Le Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD) accueillait ce mardi 8 janvier 2018, la cérémonie des CAF Awards.
Mohamed Salah est entré un peu plus dans l’histoire en signant un doublé au palmarès de meilleur joueur africain de l’année, devançant comme l’année passée son compère d’attaque à Liverpool, Sadio Mané.
Pierre Emerik Aubaméyang, le troisième finaliste, a brillé par son absence tout comme la majeure parti du 11 FIFPro.
Les légendes Georges Weah, Samuel Eto’o et Didier Drogba, ont défié El Hadji Diouf à l’applaudimètre.
Le Président Macky Sall a reçu le prix Platine des mains de Ahmad Ahmad, président de la CAF.
Les récompenses complètes des CAF Awards 2018 à DAKAR
Joueur africain de l’année : Mohamed Salah (Egypte & Liverpool)
Joueuse africaine de l’année : Chrestinah Thembi Kgatlana (Afrique du Sud & Houston Dash)
Meilleur jeune : Achraf Hakimi (Maroc & Borussia Dortmund)
Entraîneur de l’année : Hervé Renard (Maroc)
Entraîneur de l’année en foot féminin : Desiree Ellis (Afrique du Sud)
Équipe nationale de l’année : Mauritanie
Équipe nationale féminine de l’année : Nigeria
But de l’année : Chrestinah Thembi Kgatlana (Afrique du Sud & Houston Dash)
Président de fédération de l’année : Fouzi Lekjaa (Maroc)
Prix de Platine : Macky Sall, président du Sénégal
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
CHEIKH YÉRIM SECK, HUBRIS & ORBI
EXCLUSIF SENEPLUS - Il a un peu ce côté du mâle saint-louisien, qui se mordille les lèvres et qui s’aime à déraison - Ses fautes sont donc pardonnées, effacées - Il a un charisme, une aura, un peu de chien et du culot - INVENTAIRE DES IDOLES
Les sorties de prisons sont de coutume plus discrètes que les entrées. Pour Cheikh Yérim Seck, les deux ont été d’un égal fracas. Journaliste vedette de la place dakaroise, ayant fourbi ses armes chez l’insubmersible Jeune Afrique, il s’en est revenu au pays pour dispenser son savoir et jouir au terroir de son matelas financier. Devenu patron de presse aux affaires médiatiques poussives mais aux activités économiques – apparemment et curieusement - florissantes, il a apposé, comme une marque, son nom dans la sphère des médias.
Le YérimPost.com, dernier avatar de la famille Seck, singe le concept d’Arianna Huffington ; s’il n’en a pas les lecteurs, il en a l’estampille : il est un journaliste individuel, à la rédaction monogamique, au réseau solidement tissé, au carnet d’adresse insoupçonné, qui a ses entrées dans le Dakar bourge et dans un gotha qui va de l’afro-diasporia au continent. Assez en tout de lignes sur le CV pour être élu digne d’interroger le président de la République et son challenger du Pastef, entre autres honneurs et privilèges.
Admirateurs et détracteurs du bonhomme peuvent au moins tomber d’accord sur un fait : c’est un journaliste qui compte. Il a un charisme, une aura, un peu de chien et du culot. Il présente bien comme on dit : un quadra, à la barbe poivre-sel maniaquement taillée et aux gourmettes saillantes. Il fait oublier un temps, dans cette rédemption subite, ce qu’il fut et ce qu’il fit.
S’il a bien survécu à la morsure d’honneur qu’était son incarcération pour viol, il le doit à un certain talent tout autant qu’au poids de certains de ses soutiens[i]. Sans doute devait-il à tout ce beau monde quelques dettes d’affection et de gratitude, quand il rédigea cette lettre de remerciements aux destinataires éloquents, à sa sortie de prison en 2014. Détenu modèle, même si des bruits de couloirs annonçaient sa sortie, il a bénéficié d’une clémence inexplicable. Deux années pour viol, c’est un tarif pas cher. Une forme de grâce judiciaire maquillée et négociée, possiblement en haut lieu. On ne le saura jamais. Cette liste de ses amis, où l’on retrouve le tout-Dakar, n’est pas sans causer un certain malaise à sa lecture : s’y trouvent hommes politiques de premier plan, marabouts de tout premier plan, artistes du même ordre....
Dans un exercice de gratitude, sentiment religieux que chérit la culture, le convaincu de viol donne à voir les coulisses de son emprisonnement et remercie cette famille pour la fin de son calvaire. Si l’amitié doit survivre à l’épreuve, elle ne doit pas le faire au détriment de la vérité. Sinon elle n’est plus amitié mais caution, voire complicité. Et cette liste est bien accablante pour ceux qui y sont cités.
Au Sénégal, on n’a ni une oligarchie, ni une plutocratie, mais les formes vaporeuses d’un oligopole. Il existe une caste au sommet qui se connaît, se fréquente, détient des pouvoirs décisifs ; on y débat, on y est parfois opposés, on s’y combat même quelques fois, mais en dernier ressort, comme dans un pacte de caste et un secret maçonnique, on y finit toujours dans l’union. Les politiques, les religieux, les fortunés, les leaders d’opinions et les artistes composent ce cercle fermé, qui s’enracine davantage dans le mythe de l’unité que nombre de proverbes nationaux viennent pieusement célébrer.
Cheikh Yérim Seck, au-delà de cette lettre qui a maladroitement et inconsciemment ébruité le secret, est l’un des baromètres de ce monde où la parole et l’honneur, la fidélité à des idées, à des principes, à des engagements, sont des phénomènes météorologiques changeants. Seul n’a de sens que l’harmonie du groupe que l’on met de temps en temps à rude épreuve, pour crédibiliser le scénario. L’hypocrisie prend toujours ainsi pour prétexte la courtoisie et la diplomatie. Elle s’aveugle de deux illusions : celle d’aimer tout le monde et celle d’être aimé par tous. Curieusement, dans la haute sphère à Dakar, tout le monde se fréquente avec des agents de liaisons comme Yérim.
A l’image d’un Golden boy comme l’est dans le monde économique un certain Kabirou Mbodj, il y a aussi cette impunité, ce culte de la séduction, cette mise soignée, raffinée, voire carrément tape-à-l’œil, qui signe la réussite et dont la jouissance est vue, selon le dire religieux, comme l’élection divine. Le charme opère. Les standards capitalistes mondiaux rencontrent la bénédiction locale, les filles en raffolent, les collègues mal dotés, jalousent, et dans le Dakar huppé des nuits interminables et des substances euphorisantes, les vices sont noyés dans les versets de l’aube pour reprendre la formulation de la journaliste Maïté Darnault. Yérim a un peu ce côté du mâle saint-louisien, qui se mordille les lèvres et qui s’aime à déraison. Ses fautes sont donc pardonnées, effacées. C’est hubris & orbi. L’orgueil démesuré béni par les Seigneurs de la caste.
Du côté d’Auteuil, à Paris, la rédaction de Jeune Afrique a changé depuis le départ de Yérim. Elle a rajeuni. Le journal qui a longtemps été souillé par une image affairiste - associé à tort ou à raison à la voirie de Jacques Foccart, le pilier de la France-Afrique - tente une mue. Au fait des enjeux nouveaux, du boom démographique qui renouvelle un lectorat vigilant et offensif, du vœu des populations, le journal garde son prestige d’hebdomadaire des bureaux de l’élite intellectuelle africaine et évolue. Il s’adapte, innove, même si sa ligne reste étrangement passive, d’autre diraient à dessein ou pire.
Yérim Seck y a laissé un souvenir plus ou moins quelconque. Il a été dans la maison, au plus fort des soupçons contre le journal, vilipendé pour être à la solde de quelques satrapes nourriciers. Dans la grande critique contre ce journal, Yérim Seck était déjà une des cibles, à cause de ses accointances et de ses amitiés extra-professionnelles. Chez le programmateur de l’émission Afrique Presse à TV5, on garde un excellent souvenir. Christian Eboulé le dit encore avec des étoiles plein les yeux, il a aimé inviter ce garçon plein d’allant et d’éclats.
La décennie paraît bien lointaine, car peu se souviennent de cet âge d’or de Yérim à part son hôte camerounais. Ni un talent de plume, ni une enquête majeure, pas une science de l’analyse autre que la discussion sur des hommes, ni la perpétuation à l’échelle nationale d’un type de journalisme précurseur, ne semblent venir sa rescousse. Dakaractu.com, son premier site d’information, est venu, comme beaucoup d’autres sites en ligne, congestionner un espace saturé en décrédibilisant déjà une presse agonisante.
Dès lors, les nombreuses critiques disponibles sur le Net, parfois haineuses sur le bonhomme et son journalisme « putassier de jadis » qui lui aurait assuré une vie décente et un permis de polygamie, sont à considérer avec la distance qu’il faut. Si on ne peut ni les confirmer, ni les infirmer, on peut convenir que ni à Jeune Afrique, ni à Dakarcatu, il n’a laissé les empreintes d’un journalisme modèle. Et on a du mal à imaginer des étudiants du Cesti actuellement l’avoir en modèle.
La conséquence assez logique pour lui est donc de se centrer sur lui-même, en devenant une marque dont les mérites tiennent moins dans la production que dans des amitiés bien ciblées qui lui donnent une existence et des infos de couloirs. Et puis le pays manque assez de journalistes de qualité pour que les moins médiocres ne soient pas sanctifiés. C’est dans la foulée de ce repositionnement personnel, comme une marque, qu’il écrit un livre[ii], en gestation en prison.
