera signé et publié dans la presse nationale le 6 août 2024 ;
- Série d’interventions sur les plateaux télé et les radios par des membres désignés de la coalition ;
- Série de contributions écrites individuelles ou en comité spécialisé des membres de la Coalition ;
- Diffusion en « première » du film d’une heure 13 minutes sur notre mobilisation citoyenne « Fatéliku » de Joseph Gaye Ramaka le mardi 20 août 2024 à 11H au Radisson Blu. Cette première sera précédée de la rediffusion du court-documentaire sur le Sursaut Citoyen ;
- Réalisation d’un « cartoon » sur le modèle du Conseil Supérieur de la Magistrature en langues nationales et en Français.
Élaborer collectivement non seulement pour approfondir le contenu du Pacte mais aussi pour développer une compréhension partagée de la méthodologie, des instruments et une feuille de route pour la mise en œuvre du Pacte :
- Organisation d’un pré-colloque sur la méthodologie de la transformation
- Lancement de nouvelles conversations citoyennes pour approfondir les différents thèmes liés à la méthodologie de mise en œuvre
Promouvoir le dialogue avec les nouvelles autorités sur la mise en œuvre du Pacte
- Nouvelles initiatives pour des rencontres et des échanges
- Proposition de co-organisation avec l’administration Faye-Sonko d’un colloque sur la transformation
Poursuivre le travail entamé sur la stratégie et les instruments de suivi-évaluation de la mise en œuvre du Pacte
- Finalisation du cadre de mesure des avancées dans la mise en œuvre du Pacte : critères, indicateurs, moyens de vérification ;
- Séminaire de Réflexion sur les conditions de mise en place d’un Observatoire de la transformation et de suivi des politiques publiques.
En fin de compte, notre message est clair : quels que soient les obstacles, nous allons continuer d’avancer car nous luttons pour un nouveau vivre-ensemble que le peuple demande et pour lequel il s’est fortement exprimé le 24 mars 2024."
par Malick Sy
OUSMANE SONKO OU L’ENGRENAGE PERMANENT
La politique est un humanisme. Lui en a fait un conflit. Plus préoccupé par l’assise de son hégémonie sur la marche du pays, il peine à dissiper les confusions entre ses habits d’opposant et ceux de chef de gouvernement
Il s’est opposé sur un flot de sang. Il est en train de gouverner sur un volcan. Une gestion sismique qui accumule jour après jour, les signes avant coureurs d’une éruption. Entre sa défiance à l’égard du parlement, ses menaces envers certains médias, ses immixtions présumées dans l’organisation de la grande muette, les sueurs fiscales froides administrées aux entrepreneurs et quelques perditions contre les magistrats, sa gouvernance n’en finit pas de s’installer dans l’engrenage.
À l’évidence, ce n’est pas qu’un simple bouquet de maladresses et de dérapages, mais une composante essentielle de la méthode Sonko qui a occasionné dans un passé encore récent, quelques commotions insurrectionnelles sans précédent au Sénégal.
Aujourd’hui, le contexte a changé. Pas les discours. La réthorique du chef de gouvernement n’est pas sans rappeler les diatribes du chef d’opposition. Cette stratégie de la tension est le cœur du réacteur d’un homme qui ne s’accomplit que dans le conflit. Elle est le marqueur politique d’un combattant qui s’oxygène à l’odeur du champ de bataille, le label d’un rentier de l’illusion qui a fait du vacarme, le terreau de sa spectaculaire ascension politique. Alors pour ceux qui l’imaginent en « casque bleu» du pacte républicain, il faudra certainement repasser.
Il a joué l’alternance sur un ring
Il a beau être chef de gouvernement, Ousmane Sonko ne semble pas prêt à modifier sa posture de «guérillero». Épauler, ajuster, tirer. L’homme n’a rien perdu de ses impulsions combattantes. On ne change surtout pas une stratégie qui gagne. Si la surenchère a catalysé son dessein politique, c’est son instinct guerrier qui a structuré sa lutte de haute intensité contre Macky Sall et son régime. Seul et sans gants, le président du Pastef a joué la troisième alternance sénégalaise sur un ring. Un affrontement périlleux contre un pouvoir qui ne lui a rien épargné, lui infligeant un déluge sans précédent.
Ce jour là, le calendrier indique 24 mars 2024. Les Sénégalais sont appelés aux urnes. Ousmane Sonko, fraîchement élargi de prison, vient de faire basculer tout un système lors d’un scrutin historique. La vague Pastef inonde le pays, provoquant un véritable tsunami électoral. Bassirou Diomaye Faye est élu dès le premier tour. Il devient le cinquième Président de la République du Sénégal. Ce sera le point culminant de l’épopée Sonko. Le PROS comme on l’appelle, entre dans ces instants qui font l’histoire d’un pays pour avoir été l’architecte en chef de la stratégie de conquête du pouvoir par son parti.
Pour un homme qui était sous numéro d’écrou quelques jours plus tôt, personne n'imaginait que cela allait arriver si paisiblement. Surtout si rapidement. À l'échelle de la politique sénégalaise, c’est un fait historique inédit. Jamais, la marche de notre nation n’aura été à ce point, soumise à la volonté et à l’influence d’un seul homme, devenu le principe actif de la scène politique sénégalaise. Alors qu’on l’aime ou pas, Ousmane Sonko, c’est avant tout la force d’une destinée personnelle au service du destin politique du Sénégal.
D’un humanisme, il a fait un conflit
Pour le reste, pas grand chose à voir. Voire rien à signaler. Hier opposant, Ousmane Sonko a compilé promesses mirobolantes et engagements saisissants. Normal qu’en les portant lui et son candidat à la tête du pays, de nombreux Sénégalais espéraient « enfin » voir des remèdes à leur désespoir. Mais plus de 100 jours plus tard, ils sont de moins en moins à trouver des débuts de solution à leurs problèmes. La gouvernance Diomaye-Sonko est déjà source de déception chez de plus en plus de Sénégalais. Une partie de l’opinion, pas encore majoritaire, commence à se retourner contre le régime. Une colère qui s’entend encore de très loin, mais qui pourrait se rapprocher très rapidement, surtout chez les jeunes, qui ont été les moteurs de l’alternance. La réalité du pouvoir a rattrapé le sommet de l’exécutif qui est en train de payer l’addition de longues années de propagande populiste.
