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29 novembre 2024
International
L'HÉCATOMBE DES VAINCUS
Derrière le triomphe de Diomaye, ce scrutin a également livré son lot de grands perdants. Amadou Ba en tête, humilié dès le premier tour. Mais l'onde de choc n'a pas épargné Macky, Khalifa ou encore Idy, tous douchés dans leurs ambitions
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 26/03/2024
Alors que Bassirou Diomaye Faye et la coalition Pastef ont remporté une victoire écrasante dès le premier tour, l'élection présidentielle a également livré son lot de grands perdants, selon une analyse de Seneweb.
Le principal d'entre eux reste sans conteste Amadou Ba, le candidat de la majorité au pouvoir. "Pour un ancien Premier ministre, c'est une vraie humiliation que de se faire battre à plate couture, dès le premier tour, par le principal parti d'opposition", souligne le média.
Son mentor Macky Sall subit également une "triste fin" après avoir tenté de faire obstacle au processus électoral, avant d'être désavoué. "On se demande encore quelle était cette menace tant agitée par Macky Sall", s'interroge Seneweb, estimant qu'il "a tout perdu" après avoir écarté Sonko.
"L'histoire retiendra qu'il a choisi un candidat pour ensuite lui tourner le dos. Non seulement, il n'a pas soutenu Amadou Ba, mais il l'a affaibli", ajoute le média, prévoyant "l'implosion" du parti au pouvoir.
Parmi les autres perdants figurent les alliés comme le Parti S et l'AFP "qui n'ont pas voulu avoir un candidat", mais aussi Khalifa Sall. Après avoir été écarté en 2019, l'ancien maire de Dakar "attendait d'être le faiseur de roi" mais "c'est la grande désillusion au sein de Taxawu", rapporte Seneweb.
Idrissa Seck a lui "payé la facture de sa tortuosité" en chutant de 26% en 2019 à 1% cette année, selon les projections. "Son inconstance a été lourdement sanctionnée."
Bougane Guèye Dany, "persuadé qu'il était l'homme de la situation", est également cité parmi les perdants, ayant manqué une nouvelle fois les parrainages.
Enfin, le Parti de l'Unité et du Rassemblement d'Aliou Mamadou Dia "a fortement reculé" malgré les attentes, conclut l'analyse de Seneweb.
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L'IMPÉRATIF D'UNE REFONDATION DE L'UNIVERSITÉ
La répression sur les campus ces dernières années révèle un malaise profond à l'université sénégalaise. Felwine Sarr et Ndeye Astou Ndiaye plaident pour une renaissance de ces lieux de savoir comme levier de transformation sociale et citoyenne
Deux voix majeures de l'université sénégalaise, l'universitaire et écrivain Felwine Sarr et Ndeye Astou Ndiaye, docteure en science politique, ont partagé leurs réflexions sur l'état actuel et les défis de refondation de cette institution cruciale dans l'épisode 4 de la série "Où va le Sénégal ?", animée par Florian Bobin.
La crise politique sans précédent traversée par le pays en 2023-2024, marquée notamment par la longue fermeture de l'Université de Dakar, a mis en lumière les failles du système universitaire. Au-delà des problèmes d'effectifs pléthoriques et de manque de moyens, c'est le rôle même de l'université au sein de la société sénégalaise qui est remise en cause. "C'était une attaque contre tout ce que représente l'université", a déclaré Felwine Sarr.
Face à ce constat alarmant, nles deux intervenants appellent à une véritable « refondation » de l'université sénégalaise. "Il faudrait repenser par domaine et créer une synergie avec des discussions interdisciplinaires", a plaidé Ndeye Astou Ndiaye.
Il s'agit d'abord de répenser en profondeur les cursus et programmes pour répondre aux besoins socio-économiques réels. Trop d'étudiants sortent des universités sans réelle employabilité ni compétences professionnelles selon elle.
Mais au-delà, c'est une « décolonisation » épistémologique qui est prônée par Felwine Sarr. Les universités perpétuent un savoir exogène déconnecté des réalités locales. "Il faut opérer une rupture transformationnelle en intégrant les savoirs, visions du monde et modes de connaissance propres aux sociétés africaines", a-t-il martelé.
L'université doit devenir cette "pluriversité" accueillant toutes les formes de savoirs, dans une approche transdisciplinaire innovante, comme l'a défendu Felwine Sarr. Loin d'un simple lieu de transmission, elle doit être un espace d'émancipation des regards et des imaginaires.
Ce vaste chantier exige d'associer étroitement universitaires, chercheurs et autorités publiques, un point mis en avant par Ndeye Astou Ndiaye : "Il faudrait une interconnexion entre chercheurs, enseignants et politiques".
L'enjeu, selon Felwine Sarr, est de refonder un pacte entre l'université et la société, dépassant les crises conjoncturelles pour inscrire l'institution dans un rôle de « veille intellectuelle » pérenne au service de l'intérêt général.
LA PRÉSIDENCE TOGOLAISE DÉSORMAIS DANS LES MAINS DES DÉPUTÉS
Désormais, le président togolais ne sera plus élu au suffrage universel direct, mais sera choisi "sans débat" par le Parlement réuni en congrès, pour un mandat unique de six ans
Brice Folarinwa de SenePlus |
Publication 26/03/2024
Dans une décision surprise, les députés togolais ont adopté lundi soir une nouvelle Constitution instaurant un régime parlementaire dans le pays. Selon l'Agence France-Presse (AFP), le texte a été approuvé avec 89 voix pour, une contre et une abstention.
Désormais, le président togolais ne sera plus élu au suffrage universel direct, mais sera choisi "sans débat" par le Parlement réuni en congrès, pour un mandat unique de six ans. Jusqu'ici, la Constitution prévoyait un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable une fois.
C'est un changement majeur pour le régime politique togolais. "Le chef de l'Etat est pratiquement désinvesti de ses pouvoirs au profit du président du Conseil des ministres, qui devient celui qui représente la République togolaise à l'extérieur, qui dirige effectivement le pays dans la gestion quotidienne", a déclaré Tchitchao Tchalim, président de la commission des lois constitutionnelles à l'Assemblée, selon l'AFP.