Desservi par un titre et une couverture, le propos ambitionne de lister les freins au développement. Le style sans l’âpreté de Stephen Smith est gonflé de données et de chiffres, mais redevient vite un catalogue des problèmes récurrents que les sénégalais confient à chaque séance de thé. Tous les sujets brûlants sont esquivés, et sur la Casamance le manque d’enquête fragilise les hypothèses du livre. Livre scolaire, on aurait souhaité que les dix ans d’expérience à JA relevassent la saveur de l’ouvrage, mais l’on se contente d’une rédaction appliquée qui remet sur la table les éléments du café du commerce.
Tout perfectible qu’il soit cependant, le livre est une bonne mesure de l’homme et peut être considéré comme une contribution au débat national. Le journalisme sénégalais produit peu pour que l’on se félicite des livres, même de ceux sans épaisseur. La prison est une accoucheuse peu douée.
Chez les rappeurs, les terroristes et curieusement les hommes politiques sénégalais, la case prison est perçue comme un passage qui accélère la virilité et le destin. Idrissa Seck y a cru en se croyant l’héritier de Wade. Fortunes diverses. La pénitence forge l’endurance mais peut accroître la bêtise. Yérim Seck le dira dans sa lettre, avoir appris. Dans un acte de contrition habituel chez les libérés, le propos larmoyant côtoie les grandes résolutions.
Des mois plus tôt, dans ce tribunal de Dakar où il était accusé de viol sur une jeune fille, il plaidait la relation consentie. L’auberge où avait lieu le drame était devenue le lieu secret où l’on partait en pèlerinage par savoir ce qui s’y était véritablement passé. Je m’étais adonné un à exercice pour imaginer le scénario, des années plus tard, et je dois confesser que je ne sais toujours rien de ce qui s’est passé dans cette chambre.
Dans le procès-verbal, des phrases hilarantes et tragiques de l’accusé peuplent le fascicule judiciaire. Sans doute était-il au fait de ce que le viol n’a jamais été défini, et presque jamais été puni au Sénégal, ce qui lui donnait une chance. La justice est faible face aux croyances populaires ancrées. Même si le journaliste a théoriquement purgé sa peine, il reste un goût d’inachevé. Sa victime, jeune fleur à jamais sabrée, a disparu des radars, condamnée à la solitude comme nombre de femmes. C’est à elle qu’on pense quand on lit la lettre de remerciements de son bourreau. Toute l’indécence de l’hubris presque béni par le ciel.
Des mille et un échecs du féminisme au Sénégal, l’éloignement des femmes de pouvoir du champ féministe est le plus incroyable. On ne doit pas s’arrêter à l’affaire Yérim, ou bien plus récemment à l’affaire Songué, pour entendre que le viol serait « provoqué » par les tenues de la femme. Songué s’est hélas fait porte-parole d’un propos pas si souterrain que ça, où la culpabilité des femmes est d’office entérinée.
Le conditionnement moral, religieux, traditionnel, est si fort que victimes et coupables, elles sont. La majorité écrasante des cas de viol n’est pas instruite. Etouffées ou niées, prière aux femmes d’aller prier. Le procès de Yérim aurait pu être un déclencheur, le moment où le féminisme renaît. Toutes les zones grises du consentement doivent profiter à la violée. Et si la justice a abouti au viol, c’est qu’il y avait eu bien quelque chose. Comme l’amorce d’un rêve de justice.
Si la lettre de Yérim a été si indécente, c’est que Yérim avait joué contre sa caste, et se réconciliait avec elle. Il a violé une femme dont le père s’y connaissait en droit. Il était bien introduit aussi dans la bonne société. La querelle se jouait dans cette sphère lointaine que les gamines de Foundiougne abusées n’atteindront probablement jamais. C’était le drame national à huis-clos dans une auberge entre une intouchable et un intouchable. La prison, avec traitement de faveur, était donc le compromis, l’équilibre judiciaire à monter entre le sutureu & le masla.
Yérim arguera qu’il est un père de famille modèle, aux femmes sublimes. Et il aura raison. Mais le flux national, hormonal et séminal est précoce au pays. La séduction des hommes de pouvoir reste faite d’intimidation et de corruption. C’est bien pourquoi, la virilité y est souvent le masque de frustrations qui se venge par la domination et la violence.
Si l’affaire n’a pas engendré de jurisprudence pour les classes populaires, c’est qu’elle était un conflit entre intouchables. Intouchables dont l’identité nous a été livré par Yérim dans sa liste. Voilà la bizarrerie de la caste des intouchables : en Inde on subit la tradition et ses décrets ; au Sénégal on s’en affranchit en les célébrant.
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 – Est-il possible d’avoir une administration de proximité suffisamment ouverte, pouvant offrir des services de qualité, si les agents ne sont pas en mesure de communiquer par écrit dans nos langues nationales ?
#Enjeux2019 – Le processus électoral pour élire un président de la République est enclenché et la phase de collecte de parrains fermée. Le traitement des langues nationales par l’essentiel des potentiels candidats est source grande inquiétude, notamment pour les acteurs de l’éducation, de la formation et de la culture. C’est pour cela qu’il importe de les interpeler sur leurs pratiques et au-delà, sur la politique d’alphabétisation, d’éducation et d’apprentissage des jeunes et des adultes qu’ils comptent mettre en œuvre.
Nous espérons vivement qu’ils ou qu’elles réagiront à cette problématique qui concerne plus de cinq millions[1] de Sénégalais qui ne savent « ni lire, ni écrire dans une quelconque langue[2] ». Le (la) président(e) à élire va-t-il choisir de les laisser en rade ou opter résolument pour leur inclusion, pour l’ouverture à d’innombrables opportunités ?
- Les sources de grandes inquiétudes -
En parcourant une des premières listes des partis ou coalitions qui ont retiré les documents de parrainage, la transcription correcte des langues nationales ne semble pas être un souci. Un grand cafouillage est constaté avec plusieurs erreurs : Bokk guiss-guiss ; Gueum sa bopp ; Rewmi ; Pastef, Car Lenene etc. Les mêmes constats sont faits sur les slogans et programmes : PSE : Liguey nguir ëlëk. Cet état de fait n’est pas une découverte pour les Sénégalais mais c’est bien sa recrudescence qui pose problème, aussi bien au niveau de l’Etat que du secteur privé, ce qui du reste avait poussé l’Association Panafricaine pour l’Alphabétisation l’Education des adultes (PAALAE) à lancer une pétition contre le sabotage des langues nationales
Dans un précèdent article partagé dans des journaux de la place, intitulé « Quand l’analphabétisme s’invite au processus électoral[3]», il avait été constaté le grand paradoxe entre l’utilisation massive des langues nationales dans les stratégies de communication et le peu de rigueur dans les transcriptions. Pourtant, des décrets codifient les règles de transcription, comme celui relatif à l’orthographe et la séparation de mots en wolof (décret n°2005-992), signé par le président de la République Abdoulaye Wade et son Premier ministre d’alors M. Macky Sall. « La pratique la plus partagée des acteurs politiques reste la mauvaise transcription des langues nationales[4] ». On peut légitimement se demander si la plupart des responsables de partis ou de coalitions ne font pas partie des analphabètes en langues nationales ?
En effet, les résultats définitifs du dernier recensement général (2013) font état de 89,3% d’analphabètes en langues nationales. La région de Dakar où se trouve la capitale administrative, politique et culturelle du Sénégal en compte 88,2%. Les taux d’alphabétisation en langues nationales sont faibles, car ils oscillent entre 2,5% pour le wolof et 0,1%, pour le soninké et le mandingue. Le pulaar est à 0,5%, le sereer à 0,2% et le joolaa 0,2%. Si on considère les régions où une des langues est fortement présente, le score le plus élevé ne dépasse guère 3,4% ; c’est à Kaffrine pour le wolof. Les alphabétisés en pulaar à Matam et ceux en sereer à Fatick présentent les taux de 3,1% et 1,5%. Il faut aussi noter que pour l’utilisation de l’arabe, on peut enregistrer 9,6% d’alphabétisés.
Cette situation interpelle d’abord et avant tout les intellectuels qui ont toutes les armes pour s’approprier l’écriture et la lecture de nos langues nationales et en quelques heures. Les agents de l’Etat et des Collectivités territoriales font partie de cette masse d’analphabètes dans nos langues nationales. Les différent(e)s candidat(e)s devraient donc répondre à ces questions. Est-il possible d’avoir une administration de proximité suffisamment ouverte, pouvant offrir des services de qualité, si les agents ne sont pas en mesure de communiquer par écrit dans nos langues nationales ? Les populations peuvent-elles s’approprier les politiques publiques si elles ne les comprennent pas, si elles ne peuvent pas accéder directement à l’information écrite ?
Nous osons espérer que les cafouillages notés dans la transcription des langues nationales ne traduisent pas des rapports distanciés avec nos langues nationales, avec notre culture nationale et qu’ils ne seraient pas l’indice d’une conception extravertie des stratégies de développement à mettre en œuvre. Dans tous les cas, il est constaté une certaine exigence de rigueur dans l’utilisation correcte du français, mais la désinvolture avec laquelle nous traitons nos langues nationales est déconcertante. On peut se permettre de faire des fautes d’orthographe, de persister et de signer dans la légèreté, prétextant un certain pragmatisme sans état d’âme. Un premier pas pour les candidats serait de faire en sorte que les fautes d’orthographe dans nos langues nationales soient des exceptions et non la règle durant la période de campagne électorale.