À cela, s’ajoute la méconnaissance de l’État. Il y a des fonctions qui requièrent le sens des responsabilités. Celle, particulière qu’occupe Ousmane Sonko, en fait partie. Être Premier ministre oblige à prendre de la hauteur et à respecter les exigences républicaines liées à ce poste. Lui est entré dans la fonction exactement comme il a quitté l’opposition, pénétré de l’illusion de puissance et d’ambitions impériales. Plus préoccupé par l’assise de son hégémonie sur la marche du pays, il peine à dissiper les confusions entre ses habits d’opposant et ceux de chef de gouvernement.
La politique est un humanisme. Lui en a fait un conflit. Vaguement démocrate, infiniment rebelle, plutôt radical et un rien autoritaire, l’homme change si souvent de costume et de posture qu’il est devenu de plus en plus difficile de définir Ousmane Sonko.
La République c’est presque lui
Depuis sa nomination, il sature médias et réseaux sociaux. Il ne compte pas ses mots et parle autant qu’il fait parler. Cette obsession patibulaire d’attirer la lumière et les attentions ont fait d’Ousmane Sonko, l’épicentre du pouvoir. Il a cassé tous les codes de la relation au sein du couple exécutif. Aujourd’hui c’est le Premier ministre qui incarne l’âme de la République, parasitant par la même occasion, la fonction présidentielle.
Ses immixtions dans la politique étrangère, domaine réservé de Bassirou Diomaye Faye ont été décriées. Le sublime est atteint avec l’annonce de sa tournée dans les pays de l’AES. L’affaire du « Général Kande » dans laquelle son nom est cité avait aussi scandalisé et déclenché une forte polémique. L’affectation-éloignement de ce général, tourment selon la clameur populaire des indépendantistes de la Casamance, s’est alourdie du soupçon prêté au Premier ministre de redessiner la carte des alliances militaires sénégalaises.
Cette prérogative qui relève exclusivement du président de la République, chef suprême des armées est au cœur du système nerveux républicain. Si l’épisode du Général Kandé a exposé aux torches médiatiques les secrets militaires. Il fut surtout interprété comme le symbole d’un Premier ministre « jupitérien», affranchi de tout et dont la toute puissance est à la mesure de la concentration inédite de pouvoirs entre ses mains.
Enlisé hors du champ républicain, Ousmane Sonko agit comme s’il était « La République». Une attitude qui rappelle étrangement celle de son tribun d’ami populiste, Jean-Luc Mélenchon, qui s’était opposé à des policiers venus perquisitionner le quartier général de son parti en vitupérant : «la République, c’est moi ». Si toute proximité idéologique entre les deux hommes n’est que fortuite, il faut dire que personne, avant Ousmane Sonko n’a osé rabaisser, à un tel niveau plancher, le seuil du respect que ses prédécesseurs, sans exception, ont manifesté aux institutions de la République.
Le patron du Pastef restera certainement et pour longtemps encore, le seul premier Premier ministre à avoir osé affubler publiquement un chef d’Etat sénégalais, d’un sobriquet (Serigne Ngundu) pour le moins irrespectueux dans l’imaginaire populaire national, comme s’il voulait dynamiter l’autorité et la sacralité de la clé de voûte de nos institutions.
Dans le même registre, jamais aucun Premier ministre en exercice n’avait critiqué aussi violemment les plus hauts gradés de la magistrature sénégalaise. Ousmane Sonko a t-il oublié qu’il ne pouvait plus désormais dire tout ce qui traverse son esprit ? Que ses discours au canon contre les juges, n’étaient désormais plus ceux d’un opposant mais engageaient désormais tout l’Etat ?
Dans sa posture, on doit apprendre à parler bien et à agir juste. Aujourd’hui chef du gouvernement, il devrait ranger son agenda du chaos et éviter de se laisser aller à des outrances qui fragilisent les organismes de notre système immunitaire démocratique.
Pas de honte à se tromper
Tout encore à la propagation de sa geste populiste et à l’élargissement de son périmètre d’influence, l’homme s’est placé à contrepied des espoirs placés en lui. Il a oublié ruptures et promesses. Chef d’un gouvernement qui doit faire face à d’innombrables urgences, lui qui avait promis de guérir les mal voyants et marcher sur Mars au lendemain de sa victoire, est encore loin de là où il est attendu.
Le populisme génère la déception comme l’autoritarisme forme la résistance. À force, le discours de Ousmane Sonko hier, est aujourd’hui perçu comme un catalogue d’illusions. Pape Alé Niang, très proche du Premier ministre, Directeur de la télé nationale et non moins actionnaire certifié du « Projet Pastef », à récemment fait entendre sa voix en demandant au pouvoir « de dire la vérité au sénégalais ». A juste raison.
Car il n’y a pas d’infaillibilité absolue en politique. Il n’y a pas de honte à se tromper. Le «Projet» n’est pas un théorème. Trafiquer la vérité pour des profits politiques participe à alimenter le populisme qui est un fusil à un seul coup. Ousmane Sonko a déjà tiré le sien. Il est désarmé après avoir épuisé tous les champs lexicaux de la conquête des suffrages. Aujourd’hui, les VAR sont là pour saccager une bonne partie de ce qui lui restait de crédibilité aux yeux de l’opinion.
Le Premier ministre ne dispose pas de beaucoup de marge de manœuvre face à l’ampleur de la demande sociale et à l’espérance qu’il a suscitées. Il n’y a pas de croissance magique comme il n’y aura pas d’emplois magiques.
Le vrai combat de Ousmane Sonko est économique et social. Et ce n’est certainement pas dans ses guerres de tranchées avec les patrons de presse, l’Assemblée nationale, l’opposition ou la magistrature, que la jeunesse sénégalaise risque de trouver solution à ses problèmes d’emploi et de formation.
L’effondrement programmé du binôme Diomaye-Sonko ?
