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23 novembre 2024
Opinions
par Joseph Gaye Ramaka
VIDEO
FÀTTE XAJU FI !
22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
SenePlus publie ci-dessous, le synopsis du film-documentaire « Fàtte xaju fi ! » de Joseph Gaye Ramaka, qui sera projeté ce samedi 26 octobre 2024 à 15H30 à l'hôtel le Radisson Blu sur la Corniche de Dakar. Cette première projection sera suivi d'un débat entre acteurs de la société civile et dirigeants et acteurs politiques.
22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
Notre dernier combat est un combat de longue haleine ...
Nous devons tous être debout.
Nous devons agir pour avoir "une citoyenneté active et consciente" dans notre pays.
Tout ce que nous défendons ...
doit être défendu par chaque citoyen, où qu'il puisse se trouver.
Tu dois savoir que c'est ton droit !
Tu dois le prendre radicalement !
Tu sais que c'est ta responsabilité et ton devoir ...
Tu dois l'assumer totalement !
Si chaque citoyen
a cette "conscience"
et agit tous les jours ...
nous n'aurons plus un pouvoir qui osera faire ce qu'il ne doit pas faire.
Parce que les citoyens ne l'accepteront pas.
Personne ne l'acceptera !
Non ! Comme le dit mon frère-grand …
Fàtte xaju fi !
par Ibrahima Thioye
ORGUEIL ET FIERTÉ
Cette émotion complexe, qui compense souvent une faible estime de soi, structure les relations sociales et professionnelles. Ses manifestations révèlent notre besoin constant de reconnaissance et de validation
L'orgueil est omniprésent dans nos interactions. Comme le dit La Rochefoucauld ; « l’orgueil a l’art de jouer tous les personnages de la comédie humaine. » Il est facilement perceptible à travers de nombreux défauts qu’il nourrit. Cependant, il peut être plus subtil lorsqu'il se cache derrière certaines qualités, dans des situations particulières. Qui peut prétendre n’être point orgueilleux ? On entend souvent le propos : « Moi, je ne suis pas orgueilleux, mais je suis fier. » Cette émotion que vous appelez fierté, d’autres peuvent la percevoir comme de l’orgueil.
Définitions
L’orgueil est une joie née de l’opinion avantageuse, souvent exagérée, qu’un individu a de lui-même. La fierté, quant à elle, est un sentiment proche de l’orgueil, mais sans cette tendance à se mesurer constamment aux autres. L’amour de soi est présent dans ces deux sentiments, mais dans le cas de l’orgueil, il compense une faible estime de soi souvent inconsciente. Dans de nombreux textes sacrés, l’orgueil est considéré comme la racine de tous les péchés, l’origine de tout mal.
Caractéristiques principales
- L’une des principales caractéristiques de l’orgueil est sa capacité à se transformer. Il peut se dissimuler derrière l’altruisme, la curiosité, la fierté, la générosité, la jalousie, l’envie, la colère, la peur, l’excès ou l’humilité.
- L’orgueil et la vanité sont tous les deux des passions, mais tandis que la première est une émotion sociale ou un sentiment, la seconde est un désir. L’orgueil est une passion pour l’adulation de soi tandis que la vanité exprime le désir de briller aux yeux du monde extérieur.
- La fierté évolue dans le temps et selon les contextes. La fierté du jeune garçon diffère de celle de l’adolescent ou de l’adulte. Plus on s’éloigne de la phase narcissique de l’évolution psychologique, avec la maturité, plus l’orgueil se transforme en fierté.
Autres caractéristiques
- Orgueil et contrôle
L’orgueilleux veut contrôler son environnement en utilisant la manipulation, la séduction et l’indirection en général. Si ces méthodes échouent, il recourt à l’agressivité.
- Orgueil et vanité
L’orgueilleux et le vaniteux sont tous les deux sensibles à leur position vis-à-vis des autres, mais l’orgueilleux est en quête de considération et d’importance, tandis que le vaniteux, lui, cherche la première place. L’orgueilleux craint de ne pas être digne d’amour alors que le vaniteux a peur d’être sans valeur. L’orgueilleux a besoin de connaître son soi à travers l’interaction avec les autres, le vaniteux s’emploie à développer son soi qu’il juge fragile. Plus leur vécu intérieur semble lamentable, plus les actions extérieures sont intenses. « Extérieur grandiose, perception d’un vide intérieur abyssal. »
- Orgueil et narcissisme
Le narcissique se concentre sur lui-même, il est tout occupé par lui-même. L’orgueilleux, l’envieux, l’enthousiaste et l’individu excessif peuvent être narcissiques. L’orgueilleux surveille son environnement pour nourrir son amour-propre. L’envieux et le jaloux, tombant dans la haine d’eux-mêmes, développent du narcissisme négatif. L’enthousiaste et l’homme excessif, qui ont un grand besoin de l’attention des autres, révèlent leur narcissisme. Tous sont absorbés par eux-mêmes.