- L’analphabétisme, un frein pour l’activation du potentiel sénégalais -
L’ampleur de l’analphabétisme est une caractéristique de l’état de l’éducation et de la formation. En effet, le taux d’analphabétisme de la population âgée d’au moins 10 ans est de 54,6% ; c’est à dire 5 089 313 personnes d’après l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD[5]). Il est inégalement réparti entre les zones rurales et les zones urbaines, entre les régions, entre les hommes et les femmes et au sein des groupes d’âges quinquennaux. Pour ce dernier aspect, les taux d’analphabétisme des tranches d’âge, 15-19 ans, 20-24 ans, 25-29, 30 -34 ans et 35-39 ans augmentent de 38, 95% à 60,6%. Cette situation touche beaucoup plus les femmes avec des scores qui évoluent de 54,6% à 85 ,5%.
Ce taux d’analphabétisme a probablement augmenté, si on tient compte de la faiblesse des résultats suite aux réponses apportées. C’est à travers le Programme d’Amélioration de la Qualité de l’éducation et de la qualité (2013 -2025) qu’il était envisagé de réduire de 50 % la masse d’analphabètes durant sa période de mise en œuvre. L’évaluation de la phase I[6] (2013-2015) fait ressortir la non atteinte des résultats en termes d’effectifs à enrôler ou de nombre de groupes pédagogiques pour les classes d’alphabétisation fonctionnelle (CAF). Il en est de même des écoles communautaires de base (ECB). A titre illustratif, l’écart entre la projection et la réalisation du nombre d’analphabètes à prendre en charge dans les CAF a été de -79,2%. D’ailleurs face à ces résultats un Programme d’Accélération de l’Alphabétisation au Sénégal a été élaboré, mais jamais mis en œuvre.
Non seulement les ambitions du PAQUET (2013-2025) sont limitées par rapport aux exigences du pays, mais elles n’ont même pas été réalisées. Par ailleurs, opter pour alphabétiser 50% des analphabètes d’ici 2025, c’est aussi assumer le fait de décider de laisser le reste, 50% dans l’analphabétisme en 2025. Dans cette même logique, il n’est pas acceptable de maintenir 30% d’analphabètes d’ici 2030, comme le préconise le PAQUET mis à jour.
- Ce que le Sénégal gagne en alphabétisant sa population -
L’importance de l’alphabétisme n’est plus à démontrer, mais il importe de rappeler les enjeux sociaux, économiques, culturels, politiques qui font qu’il n’est pas acceptable de laisser nos populations analphabètes. C’est une façon d’investir dans l’ignorance avec toutes les conséquences qui en découlent au plan individuel et collectif.
L’alphabétisation est d’abord un droit en soi, car permettant de jouir des autres droits. C’est aussi un droit qui fait partie intégrante du droit à l’éducation et il n’est pas sécable. La Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay dans son message lors de la célébration de la journée internationale de l’alphabétisation de 2018, cite un ancien esclave devenu abolitionniste[7] « une fois que l’on a appris à lire, on est libre pour toujours. » et dans cette perspective, elle affirme que « l’alphabétisation est le premier pas vers la liberté, vers l’affranchissement des contraintes sociales et économiques. Elle est la condition indispensable d’un développement à la fois individuel et collectif. Elle fait reculer la pauvreté et les inégalités, crée de la richesse, contribue à éradiquer des problèmes de nutrition et de santé publique ».
C’est en réalité une clé pour ouvrir d’innombrables opportunités pour les individus, les communautés et le Sénégal. C’est la base de l’apprentissage et de l’éducation tout le long de la vie. C’est aussi dire que l’alphabétisation des populations, notamment les jeunes, jette les bases de leur employabilité, d’autant plus que 9/10 personnes au Sénégal n’ont reçu aucune formation professionnelle ((RGPHAE 2013). L’accès au pouvoir d’écrire et de lire ouvre des possibilités d’apprendre un métier. La recommandation 2015 de L’UNESCO sur l’apprentissage et l’éducation des adultes (AEA) a renouvelé la définition de l’alphabétisme dans une perspective d’un continuum. L’AEA est considéré comme un outil essentiel pour réduire la pauvreté, améliorer la santé et le bien-être et contribuer à des sociétés d'apprentissage durables avec les objectifs ci- dessous :
doter les gens des capacités nécessaires pour exercer et réaliser leurs droits et prendre le contrôle de leurs destinées ;
encourager le développement personnel et professionnel, favorisant ainsi un engagement plus actif des adultes dans leurs sociétés, leurs communautés et leurs environnements ;
favoriser une croissance économique durable et inclusive et des perspectives de travail décent pour les individus
développer la capacité des individus à penser de manière critique et à agir avec autonomie et sens des responsabilités ;
renforcer la capacité de traiter et de façonner les évolutions de l'économie et du monde du travail.
Cette perspective peut être reliée à une de nos conclusions d’un article de plaidoyer. « L’alphabétisation[8]aboutie, c’est la sécurité, le progrès scientifique et technique, le développement économique et social, la démocratie politique, l’épanouissement culturel des individus et des communautés, et plus d’autonomie. Elle permet une bonne régulation entre la personne et son environnement, c’est le développement communautaire, c’est donc la solidarité, la culture de la paix durable, une société durable ». L’alphabétisation des populations contribue aussi à la réalisation de beaucoup d’économies et la production de richesses : la généralisation du bulletin unique lors des opérations électorales, la rationalisation des dépenses de santé, l’hygiène et la prévention améliorées au niveau des populations, l’acquisition de métiers par l’apprentissage ».
En tenant compte de tout le potentiel lié à l’alphabétisation comme porte d’entrée à des opportunités, de l’apprentissage et de l’éducation des jeunes et des adultes comme base d’éducation tout le long de la vie, on avance dans la matérialisation d’un droit, celui de l’éducation. Le Sénégal y gagne, il en est de même des Sénégalais pris individuellement et collectivement. Les énonciations politiques et économiques de base émises par les autorités publiques et privées ne peuvent se réaliser si on ne résout pas la question posée. Peut-on alors à une mobilisation massive des ressources humaines si les 54,6% de celles-ci sont analphabètes ? La réponse est évidente. Non ! Non ! Non !
L’approfondissement de la démocratie et de la décentralisation, le progrès social, la réduction de la pauvreté et la prise en compte des changements climatiques nécessitent un pouvoir d’agir qui passe par l’accès à l’information et aux savoirs. L’alphabétisme en est la clé principale.
La participation des populations dans l’élaboration des politiques publiques, leur mise en œuvre et leur évaluation, le contrôle citoyen et le portage des activités économiques réussies à partir des micro-interventions à la base en dépendent. L’amélioration de la santé, en particulier chez les enfants, par la promotion de la prévention, la mobilisation des communautés pour la qualité des services et la bonne gouvernance dans sa globalité, exigent de travailler avec des populations pouvant accéder directement à l’information. Il faut bien les alphabétiser ; il en est de même pour l’amélioration de l’employabilité des jeunes, l’exercice d’une citoyenneté et l’essaimage d’une culture de paix.
Ces indications ne sont que des illustrations sur les effets multiplicateurs, car il existe des gains considérables en alphabétisant les populations.
- Comment aller de l’avant -
Il faut développer, à notre avis, une initiative accélérée et soutenue de grande envergure, suffisamment innovante, afin d’arriver à un taux résiduel d’analphabétisme, au bout de cinq ans (durée du mandat présidentiel). L’ambition ne doit pas être de réduire de moitié ou de 3/4 le nombre d’analphabètes, mais de prendre en charge tous les analphabètes. Ce qui a été possible à Cuba, en Ethiopie, en Tanzanie, en Thaïlande, peut être fait au Sénégal. Les axes suivants pourraient permettre de jeter les bases de l’élaboration d’une stratégie conséquente :
l’affirmation d’une conscience politique multilingue, multimédia, multi script, reflet de notre trajectoire historique et nos valeurs démocratiques et républicaines, pour mettre un terme à l’analphabétisme ;
le portage de cette politique par les plus hautes autorités du pays, l’engagement de l’Etat et tous ses démembrements, notamment les collectivités territoriales ;
la mise en place d’un dispositif ouvert, participatif, inclusif, suffisamment souple et bien coordonné à tous les niveaux ;
la définition des politiques, dès l’entame du processus, avec toutes les familles d’acteurs et toutes les composantes de la société ;
des stratégies d’intervention différenciées et multiformes qui tiennent compte des différents besoins et contraintes des apprenants (à titre illustratif certaines populations expriment le besoin d’apprendre des langues étrangères et cette aspiration doit et peut être satisfaite) ;
la responsabilisation des collectivités locales avec la définition d’ambitions explicites d’alphabétiser tous les analphabètes dans chaque territoire. C’est en réalité une modalité de la territorialisation des politiques de développement, les prochaines phases de décentralisation devraient en tenir compte ;
la prise en compte des énormes potentialités des Tic et média (radio, télévision, téléphones mobiles, smartphones) pour les mettre au service de la campagne d’alphabétisation ;
le développement des stratégies à partir d’entrées multiples : territoires, actions et acteurs ;
des stratégies d’apprentissage diversifiées et adaptées ;
l’identification, la préparation et la mobilisation des différents acteurs notamment les diplômés (à partir du BFEM) sans pour autant créer des discontinuités dans leurs études (pour ceux qui sont dans le dispositif scolaire et universitaire), les retraités, les agents de l’Etat volontaires etc. La prise en compte des jeunes urbains, péri urbains et ruraux en situation d’oisiveté dans la stratégie de mobilisation des jeunes,
la mobilisation du secteur universitaire à travers ses différentes composantes ;
le secteur privé aussi est partie prenante intégrale de cette initiative. A titre indicatif des patrons de presse d’un pays de l’Amérique latine ont parfaitement contribué à l’alphabétisation des populations et cela a permis d’accroître la masse des lecteurs de leurs journaux ;
le travail préparatoire de conscientisation et d’engagement citoyen auprès des jeunes et des autres volontaires et son fondement sur l’éducation au développement durable ;
le respect des droits linguistiques des communautés en faisant les formations dans leurs langues et en leur permettant d’accéder aux instruments juridiques dans leurs langues comme stipulé dans la Déclaration de Barcelone sur les droits linguistiques des *Peuples ;
la valorisation du travail citoyen effectué par les participants et les participantes au cours de la campagne ;
l’amélioration du cadre d’évolution et de promotion des langues nationales pour créer les conditions d’attractivité de l’alphabétisation ;
la prise en compte de la nécessité de favoriser l’environnement lettré, notamment dans l’administration locale et dans les services étatiques ;
la mobilisation et la gestion des fonds issus de différentes sources de l’Etat, les Collectivités Locales (CL), les partenaires financiers et techniques (PTF), de la Société civile, des Syndicats, OSC, du secteur privés, les Fondations etc., par le biais d’une structure légère et souple, qui présente aussi toutes les conditions d’acceptabilité des parties prenantes ;
la reddition des comptes publics comme un exercice essentiel à la fin de chaque campagne annuelle.