L’élection a rendu son office. Le pays a aujourd’hui besoin de calme après avoir été traumatisé et fracturé par un combat sans merci pour le contrôle du pouvoir. Des dizaines de jeunes y ont perdu la vie. Des familles se sont disloquées. Des mariages se sont fracassées. Des amitiés se sont brisées. Des entreprises ont fermé leurs portes. De nombreux sénégalais et étrangers ont perdu leur travail. Plus grave encore, la «dérépublicanisation» de pans importants de notre haute administration, voire de certaines forces de sécurité et de défense qui ont piétiné leur serment de loyauté vis à vis de l’État.
Les piliers de la République ont chancellé. Les fondements de la nation ont vacillé. C’est tout le sens du chantier du président Faye qui doit remettre côte à côte un peuple que le combat sanglant entre Macky Sall et Ousmane Sonko a mis face à face.Le Sénégal a besoin d’un exécutif capable de s'élever à la hauteur de la grandeur démocratique de notre pays et des espérances de son peuple. Pour le coup, on ne peut pas encore dire qu’il y a de la lumière à tous les étages du pouvoir Diomaye-Sonko.
Ce qui détermine souvent la longévité d’un couple se trouve dans l’équilibre des responsabilités. Nous sommes loin du compte avec ce qui ressemble à aujourd’hui une subordination du président à son Premier ministre. Une inversion inédite des pouvoirs entre « deux amis » qui incarnent l’état au plus haut niveau.
Aux antipodes l’un de l’autre, entre le président et le Premier ministre, c’est l’entente politique cordiale sur fond de mise en scène médiatique. Le duo est sans heurts. Tout au moins our le moment. Aujourd’hui chacun sert de bouclier à l’autre, même si nous sommes loin des effusions théâtralisées d’antan. Mais une un chose est sûre, cette union sacrée de circonstance, n’est pas exempte de calculs politiques. Tous ont 2029 en ligne de mire. « Mais trop tôt pour en parler », dixit le président face à la presse senegalaise le 13 juillet dernier. Alors, trop tôt pour parler de rivalité entre lui et son Premier ministre ? Peut être. Trop tôt pour écrire l’oraison funèbre de la saga Diomaye-Sonko ? Certainement.
Sauf que derrière le rideau des convenances entre amis, Diomaye et Sonko pensent aussi à demain. Et pas que devant leur miroir. Le seul suspense concerne qui pliera devant l’autre. Qui laissera le champ libre à l’autre. Le moment de la sonnerie du glas, qui sera indexé sur le ballet de leurs ambitions respectives, alimente déjà toutes les spéculations autour de l’espérance de vie du « ticket Bassirou-Ousmane ».
Le risque pourrait être alors grand de voir le pays entrer dans une sorte de cohabitation à fleuret moucheté, à la sénégalaise, avec deux acteurs du même bord politique. Le début d’une guerre d’usure inédite au sommet de l’état dans laquelle, le contrôle de l’arme du temps sera décisif entre un Sonko conquérant mais à l’activisme frénétique et autodestructeur et un Diomaye sans étincelle, à la tempérance de cardinal mais qui pique de plus en plus, le cœur des Sénégalais.
Malick Sy est journaliste, conseiller en communication.
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LE TER A TRANSPORTÉ PLUS DE 51 MILLIONS DE PASSAGERS, SELON EL MALICK NDIAYE
iGFM - TV Malick Ndiaye, le ministre des Transports, a visité ce lundi, les installations du Train Express régional (Ter). Il a magnifié ce qui s’y fait de bien et souligné des points à améliorer. Il a aussi révélé les chiffres du Ter.
LES JEUX, LE VACARME, NOTRE LASSITUDE
La cérémonie d’ouverture des Jo, par sa célébration du métissage et du progressisme, a été une réponse intelligente et fine aux fantasmes morbides d’un pays fermé, vieillot et rabougri
Les Jeux Olympiques d’été célèbrent tous les quatre ans les valeurs de l’Olympisme, que sont l’excellence, le respect et l’amitié. Des athlètes de tous les coins du monde se retrouvent pour des compétitions à travers lesquelles on promeut la tolérance, l’ouverture et le respect de l’autre. Je suis un spectateur attentif des Jeux depuis toujours, car j’aime le sport, la magie qu’il véhicule et aussi parce que j’admire le dépassement de soi des athlètes, les belles histoires qui accompagnent certaines destinées ainsi que la célébration de l’universel.
Cette année, le Comité d’organisation de Paris 2024 a réussi une belle prouesse, digne des plus grands moments festifs de l’histoire. Le choix opéré par l’organisation de rompre avec la tradition des festivités dans un stade a été une idée de génie. La Seine dont la beauté et le cours silencieux sont parmi les trésors de Paris, a servi de cadre à un spectacle féérique. Paris 2024 fera date, comme en témoignent les recensions de la presse internationale, qui n’a pas tari d’éloges devant une si belle organisation.
Suiveur attentif des grands événements sportifs et des célébrations festives qui les ponctuent, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi beau que la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris.
Les Jo sont un grand moment sportif, mais ils sont aussi, pendant quelques semaines, le prétexte de la monstration de ce qu’un pays a à offrir au monde. On profite de cette fenêtre pour montrer la culture, l’histoire, le patrimoine. A ce sujet, il faut relever que Paris a des atouts. Elle dispute sans doute le titre de plus belle ville au monde à quelques autres dont Rome et Saint-Louis du Sénégal. Il est d’ailleurs dommage que cette dernière soit si mal tenue…
Paris fut donc un magnifique écrin pour la cérémonie d’ouverture. La France a une vieille et riche histoire, faite de moments fastes comme de périodes sombres. Thomas Jolly, metteur en scène du spectacle, et ses équipes ont eu raison de ne pas se censurer et de montrer dans leurs différents tableaux l’histoire de leur pays dans sa complexité. D’ailleurs, aucun pays ne peut se glorifier d’une histoire sans tache, mais il faut du courage et un grand sens de l’honnêteté pour ne pas céder à la réécriture historique qui cache une partie pour n’en valoriser qu’une autre.
Le symbole donne à penser, disait Ricoeur. Les Jo sont organisés au moment où la France traverse une crise de régime, avec une confusion issue d’élections législatives, qui ont fait d’un parti nationaliste et à la souche raciste, antisémite et islamophobe, la première formation politique dans le pays en termes de suffrages et de parlementaires. C’est dans un pays fracturé où les atteintes à la dignité des personnes noires, arabes et musulmanes sont quotidiennes que sont célébrées en ce moment les valeurs d’ouverture et de tolérance prônées par l’Olympisme.