L’orgueil se présente souvent sous une forme évidente ressemblant à de l’arrogance, de la jactance, de la présomption ou de la susceptibilité, mais il peut également se dissimuler derrière le masque de l’altruisme ou sous les traits de la curiosité. Il atteint son degré ultime de métamorphose lorsqu’il prend l’apparence de l’humilité.
- Orgueil et altruisme
L’orgueil se cache très souvent sous le masque de l’altruisme, car l’orgueilleux comprend rapidement que c’est un moyen d’obtenir de la considération. On distingue un orgueilleux d’un altruiste en observant le caractère désintéressé et non compulsif des actions de ce dernier. Le véritable altruiste reconnait ses besoins, accepte aussi de recevoir, tandis que l’orgueilleux se place compulsivement au service des autres.
Pour mieux appréhender cette capacité de métamorphose, citons François de La Rochefoucauld :
- Orgueil et curiosité
« Il y a diverses sortes de curiosités ; l’une d’intérêt, qui nous pousse à désirer apprendre ce qui peut nous être utile, et l’autre d’orgueil, qui naît du désir de savoir ce que les autres ignorent. »
- Orgueil et fierté
« L’orgueil, comme lassé de ses différentes métamorphoses, après avoir joué tout seul tous les personnages de la comédie humaine, se montre avec un visage naturel, et se découvre par la fierté de sorte qu’à proprement parler la fierté est l’éclat et la déclaration de l’orgueil. »
- Orgueil et humilité
« L’humilité n’est souvent qu’une feinte soumission, dont on se sert pour soumettre les autres ; c’est un artifice de l’orgueil qui s’abaisse pour s’élever ; et bien qu’il se transforme de mille manières, il n’est jamais mieux déguisé et plus capable de tromper que lorsqu’il se cache sous la figure de l’humilité. »
Exemples
Cas orgueil
- Orgueil masculin : dans la société patriarcale, les rôles sont bien définis. Pour un homme, la cuisine est une affaire de femme.
- Orgueil national : nous sommes les meilleurs partout (les plus intelligents, les plus robustes, etc.).
- Refuser de demander de l’aide alors qu’on en a réellement besoin (appréhension du « non »).
- S’empresser de rendre un don par le don (l’orgueil qui se dissimule derrière la gratitude).
- Être mal à l’aise avec d’autres qui ont un avantage (en matière d’avoir, de savoir, de réputation, etc.).
Cas fierté
- Fier de posséder une maison.
- Fier de ses enfants.
- Fier de ses aïeux.
- Fier de sa générosité.
- Fier de ses compétences.
- Fier de son équipe de foot.
Mauvaise nouvelle
Nous avons tous, d’une manière ou d’une autre, ressenti ces émotions. Toutes ces émotions qui ont un lien avec la conscience de soi (l’orgueil, la vanité, l’envie, la jalousie et la honte) sont beaucoup plus présentes dans nos vies que nous ne le pensons. La honte est nommée « émotion maîtresse », l’orgueil est l’une des émotions qui compensent notre sentiment de déficience inhérent à notre condition humaine. La Rochefoucauld nous rappelle que : « Si nous n’avions point d’orgueil, nous ne nous plaindrions pas de celui des autres. »
Bonne nouvelle
Même si l’orgueil est notre défaut dominant, il est possible d’exploiter ses fonctions utiles tout en prenant du recul face à ses effets nuisibles. Le pragmatisme nous pousse à préférer un individu orgueilleux avec une tendance marquée par de la générosité à un autre parfaitement égoïste.
Utilité des émotions d’orgueil et de fierté
L’orgueil participe à notre survie. Il constitue un puissant ressort vers l’excellence. L’orgueil individuel et l’orgueil national contribuent à assurer la préservation des différentes parties prenantes de la société. La fierté est un antidote à la honte toxique. Nous devons apprendre à nos enfants à être fiers d’eux-mêmes. Les compliments et feedback positifs y contribuent largement.
