Pour le premier trimestre de l’année 2024, les importations dans la zone UEMOA ont connu une baisse de plus de 12,7%, indique la note de conjoncture économique régionale. Et le Sénégal enregistre à lui seul 15,5% de cette baisse.
Au courant du premier trimestre 2014, les importations dans l’espace UEMOA ont baissé de 828,8 mds, soit 12,7% par rapport au trimestre précédent. Une baisse en lien avec les chutes enregistrées dans tous les Etats membres, à l’exception du Niger et du Togo où elles ont respectivement augmenté de 17,2% et 0,5%.
La Côte d’Ivoire a enregistré la baisse la plus importante en valeur relative à savoir 16,9%, suivie respectivement du Sénégal 15,5%, du Burkina Faso avec -5,9% et de la Guinée Bissau (-0,4%). La hausse des importations au Niger provient de l’augmentation enregistrée au niveau de l’achat de tous les principaux produits à l’exception des «produits pétroliers» qui ont connu une baisse de - 2,4%, à savoir les « produits alimentaires» (+14,0%), les «biens d’équipement» (+1,9%) et les «autres produits» (+42,6%).
En glissement annuel, au premier trimestre 2024, les importations de l’Union se sont établies en baisse de 644,1 mds (-10,2%), en conséquence de leur chute dans tous les Etats membres, à savoir la Côte d’Ivoire (-5,8%), la Guinée Bissau (-3,1%), le Niger (-72,6%) et le Sénégal (-2,8%). Seuls le Burkina Faso (+5,7%) et le Togo (+1,8%) ont affiché des importations en hausse sur la période, alors que les exportations de l’Union (hors Bénin et Mali) ont augmenté de 207,1 mds soit 4,5% au premier trimestre 2024, par rapport au quatrième trimestre 2023.
Cette augmentation résulte principalement des hausses des ventes à l’extérieur enregistrées au Burkina Faso (+18,8%), au Niger (+53,4%) et au Sénégal (+24,5%) atténuées par les baisses observées en Côte d’Ivoire (-0,7%), en Guinée Bissau (-82,0%) et au Togo (- 19,6%). La hausse des exportations du Niger résulte de l’augmentation des ventes à l’extérieur des produits des «Hydrocarbures» de 235,6%, des «Produits agricoles» et «Autres produits» respectivement de 67% et 359%.
Cependant, aucune exportation des produits miniers (uranium et or) n’a été enregistrée sur la période sous revue en raison des conséquences des sanctions économiques et financières prises par les institutions régionales à l’encontre du pays, notamment la fermeture des frontières avec le Bénin qui était le principal corridor pour la vente de ces produits à l’extérieur. En glissement annuel, c’est-à-dire comparativement au même trimestre de 2023, les exportations de l’Union (hors Bénin et Mali), au premier trimestre 2024, sont en baisse de 211,0 mds (-4,2%) en lien avec les baisses observées dans les tous les Etats membres à savoir en Côte d’Ivoire (-183,9 mds), au Niger (-84,7 mds), au Sénégal (-84,6 mds) et au Togo (-4,6,4 mds) à l’exception du Burkina Faso et de la Guinée Bissau pour lesquels des hausses de 143,9 mds et 2,9 mds ont été enregistrées respectivement.
Par Mamadou Omar NDIAYE
JUBANTI LEEN BAAR BI TUUTI REK*
Les institutions dénoncées comme « inutiles » et « budgétivores » et dont la suppression avait été promise fonctionnent comme si de rien n’était. Le copinage et le népotisme affleurent dans certaines nominations
Dans un éditorial intitulé « Viatique pour nos jeunes nouveaux « maîtres » rédigé au lendemain de l’accession à la magistrature suprême de Bassirou Diomaye Faye, j’avais dit que je respecterai la règle non écrite des 100 premiers jours qui veut qu’on laisse à tout nouveau pouvoir le temps de s’installer, de prendre ses marques avant de le juger. Je me suis astreint à cet engagement malgré tout ce qui s’est passé dans ce pays depuis le 2 avril dernier. Si on me demandait mon appréciation globale sur les premières mesures du nouveau pouvoir, sur ses pas initiaux et les actes déjà posés, j’emploierais la formule qui fut celle de Georges Marchais, un défunt secrétaire général du Parti communiste français (PCF). Marchais, donc, interrogé sur le bilan des pays du « socialisme réel » avait répondu : « il est globalement positif ! » Autrement dit, et pour parler du Sénégal, dans ce qu’ont fait le président de la République et son Premier ministre — puisqu’une dyarchie semble s’être installée au sommet de l’Etat —, il y a du bon et du mauvais même si le positif l’emporte sur le négatif. Du moins, selon ma perception.
Parmi les bons points on peut mentionner la lutte contre la spéculation foncière, les mesures prises pour contrer la hausse des tarifs des transports routiers à la veille de la Tabaski, la tenue des Assises de la justice, le paiement des dettes des fournisseurs de semences et d’engrais, l’augmentation du budget de la campagne agricole et les mesures prises pour que les intrants parviennent à leurs véritables ayants droit, la baisse des prix des denrées, l’attitude de fermeté face aux meuniers. Il y a aussi le début de mise en œuvre d’une diplomatie de souveraineté et, en particulier, le recentrage du cercle de nos amitiés sur l’Afrique. Sans compter la sobriété qui semble s’être installée à la tête de l’Etat. De ce point de vue, le fait que plus de trois mois après le changement de régime il n’y ait pas encore de fondation de Première dame est plutôt de bon augure. Encore qu’on voit mal comment deux fondations auraient pu être créées étant donné que l’actuel chef de l’Etat a deux épouses. De même, la famille présidentielle n’a pas—du moins pour l’instant—envahi l’espace public. Mais surtout, surtout, aussi bien Bassirou Diomaye Faye qu’Oscar Sierra ne semblent pas vouloir s’enrichir personnellement. A ce que je sache, ils sont intègres et ont la volonté de changer positivement ce pays, de rompre ses liens de dépendance avec l’étranger.
