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29 novembre 2024
Opinions
Par Félix NZALE
ÇA PRESSE DE PARTOUT !
Les Unes quotidiennes donnent à voir le parti-pris. L’on est pour tel candidat : l’on encense et l’on hypertrophie. L’on est contre tel autre : l’on voue aux gémonies et l’on s’investit dans l’atrophie. En l’occurrence la presse fonctionne au manichéisme
Les candidats à la présidentielle ne sont pas les seuls à battre campagne, chacun pour s’assurer la victoire au soir du 24 Mars. La presse aussi. Pas qu’elle soit alignée pour la course à la magistrature suprême, bien évidemment. Mais plusieurs organes sont dans le soutien sans réserve de certains candidats.
Les Unes quotidiennes donnent clairement à voir le parti-pris. L’on est pour tel candidat : l’on encense et l’on hypertrophie. L’on est contre tel autre : l’on voue aux gémonies et l’on s’investit dans l’atrophie. En l’occurrence la presse - en général - fonctionne au manichéisme.
Le meeting du candidat de la coalition encore au pouvoir (Benno Bokk Yakaar) à Mbacké est assez illustratif de ce point de vue. D’un côté, on nous dit qu’Amadou Bâ a provoqué un «ras de marée humaine» avec une «mobilisation exceptionnelle». De l’autre, l’on soutient qu’il a eu droit à un public clairsemé et quasi confidentiel.
En réalité, tout se passe comme si nous avions des journalistes-reporters qui ont assisté à deux meetings différents, tenus dans deux endroits distincts par le même candidat au don d’ubiquité certain. Un vrai bazar médiatique qui fait dire à plus d’un que la presse est devenue un théâtre où se joue quotidiennement une comédie de mauvais goût. Il n’est alors pas étonnant que beaucoup s’en détournent au profit du colportage et des rumeurs sur les réseaux sociaux. Parce qu’ici au moins c’est plus drôle.
Les médias ont vocation à assurer la vigilance sur les choix fondamentaux masqués derrière les luttes des politiques. Par conséquent à structurer leur espace de manière à rendre possible le débat sur des questions essentielles. Puisqu’au bout du compte, c’est notre démocratie qui est en jeu. Or, cette dernière ne peut exister sans citoyens bien informés et responsables.
Au lieu donc d’être des pantins et des vassaux des politiciens, de mentir sans retenue et de pervertir sans répit les faits, nous gagnerions à nous réincorporer nos propres critères de légitimité. Pour être légitimes aux yeux des autres.
par Ndiaga Gueye
UNE CARTE ÉLECTORALE EN QUESTION
Au moins 826 bureaux de vote fictifs, 1856 non localisables et 1998 abris provisoires. Ces chiffres alarmants pourraient impacter jusqu'à 2 359 587 électeurs, soit près d'un tiers de l'électorat
«En tant que découpeur de carte électorale, je peux avoir plus d’impact sur une élection que la campagne électorale… plus d’impact qu’un candidat. Quand, en tant que découpeur de carte électorale, j’ai plus d’impact sur une élection que les électeurs… le système est détraqué. » David Winston, consultant politique américain.
Le redécoupage de la carte électorale, selon les objectifs et la méthodologie utilisée, peut affecter d’une manière significative la participation et l’égalité, et in fine le résultat final d’une élection. Autrement dit, le redécoupage électoral peut être réalisé pour favoriser l’expression d’un résultat en façonnant le nombre de lieu de vote (LV) ou centre de vote et de bureaux de vote (BV) de chaque commune ainsi que leur périmètre et localisation dans une élection à une circonscription unique telle que l’élection présidentielle. Un redécoupage électoral réalisé selon des objectifs politiques partisans est qualifié de « Gerrymandering » ou « Charcutage électoral ».
Il est donc crucial, en perspective de la présidentielle de 2024, de s’assurer que le redécoupage de la carte électorale a été effectué de manière transparente en respectant des principes d’équité mais surtout du cadre légal.
Dans cette perspective, l’objectif de cette étude est d’une part identifier les éventuelles biais et distorsions de la carte électorale de l’élection présidentielle du 24 mars 2024, et d’autre part, évaluer ses effets sur le résultat final. Enfin, elle vise à attirer l’attention de l’opinion publique sur cet enjeu crucial pour que les citoyens s’en emparent et se mobilisent pour contrôler la cohérence et l’objectivité de la carte électorale afin que les résultats du scrutin, soient le reflet de la volonté de la majorité des Sénégalais.
La carte électorale a ainsi été réalisée uniquement en fonction des projections des résultats de l’élection présidentielle de 2019 par la coalition politique au pouvoir pour la gagner au 1er tour. A cet effet, elle fut modélisée à partir des résultats issus des élections législatives de 2017. L’objectif de réélire son candidat pour un 2eme mandat présidentiel constituait ainsi le fondement majeur de son action dans le redécoupage de la carte électorale.
En définitive, le résultat de l’action du Ministre chargé des élections dans le processus de redécoupage a été la production d’une carte électorale d’au moins 701 bureaux de vote fictifs, 1837 non localisables et 2102 abris provisoires impactant au moins 2 262 462 électeurs. En outre, 3550 bureaux de vote de moins de 300 électeurs dont 364 de moins de 100, ont été créés. Cette carte électorale a eu un impact significatif sur les résultats de l’élection présidentielle de 2019.
Il est donc à conclure que la carte électorale pour l’élection présidentielle de 2024 n’a pas été publiée. Une violation de la loi électorale mais aussi un manque de transparence qui suscitent légitimement des interrogations sur un document dont le contenu a un impact capital sur l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Il est à rappeler que l’article L.66 du code électoral qui encadre le redécoupage de la carte électorale donne une liberté totale au Ministre chargé des Élections de la réaliser selon ses propres critères et choix. En outre, il n’existe pas dans le Code Electoral de contraintes qui pourraient restreindre et limiter l’action du Ministre chargé des élections, si toutefois, il serait tenté par un « Gerrymandering ». Il est tenu tout au plus de recueillir l’avis consultatif des comités électoraux via les préfets, sous-préfets et les informer de ses décisions. Des avis qui ne le lie pas, ainsi, le Ministre chargé des Élections décide en toute discrétion de la carte électorale à réaliser.
En considérant tout ce qui précède, il est à s’interroger sur une éventuelle « gerrymandering » ou « charcutage électoral » de la carte électorale de l’élection présidentielle de 2024 par le Ministre chargé des élections afin de faire gagner le candidat de sa coalition politique au 1er tour.
Cette étude aborde, ainsi, la question de recherche suivante: « La carte électorale, initialement prévue pour l’élection présidentielle du 25 février 2024, désormais pour le 24 mars 2024, a-t-elle fait l’objet d’un «charcutage électoral» qui pourrait affecter l’intégrité du scrutin ? »
Méthodologie
Afin d’investir cette problématique, pour pouvoir répondre à notre question de recherche, la méthodologie mise en œuvre en examinant la carte électorale de la présidentielle de 2019, est adoptée. Toutefois, l’analyse des données collectées est effectuée en fonction des résultats des élections législatives du 31 juillet 2022 en vue de pouvoir sonder ses effets sur l’issue probable de l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Résultats
Inclusion des acteurs du redécoupage électoral
La réalisation de la carte électorale est encadrée par l’article L.66 du Code Electoral qui dispose: «Dans chaque commune, le nombre et la localisation des BV sont proposés au Ministre chargé des Élections par les préfets et les sous- préfets, compte tenu des circonstances locales et du nombre des électeurs, et après avoir recueilli l’avis consultatif du comité électoral.
Les demandes de suppression, de modification et de création de LV doivent être dûment motivées et recevoir le visa obligatoire de la C.E.N.A.
Le comité électoral est tenu informé du sort réservé aux propositions de modification de la carte électorale.»
Il ne ressort pas de l’analyse des données médiatiques collectées, des données probantes sur la consultation ou non des comités électoraux par le Ministre chargé des élections. Il n’en apparait pas non plus, de données qui permettent de confirmer ou d’infirmer que les modifications de la carte électorale ont été approuvées par la CENA.
Il appert donc de ce qui précède, que le processus de redécoupage qui a produit la carte électorale nationale et étrangère qui ont été transmis aux candidats en vue de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février 2024, sont le résultat de la mise en œuvre du pouvoir discrétionnaire du Ministre chargé des Élections conféré par l’article L.66 du code électoral.
Analyse des données empiriques
La carte électorale nationale et étrangère de l’élection présidentielle de 2024, ont été collectés auprès de membres de coalitions politiques ayant des candidats et d’acteurs de la société civile impliqué dans le processus électoral. Aussi, même si les cartes électorales ne sont pas disponibles par une publication officielle du Gouvernement du Sénégal, il est à estimer qu’elles sont des copies des versions officielles.
Dans la forme, les documents sont difficilement exploitables car non seulement ce sont des fichiers en format «Pdf» de 783 pour la carte nationale et 69 pages pour celle étrangère, mais en outre, les cartes électorales communales des 46 départements sont présentées de manière désordonnés. Ainsi, de la page 1 à 14 sont présentées celles du département de Bakel dans la région de Tambacounda, tandis que celles du département de Tambacounda de la même région, se trouvent de la page 680 à 695.
Malgré que les cartes électorales, ne soient pas sous format «Excel» pour faciliter leur exploitation, le traitement nécessaire a été fait pour extraire les données et ainsi procéder à leur analyse. Nous avons dans un premier temps généré les statistiques sur le nombre d’électeurs, par communes, par départements et par régions, et dans un second temps, nous avons fait un examen approfondi afin d’identifier les biais et distorsions pour pouvoir évaluer leurs conséquences sur les résultats de la présidentielle 2024.
Par rapport aux élections législatives du 31 juillet 2022, il y a une augmentation du nombre d’électeurs de 335 428. Sur le territoire national, il y en a eu 306 095 et à l’étranger 29 333.
Le nombre total de bureau de vote (BV) de la carte électorale est de 16 440. Dans le territoire national, il y a 15 633 bureaux de vote et 807 à l’étranger.
Sur le territoire national, 8 régions sur 14 constituent 80% de l’électorat avec 5 930 293 électeurs: Dakar 26.01% (1,829,823 électeurs), Thiès 14.26% (1,003,310 électeurs), Diourbel 9.04% (635,793 électeurs), Saint Louis 8.01% (563,642 électeurs), Kaolack 6.60% (464,438 électeurs), Louga 6.55% (460,639 électeurs), Fatick 4.95% (348,525 électeurs), Matam 4.49% (315,863 électeurs) et Ziguinchor 4.38% (308,260 électeurs).
