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27 février 2025
Femmes
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LES PRIORITÉS VUES DE CASAMANCE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Les attentes sont nombreuses mais les populations de Vélingara ont comme priorités, la santé, le transport et l'insertion des femmes et des jeunes dans la vie économique - VIDÉO EN PUULAR
Boubacar Badji et Oumar Niane |
Publication 23/01/2019
#Enjeux2019 - Les populations de la commune de Vélingara sont très partagées sur les différentes politiques à mettre en œuvre pour sortir leur commune de la précarité. Sur les questions liées à la santé, au transport, ou encore la politique de l’emploi des jeunes et l’insertion des femmes, les avis sont partagés.
Voir la vidéo en pulaar.
"BRADAGE DES TERRES À LOUGA"
Des habitants des villages de Ndaldagou, Potou et Gabar 2, dans la commune de Léona (Louga), ont marché samedi pour protester contre une situation qui prend de l'ampleur.
Des habitants des villages de Ndaldagou, Potou et Gabar 2, dans la commune de Léona (Louga), ont marché samedi pour protester contre le "bradage" de leurs terres, a constaté l’APS.
Des jeunes, vieux, femmes et enfants, arborant des foulards rouges, ont participé à la marche pour inviter les autorités du pays à mettre fin au "bradage’’ de leurs terres d’habitation et de culture et réclamer leur restitution.
Escortés par des éléments de la gendarmerie, ils ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "laissez nos terres", "ne touchez pas à nos terres", "nos terres, non vies", ou encore "ma parcelle, mon avenir".
Ils ont poursuivi leur mouvement, à pas lents, jusqu’au village de Gabar 2, point de chute de la marche.
Le Chef de village de Gabar, Mouhamadou Diop s’est félicité du bon déroulement de la marche.
"Nos terres sont notre seule richesse. Elles sont aussi l’avenir de nos enfants, mais, il se trouve qu’elles sont en train d’être bradées et venues à des étrangers à nos détriments", a-t-il déploré, soulignant avoir recensé 485 jeunes qui n’ont pas de parcelles d’habitation.
Selon Mouhamadou Mamoudoune Diop, un jeune de la localité, la municipalité a tracé un plan de lotissement sans prendre en compte les infrastructures de base, (poste de santé, cimetière ou école).
Le maire de Léona, Mamadou Bâ a récusé ces accusations et assurant que les lotissements dans ces différentes localités ont été réalisées en commun accord avec le chef du village.
"C’est en 2015 que nous avons loti 400 parcelles à Gabar2. Cela fait plus de trois ans que nous octroyons ces terres. Nous avons fixé les frais de bornage à 100 000 FCFA pour récupérer l’argent investi et actuellement, il en reste moins de 250 parcelles", a expliqué M. Bâ.
Selon le maire, "la loi ne dit pas qu’il faut donner une parcelle à chaque habitant, ni que les terres leur appartiennent exclusivement".
"Quand un habitant de Louga veut une terre dans cette localité et qu’il paye les droits et les frais de bornage, il est en droit d’en disposer", a-t-il dit, soulignant que la mairie leur a octroyé 25 parcelles.
L’ABÉCÉDAIRE DE LA BEAUTÉ DES PEAUX COLORÉES
« Beauté Black » est paru il y a quelques temps déjà. Cependant, Beautés d’Afrik ne pouvait faire l’impasse sur ce petit guide de la beauté noire vue par Sonia Rolland, Miss France 2000, et Sandrine Jeanne-Rose, fondatrice des Instituts Kanellia
« Beauté Black » est paru il y a quelques temps déjà. Cependant, Beautés d’Afrik ne pouvait faire l’impasse sur ce petit guide de la beauté noire vue par Sonia Rolland, Miss France 2000, et Sandrine Jeanne-Rose, fondatrice des Instituts Kanellia.
Beauté Black est le titre du petit manuel, coécrit par Sonia Rolland et Sandrine Jeanne-Rose, consacré à la beauté des peaux colorés. De la pointe de vos cheveux jusqu’au bout de vos orteils, pas un mètre carré de peau n’est épargné par ses deux références en matière de beauté : Sonia Rolland, Miss France 2000, et Sandrine Jeanne-Rose, fondatrice des Instituts Kanellia. Elles n’oublient ni vos dents ni les régimes et prennent soin de vous secouer un peu avec quelques exercices de gymnastique.
Vous saurez tout sur les caractéristiques particulières de votre peau et de vos cheveux en des termes relativement simples, même si elles ne font pas l’impasse sur les termes scientifiques qui sont d’ailleurs expliqués à la fin du livre. Vous saurez ainsi, par exemple, que les pellicules chez les Noirs sont dues à une sécheresse du cuir chevelu. Ce qui provoque une desquamation excessive de celui-ci (élimination des cellules mortes, ndlr), d’où les pellicules. C’est exactement le contraire chez les Européens. Les pellicules sont le résultat chez eux d’un cuir chevelu gras.
Nouveau livre de chevet
Beauté Black est à lire comme un petit quid. Vous cherchez des informations sur votre type de peau, les soins du visage, sur ce qu’il faut faire pour vos cheveux, mains ou ongles ? Ou plus prosaïquement, vous vous demandez quoi mettre dans votre trousse de maquillage ? Il vous suffit juste de trouver la bonne page. Un livre bien organisé, étayé des « conseils de Sandrine », de « secrets de grands-mères » qu’on regrette de ne pas pouvoir appliquer pour certains. Mais aussi des annotations sur des thèmes précis comme les vergetures, disgracieuses mais signes de fertilité. En somme, un livre à maintenir à portée de main.
Autre point fort : Black Beauté ne se contente pas d’énumérer platement et de condamner sans appel tous nos soucis beauté mais il tente de nous apporter quelques solutions. Préférer le défrisage à chaud (avec un fer) à celui avec les produits chimiques qui, mal utilisés, mettent nos cheveux dans tous leurs états. Les plus mauvais notamment. Ne pas garder les tresses, ce que nous adorons, plus d’un mois, et attendre 15 jours pour renouveler l’expérience sont autant d’ébauches de solutions.
PAR ARAM FAAL
DES IDÉES REÇUES SUR LES LANGUES AFRICAINES
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - L’Afrique, berceau de l’écriture ne doit pas se complaire dans cette station d’oralité - La translittération des textes initiée à l’Ifan devrait être poursuivie dans toutes les universités du pays
#Enjeux2019 - Au cours des années, on a pu comprendre à travers certains écrits de philosophes qu’il y aurait « des insuffisances et des manquements » qui selon eux, pourraient constituer des entraves à la conception de traités de philosophie en langues africaines. On a ainsi parlé de l’absence de verbe être, de l’étroitesse du vocabulaire, en particulier la pauvreté en noms abstraits, de l’oralité etc. Dans ce contexte, l’annonce du philosophe Souleymane Bachir Diagne de préparer avec ses collègues un ouvrage en langue wolof constitue une rupture hautement appréciable. Une telle réalisation devrait contribuer efficacement à la démocratisation du savoir. Dans les lignes qui suivent, il s’agira de voir où en est le wolof à propos de ces questions de prétendus manquements et insuffisances.