Cela dit, les Sénégalais attendent encore que les fruits tiennent la promesse des fleurs. Pour l’essentiel, ce sont les gens de l’ancien régime qui sont toujours en place et les institutions dénoncées comme « inutiles » et « budgétivores » et dont la suppression avait été promise fonctionnent comme si de rien n’était. Avec les mêmes figures vomies du système Benno Bokk Yaakar (BBY). L’Assemblée nationale est toujours aux mains de la camarilla de cette dernière coalition. Toutes ces institutions continuent de vivre grassement aux frais du contribuable et la République est toujours bonne fille pour les hiérarques du régime du président Macky Sall. Surtout, la reddition des comptes promise à cor et à cris reste une promesse non encore honorée. Pis, les nouvelles autorités prennent tout leur temps pour traduire devant la justice les satrapes qui ont pillé nos sociétés nationales, détourné les deniers de la Nation, dilapidé nos ressources, ont ordonné ou exécuté le meurtre de dizaines de jeunes gens qui ne faisaient que manifester pacifiquement etc. Il est vrai que le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre ont fort à faire pour dégoupiller les bombes à retardement et éviter de sauter sur les mines enfouies par le chef de l’Erat sortant. Avançant en terrain miné, ils sont obligés de faire très attention à là où ils mettent les pieds. Surtout que la nouvelle opposition, disposant de moyens financiers inouïs et de solides relais médiatiques, ne fait pas mystère de sa volonté de mener une contre-révolution.
Il n’en reste pas moins que le duo Diomaye-Sonko a pris des mesures qui sont sujettes à caution ou qui poussent à lui instruire un procès en impréparation. Cet amateurisme a transparu surtout dans les nominations où, franchement, il y a beaucoup de tâtonnements et d’approximations. Le copinage et le népotisme affleurent dans certaines d’entre elles. Mais surtout, ce qui inquiète, c’est cette volonté de « pastéfiser » le management des sociétés et agences nationales ainsi que les directions centrales de l’Administration. Des hommes et des femmes qui n’ont pas le profil de l’emploi sont promus à des responsabilités manifestement trop lourdes pour eux. Leur seule mérite, c’est l’appartenance à Pastef ou d’être passés par la case prison voire d’avoir été sanctionnés pour leurs activités politiques ! Or, les états de services militants ou antécédents carcéraux pour raisons politiques ne sauraient valoir brevets d’aptitudes aux hautes fonctions étatiques ou managériales !
Ne pas « ennahda-iser » notre administration !
Entendons-nous bien : dans toutes les grandes sociétés démocratiques, il y a ce qu’on appelle le « spoil system ». Lisons la définition qu’en donne l’encyclopédie Wikipedia : « Le système des dépouilles est un principe selon lequel un nouveau gouvernement, devant pouvoir compter sur la loyauté partisane des fonctionnaires, substitue des fidèles à ceux qui sont en place. Cette tradition permet de régénérer les élites de la haute administration en incorporant souvent des profils très spécifiques… » Lorsqu’il y a eu une levée de boucliers au lendemain des premières nominations effectuées par le président de la République Bassirou Diomaye Faye — qui, en vertu de la Constitution, nomme aux emplois civils et militaires —, nous avions écrit dans ces colonnes qu’il était parfaitement fondé à mettre en œuvre son « spoil system ». Cela, nul ne saurait lui en dénier le droit. Tout ce qu’on lui demande, c’est de veiller à choisir les bons profils et non pas à « ennahda-iser » notre Administration ! Quand les islamistes du parti tunisien Ennahda ont accédé au pouvoir, ils ont non seulement fait exploser les effectifs de la Fonction publique mais surtout ils ont responsabilisé des cadres de leur parti notoirement incompétents. Au bout de quelques mois, ils ont été chassés par les Tunisiens. Je rappelais d’ailleurs sous forme de mise en garde cet épisode tunisien dans mon « Viatique pour nos jeunes nouveaux « maîtres » d’avril dernier.
Dans ce même éditorial, je disais comprendre que ces derniers soient tenus de récompenser ceux qui avaient mené avec eux la lutte pour l’accession au pouvoir du « Projet ». Voici ce que j’écrivais à ce propos : « Certes, des centaines voire des milliers de militants ont investi dans le « Projet », que ce soit sur le plan intellectuel, sur le plan matériel ou surtout financier, s’ils ne se sont investis physiquement. D’aucuns parmi eux ont payé leur engagement par l’emprisonnement, la perte de leur emploi ou la privation de revenus. Je ne parle évidemment pas de ceux qui ont été tués. Tous ces gens veulent donc un retour sur investissement et leur part du gâteau. Ils exigent leur place au banquet de la République. C’est normal, légitime puisqu’ils ont misé et gagné. Ce n’est donc que justice qu’ils soient rétribués. Seulement voilà, il faudra faire la part des choses et trouver le juste équilibre entre la nécessité de récompenser les militants et les alliés, d’une part, l’impératif de produire des résultats au niveau de l’Etat de l’autre ! » Tout est question de juste mesure et il ne faut point trop en faire en matière de propulsion de cadres « patriotes » aux « stations » (comme disait Idrissa Seck) de l’Etat ! Entre les institutions politiques comme l’Assemblée nationale ou le Conseil économique et social, les personnels subalternes des ambassades, quelques postes de second ordre dans les sociétés nationales, des marchés publics, des financements au niveau d’organismes comme la Der et j’en passe, les fonctions de chargés de missions ou conseillers spéciaux, les présidences de conseils d’administration,…il existe des possibilités infinies pour un parti au pouvoir de récompenser la fidélité militante de ses affidés. Encore faudrait-il veiller à ne pas installer un régime des anciens combattants ! Dans certains pays du continent qui ont dû mener des luttes de libération nationale, les anciens maquisards, une fois l’indépendance obtenue, se sont partagé les postes de responsabilités alors qu’ils n’avaient aucune aptitude à gérer. Résultat : des Etats en faillite. Il faut que les promoteurs du « Projet » évitent de reproduire ce schéma dans notre pays. Pour obtenir des résultats, ils doivent aller chercher les meilleurs où qu’ils soient : dans Pastef s’il y en a, dans la nouvelle opposition pourquoi pas pourvu qu’ils ne traînent pas des casseroles, dans la diaspora. L’essentiel, c’est de faire gagner le Sénégal. Pour cela, à défaut de placer la barre plus haut que les présidents Abdoulaye Wade et Macky Sall, au moins la mettre au même niveau qu’eux !
Soyons justes : le président et son Premier ministre ont fait de très bons choix pour ce qui est des forces de défense et de sécurité en nommant les généraux Martin Faye et Mame Thierno Ndour à la tête de la Gendarmerie et de la Police, en promouvant pour la première fois un cadre maison pour diriger l’Administration pénitentiaire, en revenant à l’orthodoxie à la Banque Agricole et à la BNDE pour mettre des banquiers professionnels aux commandes de ces deux établissements à la place des inspecteurs des impôts et domaines, en choisissant le secrétaire général de la Senelec pour en faire le directeur général etc. La liste n’est pas exhaustive. Pour ces cas-là, ils ont eu la main heureuse.