Tandis que 24 départements avec 5 646 312 électeurs décident du scrutin parmi lesquels les 11 suivants: Dakar, Thiès, Pikine, Mbacké, Mbour, Rufisque, Tivaouane, Kaolak, Keur Massar, Podor, Guédiawaye qui ont plus de 200 000 électeurs. DAKAR se distingue nettement avec plus de 700 000 électeurs.
A l’étranger, les pays qui ont le plus d’électeurs sont3 pays Européens, France 22,68% (76 502 électeurs), Italie 15,30% (51 617 électeurs), Espagne 11,75% (39 616). Ils sont suivis de 3pays africains: Mauritanie 7,88% (26 590), Cote D'Ivoire 5,98 (20 177 électeurs) et Gabon 4,74% (15 996 électeurs).
Biais et distorsions
L’article L.66 du code électoral préconise qu’on peut affecter jusqu’à 600 électeurs par BV et qu’on peut affecter au dernier BV d’un LV, 650 électeurs pour éviter de créer un nouveau LV. Le nombre total de 16 440 BV ont été créés pour un électorat de 7 371 894. En vertu de la disposition précitée, on peut à estimer 3 910 le nombre de BV supplémentaires créés. Ce chiffre pourrait, cependant, être tempéré par les réalités géographiques.
Néanmoins, le résultat de l’analyse de la carte électorale indique des pratiques qui visent à ne pas atteindre le maximum de 600 d’électeurs, encore moins 650 par BV. Par exemple, dans la commune de Touba Mosquée (département Mbacké), au LV «UNIVERSITE TOUBA DAROU KHOUDOSS», 95 BV de 250 électeurs ont été créés contrairement aux préconisations de l’article L.66 du code électoral. Ainsi, plutôt que 49 BV au maximum, ce sont 95 qui sont créés.
Ainsi, avec de telles pratiques, 314 BV avec moins de 100 électeurs et 2736 de moins de 300 ont été créés sur le territoire national et tandis qu’à l’étranger, ce sont 5 BV de moins de 10 électeurs, 72 de moins de 100 électeurs, et 128 de moins de 300 électeurs.
Sur un nombre total de 7 371 894 électeurs, 7 033 854 sont sur le territoire national, donc l’issue du scrutin du 24 mars 2024 est déterminé par le vote national. Aussi, notre recherche de biais et distorsions pouvant impacter significativement les résultats de la présidentielle se focalise sur la carte électorale nationale.
Il ressort de l’examen de la carte électorale nationale que la nouvelle donnée électorale intitulée «Implantation» qui avait été introduite par le Ministre chargé des élections lors de l’élection présidentielle de 2019, y est toujours présente.
Pour rappel notre étude sur la carte électorale de l’élection présidentielle de 2019 a démontré que cette rubrique est utilisée pour créer des BV que le Ministre chargé des élections avait qualifiés de BV délocalisés. En réalité, ce sont des BV qui apparaissent dans 2 lieux de vote différentsdans la carte électorale: Une première fois dans la rubrique «Lieu de vote» et une deuxième fois dans la rubrique «Implantation». Pour y parvenir, ils sont délocalisés d’un lieu de vote vers un autre, sans les supprimer du bureau de vote de départ.
Il est à noter que non seulement la création de cette donnée électorale «Implantation» n’est pas prévue par l’article L.53 du code électoral, mais en outre, les informations qui y figurent sont invisibles aussi bien aux électeurs qu’aux candidats.
En effet, elles ne sont pas mentionnées ni dans les cartes d’électeurs, ni dans aucun des documents relatifs aux opérations électorales. Ce dernier constat est confirmé par la lettre de saisine du Préfet du département de Dakar, daté du 22 janvier 2024, ayant pour objet la désignation des représentants des candidats dans les bureaux de vote. Il n'y est pas fait référence à la rubrique «Implantation» dans le canevas qui leur est donné comme modèle par le Préfet pour désigner leurs représentants. En conséquence, les candidats à la présidentielle du 24 mars 2024 n’auront pas de représentants dans aucun des BV qui se trouve dans la rubrique «Implantation» de la carte électorale.
Il appert donc que ce sont des BV qualifies de délocalisés, qui peuvent aussi être étiquetés de fictifs, dupliqués ou parallèles. Mais quelle que soit la désignation, ils renvoient à la même réalité: Des bureaux de vote créés illégalement et introuvables par les électeurs et les candidats. Des lors, il est possible de fabriquer des procès-verbaux de résultats fictifs qui pourrait fausser les résultats de la présidentielle 2024. Il est donc fondamental de les déceler et identifier des réponses immédiates à implémenter.
Dans cette perspective, nous avons effectué une étude approfondie de la carte électorale. Et nous présentons nos résultats en commençant par quelques exemples tirés du département de Dakar.
Commune de Biscuiterie:
Les bureaux de vote (BV) № 20 à 24 sont aussi bien dans le lieu de vote (LV) « ECOLE BISCUITERIE »que dans « ECOLE NIANG » de la rubrique «Implantation». Pour rappel, a l’élection présidentielle de 2019 ces mêmes BV étaient délocalisés au LV « ECOLE OUAGOUNIAYES 1 ».
Commune de Cambérene
LV «ECOLE CAMBERENE 3»
En 2019, les BV № 13 à 16, soit 4 étaient délocalisés au LV « CEM CAMBERENE ». En 2024, les BV № 14 à 17, soit 4, ont été délocalisés au LV «CEM CAMBERENE 2».
LV «ECOLE SEYDINA ISSA LAYE»
En 2019, 18 des 26 BV délocalisés aux LV «SEYDINA I. LAYE A» et «SEYDINA I. LAYE B». En 2024, la même délocalisation est effectuée. Tandis que, les BV № 25, 26 et 27 sont délocalisés au LV «CEM SEYDINA ISSA LAYE».
Tous ces 18 BV auraient dû disparaitre du LV «ECOLE SEYDINA ISSA LAYE» et de nouveaux LV créés, à savoir «SEYDINA I. LAYE A» et «SEYDINA I. LAYE B».
Commune Fann Point E Amitié
LV «BUREAU DE COORDINATION TECHNIQUE» les 6 BV délocalisés au LV «ETSHOS IMED». Aux législatives de 2022, ils étaient délocalisés au LV «ITECOM CANAL 4».
Commune Grand Dakar
LV «ECOLE ISSA KANE (BASSAM GOUMBA)» 17 des 30 BV ont été délocalisés. Les 3 BV № 14, 15 et16 délocalisés au LV «ECOLE MAGUETTE C SARR (TAIBA G D)» tandis que les BV 17 à 30, soit 14, ont été délocalisés au LV «ECOLE PRIVEE LIMAMOULAYE».
Cette modification est effectuée depuis les législatives de 2022 car en 2019, les 3 BV № 14, 15 et 16 étaient délocalisés au LV «CEM ALIOUNE DIOP» et les BV 17 a 20 au LV «ECOLE MAGUETTE C.SARR» tandis que les BV 21 et 22 au LV «CENTRE SOCIOCULTUREL».
Commune Grand Yoff
LV «ECOLE MOR FALL (GRAND YOFF) » le BV № 13 délocalisé au LV «ECOLE KALIDOU SY ».
Les BV № 21 à 24 du «LV ECOLE KHAR YALLA » qui étaient délocalisés au LV «M.S. KER MAMADOU DRAME» en 2019, deviennent des abris provisoires en sus de 2 nouveaux BV créés (25 et 26).
En définitive, nous avons pu découvrir la création de 826 bureaux de vote fictifs dans les quels sont rattachés 469 291 électeurs.
Les régions qui comptent le plus de bureaux de vote fictifs sont Dakar 394 (240 535 électeurs), Thiès 111 (59 408 électeurs), Diourbel 43 (20 983 électeurs). Ce sont les 3 régions qui ont le plus d’électeurs au Sénégal, respectivement 26.01%, 14,26%, 9,04%. Elles déterminent donc l’issue de la présidentielle 2024.
Les régions qui comptent le moins de BV fictifs sont: Kolda 2, Ziguinchor 3, Sedhiou et Matam 4. La seule région qui n’a pas de BV fictifs est celle de Kédougou.
Les 8 communes qui ont le plus de bureaux de vote fictifs: Keur Massar Nord (38), MBour (36), Parcelles Assainies (34), Medina (33), Wakhinane Nimzat (33), Yeumbeul Nord (33), Diamaguene Sicap Mbao (32), Touba Mosquée (31).
L’examen de la carte électorale, nous a aussi permis de constater que le LV de certains BV sont identiques au nom de la commune et non le nom d’un édifice communal comme par exemple une école ou un collège d’enseignement moyen (CEM). Ainsi, la description du LV ne permet pas de localiser le BV contrairement aux dispositions de l’article L.66 du Code électoral. Ils sont ainsi des BV dont on ne sait où ils se trouvent dans la commune.
La commune de Saly Portudal (département de Mbour) dispose de 16 BV ayant comme LV «Saly Portudal». Dans le département de Tivaouane, la commune de Pire Goureye, 14 BV sont implantés dans le LV «Pire Goureye». La commune de Fanaye (département de Podor),11 BV ont comme lieu d’implantation le LV «Fanaye».
Au total, 1054 BV non localisables ont été identifiés dans la carte électorale nationale dans lesquels sont affectés 529 203 électeurs. Les régions qui en disposent le plus sont: Thiès (176), Saint Louis (125), Louga (116), Fatick 102. Et celles qui en ont le moins sont: Kedougou (23), Kaffrine (49), Ziguinchor (31), Matam (52). Il est à noter qu’il n’y a pas de BV non localisables dans la région de Dakar.
Dans la carte électorale étrangère aussi, le lieu d’implantation de chaque BV n’est pas précisément indiqué conformément aux dispositions de l’article L.66 du code électoral. Dans la carte électorale nationale, le nom de la commune est utilisé comme lieu d’implantation, dans celle étrangère c’est le nom de la ville qui est indiquée comme LV pour rendre le BV non localisable.
En faisant un décompte sur la base de ce constat, nous avons découverts que sur 807 BV, il n’y que 5 qui sont localisables : 1 BV à Tunis (Tunisie) et 4 BV à Banjul (Gambie). Ainsi, il y a 802 BV non localisables, par conséquent, à l’étranger sur les 338 040 électeurs, il n’y en a que 2032 dont le droit de vote est garanti car ils peuvent retrouver facilement leurs BV.