La nécessité d’alphabétiser les populations pour les mobiliser dans les chantiers du progrès social économique et culturel n’est plus à démontrer. Il reste aussi évident que l’alphabétisation transforme la vie des hommes, des femmes et des jeunes en leur permettant d’activer leur potentiel, de faire des choix éclairés et en leur donnant les moyens de devenir des acteurs de changement.
La question essentielle concerne la conscience politique à avoir, le portage d’une ambition à la hauteur des exigences de la société sénégalaise et la volonté politique. Celle-ci n’est nullement attestée par des déclarations mais par un engagement concret et la prise de mesures politiques, institutionnelles, administratives, financières et techniques adéquates. La violation du droit à l’éducation, du droit à l’alphabétisation a assez duré, il faut assurer la rupture. La période actuelle est propice pour interpeller les candidats et les candidates à l’élection présidentielle sur la problématique de cette contribution.
En attendant les résultats de l’élection, l’expression de la mesure de la volonté des candidats à prendre en charge nos langues nationales et l’alphabétisation massive des populations va passer par une transcription correcte de celles-ci.
Charles Owens Ndiaye, expert en ingénierie de développement local, est diplômé du Centre International d’Etudes pour Développement Local (CIEDEL), Université catholique de Lyon. Il travaille principalement sur les questions d’éducation, de formation et de développement local. Présentement Chargé de programme de l’Association panafricaine pour l’Alphabétisation et l’Education des Adultes(PAALAE), il intervient dans plusieurs dispositifs des Organisations de la Société civile.
Sigles
ANDS : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
BFEM : Brevet de Fin d’Etudes de l’Enseignement Moyen
MEN : Ministère de l’Education Nationale
PAALAE : Pan African Association for Literacy and Adult Education
PAQUET : Programme d’Amélioration de la Qualité et de la Transparence
RÉSUMÉ EN WOLOF - Tënk ci wolof
Ci sunum réew , téemeer i (100) nit ñoo gis, lu ëpp juróom fukk mënu nu jàng mbind, moo xam ci arafu araab, mbaa latin.
Bind ci sunuy làkk, ñi ci jal bi faaydaal lu nu ko. Ni leen di jéem a wuutu wane wunu ni ñoo tane, ndax ni nuy binde seen tur baaxul, jagul.
Moonte réew du mën màgg jëm kanam su fekkee ni ,ña fa ëpp mënu nu jàng, jokkoo︢- jokkoo bu gaaw, xam seen jàngoro, moytu musiba, saytu seeni gox ak goxaat, seeni dëkk, di bindante, di jokkalante, féexal seen xol, neexal ko , nàmm seeni xel.
Jot xibaar yi, xam say àq ak yeleef, ci sa làkk, lu war la.
Kon boog, lawax yiy jéem a toog ci jal bi, war nan leeral ndax daanu jéem dakkal ci réew ci 5 at ñakk mën bind ak jàng ci sunuy làkk.
[1] Agence Nationale de la statistique et de la Démographie (ANSD) Rapport définitif RGPHAE 2013 : 5 089 319 analphabètes sur les 9327 688 personnes âgées de 10 ans et plus interrogées
[2] Définition minimaliste de l’analphabétisme utilisée par l’ANSD dans le cadre du RGPHAE 2013.
[3] Article paru dans Senplus le 26 /07/2017, à la veille du scrutin des dernières élections législatives
[4] Nom des listes ou coalitions : Bees dina nieuw ; Bokk guiss guiss ; Bes dina niak ; Rewmi ; Luy diot diotna ; Pastef ; Guem sa Bopp ; Car lenene.
[5] Rapport définitif Recensement Général de la Population, de l’Habitat, de l’Agriculture et de l’Elevage (RGPHAE) 2013
[6] Rapport annuel de performances (RAP) 2016, Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education (DPRE) Ministère Education Nationale
[7] Frederick Douglass, esclave noir américain affranchi, champion de la cause abolitionniste
[8] Contribution Charles Owens Ndiaye et de Babacar Diop Buuba « Non à l’analphabétisme »
PAR BABACAR DIOP BUUBA
NJARINAL NJANG
#Enjeux2019 - Tenk ci walaf - Gindi ngir saytu mu baax, màgg ak bokk tigi - (ARTICLE ENTIÈREMENT EN WOLOF)
#Enjeux2019 - XamXàmme mooy indi kaaraange, moodi am sa gopp ngir bay, am xalima booy binde, moodi yore sa galan gooy tëgge sa sabar, ngir feexal sa xol. Xam sa yaram, say cër moodi nite tette, yar, mooy may gone am loxo yu set bamën, bokk ak mag ňi.
Ni begg toog ci jal bi, ngir gindi réew mi war nan leeral lunu xam ci jaar jaari réew mi, ci mbirum jàng ak jàngale, yarak tette xale yi, tàggat magňi, yee leen ci mbiri àdduna. Yeewu mooy tax men toog ci penc ma ; bayaal ba, ,ja ba
Warnen wax lu nu xalaat ci denkaane yi doomi reew mi ak boroom xam xam yi def ngir suxxali njàng mi, ngir mu barkel, jariň reewmi, ,jariň askan wi, te it kenn baň nooy yak. Xam adduna, xam li ňu war, sàmm càkkeef gi.
Wax rekk doyul war nan leeral funuy jele xaalis bi war, ngir defaraat jikko yi, xel yi
Xam loo àttan ak loo àttanul
Nu yokk ci sa mën mën, pexe, xam sa diine, say baax ak xarbaax, sa cosaan, xam yosi say dekkandoo, ngeen wegante ; looloo mooy suuxët jàmm.
War nan wax it ni nuy xaymaa ak di topp li nuy degmal
Jàmm sax, yalwaan dakk, xatxat yi, wànňiku, nit ni am ci li nuy gor, ngir gore
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les résultats médiocres issus des Assises nationales de l'Education et les secousses persistantes du secteur, témoignent du chemin à parcourir pour une refondation du système éducatif - De la nécessité d'un dialogue social
Enjeux2019 - Solliciter le suffrage des concitoyens suppose une prise de conscience nourrie, soit par un sentiment d’insatisfaction, d’inconfort de la part des porteurs d’une alternance ou alternative, soit par une volonté de mieux faire de la part du candidat sortant.
Tous et toutes les candidat(e)s savent que pour convaincre les électeurs ils doivent leur faire d’abord des propositions et/ou offres pertinentes en matière de gouvernance sociale. Dans l’approche des animateurs des Assises Nationales, la gouvernance sociale est déclinée en cinq éléments : éducation, santé, culture, sports et dialogue social, politique et économique.
L’éducation est l’arme la plus puissante pour les transformations sociales, comme l’a souvent rappelé Madiba Nelson Mandela. Elle permet d’articuler l’ensemble des objectifs de développement durable (ODD) et d’améliorer le sort des populations dans un monde plus sûr, plus solidaire.
Cheikh Anta Diop, le grand savant sénégalais avait fondé son optimisme quant à l’avenir de l’humanité sur les progrès de la science et la force de la jeunesse instruite, éduquée et engagée. Il a développé ses points de vue dans Civilisation ou Barbarie, le dernier ouvrage qu’il a publié de son vivant en 1981.
- Des initiatives novatrices -
Le grand sage Hampathé Ba, dans Une lettre à la jeunesse africaine a rappelé, comme Joseph Ki Zerbo, que l’Afrique ancienne a développé des civilisations de responsabilités et de solidarités. L’esprit communautaire et le sens du partage présidaient dans les rapports humains. Ils ont toutefois invité à relever les faiblesses, à les corriger en préservant les valeurs positives. Le grand écrivain Abdoulaye Sadji, compagnon de Léopold Sédar Senghor n’a pas manqué non plus dans Education Africaine et civilisation, d’inviter à puiser dans nos sagesses très anciennes.
Enfin, Roland Colin très proche des présidents Mamadou Dia et Léopold Sédar Senghor, a eu dans sa thèse soutenue à Lyon sur l’éducation au Sénégal, la bonne démarche consistant à faire ressortir les convergences et différences entre les pratiques wolof, sereer et pulaar en étudiant successivement :
l’éducation intra familiale et pré initiatique
l’éducation initiatique
l’éducation post initiatique
Il a consacré comme A. Sadji, une part de la réflexion aux chocs internes et externes (Les vents d’Est et d’Ouest, à savoir la civilisation arabo-islamique, celle de l’Occident chrétien). Les osmoses réussies, les greffages artificiels, les résistances multiformes permettent de comprendre les atouts et les défis persistants. Pour mieux tracer les voies d’un futur fécond, il faut donc avoir à l’esprit l’articulation entre éducation des jeunes et des adultes, des garçons et filles entre les dynamiques formelles, non formelles et informelles.