Par contre, il y a eu des nominations calamiteuses qui font douter dans certains milieux pourtant très bien disposés à leur endroit de leur aptitude à bien s’entourer. Et, donc, à pouvoir diriger ce pays. S’agissant du gouvernement, on s’attendait à une équipe de pros immédiatement opérationnels, force est de constater que, trois mois après, certains ministres se cherchent encore. A comparer avec l’équipe du nouveau Premier ministre britannique qui s’est mise à la tâche dès le lendemain de sa formation !
A mort les vieux !
Au chapitre des mauvais points, l’économie qui ne bouge toujours pas. Ne parlons pas de décoller ! Encore que trois mois, ça soit trop peu pour faire quoi que ce soit. Mais le problème c’est qu’il n’y a pas de visibilité, pas de direction claire. Tout est bloqué et les TPE-PME-PMI sont à l’article de la mort. Là aussi, je ne suis pas surpris puisque j’avais prévu cette situation dans mon « viatique ». « Dette stratosphérique, recettes en berne, dépenses qui explosent, masse salariale exponentielle, subventions ruineuses…Le tableau est effrayant. Il faudra effectuer des coupes claires pour ne pas dire qu’à court terme, un ajustement structurel nous paraît inévitable. Pour cela, il faudra tenir un langage de vérité aux populations dès le départ en leur faisant une présentation sans fard de l’héritage en matière économique pour leur faire accepter d’inévitables sacrifices ». Voilà ce que j’écrivais et c’est exactement ce qui se passe mais les nouvelles autorités rechignent à tenir un langage de vérité aux populations. Au contraire, elles font dans le populisme à quatre sous, caressent nos compatriotes dans le sens du poil, promettent en dépit du bon sens de raser gratis, font entrevoir des lendemains qui chantent sans dire que ceux-ci sont impossibles sans que les Sénégalais se (re)mettent véritablement au travail et apprennent à se discipliner. Un populisme qui les pousse à jouer les vertueux et innocents travailleurs contre les patrons pourris et sans cœur, à miser sur les jeunes au détriment des vieux qui doivent dégager, à draguer les ambulants et autres acteurs de l’informel responsables de tout le bazar dans nos villes etc. Le jeunisme, donc, et au rebut les vieux… sauf si ce sont des marabouts.
Il me semble aussi que les deux hommes forts du pays ont toujours tendance à se considérer comme des inspecteurs des impôts plutôt que comme le président de la République et le Premier ministre ! Parfois, des amis, dont je sais qu’ils ont ardemment soutenu le « Projet », m’appellent : « khana tu ne peux pas parler à tes gosses-là ? » J’ai beau leur expliquer que, bien que j’aie soutenu leur lutte, je ne suis pas un « maggu Pastef » et je ne murmure pas aux oreilles des nouvelles autorités de ce pays, mieux que je n’ai pas eu l’honneur de parler à un seul de ces braves jeunes gens — à l’exception d’un coup de fil échangé avec mon jeune frère, le général Jean-Baptiste Tine, ministre de l’Intérieur, pour un rendez-vous finalement avorté —, j’ai beau leur dire tout cela mes interlocuteurs ne me croient pas. C’est pourtant la stricte vérité.
Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko n’en sont qu’au début de leur « règne ». C’est donc normal qu’ils commettent des maladresses à la manière d’un enfant qui apprend à marcher et qui multiplie les chutes avant de se relever à chaque fois. Ils ont donc la possibilité de redresser la barre, de corriger certaines lacunes car, comme disent les Wolof, « bant bu toyé la ñu koy jubanti ». Autrement dit, c’est avant qu’il ne sèche qu’on peut redresser un bout de bois !
Pour me résumer, ils ont fait beaucoup de bonnes choses en 100 jours mais aussi, nul n’est parfait, commis des boulettes. Néanmoins, si on devait demander au sévère correcteur que je suis de les noter, je leurs donnerais une note de 12/20 assortie de l’appréciation suivante : « Bien, mais peuvent mieux faire » !
* Redressez légèrement la barre.
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MAIN BASSE SUR LES MEDIAS AFRICAINS
Vincent Bolloré renforce son emprise sur le continent noir. Des tribunaux aux plantations, en passant par les chaînes de télévision, son influence s'étend comme une ombre. La journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur cette stratégie tentaculaire
Dans un entretien saisissant pour l'émission « Décrypter l'Afrique » du Média, la journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur l'empire grandissant de Vincent Bolloré en Afrique. Loin de se retirer du continent comme annoncé, le milliardaire français renforce son emprise, particulièrement dans le secteur des médias.
Au cœur de cette stratégie : Canal Plus. La chaîne, déjà présente dans 25 pays africains, s'apprête à avaler le géant sud-africain MultiChoice. Cette acquisition donnerait à Bolloré le contrôle de 65% du marché de la télévision payante sur le continent. Un monopole de fait qui soulève de sérieuses questions sur la liberté de l'information et l'influence politique.
Pigeaud souligne les antécédents troubles de Bolloré en France, où ses médias sont accusés de propager des discours controversés. Que fera-t-il en Afrique avec un tel pouvoir médiatique ? L'inquiétude est grande, notamment en Afrique du Sud, où des voix s'élèvent contre cette concentration sans précédent.
Mais l'influence de Bolloré ne s'arrête pas aux médias. La journaliste rappelle les démêlés judiciaires du groupe, notamment autour du port de Douala au Cameroun, où des accusations de manipulation d'une cour d'arbitrage ont récemment refait surface.
Enfin, Pigeaud pointe du doigt les intérêts persistants de Bolloré dans l'agro-industrie africaine via la société SOCFIN. Les conditions de travail et l'impact environnemental de ces plantations sont tels qu'un fonds de pension norvégien envisage de se désengager, jetant une lumière crue sur les pratiques du groupe.
PÉTROLE ET GAZ, LES TRAVAILLEURS DU SECTEUR SE REPOSITIONNENT POUR PLUS DE REVENUS AVANTAGEUX
Ces agents entendent mieux négocier et plaider leurs intérêts à travers des sessions de formation et de vulgarisation des conventions nationales suite au début de l'exploitation du champ de Sangomar.
Les employeurs du secteur pétrolier et gazier se repositionnent face aux retombées de l’exploitation des premiers barils de pétrole sortis du champ de Sangomar marquant ainsi l’entrée du Sénégal dans le cercle des pays producteurs de pétrole.