Ce changement a été proposé par un groupe de députés de la majorité présidentielle de l'Union pour la République (UNIR). Il intervient à un mois des élections législatives et régionales du 20 avril, auxquelles l'opposition - sous-représentée au Parlement - a annoncé qu'elle participerait, après avoir boycotté le scrutin de 2018.
La nouvelle Constitution introduit également le poste de "président du Conseil des ministres", désigné pour six ans et issu du parti majoritaire à l'Assemblée. Il sera chargé de "la pleine autorité et le pouvoir de gérer les affaires du gouvernement".
Cette réforme marque selon les députés l'entrée du Togo dans sa "Ve République", après la dernière révision constitutionnelle de 1992. Elle intervient aussi moins d'un an après que les députés aient limité à deux le nombre de mandats présidentiels, remettant les compteurs à zéro pour l'actuel chef de l'État Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005.
par Birane Diop
J’AI ACCOMPLI MON DEVOIR CITOYEN APRÈS 5 HEURES D’ATTENTE
Ce 24 mars, j’ai voté contre douze ans d’arrogance, de mauvaise gestion des deniers publics, de médiocrité, de clientélisme, de népotisme, d’abaissement moral, de fermetures des libertés publiques, etc.
Dimanche 24 mars 2024, au nom de la démocratie, le peuple souverain sur qui s’exerce le pouvoir était appelé à élire son président de la République pour les cinq prochaines années, selon la Constitution. C’était un jour important et historique, à bien des points, pour le Sénégal. Ce grand pays humaniste et universaliste et ouvert aux vents féconds du monde, nonobstant la faiblesse de son économie.
Ce faisant, j’ai voté eu égard à mes valeurs, mes convictions, mes idées politiques et ma vision du monde. Mais il n’y a pas que cela.
J’ai voté en pensant aux millions de Sénégalais qui vivent dans des souffrances inimaginables. Aux pères et mères de familles qui touchent des retraites dérisoires. Aux enfants talibés qui paradent dans nos rues, symbole de la défaite de notre société. Aux aides ménagères qui sont terriblement exploitées dans les maisons. Aux paysans en détresse qui ne récoltent plus. A l’hôpital public qui abrège la vie des précaires. Mais aussi, à l’école publique complètement marginalisée et délaissée par les politiques publiques, depuis presque quarante ans. Cette école qui faisait vivre la promesse républicaine, en favorisant l’égalité des chances quel que soit ton lieu de naissance.
J’ai voté pour une politique de l’espoir qui va peut-être changer la vie des petites gens, des invisibles, des laissés-pour-compte, des sans rien, à l’aune des crises protéiformes, comme la crise climatique.
En mettant le bulletin de vote dans l’urne, j’ai eu une pensée affectueuse aux femmes reléguées au second plan, à tous ces jeunes qui ont tenté d’émigrer par la mer et, ont malheureusement laissé leur vie dans le « ventre de l’Atlantique » pour chercher vie et devenir, loin des regards inquisiteurs, de la violence sociale, du mépris éloquent des élites de la République, qui aiment prendre de haut leurs concitoyens. J’ai en mémoire les propos terribles de l’ancien Délégué général de l’entrepreneuriat (DER) sur l’émigration clandestine. Le monsieur adepte de la Start-up nation et du New Public Management disait sans sourciller, à l’égard des jeunes « Il faut qu’on soit responsable et dire les choses telles qu’elles sont. C’est de la responsabilité des jeunes de partir de façon frauduleuse ». Un ministre dont la mission principale est d’apporter de la douceur dans la vie des femmes et des jeunes ne devrait pas dire ça.
Ces braves gens considérés tristement comme de simples variables d’ajustement voulaient plus de liberté, de respect, de considération mais surtout de dignité dû à leur condition d’homme.
Mais leur pays n’a jamais trouvé nécessaire d’axer les politiques publiques sur des choses essentielles, comme le bonheur, le bien-être grâce à un travail décent.
Depuis soixante-quatre ans d’existence, la République offre à sa jeunesse deux possibilités logées dans des impasses : « Mourir ou mourir », comme disait le brillant écrivain Édouard Louis. Ce 24 mars, j’ai voté contre douze ans d’arrogance, de mauvaise gestion des deniers publics, de médiocrité, de clientélisme, de népotisme, d’abaissement moral, de fermetures des libertés publiques, etc.
J’ai voté pour une vie digne, meilleure pour toutes et tous. Enfin, j’ai voté pour la naissance de la démocratie substantielle ; la fin de l’hyperprésidentialisme ; la consolidation de la République laïque, démocratique et l’Etat de droit.
Vive le Sénégal, vive la République !
LA PRÉSIDENTIELLE PASSÉE AU CRIBLE PAR LA SOCIÉTÉ CIVILE
Dans sa déclaration préliminaire, la mission d'observation électorale relève les points positifs et formule des recommandations pour renforcer la transparence et l'inclusivité des prochaines échéances
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Collectif des Organisations de la Société civile pour les élections relatif au bilan du scrutin du 24 mars 2024 au terme duquel Bassirou Diomaye Faye a été élu à la tête du Sénégal.
"Conformément à son mandat, le Collectif des Organisations de la Société Civile pour les Elections (COSCE), a déployé une Mission d'Observation Électorale (MOE) de long terme depuis mars 2023 et de court terme pour l'évaluation du processus électoral.
Conduite par le Professeur Babacar GUEYE, Président du COSCE, cette mission est composée d'une équipe de coordination opérationnelle du COSCE basée à Dakar, de 5 coordonnateurs de zones, 46 observateurs de long-terme (OLTs) déployés sur les 46 départements du pays et de 1000 observateurs de court-terme (OCTs) qui ont complété la MOE le jour du scrutin dont 500 mobiles et 500 été déployés selon un échantillonnage aléatoire statistiquement représentatif des bureaux de vote. Le COSCE a disposé de données fiables et statistiquement représentatives à l'échelle nationale sur le déroulement des opérations de vote. A travers cet échantillon, la MOE est aussi en mesure de vérifier les taux de participation moyennant des marges d'erreurs minimes et de se prononcer sur la cohérence des résultats officiels.