J’ai toujours été convaincu que dans les moments sombres et de doute, la culture et le sport restent des réponses pertinentes à la fermeture des esprits et au rejet de l’autre. La cérémonie d’ouverture des Jo, par sa célébration du métissage et du progressisme, a été une réponse intelligente et fine aux fantasmes morbides d’un pays fermé, vieillot et rabougri ; un pays dont certains voudraient qu’il s’abaisse au tri systématique des hommes et des femmes selon leur origine, leur couleur ou leur religion.
J’ai été touché par la prestation sublime de notre compatriote Guillaume Diop, premier noir à accéder au statut de danseur étoile de l’Opéra de Paris. Celle de Aya Nakamura, sortant du siège de l’Académie française entourée par la Garde républicaine, revêt aussi un sens symbolique particulier tellement cette femme talentueuse subit des insultes racistes depuis des années. Le choix de deux personnes non blanches, Marie-José Pérec et Teddy Riner, pour allumer la flamme olympique constitue le clou d’un spectacle qui a fait rager les racistes et les identitaires partisans d’une France blanche et chrétienne, désormais disparue, à juste titre.
La cérémonie est une claque monumentale à tous les racistes, engoncés dans leur bêtise pour toujours voir l’autre selon le prisme du sectarisme. Je n’ai pu m’empêcher de penser au choix du Comité olympique sénégalais de désigner la sénégalaise d’origine française Jeanne Boutbien comme porte-drapeau du Sénégal à Tokyo. Sur les réseaux sociaux et dans certains médias bruissait la sotte parole sectaire et exclusive. Ceux qui la traitaient vulgairement de toubab pour la délégitimer refusent encore d’accepter que le Sénégal soit un pays dont la vocation est de faire mélange. Celles et ceux qui conspuaient Mlle Boutbien sont ici les pendants de ceux qui là-bas excluent Aya Nakamura et lui refusent d’exister. Ils sont des militants de la sottise et de l’ignorance constante.
Pendant que les athlètes sénégalais comme Oumy Diop, Yves Bourhis, et leurs camarades honorent, par leur hargne et leur talent, le drapeau national à Paris, le vacarme des pseudo-panafricanistes, antiFrance, en vrai des complexés, nous importune. Leurs complaintes, leurs appels à en découdre avec la France relèvent davantage de la névrose. Ils s’enferment dans une camisole de colonisés, qui refusent de penser en dehors du prisme de l’opposition avec la France alors que le monde est vaste et les opportunités nombreuses. Comme pour ne rien arranger, le fou du village s’en est mêlé. Vraisemblablement peu familier des livres d’histoire, pour ne pas dire pas du tout, il s’invite à...Thiaroye. Heureusement qu’entre l’escrime, la natation et le basket, nos yeux et nos oreilles sont occupés à des choses bien plus dignes d’intérêt…
Post-scriptum : ici s’achève la quatrième saison de «Traverses». Le retour de la chronique est prévu en septembre, sauf changement
1309 MILLIARDS DE FRANCS RECOLTES DURANT LE PREMIER SEMESTRE
L’on comprend pourquoi le président de la République et son Premier ministre n’ont pas cherché à secouer la tête de la DGID. Et pour cause, on ne change pas un cheval qui gagne !
L’on comprend pourquoi le président de la République et son Premier ministre n’ont pas cherché à secouer la tête de la DGID. Et pour cause, on ne change pas un cheval qui gagne ! Le Directeur général des Impôts et Domaines, Abdoulaye Diagne, et ses équipes de la DGID rassurent les nouvelles autorités.
Les impôts et domaines, premières mamelles des finances du pays, sont en train de réussir une mobilisation exceptionnelle des recettes. « Ainsi, en termes de mobilisation des recettes, la combinaison de toutes les actions des services notamment dans le cadre du plan d’action à court terme sur la mobilisation des recettes, a permis à la Dgid d’enregistrer, au titre du 1er semestre de l’année 2024, des recettes brutes de près de 1.309 milliards, avant les remboursements », informe la Dgid à travers un communiqué de presse.
Malgré ces excellents résultats, pourtant, Abdoulaye Diagne ne bombe jamais le torse. Il met ses performances sur le compte d’une mobilisation générale de ses troupes.
Nommé à la tête de la DGID en février 2023 après avoir occupé tous les postes importants autant à la rue de Thiong qu’au ministère de l’Economie et des Finances comme conseiller technique, Abdoulaye Diagne a entraîné ses hommes dans une entreprise de modernisation de ses services pour procéder à l’élargissement de l’assiette fiscale. «Il y a également un enjeu de digitalisation de nos services d’où la mise en place de la plate-forme DGID digitale. Il y a aussi la mise en place du programme de renforcement des équipements de l’administration du Cadastre. Tout cela est contenu dans le programme global qui est le Programme de rénovation et d’extension des services des Impôts et des Domaines», déclarait M. Diagne. Tout ce processus a abouti aujourd’hui à ces résultats extraordinaires de mobilisation de recettes. Des résultats sans précédent.
Déjà, en 2023, la DGID avait fait un résultat remarquable avec 2300 milliards francs CFA de recouvrement de recettes brutes. Sur cette base, elle s’était fixée un objectif de 2700 milliards en 2024 soit un taux de croissance de 9,2 % du PIB. Avec 1309 milliards récoltés au premier semestre, malgré les soubresauts électoraux, l’on peut bien penser que Abdoulaye Diagne et ses hommes vont exploser les coffres de l’Etat et même dépasser les 2700 milliards attendus. «Sur les 10 dernières années, la Direction générale des impôts et Domaines a toujours enregistré un taux de croissance de recettes qui sont positives. Et pour cette année 2023, nous avons l’honneur de célébrer un résultat exceptionnel qui a permis d’être à 2 300 milliards de recouvrement de recettes brutes. Et, en termes de progression, nous avons fait 160 milliards de plus que l’année dernière ce qui est un bon significatif pour émettre le financement du développement du pays», avait déclaré le Directeur général de la DGID en janvier dernier lors de la traditionnelle rentrée fiscale.