En effet, les délégués du personnel des entreprises du Groupement des Professionnels du Pétrole et du Gaz (GPP) et membres du Syndicat national des Travailleurs du Pétrole et du Gaz du Sénégal (SNTPGS) organisent du 8 au 11 juillet deux sessions de vulgarisation des conventions nationales dudit secteur et de renforcement des capacités des membres en dialogue social et négociation collective.
Selon le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz du Sénégal, M. Sarra Konaré, le personnel est bien averti avec l’entrée du Sénégal parmi les pays producteurs de pétrole et de gaz d’où l’importance, dit-il, « de se recycler non seulement, de se former d’avantage pour pouvoir porter le plaidoyer parce que nous sommes le représentant du personnel ». Poursuivant son propos, M. Konaré a souligné qu’en collaboration avec le ministère du Travail « qui est notre bras technique pour pouvoir recycler nos agents », deux conventions collectives ont été élaborées.
C’est ainsi que le Secrétaire général du SNTPGS exhorte ses collègues à « s’approprier justement le document pour voir de quoi il s’agit parce qu’il ne faut pas faire la revendication arbitrale, je l’ai dit, nos entreprises sont au cœur de nos préoccupations parce ce sont les bailleurs qui sont là qui donnent de l’argent, ils nous donnent de l’argent certes, «mais c’est nous qui en retour donnons notre force de travail. Il faut donc connaître les documents qui nous régissent, c’est pourquoi on a demandé à ce qu’on vulgarise d’abord la convention qui sera connue par tout le monde pour qu’on s’approprie la chose, nous acteurs ».
Par Madiambal DIAGNE
DIOMAYE-SONKO, OSEZ MONTRER VOS BIENS !
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini. On pourra savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité
Le Premier ministre Ousmane Sonko et la plupart des membres de son gouvernement se sont évertués à effectuer leur déclaration de patrimoine devant l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac). Ils ont ainsi satisfait à l’exigence de la loi. Pour sa part, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’en était déjà acquitté devant le Conseil constitutionnel. Il convient de rappeler que, en tant que maire de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko avait également fait sa déclaration de patrimoine en 2022. Cette démarche est tout à leur honneur. Elle participe de la transparence dans la vie publique et renforce une institution essentielle dont la mission devient sacrée dans un pays comme le Sénégal.
C’est sans doute ce qui explique que la nouvelle loi organique sur l’Ofnac avait été votée à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale en janvier 2024. Rares sont les textes législatifs qui peuvent bénéficier d’une pareille onction. Cette loi est considérée comme l’une des plus avancées en termes de transparence et de renforcement des missions de l’institution.
Le président Bassirou Diomaye Faye ne s’y est pas trompé car l’une de ses premières décisions à la tête du Sénégal avait été d’ordonner la publication des rapports de la Cour des comptes et de l’Ofnac (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Sur ce point, il se montrera davantage rigoureux concernant la redevabilité dans la gestion des ressources publiques, en déclassifiant et ordonnant la publication des rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige). Opposants, le président de la République et son Premier ministre préconisaient cela. Le succès de l’Ofnac a embelli les résultats du Sénégal, comme en témoigne le communiqué du Fonds monétaire international (Fmi) à l’issue de sa revue du 6 au 19 juin 2024.
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini
Les citoyens peuvent franchement se féliciter de ces déclarations de patrimoine devant l’Ofnac, mais ils sont tout de même fondés à rester sur leur faim. Il semble tout aussi important de satisfaire la curiosité du public, ce qui ne serait pas du vulgaire voyeurisme. Il s’agirait surtout de permettre un contrôle populaire de la sincérité et de l’exhaustivité de ces patrimoines. On ne fait que prendre Ousmane Sonko au mot, lui qui promettait sur tous les tons de veiller systématiquement à rendre publics les patrimoines des élus et des gestionnaires de fonds publics. La loi punit sévèrement les fausses et/ou incomplètes déclarations de patrimoine. N’est-ce pas que ce nouveau régime a demandé à chaque citoyen de se constituer en lanceur d’alerte pour fouiner dans la vie des gens et révéler les biens des personnes ? Bassirou Diomaye Faye a sonné l’halali, assurant la protection mais aussi la rétribution des éventuels délateurs.
On observe ainsi que de nombreuses personnes trouvent une nouvelle occupation : faire le tour du Sénégal, smartphones à la main, pour filmer des biens supposés appartenir à des personnalités connues. Des patrimoines de personnes n’ayant exercé aucune activité publique sont même, à l’occasion, étalés sur la place publique, comme si la richesse était devenue un délit. Les délateurs ne s’intéressent qu’aux patrimoines des nationaux sénégalais. Un Sénégalais riche n’a aucun mérite aux yeux de ces «patriotes autoproclamés», tandis que les richesses prêtées à des étrangers ne dérangent personne..
C’est ainsi que la mort du magnat du pétrole Abdoulaye Baba Diao est un non événement pour les autorités gouvernementales, tout comme l’annonce de la vente de la Sedima par son fondateur, l’autre «self-made man», Babacar Ngom. Ces deux grands hommes d’affaires sénégalais ont bâti leur fortune à une époque où tous les tenants du pouvoir étaient en culotte courte. On devrait les donner en modèles de réussite. L’Institut national de pétrole et du gaz (Inpg) mériterait notamment, de porter le nom de Baba Diao. C’est une honte de voir la Sedima passer dans des mains étrangères parce que son patron est victime d’ostracisme depuis que sa fille Anta s’est risquée, comme nombre de ses compatriotes, à déplorer les propos tenus le 9 juin 2024 par le Premier ministre sur l’esplanade du Grand Théâtre de Dakar.
Les nouveaux gouvernants ont également accusé leurs prédécesseurs de tous les crimes économiques et ont stigmatisé les fortunes prêtées aux uns et aux autres. Ils avaient d’ailleurs battu campagne sur un thème qui a pu faire mouche auprès des électeurs : le candidat favori de l’élection présidentielle de 2024, Amadou Ba, était un «fonctionnaire milliardaire». L’origine de son patrimoine a largement été discutée. C’est le moment pour Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye de faire taire l’idée qu’ils sont eux aussi des fonctionnaires milliardaires. La publication de leurs patrimoines ferait taire toutes les suppositions, à condition qu’ils osent le faire !