Nocivité des émotions d’orgueil et de fierté
L’orgueil est la source de nombreuses difficultés. Elle est considérée comme le péché originel. « L’orgueil précède la chute comme l’humilité précède la gloire », dit-on. L’orgueil et la honte marchent main dans la main. Comment recevoir des annonces perçues par le plus grand nombre comme flatteuses ou déshonorantes sans tomber dans l’orgueil ou la honte, mais plutôt avec retenue, responsabilité et sens du discernement ?
Gestion des émotions d’orgueil et de fierté
- Surmonter l’orgueil par la fierté.
- Lutter contre l’égoïsme et l’altruisme excessif. Être simplement humain (ni trop humain, ni peu humain).
- Apprendre à dévoiler sa vulnérabilité (son humanité) en diminuant le contrôle.
- Apprendre à se détendre.
- Prendre soin des autres et de soi-même de façon équilibrée.
- Agir de manière désintéressée envers autrui.
- Faire son introspection pour identifier, à l’intérieur de soi, les différentes métamorphoses de l’orgueil.
Ibrahima Thioye est consultant en développement personnel.
par Madior Ly
JEAN MICHEL SÈNE, PROPOSEZ D’ABORD VOS RÉPONSES À L’ARCOP
La décision de l’Autorité de régulation, qui a suspendu le marché pour violation de la loi, est accessible au public. Il est donc impératif que M. Sène réponde de manière claire et écrite à ces allégations et rende cette réponse publique
Face à l’opacité qui entoure le marché d’électrification rurale, je demande à Jean Michel Sène, Directeur Général de l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER), de fournir les documents réclamés par les autorités compétentes. En effet, l’Autorité de Régulation des Commandes Publiques (ARCOP) a déjà ouvert une enquête sur des irrégularités présumées liées à ce projet de 91,8 milliards de FCFA visant à électrifier 1 700 villages. Cependant, M. Sène n’a pas encore fourni à l’ARCOP les informations nécessaires à la transparence de cette opération.
La décision de l’ARCOP, qui a suspendu le marché pour violation de la loi, est accessible au public. Il est donc impératif que M. Sène réponde de manière claire et écrite à ces allégations et rende cette réponse publique. Le refus persistant de donner des éclaircissements à l’ARCOP, en l’espèce l’autorité compétente, ne fait que renforcer les doutes autour de cette affaire. Ce silence est troublant.
De plus, la banque espagnole Santander a exprimé de vives inquiétudes concernant l’utilisation des fonds alloués à ce projet. Dans sa correspondance adressée aux autorités, la banque fait savoir que AEE Power EPC aurait déjà encaissé une avance de 57 millions d’euros (37 389 549 000 F CFA). La banque indique aussi avoir constaté des mouvements financiers suspects depuis le compte de l’entreprise sans que les travaux ne démarrent. Cette situation exige une explication complète. Où est passée cette manne financière ? Pourquoi ces milliards sont sortis des comptes avant le démarrage des travaux ? Y a-t-il des intermédiaires dans ce marché ? Qui sont-ils ? Nous demandons à l’ARCOP de publier un communiqué officiel pour enjoindre à Jean Michel Sène de fournir les documents demandés.
Si Jean Michel Sène est réellement engagé dans une démarche de reddition des comptes, nous l’invitons aussi à collaborer avec l’Office National de lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), afin de faire toute la lumière sur cette affaire.
Nos compatriotes, surtout les populations rurales qui sont les premières concernées par ce projet d’électrification, doivent être informées. Si Jean Michel Sène souhaite débattre des questions essentielles concernant le pays, mes camarades Mounirou Thioune et Pape Adama Diouf ont déjà manifesté leur disponibilité.
Pour conclure, je note que le Premier ministre Ousmane Sonko, qui est aussi la tête de liste de Pastef, continue d’éviter un débat d’idées avec Thierno Alassane Sall. En République, les autorités doivent assumer leurs responsabilités. Il est temps que la politique politicienne et la démagogie soient évincées du Sénégal et que l’opinion publique ait une claire perception des forces en présence. L’Agenda 2050, les programmes et visions des candidats, la situation économique et sociale du pays, mais aussi les nébuleuses qui gangrènent déjà la gestion de l’État, doivent nourrir des échanges afin d’éclairer nos concitoyens.
En tant que membre de la République des Valeurs, je réaffirme l’engagement du parti en faveur d’un débat public et démocratique entre Thierno Alassane Sall et les autres têtes de liste en vue des élections législatives du 17 novembre prochain.