Le secret de la méthode gagnante d’Abdoulaye Diagne, c’est surtout la carotte au lieu du bâton pour réussir à conscientiser tous ceux qui doivent payer l’impôt à s’acquitter d’un devoir citoyen. Il convient de préciser qu’environ 90% des recettes recouvrées sont le fruit d’un travail de sensibilisation et de facilitations ouvertes aux contribuables dans l’accomplissement de leurs obligations de déclaration et de paiement ; d’où un chiffre record de 320 milliards réalisé rien qu’au titre du mois de juin 2024.
Au titre du second semestre, le Directeur général a exhorté les agents à maintenir le cap pour atteindre l’objectif annuel des recettes. Pour ce faire, explique-t-on, un accent particulier devra être mis sur les impôts assis sur le foncier, principaux vecteurs du civisme fiscal, pour lesquels une campagne de sensibilisation est en train d’être déroulée.
QUAND LES AGROPOLES IMPOSENT LEUR STRATEGIE !
Pour redynamiser le tissu industriel, le nouveau gouvernement compte s’appuyer sur la multiplication des zones industrielles et des pôles de transformation agroalimentaire (agropole).
Pour redynamiser le tissu industriel, le nouveau gouvernement compte s’appuyer sur la multiplication des zones industrielles et des pôles de transformation agroalimentaire (agropole). Ces structures pourront renforcer la valeur ajoutée des produits agricoles et réduire la dépendance du pays aux importations de produits agroalimentaires.
La situation de l’industrie sénégalaise est très préoccupante parce quasi inexistante, représentant ainsi dans l’ordre 25 % du Produit intérieur brut (PIB) alors que dans les pays développés, c’est entre 50 et 60 % du PIB. Pour renverser cette tendance, le gouvernement ambitionne de faire du Sénégal un pays industrialisé. Selon le ministre de l’Industrie et du commerce Serigne Guèye Diop, le gouvernement compte ainsi remettre les bases de l’industrialisation à travers deux grands projets, à savoir l’industrialisation en construisant huit (8) zones industrielles plus celle de Sandiara, ensuite 14 dans les régions, et 45 autres agropoles à travers tout le Sénégal. Une agence des agropoles du Sénégal sera également mise en place dans le cadre du Projet. Ceci, pour mieux prendre en charge les potentialités zonales et de manière spécifique. Ces agropoles vont avoir un volet industriel de transformation des produits locaux ainsi que des produits animaux tels que la volaille, l’agriculture, l’élevage bovin et d'autres produits qui ont des chaînes de valeur importantes.
Une fois implantées dans les départements, ces structures vont permettre de sédentariser les jeunes de ces localités à travers la création d’emplois. Le gouvernement de Macky Sall, dans le cadre du Plan Sénégal Emergent (Pse), avait initié le projet de création des agropoles dans toutes les zones du pays (Sud, Centre et Nord) et l’objectif majeur était de renforcer la valeur ajoutée des produits agricoles et de réduire la dépendance aux importations des produits agroalimentaires, à travers une industrialisation durable et inclusive.
Les agropoles sont destinés à être des pôles de développement agroindustriel facilitant la mise en réseau de tous les acteurs des chaînes de valeurs avec des capacités et des compétences accrues. Ils sont par ailleurs appelés à servir de plateforme multi-filières d’incubation et d’intégration de technologies, d’équipements et de services en faveur des PME, selon le gouvernement.
Financé par la Banque africaine de développement, le projet de l’agropole-Sud, situé dans la région de Sédhiou, a permis à l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), d’accroître ses capacités à produire des ressources végétales de qualité, en partenariat avec les services des Eaux et forêts. Et dans le cadre de la politique de relance industrielle de la Casamance, le gouvernement s'engage à dynamiser l'agropole Sud. Ce, en y introduisant de nouvelles perspectives pour la création d'emplois et l'accroissement de la richesse à travers les chaînes de valeur.
Cette initiative a été révélée par le ministre de l'Industrie et du Commerce, Serigne Diop, lors de sa visite sur le site de l'agropole Sud. Par la même occasion, le ministre y a annoncé la mise en place, comme mentionné ci-dessus, de 45 autres agropoles à travers tout le Sénégal. Le ministre informait en effet que « notre gouvernement va créer dans chaque département du Sénégal une agropole qui va avoir un volet industriel de transformation des produits locaux».
LA FACILITE « INVESTISSEMENT POUR L'EMPLOI » PREVOIT UNE CONTRIBUTION ESTIMEE A 3, 42 MILLIARDS FCFA
L'État du Sénégal en partenariat avec le directeur général de "Domitexka" Serigne Mboup et la coopération Allemande a procédé lundi 29 juillet, au lancement des opérations dans cette entreprise textile
Dans le cadre du programme national de réouverture des 400 entreprises industrielles fermées durant ces trois (3) dernières décennies dans le pays et de redémarrage des activités dans la zone industrielle de Kahone en particulier, l'État du Sénégal en partenariat avec le directeur général de "Domitexka" Serigne Mboup et la coopération Allemande a procédé hier, Lundi 29 Juillet, au lancement des opérations dans cette entreprise textile.
Pour la réussite de cette initiative la facilité "investissements pour l'emploi" a prévu de mettre en contribution une enveloppe de 5,7 millions d'euros, l'équivalent de 3,42 milliards de francs Cfa pour encadrer ce programme.
L'entreprise industrielle "Domitexka" à elle seule bénéficiera des 2 milliards contre 1, 42 milliard pour l'usine "Dolima". Audelà du personnel résidant, la remise en service de cette usine suscite l'absorption d'un nombre global de 4300 nouveaux emplois dans un certain nombre d'usines à travers le territoire national et marquera le début de la résurrection effective du secteur du textile dans le pays.