Le candidat Bassirou Diomaye Faye s’était risqué à cet exercice de transparence et avait fini par s’empêtrer dans la confusion. La découverte de son patrimoine foncier a pu choquer, encore qu’il ait pu être sous-évalué. La valeur de son patrimoine s’élevait, de toute évidence, à plusieurs centaines de millions de francs. Pour se défendre, il disait qu’il venait de sortir de prison et n’avait pas eu le temps de faire une évaluation. On peut dire qu’il a eu entretemps la possibilité et l’opportunité de s’entourer d’experts pour nous dire à combien s’élève véritablement son patrimoine. Comment un fonctionnaire a-t-il pu amasser une telle fortune ? Une explication était qu’il avait bénéficié de nombreuses attributions foncières, encore que d’aucuns pourraient avoir de bonnes raisons de croire que la déclaration du candidat Bassirou Diomaye Faye n’était pas complète ou exhaustive.
La question qu’on se pose est que, si lui, fonctionnaire, peut bénéficier de plusieurs attributions foncières sur des hectares de terres dans différentes régions du Sénégal et de nombreuses parcelles dans les plus beaux quartiers de Dakar, pourquoi cela devrait-il être prohibé à d’autres citoyens sénégalais ? Il convient de dire que je suis totalement à l’aise sur ce sujet, n’ayant jamais bénéficié du moindre mètre carré de terres de l’Etat. Qu’il soit donc bien clair que je ne prêche pas pour ma chapelle. Ousmane Sonko ne pourra pas dire la même chose. Bien au contraire, son patrimoine est colossal, rien que pour ce qu’il s’agit de biens immobiliers lui appartenant encore, ou qu’il a cédés à des tiers. Tous ces biens lui avaient été gracieusement offerts dans le cadre de lotissements fonciers, du temps où il était fonctionnaire et même après son départ de l’Administration publique.
Il sera peut-être très aisé de le confondre s’il publie sa déclaration de patrimoine. Voilà un défi public qu’il n’osera pas relever ! Sa seule réponse sera de faire le dos rond et de lancer sa meute d’insulteurs. Dire qu’il a l’audace de se mettre sur les rochers de la plage de l’Anse Bernard pour montrer des terrains affectés à d’autres personnes ! D’ailleurs, que cacherait le fait de taire le nom des propriétaires stigmatisés ? On peut craindre un appel du pied en vue d’audiences nocturnes pour arranger quelques situations ! Le landernau de l’immobilier de luxe est un bien petit monde au Sénégal.
De toute façon, la publication du patrimoine du Premier ministre sera aussi l’occasion de dater certaines acquisitions, comme par exemple des biens obtenus par l’inspecteur des Impôts Ousmane Sonko, après des missions de contrôle et de vérification fiscale auprès de sociétés immobilières. On pourra aussi savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité. Qui parlera d’éthique et de probité ?
Encore une fois, on devra exiger la publication de ces patrimoines, car on se rappelle tout le grand débat qu’il y a eu au Sénégal sur le patrimoine publié de Macky Sall en 2012. Sur cette question, on attend, particulièrement de la part des organisations de la Société civile, la même exigence manifestée naguère. Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle, n’était point obligé de publier son patrimoine ou de faire une quelconque déclaration à ce propos. Mais devenu président de la République, il devra se sentir obligé. «Qui peut le plus, peut le moins !»
Incivisme fiscal vous dites ? Montrez aussi vos feuilles d’impôts !
On a pu sourire en voyant le Premier ministre Ousmane Sonko se lancer dans la traque des «délinquants fiscaux», en ciblant notamment quelques entreprises de presse. Il est du devoir de chaque citoyen de s’acquitter de ses impôts, et il est de bon ton de stigmatiser les défaillants. C’est le lieu de dire qu’il n’y a pas de complexe à nourrir sur ce point. Une fiscalité doit être adaptée à chaque secteur d’activité économique et sociale, et les médias l’ont toujours réclamé. Si d’autres secteurs économiques peuvent bénéficier d’une fiscalité spécifique allégée, dérogeant aux règles de la fiscalité générale, le secteur des médias, qui effectue un service public et traverse une période de marasme économique, devrait également être pris en considération.
Les régimes des présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall l’avaient toujours compris, mais n’avaient pas voulu franchir le pas de la mise en œuvre d’une politique fiscale plus douce pour les médias. Des pays comme la France, les Etats-Unis ou le Canada ont mis en place des systèmes fiscaux plus adaptés pour ce secteur. Des études sont disponibles et des propositions sont faites aux différents gouvernements. Dans le cadre des discussions sur le projet de nouveau Code général des impôts en 2011-2012, les patrons de presse avaient préconisé de s’inspirer de ces modèles, mais le gouvernement avait la phobie de susciter que d’autres secteurs économiques fassent les mêmes revendications.
La panacée était de procéder régulièrement à des effacements de dettes fiscales. Le patronat de presse avait toujours refusé cela, demandant des mesures pérennes ou définitives. Mais le plus renversant est que ces accusations d’incivisme fiscal sont portées par un régime politique dont les principales figures ne sont pas des modèles de payeurs d’impôts. On leur lance un autre défi, celui de sortir leurs déclarations d’impôts, et il sera aisé de pointer des transactions immobilières qui n’avaient pas été déclarées au fisc ou qui ont été sous-évaluées dans le but de minorer les montants des taxes à payer ! On saura bien si tous les revenus tirés de la vente de terrains figurent sur les déclarations fiscales, encore que la pratique des mutations directes soit assez connue et répandue. Elle consiste à inscrire un titre de propriété, gracieusement affecté à telle ou telle personne, au nom de l’acquéreur sans que l’identité du premier propriétaire n’apparaisse dans la transaction. Naturellement, dans ce cas, le montant de la transaction est occulté.
En outre, qui dirigeait le syndicat des employés des Impôts et domaines pendant que ces travailleurs bloquaient le fonctionnement des services publics pour refuser de payer des impôts sur les fonds communs distribués aux agents de cette administration ? Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye ou Waly Diouf Bodian, tous anciens dirigeants de ce syndicat, pourront sans doute répondre à cette question. Le chantage avait fait céder le gouvernement, qui finit par leur appliquer une fiscalité spécifique, du modèle de celle appliquée aux députés. En recevant une délégation de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Président Bassirou Diomaye Faye leur a rappelé que «payer les impôts est une question d’équité et de principe». Personne ne saurait être contre cette vérité, pour ne pas dire cette lapalissade.