Observations de la phase préélectorale
Le scrutin présidentiel du 24 Mars 2024 a eu lieu dans un contexte politique particulièrement tendu marqué par une rupture du dialogue entre acteurs politiques et la méfiance, voire la défiance à l'égard des institutions impliquées dans la conduite du processus électoral. Si le dialogue national de juillet 2023 initié par le président de la République a permis de réhabiliter certains acteurs politiques, il en a exclu d'autres affectant ainsi l'inclusivité du processus électoral.
Le Code électoral fixe les conditions d'enrôlement des électeurs sur le fichier électoral. En direction de l'élection présidentielle, la révision des listes s'est déroulée du jeudi 06 avril 2023 au Samedi 06 mai 2023 sur l'ensemble du territoire national. La Mission du COSCE note la courte durée de la période accordée à la révision exceptionnelle des listes électorales ce qui a abouti à un faible enrôlement des électeurs. La mission note que cette période limitée avait un impact disproportionné sur l'inclusion des populations marginalisées dans le processus électoral, en particulier les jeunes et les personnes vivant dans les zones rurales, ainsi que les femmes et les électeurs handicapés. La mise à disposition du registre électoral pour un audit de la société civile peut ainsi contribuer à fournir une évaluation indépendante de la qualité du fichier.
La Mission a également constaté que le taux de retrait des cartes d'électeurs a été très moyen. Il résulterait du peu de moyens mobilisés pour la sensibilisation des électeurs aussi bien de la DGE et des organisations de la société. L'incertitude sur la tenue de l'élection y aura également contribué pour beaucoup. Jusqu'à ce jour, les autorités électorales continuent à occulter l'information quant aux nombres de cartes distribuées par région et par département.
La Mission note que le système du parrainage a été maintenu bien que par un arrêt en date du 28 avril 2021 la Cour de justice de la CEDEAO avait ordonné sa suppression en ce qu'il constituait un véritable obstacle à la liberté et au secret de l'exercice du droit de vote et une atteinte sérieuse au droit de participer aux élections en tant que candidat. La Mission a également constaté que le parrainage a été fortement contesté par des candidats à la candidature. Elle regrette les conditions dans lesquelles s'est déroulé le contrôle des listes de parrains.
La décision du chef de l'État d'abroger le décret du 29 novembre 2023, portant convocation du collège électoral pour l'élection présidentielle du 25 février 2024 a exacerbé les tensions politico-sociales préexistantes, qui se sont traduites par l'organisation de marches de protestations à travers l'ensemble du territoire et la survenance de violentes répressions ayant entraîné la mort de quatre citoyens sénégalais.
A la suite de l'annulation par le Conseil Constitutionnel du décret pris par le Président de la République le 3 février 2024, le décret n°2024-690 du 6 Mars 2024 est venu fixer la date du scrutin présidentiel au 24 mars 2024.
Déroulement des opérations de vote
Le COSCE rappelle qu'un communiqué de mi-journée a été publié le 24 mars pour faire le point sur l'ouverture des bureaux de vote qui s'est dans l'ensemble bien passée malgré quelques incidents relevés.
3.1- Déroulement des opérations de vote
Dans 98% des bureaux de vote, les agents électoraux ont systématiquement demandé aux électrices et électeurs de présenter leur carte d'identité biométrique à puce CEDEAO
Dans 91% des bureaux de vote, les membres du bureau de vote ont vérifié que les doigts de chaque électrice et électeur n'avaient pas de tâche d'encre avant qu'il ne prenne les bulletins de vote. Par ailleurs, dans 9% des bureaux de vote, les électeurs ont vérifié les doigts de certains électrices et électeurs, mais pas d'autres. Les agents ont procédé à la vérification systématique de la présence des noms des électrices ou électeurs sur la liste d'émargement dans 99% des bureaux de vote.
Le droit de vote pour les électeurs munis d'un ordre de mission a été systématiquement appliqué dans 98% des bureaux de vote.
Dans 31% des BV, un certain nombre d'électrices ou électeurs se sont vu refuser le droit de vote à cause de l'absence de leurs noms sur la liste d'émargement du bureau de vote bien que le lieu et bureau de vote en question figuraient sur leur carte d'électeur. Dans certains cas, ces électeurs ont été dirigés vers d'autres personnes ou sources d'informations présentes sur le lieu de vote pour vérifier leur présence sur la liste électorale et les orienter vers un autre bureau ou centre de vote.
L'émargement ou l'apposition de l'empreinte des électeurs sur les listes d'émargement a été effective dans 97% des bureaux.
L'assistance aux électeurs à mobilité réduite ou vivant avec un handicap a été effective dans 85% des BV. Des électeurs en situation de handicap temporaire ou permanent non-inscrits dans un bureau de vote ont été autorisés à voter après vérification de leur carte d'électeur dans 27% des BV. Il convient de préciser que ces cas ne se sont pas été présentés dans 73% des bureaux de vote.
Aucun cas de violence ou d'intimidation n'a été observé dans 99% des lieux de vote EM. Quelques altercations entre électeurs ont été rapportées dans la file d'attente sans incidence majeure.
Le vote n'a pas été suspendu au cours de la journée dans 99% des bureaux de vote.
D'autres observateurs électoraux ont visité les bureaux de vote dans 58% des lieux de vote.
Clôture du vote
Le scrutin a été clôturé avant 18h15 dans 96% des bureaux de vote. 3% des bureaux ont fermé entre 18h15 et 19h. Des électeurs étaient présents dans la file d'attente et ont été autorisés à voter dans 37% des bureaux de vote. Il convient de préciser qu'il n'y avait pas d'électeurs présents dans la file d'attente à 18h dans 63% des bureaux de vote.
Dépouillement
Les membres du bureau de vote étaient tous présents dans le bureau de vote lors de la pause opérée pour la coupure du jeûne dans 62% des bureaux de vote. Aucune pause n'a été observée pour la coupure du jeûne dans 38% des bureaux de vote.