Le combat anti assimilationniste a été porté par des intellectuels sénégalais (Majaxate Kala aux côtés de Lat Dior Diop, Musaa Ka aux côtés de Cheikh Ahmadou Bamba) maîtrisant bien leurs langues africaines, et écrivant en caractères arabes, puis ce fut le tour des militants utilisant la langue française, tel que Lamine Arfang Senghor, auteur en 1927 de « Violation d’un pays » qui va devancer, dans le combat culturel et politique l’autre Senghor, Léopold Sédar. Puis ce fut le tour des étudiants regroupés dans la Fédération des Etudiants d’Afrique Noire (FEANF) parmi lesquels : Amadou Mahtar Mbow qui deviendra Directeur Général de l’UNESCO, Abdoulaye Wade qui deviendra président de la République, Cheikh Alioune Ndaw qui deviendra un grand écrivain, Assane Sylla, Saliou Kandji, etc. D’autres furent aussi actifs dans l’Union Générale des Etudiants d’Afrique de l’Ouest (UGEAO) à Dakar, pour poursuivre le combat jusqu’au moment des indépendances dans les années 1960.
Le combat s’est poursuivi à l’ère postcoloniale, non seulement autour des langues, mais aussi pour la réforme des systèmes éducatifs, l’utilisation des langues nationales, dans la presse, au cinéma, dans l’administration. Des figures célèbres comme Ousmane Sembène, l’écrivain et cinéaste, Pathé Diagne, linguiste et économiste, Aram Fall Diop linguiste, Cheikh Alioune Ndaw écrivain, entre autres, ont poursuivi le combat.
- Une trajectoire tumultueuse -
Le retrait du président Senghor en 1980 de la scène politique, et le passage de témoin au président Abdou Diouf a frayé le chemin aux Etats Généraux de l’Education et de la Formation et à la mise sur pied de la Commission Nationale de Réforme de l’Education et de la Formation. Les programmes d’ajustement structurel, sous l’injonction du Fonds Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM), ont plombé les recommandations pertinentes issues de quatre années de réflexion conduites par les syndicats d’enseignants, les enseignants de tous les ordres de l’enseignement, les chercheurs et experts en éducation. Les retouches, réformes timides, n’ont pas amélioré les résultats du système, même après la première alternative politique post coloniale qui a permis l’avènement du gouvernement du président Abdoulaye Wade en 2000.
Ce dernier fut enseignant, comme Léopold Sédar Senghor, le premier Président de la République. Mieux encore, il a été le doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Economiques. Toutefois en tant que chef d’Etat, il n’a pas pu développer certaines des idées qu’il développait alors qu’il était dans l’opposition entre 1974 et 2000.
Les Assises sur l’Education convoquées par le président Macky Sall entre 2013 et 2015 sur l’Enseignement Supérieur et la Recherche d’abord, ensuite sur tout le système, ont produit des recommandations pertinentes. Les résultats médiocres et les secousses persistantes du système montrent qu’on n’est pas sur la bonne voie s’agissant d’une refondation de notre système éducatif. Bien sûr des hommes et femmes de culture dont Boubacar Boris Diop, Mame Younousse Dieng et d’autres, ont poursuivi le combat pour l’utilisation des langues nationales.
Est-il possible de refonder le système sans la mise en place d’un dispositif de suivi et d’évaluation des recommandations ? D’où la pertinence des Assises qui ont insisté sur le suivi et l’évaluation des politiques publiques. Malheureusement, la plupart des parties prenantes engagées pour la création d’un système citoyen de veille et d’alerte, en matière d’éthique et de valeurs, n’ont pas pris leurs responsabilités. Pourtant, les recommandations en matière de gouvernance sociale sont toujours pertinentes. Elles avaient préconisé :
la refonte du système éducatif, en tenant compte des valeurs humaines, sociales, spirituelles, conformes à notre histoire et au patrimoine universel et en tenant compte des besoins du développement économique et social de notre pays ;
la réorganisation des structures chargées de l’éducation sous l’égide d’un ministère unique, comme dans le premier gouvernement du Sénégal indépendant, et comme on le constate également dans des pays performants en matière d’éducation, de sciences, de techniques, voire de sports et loisirs ;
l’équité, l’efficacité et l’efficience dans le traitement du genre et des disparités géographiques.
- Un Institut des Assises Nationales -
Les différents candidats devraient se prononcer sur la proposition d’un Institut des Assises Nationales et sur les autres dynamiques publiques ou communautaires, œuvrant pour un dialogue social, économique et politique.
Il ne s’agit pas de prendre les Assises ni pour le Thorah, ni pour la Bible, encore moins pour le Coran. Au contraire, il faut mettre en œuvre les recommandations tout en approfondissant la réflexion, en développant une approche multilingue, multimédia, multiscript, donnant leurs dignités aux différents paliers, depuis la préscolaire jusqu’au supérieur, à la recherche fondamentale et appliquée, à l’innovation, à l’éducation de base et la formation continue, celle des jeunes et des adultes, des garçons et des filles, aux sciences et des techniques, aux arts et lettres, à la formation professionnelle et au développement communautaire, à l’éducation, à la santé, à l’environnement, à l’éducation civique, l’éducation à la paix, aux médias, à la solidarité africaine et internationale.
Les candidats à l’élection présidentielle ont intérêt à décliner leurs propositions sur les axes de réflexion et à éclairer l’opinion et les électeurs sur les sources de financement à explorer pour relever les défis gigantesques en matière de gouvernance sociale, dans un contexte de globalisation accélérée.
Les mesures de performance pourraient se faire à la lumière des modes de gestion des conflits, surtout liés au foncier et à l’environnement, du retrait des enfants de la rue publique et au dépérissement de la mendicité, de l’aménagement du territoire, de l’amélioration du cadre de vie, de la gestion intelligente et durable des ordures, de la suppression des encombrements multiples dans les voies de communication, de la multiplication des offres d’emplois décents et de loisirs, de l’allongement de l’espérance de vie, etc.
Babacar Buuba Diop est universitaire, professeur titulaire de classe exceptionnelle en Histoire ancienne. Ancien médiateur à l’Ucad (1982 à 2016), il a coordonné le travail de la commission Gouvernance sociale des Assises Nationales Politiques, Economiques et Sociales. Il a été également Président de la Fédération de l’Education et de la Recherche (FEDER) et Vice-Président du Conseil International d’Education des Adultes (ICAE).
RÉSUMÉ DE L'ARTICLE EN WOLOF
#Enjeux2019 - Tenk ci walaf - Gindi ngir saytu mu baax, màgg ak bokk tigi.
XamXàmme mooy indi kaaraange, moodi am sa gopp ngir bay, am xalima booy binde, moodi yore sa galan gooy tëgge sa sabar, ngir feexal sa xol. Xam sa yaram, say cër moodi nite tette, yar, mooy may gone am loxo yu set bamën, bokk ak mag ňi.
Ni begg toog ci jal bi, ngir gindi réew mi war nan leeral lunu xam ci jaar jaari réew mi, ci mbirum jàng ak jàngale, yarak tette xale yi, tàggat magňi, yee leen ci mbiri àdduna. Yeewu mooy tax men toog ci penc ma ; bayaal ba, ,ja ba
Warnen wax lu nu xalaat ci denkaane yi doomi reew mi ak boroom xam xam yi def ngir suxxali njàng mi, ngir mu barkel, jariň reewmi, ,jariň askan wi, te it kenn baň nooy yak. Xam adduna, xam li ňu war, sàmm càkkeef gi.
Wax rekk doyul war nan leeral funuy jele xaalis bi war, ngir defaraat jikko yi, xel yi
Xam loo àttan ak loo àttanul
Nu yokk ci sa mën mën, pexe, xam sa diine, say baax ak xarbaax, sa cosaan, xam yosi say dekkandoo, ngeen wegante ; looloo mooy suuxët jàmm.
War nan wax it ni nuy xaymaa ak di topp li nuy degmal
Jàmm sax, yalwaan dakk, xatxat yi, wànňiku, nit ni am ci li nuy gor, ngir gore
Xam seen warugar, xam seen wareef
Buuba Joob, njiitu PAALAE
MISS ALGÉRIE 2019 : MAIS POURQUOI TANT DE HAINE?
Khadidja Benhamou est la nouvelle Miss Algérie. Originaire du sud du pays, elle a une peau plus foncée. Une différence qui lui a valu une déferlante de messages racistes.
Depuis le 4 janvier dernier, une polémique autour de la nouvelle Miss Algérie fait rage sur les réseaux sociaux. La raison : Khadidja Benhamou, 19 ans, élue Miss Algérie 2019, aurait une couleur de peau trop foncée et serait ainsi trop « noire ». Face à la montée des commentaires haineux et racistes, la nouvelle Miss a décidé de réagir. « Je ne regarde pas les réseaux sociaux. Que Dieu montre le chemin à ceux qui me critiquent et préserve ceux qui m'encouragent », a-t-elle ainsi répondu à ses détracteurs, qui se sont acharnés sur la couleur de sa peau.