Ainsi co-présidée par les ministres de l'Industrie et du commerce Serigne Guèye Diop et celui de l'Agriculture et de l'équipement rural, Dr Mabouba Diagne, en présence de l'Ambassadeur de la République fédérale d'Allemagne et diverses autres autorités administratives et territoriales de Kahone, cette relance des activités dans l'usine de "Domitexka" a aussi été l'occasion pour les représentants du gouvernement de décliner les politiques attribuées au secteur du textile en termes de perspectives. Aussi, la situation dans cette entreprise industrielle et le programme qui lui est spécifiquement affecté. Autrement dit, les différentes interventions techniques et la stratégie de modernisation que l'État et ses partenaires au développement comptent apporter à la promotion de l'entreprise.
Après une longue période de turbulences de plusieurs décennies, l'entreprise avait finalement repris service en 2010, mais timidement, sans marché de grande envergure. Bien qu'elle soit munie d'une unité de filature, d'un atelier de tissage, de tricotage et d'autres compartiments d'impression textile, son fonctionnement était largement réduit. Car, au regard de ses énormes potentialités techniques, l'usine ne fonctionnait avec seulement le service de teinture industrielle. Aujourd'hui compte tenu de cette longue période d'agonie, les machines dans leur quasi- totalité sont devenues obsolètes. La chaudière qui est alimentée par la biomasse issue de coques d'arachide ne fonctionne plus. Et fort de la situation, pas moins de 8,15 milliards de francs sont à présent prévus pour les travaux de transformation et modernisation du matériel technique.
Même si, de nos jours, le Sénégal reste un grand producteur de coton de qualité, des garanties ont été à cette occasion faites au directeur général de "Domitexka" par le ministre de l'Agriculture Dr Mabouba Diagne pour assurer à cette entreprise une autosuffisance en matières premières, le coton en particulier. Et ce, au même titre que les autres productions agricoles auxquelles le Sénégal aspire à être autonome.
Devant une pléthore d'anciens travailleurs et de nouveaux demandeurs d'emploi, le ministre de l'Industrie et du commerce a exprimé son engagement, lui et son gouvernement, de soutenir le secteur du textile et l'ensemble des acteurs privés du domaine industriel national en vue d'un développement plus rationnel de l'économie au plan national et la promotion du secteur de l'emploi pour combattre surtout arrêter les importants flux migratoires des jeunes sénégalais vers les pays occidentaux.
COMMENT MACKY SALL A REUSSI A ROMPRE LES AMARRES
Chasse gardée des étrangers avant l’accession au pouvoir de Macky Sall, le secteur de l’énergie a vu l’arrivée de West African energy, un consortium qui appartient à des privés nationaux.
Chasse gardée des étrangers avant l’accession au pouvoir de Macky Sall, le secteur de l’énergie a vu l’arrivée de West African energy, un consortium qui appartient à des privés nationaux. Ces derniers avaient les mains dans les poches pour mettre en place le projet d’une centrale électrique de 300 MW, d’un coût global de 230 milliards de FCFA. et à partir d’août prochain, ils vont commencer à vendre de l’énergie à la Senelec.
Dans une vidéo devenue virale, Clédor Sène tristement célèbre à cause de l’assassinat de Me Babacar Sèye, dénonce la mainmise des étrangers sur le secteur de l’énergie au Sénégal. Mais il faut souligner que même si ce qu’il dit est vrai, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Car, c’est fort de ce constat que l’ex Président Macky Sall avait, contre vents et marées, réussi à aider des Sénégalais à mettre en place le consortium dénommé West African Energy, dont le premier acte est le projet d’une centrale électrique de 300 MW destinée à vendre de l’énergie à la Senelec. Samuel, Harouna Dia et leurs collaborateurs à West African Energy avait débloqué 283 milliards et à partir d’août prochain, ils vont commencer à vendre de l’énergie à la Senelec.
Le projet de la centrale de West African Energy témoigne ainsi de la vision de l’ancien Président Macky Sall qui consiste à mettre à la disposition des Sénégalais une énergie en quantité et en qualité suffisantes. Car, l’objectif du Plan Sénégal Émergent (PSE) est de ramener le prix du kW/h à 85 F CFA à l’horizon 2035. Il faut rappeler que Senelec dispose de 15% dans le capital de WAE qui va couvrir environ 25% du parc de production du pays. A signaler qu’à l’époque, la Banque mondiale avait mis une terrible pression pour qu’il revienne à sa décision parce que dans la vision de la politique des dirigeants de la Banque mondiale, l’agriculture et l’Energie doivent être gérées par leur institution financière. Cette décision de Macky Sall a fait l’objet de représailles puisque le Sénégalais qui dirigeait le département de l’énergie à la Banque mondiale a été viré, à l’époque. La pression de la Banque mondiale s’était tellement intensifiée que les gens commençaient à craindre que Macky Sall revienne sur sa décision. La Banque mondiale a fait perdre beaucoup de milliards à la Senelec en ce qui concerne la subvention sur l’énergie.
Ce qui est curieux, c’est que c’est maintenant que Clédor Sène qui parle du contrôle du secteur de l’Energie par les étrangers. Pourquoi Clédor ne l’avait pas dit à l’époque ? L’option de l’État de privatiser l’Energie date de 1998. La loi de 1998 sur l'électricité (modifiée en 2002) a ouvert le secteur de l'énergie à la participation du secteur privé, en introduisant un système de licences et de concessions pour la production, la distribution et la vente au détail. Le décret n° 98-334 du 24 avril 1998, dans le cadre de la loi de 1998 sur l'électricité, fixe les conditions de délivrance et de retrait des licences ou concessions pour la production, la distribution et la vente au détail de l'électricité.
En résumé, l'option du gouvernement de privatiser la production date de la loi 1998. Depuis, au moins 11 contrats ont été signés aux Petits producteurs d'énergie indépendants (IPP) qui appartiennent tous à des étrangers. Et c’est Macky Sall qui a rompu cette pratique et grâce à la mise en place de West African Energy qui va disposer d’une centrale de 300MW dans le cadre du contenu local avec un financement de Euro 432 millions (283 milliards FCFA).