Quant au vote des 336 008 électeurs de l’étranger dont les BV ne sont pas localisables, soit, l’information sur le LV qui abrite le BV dans lequel le nom de l’électeur figure sur les listes électorales leur est donné officieusement, soit, c’est faire le tour de tous les LV de la ville pour le trouver. Cette dernière éventualité est impossible.
Donc, l’exclusion du scrutin d’un électeur rattache à un BV non localisable est assuré. Ainsi, on peut trier, choisir qui peut voter ou non, selon que son opinion politique est favorable ou défavorable. A cet effet, il suffit juste créer son propre fichier électoral (base de données) sur ses électeurs potentiels.
La carte électorale ne contient pas que des BV fictifs et non localisables, il a été aussi constaté la création de 1998 abris provisoires dans lesquels doivent voter 1 025 085 électeurs. Les régions ou il y a le plus d’abris provisoires sont: Diourbel (691), Kaffrine (212), Tambacounda (210), Thiès (197) et Louga (169).
Ce travail de recherche sur les biais et distorsions de la carte électorale de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 a permis de découvrir 826 BV fictifs, 1054 non localisables et 1998 abris provisoires mais aussi un nombre excessif de BV évalué à 3910. Aussi, la tendance qui se dégage de ces résultats indiquent qu’il y aurait certainement beaucoup plus de BV fictifs et non localisables à découvrir. Ne disposant pas de connaissances géographiques précises sur toutes les communes, cette recherche est inachevée.
Ainsi donc, ce travail n’est pas exhaustif. En effet, pour pouvoir identifier tous les BV fictifs et non localisables, il faut une bonne connaissance de la géographie et des infrastructures de chaque commune. Un tel travail demande des ressources humains et financières dont nous ne disposons pas.
En définitive, il est à constater que d’une part, il en a résulté de ce «Charcutage électoral» de la carte électorale un nombre de bureaux de vote excessifs de 3910. En conséquence, un tel nombre 16 440 BV pourrait empêcher les candidats d’observer le déroulement du scrutin le 24 mars 2024, donc un frein à leur capacité à garantir l’intégrité du scrutin.
En outre, l’existence dans la carte électorale de BV fictifs, non localisables et d’abris provisoires auront pour conséquence la désorientation et la confusion des électeurs impactés qui pourraient ainsi être privés de vote mais surtout amène la possibilité de créer des procès-verbaux de résultats fictifs.
Ces résultats de l’étude de la carte électorale nous permettent de tirer des conclusions qui seront les fondements de note évaluation de ses impacts éventuels sur les résultats de la présidentielle du 24 mars 2024.
Impacts éventuels sur les résultats et réponses préconisées
Un nombre excessif de BV ont été créés ce qui pourrait altérer les capacités des candidats à faire un travail de « police électorale » pour s’assurer que les adversaires ne trichent pas. La difficulté de mobiliser des représentants dans les 16 440 BV concerne surtout les candidats de l’opposition, en considérant leurs moyens en ressources humaines et financières limitées. La réponse serait une mutualisation des ressources. A défaut, ils ne pourront pas contester les résultats des BV dans lesquels ils ne sont pas présents.
Une carte électorale truffée de bureaux de vote fictifs, non localisables et d’abris provisoires peut permettre, d’une part de priver de vote à des centaines de milliers d’électeurs, et d’autre part, de fabriquer des procès-verbaux fictifs.
Les 469 291 électeurs affectés par la délocalisation de leurs bureaux de vote doivent avoir leurs cartes d’électeurs réédites pour pouvoir voter. Il est à considérer qu’ils ne voteront pas car rien n’indique que ce travail a été fait, en outre, il n’y a aucune campagne de communication des autorités afin de les informer d’une telle situation et les inciter à aller récupérer leur nouvelle carte d’électeurs. A 10 dix jours du scrutin, il est à considérer qu’ils ne pourraient pas participer au scrutin du 24 mars 2024, à moins que les autorités ne prennent la décision de les autoriser à voter dans le dernier LV dans lequel ils ont voté.
Une telle mesure avait été prise à la présidentielle de 2019 quand des milliers d’électeurs ne parvenaient pas à trouver leurs bureaux de vote. Toutefois, une telle solution ouvre la voie à des fraudes électorales par des votes multiples pour tout électeur qui a en sa possession plus d’une carte d’électeur. Donc, c’est une solution risquée qui pourrait éventuellement saper l’intégrité du scrutin.
Les électeurs dont les BV sont délocalisés ne sont les seuls à être sous la menace d’être exclus de la présidentielle 2024. Il y a aussi 865 211 électeurs, répartis dans 1856 BV dont 1054 sur le territoire national et 802 à l’étranger, qui sont affectés par les BV non localisables et qui risquent de ne pas voter car n’arrivant pas à trouver leur BV.
La solution à ce risque est d’amener les autorités à publier immédiatement le fichier électoral avec le lieu d’implantation exact de chaque bureau de vote. Des lors, une intense campagne de communication peut être mise en œuvre pour inciter les électeurs à vérifier leur situation électorale. Ainsi, ces électeurs pourront avoir la possibilité de jouir de leur droit de vote.
Enfin, il y a la question des BV qui peuvent être des sources de procès-verbaux fictifs de résultats.
A la lumière de notre étude sur la carte électorale de la présidentielle de 2019, les bureaux de vote fictifs pourraient avoir un impact significatif sur l’issue de la présidentielle 2024.
Pour trouver une réponse à ce risque, il est d’abord question de savoir et comprendre, comment de tels procès-verbaux peuvent être acheminés dans les commissions départementales de recensement des votes et ainsi être décomptés dans les résultats provisoires qu’elles publient.
Des lors, se posent d’abord les questions cruciales relatives à l’encadrement légal du plan de ramassage des procès-verbaux et de la compilation des suffrages.
L’article L.87 du code électoral dispose:«Un plan de ramassage des plis destinés à la commission départementale de recensement des votes est établi par l’autorité administrative. Il est mis en œuvre, sous le contrôle des délégués de la Cour d’Appel. Il est porté à la connaissance des représentants des candidats ou liste de candidats et est transmis à la C.E.N.A, pour visa, au moins soixante-douze heures avant le jour du scrutin. En cas de modification, la C.E.N.A, est immédiatement saisie.»
Le premier était conforme aux dispositions de l’article L.87 du code électoral. Quant au second, il est libellé comme suit: «Si le président du bureau de vote est lui-même désigné par l’autorité administrative pour transmettre le procès-verbal original, il doit se conformer au plan de ramassage et ne pas prendre des initiatives qui risquent d’entraîner la perte du précieux document. Il doit, notamment, attendre sur place l’arrivée du véhicule mis à sa disposition par l’administration pour déposer directement l’enveloppe à la commission départementale de recensement des votes.»
Il ressort de ce qui précède que dans le 1er plan de ramassage, l’autorité administrative envoie une équipe pour collecter les procès-verbaux et dans le second, elle demande au président du BV d’amener en personne le procès-verbal à la commission départementale de recensement des votes.
En vertu, des dispositions de l’article L.87 du code électoral, le deuxième plan de ramassage est illégal. Et c’est ce plan de ramassage qui permet de faire parvenir à la commission départementale des votes des procès-verbaux fictifs. Aussi, il est fondamental qu’un tel plan de ramassage ne soit pas mis en œuvre à nouveau.
A cet effet, il faut que les autorités publient dès à présent le guide pratique d'organisation et de fonctionnement du bureau de vote de l'élection présidentielle du 24 mars 2024, afin que les parties prenantes au scrutin, les candidats en particulier, s’assurent que ce plan de ramassage n’est pas prévu.
Le travail de compilation des procès-verbaux, aussi bien a la commission départementale qu’a la commission nationale est encadre par l’article LO.143 du code électoral. Il en appert que ce sont 3 magistrats qui délibèrent sur les procès-verbaux de résultats. Toutefois, ils n’ont pas le pouvoir de les annuler. En cas de doutes, ils ne peuvent tout au plus que faire des observations sur les procès-verbaux de la commission départementale.
Ainsi donc, ces magistrats dans leur travail de compilation des résultats, ils ne peuvent faire que des opérations d’additions et non de soustractions. Autrement dit, tout procès-verbal fictif qui arrive dans la commission départementale de recensement des votes est ajouté au décompte.
Enfin, en cas de destruction, de substitution, de perte ou de vol des originaux des procès-verbaux, les exemplaires détenus par les deux tiers (2/3) des représentants de candidats ou de listes de candidats feront foi au même titre que celui du représentant de la C.E.N.A.
En considérant tout ce qui précède, tout procès-verbal fictif acheminé à la commission départementale de recensement des votes est validé.
Enfin, il est à noter que dans les procès-verbaux des commissions départementales de recensement des votes le nombre de procès-verbaux de BV traités n’est pas mentionnés. Donc, il est impossible de savoir si leur nombre dépasse celui qui est fixé par la carte électorale.
Il ressort de cette analyse que l’un des points de vigilance maximal du scrutin est l’acheminement des procès-verbaux à la commission départementale de recensement des votes.
La réponse à toutes menaces sur la sincérité du scrutin, est d’abord, de s’assurer dès à présent qu’un plan de ramassage parallèle n’est pas prévu, et ensuite, de communiquer sur l’existence de BV qui pourraient être éventuellement transformés en BV fictifs.
En définitive, il apparait que les procès-verbaux ne sont pas traitées au niveau départemental mais national. Cependant, la commission nationale de recensement des votes, ainsi que les représentants des candidats, vu le temps imparti pour délibérer et publier les résultats, ne peuvent pas assurer ce travail titanesque.
En effet, il y aura à l’élection présidentielle du 24 mars 2024, 16 440 procès-verbaux de résultats. Et vu le temps imparti pour publier les résultats provisoires et officiels, la Commission nationale de recensement des votes ainsi que le Conseil constitutionnel, n’ont ni le temps, ni les ressources humaines pour considérer et traiter les observations sur tous les procès-verbaux. Ils n’ont pas le temps de reprendre un à un, les 16 440 procès-verbaux pour délibérer sur les observations. Il ne faut donc pas tomber dans le piège du «faites vos observations pour pouvoir ensuite saisir le juge électoral» pour ne pas assurer un contrôle rigoureux depuis le ramassage des procès-verbaux vers la commission départementale de recensement des votes.