-QUE S'EST-IL PASSÉ-
C'est la première fois depuis la création de la compétition dans les années 1980 qu'une candidate originaire du sud-ouest du pays remporte l'écharpe. Originaire de la région de l'Adrar, située à quelque 1 400 km d'Alger, la capitale, Khadidja Benhamou travaille comme hôtesse dans un grand restaurant de la capitale. Élue Miss Algérie 2019 face à treize autres candidates lors d'un gala au théâtre national Mahieddine Bachtarzi d'Alger, elle est depuis lors victime de publications et commentaires racistes sur les réseaux sociaux algériens. Sa peau noire dérange des internautes qui se disent « choqués du choix du jury ». Plus virulentes que l'année dernière où les internautes n'avaient pas non plus appréciés le choix de la gagnante, une reine de beauté blonde aux yeux bleus, les critiques de cette année s'attaquent à la couleur de la peau, mais aussi, à la texture des cheveux de la jeune femme jugée pas assez lisse et donc trop crépu. En réalité, Khadidja Benhamou doit affronter deux problématiques majeures : le colorisme et la négrophobie. Dans les messages qu'on lit, Miss Algérie est jugée « pas assez claire » pour être algérienne. Cela correspond au colorisme soit une discrimination entre les peaux de couleur, favorisant les peaux plus pâles . Un legs de la colonisation et de l'esclavage qui a participé à la création du mythe de la beauté blanche et qui explique en grande partie pourquoi de nombreuses populations issues des anciennes colonies (Inde, Afrique surtout) dans le monde utilisent les produits éclaircissants.
-LE RACISME ANTI-NOIR PERSISTE AU MAGREB-
Et dans la suite des messages, elle est en fin de compte comparée à des personnes noires avec des stéréotypes dégradants sur les cheveux crépus par exemple. C'est une manière directe de refuser l'africanité de la jeune femme et de l'Algérie.
Les messages de soutien se sont multipliés à la suite de ces publications haineuses. Et, fait important à souligner, de nombreux internautes subsahariens disent leur colère face à ce racisme lancinant qui les touchent tout autant. « Soutien total pour Khadidja Benhamou, Miss Algérie 2019, face à la critique raciste sur la couleur de sa peau. Il est déplorable qu'en 2019 certains soient encore discriminés à cause de la seule pigmentation de leur peau. C'est aussi inconcevable qu'intolérable », s'exclame Gilchrist Boni sur Twitter.
Plusieurs médias nationaux ont consacré articles et éditoriaux à ce sujet, appelant à dépasser le cadre de l'élection de Miss Algérie. Pour la journaliste Nidal Aloui, qui publie dès dimanche son édito sur le site d'information TSA, « l'indignation ne suffira pas. Ces comportements doivent trouver une réponse des pouvoirs publics qui nous renvoient sans cesse à l'identité nationale. L'Algérie est diverse. Mais cette diversité n'est pas incarnée dans la représentation politique, dans les médias et dans la production audiovisuelle ».
Malheureusement, le cas de Miss Algérie n'est pas un cas isolé, ni en Afrique, et encore moins dans le monde. On se souvient de l'ex-miss France Alicia Aylies. Lors de son élection, la jeune n'avait pas été épargnée par les propos racistes.
PAR OUMOU WANE
SONKO, L'HEURE DE VÉRITÉ
Au-delà d’un livre de grandes intentions, qui au passage ignore parfaitement les femmes, j’attends de Sonko qu’il dévoile enfin son programme - Est-il un avant-gardiste éclairé ou un populiste inexpérimenté ?
Avant d’aborder la campagne présidentielle au Sénégal, qui prend des tournures « abracadabrantesques », je voudrais apporter mon soutien à Jean-François Mbaye, député (LREM) en France, qui a reçu une lettre raciste qui lui promet "une balle dans la tête", un courrier où il lui est reproché d'être un "noir de service". "De quel droit un Africain vient se mêler des problèmes de la France", demande l'auteur lâche et anonyme au député né à Dakar. Voilà, ça ne changera rien de le dire, mais ça fait du bien.
Chez nous, en cette veille d’élection, ce sont les journalistes que l’on insulte à souhait pour peu qu’ils nous donnent un autre éclairage sur tel ou tel candidat ou encore qu’ils demandent à ces candidats des explications. À sept semaines d’élire ou de réélire notre président, c’est le leader du Pastef Ousmane Sonko, qui est sommé de s’expliquer sur un magot de 12 milliards de francs Cfa de commissions escomptées dans une affaire de société « Atlas », créée avec Ismaïla Ba, doublée d’une autre société « Mercalex » créée au pied levé avec le même Ismaila Ba gérant, et hébergée dans les mêmes locaux, avec les mêmes numéros de téléphone etc.
Ici on attend des explications sur ces montages en poupées russes censés potentiellement capturer les indemnisations de l’Etat.
Décrit comme un fonctionnaire peu scrupuleux par le journaliste Madiambal Diagne, qui précise « J’accuse Ousmane Sonko sur des faits précis », c’est aujourd’hui au candidat à la présidentielle qu’il appartient d’édifier le peuple sénégalais sur sa probité et son intégrité, premiers devoirs des fonctionnaires. Et c’est aussi simple que ça !
Monsieur Sonko devrait tout bonnement répondre aux questions soulevées par les accusations « précises » de Madiambal, plutôt, comme le rapporte le journaliste, de : « m’abreuver d’injures et demander à son public de faire de même ».
Messieurs les responsables politiques, car j’exclus ici les dames, d’une manière générale, merci de respecter le choix des sénégalais et d’arrêter d'insulter leur intelligence.
Nous voulons juste savoir et connaître la vérité, afin de se faire une opinion. Monsieur Ousmane Sonko est-il le sauveur comme il se décrit ou au contraire un danger pour la paix sociale et pour la stabilité économique de notre pays ? Un avant-gardiste éclairé ou un populiste inexpérimenté ?
Il dit vouloir sortir le Sénégal du Franc CFA s’il est élu mais comment s’y prendra t-il concrètement, car une chose pareille ne se fait pas en claquant des doigts.
Autre question, soulevée celle-ci par Assane Diop, un journaliste sénégalais de RFI, invité sur le plateau de la chaîne TV5 Monde, et nouvelle volée d’injures et de mensonges sur la toile. Décidément, en matière d’abrutis, nous n’avons besoin d’aucun étranger pour nous insulter ! Assane Diop donc, au moment d’être questionné sur les atouts du « phénomène Sonko », le journaliste lâche une bombe : « Sonko manie le salafisme ». Sur les réseaux sociaux, c’est le déchaînement !
Or, en pleine campagne présidentielle, il est intéressant d’écouter tous ceux qui briguent la magistrature suprême et surtout d’analyser leurs arguments.
Nous sommes dans un pays de droit et de valeurs. Notre conception de la civilisation s’oppose en tous points au pouvoir de la barbarie. Notre vision de la religion musulmane, Dieu merci, nous distingue par ses particularités d’ouverture et de tolérance, aux antipodes de l’idéologie islamiste.
C’est pourquoi quand nous entendons des propos extrémistes dans la bouche de certains candidats, nous sommes en droit de nous demander s’ils sont en adéquation avec les principes élémentaires de notre société, et tout simplement s’ils sont solubles dans notre démocratie.
Nous devons donc savoir les choses essentielles relatives à nos dirigeants, appartenances religieuses, déclarations de patrimoine, vision de la société… Quel rôle pour les jeunes ? Quelle place pour les femmes ? Sont-ils constructifs et rassembleurs ?
Je pense aux jeunes en priorité. Ce scrutin leur appartient. Une génération qui a le sentiment d’être ignorée. Même quand elle se mobilise, elle ne se sent pas écoutée, alors forcément la confiance chute. Ils se voient comme les grands oubliés de l‘action politique. Est-ce une raison pour tomber dans les pièges de la démagogie et des fake news ? On l’observe partout dans le monde, les jeunes générations ne sont pas vaccinées contre le populisme.
Dans le doute, il me semble plus sage de comparer ce qui est comparable. C’est pourquoi, au delà d’un livre de grandes intentions, qui au passage ignore parfaitement les femmes, j’attends de Sonko qu’il dévoile enfin son programme. S’il est élu, en tant que polygame, laquelle de ses 2 épouses vivra au palais ? Resteront-elles toujours voilées et quels exemples donneront-elles aux jeunes Sénégalaises ?
Le leader du Pastef a beau jeu de dire sur pressafrik.com : « Si les Sénégalais votent pour lui et disent qu’ils préfèrent Macky Sall, malgré sa mauvaise gestion, en ce moment-là, ils sauront tous à quoi s’en tenir ».
Je sais pour ma part, que je ne veux pas revenir en arrière, que la société sénégalaise doit avancer, et vite... Je vois aussi de quel côté sont les réalisations d’infrastructures de développement, l’éducation et la formation, la santé, la lutte contre le chômage et les inégalités… Et qui plus est, sans aucune insulte à la bouche.
PAR ROKHAYA CISSÉ
COMMENT LA DÉSTRUCTURATION FAMILIALE REND VULNÉRABLE LA FEMME SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les abus sexuels ne sont pas seulement effectifs que dans les espaces publics mais bien plus souvent, au sein des espaces domestiques - Les enfants ne sont pas toujours en sécurité dans la sphère de proximité
#Enjeux2019 - A l’origine, la famille sénégalaise est organisée sur le mode des sociétés rurales. Il en ressort une structure hiérarchique plaçant le pouvoir de décision entre les mains du chef de famille et une subordination de tous les autres membres. Le mode de régulation était fondé sur une vie de groupe. L’espace domestique était intégré au mode de production agraire entrainant un contrôle du patrimoine par l’homme et les ainés. Progressivement, le contexte se transforme du fait de plusieurs déterminants, entre autres, l’urbanisation et les vulnérabilités multidimensionnelles qui ont eu pour effet la dégradation des conditions de vie.