Les bracelets des urnes ont été vérifiés avant le décompte des votes dans 99% des bureaux de vote. Des personnes non habilitées n'étaient pas présentes dans les bureaux de vote lors du dépouillement. Aucun cas de corruption, de violence ou d'intimidation n'a été observé pendant dans le dépouillement dans les bureaux de vote.
CENA ont signé et reçu une copie du procès-verbal de résultats dans la quasi-totalité des bureaux.
Les enveloppes destinées à la Commission Départementale de Recensement des Votes (CRDV) ont été systématiquement scellées et remises aux agents assermentés dans les bureaux de vote. Les fiches de résultats ont été directement affichées dans 99% des bureaux de vote.
Incidents critiques
Quatre (4) observateurs du COSCE se sont vus refuser l'accès aux bureaux de vote à l'ouverture du scrutin malgré la présentation de leur titre d'accréditation, notamment à Dakar et Thiès. Ces cas ont été rapidement résolus en collaboration avec la DGE.
Le déplacement d'électeurs, notamment à l'école HLM 2 de Grand Yoff où des véhicules immatriculés d'autres régions du Sénégal sont arrivés avec plusieurs électeurs. Il a également été relevé que les représentants de candidats ne bénéficient pas d'accréditation permettant de les identifier ;
- A la suite du découpage administratif du nouveau département de Keur Massar, des électeurs se sont présentés au lieu de vote indiqué sur leur carte d'électeur dont le nom de l'ancien département figurait sur leur carte. Ces électeurs se sont vus refuser le droit de vote malgré la présence de leur nom sur la liste d'émargement.
- Quelques cas de délocalisation d'électeurs vers un nouveau bureau de vote, notamment à Diourbel, sans communication préalable de leur nouveau lieu de vote.
- A Thiès, lors du vote, un représentant de la CEDA a été pris en flagrant délit en introduisant clandestinement trois enveloppes dans l'urne au moment de son vote. L'incident a entraîné une interruption des opérations de vote pendant trente minutes. Les autorités ont rapidement réagi en procédant à des arrestations, dont celle de l'auteur présumé, qui a été placé en garde à vue pour enquête approfondie.
Estimations relatives à l'issue du scrutin
Au terme de la vérification des données statistiquement représentatives des bureaux de vote au niveau national, le COSCE peut faire une estimation du taux de participation des citoyens au scrutin de 61.6% avec une marge d'erreur de plus ou moins 0.8%.
Dans le même sillage, le COSCE peut se prononcer fermement, au vu des données collectées de son échantillon statistique, que l'issue de ce scrutin est soldée par un seul tour.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le scrutin du 24 Mars 2024 s'est globalement déroulé dans un environnement apaisé. La Mission tient à cet égard à féliciter les autorités électorales et administratives pour l'organisation matérielle du scrutin, en dépit des dysfonctionnements. Elle félicite également les candidats, les populations, la presse, la société civile et les forces de défense et de sécurité pour le sens des responsabilités et la maturité dont ils ont fait preuve lors de ce scrutin. La Mission exhorte les parties prenantes à s'inscrire résolument dans cette dynamique de pacification de l'espace politique et électoral.
La Mission remercie les autorités et particulièrement les Organes de Gestion des Élections pour la disponibilité dont ils ont fait preuve, l'esprit d'écoute et la collaboration qui lui ont facilité son travail.
La Mission appelle les autorités électorales à publier les résultats du vote par bureau afin de renforcer la transparence des résultats du scrutin et ce, dans les délais requis.
Le COSCE salue la cohésion de la société civile tout au long du processus qui a contribué au renforcement de la transparence du processus électoral.
Dans le but d'améliorer la conduite du processus en vue des futures échéances électorales, la Mission formule, au regard de ces constats, les recommandations suivantes :
1) L'autorité en charge des élections
- Renforcer l'autonomie et l'indépendance des structures de gestion électorale notamment par l'institution d'une
Haute Autorité des Élections ;
- Clarifier les missions et attributions des différents organes de gestion électorale impliqués dans la préparation et l'organisation matérielle des élections de manière à garantir une meilleure articulation.
2) Le droit de vote
- Réviser les dispositions du code électoral de manière à abroger la déchéance électorale automatique ;
- Automatiser l'enrôlement des citoyens ayant atteint la majorité électorale et la radiation des électeurs décédés ;
Faciliter l'enrôlement des primo votants en leur permettant au-delà de la carte d'identité de s'inscrire avec l'extrait de naissance ou le récépissé de la carte d'identité ;
- Faciliter l'exercice du droit de vote des électeurs impactés par les découpages administratifs ;
- Informer et sensibiliser les électeurs pour l'identification des bureaux de vote localisés ;
- Veiller à ce que les listes d'émargement intègrent l'ensemble des électeurs inscrits et permettre aux électeurs omis sur les listes d'émargement d'accomplir le droit de vote ;
- Instituer le bulletin unique aux différents types de scrutin ;
3) La carte d'électeur
- Procéder au découplage de la carte nationale d'identité (CNI) et de la carte d'électeur, envisager la possibilité de voter sur présentation de la CNI tout en facilitant l'accès aux informations électorales ;
- Assurer la traçabilité des cartes d'électeur de manière à localiser celles qui ne sont pas distribuées ;
- Revoir les dispositions de l'article L.54 de manière à mettre en place les commissions administratives de distribution dès la disponibilité des cartes issues de la révision exceptionnelle des listes.
4) Le contrôle du fichier électoral
- Mettre à disposition le registre électoral pour un audit de la société civile contribuer à fournir une évaluation indépendante de la qualité du fichier et cibler les mesures de sensibilisation et inscription des électeurs pour les prochaines échéances.
Revoir le délai de mise à disposition de la liste des électeurs aux candidats de manière à faciliter la distribution auprès des plénipotentiaires (au moins 30 jours avant le scrutin, en même temps que la publication de la carte électorale).