Des menaces sur l’intégrité du scrutin ont été identifiés dans cette étude de la carte électorale et des préconisations ont été formulées pour y répondre. A défaut de leur mise en œuvre, les résultats définitifs de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 pourraient ne pas refléter la volonté de la majorité des Sénégalais.
Après le 2 avril, nous aurons enfin le Sénégal dont tous les Sénégalais rêvent. C’est du moins ce dont on peut se convaincre à lire les programmes des différents candidats à la présidentielle
Après le 2 avril, nous aurons enfin le Sénégal dont tous les Sénégalais rêvent. C’est du moins ce dont on peut se convaincre à lire les programmes des différents candidats à la présidentielle. Une lecture revigorante, qui permet de se convaincre, si besoin en était, que le Sénégal est un pays aussi riche en ressources humaines que naturelles. Tous les candidats nous promettent un développement endogène, autocentré, mais ouvert sur les pays africains. Certains de ces programmes ne sont pas très détaillés, et on ne sait pas s’il s’agit juste d’ébauches ou si les concepteurs se sont retrouvés subitement à court d’idées et ne pouvaient produire plus.
Je n’ai pas non plus lu tous les programmes de tous les 19 candidats, je dois l’avouer. Ainsi, celui de Amadou Ba, le candidat officiel de la Coalition Benno, m’a semblé tellement tiré du Plan Sénégal émergent dont le candidat a d’ailleurs été le principal maître d’œuvre et défenseur, qu’il ne m’a pas semblé nécessaire de tout parcourir. D’autant plus que ce fameux Pse a été la cible des attaques dans certains autres de ces programmes rivaux. Normal aussi, si l’on se dit que chacun des candidats se positionne par rapport à l’existant. Et sur ce point, il y aurait beaucoup à dire.
Entre le candidat qui nous promet dans les deux années de son accession à la magistrature suprême, un accès quasi généralisé à l’eau potable, à l’électricité, à l’éducation et à la santé, ou l’autre qui nous assure une baisse de plus de la moitié des prix des denrées de première nécessité, sans oublier l’autre qui veut garantir aux paysans un prix plancher de commercialisation de l’arachide à 500 francs le kilo, il y a de quoi avoir l’embarras du choix.
Quand on ose se poser la question de savoir où le pays va trouver les moyens de mettre tout cela en musique, certains nous promettent à terme, notre propre monnaie, avec notre banque centrale nationale.
Il ne faut pas non plus oublier l’apport attendu des recettes tirées de l’exploitation des hydrocarbures. L’intérêt de ces programmes, c’est de montrer que l’on a jusqu’ici eu à la tête du pays, des personnes soit incapables, soit vraiment pas intéressées par les intérêts du pays. Ainsi, quand ce candidat dit par exemple : «nous développerons nos capacités de production et nos produits locaux pour mieux répondre à la demande intérieure en tenant compte des exigences liées à la protection de l’environnement. Nous développerons, professionnaliserons et moderniserons le commerce de proximité. Nous développerons les infrastructures routières, ferroviaires et maritimes pour faciliter le transport des matières premières et des produits agricoles, et l’accès aux zones agricoles. Nous renforcerons la promotion de la consommation locale et des produits de nos terroirs par : - La valorisation de notre identité culinaire en revisitant les recettes sénégalaises et en innovant ou réinventant nos plats locaux ou africains ; - La labellisation et la production de nos produits locaux et leur protection (ex. Aoc).
Nous mettrons en place une politique de priorité nationale réservant à nos entrepreneurs et producteurs locaux une proportion des marchés de la commande publique», on doit pouvoir se dire que si les politiques mises en œuvre à ce jour, qui étaient tout à fait similaires, n’ont pas produit les résultats escomptés, c’est que les personnes chargées de leur mise en œuvre n’ont pas fait montre de bonne volonté.
D’ailleurs, la preuve est que même la seule véritable agence des statistiques de ce pays n’est pas vraiment fiable. C’est pourquoi, dit ce candidat : «Nous doterons l’Ansd de moyens financiers et humains suffisants, pour lui permettre de fournir des données statistiques fiables.» Là, il n’a pas tort, quand on se dit qu’une bonne partie du budget de l’Ansd provient des ressources des bailleurs étrangers, qui lui imposent des règles strictes de fiabilité pour pouvoir continuer à en bénéficier. Ce qui fait qu’il est difficile pour le gouvernement de contrôler les données publiées par cet organisme.
Il y a aussi la volonté de développement du secteur privé. Ce candidat veut : «Formaliser la participation du privé national par le système d’actionnariat dans les sociétés de droit sénégalais ; mettre en place un titre foncier agro-industriel et responsabiliser le privé national dans la création de l’emploi ; institutionnaliser la préférence nationale permettant de disposer de points de bonification pour accéder à la commande publique et à l’investissement industriel (discrimination positive).» Macky Sall et, avant lui, Abdoulaye Wade et Abdou Diouf ont buté sur la participation du privé dans les politiques économiques pensées et imaginées par l’Etat. Souhaitons aux nouveaux venus d’avoir de meilleurs résultats. On imagine que s’ils réussissent, c’est le pays et le Peuple sénégalais qui en bénéficieront. A condition que certains d’entre eux reconnaissent qu’ils ne partent pas sur un terrain vierge. A moins qu’ils ne veuillent que ces jeunes qu’ils entraînent derrière leurs cortèges leur posent la question : «Avons-nous une place dans ce monde futur ?»
Par Boubacar Biro DIALLO
PROMOUVOIR L’ENTREPRENAIT AFRICAIN, DÉFIS ET PERSPECTIVES
En tant que jeune professionnel africain, je me suis souvent trouvé à réfléchir sur les dynamiques complexes qui régissent le paysage entrepreneurial en Afrique.
En tant que jeune professionnel africain, je me suis souvent trouvé à réfléchir sur les dynamiques complexes qui régissent le paysage entrepreneurial en Afrique. Une observation qui m’a particulièrement interpellé est la disparité frappante entre les organisations fondées et dirigées par des Occidentaux prospérant sur le sol africain et la difficulté rencontrée par les initiatives africaines pour s’implanter et réussir en occident. Même en Afrique, les entreprises et organisations de développement créées par des Africains peinent souvent à impacter leur environnement de manière significative comparée aux initiatives occidentales.
Cette disparité soulève des questions profondes sur les barrières structurelles et systémiques auxquelles sont confrontés les entrepreneurs africains, ainsi que sur les perceptions et les préjugés qui persistent sur le continent africain et l’Homme africain d’une manière générale.
Premièrement, examinons la situation en Afrique. Malgré les vastes ressources et opportunités présentes sur le continent, de nombreuses entreprises africaines rencontrent des défis considérables pour prospérer. Des obstacles tels que l’instabilité politique, la corruption, les infrastructures sous-développées et les lacunes dans l’éducation et la formation professionnelle entravent souvent la croissance et le succès des entreprises locales. De plus, l’accès limité au financement, en particulier pour les entrepreneurs issus de milieux défavorisés ou pour les femmes entrepreneures, constitue un autre obstacle majeur.
D’autre part, les entreprises occidentales ou dirigées par «des Blancs» opérant en Afrique bénéficient souvent d’avantages tels qu’un accès plus facile aux financements, des réseaux de contacts établis, une expertise technologique avancée et une meilleure crédibilité auprès des investisseurs et des clients locaux et des préjugés positifs. Ces entreprises peuvent également bénéficier de politiques gouvernementales favorables ou de partenariats avec des entreprises étrangères qui leur donnent un avantage concurrentiel sur les entreprises locales.
En ce qui concerne l’expansion des entreprises africaines en dehors du continent, une série de défis se présente également. Les obstacles liés à la réglementation, aux visas et aux barrières commerciales compliquent souvent le processus d’entrée sur les marchés européens et américains. De plus, les perceptions négatives et les stéréotypes persistants sur l’Afrique et ses capacités entrepreneuriales peuvent limiter les opportunités de croissance à l’étranger pour les entreprises africaines.
Face à ces défis, il est impératif de prendre des mesures pour promouvoir et soutenir l’entrepreneuriat africain, à la fois sur le continent et à l’échelle internationale. Cela implique de créer un environnement propice aux affaires en Afrique en s’attaquant aux obstacles structurels tels que la corruption, en renforçant les infrastructures et en investissant dans l’éducation et la formation professionnelle. De plus, il est essentiel de promouvoir l’inclusion financière et de fournir un accès équitable au financement pour tous les entrepreneurs, indépendamment de leur origine ou de leur genre.
Sur la scène internationale, il est nécessaire de combattre les préjugés et les stéréotypes qui entravent la progression des entreprises africaines à l’étranger. Cela peut passer par des campagnes de sensibilisation visant à changer les perceptions sur l’entrepreneuriat africain, ainsi que par des initiatives visant à faciliter l’accès des entreprises africaines aux marchés mondiaux. Les États africains doivent aussi renforcer leur diplomatie économique et mieux soutenir les entrepreneurs nationaux.
En conclusion, en tant que jeune professionnel africain, je suis convaincu que l’entrepreneuriat africain a un potentiel immense pour stimuler la croissance économique, créer des emplois et promouvoir le développement durable. Cependant, pour réaliser pleinement ce potentiel, il est impératif de surmonter les obstacles structurels et les préjugés persistants qui entravent la réussite des entreprises africaines, tant sur le continent qu’à l’étranger.
Par Félix NZALE
QUELS PROGRAMMES POUR QUEL SENEGAL ?
Il serait nécessaire et impératif de rappeler aux différents candidats à la présidentielle que les Sénégalais ont assez souffert de l’incurie et de l’ochlocratie dans lesquelles on les a sans cesse plongés
La campagne électorale est lancée sur fond de promesses tous azimuts. Au cas où ils l’ignoreraient ou feraient semblant de l’ignorer, il serait alors nécessaire et impératif de rappeler aux différents candidats à la présidentielle que les Sénégalais ont assez souffert de l’incurie et de l’ochlocratie dans lesquelles on les a sans cesse plongés. Parce qu’aux yeux des «élus» et d’après une certaine conception de la démocratie bien de chez nous, le peuple n’est rien moins qu’une fiction utile.