Par Madiambal DIAGNE
LE SENEGAL RATTRAPÉ PAR LE COUP DES 450 MILLIARDS DES EUROBONDS
Le décaissement suspendu ou différé de 230 milliards de francs va peser sur la politique financière du Sénégal et rien ne garantit que la situation reviendra à la normale à la rentrée des institutions de Bretton Woods
Le programme conclu entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (Fmi), pour la période 2023-2026, comporte un décaissement de crédits de 1150 milliards de francs Cfa. Deux premiers chèques ont été consentis pour l’année 2023, pour un montant total de 298 milliards de francs Cfa. Il était prévu deux nouveaux paiements pour l’exercice en cours, dont un paiement de 230 milliards en juillet 2024 et un autre de 109 milliards en décembre 2024. La dernière mission de revue du Fmi, qui a séjourné à Dakar du 6 au 19 juin 2024, avait conclu, à la perspective du passage du dossier du Sénégal devant le Conseil d’administration de l’institution internationale, courant juillet 2024. Cette réunion, qui devrait valider le premier décaissement de cette année, avait d’ailleurs était calée pour le 24 juillet 2024. L’instance a été reportée à septembre prochain. Le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, aurait senti la nécessité de mieux se préparer, et pour cause ! «Histoire de mieux préparer son dossier, car les bailleurs ne comprennent pas trop les circonstances du dernier eurobond», souffle un haut fonctionnaire.
Le Sénégal paie cash ses turpitudes
Le Sénégal se trouve dans la situation assez délicate de ne pouvoir répondre aux interrogations des bailleurs de fonds. Des procédures importantes n’ont pas encore pu être respectées comme le Débat d’orientation budgétaire, mais aussi l’examen et notamment l’adoption d’une Loi de finances rectificative. Les grandes querelles opposant le Premier ministre Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale, autour de la Déclaration de politique générale, sont passées par là, empêchant de tenir les séances parlementaires nécessaires pour les procédures de gestion du budget de l’Etat. De surcroît, la Loi de finances rectificative n’est même pas encore adoptée en Conseil des ministres, alors que le cadrage budgétaire initial a considérablement évolué. Mais l’épine la plus difficile reste la documentation sur la question de la dernière opération eurobond. Un manque de transparence remarqué. Le gouvernement du Sénégal est incapable de répondre aux questions concernant les conditions du recours aux marchés financiers internationaux, les 3 et 4 juin 2024, pour lever la bagatelle de 450 milliards de francs Cfa. Edward Gemayel, chef de mission du Fmi, au cours d’une conférence de presse à Dakar, le 19 juin 2024, relevait en outre le surfinancement que cela induisait sur les finances publiques du pays et l’inopportunité de l’opération. Du reste, l’emprunt avait été effectué à l’insu du Fmi (voir notre chronique du 24 juin 2024). Le gouvernement du Sénégal voulait poursuivre sa fuite en avant, ignorant les objections du Fmi. L’opinion publique, par le truchement des médias, de la Société civile et de certaines personnalités politiques, a voulu en savoir davantage, mais le gouvernement n’a daigné fournir la moindre explication. Il se trouve donc rattrapé par la situation et cela risque de constituer une tache noire dans les relations avec les partenaires internationaux.
Le décaissement suspendu ou différé de 230 milliards de francs va peser sur la politique financière du Sénégal et rien ne garantit que la situation reviendra à la normale à la rentrée des institutions de Bretton Woods. Une nouvelle mission du Fmi au Sénégal était déjà prévue, dans le calendrier annuel du Fmi, pour le mois de septembre 2024, et devrait préparer le décaissement attendu pour décembre 2024. Le Sénégal pourrait-il ainsi faire coupler les deux décaissements, ce qui serait une première, mais aucune garantie ne pourrait lui être donnée sur la faisabilité. Il s’y ajoute qu’il restera à vérifier jusqu’où l’injonction publique, faite par le Fmi, d’utiliser les 450 milliards de l’eurobond pour reprofiler la dette, a été respectée. Le Fmi avait alors préconisé de «discuter avec le gouvernement de l’utilisation de ce surfinancement pour effectuer des opérations de gestion du passif». M. Gemayel précisait : «C’est-à-dire racheter des dettes à court terme plus coûteuses avec cette liquidité à plus long terme et moins coûteuse. Le Sénégal a emprunté plus que nécessaire pour ses besoins actuels, créant ainsi des fonds excédentaires disponibles. La gestion du passif implique de réduire les coûts de la dette et d’améliorer la stabilité financière à long terme. Les fonds excédentaires, ayant des taux d’intérêt plus bas et des échéances plus longues, permettraient de rembourser des dettes plus coûteuses à court terme et de bénéficier de coûts d’emprunt plus bas sur une période plus longue. Cette stratégie permettrait d’optimiser la structure de la dette, de réduire le surfinancement et de renforcer la soutenabilité de la dette.».
Au demeurant, comment combler le trou que constituerait, dans les caisses de l’Etat, le non-décaissement des fonds du Fmi ? Des sources proches du ministère des Finances et du budget soutiennent que, pour pouvoir passer le cap, le Sénégal envisage d’essayer de recourir à des crédits relais à souscrire sur le marché intérieur de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Une opération qui s’annonce onéreuse car les marchés risquent de se tendre dans une situation où le Fmi ne donnerait pas sa bénédiction. Des institutions internationales comme la Bad, la Bid, la Banque mondiale, l’Afd ou l’Union européenne ne s’engagent guère avec un pays sans un accord formel avec le Fmi. Pendant que le dossier du Sénégal est retiré du menu du Conseil d’administration, d’autres pays du même groupe que le Sénégal, notamment la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et la République démocratique du Congo, ont vu leur dossier passer comme lettre à la poste.