Le problème du verbe être
On peut dire que le wolof a plusieurs verbes être.
am : verbe d’existence
li nga wax am na / li nga wax amul : « ce que tu dis est/ ce que tu dis n’est pas »
am na gaynde guy nelaw ci nit ku nekk ci yéen « il y a (il existe) un lion qui dort dans chacun d’entre vous»[1]
am na ñu yor kurus, ñee di waxtaan « il est des gens qui ont un chapelet, d’autres sont en train de causer[2]»
b) di et ses variantes y ~ doon : verbe d’identification
- mëneefu laa ñàkk, yaa dig noo, yaa di ndox, di dugub, « on ne peut pas être en manque de toi, tu es le souffle vital, tu es l’eau, tu es le mil[3]»
- nekk : peut être synonyme de am et di et variantes dans certains cas : yàgg nañu leen wax ne pàrti politig pas-pas la jëkk a nekk, door a nekk kayitu juddu[4].
- li ko njaatigeem tuumaal nekkul « ce dont son patron l’accuse n’est pas (n’existe pas).
Précision sur di et ses variantes
Di et ses variantes peuvent être des verbes ou des marques d’une action inachevée. Lorsqu’ils sont verbes, ils sont suivis d’un nom, comme dans les exemples yaa dig noo, yaa di ndox, di dugub. Lorsqu’ils marquent une action inachevée, ils sont suivis d’un verbe comme dans : mu di dox, di dox. Doon peut être le passé de di, marque d’une action inachevée comme dans : Xeet wi la doon dajale[5] « il rassemblait le peuple », mais il peut être aussi un verbe, variante de di dans certaines conditions, notamment en fin de phrase : lii nga boq lu mu doon ? ; sa doom jigéen lay doon.
Les prétendus manquements au niveau du vocabulaire et des noms abstraits
Les moyens d’élargissement de la langue sont nombreux, avec une très grande productivité : alternance consonantique, affixes, composition de mots etc. Quelques exemples : sàcc /càcc, liggéeykat, xel-ñaar… L’utilisation massive du wolof dans la presse a ramené à la surface ou généré des formations comme jàmmoo « faire la paix, taskatu xibaar « journaliste », daw-làqu « réfugié », jaa-jëfal « remercier ». S’y ajoute que des suffixes comme -in, -aay, -te, -eel, -aange … forment essentiellement des noms abstraits : mbégte « plaisir », weexaay « blancheur », doxin « démarche », pastéef « détermination », nobeel « amour », naataange « prospérité », door « commencer », ndoorte « commencement ».
Pour ce qui concerne le langage scientifique, il appartient au spécialiste concerné de proposer des traductions appropriées à sa discipline, sur la base de la langue générale. C’est ce qu’a fait Cheikh Anta Diop avec son article : "Comment enraciner la science en Afrique[6]". Le vocabulaire scientifique que l’illustre savant a utilisé a été collecté et publié dans Lexique scientifique bilingue français-wolof / wolof-français[7].
L’oralité
Au début elle était là pour tous, mais au fil du temps, avec les progrès technologiques certains peuples sont vite passés à l’écrit. L’Afrique, berceau de l’écriture ne doit pas se complaire dans cette station d’oralité. C’est d’ailleurs ce qu’avaient compris certains foyers religieux et aussi des érudits de toutes confréries du Sénégal, en produisant une abondante littérature avec les caractères arabes ou wolofal. C’est vrai que la translittération de ces textes, initiée à l’Ifan Cheikh Anta Diop avec des auteurs comme Moussa Ka et Serigne Mbaye Diakhaté devrait être poursuivie dans toutes les universités du pays pour les mettre à la disposition des utilisateurs francophones. Il y a aussi les auteurs utilisant les caractères latins regroupés sous l’aile des pionniers qui ont créé en 1958, à Grenoble, le premier syllabaire de langue wolof Ijjib wolof. Parmi eux on trouve des intellectuels francophones mais aussi des personnes non instruites en français mais formées à l’alphabétisation. Les productions répertoriées sont d’une qualité et quantité grandissantes. Au vu de tout cela, on peut dire que la littérature écrite ne se porte pas mal.
En conclusion, le wolof n’est pas concerné par ces prétendus manquements.
Précédemment linguiste à l’I’Institut Fondamental d’Afrique Noire (IFAN) Cheikh Anta Diop, Aram Faal est membre fondatrice de l’Organisation sénégalaise d’Appui au Développement (OSAD), une ONG qui travaille dans le domaine de l’alphabétisation. Elle a participé dans ce cadre, à la realisation de plusieurs manuels didactiques, relatifs à la lecture-écriture, à la santé, au calcul, etc.
Deux ensembles M et N sont équivalents si à un élément de M correspond un élément et un seul de N, et réciproquement. Le caractère commun à tous les ensembles équivalents est leur nombre cardinal (leur cardinal), leur puissance, c’est-à-dire le nombre de leurs éléments.
Ñaari mboole M ak N weccikoo nañu, su fekkee ne doom boo jël ci M mën koo méngale ak benn doom kott ci N, te boo tukkee ci doomi N wuti yoy M, ba tey muy noonu. Màndarga mi mboole yu weccikoo bokk mooy seen limub dayo (seenub dayo), seen kàttan, maanaam seen doom yi, menn mu nekk ci ñoom.
[8] Comment enraciner la Science en Afrique p.154-233.
[9] Page 156 et début p.158, Xët 157 ak ndoorte 159.
PAR BABACAR DIOP BUUBA
DE LA SÉNÉGALAISE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Il n'est pas tard de rouvrir les débats et d'interroger les populations sur leurs options en vue d'une rectification des déséquilibres dans la représentation des femmes dans toutes les instances démocratiques de notre pays
#Enjeux2019 - En 2000 dans un guide consacré aux droits des femmes au Sénégal, je soulignai : « Dans un pays comme le Sénégal où près de 80 % des femmes sont analphabètes, la problématique liée à leur accès à l’éducation et à la formation se pose avec acuité et se traduit entre autres par une méconnaissance des textes juridiques qui régissent les femmes au quotidien. Cette situation est révélatrice d’un ensemble de dysfonctionnements dans un contexte socioculturel, économique et politique qui n’évolue pas au rythme des mutations que vit le monde.S’il est unanimement admis que le développement d’une nation dépend dans une large mesure de la qualité de l’éducation de son peuple, il apparait dès lors que la famille, en tant que cellule première d’éducation et de socialisation, est le creuset à partir duquel se façonnent les modèles de comportement des hommes et des femmes » (ANAFA, guide des droits de la femme, préface, p.5 de l’édition)
Dans ce document de sensibilisation et de vulgarisation, notre association a présenté et illustré par des exemples, des cas précis, les enjeux autour de l’état civil, du mariage, des violences conjugales, du divorce, des cérémonies familiales, du droit de succession.
Dans l’avant propos, Me Nafissatou Diouf avocate à la Cour et alors Secrétaire générale de l’Association des Juristes Sénégalaises avait souligné parmi les facteurs qui expliquent l’ignorance de leurs droits par la majorité des femmes, l’analphabétisme.
Dans le document, dès le chapitre premier consacré à l’état civil, ANAFA n’avait pas manqué de rappeler que « l’Etat n’a pas pour unique mission la gestion des affaires économiques, la gestion des hommes (êtres humains devait on préciser) fait aussi partie de ses attributs. Pour cela, il a besoin d’identifier les personnes, dès la naissance en même temps que leur situation, en cas de mariage ou de décès (op. cit. p.7.)
- Mixité ou parité -
Le 22 Décembre 2010, plus exactement le 22 décembre à Thiès, j’ai participé au forum régional dans le cadre du plaidoyer pour le soutien à la loi sur la parité, votée le 16 Avril 2010 par l’Assemblée Nationale sous le régime du président Abdoulaye Wade.