5) La déclaration de candidature et le système de parrainage
- Instaurer un système d'enregistrement et de contrôle des parrainages avec plus de transparence et contrôle par les candidats et de la société civile non partisan et indépendant ;
- Mettre en place auprès de l'autorité de gestion des élections, une commission réception et d'enregistrement des parrainages qui délivre, après contrôle, une attestation de validation et prévoir la possibilité d'ouvrir un contentieux auprès du Conseil constitutionnel ;
- Engager une réflexion sur l'exclusivité de la nationalité du candidat à l'élection présidentielle, les conditions et modalités de production de l'acte de renoncement en cas de double nationalité ;
- Encadrer la campagne de collecte de parrainage pour éviter l'interdiction de réunion et de manifestation publiques sur le parrainage.
- Interdire le retrait de candidature après la publication de la liste des candidats par le Conseil constitutionnel ;
6) La promotion du dialogue
- Instaurer un dialogue permanent, inclusif, sincère et constructif autour du processus électoral et à la restauration de la confiance aux institutions et entre les acteurs du jeu politique ;
- Accompagner sur les organisations de la société civile dans leurs initiatives de consolidation de la paix notamment en période post électoral ;
- Renforcer l'unité et la cohésion de la société civile afin de consolider un leadership éclairé.
7) Le droit à l'information et l'éducation électorale
- Renforcer l'information, la formation et la sensibilisation de masses sur la citoyenneté et à l'éducation électorale et adapter les messages pour les personnes handicapées selon le handicap, élaborer et vulgariser le glossaire électoral des signes ;
- Faire une sensibilisation pour une liberté de la presse et la hausse leur fonds d'appui afin d'assurer un bon fonctionnement de la presse ;
- Sensibiliser l'État pour une régulation des réseaux sociaux en collaboration avec les professionnels de l'écosystème numérique dans le respect des normes sur la liberté d'expression.
- Sensibiliser l'État dans les sens de prioriser la réforme du cadre juridique et organisationnel régissant les médias d'État en vue de les transformer en de véritables médias de service public."
Liste des organisations :
- RESEAU SIGGIL JIGGEEN
- ONG 3D
- RADDHO
- LSDH
ONDH
URAC
AJED
OSIDEA
CERAG
HANDICAP FORM EDUC
OXY-JEUNES
PRÉSENCE CHRÉTIENNE
AFEX
LIPS
CDE
par Alioune Dione
LA REVANCHE DES CONTEXTES AU SÉNÉGAL
Quand le système arrive au terme de ses prouesses, le changement devient alors un impératif social. On assiste à la fin d’un règne d’une l’oligarchie politique sénégalaise réputée pour son sentiment de prééminence qui lui fait voir de haut ses concitoyens
Appelé au choix de son devenir à travers l’élection présidentielle, la nation sénégalaise a montré une fois de plus sa maturité démocratique par les urnes. Face à son destin, le Sénégal a arraché sa souveraineté aux mains de ses oppresseurs au soir du 24 mars 2024. Choix ou sanction, l’élection présidentielle a été fortement marquée par une bipolarité de concepts. Rupture ou continuité, système ou antisystème, valeurs ou contre-valeurs, fixité ou changement, l’éclosion de la dualité s’est manifestée tout au cours de la campagne électorale sans nuance de compromis. Ces terminologies bicéphales relatives aux acteurs novices et ceux plus expérimentés en politique traduit la profonde distorsion des idéologies dans une société inégalement construite. Effectivement, l’élection présidentielle sénégalais du 24 mars 2024, plus une élection mais un référendum, met en exergue le vœu social du peuple à mettre fin aux pouvoirs et privilèges des classes dominantes.
Les concepts et postures des candidats ont joué un rôle fort important dans les résultats électoraux si l’on s’en tient aux premières tendances car entre dynamique et continuité, entre stabilité et bouleversement, le choix social était porté de gré sur le changement ou plutôt même sur une mutation complète de l’institution étatique.
En effet, la longue permanence de la société sénégalaise qui s’est imprégnée dans un système politique hérité de l’occident nécessitait un retour à l’endogénéité et appelait à une rupture des formes et pratiques politiques d’antan. D’ailleurs, G. Balandier explique en ce sens : « l’histoire présente devient le véritable révélateur de la réalité sociale. Elle montre des configurations sociales en mouvement et brise l’illusion de la longue permanence des sociétés ; celles-ci prennent davantage l’aspect d’une œuvre collective jamais achevée et toujours à refaire ». Pour ainsi dire que les sociétés se construisent dans les décombres des turbulences et que les inégalités sociales appellent toujours à une refonte globale du système social et des normes établies par les dominants. Quand le système arrive au terme de ses prouesses et que les normes ne traduisent plus la volonté collective, le changement devient alors un impératif social. Dans une telle perspective, il appert que l’élection présidentielle sénégalaise rend compte des différences sociales, des écarts différentiels existant entre les grands groupes sociaux privilégiés et les individus lambda qui en sont membres.
En conséquence, il est important de noter que la formation sociale des inégalités a toujours été décriée par une société dont les dirigeants minimisent son éveil. Ce revers historique dans les résultats de vote interroge sur la montée en puissance d’une jeunesse au bout de ses aspirations. Une jeunesse qui s’est constituée en mouvement de veille et d’éveil luttant pour l’historicité et la redéfinition complète de l’ossature socio-politique. Une lutte des classes entamée depuis l’apogée en politique du leader de Pastef Ousmane Sonko qui à travers ses discours a dépeint la complexité sociale du pouvoir et de sa gestion. Le vœu de changement de paradigmes exprimé par un peuple qui a souffert de l’indifférence de ses dirigeants relate le mal être profond que les Sénégalais ont vécu au sein du système de gouvernance républicaine.
Outre que la correction infligée au gouvernement, le score des autres candidats anachroniques comme Idrissa Seck et Khalifa Sall témoigne du fossé existant entre l’idéologie classique en politique et la vision moderne d’une jeunesse socialisée à débusquer toutes les gymnastiques ubuesques des acteurs politiques. Ces derniers doivent comprendre et saisir les dynamiques sociales et géopolitiques de leur milieu pour au moins continuer à peser sur l’échiquier politique ou même éviter de succomber politiquement car l’inertie vaut condamnation à l’effacement ou à la disparition en politique. On assiste à la fin d’un règne d’une l’oligarchie politique sénégalaise réputée pour son sentiment de prééminence qui lui fait voir de haut ses concitoyens.