Les questions qui demeurent sans réponse
Le gouvernement avait fait le dos rond devant l’interpellation par Birahim Seck, Coordonnateur général de l’organisation Forum civil, sur les conditions de transparence de l’opération et surtout le recours à l’intermédiaire, la banque anglaise Jp Morgan. Dans ces colonnes, nous prévenions sur les risques de se fâcher avec les marchés financiers formels ou, à tout le moins, de gêner les relations du Sénégal avec ses partenaires. Nous avions exprimé des craintes réelles pour les décaissements futurs du Fmi sous forme de prêt concessionnel. En effet, «il peut apparaître quelque peu incohérent pour l’institution financière de continuer à prêter à un pays dont il a fini de relever, à la face du monde, qu’il se trouve dans la merveilleuse et enviable situation de «surfinancement». Les défenseurs autoproclamés du gouvernement répondaient par des insultes virulentes, mais ce couac semble nous donner raison. Aussi, à la fin de la journée et devant le conseil d’administration du Fmi, il faudra expliquer comment le Sénégal avait emprunté au taux le plus cher de son historique d’endettement, à savoir 7, 75%, adjugé aux investisseurs, sur une maturité aussi courte de sept ans. Quel est le taux définitif si on intègre les commissions et autres frais d’intermédiation gardés confidentiels ? Motus et bouche cousue pour l’heure. Il faudra sans doute finir par expliquer dans quelles conditions la banque intermédiaire Jp Morgan a été choisie, sans aucun appel à la concurrence, et quels sont les liens avec les investisseurs soigneusement ciblés dans l’opération de placement d’obligations directes du Sénégal. Jp Morgan n’a eu à démarcher que ses clients privilégiés, et de nombreux investisseurs traditionnels n’avaient pas été consultés, comme il était de coutume.
Attention, l’économie du pays se relâche
Sur un autre aspect, des diligences doivent être engagées par le gouvernement pour ne pas laisser sombrer l’économie. Les signaux sont inquiétants. Il faut dire que la gestion budgétaire est marquée par une légère progression de la mobilisation des recettes, associée à une exécution prudente des dépenses. Il reste que de façon générale, la situation économique du Sénégal semble s’engager dans une lourde tendance de repli, pour ne pas dire de marasme. La perception est réelle au niveau de l’opinion, mais aussi des voix les plus autorisées relèvent ce phénomène qui devrait désormais constituer une véritable préoccupation. Les dernières notes de conjoncture économique produites par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) et la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) du ministère de l’Economie, du plan et de la coopération alertent, chacune de son côté, sur des perspectives de repli sur plusieurs secteurs économiques, et sur lesquels le gouvernement aura intérêt à veiller. Il est de notoriété publique que le secteur informel, qui concentre l’essentiel de l’économie du pays, traverse une mauvaise passe. Aussi, le déficit commercial du Sénégal s’est largement creusé. Des secteurs économiques et sociaux, qui occupent un grand nombre de personnes, sont en berne. Par exemple, l’activité de négoce s’est ralentie, en liaison avec le fléchissement du commerce de gros. De même que l’activité de transports s’est ralentie, dans le sillage du transport ferroviaire et de l’activité d’entreposage et d’auxiliaire de transport. La situation de faible trafic au niveau du Port de Dakar est éloquente. S’agissant des services d’hébergement et de restauration, la crainte s’installe du fait des contreperformances de l’hôtellerie. D’ailleurs, les médias ont décrit des baisses de recettes au niveau du secteur de la restauration. On notera une autre constante dans les rapports de la Bceao et de la Dpee, que l’emploi salaríe du secteur moderne s’est replíe sous l’effet de la baisse des postes pourvus dans le secteur tertiaire. En revanche, les effectifs dans le secteur secondaire ont connu une petite hausse.
L’indicateur du climat des affaires apparaît également morose. Selon les enquêtes réalisées par les experts et dont les rapports sont publics, cette dégradation reflète l’orientation défavorable des opinions des industriels, des entrepreneurs des «Bâtiments, des Travaux Publics» et des prestataires de services. Cette situation semble avoir une lourde incidence sur les banques qui traversent une période de relative morosité avec des dépôts qui se rétrécissent, tandis que de plus en plus de retraits des liquidités, pour des montants élevés, sont observés. Les gros déposants semblent garder leurs numéraires hors du circuit bancaire, de crainte d’éventuelles saisies inopinées ordonnées par les services fiscaux. Commencerait-on à perdre confiance au circuit économique ? Un climat d’insécurité ou de psychose s’installe dans le landernau des affaires. Les activités financières et d’assurance sont en repli, sous l’effet de la contraction des services financiers. Les transactions immobilières sont stoppées net et les cabinets notariaux ne voient plus de clients. «L’argent n’aime pas le bruit.»
Post Scriptum : Comme à l’accoutumée, cette chronique part en vacances pour tout le mois d’août 2024. A très bientôt.
PUMA, UN EXAMEN DES DÉPENSES RÉVÈLE UNE GESTION PROBLÉMATIQUE ET DES DETTES EN CROISSANCE
Les salaires ont connu une hausse vertigineuse en 2021 passant de 444 148 millions 097 FCFA en 2019 à 491 millions millions 294 mille 628 FCFA en 2020 et 504 millions 600 mille 184 FCFA en 2021, selon Yoor-Yoor qui cite un rapport de la Cour des comptes.
Le Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et territoires frontaliers (PUMA) est au bord du gouffre, selon le journal Yoor-Yoor, qui revient ce lundi sur le rapport de la Cour des Comptes qui a épinglé le Coordonnateur, Moussa Sow.
Selon le journal, le rapport fait état de “l’examen des dépenses de personnel et d’acquisition de biens et services qui a fait ressortir de nombreux cas d’inefficience dans l’emploi des ressources financières” .
Les salaires ont connu une hausse vertigineuse en 2021 passant de 444 148 millions 097 FCFA en 2019 à 491 millions millions 294 mille 628 FCFA en 2020 et 504 millions 600 mille 184 FCFA en 2021. Soit une hausse de 42% en valeur relative et 203 millions 373 mille 737 FCFA en valeur absolue.
Nos confrères affirment également que Moussa Sow a endetté le PUMA en signant des contrats extra budgétaires non inscrits dans les plans de travail et les budgets annuels. Avec une dette de plusieurs milliards sur des marchés de construction de pistes et d’électrification sans que le projet ne soit concrétisé, il a créé des difficultés dans la mobilisation des crédits, selon le rapport.
Le PUMA doit aussi des factures impayées de 7 milliards à des entreprises ayant fourni des équipements ou réalisé des prestations de service. Presque toutes les constructions sont a l’arrêt a cause des factures impayées, indique le journal. Qui ajoute: de surcroît, le coordonnateur refuse de reverser l’impôt sur les revenus des agents du PUMA. Ce, de 2017 à 2024.
Le chef du bureau de recouvrement a même adressé une mise en demeure au coordonnateur pour lui faire savoir qu’il doit au trésor public 800 millions 002 milles 660 FCFA, souligne Yoor-Yoor.