Pour ce qui est de l’urbanisation, les prévisions font état d’une forte poussée des populations urbaines, d’ici 2035. Déjà en 2017, la population urbaine du Sénégal était estimée à 7 089 780 dont 3 529 300 pour Dakar soit 49,8%.[1]. Cependant, une multipolarité urbaine se profile avec le développement de nouveaux pôles urbains dans des régions des foyers de migrations, des capitales religieuses et des grandes zones de production.
Si l’on s’intéresse aux vulnérabilités ainsi que les chocs subis par les individus et les familles, celles-ci entrainent une situation de relégation sociale et un maintien des couches précaires dans leurs conditions d’origine. La mobilité sociale devient particulièrement faible. Les risques naturels liés aux changements climatiques, les risques sur le cycle de vie (décès, maladies chroniques…), les risques sociaux et économiques comme en témoigne la précarisation des couches moyennes, tandis que les classes populaires sur plusieurs générations s’enlisent dans la pauvreté chronique. Les données du baromètre "Jàngandoo" en 2016, montrent que seulement 13% des familles estiment avoir des conditions de vie convenables, contre 43, 8% qui les jugent moyennes et enfin 42,7% qui les qualifient de modestes.
Dans ce contexte de mutations économiques et sociales, les structures familiales évoluent également dans des dynamiques de recomposition : relâchement de l'autorité des aînés, développement de familles réduites, expérimentation de formes d'unions exogamiques, entrée en union retardée, rapports distancés avec la zone d'origine. Les acteurs en reviennent à expérimenter d'autres activités lucratives par les femmes : petit commerce, création des réseaux d'entraide via les voisins, participations à des associations. Les changements des structures familiales ne favorisent pas les pratiques traditionnelles d’entraide et de co-veillance qui permettaient la mobilité sociale.
- Les structures familiales évoluent vers des dynamiques de recomposition -
La configuration des structures familiales a subi des mutations importantes à travers le passage du rural à l’urbain. Le type d’habitation, les modes de résidence où la femme était parfois laissée dans la zone de provenance, les charges diverses (location, scolarité, etc.) ont contraint nombre de ces nouveaux candidats à la ville à une nouvelle vie.
Si la structure familiale traditionnelle était calquée sur le modèle villageois, agricole, elle s’en échappe de plus en plus. Le système du salariat fait que l’accès aux ressources est souvent individualisé. C’est au travailleur que revient son salaire. De ce point de vue, le modèle n’est plus celui de à la soumission à une autorité patriarcale centrale mais, de plus en plus, fait référence à d’autres modèles : émergence d’une famille plus restreinte, citadine, dont l’image est traduite à travers la location de chambres pour couples ou d’appartements. Quant aux jeunes, la ville leur offre souvent l’occasion de ne pas vivre les formes traditionnelles de l’autorité patriarcale. Ils louent des chambres, expérimentant, très tôt, la prise de responsabilités, pour ceux qui ont la chance de trouver un travail.
Globalement, on observe un relâchement de l'autorité des aînés, l’expérimentation de formes d'unions exogamiques, l’entrée en union retardée. Ces mutations s’opèrent dans un contexte de raréfaction des emplois et d’un surenchérissement du coût de la vie qui fait que la famille finit par développer des réflexes d’autoprotection en se repliant sur le noyau «père, mère, enfants »[2].
- Les mutations dans les relations d’alliance -
L’étude des mutations des structures familiales est indissociable de celles des transformations des relations d’alliance. Des changements matrimoniaux et conjugaux sont largement documentés, depuis plusieurs décennies[3]. Ils dénotent une mutation des valeurs, des normes et des aspirations qui président aux unions. On note une accélération de ces transformations profondes, qui ont des incidences très fortes sur les itinéraires individuels tant féminins que masculins et également, par ricochet, sur le quotidien des enfants. La monoparentalié, les nouvelles formes polygamiques, l’augmentation des divorces, la croissance des naissances hors mariages sont autant d’indicateurs forts de ces mutations.
Par ailleurs, un nombre important de femmes (27%)[4], chefs de ménage, de fait (27%),[5] séparées, divorcées, veuves, célibataires…, se retrouvent seules à subvenir aux besoins de leur famille. Dans les zones de migrations importantes des hommes, les femmes et les filles se retrouvent dans des situations de vulnérabilité qui font qu’elles peuvent être davantage exposées à des violences de toutes sortes (sexuelles, physiques, morales et/ou psychologiques, sociales et économiques). Elles peuvent subir des violences intrafamiliales que les conditions de vie précaires au sein des familles viennent exacerber.
En définitive, les femmes qui font face seules à l’éducation des enfants sont de plus en plus nombreuses. Cependant, il est probable que les évolutions sociales particulièrement marquées en milieu urbain telles que l'amélioration de leur scolarisation, l'augmentation de leur nombre sur le marché du travail sont à même de faire évoluer ces modèles familiaux.
- Des individualités ou des noyaux au sein de l’unité familiale -
La famille, qui a été longtemps la principale source de protection, manque maintenant, très souvent, de moyens pour assurer cette fonction, en raison d'une exposition à des vulnérabilités multiples, principalement économiques. Les nouvelles structures familiales laissent transparaître des individualités, ou noyaux face à la pression quotidienne.
Les femmes, au cœur de ces mutations des structures familiales, cumulent plusieurs handicaps : un faible accès aux ressources matérielles, un accès à l’emploi limité, un niveau d’éducation faible et un environnement socio-culturel pas toujours favorable. L’on observe une inadéquation notoire entre la proclamation des principes de l'égalité et leur situation réelle : les emplois, dans le secteur formel étant souvent réservés aux femmes instruites. Ainsi, de nombreuses femmes sénégalaises et plus particulièrement celles non instruites ou faiblement, entreprennent, individuellement ou collectivement, pour se prendre charge et améliorer leur situation économique et sociale.
Les mutations profondes, au sein des structures familiales ainsi que dans une catégorie spécifique que sont les femmes, débouchent sur une diversité de formes d’arrangements sociaux qui se substituent aux institutions sociales. Ceux-ci méritent d’être étudiés pour que leur potentiel transformationnel inspire les politiques.
- Quelques incertitudes sur le devenir des familles -
En premier lieu, la faiblesse de la qualité du capital humain reste pendante avec les jeunes générations et les femmes qui continuent d’être exposées à toute une série de risques : des insuffisances dans la qualité des apprentissages, le chômage[6] ou le sous-emploi, les difficultés d’insertion sociale, le déficit de transferts de capital humain, social, culturel et économique. La relégation sociale et l’immobilité sociale restent une menace permanente.
La perte progressive de patrimoine observée dans les trajectoires familiales est aussi à noter. En effet, les parents se retrouvent obligés de prendre en charge les enfants et petits-enfants. Cette pression sur un seul pourvoyeur de ressources de la famille se traduit par la nécessité d’exercer un emploi à un âge avancé ou à vendre des biens pour faire face aux charges du ménage. On observe, dès lors, une dégradation de la qualité de vie (accès aux soins de santé, alimentation de qualité, cohabitation dans des espaces limités ou déménagement dans des zones défavorisées…).
En milieu rural, les effets de la polygamie sur la répartition du patrimoine familial sont importants. Cette segmentation entre plusieurs noyaux familiaux a freiné le développement des grandes entreprises familiales.
Dans le domaine de la protection de l’enfance, le nombre important d’enfants qui expérimentent plusieurs formes de vulnérabilités, notamment dans les rues, appelle des mesures urgentes. De même, les politiques et les pratiques pour mieux soutenir la prise en charge et la protection des enfants, placés dans des familles et dans des cadres de type familial, restent à définir. Par ailleurs, l’éclatement et la reconfiguration de la famille, combinés aux autres facteurs aggravants de la précarité rendent obsolètes les barrières érigées à travers les valeurs morales et sociétales. Dès lors que les valeurs de solidarité et de co-veillance peinent à être opératoires, la porte reste ouverte aux violences et abus, en particulier, les abus sexuels y compris au cœur des familles[7].
Les abus sexuels ne sont pas seulement effectifs que dans les espaces publics mais, bien plus souvent, au sein des espaces domestiques. Les enfants ne sont pas, toujours, en sécurité dans la sphère de proximité. Les espaces domestiques sont aussi des lieux qui abritent une diversité de formes de violence envers les enfants tels que les châtiments corporels, les violences symboliques (insultes…), et autres privations (éducation, nourriture, vêtements…). L’ouvrage sur le confiage des enfants, publié par le Lartes en 2018 a révélé que 8 % des enfants interrogés mentionnent des cas de maltraitance allant de la violence symbolique à la violence verbale ou physique. En effet, contrairement aux transferts d’enfants harmonieux, en tant que pratique culturelle ancrée au sein de la parenté proche, certains transferts se développent sous une certaine contrainte et peuvent placer l’enfant dans un état de grande vulnérabilité.
Les familles issues des couches défavorisées connaissent des dynamiques d’exclusion sociale qui résultent de la sévérité des chocs multiples subis par les structures et leur incapacité à y faire face. Elles savent qu’ils sont déjà dans la survie et ne se remettront pas d’un choc supplémentaire à cause de la faible capacité à se défendre en cas de pertes dommageables (décès, maladie chronique, perte de récoltes, inondations…). Cette incapacité d’action et de mobilisation de l’aide des couches moyennes qui se retrouvent elles-mêmes précarisées, restreint les possibilités de choix dans toutes les sphères de la vie. On peut noter ces restrictions dans l’alimentation, l’habitat, la mobilité, l’accès à l’école la santé… N’ayant donc presque aucune possibilité d’agir et de contrôler leur environnement, les interactions avec les institutions même relevant du service public sont fortement appréhendées et se teintent d’angoisse. Celle-ci est renforcée par le fait que ces pauvres habitent souvent dans des zones en périphérie, conséquence de la relégation sociale et géographique dont ils font l’objet. Ce qui limite les contacts avec l’extérieur, l’accès à l’information, aux services essentiels et opportunités d’emplois. Rester dans le corps social devient un défi car la restriction des relations avec les autres, procède généralement d’une stratégie de protection contre la stigmatisation induite par la situation de pauvreté. L’autolimitation est opérante au point de produire une anticipation des difficultés liées à la vie communautaire. [8]
- Des structures familiales résilientes -
Face à ces mutations et contraintes, les structures familiales se reconfigurent. Elles s’ajustent à travers des stratégies de sécurisation pour maintenir ou améliorer le niveau de vie et prévenir les chocs. De nouveaux arrangements se mettent en place, au sein des structures familiales. Les stratégies résidentielles changent et les générations cohabitent, le plus souvent, sous la forme de noyaux familiaux, avec des règles de réciprocité et de partage bien définies.