Le Sénégal, avec l’exploitation imminente de ses ressources gazières et pétrolières, s’engage dans une nouvelle ère. Ces richesses, assurément, vont susciter des convoitises et alimenter des crises. L’éducation, la santé, la bonne gouvernance, l’enseignement supérieur… les chantiers sont nombreux et vastes qui ont souvent été lassé en jachère par nos dirigeants successifs. Parce qu’une fois qu’ils sont installés, ils lambinent. Oubliées les promesses plus tôt paraphées ; les magouilles et la politique politicienne prennent le dessus et s’imposent comme mode de gouvernance. Nos chers élus ne se cassent alors même plus la tête à se poser des questions sur les choix stratégiques, sur la trajectoire que devrait prendre notre pays, sur les actes à poser. On n’est plus dans l’inquiétude éthique, mais dans une éthique inquiétante.
Ils nous disent tous qu’ils ont de bons programmes. En quatre jours de campagne, les populations en sont encore à entendre des promesses. Un programme, c’est tout autre chose. En l’occurrence, il tient à un ensemble de projets à gérer de façon groupée en vue de réaliser des économies d’échelle. Le cas échéant, à quoi sert un «bon programme» s’il est porté par des têtes pourries ? On attend des candidats des exposés clairs et détaillés des principes et des différents objectifs dans la perspective d’un Sénégal uni, libre, fier et prospère. Mais ils en sont encore à vendre du vent et à ergoter sur des vétilles. Sauf que maintenant les populations sont averties.
Par PAPA MOCTAR SARR
OPTIMISATION DE L’INFRASTRUCTURE ENERGETIQUE AU SENEGAL
Le bon sens commun conclut toujours que la diversité nourrit la possibilité du choix et que celui-ci n’est jamais neutre dans ses conséquences
La recherche de l’accès à une énergie optimale - au sens que ce prédicat prend quand appliqué à un facteur de production essentiel - demeure plus que jamais un thème central du programme politique des candidats à l’exercice du pouvoir dans les pays du monde où la sanction démocratique à cet égard résulte des choix faits par la population concernée. Le Sénégal propose un exemple de ce contexte institutionnel et - plus singulièrement - le Sénégal possède le privilège de connaitre un « embarras du choix » en matière d’approvisionnement énergétique par la diversité des sources d’énergie industriellement accessibles à l’économie nationale.
Le bon sens commun conclut toujours que la diversité nourrit la possibilité du choix et que celui-ci n’est jamais neutre dans ses conséquences.
Le privilège de pouvoir choisir implique le devoir de s’organiser pour faire le meilleur choix possible.
Avec l’objectif de susciter une réflexion et une action relativement aux voies et moyens d’une politique de l’optimum énergétique je pense opportun, en ma qualité d’investisseur industriel dans le secteur de l’énergie, de résumer dans cet article les attendus autant que les exigences d’une telle politique dont les bénéfices à notre portée sont de magnitude considérable propre à promouvoir la croissance économique et le pouvoir d’achat au Sénégal.
En premier lieu, la richesse du portefeuille énergétique du Sénégal demande à être mise en exergue pour constituer une spécificité majeure à plusieurs égards. Dans cette perspective le portefeuille en question est rappelé ci-après :
• Ressources pétrolières dans les eaux territoriales prévues d’entrer en exploitation prochainement dans un cadre contractuel dit de partage de production. La raffinerie de Dakar est en mesure de traiter le pétrole brut pour produire du gaz, des carburants, des combustibles et un résidu en vue d’alimenter le marché national et/ou de fournir à l’exportation.
• Ressources gazières importantes exploitables pareillement au gisement de pétrole brut et destinées à alimenter localement la filière dite « gas to power » ou de trouver un exutoire sur d’autres marchés. Cette dernière éventualité peut s’avérer un facteur critique de l’économie du gisement.
• Ressources voltaïques accessibles efficacement en conséquence de l’ensoleillement du territoire national et de la disponibilité de périmètres fonciers de premiers choix à savoir sans emploi alternatif pour des activités agricoles ou pour une viabilisation en terrains constructibles. Outre la limite en termes de sites éligibles -limite théorique au moins à cette étape - qui s’impose à la croissance de la ressource voltaïque doit aussi être fait mention de l’inconvénient inhérent à cette technologie de la nécessité économique du stockage de l’énergie électrique au moyen de batteries pour surmonter le chômage des installations en période d’obscurité.
• La ressource du turbinage éolien reste peu utilisée au Sénégal notamment dans sa version récente qui prend la forme d’un champ d’éoliennes marines en haute mer pour bénéficier de vents réguliers peu affectés par la séquence diurne-nocturne et pour faire un plein usage d’une implantation loin des côtes pour recourir à des moulins de grande taille capables d’entrainer des générateurs très puissants. La situation géographique du Sénégal laisse présager de conditions éoliennes favorables à la mise en œuvre du dispositif ici sommairement mentionné.
• La ressource hydraulique demeure celle dont la technicité a beaucoup évolué en termes de rendement et de flexibilité de fonctionnement. Par ailleurs la politique du « partage de l’eau » s’est généralisée particulièrement pour les cours d’eau assurant par ailleurs l’irrigation des cultures vivrières. La ressource hydraulique consacrée à un seul emploi énergétique tend à se raréfier.
• La ressource de la biomasse ne justifie d’être citée que par souci de complétude car ladite ressource ne s’inscrit pas significativement dans le cycle économique que connait le Sénégal. Des initiatives locales restent néanmoins possibles Le tableau ainsi dressé des ressources énergétiques du Sénégal se limite à faire mention de celles susceptibles « d’entrer en concurrence pour de bonnes raisons » en conséquence de priorités économiques légitimes et de la contribution nécessaire à la coopération internationale de préservation de l’environnement. Ainsi la ressource charbonnière est-elle exclue bien que disponible commercialement et extensivement sollicité dans des économies comparables à celle du Sénégal.
Il n’est certainement pas neutre de noter que ces sources primaires présentent une caractéristique commune à savoir celle d’impliquer un facteur énergétique initial -hydrocarbures géologiques, lumière solaire, mouvements atmosphériques -en libre accès tel un bien public dont le coût se résume aux dépenses engagées pour le capter et le distribuer. Il n’en reste pas moins vrai que ces sources d’énergie primaire affichent des coûts d’exploitation différents qui demandent à être établis en tenant compte de tous les facteurs de production et en excluant les subsides promotionnels sans contrepartie quantifiable. Par ailleurs une hypothèse doit être faite et justifiée sur le coût des facteurs énergétiques initiaux en particulier dans le cas des hydrocarbures géologiques et notamment pour ceux-ci en fonction de leur valeur intrinsèque à long terme.
Une telle comptabilité se doit d’avoir tous les mérites de la transparence. Cette condition semble « aller de soi » si l’ambition affichée est de se rapprocher d’un objectif permanent d’optimum énergétique. La transparence en question génère la crédibilité indispensable à la crédibilité même de l’optimisation entreprise dans la mesure où les conditions ci-après résumées sont réunies :
¥ Les comptes ne s’entendent pas comme des comptes d’entreprises mais comme des comptes typiques d’une filière énergétique telle que celle de « gas to power » ou celle de « sun to power or wind to power » ou bien celle également critique de « oil to products ».
¥ Ces comptes - comme les autres « données de contexte » -doivent être rigoureusement explicites sur toutes les dispositions particulières pertinentes au regard de l’exercice d’optimisation dont ceux qui suivent : subside et contrepartie, garantie gouvernementale sur les recettes ou les emprunts, régime d’amortissement favorable, dette auprès du Trésor, accès au foncier, politique de dividende, dépenses par sous-traitance de services, valeur du stock de matériel, montant des achats en devises étrangères. Dans le cadre d’une pratique régulière de l’exercice d’optimisation d’autres qualifications de nature comptable peuvent s’avérer utiles.
Secondement le sens commun nous enseigne la nécessité de se donner des critères objectifs dans toute entreprise multidisciplinaire qui aspire à identifier parmi les choix possibles celui qui mérite d’être qualifié d’optimal compte tenu des contraintes qui s’imposent aux décideurs. S’agissant de la recherche d’un optimum énergétique les matériels, équipements et modes opératoires impliqués ressortissent à une infrastructure dédiée et à ce titre plusieurs critères d’évaluation s’avèrent pertinents dont ceux qui suivent sans ordre hiérarchique.
¥ La prudence qui doit présider à toute démarche qui vise à choisir une technologie et une technique industrielles pour le long terme.
¥ La fiabilité des procédés techniques et gestionnaires impliqués inclusivement
¥ La sûreté de l’accès à l’assistance et aux pièces de rechange
¥ L’impact sur l’environnement à court et long terme
¥ Le coût économique réel hors fiscalité et/ou subsides Ces critères sont d’application courante et ils peuvent être complétés selon le besoin. Par ailleurs l’expérience acquise nationalement et internationalement renseigne sur les valeurs de référence à associer à de tels critères.
En possession des choix qui nous échoient et des principaux critères d’évaluation technique et gestionnaire des infrastructures énergétiques considérées il s’avère nécessaire, en troisième lieu, de s’assurer de la pertinence - ou son contraire-des paramètres de contexte déterminant à bien des égards de la structure technico-économique du secteur de l’énergie. Parmi ces paramètres sont à mentionner particulièrement - et selon les différentes sources -les prix publics hors taxes à la consommation, la fiscalité sous ses différentes formes, les prix de revient réels de chaque fluide, les modalités d’exploitation des gisement nationaux d’hydrocarbures et bien évidemment la prévision de la demande énergétique. Concernant la production de l’électricité une hypothèse de travail - par sources - doit être retenue relativement à la capacité de production de réserve gardée disponible. Pour permettre leur utilisation efficace ces données quantitatives du contexte énergétique ainsi brièvement précisées doivent bénéficier d’une garantie de sincérité et de transparence.
La quatrième étape de cette démarche se trouve naturellement consacrée aux enjeux qu’une politique de l’optimum énergétique permet de saisir dans leurs fondements et de trancher favorablement à l’intérêt général. Ces enjeux sont multiples et pour en illustrer la dimension socio-économique très significative plusieurs d’entre eux se voient rappelés ci-après dans les termes simplifiés de leurs tenants et aboutissants.
• Assurer la pleine exploitation des gisements nationaux d’hydrocarbures en accédant à des débouchés régionaux en synergie avec le Sénégal tel le Maroc ou en participant au marché mondial du gaz naturel liquéfié. Une alternative possible peut consister à rejoindre un réseau d’oléoducs existant ou bien à produire et exporter de l’électricité. Le choix de promouvoir la distribution du gaz naturel nationalement peut s’avérer un levier de croissance.
• Remembrer la production nationale d’électricité dans le but de bénéficier des économies d’échelle. Dans cette perspective la capacité de production d’électricité éventuellement en surplus momentanément doit alors trouver un débouché régional. La filière photovoltaïque demeure techniquement morcelée et donc inéligible à une fin de remembrement.