Cependant, il est surprenant de snober un patronat et de recevoir des employés, tout en critiquant leurs patrons. Le président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, a demandé en vain à deux reprises des audiences avec le Président Bassirou Diomaye Faye : une première fois lorsqu’il venait d’être installé à la tête du pays et une deuxième fois lorsque des entreprises de presse ont fait l’objet d’ostracisme ou de punition par le biais de mesures fiscales. Il aurait été plus convenable d’écouter les représentants des patrons de presse avant de chercher de la sorte à les jeter en pâture. Le 1er mai 2024, la demande d’audience des patrons de presse a été remise, en mains propres, au Président Bassirou Diomaye Faye, par une délégation constituée notamment de Maïmouna Ndour Faye (7Tv) et de Abdou Ndiaye (2sTv).
En écoutant Bassirou Diomaye Faye parler, on réalise sa méconnaissance des réalités du secteur de la presse. Au demeurant, il reste à savoir si ce sera le gouvernement qui donnera des emplois à ces centaines de reporters quand il aura fini son opération de démolition des entreprises de presse.
CES NICHES À MILLIARDS POUR DONNER CORPS AU PROJET
Plus de 800 ONG et nombre de représentations diplomatiques échappent au fisc sénégalais, lui faisant perdre des milliards chaque année. Cela pourrait libérer des ressources considérables, essentielles à la réalisation des promesses électorales
Pour matérialiser le Projet, les nouvelles autorités peuvent compter sur entre autres matelas à ressorts : les exonérations fiscales, la réduction du train de vie de l’Etat, l’enrichissement illicite et les fonds détournés. Des niches à milliards à même de donner de l’oxygène aux finances publiques y sont englouties.
Les nouvelles autorités ont du pain sur la planche pour restaurer les finances balafrées depuis des années. Pour s’en convaincre, en moins de 3 mois d’exercice de pouvoir, les nouvelles autorités ont fait recours aux marchés financiers international et régional pour assurer la continuité du fonctionnement de l’Etat. En début juin dernier, précisément en date du 6 juin, le gouvernement sénégalais confirmé l’information de l’Agence Bloomberg indiquant que le Sénégal a levé sur les marchés financiers un pactole de 450 milliards de francs CFA, soit 750 millions de dollars américains. A cela, il faut ajouter les 28,480 milliards de francs CFA levés sur le marché financier de l’Umoa-Titres le 4 mai dernier entre autres. Ce qui se justifie amplement par un réel besoin de liquidité des nouvelles autorités pour tourner la machine économique.
Et pourtant, les nouvelles autorités avaient clamé urbi orbi, une fois au pouvoir mettre terme au Plan Sénégal Emergent (Pse) en lieu et place de leur PROJET. Mais, la situation financière trouvée, ne les offre aucune marge de manœuvre. D’où la continuité des discussions pour la seconde revue du programme soutenu par le Fmi au titre du Mécanisme Elargi de Crédit (MEC) et de la Facilité Elargie de Crédit (FEC), et la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).
Le Projet peut compter sur…
Visiblement pour se tirer d’affaires, le régime en place semble compter sur entre autres les exonérations fiscales abusives. C’est ainsi que les entreprises de presse ont été la cible des tenants actuels du pouvoir. Par rapport aux manquements des médias, elles (les autorités) n’entendent pas fléchir. Pour ce qui est des dépenses, elles ont donné instruction aux différents départements ministériels et autres démembrements de l’Etat de faire des états des lieux exhaustifs. Au premier des mesures, la visite du Premier ministre (PM) au Building administratif Mamadou Dia le 17 avril dernier pour en avoir une idée précise du coût de sa réhabilitation. Il en est de même pour l’enrichissement illicite notamment le foncier avec la visite inopinée du Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye le 1er mai dernier à Mbour 4. Il s’en suivra la suspension de toutes les constructions sur le littoral pour deux mois aux fins d’une bonne appréciation de la sitaution. Sur les fonds détournés, le chef de l’Etat a ordonné l'Inspection générale d'État de passer au crible plus de 70 structures publiques. Objectif : traquer les auteurs de malversations économiques et rétablir la bonne gouvernance. Au nombre desquelles la Société d’exploitation du Train express régional (Senter), le Fonds de soutien de l’Energie (Fse), la Commission d’attribution des licences de pêche, les Fonds destinés à la pêche artisanale, Air Sénégal, Aide à la Presse nationale, e Fonds d’appui à l’édition (Fae), l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), Handling (2AS), le Fonds d’entretien routier autonome (Fera), La Poste, la Société africaine de raffinage (Sar), le Budget Coupe du Monde (Qatar 2022), la Coupe d’Afrique des Nations (Can 2024), la Loterie nationale sénégalaise (Lonase), la Caisse des dépôts et consignations (Cdc), l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes(Artp), l’Office des lacs et cours d’eau (Olac), le Conseil exécutif des transports urbains durables (Cetud), l’Agence autonome des travaux et gestion des routes(Ageroute), l’Autoroute Ila Touba, le Building administratif de Dakar… pour ne citer que ces niches à coût de milliards et dont la transparence reste suspecte.
Plus de 800 ONG défiscalisées
L’État sénégalais perd aussi des milliards par an pour avoir défiscalisé plus de 800 Organisations non gouvernementales (ONG). Il se révèle même que bon nombre d’elles opèrent en toute fausseté par rapport à leurs activités déclarées. D’où la pertinence de revoir tout cela. Mieux, si Dakar est réputé abrité plusieurs sièges d’institutions internationales et régionales, c’est en partie lié à son régime fiscale moribond qui laisse des milliards lui filer entre les doigts. Il en est de même pour les représentations diplomatiques. Et pourtant, en Europe, en Asie et aux USA, c’est seulement le tiers de la représentation diplomatique qui est défiscalisé. Mais, au pays de la Téranga (hospitalité) tout répond à son nom légendaire. Et pourtant, un budget conséquent est alloué à toutes ces ONG, ces ambassades, ses institutions internationales et régionales
Voilà autant de leviers solides pouvant permettre aux autorités actuelles de dérouler dans les mois à venir leur offre politique (le Projet).
LE DÉFI EXISTENTIEL DE LA CÉDÉAO
La décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter l'institution ébranle les fondements mêmes de la coopération régionale. Des centaines de millions de dollars d’investissements sont en jeu, tout comme la sécurité et la stabilité de la région
(SenePlus) - Les inquiétudes sont palpables à Abuja où se tient ce dimanche le 65e sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). L'organisation régionale fait face à une crise existentielle avec le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger, trois poids lourds du Sahel central.
Dans un discours on ne peut plus alarmiste, Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cédéao, a dressé un sombre tableau de la situation. "Notre région n'a jamais connu simultanément autant de défis depuis de nombreuses années. En effet, en dehors de nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité, ainsi que des défis liés à la pauvreté, notre région est également confrontée au risque de désintégration", a-t-il martelé, citant la décision du "Burkina Faso, du Mali et du Niger" de quitter l'organisation "avec effet immédiat" comme l'a rapporté Apa News.