La mobilité est également l’une de ces réponses qui a mobilisé un nombre considérable d’actifs, à la fois, dans les zones rurales et au sein des populations socialisées, dans les villes. Les migrations internationales se sont généralisées avec une diversification des profils des candidats au départ. La migration a cessé d’être très sélective car les profils se sont diversifiés.
L’entreprenariat populaire avec le développement des activités menées par les femmes, notamment, dans l’entreprenariat populaire et l’économie sociale. Les femmes mettent en œuvre des stratégies de survie qui vont leur conférer un rôle de premier plan dans la gestion de l’économie domestique. Il n’est pas rare que les femmes se retrouvent à assumer, seules, la responsabilité de trouver les ressources nécessaires à la préparation des repas quotidiens.
Ces efforts de « colmatage » des ressources favorisent, dans le même temps, la revitalisation des liens sociaux, dans la mesure où ils participent de la réhabilitation sociale des familles en leur donnant une opportunité d’affirmer leur statut dans le corps social. La finalité étant le renforcement des solidarités par l’investissement dans le capital familial.
La capacité des femmes à mobiliser des ressources et à favoriser la création de richesses dans l’espace domestique à travers une consommation plus responsable et la valorisation des produits locaux est un des leviers les plus édifiants pour lutter contre la précarité. Les femmes ne sont pas les seules mises à contribution pour mobiliser des ressources, il y a aussi certaines catégories, notamment, les personnes âgées et les enfants dont la contribution s’érige désormais presque en obligation.
De même, l’élan de l’entreprenariat populaire porté par les jeunes et son potentiel de créativité en dehors des circuits normatifs, s’il s’accompagne d’investissements structurants devrait avoir pour effet la création d’emplois décents en milieu urbain comme en milieu rural et briser les chaines de la transmission de la pauvreté.
- Pour des structures familiales solidaires et créatrices de richesses -
Pour restaurer les structures familiales dans leur fonction de protection, de création et mutualisation des richesses, il serait opportun de mutualiser les différents programmes de filets sociaux en cours, afin de permettre l’élaboration de paquets de programmes plus adaptés à la diversité des situations. Faire de l’unité familiale un cadre d’ancrage des différentes interventions sectorielles au niveau des politiques publiques serait un gage de réussite de celles-ci.
Un premier axe serait l’élargissement de la protection sociale aux familles pauvres ou vulnérables de manière à les aider à mieux gérer le risque et à leur fournir un appui ciblé. Pour cela, les aides sociales sous forme d’allocations régulières doivent être renforcées (transferts monétaires, mutuelles de santé, nutrition communautaire, extension de la sécurité sociale).
En somme des mesures d'équité sociale demeurent nécessaires pour protéger les familles contre les risques sociaux et économiques en termes d’accès à la propriété, au crédit, aux biens et services, ainsi que des mesures de discrimination positive pour remédier aux ségrégations.
Une deuxième voie réside dans une meilleure planification de l'arrivée des nouvelles générations qui se trouvent plus importantes que les personnes âgées. De plus, il faut noter que le décalage important entre l'âge des parents et les enfants, induit des situations de décapitalisation et de perte de patrimoine des générations ascendantes pour soutenir les nouvelles générations.
Une troisième voie pourrait être le soutien au potentiel de création de richesses par les familles et les communautés par l’entreprenariat populaire et l’économie sociale. Celles-ci ont démontré leurs capacités à produire, créer des emplois et à mutualiser les ressources selon leurs besoins (surtout dans les services de proximité) à travers plusieurs modalités que sont les associations, les coopératives, les mutuelles et les entreprises sociales.
Le développement de l’entreprenariat populaire et l’économie sociale en tant qu’une « autre manière » de créer de la richesse présente l’avantage de rompre le cercle vicieux des vulnérabilités et de resserrer les liens sociaux en réhabilitant les solidarités horizontales au sein des structures familiales.
Dr Rokhaya Cissé est Titulaire d’un Doctorat d’université de sociologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Maitre de Conférences assimilé au sein du Laboratoire de Recherche sur les Transformations Economiques et Sociales de l’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN/UCAD). Ses domaines de recherche portent sur l’étude des changements sociaux dans les domaines de l’éducation, la famille et l’enfance, la santé, ainsi que sur les questions de pauvreté, inégalités et vulnérabilités.
[2] CISSE Rokhaya., FALL Abdou Salam, ADJAMAGBO Agnès, ATTANE Anne (2017), Thème : Parentalité In : Vidal Laurent (coord.). Renforcement de la recherche en sciences sociales en appui des priorités régionales du bureau Régional Afrique de l'Ouest et centrale de l'Unicef (WCARO) : analyses thématiques. Dakar (SEN), Dakar: IRD, Unicef, p. 34-52 multigr.
[3] Marcoux R., Antoine P, 2014, editors. Le Mariage En Afrique: Pluralité des formes et des modèles matrimoniaux. 1st ed, vol. 1, Québec, Presses De l'Université Du Québec.
[4] Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, Situation économique et sociale du Sénégal, version définitive, février 2013.
[6] Les jeunes entre 15 et 24 ans sont en chômage dans une proportion de 12,7% (ANSD, 2013).
[7] FALL Abdou Salam , CISSE Rokhaya, 2018, « Le confiage des enfants au Sénégal : Ay yaxam rekk lañu la laaj », Nouvelles Editions Numériques Africaines (NENA), Dakar ISBN : 978-237015-975-5, 210 p.
[8] CISSE Rokhaya (2014), L'héritage de la pauvreté : entre récurrence, rupture et résilience dans les trajectoires des pauvres au Sénégal », l'Harmattan, Collection Populations,. ISBN : 978-2-343-03415-7, 229 p.
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L' AHURISSANT ÉTAT DE L'ÉCOLE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Des élèves qui bravent le vent et les rayons du soleil pour suivre les cours, un tableau mangeur de syllabes et de voyelles, effectif pléthorique dans les classes - Incursion dans un abri provisoire
#Enjeux2019 - C’est jour de classe au Cem 3 de Vélingara. Monsieur Mandiang épelle les mots qu’il vient d'écrire sur le tableau. Une quarantaine d’élèves fixent sans sourciller ce tableau noir mangeur de syllabes et de voyelles. Ils essayent de transcrire correctement les lettres invisibles enfouies dans les centaines de troues qui ornent ce grand rectangle accroché à deux poteaux en bois.
‘’Regardez ce tableau, on ne voit qu’une partie des mots écrits par le professeur’’, confie l'élève Ousmane Baldé. Il regarde autour de lui et lance avec impuissance, ‘’c’est ici notre classe, un abri provisoire’’. Dans cet établissement de la commune de Vélingara, 160 élèves en classe de sixième étudient dans des classes faites essentiellement de ‘’krinting’’ soutenus par des poteaux en bois.
Selon le principal de l’établissement, Kéba Bayo, la situation est très difficile mais c’est la seule alternative qui lui permet d’accueillir tous les élèves recus à l’examen d’entrée en sixième et orientés dans son établissement. "Nous construisons ces abris provisoires. Ils nous permettent de contenir le flux d’élèves qui entrent en sixième. C’est une situation très difficile mais je pense que c’est aussi un mal nécessaire’’, déclare-t-il.
"JE RECOIS UNE FORTE PRESSION DE MARABOUTS POUR REJOINDRE MACKY"
La maire de Podor, Aïssata Tall Sall, a révélé sur le plateau de Jury du dimanche d’iRadio, qu’elle reçoit tous les jours des pressions venant de personnalités maraboutiques lui demandant de rejoindre le camp présidentiel
La maire de Podor, Aïssata Tall Sall, a révélé sur le plateau de Jury du dimanche d’iRadio, ce matin, qu’elle reçoit « tous les jours une forte pression venant de personnalités maraboutiques qui lui demandent de rejoindre le camp présidentiel ». Mais c’est peine perdue. « Cela ne m’a pas empêché de tracer mon chemin », a-t-elle poursuivi.
« Je suis sûr qu’un homme, à ma place, subissant cette pression, aurait cédé, a-t-elle pronostiqué. Mais, je ne cède pas à la pression aujourd’hui que ma candidature est invalidée beaucoup plus qu’auparavant, a martelé le leader d’Osez l’avenir. Je ne fais pas de la politique une affaire familiale, d’ethnie encore moins une affaire de religion. (…) Ce débat-là, on doit le tuer. »
Aujourd’hui que sa candidature est rejetée, Aïssata Tall Sall va apporter son soutien à quel candidat ? « Nous n’excluons aucune hypothèse, mais comme je l’ai dit, ce n’est pas moi qui choisis, dégage-t-elle en touche. C’est plutôt ma base, ces gens avec qui je travaille dans mon parti, qui choisit quel candidat soutenir. »