• Évaluer en détail suffisant les avantages et les inconvénients des sources renouvelables d’énergie ainsi que les contreparties bénéfiques éventuellement accessibles hors du secteur de l’énergie. Selon les circonstances le choix d’une source d’énergie renouvelable peut résulter en une moindre - ou beaucoup plus tardive -récupération du potentiel des gisements d’hydrocarbures donc en une perte majeure de revenus.
¥ Promouvoir la filière éolienne notamment sous la forme de parc maritime de moulins peu sensible à l’alternance diurne nocturne et permettant d’atteindre une capacité de production élevée.
¥ Dresser un nouveau périmètre de régionalisation des échanges de fluides énergétiques en exploitant les synergies latentes et/ou les complémentarités patentes. Dans cette perspective le rôle du site de raffinage de Dakar peut s’accroître significativement et justifier l’installation de nouveaux procédés à faible niveau de résidu lourd peu commerçable.
Les enjeux présentés ci-dessus sous le format d’une description sommaire ne constituent pas une liste complète mais ils mettent en évidence l’ambition que peut se donner une politique de l’optimum énergétique.
En dernier lieu il apparaitra à beaucoup que la question de la mise en œuvre d’une politique de l’optimum énergétique mérite d’être abordée avec beaucoup de sens pratique. L’organisation chargée de mener à bien les travaux devant « aider à prendre la bonne décision » doit satisfaire à plusieurs exigences dans son fonctionnement dont celles porteuses des qualités organisationnelles suivantes :
¥ Compétente de premier rang pour l’évaluation générale des dispositifs industriels d’infrastructure énergétique en rassemblant les spécialités d’ingénierie technico-économique nécessaire au sein d’une équipe sous une autorité dirigeante charismatique.
¥ Indépendante fonctionnellement pour proscrire toute forme de conflit d’intérêt ou de prévarication en prévoyant une tutelle administrative par une autorité non partie prenante à la décision ultime.
• Renouvelée fréquemment dans le but de prévenir une bureaucratisation sous différentes formes et promouvoir la modernité des savoirs et des méthodes.
Les ressources humaines de profils satisfaisant à ces exigences demeurent mobilisables au Sénégal et l’expérience internationale d’une telle initiative reste accessible.
L’optimisation de l’infrastructure énergétique trouve donc un champ d’application riche d’opportunités accessibles dans un délai le meilleur compte tenu de la nature des équipement et matériels impliqués autant que de la demande d’énergie dans le contexte régional. Les travaux de l’optimisation de l’infrastructure énergétique viennent en complément directe de ceux qui s’intéressent aux leviers de la croissance économique. Nous disposons d’un consensus sur ce qu’il faut faire au mieux avec tout ce dont on dispose. Tel est en effet le propos que je tiens dans cette courte contribution sous la rubrique de la politique de l’optimum énergétique. J’espère que le thème de la recherche de l’optimum énergétique s’inscrira parmi ceux de notre prochain débat et je me joins à tous ceux qui l’appellent de leurs vœux pour le bénéfice de nos concitoyens.
par Fary Ndao
NOTRE SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE PASSERA PAR LA MAÎTRISE DES ENGRAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Outre l'acquisition d’un statut de pays exportateur d’hydrocarbures, notre pays a l’opportunité de produire localement, grâce au gaz naturel, des engrais synthétiques azotés et, notamment, le plus riche d’entre eux, l’urée
La souveraineté alimentaire est apparue, ces derniers jours, comme une préoccupation majeure chez la plupart des candidats qui sont sur la ligne de départ de la présidentielle du 24 mars 2024. En effet, qu'il s’agisse des programmes d’Idrissa Seck, de Thierno Alassane Sall, Bassirou Diomaye Faye, Amadou Ba, d’Aliou Mamadou Dia ou de Pape Djibril Fall, le terme revient, avec son lot d’orientations et de propositions fortes. Je tenterai dans cet article d’approfondir la question cruciale des engrais, intrants indispensables, aux côtés de l’eau et des semences, pour réussir à atteindre cette souveraineté qui est un impératif dans un monde incertain et qui se réchauffe.
Pourquoi les engrais ont-ils un rôle si important ?
Si notre pays a réalisé des progrès importants au cours de la dernière décennie dans la production locale de riz blanc (décortiqué), passant de 305 000 tonnes produites en 2012 à 910 000 tonnes en 2022, nous continuons encore à en importer, en moyenne, 900 000 tonnes par an depuis bientôt une décennie (source : ANSD). Cette dépendance aux importations pour la céréale la plus consommée du pays est encore plus marquée pour le blé, dont les quantités consommées sont en hausse constante alors que sa production locale demeure proche de zéro. Un effort de planification a récemment été mené à ce sujet par le Bureau Opérationnel de Suivi du Plan Sénégal Emergent (BOS-PSE) pour définir une stratégie de substitution aux importations de blé.
Cette stratégie et notre volonté d’autosuffisance en riz nécessiteront l’utilisation d’engrais pour devenir réalité. Mais de quels engrais parle-t-on ? Les plantes ont principalement besoin de trois nutriments pour assurer leur croissance : l’azote (N), le phosphate (P) et le potassium (K). Ces éléments chimiques permettent d’enrichir le sol où la plante viendra les prélever pour se développer. Ils sont issus de la nature et d’autres êtres vivants, on parle alors d’engrais organiques ou ils peuvent être synthétisés, c’est-à-dire fabriqués par des processus industriels, on parle alors d’engrais synthétiques ou chimiques.
Le Sénégal exploite depuis des décennies du phosphate (P) minéral mais importe encore de l’urée, un engrais azoté (N) à raison de 75 000 tonnes par an et de la potasse, un engrais potassique (K). Cette dépendance vis-à-vis de l’étranger nous expose fatalement aux variations de prix de l’urée et de la potasse sur les marchés internationaux mais aussi aux soubresauts géopolitiques comme la guerre engagée en février 2022 entre la Russie et l’Ukraine. Celle-ci a particulièrement souligné le déficit de souveraineté de notre pays sur deux points : son approvisionnement régulier en engrais à des prix supportables pour les agriculteurs sénégalais et sa dépendance céréalière. En effet, la Russie est le principal exportateur d’urée au Sénégal (75% en 2020) et fournit également, avec l’Ukraine, la majorité du blé consommé au Sénégal. Malgré les démarches d’urgence engagées par le président de la République, Macky Sall, pour éviter l’arrêt des corridors d’exportation d’engrais et de céréales, il convient aujourd’hui de durablement remédier à cette double dépendance en diversifiant la production locale, initiée par les ICS, d’engrais synthétiques, qu’il s’agisse des engrais phosphatés ou des NPK.
Produire nous-mêmes nos engrais synthétiques
Fondée à la fin des années 1970, la société nationale des ICS a été en plein essor durant les années 1980 et 1990, ce qui lui a valu d’être considérée comme l’un des fleurons industriels du Sénégal. Après une période difficile durant la décennie 2000, l’entreprise a été cédée, en majorité, par l’Etat à la multinationale indonésienne, INDORAMA. Cette privatisation lui a permis de renouer avec ses activités phares : l’extraction de phosphate minéral, la transformation de ce phosphate en acide phosphorique avec des volumes atteignant 600 000 tonnes/an et la fabrication d’engrais NPK renfermant chacun des trois nutriments essentiels à la croissance des plantes. La relance réussie de l’outil industriel des ICS grâce à l’expertise et aux investissements importants d’INDORAMA, malgré les réserves légitimes que l’on peut avoir sur le plan environnemental, doit inspirer l’Etat à retrouver une ambition dans la production d’engrais synthétiques avec de nouveaux outils industriels. Cette ambition devra viser, en particulier, la production d’urée (N), engrais capital dans la production céréalière, et celle du DAP, un engrais riche en nutriments N et P.
Valoriser localement notre gaz naturel en urée…
Les récentes découvertes de gaz naturel au large du Sénégal, et notamment celle du gisement Yakaar-Teranga, placent le Sénégal à la croisée des chemins : outre l'acquisition d’un statut de pays exportateur d’hydrocarbures, notre pays a l’opportunité de produire localement, grâce au gaz naturel, des engrais synthétiques azotés et, notamment, le plus riche d’entre eux, l’urée. Petrosen, la société pétrolière et gazière nationale, développe depuis bientôt deux ans, un projet de construction d’une usine ayant une capacité de production de 1,2 millions de tonnes d’urée par an. Cette production rendra notre pays autosuffisant en plus de lui ouvrir des perspectives d’exportation vers nos voisins d’Afrique de l’Ouest, le Brésil et les Etats-Unis. Ce projet, dont l’investissement global atteindra 900 milliards de FCFA, devra poursuivre et accélérer son développement au cours du mandat présidentiel 2024-2029, pour être opérationnel en 2028 ou 2029. Il pourrait générer 175 milliards de FCFA d’excédents commerciaux par an, jusqu’à 4000 emplois en phase de construction, 400 en phase d’opérations et plusieurs milliers d’emplois indirects dans le transport, l’agriculture et la fabrication d’engrais NPK de mélange.
…Et en ammoniac pour transformer localement notre acide phosphorique
L’Etat du Sénégal pourrait également affirmer la volonté de transformer localement l’acide phosphorique produit par ICS-INDORAMA et qui est, à l’heure actuelle, quasi exclusivement exporté vers l’Inde pour y être transformé en d’autres types d’engrais. Cette ambition retrouvée pourrait se matérialiser par la mise en place d’un projet de production d’ammoniac (N) qui servira, en étant combiné à l’acide phosphorique (P), à produire du DAP. Celui-ci peut être utilisé directement sur les plantes pour leur apporter les deux nutriments N et P, ou alors être utilisé, en étant associé à l’urée (N) et la potasse (K), pour la production d’engrais NPK. Un tel projet de synthèse d’ammoniac pourrait nécessiter des investissements de l’ordre de 600 à 700 milliards de FCFA.
Réduire l’impact environnemental des engrais synthétiques
Ces projets industriels de production d’urée et d’ammoniac devront être accompagnés, idéalement, d’unités de captation et de séquestration du CO2. Cela permettrait au Sénégal de respecter ses engagements en termes de rejets de gaz à effet de serre, suite à son adhésion à l’accord de Paris lors de la COP 21 en 2015. Nous produirions ainsi une urée et de l’ammoniac « bleus », à faible contenu carbone, ce qui ferait de notre pays un pionnier sur le continent.