Mes sœurs m’avaient fait l’honneur de me coopter parmi les rares figures masculines devant participer à cette rencontre. Dans mon intervention j’avais souligné les points suivants :
- Femmes et hommes dans l'histoire -
Aussi loin qu'on remonte dans les temps préhistorique et historique, on peut constater l'intervention complémentaire et solidaire des femmes et des hommes : on peut certes voir sur des documents iconographiques, d'Afrique et d'ailleurs, des hommes et des femmes s'adonner à la chasse, à la pêche, à la cueillette de fruits, à l'élevage, à la poterie, avec un processus de spécialisation plus ou moins prononcée, suivant les contextes géographiques, climatiques, démographiques, économiques et/ou politiques, les problèmes de discrimination, d'exclusion se manifestent avec l'apparition des Etats et surtout des armées pour des guerres de conquête, d'asservissement.
La politique a été inventée pour gérer les crises socio-économiques, voire culturelles et religieuses ; et on constate que le plus souvent, dans les arbitrages, les femmes ont été exclues ou reléguées au second plan. Le cas le plus typique est la démocratie athénienne, citée en exemple dans l'histoire de l'humanité et qui a exclu du jeu démocratique les femmes, comme les jeunes, les esclaves et les métèques.
Beaucoup d'entre vous savent que, même en Europe, il y a de nombreux Etats qui n'ont permis le vote des femmes qu'après la seconde guerre mondiale, après donc 1945. Et pourtant, l'exploitation des sources historiques montre que des femmes sont intervenues de manière vigoureuse et décisive dans certaines phases de l'histoire presque dans tous les pays. Les situations africaines sont à ce titre riches d'enseignements.
- Les femmes dans l'histoire africaine -
L'auteur, l'intellectuel qui a, à mon avis, bien illustré les différences dans l'évolution du destin des femmes, autour des problématiques du matriarcat et du patriarcat, est Cheikh Anta Diop. Il a montré qu’en raison du genre de vie (conditions matérielles d'existence) et des conditions géo-climatiques très différentes en Europe (berceau septentrional steppique, vie nomade) et en Afrique (berceau méridional, vie sédentaire), les sociétés humaines se sont organisées selon des systèmes différents, un système de type patriarcal dans la première et de type matriarcal dans la seconde auxquels sont associés des comportements sociaux différenciés, respectivement individualiste, et communautaire" (Cheikh A. Diop), L'homme et l'œuvre, Paris, Présence Africaine, 2003, p. 142~143).
Certes, l'analyse est à approfondir, les choses étant plus complexes (par exemple la coexistence, en Afrique même, entre nomades et sédentaires dès les phases préhistorique et antique) ; mais l'essentiel est de retenir que cette vision a conduit Cheikh Anta Diop à préconiser le bicaméralisme dans la réforme des institutions politiques en Afrique (cf. Les fondements culturels, techniques et industriels d'un futur Etat fédéral d'Afrique Noire, Présence Africaine, 1960 (1974).
Cela me permet de revenir sur les questions de gouvernance.
- La parité dans la mixité ou la bicaméralité ? -
Le président de la République du Sénégal qui a inspiré la loi 2010-11 du 28 mai 2010 a opté pour la parité dite absolue dans toutes les institutions totalement ou partiellement électives (article 1). Le mécanisme prévoit que les listes de candidatures aux élections sont alternativement composées de personnes des deux sexes (article 2). Les listes non conformes sont frappées d'irrecevabilité. Les décrets d'application sont annoncés (article 3). La loi et les décrets seront dans le code électoral (article 4).
Il faut regretter qu’il n'y ait pas eu un large débat au niveau national sur les voies et moyens pour une option efficace, juste, consensuelle de l'application des principes de l'égalité homme/femme, pour et par la participation effective de tous ; l'enjeu posé est la défense des intérêts généraux et spécifiques du genre dans un système démocratique et solidaire.
A mon avis, le débat est encore pertinent de combiner mixité et bicaméralisme ; il n'est pas tard pour rouvrir les débats et d'interroger les populations sur leurs options en vue d'une rectification des déséquilibres dans la représentation des femmes dans toutes les instances démocratiques de notre pays.
- Approche par les droits de l’homme -
Depuis, beaucoup d’eau a coulé. Les ONG actives en éducation demeurent convaincues que « l’alphabétisation des femmes et la mise en place des centres de formation permettent de sensibiliser les communautés au rôle de l’éducation ; des mères alphabétisées sont ainsi davantage prédisposées à scolariser leurs filles (Aide Action, Education aux droits humains : Apprendre, proposer et innover). Mieux, l’éducation des jeunes, des filles au Sénégal en particulier, permet aussi d’élever, le niveau des adultes comme l’a souligné la Ve Conférence Internationale sur l’Education des Adultes (CONFINTEA) à Hambourg 1997.
Les professionnels de l’information et de la communication ont vu clairement que « la construction des sociétés plus ouvertes, respectueuses de la personne et de ses droits, vigilantes face aux abus, aux remises en cause et aux négations des droits fondamentaux de l’homme, est un défi dont les médias portent une partie de la charge. Renforcer le rôle de veille, d’alerte et d’interpellation des médias sur les questions de droits de l’homme est essentiel » (Tidiane Kassé in Magazine Journalistes des droits de l’homme, publié, article 19, HCDH, UNESCO, 2014)
Ce travail passe par des mises à niveau régulières ciblées et pratiques. Il y a toujours de nouveaux défis et intérêts dominants face « auxquels ces droits deviennent des valeurs secondaires. Les abus sont plus fréquents, divers et multiformes ».
L’information aide à mieux connaître les instruments juridiques, les traités signés et ratifiés et à signaler les discriminations liées au physique, à la santé, à l’ethnie, à la classe sociale, à l’âge, etc. Mieux elle doit porter, véhiculer le combat des femmes pour leur dignité, leur libération sur tous les fronts : socio-économique, politique, scientifique, culturel, spirituel. Elle peut aider à saisir les trajectoires spécifiques, les tonalités particulières liées à l’histoire, à la géographie.