Un divorce aux lourdes conséquences
Ce retrait brutal des trois nations pourrait avoir des implications dramatiques selon M. Touray. "Il est évident que la désintégration perturbera non seulement la liberté de mouvement et d'établissement des personnes, mais elle aggravera également l'insécurité dans la région", a-t-il prévenu.
Sur le plan sécuritaire, le diplomate gambien redoute que ce divorce ne porte "un coup dur à la coopération en matière de sécurité, notamment en termes de partage de renseignements et de participation à la lutte contre le terrorisme". Une inquiétude de taille pour cette région en proie aux attaques djihadistes meurtrières.
L'isolement guette également le Burkina, le Mali et le Niger sur la scène internationale, puisqu'ils "ne pourront plus bénéficier d'un soutien de bloc" au sein d'instances comme l'Union africaine ou l'ONU, a prévenu le président de la Commission.
Un lourd tribut économique et financier
Au-delà des aspects sécuritaires et diplomatiques, c'est l'avenir économique de la région qui est en jeu. M. Touray a rappelé que "le retrait des trois États membres pourrait entraîner l'arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes" de la Cédéao dans ces pays, pour une valeur totale "estimée à plus de 500 millions de dollars".
Sans oublier les investissements menacés des institutions financières régionales comme la Banque d'investissement et de développement de la Cédéao (environ 321 millions de dollars selon ses dires).
Onze mois après la création d'une alliance parallèle, le "Burkina Faso, le Mali et le Niger ont adopté samedi le traité instituant la Confédération des États du Sahel", souligne enfin Apa News. Une nouvelle entité censée remplacer la Cédéao pour ces trois pays?
LA JUSTICE SÉNÉGALAISE À L'AUBE D'UNE RÉVOLUTION
Les conclusions des Assises de la justice 2024 dessinent les contours d'un système judiciaire repensé. Jean Louis Corréa, coédacteur du rapport, lève le voile sur les enjeux et les défis de cette transformation attendue
Dans une intervention remarquée ce dimanche 7 juillet dans l'émission "Objection" de Sud FM, Jean Louis Corréa, éminent juriste, vice-recteur de l'université numérique Cheikh Hamidou Kane et coédacteur du rapport des Assises de la justice, a dévoilé les contours d'une réforme judiciaire ambitieuse pour le Sénégal.
Les Assises de la justice, tenues du 28 mai au 4 juin 2024, ont marqué un tournant décisif dans l'histoire judiciaire du pays. Corréa souligne l'urgence d'une « décolonisation » du système, appelant à une refonte complète des symboles et pratiques hérités de l'ère coloniale.
Au cœur des débats, deux questions épineuses ont émergé : la présence du président de la République au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l'ouverture de ce conseil à des personnalités extérieures. «Ces points cristallisent les tensions entre tradition et modernité, entre indépendance et contrôle», affirme Corréa. Il expose les arguments des deux camps, soulignant la nécessité d'un équilibre délicat entre la garantie de l'indépendance judiciaire et le maintien d'un lien avec l'exécutif.
Le rapport préconise des changements radicaux, notamment la création d'une Cour constitutionnelle et d'une Haute Autorité de la justice. «Ces nouvelles institutions visent à renforcer l'État de droit et à restaurer la confiance des citoyens», explique le juriste.
Corréa insiste sur l'importance de la digitalisation et de l'amélioration de la communication judiciaire. « Nous devons rendre la justice accessible et compréhensible pour tous les Sénégalais », déclare-t-il, évoquant des projets de dématérialisation des procédures et de simplification du langage juridique.
Le rapport recommande également une augmentation substantielle du budget de la justice et une réforme en profondeur de la formation des magistrats. « Nous visions une justice plus humaine, plus démocratique, ancrée dans les réalités sénégalaises », affirme Corréa.
Enfin, le juriste souligne l'importance cruciale de la mise en œuvre effective de ces recommandations. Il propose la création d'une commission permanente de suivi pour garantir que ces réformes ne resteront pas lettre morte.
DES AVANCÉES TROP LENTES FACE AUX URGENCES
Si le volontarisme de Diomaye est salué, son action après 100 jours reste marquée par l'absence d'état des lieux et de reddition des comptes, selon la LD Debout. Le parti indique la rationalisation piétine face à l'accumulation de nominations
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de La LD Debout sur les 100 jours de gouvernance du nouveau régime. Le parti salue le volontarisme du président tout en déplorant le manque de calendrier pour les réformes structurelles attendues. Il constate relève également la mise en oeuvre de la promesse de rationnalisation.
"La LD Debout saisit l’échéance symbolique des 100 premiers jours du régime du président Bassirou Diomaye Faye pour lui renouveler ses félicitations ainsi qu’au peuple sénégalais dans son ensemble et aux forces vives de la Nation dont l’engagement soutenu et les énormes sacrifices consentis ont permis à notre pays de sauvegarder ses acquis démocratiques et de réaliser la troisième alternance politique de son histoire. La fin de ces 100 premiers jours est surtout un bon moment pour faire un premier bilan d’étape de l’action du régime.
Tout d’abord, la LD Debout salue les initiatives importantes du président de la République relatives à la déclaration de patrimoine et à sa démission du poste de Secrétaire général de son parti qui donnent un signal encourageant en direction des ruptures attendues. Toutefois, le parti attend de tous les assujettis à cette obligation éthique, morale et légale qu’ils formalisent le dépôt de leur déclaration de patrimoine dans les délais.
Depuis son élection, la LD Debout constate également un fort volontarisme pour enclencher une nouvelle dynamique politique et sociale dans le pays, comme l’indiquent les récentes Assises de la Justice, la journée nationale de Set-sétal et les allègements des prix de certaines denrées de première nécessité, même si des efforts plus significatifs sont encore attendus pour véritablement soulager les populations et les ménages toujours confrontés à la réalité de la cherté de la vie.