Le rendez-vous du changement qui a été pris au soir du 24 Mars par la nation sénégalaise avec l’histoire atteste de son vœu de redynamisation, de réconciliation et de retissage des liens sociaux dans une société qui est profondément en crise socio-politique. L’émergence d’une nouvelle élite ayant souffert ensemble avec le bas peuple pourra probablement être source d’une nouvelle réorganisation et d’un nouveau reconditionnement de l’organisation des structures sociales sénégalaises. Ce changement de régime doit être en mesure d’établir une rupture avec la répartition inégale des droits, des pouvoirs, des richesses et de tous les autres avantages et désavantages entre les diverses fractions d'une population. Cela-dit, la reconstruction sociale d’un Sénégal nouveau ne peut se réaliser que si les élites politiques ont la capacité de s’ajuster aux circonstances, et aux modifications qui s’imposent à elles, menaçant le fonctionnement social ; les nouveaux acteurs politiques sont non seulement appelés à redéfinir un projet de société englobant toutes les couches sociales et à proposer une politique conventionnelle qui leur permet de s’adapter à la réalité controverse d’une société polémogène, déstructurée et incrustée de désespoir. Définitivement, l’ailleurs-meilleur doit être un pan de l’histoire que la jeunesse du pays va se remémorer car vous auriez apparemment décidé de faire du changement un vent nouveau afin de faire renaître l’espoir.
Alioune Dione est socio-anthropologue, auteur Afrique et Contemporanéité.
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DIOMAYE FAYE INSUFFLE L'ESPOIR D'UN SÉNÉGAL RENAISSANT
Dans son premier discours, le nouveau président a réaffirmé avec force ses priorités. Réconciliation nationale, lutte anti-corruption, refondation institutionnelle...Une feuille de route exigeante qui marque la volonté de rompre avec les pratiques passées
Dans un discours empreint d'humilité, de détermination et d'espoir, Bassirou Diomaye Faye, le nouveau président élu, a insufflé un vent de changement prometteur sur la nation, ce lundi 25 mars 2024. Après une période de tensions préélectorales, ses paroles ont résonné comme un puissant appel à l'unité et à la réconciliation nationale.
Dès les premières minutes, le ton était donné. Le président Faye a salué la maturité démocratique des autres candidats, qui ont accepté les résultats avec grâce, faisant preuve d'un profond respect pour les institutions républicaines. Un geste symbolique fort qui témoigne selon lui, de l'attachement inébranlable du peuple sénégalais aux valeurs démocratiques.
Porté par ce vent d'espoir, le nouveau chef de l'État s'est engagé à gouverner dans la transparence, l'humilité et l'intégrité. La lutte contre la corruption sera une priorité absolue, martelée avec une fermeté renouvelée. Les fondations mêmes des institutions seront repensées, réaffirmant ainsi la détermination à reconstruire un Sénégal plus fort et plus juste.
Mais la vision du président Faye ne s'arrête pas aux frontières nationales. Dans un élan d'unité continentale, il a lancé un appel dynamique à ses « frères et sœurs africains » pour consolider les acquis de l'intégration régionale. Une main tendue vers une Afrique unie, où coopération et prospérité iront de paire.
Sur la scène internationale, le Sénégal promet de rester un partenaire fiable et respecté, avec lequel collaborer dans un esprit de « coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive ». Un signal fort envoyé aux bailleurs et investisseurs étrangers pour les rassurer sur la stabilité du pays.
Mais au cœur des priorités du nouveau régime se trouvent les femmes et les jeunes. Une part significative des ressources nationales sera mobilisée pour "abréger leurs souffrances et leur manque de perspective". Une promesse audacieuse, visant à libérer le potentiel créatif d'une jeunesse trop longtemps négligée.
Dans ce discours inaugural, Bassirou Diomaye Faye a esquissé les contours d'un Sénégal renaissant, plus démocratique, plus uni et plus prospère. Un défi de taille, certes, mais porté par une volonté politique inébranlable et la confiance renouvelée du peuple.
par Ousseynou Touré
DÉFAITE D’AMADOU BA, LECTURE TERRITORIALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Une cartographie électorale des enseignements territoriaux du premier tour. Les lacunes pointées dans la mise en oeuvre de la décentralisation révèlent ici les raisons d'un échec anticipé au regard des réalités locales
Ouf, c’est plié, au premier tour. Et le peuple sénégalais en sort grandi. Son image écornée retrouve sa superbe. Quelle fierté et exception sénégalaise. Diereudieuf Sénégal…Mon parti-pris dans cette contribution est d’essence territoriale.
Cette victoire de « Diomaye Président » ressemble, à bien des égards, à une raclée territoriale. Ce qui était, jadis, considéré comme une force de la « coalition au pouvoir » s’est transformé en une faiblesse territoriale. Tel un amplificateur, l’onde de choc a résonné bruyamment, dans plusieurs collectivités territoriales, d’habitude si promptes à avaler des couleuvres. Ma grille de lecture s’analyse à l’aune de l’option étatique dans l’animation de sa politique de décentralisation voire de développement territorial.
Les hérésies de politique territoriale
Très tôt, en 2013, l’État sénégalais, avec la deuxième alternance, a posé les bases d’une refondation majeure de sa politique de décentralisation, à travers une réforme dénommée « Acte III de la décentralisation ». Dans sa perspective de développement, « l’Acte III de la décentralisation » devrait incarner une rupture pour le renforcement de la décentralisation et le renouveau de la politique d’aménagement du territoire. Ce qui n’a, hélas, jamais, été le cas. Conçu comme une volonté réparatrice des inégalités et incohérences territoriales de l’écosystème territorial depuis les indépendances, cet « acte III de la décentralisation » a enfanté une tare congénitale. L’une des premières erreurs politiques est de vouloir homogénéiser la nature des échelons territoriaux (urbain ou rural), dans un contexte sénégalais où le rural a son sens.