Chez les agriculteurs, l’utilisation des engrais obéit, jusqu’à un certain dosage limite, à une logique simple qui peut se résumer dans l’expression suivante : « plus je mets d’engrais dans mon champ, plus je pourrais avoir des rendements importants ». Cependant, pour l’urée notamment, l’utilisation excessive peut entraîner une sursaturation des nappes phréatiques en azote, causant la prolifération des algues et menaçant la faune aquatique des cours d’eau proches des exploitations agricoles. Afin de limiter ces effets néfastes sur l’environnement, deux solutions complémentaires pourraient être adoptées : l’utilisation d’inhibiteurs de libération de l’urée et la sensibilisation des agriculteurs à une utilisation raisonnée des engrais.
Le Sénégal dispose en effet, sur son territoire, d’importantes quantités de l’un des meilleurs inhibiteurs de libération d’urée : le neem. Cette graine jaune à la chair pulpeuse est issue d’un arbre largement disséminé dans les terres intérieures de notre pays. L’enrobage avec du neem des billes d’urée permet une libération plus lente de cette dernière et donc une meilleure absorption par la plante, ce qui réduit les quantités d’urée nécessaire. Dans la même veine, une cartographie des sols, pour connaître leur état naturel d’enrichissement en nutriment, couplé à des opérations de sensibilisation menées par des ingénieurs agronomes ayant établi un lien de confiance avec les Agriculteurs, aidera ces derniers à utiliser la quantité d’engrais optimale pour concilier bons rendements agricoles et préservation de leurs sols et de leur environnement.
Réussir la cohabitation entre engrais organiques et synthétiques
Les engrais synthétiques, en particulier l’urée, seront indispensables à l'atteinte de l’autosuffisance céréalière (riz, blé, maïs). Leur production locale et leur utilisation raisonnée devront donc être encouragées par l’Etat du Sénégal qui devra, dans le même temps, poursuivre la promotion des engrais organiques. Cela nécessitera d’augmenter la part de la subvention qui leur est allouée au sein de l’enveloppe globale de 20 milliards de FCFA par an qui a été régulièrement dédiée aux engrais ces dernières années. Ces engrais organiques que sont le fumier, le compost ou les engrais verts sont issus de déchets ménagers, animaux ou végétaux, et permettent une assimilation lente des nutriments par les plantes. Ils favorisent également le développement des micro-organismes (bactéries, champignons, vers etc.) qui aèrent le sol et dégradent la matière organique qui s’y dépose. Faisant l’objet de travaux de recherche importants par l’Institut Sénégalais de Recherches Agricoles (ISRA), ces engrais pourront être utilisés dans l’agriculture en zone urbaine, mais aussi dans l’horticulture et les périmètres agroécologiques afin de préserver la durabilité des sols.
Ainsi, la poursuite des efforts de production, notamment du riz local, la mise en œuvre de stratégies sectorielles comme celle sur le blé, le déploiement d’une réelle ambition industrielle et le renforcement de la délicate mais nécessaire cohabitation entre engrais synthétiques et organiques, nous permettront, je l’espère, d’atteindre un objectif de souveraineté alimentaire qui fait l’unanimité au sein de la classe politique sénégalaise.
par Annie Jouga
AU SECOURS, ON ASSASSINE DAKAR !
EXCLUSIF SENEPLUS - Le processus des « demolition men » s’accélère. L’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique. Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés
Dans ce dimanche paisible du Dakar-plateau, des coups de burin résonnent au loin !
Déjà, les échafaudages montés sur la façade de cette élégante bâtisse, m’interpellent depuis ce début de semaine ne faisant en fait que confirmer ce que je craignais au sujet de « l’hôtel Vichy », rue Félix Faure, immeuble des années 40, d’une architecture post moderne, dont le gabarit, bien inséré dans les façades de Dakar de cette période et laissé à l’abandon depuis une vingtaine d’années. Et de me dire, tantôt confiante lors des bons jours : « l’aurait-on oublié ? », et les jours de déprime : « quand vont-ils s’y attaquer ? »
Pour avoir vu depuis plus d’une dizaine d’années disparaître du paysage urbain dakarois plusieurs bâtiments dont l’architecture est indéniablement remarquable, au risque de voir son identité piétinée, je reste perplexe.
Qu’est donc l’identité d’une ville ? Et en l’occurrence l’identité de la ville de Dakar ? La question reste entière.
J’ai participé il y a quelques mois à une table-ronde dont le thème évocateur était ainsi libellé : « Métamorphose de Dakar, récits d’une ville de contrastes ».
Un interlocuteur, jeune architecte (français en l’occurrence), nous a fait un long commentaire sur l’absence d’identité de la ville de Dakar avec force argumentaire. Notre cher Sénégal est aujourd’hui envahi par ce genre de « bien-pensants » très connectés, proches des gens de pouvoir et de décision. Et pour cause, aujourd’hui en Europe et partout dans le monde, il s’agit de prioriser la réhabilitation de manière vertueuse plutôt que la construction neuve ! Entre autres engagements pris lors du Forum du bâtiment et du climat, tenu à Paris ce mois de mars 2024 et la déclaration de Chaillot a été signé par 70 pays dont … le Sénégal.
Alors, oui nos pays sont un excellent terrain de chasse, lorsque la commande s’amenuise de l’autre côté de l’océan ; ici il semble si facile de convaincre l’autorité, souvent sourde, ou bien inculte, ou bien avide, ou tout simplement n’ayant pas « le pays au cœur », dont les nombreuses signatures de déclarations n’engagent que très peu ! Il est donc facile pour elle de dire qu’après tout « ce ne sont pas des architectures de chez nous, ce n’est pas notre identité… ».
Et c’est pour cela que nous assistons meurtris, impassibles, à la démolition de bâtiments remarquables, d’une solidité indéniable, mais aussi dont l’histoire inscrite dans la pierre participe de l’identité de la ville.
Avec le projet de « modernisation des biens de l’État de Dakar-Plateau », mis en place dans l’urgence il y a deux ans par le ministère des Collectivités territoriales, le processus des « demolition men » s’accélère.
Comme dans une fin de règne ! Un peu à l’image de cette frénésie de 2012 lorsque la privatisation effrénée de la corniche Est, enfin pour ce qu’il en restait, où l’on a vu comme par magie les statuts fonciers danser au rythme d’un « sabar » endiablé, agrémentés de petits pagnes colorés et brodés au mode non aedificandi, domaine public maritime, pour finir en mode titre foncier ?
Aujourd’hui, la liste est longue, celle des biens de l’État à « valoriser » et déjà ces mêmes architectes, sûrement avec la complicité de nos architectes, travaillent dans leurs bureaux d’études hors Sénégal, à donner « une identité à Dakar », pensent-ils ! Et bientôt, comme il se susurre, allons-nous voir poindre des grands immeubles à la place du ministère des Affaires étrangères construit en 1905 et qui a été entre autres le premier Palais de Justice (dans les années 50).
Il en sera de même, pour la prochaine démolition de la Gouvernance et la Préfecture, sur la place de l’Indépendance, mais aussi des bâtiments militaires vestiges du Camp Lat Dior, situés sur l’avenue Peytavin et emportant je suppose les caïlcédrats centenaires bordant cette magnifique avenue. Appelée au début de la construction de Dakar, boulevard de la Nationale, elle ouvrait la ville sur la mer à l’est et à l’ouest.
On va donc continuer de démolir des bâtiments qui, s’ils étaient réhabilités « de manière vertueuse » comme dit dans la déclaration de Chaillot, devraient minimiser l’utilisation de ressources non-renouvelables et maximiser l’efficacité énergétique. Il s’agit aujourd’hui de « décarboner » la construction et notamment développer l’utilisation de matériaux s’appuyant sur les ressources du territoire.
On va donc continuer de démolir « au marteau et au burin » quand, dans le même temps, les mêmes gens parlent de constructions « intelligentes, de constructions de « dernière génération » (ne me demandez pas ce dont il s’agit !) et sans crainte des risques encourus sur l’environnement et notamment du fait des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.
Aujourd’hui, se fermant les yeux, élevant des grands murs de bâtiments le long de la mer, du port à l’aéroport, Dakar est devenue comme paranoïaque et surtout asphyxiée : malade, elle a tourné le dos à la mer.
Absence de vision, absence de goût, même si l’adage dit que tous les goûts sont dans la nature, je ne sais trop ; une chose est sûre c’est que l’attrait d’une ville se mesure à ce qu’elle a à offrir d’authentique, d’historique ; il nous faut donc raconter notre propre histoire, celle qui est inscrite dans les bâtiments et faire en sorte que les siècles se succédant, se « bousculent » mais avec une grande tolérance …
Mais oui, Dakar doit être « modernisée » c’est-à-dire « redevenir » une ville où il fait bon vivre, bon marcher, parce que tout est à sa place.
Mais aussi, il nous faut avoir le courage de ne faire rentrer dans le centre-ville que les véhicules indispensables et donc créer des parkings non pas au centre-ville inaccessible dans le sens du matin pour y rentrer et dramatiquement vide dans le sens de la sortie. Il faut réduire le flux de personnes entrant dans Dakar et là, l’équation BRT questionne.
C’est aujourd’hui plus une question de santé publique.
Oui, il faut « moderniser » les grands immeubles des années 40, 50 et 60, propriétés privées comme publiques, sans leur faire perdre leurs âmes. Et également ces architectures des années 70 et 80 conçues autour du parallélisme asymétrique. Ces architectures sont l’identité de Dakar, du Sénégal.
Moderniser veut dire faire des recherches sur les matériaux du 21e siècle et c’est à cela que sert l’école spécialisée pour qu’enfin les matériaux permettent de construire des architectures qui nous ressemblent, pour qu’enfin nos écritures architecturales soient culturellement conçues.
Nous avons tant de choses à créer et cela dans le respect de tout ce qui nous a précédés, avec humilité.
Aussi, il est impératif que dans notre pays les écoles foisonnent pour que nos jeunes générations se bousculent pour réinventer le futur…
Moderniser Dakar s’entend de façon globale et s’inscrit à l’échelle du territoire et non pas ponctuellement même s’il est important que chaque quartier trouve (ou retrouve) son identité.
Pour Dakar, d’aucuns diront que c’est trop tard !
Pour ma part, j’y crois toujours et encore, même si je sais que cela sera difficile mais pas impossible.
Et cela est l’affaire de tous !
Annie Jouga est architecte.