Plus généralement, la LD Debout considère qu’il devient urgent pour le président de la République et son gouvernement de définir un calendrier et des modalités pratiques de mise en œuvre des réformes sur lesquelles ils se sont engagés auprès du peuple sénégalais mais également auprès des organisations citoyennes, en lien notamment avec les conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). A cet égard, la LD Debout est particulièrement attentive aux réformes inscrites dans le « Projet », et auxquelles elle adhère, telles que (i) la révision et la protection de la Constitution en s’inspirant des conclusions des Assises nationales et des réformes proposées par la CNRI, (ii) la réduction des prérogatives proéminentes du président de la République et l’instauration de sa responsabilité politique, (iii) la création d’une « Cour constitutionnelle » avec un mode paritaire de désignation de ses membres, (iv) la consécration de l’indépendance du parquet vis à-vis du ministre de la Justice, (v) la suppression des fonds politiques et leur remplacement par des fonds spéciaux exclusivement destinés aux opérations ultra sensibles, (vi) le détachement des corps de contrôle de la tutelle de l’Exécutif, (vii) le renforcement de la neutralité de l’administration publique en interdisant désormais le militantisme politique aux directeurs de certains départements ministériels, à l’image des régies financières et des sociétés d’État, et (viii) l’appel à candidature pour certains emplois de la haute fonction publique ainsi que du secteur parapublic, tout comme la normalisation des recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours.
Au-delà de ces réformes, la LD Debout restera vigilante sur les engagements très importants et sur les exigences de rationalisation des institutions, comme la suppression du HCCT et de plusieurs agences budgétivores. D’ailleurs, le Parti regrette que cette rationalisation n’ait pas précédé les vagues de nominations en cours. En tout état de cause, cette rationalisation des dépenses de l’Etat est une nécessité pour endiguer la spirale d’endettement enclenchée par l’ancien président de la République et qui se poursuit, et pour assurer le respect d’importants engagements du « Projet » tels que l’augmentation de la part du budget de l’Etat allouée à la santé, à l’éducation et à la promotion de l’emploi des jeunes. Aussi, le parti demande au gouvernement de prendre en charge de manière urgente la question dramatique des citoyens sénégalais migrants, partis pour un avenir meilleur, mais aujourd’hui abandonnés à leur propre sort et maltraités dans des pays du Maghreb, ce qui devrait d’ailleurs interpeller nos consciences et nos valeurs proclamées d’humanisme et de patriotisme.
Au regard de l’immensité des défis, la LD Debout considère que le gouvernement devrait adopter une démarche hautement stratégique, en évitant le pilotage à vue et en soignant sa communication institutionnelle. En pratique, un accent particulier devrait être mis sur l’état des lieux de la gestion précédente et sur la reddition des comptes car aucun redressement politique, économique ou social ne peut se réaliser sans rupture avec la culture d’impunité endémique qui a longtemps régné au Sénégal et à tous les niveaux de la vie nationale.
La LD debout regrette la polémique stérile sur la programmation de la Déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Sur ce sujet, le parti invite l’Assemblée nationale à mettre à jour son Règlement intérieur et demande au Premier ministre de se prêter à cet exercice solennel devant la représentation nationale pour permettre au peuple souverain d’avoir un aperçu plus clair sur le « projet », la vision et les orientations du gouvernement.
Enfin, la LD Debout appelle toutes les forces progressistes du pays et de la diaspora à rester mobilisées dans une posture de citoyenneté active pour obtenir des nouvelles autorités le respect des engagements pris, notamment par la mise en œuvre effective et dans les meilleurs délais des mesures de ruptures attendues aux plans politique, économique, social et culturel ; et relativement à la refondation de l’Etat, par une répartition plus équilibrée des pouvoirs."
SONKO DÉFEND SA VISION D'UNE AFRIQUE PORTÉE PAR SA JEUNESSE
Ému par la récente tragédie ayant coûté la vie à près de 90 candidats à l'émigration, le chef du gouvernement n'a pas mâché ses mots devant les étudiants de Saint-Louis
(SenePlus) - Quelques jours après le naufrage meurtrier d'un bateau de migrants au large de la Mauritanie, qui a coûté la vie à près de 90 personnes, le Premier ministre Ousmane Sonko a prononcé un discours engagé devant l'Université Gaston Berger de Saint-Louis pour faire entendre sa vision sur la question migratoire.
"Un énième naufrage s'est produit au large de nos côtes et qui aurait coûté, en attendant d'avoir les chiffres exacts, la vie à beaucoup de jeunes", a déclaré M. Sonko d'entrée de jeu, faisant référence au naufrage rapporté par RFI dont le bilan humain reste encore incertain selon la radio. Le Premier ministre a exprimé sa tristesse face à cette tragédie qui vient s'ajouter aux nombreuses autres ayant coûté la vie à de nombreux jeunes Africains tentant de rejoindre l'Europe par la mer, comme l'a rapporté RFI.
Mais M. Sonko n'est pas venu seulement présenter ses condoléances. Dans une intervention retransmise en direct sur sa page Facebook et rapportée par RFI, il a adressé un appel enflammé à la jeunesse africaine: "Je lance encore un appel à cette jeunesse, votre solution ne se trouve pas dans les bureaux, les pays que certains jeunes veulent aller rejoindre, je peux vous assurer qu'ils sont eux-mêmes sont en crise, soit en début de crise!", a-t-il martelé selon RFI.
Pour le Premier ministre, l'avenir se situe bel et bien en Afrique. "L'avenir du monde se trouve en Afrique et vous devez en être conscient, vous les jeunes. Le seul continent qui a encore une marge de progression et de croissance importante, le seul continent qui devrait porter la croissance du monde dans les 50 prochaines années", a-t-il déclaré dans un plaidoyer passionné en faveur du continent, comme l'a rapporté RFI.
Dans sa vision, le développement de l'Afrique ne doit plus se faire par et pour les autres, mais bien par les Africains eux-mêmes. "La réponse que nous avons apportée, nous, est très claire, personne ne fera notre développement à notre place. Nous n'accepterons plus que nos ressources naturelles soient pillées pour nous laisser la pauvreté et le chômage qui va vous pousser à partir, vous les jeunes...", a-t-il martelé selon les propos relayés par RFI.
Un message fort et engagé qui fait écho aux revendications exprimées dans un communiqué conjoint signé par trois ONG sénégalaises après le naufrage, comme l'a rapporté RFI. Dans leur texte, elles exigent du gouvernement qu'il agisse pour empêcher les départs de jeunes en leur offrant de meilleures opportunités sur place. Car la route migratoire de l'Atlantique, encore empruntée dernièrement par plus de 170 personnes à bord d'une embarcation partie de Niodior, reste particulièrement périlleuse et meurtrière selon les informations de RFI.
Avec ce discours, Ousmane Sonko témoigne d'une vision souverainiste de l'avenir du continent africain, appelant la jeunesse à croire en ses potentialités et à en être les acteurs principaux, plutôt que de risquer leur vie dans des tentatives désespérées de rejoindre l'Europe par la mer, comme l'analyse RFI.