La deuxième erreur, c’est de prôner un déclassement de l’architecture territoriale et administrative de la région au profit des 46 départements. La troisième erreur, c’est l’installation d’un vide territorial au niveau régional, avec la non-érection de pôles de développement territorial, pour atomiser les inégalités économiques, infrastructurelles, sociales que les régions n’ont pas su effacer.
Enfin, la quatrième erreur, c’est la cristallisation d’une confusion de genre entre territorialisation des politiques publiques et politiques publiques territorialisées. Ces hérésies en matière de politique territoriale ont été alignées sur les politiques publiques, créant un désordre territorial et une lisibilité limitée des options étatiques en matière de développement territorial.
Une « urgenciation » des politiques publiques
D’un autre côté, très tôt, l’État opte pour une « urgenciation » dans la déclinaison des politiques publiques au sein des territoires. Pêle-mèle, des instruments frappés du sceau de l’urgence prennent place. Ils bousculent tout sur leur passage, avec des résultats mitigés. Si les réalisations sont au rendez-vous (bravo), les outils de politique territoriale en ont pris un sacré coup. D’une planification territoriale réduite à sa plus simple expression, en passant par l’anéantissement de l’ingénierie des actions de renforcement de capacités et l’adoubement des cadres de concertation, annihilant le cinquième principe de la décentralisation (participation citoyenne), tout a concouru au prima du physique au détriment du soft-développement. Ainsi, la gouvernance des investissements physiques n’a pas trouvé un écho favorable auprés des communautés. Les comités de gestion et d’entretien sont délaissés aux communautés peu ou prou préparés à l’avènement de la gouvernance des investissements. C’est tout un pan de développement qui a été rétrécit, confinant les instruments de « l’urgenciation » à du génie civil bétonné. Certes, les besoins infrastructurels exprimés dans les documents de planification sont excessifs, renseignant sur l’urgence d’améliorer l’accès à une plateforme minimale d’infrastructures de base, mais, d’autres besoins qualitatifs relatifs à la gouvernance des collectivités territoriales sont validés et méritent d’être pris en charge. Or, rares sont les instruments de « l’urgenciation » qui prennent très au sérieux les aspects liés à la gouvernance territoriale.
Une atrophie des instruments classiques
A contrario, des instruments classiques de développement territorial sont laissés en rade. Réduits à des transferts irréguliers et fluctuants, ces instruments classiques peinent à avoir une prévisibilité de leurs investissements. Tous les instruments classiques ont connu, dans le cadre de leur déploiement, un sens inverse des instruments de l’urgenciation. Comme qui dirait « déshabiller Jean pour habiller Paul ». Or, ces instruments classiques, dans leur déploiement assure une bonification des outils de travail des collectivités territorial, à savoir la planification, les cadres de concertations, le renforcement des capacités, l’appui à la maîtrise d’ouvrage, l’auto-évaluation participatif et la performance technique et fudiciaire…La rareté et l’évanescence du financement des instruments classiques ont créé un boulevard d’incertitudes aussi bien au niveau des collectivités territoriales surtout rurales que les transferts de l’Etat peinent à combler. Avec des retards fréquents de salaires, des grèves successives au niveau de la fonction publique locale, des départs fréquents de personnels…Conséquemment, une léthargie de développement avec des disparités s’amplifiant donnant l’impression des collectivités territoriales « utiles » à côté des collectivités territoriales « non utiles ». Ce qui a engendré une gêne institutionnelle trop forte au niveau des territoires face à des populations particulièrement jeunes, de plus en plus exigeants.
Confusion de genre de politique publique
Sous ce rapport, un des instruments majeurs qu’est la territorialisation dans sa vocation de mettre de l’avant l’action du territoire local par rapport aux décisions prises par le pouvoir central, apparaît comme une « réponse locale à des questions nationales » de l’avis de (Moreau & Truchet, 2000). Cette approche est très indiquée dans nos territoires sénégalais et serait contraire à cette approche soutenue par un effort de différenciation territoriale où les administrateurs « adaptent les standards, les types d’action, les niveaux d’action aux situations locales » (Castaing, 2012). Nous percevons là, toute la différence d’approche d’une politique qui se mue et transmute selon son angle d’analyse et de mise en œuvre. Or donc, c’est tout le nœud gordien. Jusqu’à date, une confusion de genre a été notée qui fait que l’on prône le contraire de ce que nous voulons faire. Ici, gît toute la problématique du développement territorial au Sénégal. Notre développement territorial devrait être, en premier lieu, un moyen privilégié par les États pour atteindre une meilleure efficience sur le plan économique et une meilleure efficacité sur le plan opérationnel, pour bâtir le Sénégal à travers la pleine valorisation des potentialités de chaque territoire, dans une démarche multi-acteurs et multi-niveaux apte à garantir la participation de tous les acteurs territoriaux.
Des propositions correctrices centrée sur le territoire
L’analyse des offres programmatiques des différents candidats n’a pas occulté cette tare congénitale de l’Acte III de la décentralisation. Soit. Partout, des propositions correctrices ont été notées en matière de développement territorial. Plusieurs d’entre elles ont préconisé le renforcement des principes immuables de la décentralisation, en termes du respect de l’unité nationale, de l’égale dignité des collectivités territoriales, de la libre administration des collectivités territoriales et la participation citoyenne, du transfert progressif de compétences, de la répartition des compétences entre les ordres de collectivité territoriale, de la compensation du transfert de compétence par le fonds de dotation et le transfert de fiscalité et du contrôle a posteriori de légalité. A y voir de plus près, les offres programmatiques par rapport à la décentralisation se sont structurées, entre autres, autour du développement économique, social et culturel de chaque Collectivités territoriale, d’une administration proche des usagers, d’une participation des populations dans la gestion des affaires publiques locales, de l’institution des collectivités territoriales dynamiques dans le cadre d’un État unitaire.