Par Amadou Gallo DIOP
CONSEILS RAMADAN 2024
Le Ramadan 2024 (1445 Hijri) démarre en ce début de semaine du mois de Mars. Beaucoup de musulmans vont jeuner en passant près de 14 heures sans boire, ni manger, de l’aube au crépuscule.
Le Ramadan 2024 (1445 Hijri) démarre en ce début de semaine du mois de Mars. Beaucoup de musulmans vont jeuner en passant près de 14 heures sans boire, ni manger, de l’aube au crépuscule. À côté de l’aspect spirituel et résilient, ce pilier, parmi les fondamentaux de l’Islam, met l’organisme humain à l’épreuve sur les plans physiologique, nutritionnel et hydrique.
Les effets d’un jeûne bien conduit sont sanitairement bénéfiques pour qui peut le supporter. Au cours des deux repas autorisés à l’aube et au crépuscule, il faut veiller à bien s’hydrater et s’alimenter raisonnablement. Le repas matinal ne doit pas être négligé, ni sauté, car il est très important pour s’approvisionner en eau et en énergies, via des nutriments et pouvoir affronter une journée d’abstinence. À la «coupure», buvez d’abord. Un liquide tiède de préférence. Privilégiez l’eau, une tisane, un chocolat chaud ou un café léger et bannissez les limonades du commerce, car elles sont excessivement sucrées. Il vaut mieux préparer ses propres jus naturels et les sucrer modérément. Puis nourrissez-vous progressivement et sainement, en variant les mets tout le long du Ramadan. Il ne faut pas bourrer en quelques minutes l’estomac resté vide toute la journée, d’une masse déraisonnable de nourritures. Éviter les excès de pâtisseries et autres multiples sucreries et petits salés. Il ne faut pas jeuner quand votre condition médicale ne le permet pas. Ainsi, quand on a un ulcère et autres problèmes gastriques, la vacuité de l’estomac favorise l’apparition de douleurs abdominales, voire de saignement ou de perforations de la muqueuse de l’estomac. Idem quand on souffre de problèmes hormonaux graves, ou qu’on a de la fièvre, avec des conséquences fâcheuses possibles. Éviter de jeuner aussi quand on doit prendre certains médicaments à des horaires diurnes précis ou ceux dont les effets secondaires sont à risque pour le jeuneur : aspirine, quinine, certains médicaments du cœur, anti-diabétiques. Ils favorisent les hypoglycémies dont les signes avant-coureurs sont : maux de têtes, tremblements, faim douloureuse, malaises. L’évolution pouvant se faire vers une chute et syncope.
Hygiène du sommeil
Coté hygiène du sommeil : un individu normal dort, selon le besoin éprouvé et l’âge, 6 à 8 heures. Au fil de l’âge, notre temps de sommeil se réduit. Durant le Ramadan, l’agenda classique est : réveil vers 5 heures du matin, préparations diverses, suivies d’activités quotidiennes et autres. Tout ceci est entrecoupé de prières obligatoires et de prières surérogatoires (nafila) plus ou moins prolongées. Donc pas beaucoup de place pour le sommeil réparateur classique. Conséquence inéluctable : accumulations de dettes de sommeil. La prise massive de boissons trop sucrées et excitants divers (caféine, thé trop fort, etc..) aggrave les facteurs perturbateurs du sommeil durant le Ramadan. En outre, le fait que la nourriture soit trop épicée (poivre, piment et autres) et trop grasse, consommée tard le soir en plus, entraine des lenteurs de digestion et des remontées gastriques, gênant l’endormissement ou provoquant des réveils nocturnes. Le fait de manger trop gras, trop salé et trop sucré, influe aussi négativement sur la qualité de la santé générale et du sommeil en particulier. Conséquence de ces dettes accumulées de sommeil : lourdeurs, maux de tête, irritabilité, douleurs diffuses, trous de mémoire et mauvaise concentration. Pour une meilleure gestion du besoin minimal de sommeil, il faut exploiter toutes les occasions, de nuit, comme de jour, pour dormir et se sentir reposé. Il n’y a pas de solutions miracles. Quelques ‘astuces’ : grasse matinée pour les uns, sieste pour certains, petits ‘sommes’ répétés pour les autres.
Pratique du sport
Durant ce mois de jeun, il faut quand même bouger. La pratique du sport en période de Ramadan, est possible, si elle est encadrée par de bonnes précautions. Faire du sport en pleine journée pour un jeûneur n’est pas recommandé. Que faire ? deux formules au choix : 1/ une activité physique modérée, durant une trentaine de minutes et la terminer à temps pour pouvoir prendre sa douche, se changer et couper le jeûne dans les minutes qui suivent ; 2/ ou bien rompre le jeun, manger léger, aller faire son sport, puis mieux manger après. Mais pas trop tard. En tous cas, veiller à toujours bien s’hydrater, surtout en cette période au climat instable. Vers la fin du Ramadan, surveiller d’éventuels et discrets signes de carences nutritionnelles qui peuvent se manifester chez certains jeûneurs : fatigabilités intenses, crampes, fourmillements aux pieds et mains ou autres gênes. Une alimentation variée lors des deux repas autorisés, riche en fruits, légumes, protéines et céréales diverses, produits laitiers, voire une supplémentation multivitaminée pharmaceutique, peuvent alors faire du bien.
Dans les mosquées et autres lieux de prières communes, respecter les règles de prudence et d’hygiène. En respectant ces conseils chaque année rappelés, et comme en attestent plusieurs données scientifiques, nous pouvons rendre bénéfique pour l’organisme et la santé, cette période de Ramadan, coïncidant bien heureusement, encore cette année, avec le Carême de nos parents Chrétiens.
Et que toutes nos prières soient agréées par Allah, Notre Miséricordieux Créateur.
Par Pape NDIAYE
MAKHTAR CISSE, UNE MISSION PERILLEUSE POUR UN SOLDAT AU SERVICE DE LA PATRIE
Jouant un rôle central dans l’organisation du commandement territorial, le maintien de la cohésion des institutions et de l’ordre public, Mouhamadou Makhtar Cissé, en tant que ministre de l’Intérieur, est aussi tenu d’assurer la sécurité
Mouhamadou Maktar Cissé nommé ministre de l’Intérieur. C’est la surprise du chef lors du remaniement ministériel de vendredi dernier ! La nouvelle est tombée comme un très lourd fardeau sur les épaules du tout nouveau ministre de l’Intérieur puisqu’il va devoir s’atteler à organiser des élections libres et transparentes le 24 mars prochain. C’est à dire dans deux semaines à peine. Des exigences démocratiques du peuple sénégalais d’abord, et de la communauté internationale regroupant les bailleurs et partenaires financiers pour étendre davantage — ou même maintenir — leur soutien au Sénégal en crise politique.
Jouant un rôle central dans l’organisation du commandement territorial, le maintien de la cohésion des institutions et de l’ordre public, Mouhamadou Makhtar Cissé, en tant que ministre de l’Intérieur, est aussi tenu dans le même temps d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Face à cette double mission à la fois noble et périlleuse, l’ancien enfant de troupe et l’ex-patron des douanes de notre pays a heureusement le profil de l’emploi. Il est vrai que le tout nouveau ministre de l’Intérieur est un Inspecteur général d’Etat (IGE) c’est à dire un grand commis qui a blanchi sous le harnais de l’Administration dont il connaît les méandres. Il a aussi la confiance du chef de l’Etat dont il était jusqu’à sa nomination vendredi dernier le directeur de cabinet c’est-à-dire le plus proche collaborateur. Le poste le plus sensible qui soit ! Autant dire qu’il est plus qu’outille pour conduire et mettre en œuvre le processus de la présidentielle dans un contexte politique très agité. Seulement, nombreux sont les observateurs qui s’interrogent sur les raisons qui ont conduit Makhtar Cissé à accepter un tel ministère à problèmes dans un régime finissant ?
Pourquoi a-t-il consenti que le président Macky Sall lui file une encombrante casquette voire une patate aussi chaude que l’organisation des élections les plus compliquées de l’histoire politique du Sénégal ? Et ce à deux semaines seulement de l’échéance ! Une véritable mission commando pour ne pas dire une véritable opération suicide voire casse-pipe ! Il est vrai que l’homme adore relever les défis apparemment insurmontables et est spécialiste des missions impossibles ! A preuve par sa mission de sauvetage d’une Senelec moribonde et dont nul ne voulait à l’époque.
Se considérant comme un soldat au service de la Patrie, Mouhamadou Makhtar Cissé avait à ce point réussi à redresser l’électricien national et à la rendre liquide que les prétendants se sont aussitôt bousculé au portillon pour le remplacer ! Car elle était redevenue attractive.
Pourquoi Makhtar Cissé est-il revenu aux commandes d’un navire troué par les faucons et qui risque de prendre eau au soir du 25 mars prochain ? Makhtar Cissé se souvient-il que le capitaine Macky l’avait éjecté du navire lors d’une belle traversée en eaux calmes ? Bref, ses détracteurs ont tant et si bien murmuré à l’oreille du chef pour le calomnier que Mouhamadou Makhtar Cissé avait fini par être limogé. Sans faire de bruit, il était retourné à l’Inspection générale d’Etat, le prestigieux corps auquel il appartient, et coordonné les travaux de construction de la grande mosquée de Tivaouane en tant que «talibé Cheikh ».
Stoïque, il a enduré sa traversée du désert avant de revenir comme directeur de cabinet du président de la République. Une chose est sûre : Mouhamadou Makhtar Cissé pouvait décliner un poste aussi problématique que celui que lui a offert le président vendredi. Sauf, encore une fois, que Mouhamadou Makhtar Cissé un grand commis de l’Etat, un brillant soldat de la République très rigoureux dans les principes.
Un technocrate apolitique rompu à la tâche et soucieux des intérêts du pays. Soldat, douanier, avocat, financier, économiste juriste, électricien et pétrolier, Makhtar Cissé est un technocrate aux multiples qualités professionnelles. Comme le disait le -président Macky Sall à l’endroit de l’actuel ministre de l’Intérieur alors qu’il était ministre de l’Energie et du Pétrole, est un homme qui apprend et comprend très vite au point d’en savoir presque autant que les ingénieurs !
Autre atout de l’homme en cette période d’élection présidentielle, c’est la confiance et la crédibilité des différents acteurs politiques. Car Makhtar Cissé a une grande capacité d’écoute et d’anticipation pour accomplir sa redoutable mission à la tête du ministère de l’intérieur.