L’interview accordée par le quotidien Le Soleil à l’écrivain Mariétou Mbaye plus connue sous le nom de Ken Bugul est éclairante à ce sujet :
- Débat sur le sexisme -
« Il faut replacer le mouvement dans son contexte. C’est venu des Etats-Unis avant de gagner l’Europe. Il a libéré la parole des femmes certes, mais à quel niveau ? C’est dans le star système, du show biz et un peu de politique. Je n’ai pas senti le peuple, celui des quartiers populaires dans ce mouvement. Brigitte Bardot l’a dit, dans ce milieu du show biz, beaucoup d’actrices ont aguiché des producteurs ou des metteurs en scène pour trouver un rôle, ouvrant la porte au harcèlement sexuel dont elles se disent victimes. C’est pourquoi il faut être prudent avec ce mouvement. Nous en Afrique, nous avons d’autres soucis. Ici nous avons des cas de violence conjugale – comme partout ailleurs, mais que les hommes se sentent en minorité (allusion à la déclaration Christiane Taubira, voir notre entretien dans « le soleil 1-2 décembre, moi je ne vois pas d’intérêt. Moi, je me rappelle quand je travaillais à l’Asbef (Association sénégalaise pour le bien-être familial) dans les années 1980, pour les messages pour les femmes, on nous avait envoyé une publicité de l’Occident avec des hommes enceintes. Nous avons vu peut-être que dans un autre contexte, ça pouvait passer mais pas chez nous. Notre combat était l’espacement des naissances pas sa limitation. Christiane Taubira l’a dit comme ça, par ce qu’elle a le sens de l’humour mais elle est plus pour l’égalité que pour la domination d’un sexe. Moi je ne veux pas que les femmes se retrouvent dans une position de domination par rapport aux hommes. Je trouve qu’elles sont trop jolies pour jouer ce rôle. Ce n’est pas bon pour l’équilibre de la société. L’idéal, c’est d’être dans une situation harmonieuse où l’égalité est respectée dans un respect mutuel »
L’excellent travail de recherche mené par l’association Femmes, Culture, Santé et Développement en Afrique (FECSDA) sous la direction de Rama Niang avec la collaboration de Daouda Diop et Mme Haoua Garba Ido Thiaw permet de retenir que :
« La loi sur la parité votée en mai 2010, est considérée malgré ses limites et insuffisances, comme une avancée significative. Elle doit être irréversible. Aussi la question centrale à poser aujourd’hui est celle de la parité de qualité, seule à même de consacrer l’effectivité des besoins et intérêts stratégiques des femmes mais également de toute la communauté. Nombre de femmes députées, élues et/ou leaders locales et nationales et également certains hommes expriment régulièrement leurs préoccupations quant à la prise en compte de ces questions. Certaines personnes s’interrogent sur le fonctionnement de ces conseils qui ne tiennent même pas compte des besoins spécifiques des femmes, des enfants et de manière générale, de toutes les couches et catégories, socioéconomiques et socioculturelles de leurs terroirs.
Si les femmes élues à l’Assemblée et dans les communes sont dans leur majorité peu éduquées, non formées et non instruites ou analphabètes, leur contribution pourrait souffrir de ce handicap. Leurs capacités d’analyse de propositions vont rester faibles et par conséquences, leur prise en considération en tant que citoyennes, peu pesante et valorisante. Certes la représentation paritaire 50%/50% qui, grâce à la loi est un acquis, constitue encore un double défi. Le défi d’une application sans réserve mais également le défi d’une parité de qualité. Or, au Sénégal avec un taux d’alphabétisation des femmes qui est encore de 66%, beaucoup de femmes risquent de se retrouver dans cette situation surtout après les élections locales de 2014. En effet il est fort à craindre que ces dernières élections qui ont enregistré les listes les plus nombreuses en candidatures y compris féminines, ne profitent pas, comme on l’aurait souhaité, aux femmes. Beaucoup de femmes ont encore un réel besoin de formation et d’éducation pour être capables de défendre des positions pertinentes.
- Pour une parité de qualité au Sénégal -
Le combat pour une pleine mesure de l’application de la loi sur la parité ne doit certainement pas être hypothéqué. Aussi, il convient de continuer la sensibilisation et le plaidoyer nécessaire pour que la parité soit effective et que la force reste à la loi. C’est seulement à ce prix que la parité pourrait avoir droit de cité dans notre pays. Dès lors pour l’acceptation et la concrétisation de la parité de qualité, celle-ci se fera nécessairement en synergie avec des hommes et des femmes mais surtout avec les femmes des partis politiques et les femmes de la société civile citoyenne et/ou de développement. Quoiqu’il en soit toutes les personnes qui ont la volonté de participer à la gestion de la Cité, là où les décisions qui rythment leur vie au quotidien s’élaborent et se prennent devront être intéressées par la parité de qualité.
Pourtant, d’aucuns pourraient penser qu’au moment où l’on mène le combat pour l’application sans réserve de la parité, il serait illusoire de penser à la parité de qualité. Loin s’en faut, la parité de qualité doit être un argument pour conforter l’effectivité de la loi sur la parité. En effet, il faut d’abord augmenter le pourcentage de représentation des femmes pour espérer une représentation qualitative.
Quand la bataille pour l’effectivité de la parité sera gagnée, la nouvelle étape sera justement celle de la construction de la parité de qualité. C’est le défi dont l’enjeu en vaut la chandelle, en ce sens que s’il est relevé, il va créer les conditions de nouveaux équilibres quant à l’accès des femmes au pouvoir et leur participation pertinente à la gestion du pouvoir. En vérité si la politique politicienne s’est emparée de cette nouvelle disposition qui favorise les femmes, c’est par ce qu’elle n’occulte pas l’enjeu de pouvoir qui en est le cœur. Laisser battre ce cœur quelque rythme que ce soit, équivaut aussi longtemps qu’il faille préserver la vie, à une nécessaire respiration. C’est pourquoi, telle une énième lutte des femmes, il importe de s’armer de patience et de densifier les voies et moyens légaux et légitimes pour remporter la victoire. Aussi, l’appel à cette synergie des énergies n’est rien d’autre qu’une mobilisation pour une parité de qualité, c’est-à-dire un engagement collectif politique, socioéconomique et culturel pour la parité ».
Reste à savoir vers quel (le) candidat(e) la majorité des femmes vont se mobiliser et/ou porter leurs suffrages. Il serait également intéressant de voir le nombre de parrainages annulés au niveau des femmes pour cause d’analphabétisme. Les journalistes, les sociologues et les candidats à des élections politiques auront du mil, à piler pour mieux affiner leurs analyses ou programmes sur la question du genre.
Babacar Diop Buuba est universitaire, professeur titulaire de classe exceptionnelle en Histoire ancienne à l'Ucad. Il a été exclu dès les premières réunions du Mouvement pour la Libération des Femme (MLF) en France dans les années 80, comme d’autres militants curieux. Babacar Diop Buuba a participé dans la même période à un séminaire des femmes à Thiès comme unique participant masculin. Il a récidivé dans les années 90 à Capetown dans le cadre du GEO (Gender Education Office de l’ICAE, le Conseil International d’Education des Adultes.
RÉSUMÉ DE L'ARTICLE EN WOLOF
#Enjeux2019 - Tenk ci walaf
Am na leegi li jage 20 at, sunu mbootaay bi tudd ANAFA, te di yengatu ci siiwal liifant ngir jàngum mag ñi, gennewoon téeré, ngir dimmale jigeen ñi, nu xam sèen àq ak yeleef. Nu bare ñiy gëstu mbaa di ittewo caytum réew, xam nañ njariñal njàng, ngir yokk xam xam, mën mën ak kàttan. Ci sunum réew, Persidaa Abdulaay Wàdd def na ci lu rëy, bi mi fexee ba Pencum Réew mi dogal : ni fèpp fu ñuy takkale ndomboy tànk, tànn bi war na sàmm raxoo ak tollale, ci lu sax, goor ak jigéen. Mu des nak, nu xam ndax loolu topp nanko, walla deet.Xam ngeen am na ay jafe jafe.
Waaye terewul am na ay jéegoo yuu bare yu am ci àaq ak yeleefu jiéeen ñi ci Senegaal. Li ko, waral, am àq ci joge sunuy mbaaxi maam : ndax jigeen maam la, ndey la, jigeen la ci wetu càmmiñam, jabar la, doom la, sët la, jigeen ñaa ngiy raw góor ci fànn yu bare, ci bërëb yu bare. Lu goor mën, jigéen mën nako, lu góor yootu, jigéen war na ko mën yóóotu. Dëgg la, ku ne am nga ci loo gëna xereñ. Li am solo moodi, yokk, xam xam ak mën mën, ak sañ sañ jigéen ñi . Bu dul loolu njuumte yi di nañ bare, ci sunuy tànn ci lawax yi, juum ci tingóom (maanaam parenaas bi ñu dugal). Na ñu jàppale jigeéen ñi ci seen mbootay yi nu taxawalal seen bopp.