Vulnérabilité territoriale
Ce sont donc des espaces territoriaux affaiblis, déchiquetés et humiliés institutionnellement, sans investissements lourds, qui ont reçu les candidats à la charge présidentielle. Un niveau de vie avec un cadre de vie dégradé. Un contraste saisissant entre le budget au niveau national et celui au niveau des territoires. Un tableau peu reluisant où des promesses ont été portées aux acteurs territoriaux, à l’image de : 1 Milliards FCFA / collectivité territoriale, ou 50 milliards/région, ou une Agence régionale de Développement au niveau de chaque département, ou l’érection de pôle-territoire de développement économique. Ces professions de foi rapportées à l’aune de nos collectivités territoriales, à bien des égards, les exécutifs locaux, à leur décharge, n’ont pas eu les moyens de leur politique. Ils ont été trop esseulés, ballotés par la rareté des ressources, l’imprévisibilité de leurs investissements, le pilotage à vue de leur instance exécutive pour la majorité d’entre-eux (-40% des collectivités territoriales disposent de document de planification et dont leur exécution se situe à -10%). A cette vulnérabilité territoriale, il y a forcément un dégoût des porteurs de politique publique. Tellement le message est en déphasage avec les réalités territoriales. Comme pour dire, une décentralisation textuelle au top et un développement territorial, au flop. Quel gâchis, pour des territoires riches de leur dotation factorielle et de leur capital humain. Les territoires valent mieux que les préconisations faites à eux, par les acteurs politiques, eux-mêmes moins avertis que les acteurs territoriaux. La suite, on la connait. Qui s’oppose aux territoires s’expose et s’efface.
Dr Ousseynou Touré est expert développement territorial.
AUDIO
DIOMAYE FAYE POUR DES RÉFORMES STRUCTURELLES
Les organisations Sursaut Citoyen et Demain Sénégal saluent l'élection d'un président engagé à matérialiser les objectifs du Pacte de bonne gouvernance démocratique, gage d'un nouvel élan dans la mise en œuvre des recommandations des Assises et de la CNRI
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration conjointe de Sursaut Citoyen et Demain Sénégal datée du 25 mars 2024, saluant l'élection de Bassirou Diomaye Faye à la tête du Sénégal. Les deux organisations forumulent le voeu de voir, conformément à sa promesse, le nouveau chef de l'État appliquer les recommandations du Pacte de bonne gouvernance démocratique inspiré des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).
"La tenue de l'élection présidentielle le 24 mars 2024, malgré les nombreux défis et les événements regrettables qui l'ont précédée, a marqué une étape importante dans l'histoire politique du pays. Bassirou Diomaye Faye a été élu président dès le premier tour, un résultat salué par nos organisations Sursaut Citoyen et Demain Sénégal.
Cette victoire est perçue non seulement comme le fruit de la détermination du peuple sénégalais, mais aussi comme une preuve de sa volonté inébranlable de défendre sa souveraineté.
L'engagement civique a joué un rôle crucial dans la neutralisation des tentatives visant à perturber le processus électoral. Cela a également encouragé le Conseil constitutionnel à affirmer résolument les principes du Droit face à l'Exécutif, qui a parfois semblé chercher à dévier, ignorer ou même défier la législation en vigueur.
Les efforts collectifs et synergiques des organisations de la société civile, en particulier celles regroupées au sein d’Aar Sunu Election, ont été déterminants dans cette lutte pour la démocratie. Leur contribution à la préservation de l'intégrité du processus électoral est hautement appréciée par Sursaut Citoyen et Demain Sénégal.
Nos organisations félicitent également le président élu, Bassirou Diomaye Faye, pour sa victoire éclatante et méritée. Elles se réjouissent particulièrement du fait que le président élu est l'un des premiers signataires du Pacte national de bonne gouvernance démocratique, qui s'inspire des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI).
Sursaut Citoyen et Demain Sénégal nourrissent l'espoir que les réformes promues par ce Pacte seront rapidement et efficacement mises en œuvre par les nouvelles autorités.
Dans cette optique, nos organisations encouragent tous les mouvements citoyens à unir leurs efforts et à poursuivre leur mobilisation pour la réalisation des objectifs du Pacte national de bonne gouvernance démocratique et pour répondre aux attentes du peuple en matière de renforcement de la démocratie, de l'État de droit et de la bonne gouvernance."
LE CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU ADOPTE UNE RÉSOLUTION POUR UN « CESSEZ-LE-FEU IMMÉDIAT » À GAZA
À New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, ce lundi 25 mars, à quatorze voix en faveur d'un texte exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Les États-Unis se sont cette fois abstenus.
À New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté, ce lundi 25 mars, à quatorze voix en faveur d'un texte exigeant un cessez-le-feu immédiat à Gaza. Les États-Unis se sont cette fois abstenus. Cette résolution demande aussi la libération immédiate des otages et réclame que des médecins et des humanitaires puissent les voir au plus vite. Il aura fallu cinq mois et trois semaines au Conseil pour s’entendre et demander de stopper les bombardements d’une seule voix.
Ce cessez-le-feu à Gaza officiellement réclamé par la communauté internationale n'est prévu que pour la durée du ramadan, précise la correspondante de RFI à New York, Carrie Nooten. Cela montre combien les négociations sont restées tendues à New York. Elles reflètent bien entendu les tractations qui patinent sur le terrain. Un appel au cessez-le-feu pour le ramadan a été réclamé par le Soudan il y a dix jours, et cela aurait été un très mauvais signal que les États-Unis ne l’acceptent pas et le bloquent pour Gaza.
Depuis quelques jours, Joe Biden a changé de position vis-à-vis de son allié israélien. Il était enfin prêt à réclamer un cessez-le-feu, ce que Washington bloquait depuis plus de cinq mois. Mais l’entêtement de Benyamin Netanyahu sur une éventuelle attaque sur Rafah le pousse à hausser le ton et à ne plus le protéger sans condition à l’ONU.
Washington n’accepte pas pour autant un cessez-le-feu permanent. En effet, cette résolution prévoyait encore, quelques heures avant le vote, un cessez-le-feu le temps du ramadan, avec l’idée de parvenir à terme à un accord permanent. Les États-Unis ont négocié à la dernière minute un terme plus vague d’accord durable, signe que Washington souhaite garder encore un moyen de faire pression à la fois sur Israël et sur le Hamas.