Nan leen nangul ne, war na mën toog ci kureel yi ñu bokk ak góor ñi.
Ci loolu, lawax yi bëgg nu dénk leen réew mi, war nañ ci tontu.
Babakar Jóob Buuba. Góoru mbootay ci Senegal.Juddóo Ndar Geej, fa wegante fekk baax.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
FATOU DIOME, LE SACRE INACHEVÉ
EXCLUSIF SENEPLUS - Prophète adulée ailleurs, elle reste inexplicablement peu sanctifiée au bercail - Lire et faire lire Fatou Diome, c’est donner à l’œuvre la plus féministe au Sénégal depuis presque 20 ans, sa vraie place - INVENTAIRE DES IDOLES
Fatou Diome était devenue - pour un bref temps – une icône pour les zélateurs du panafricanisme. Ce qui lui avait valu cet amour subit et suspect, c’est une vidéo, en 2014, de son passage dans l’émission de Frédéric Taddeï, « Ce soir ou jamais ». Elle y disait en substance que la situation des migrants et le traitement par l’occident de cette crise recelaient une part, sinon de racisme à minima, de xénophobie. Le propos fort, accusateur, parfois facile, relayé des milliers de fois, simplifiait une donnée complexe et donnait dans un manichéisme commode comme les séquences télévisées savent en produire. Si le propos de l’écrivaine avait été prisé, tellement que ses pourfendeurs de jadis, se sont déclarés à cette occasion ses nouvelles émules, c’est qu’il accusait l’occident du drame des migrants. J’avais visionné le document sans adhérer à la vision de Fatou Diome, que je trouvais factuellement fausse en détail ; et pour elle, qui d’habitude, instillait dans le débat un souffle de fraicheur et de vérité, son propos, convenu, nourrissait de la vulgate habituelle : l’ethnocentrisme occidental qui tend à se croire au centre du monde même dans son autoflagellation rédemptrice.
Elle participait ainsi à la cagnotte de larmes des blancs pour reprendre la formulation triviale, rassurait les afro-centristes, et rien ne ressortait d’urgent sur la responsabilité des dirigeants africains, relégués au rang d’acteurs secondaires. J’avais alors vivement et vertement critiqué Fatou Diome. Quand j’ai eu l’occasion de la voir, bien plus tard, on a échangé très cordialement sur cet épisode. Si elle ne m’a pas convaincu totalement, je garde le souvenir d’une femme exceptionnelle, pour qui j’ai fini par éprouver de l’admiration. Mouvement inverse chez ses admirateurs d’un soir, tous l’ont reniée quelques mois après, après qu’elle a affirmé, toujours chez Taddeï, dans l’émission « Hier, Aujourd’hui, Demain » que la colonisation était de la vieille histoire qui « ne devait pas surdéterminer notre présent ». Ça lui a valu une salve d’insultes.
C’est dire la nature des coups de foudre à l’ère des réseaux sociaux et des pensées en meute. Les mêmes qui l’ont sacrée, l’incendient. Le temps était venu pour moi de revisiter une œuvre que j’avais survolée, certain qu’il y avait du génie, mais à l’époque, il y avait comme un scepticisme, un manque de feeling. Depuis j’ai relu toute son œuvre, sa vraie production, qui en fait la plus grande femme de lettre sénégalaise actuelle. Gloire d’autant plus méritoire que le sacre reste inachevé, comme entaché par une plénitude impossible ou empêchée. Prophète adulée ailleurs, elle reste inexplicablement peu sanctifiée au bercail. Gloire d’autant plus épique que la vie et l’œuvre de cette femme, ont dû slalomer entre les portes d’un destin hostile. De tous les arts, la littérature reste, de Balzac à Baudelaire, en passant par Thomas Mann (on pourrait citer tous les écrivains qui ont laissé une grande trace) la capacité à déranger le lecteur pour mieux lui plaire. Ce qui fait le sceau du génie littéraire, c’est la capacité à influer sur la vie des lecteurs, à s’inviter dans leur intimité, par conséquent à être assez présent, dévoilé diversement dans sa propre œuvre pour accueillir le lecteur comme un hôte. Ce don de soi dans le texte, jeter la sonde dans la honte, c’est le nécessaire tragique de l’œuvre et dans quelques livres de Fatou Diome, on n’est pas déçu du voyage. Sa plume agrège tous les éléments d’une grande littérature.
En 2005, j’arrivais en France pour mes études. Chez mes tuteurs, dans la pièce en chantier, trônait le Ventre de l’Atlantique. Plus de 200 000 exemplaires vendus en France en avaient fait un des phénomènes littéraires depuis sa parution en 2003. Je le lisais sur les bords de la Vègre, dans la Sarthe. L’histoire de Madické, frère de la narratrice qui rêve d’Europe, de football, de Maldini, donc de rejoindre sa sœur, ne m’avait alors ni ému, ni emballé. Madické était trop proche de moi. On avait sensiblement le même âge. Je rêvais de devenir pro. Je venais d’arriver en France. Madické était le miroir de mon échec à venir et je ne pouvais pas me regarder dans ce livre et renoncer. J’ai fini par renoncer au livre, et plus tard, à mon rêve de footballeur. Ma première rencontre avec Fatou Diome était ainsi la fin de mon innocence. On en veut toujours au livre de notre dépucelage. Je n’avais pas aimé le livre, non pour des raisons littéraires objectives, mais par fuite en avant. C’était sans doute, sans le savoir, une des vraies vocations de la littérature : la gifle pour nous tenir éveiller pour rêver. Un passage d’ailleurs dans sa nouvelle Mariage volé, le dit encore mieux « Je me méfie des mots de poètes car ils ponctuent sournoisement notre destin » J’étais resté longtemps sans la relire, comme un divorce sans raison, surtout sans mariage.
En 2015, en allant régulièrement voir mon éditeur, avant la sortie de mon livre, j’ai vu dans les rayons de Présence Africaine, la Préférence nationale, le premier livre de Fatou Diome. Par solidarité éditoriale autant que par envie de lire l’ouvrage fondateur, je me suis emparé du livre. Petit recueil de nouvelles, d’histoires courtes mais vraies, ce livre m’a littéralement bouleversé. Au-delà des passages sublimes, à la langue pleine de chair, j’ai revu différemment cette auteure. Dans le paysage littéraire sénégalais, l’écriture féminine reste assez peu offensive, même quand elle porte l’empreinte de grandes dames comme Mariama Bâ ou Aminata Sow Fall, il manque comme un dandysme, le caractère tranchant, plein d’assurance, le vagabondage qui dompte les mots et les conventions. Même la littérature est un domaine qui n’est épargné par la pudeur : l’écrit reste ainsi dans les périmètres du disable, du bienveillant, du moral. Il reste comme le compromis entre un génie évident et un féminisme nécessaire. La nécessité en somme pour les auteures d’être les prêtresses de valeurs sociales confiées par les assignations du patriarcat. Sans rien enlever à l’aura des Aminata Sow Fall, le talent reste voilé par la retenue : elle ne gagne pas en élégance ce qu’elle perd en renoncement. C’est justement ce cri pénétrant, qui reste sensible et poétique, que l’on retrouve dans le premier livre de Fatou Diome et dans les livres de Ken Bugul. Ces femmes ont déchiré le bâillon du féminisme classique pour s’autoriser une liberté absolue, la seule qui surclasse les livres. Cela explique d’ailleurs que leur liberté en décontenance beaucoup, parce qu’elles déjouent les attentes et les chemins tracés de la bienséance.
J’avais sans doute beaucoup plus aimé le premier livre de Fatou Diome parce que c’était le premier. Les ouvrages de naissance sont toujours les seuls qui gardent l’innocence, la spontanéité, la vérité du brouillon de base. Le perfectionnisme, pour reprendre la formule de l’auteure italienne Elena Ferrante, pille la vérité du livre. Tous les autres livres qui suivent sont des tentatives, calculées, de corriger les déficits du premier. Dans ces nouvelles où Fatou Diome explore sa vie au Sénégal, son professeur de français, son arrivée en France, le racisme, l’amour ; la langue enlevée, les blessures d’une condition et le discours qu’elle tient, en ont fait un livre prodigieux. Si le premier livre est le plus naturel, il explique surtout les prochains, et nous donne à mieux les comprendre. Dans Celles qui attendent, le thème de la migration revient en force, avec le portrait de femmes valeureuses. La même patte, la même rage habille ces textes mordants d’ironie et qui ne perdent jamais en vue un idéal humaniste au service des autres.
Si on ne juge pas les livres à leur générosité, ni à leurs bons sentiments, on peut sans doute les juger à leur sensibilité et à leurs obsessions. On retrouve ce mélange de poésie, de musique des mots, de métaphores, associées à la force d’un propos et à la fidélité à des principes dans Kétala. Tonalité plus différente dans Impossible de Grandir qui sourd une blessure plus grave, impénétrable de l’extérieur. Malgré le souffle vif des mots, la carapace, on sent l’auteure avec une garde ouverte et on entre’aperçoit les coups qu’elle n’a cessé de prendre et qui ont forgé son génie. Inassouvies nos vies marquera dans une ambition plus grande, cette quête inaccessible de la vie. De cette œuvre, inépuisée, à ces travaux universitaires sur Ousmane Sembène, Fatou Diome dit notre temps, dit notre Sénégal avec une franche liberté, un style souvent virtuose, une pensée par moment insolente et une imagination toujours fertile. De tout l’assemblage, seul paraît comme étranger à la cohérence son œuvre, son dernier livre Marianne porte plainte, et sa lecture politique de la vie politique française. Si on comprend l’idée, l’exécution est moins aboutie. Mais il y là, mutatis mutandis, une œuvre, une empreinte, que nul autre ne peut prétendre disposer dans la scène littéraire sénégalaise actuelle.
Tous ces livres ont valu à Fatou Diome une audience internationale de choix. Dans beaucoup d’universités, elle est reçue dans des cercles prestigieux qui l’honorent et la sacrent. Elle donne des conférences partout dans le monde. Dans les pays germaniques, c’est une icône qu’on s’arrache. Pourtant le pays auquel elle consacre son travail, son berceau, reste étrangement sourd, silencieux, ne lui adressant que des distinctions minimes, voire peu d’intérêt. La plus irradiante des étoiles sénégalaises à l’extérieur est plongée dans une nuit au Sénégal. Oubliée des honneurs chez elle, la forte-en-gueule poursuit dans le monde sa moisson. Il se dit souvent, qu’elle ne serait pas « commode », pas « simple », « méfiante », « compliquée ». Il suffit de tendre l’oreille dans les mondanités littéraires en France pour entendre très souvent des ragots, sinon faux, assurément dépréciatifs. La bulle dans laquelle elle a fini par trouver son équilibre est comme un bunker, un refuge. Les voiries du monde littéraire sont ainsi faites, qu’il faut pour les aimer en aimer les apparences, les coteries, les accointances. Sans que cela ne soit le fait de la littérature, partout, il faut savoir s’adapter ou partir. Fatou Diome a fait son choix. Blessée par le dire et les agissements d’un monde littéraire afro-diasporique, elle vit dans d’autres voiries. On n’ira pas sonder les causes de ses blessures, mais on y est sensible. Par décence, on n’ira pas fouiller dans une psychologie de bazar, les messes basses. Du reste, ce monde Fatou Diome le connaît, l’a fréquenté, et si son nom est rare dans les étapes de ce parcours littéraire des africains, c’est qu’elle le souhaite. J’ai moi-même des amis chers dans ce monde, et pourtant, je ne le fréquente pas trop. Ce qu’on appelle littérature africaine est un bien curieux objet. Tout ce qui est succès grandiose en ventes en France devient français. A la diaspora africaine, à ce ghetto, il reste un réseau annexe où la valeur littéraire doit faire une halte et montrer patte africaine pour prétendre poursuivre son épanouissement. Fatou Diome garde une langue française qu’elle ne surcharge pas d’effets africains pour donner des gages de son authenticité. Sa langue reste empreinte de ce désir d’évasion et de richesse, comme chez une de ses lectures : Yourcenar.
La littérature n’a jamais changé le monde pas plus que la critique n’a ébranlé un réseau. C’est banal et risible au final. Cette solitude peut-elle engendrer de la paranoïa chez Fatou Diome ? C’est possible mais je ne sais pas. Ses réactions peuvent-elles être brutales, spéciales ? Sans doute. Le caractère entier, une vie forgée eu combat, où elle a dû arracher son destin à mains nues, autorise sans doute un être au monde parfois abrupt, quoiqu’en privé la personne reste charmante, attentionnée et bellement généreuse. Et puis un tempérament ne se justifie pas. Qui pourrait le lui reprocher ? La bienveillance reste un idéal pas une injonction, les péripéties d’une vie impriment au caractère sa substance. Il faut composer. Une femme libre, de plume, de Condé à Nin en passant plus récemment à Despentes, c’est toujours l’accusation sexiste d’une dureté. Les écrivaines véritablement libres font peur et le temps semble confirmer cette vérité.
J’aimerais - et ceci est un appel - que la presse sénégalaise parle de Fatou Diome un peu plus. Ecrive sur elle. Qu’il s’établisse un cordon régulier de partage. Un lien de critique libre, point de blanc-seing ni d’acharnement. Que l’idole mondiale devienne pleinement et simplement nationale. Sa solitude est une forme d’injustice impardonnable. C’est une solitude au sens total du mot. Cette solitude donne toute la saveur de son œuvre mais aussi révèle toute sa fragilité. Le Sénégal a peu d’ambassadeurs réels de cette envergure dans le monde, il serait temps qu’il l’institue comme telle. Objectera-t-on que les officiels sénégalais ont déjà beaucoup fait, on répondra que ce n’est pas suffisant. Si les sénégalais restent souvent rayonnants à l’extérieur seulement et qu’on les courtise, cela dit notre incapacité à promouvoir le talent, à le chérir. L’exil des talents n’est pas un pillage. C’est souvent une exportation avec investissement, hélas. Lire et faire lire Fatou Diome, c’est donner à l’œuvre la plus féministe au Sénégal depuis presque 20 ans, sa vraie place de phare. Pour la petite de Niodior, et son enfance rude, c’est donner un modèle à une société lacérée de blessures qu’elle-même a connues. C’est l’histoire d’un sacre inachevé. Ce serait lui rendre justice. Mais la justice en littérature a bien peu de valeur, c’est un dilemme fantastique.
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le Conseil constitutionnel n'a pas appliqué la loi - Il y a des suspicions légitimes sur le processus électoral - La faillite de la société civile - "SANS DÉTOUR" AVEC MAME ADAMA GUÈYE
#Enjeux2019 - À en croire Mame Adama Guèye, le Conseil constitutionnel a commis plusieurs impairs dans le processus de validation des parrainages des candidats à la présidentielle.
Selon le coordonnateur de la Plateforme opérationnelle de sécurisation des élections (Pose), la loi sur le parrainage s'est révélée impraticable. "Même ceux qi sont passés, on peut se poser des questions sur la légalité de leurs signatures. Le conseil aurait dû vérifier signature par signature", relève l'invité de Sans Détour dans ce numéro spécial #Enjeux2019. Selon lui, le rôle juridictionnel du Conseil a été outrepassé.
Voir l'émission politique Sans Détour, co-produite par SenePlus.com et l'école d'image Sup'Imax.
PAR SELLY BA
VIOLENCE, FAMILLE ET POLYGAMIE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La sphère familiale sénégalaise a connu des mutations jusque-là peu analysées, qui fondent le sous-bassement des comportements violents - L’espace conjugale s’est transformé en un champ de bataille
#Enjeux2019 - La violence a toujours été connue dans un champ traditionnel de la politique (manifestations, meurtres, personnes blessées), des manifestations estudiantines (meurtres, casses, lancements de pierres). Cependant, depuis quelques années, ces violences sont de plus en plus visibles dans la sphère familiale. Ces derniers jours, l’actualité a été fortement marquée par des cas de violence extrêmes de meurtres de plus en plus odieux et sanguinaires.
Alors que les hommes exerçaient la violence physique sur leurs épouses, et que les femmes s’exercent une violence entre elles (entre co-épouses), aujourd’hui, les femmes exercent la violence sur leurs époux (meurtres, blessures etc.). L’analyse de ces faits sociaux montre que la polygamie est un des facteurs déterminants dans ces cas de violence. La jalousie reste le moteur principal de cette violence. En effet, l’on note une flambée de violence conjugale : le drame de Mariste où la dame a brûlé son mari suite à une crise de jalousie, la co-épouse brulée à l’eau chaude à Kaffrine, une dame charcute sa rivale à coup de hache par jalousie pour ne citer que cela, avec une tendance à banaliser ces crimes à force de les entendre tous les jours.
C’est pourquoi, il serait judicieux de se poser la question de savoir pourquoi les femmes ont si peur ou n’acceptent pas tout simplement la polygamie ?
- Pratique dévoyée de la polygamie -
La raison reste profondément liée à la mauvaise pratique de la polygamie au Sénégal. En effet, l’on note une inégalité dans le traitement des conjointes ou tout simplement des conjoints qui n’ont pas les possibilités financières ou morales de gérer une famille polygame. A la situation actuelle du pays, nous voyons sans ambages que cette pratique n’épouse pas les valeurs de l’Islam, une religion de justice et de paix. Et pour nous ces faits sont au cœur des traumatismes que vivent les femmes au quotidien.
La plupart des pays musulmans ont adopté des mesures pour restreindre et décourager la polygamie. La Turquie et la Tunisie l’ont abolie, tandis que d’autres pays l’ont rendue plus difficile. Ainsi, le droit marocain, depuis la révision du code de la famille, la Moudawana, en 2004, considère « la polygamie comme un empêchement relatif au mariage ». Conformément à la nouvelle loi, la femme a le droit d’exiger, lors de la signature de l’acte du mariage, que son mari renonce à la polygamie (art 40). De plus, un homme qui envisage d’épouser une autre femme doit avoir une autorisation du tribunal ainsi que l’accord de l’épouse actuelle et de la future épouse (arts 40-46).
Au niveau du droit égyptien, la femme a la possibilité d’exiger dans le contrat du mariage que l’époux ne prenne pas une seconde épouse et, si le mari viole cette obligation, la première épouse a la possibilité de demander le divorce. Par conséquent, on peut dire qu’à l’exception des pays musulmans de l’Afrique subsaharienne, la pratique de la polygamie est plutôt rare dans la plupart des pays musulmans, grâce, d’une part, à une interprétation intelligente et cohérente du verset 129 de la sourate 4, et d’autre part, à cause des conditions socio-économiques difficiles qui prévalent dans la plupart des sociétés musulmanes contemporaines.
A ce niveau, je n’exige pas la même chose pour le Sénégal mais juste de s’inspirer de ces modèles et d’essayer de voir comment voudrait-il avoir plus de transparence avant la formalisation des unions au niveau de la mairie. D’où la pertinence, d’organiser des consultations nationales car elle demeure une question sociétale préoccupante. Et dans ce contexte électoral, les candidat(e)s sont interpellés sur cette question étroitement liée à la violence qui sévit aujourd’hui dans la sphère familiale.
- De profondes mutations familiales -
Par ailleurs, au-delà de poser le débat sur la polygamie au Sénégal, il est extrêmement urgent de réfléchir sur la famille et ses fondements. En effet, les faits mentionnés plus haut nous poussent à avancer sans risque de nous tromper que l’espace conjugale s’est transformé en un champ de bataille. Dans bien des cas, la famille se présente comme un immense champ de bataille où il est refusé à certains la liberté d’être eux-mêmes et de construire librement leur bonheur. La famille n’est plus le havre de paix auquel on peut naturellement penser. C’est souvent un lieu de compétition, de privation et de violence[1].
Cette recrudescence des comportements violents témoigne d’une crise des instances de socialisation. L’effritement des rapports et la détérioration des liens sociaux conduisent les populations à l’adoption de comportements non conformes aux valeurs sociales dont la conséquence est la violence, l’insécurité sociale.
La cellule familiale est le lieu par excellence où l’enfant dès son plus jeune âge apprend à assimiler les règles de vie en société. C’est dans ce milieu que se forge le système de disposition à partir duquel seront filtrées toutes les expériences de la vie sociale[2]. C’est pourquoi, la qualité de la vie adulte dépend grandement de la qualité des relations entre les membres de la famille. Car la famille constitue le lieu des expériences les plus intenses et les plus significatives de la vie humaine[3].
La formation aux valeurs, à la culture et à la vie était l’apanage des familles qui dans leur composition disposaient des outils adaptés pour cette tâche. Or, de nos jours, des liens de formation se relâchent, des dysfonctionnements apparaissent au sein des familles qu’elles soient monogames, polygames ou monoparentales. La communication entre parents et enfants devient faible et est influencée par d’autres instances de formations telles les médias. Ainsi, la famille cesse d’être de plus en plus ce moteur du progrès de la cité, via la transmission des connaissances, des savoirs qui puissent permettre l’individu d’apprendre à agir et à bien se comporter dans la société.
Ce qui atteste que la sphère familiale sénégalaise a connu des mutations jusque-là peu analysées qui fondent le sous-bassement des comportements violents constatés. Cependant, toutes les connaissances ne sont toujours pas données par la famille car, entre cette dernière et la société, il y a l’école qui assure une sorte de relais. D’où son rôle complémentaire dans l’acquisition des connaissances, sans oublier les médias. Hors, ces instances également sont en crise tout comme la famille.
Dans ce contexte de recrudescence des violences face à des instances de socialisation en crise, la question fondamentale qui doit interpeller l’ensemble des acteurs sociaux et plus précisément des politiques reste quel type de sénégalais voulons-nous ? Comment l’éducation des jeunes devrait être prise en charge dans ce contexte de crise ? Quelles réponses faudrait-il apporter ? Quels repères moraux et modèles devraient permettre aux jeunes de garder des valeurs ? Qui sont les véhicules de ces modèles ?
Dans un contexte de globalisation, la société sénégalaise présente une vulnérabilité socioculturelle certaine. Les jeunes, en particulier, sont les plus fragiles de ce point de vue. Dès lors, apparaît la nécessité de sauvegarder mais aussi et surtout, de se réapproprier des spécificités culturelles sénégalaises positives. C’est pourquoi, la construction d’un sénégalais capable de faire face aux défis actuels et à venir devrait être dans le discours de tout politique.
Selly Ba est docteur en sociologie. Militante des droits humains, membre du Mouvement citoyen, elle est spécialiste en Genre et Religion au Sénégal. Elle est l'auteur de plusieurs articles et publications collectives sur le genre allié aux thématiques politiques, religieuses, migratoires et sécuritaires.
[1] Mody Ndiogou FAYE, 2016, La religion au contemporain. Du sens de la visibilité religieuse de la jeunesse au Sénégal, Thèse de Doctorat, UCAD.
[2] Roch YAO GNABELI, 2013, citoyenneté et transformations sociales en Afrique, Revue Perspectives et sociétés, ISSN 1840-6130, Volume 5, numéros 1 et 2.
« Deux steaks, s’il vous plaît ! », lance une serveuse à la cuisine. L’une des charmantes serveuses venait de transmettre la commande de deux clients. Nous sommes au restaurant Madiba, situé dans la région de Thiès au Sénégal, à 70 kilomètres de Dakar. Musique acoustique bien tamisée, des serveuses d’une rare élégance, qui vêtue de Jean, qui d’autre de jupe bien millimétrée. Ici, les bonnes odeurs se mêlent. Viande de mouton grillée, poisson braisé, chawarma, tout y est. Des spécialités africaines et européennes proposées par Fama Guèye, une Saint-Louisienne bien dans sa peau. Elle qui, à ses débuts, avait opté pour la coiffure, a tourné la page depuis fort longtemps pour se lancer dans la restauration.
A 42 ans, Fama Guèye, debout sur 1m75, semble avoir réussi son pari de percer dans l’entrepreneuriat. Elle qui est née et a grandi à Saint-Louis (ville du nord du Sénégal, à 272 kilomètres de Dakar), a quitté l’école alors qu’elle faisait le CM2, après six ans d’études. Fille unique, il fallait à l’époque aider sa mère dans les tâches ménagères. Ce qui a contraint la jeune Fama Guèye de quitter les bancs de l’école, à seulement 12 ans. En grandissant, Fama qui voyait ses besoins financiers augmenter, ne pouvait plus se contenter des petits sous que lui donnait sa maman.
C’est ainsi qu’elle a décidé de se lancer dans la coiffure, mais à domicile. Les affaires marchent fort. Avec le peu d’argent qu’elle gagne, cette Saint-Louisienne parvient à non seulement subvenir à ses besoins, mais aussi à aider financièrement sa maman. Fama accueillait ses clientes dans la maison familiale et les tressait moyennant 1000 FCFA, 1500 FCFA voire 3500 FCFA, jusqu’à ce qu’elle rencontre un certain Mamadou Guissé. Leur idylle aboutit au mariage et le couple décide de s’installer à Thiès (70 km de Dakar). C’est justement à Thiès que l’idée est venue de créer ce fameux restaurant, Madiba, du nom de l’ancien Président sud-africain Nelson Mandela. Aujourd’hui, mère de quatre enfants, deux garçons et deux filles, Fama tente d’allier les deux : être une bonne gérante et une bonne mère de famille. AFRIK est allé à sa rencontre.
Pourquoi avoir décidé d’appeler le restaurant Madiba ?
C’est, comme le dit mon mari, en hommage à ce grand homme de dimension internationale que nous avons décidé de nommer le restaurant Madiba. C’est surtout le sens du pardon de Mandela qui nous a toujours fasciné au point que mon mari, surtout, s’est tout le temps dit que le jour où il aura son propre établissement, il portera le nom de Madiba. Mandela est un homme dont on ne peut mesurer la grandeur. Il a su véhiculer des messages qui ont franchi les frontières de l’Afrique du Sud.
Que propose votre restaurant à sa clientèle ?
Notre restaurant, ouvert tous les jours de 8 heures à 2 heures du matin, propose un menu varié, notamment des pizzas Madiba, des chawarmas Madiba. Comme c’est écrit sur l’enseigne, des spécialités africaines et européennes sont quotidiennement au menu. A l’ouverture à 8 heures, nous servons le petit déjeuner au goût des clients. Croissants, café au lait, café expresso, omelette espagnole, omelette nature, omelette Madiba. En outre chaque jeudi, vendredi et samedi, de la musique acoustique est proposée par un orchestre au choix de la direction. Avant, nous étions à la cité Malick Sy (toujours à Thiès). Et c’est depuis avril 2015 que nous avons aménagé ici aux HLM route de Mbour. Côté clientèle, ils sont divers et variés. Nous recevons toutes les nationalités ici. Nos plats, le Thiébou Dieune (riz au poisson), la Norvégienne, nous faisons aussi de la dibiterie (grillade de viande de mouton). Le fast-food, notamment les chawarmas, les hamburgers, marchent très bien.
Avez-vous d’autres activités à part la gestion du restaurant ?
En dehors du restaurant, je dirige un atelier de coupe et couture, où on confectionne des tenues pour les femmes, les hommes, les enfants. Même des tenues d’école, on les confections. Avant de venir à Thiès, je faisais de la coiffure à Saint-Louis (nord du Sénégal). Cette activité me permettait d’arrondir les angles et d’aider ma mère.
Parvenez-vous à bien vous occuper de vos enfants, compte tenu de votre charge de travail, notamment le restaurant et l’atelier de couture ?
Il est un peu difficile d’être chef d’entreprise et de s’occuper de ses enfants comme il le faut. Mais, j’ai pris toutes les dispositions pour que mes enfants ne manquent de rien, étudient dans de bonnes conditions. C’est difficile d’avoir satisfaction, mais je m’efforce à ce que mes enfants soient bien encadrés, bien éduqués et qu’ils ne souffrent pas de mon absence. Le peu de temps libre que j’ai, je me sauve pour aller les voir, rester un peu avec eux. Je veux qu’ils comprennent que je me sacrifie pour eux.
Beaucoup de femmes sont d’avis qu’il est très difficile de réussir au Sénégal en tant que femme. Quel message leur délivrez-vous ?
Elles ont en partie raison. En effet, les temps sont durs. Mais je pense que rien n’est facile dans la vie. Et comme on dit, la réussite est au bout de l’effort. Mais ce n’est pas parce que la vie est dure que les femmes doivent emprunter de mauvais chemins. Une femme doit faire en sorte de ne pas dépendre des hommes. Je suis pour une émancipation totale de la femme. Les femmes doivent se battre pour être indépendantes. Je suis contente quand je vois à la télé ou rencontre une femme qui a réussi dans la vie. Et cela prouve que la femme sénégalaise est ambitieuse.
Avez-vous d’autres projets ?
Bien sûr ! (elle éclate de rire). Le jour où j’aurai les moyens, je compte bien mettre sur pied un centre de formation. Pourquoi pas deux. Un centre de formation en coupe et couture et un autre en restauration, hôtellerie. Je veux participer à la formation de l’élite sénégalaise. Je me dis que je dois tout faire pour aider des jeunes filles à percer dans la vie.