Madior Ly est membre du CECAR.
Par Khady Gadiaga
LA RESILIENCE A L’EPREUVE DE LA SOLIDARITE, UN CHANGEMENT DE PARADIGME ?
Dans une ère marquée par les changements climatiques et leurs lots de désolation, la nécessité d’une résilience du territoire, doit être valable pour ceux qui seront inondés et pour ceux qui ne seront pas inondés mais qui seront impactés.
Dans une ère marquée par les changements climatiques et leurs lots de désolation, la nécessité d’une résilience du territoire, doit être valable pour ceux qui seront inondés et pour ceux qui ne seront pas inondés mais qui seront impactés.
Les catastrophes naturelles tels que les tremblements de terre, ouragans et autres inondations d'envergure comme celle survenues dans le Nord-Est du Sénégal n'épargnent plus aucun pays africains, en témoignent les récents désordres écologiques constatés au Maroc, en Libye, au Mali, etc... et qui ont semé le chaos induisant un énorme besoin de reconstruction.
La résilience, moteur de prévention des risques
La résilience se définit par une capacité collective à retourner au plus vite à un état de fonctionnement normal suite à un choc violent. Or, le concept de résilience n’est toujours pas moteur dans la prévention des risques dans nos pays car il entre en contradiction avec deux substrats des représentations institutionnelles du fonctionnement d’un territoire urbain : d’une part, ce qui fait la normalité d’un fonctionnement et, d’autre part, le sens de la collectivité dans une société urbaine, c’est-à-dire les liens collectifs constituant la solidarité sociale.
L’appréhension de l’aléa d’inondation se confronte au système urbain - constamment mouvant - résultant de l’accumulation de sous-ensembles tels que les infrastructures de transport, les activités économiques ou l’habitat. Qui dit système urbain dit l’ensemble des interactions entre un territoire et une histoire sociale, créatrice de solidarités.
La solidarité est ici l’ensemble des liens unissant entre eux les membres d’un groupe social.Face à une perturbation, telle qu’une inondation, l’évolution des cohésions sociales reflète la nature du système urbain.
La volonté pour nos gouvernants de développer une forme de résilience urbaine dans les politiques de prévention des inondations doit être une lecture de la solidarité entre les territoires qui sont inondables et ceux qui seraient hors d’eau, mais également de la solidarité sociale au sein des systèmes urbains.
La transition écologique au cœur des stratégies de marque territoriale
Aujourd’hui plus que jamais, le préfixe éco- se conjugue à toutes les échelles : éco-quartier, éco-city, éco-mobilité, etc. La question se porte néanmoins sur la véritable pertinence de ces choix écologiques, sociétaux et surtout politiques.
Raison de plus pour l'État du Sénégal d'user d'outils puissants pour forger les politiques publiques et amorcer des transformations territoriales.
Les sujets de transition écologique doivent impérativement être au cœur de ces stratégies de narration, d'action et de marque territoriale.
Il s’agit aussi de s’intéresser et de déconstruire les différents désirs et biais culturels qui façonnent une politique donnée pour comprendre les réels intérêts de la naissance de ces politiques et les acteurs territoriaux impliqués et qui prônent un développement durable et maîtrisé..
Par Mohamed GUEYE
VISION 2050, UN MANQUE D’AMBITION CRIARD !
Comment, en disposant de plus de moyens, Ousmane Sonko et Diomaye Faye peuvent-ils faire montre de si peu d’ambitions pour leur pays, surtout par rapport à quelqu’un à qui ils promettaient naguère, le poteau d’exécution pour manque d’ambition ?
Le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko a décidé de jeter de la table le Plan Sénégal émergent qui, depuis 2014, a guidé les politiques publiques dans ce pays. Plus encore, le chef du gouvernement a indiqué que les chiffres de l’économie, tels que présentés par ses prédécesseurs, ont été tout simplement «maquillés» pour embellir une situation économique qui n’était pas loin de la catastrophe. Pour imager la situation telle qu’il l’a trouvée, il a dit à la face du monde : «Nous avions pensé accéder au rez-de-chaussée de la maison, alors que nous étions au quatrième sous-sol.» Sans expliquer le besoin qu’il a ressenti, avec des membres de son gouvernement, de présenter un tableau aussi sombre de la situation du pays, il a déclaré que la Cour des comptes allait certainement confirmer les chiffres indiqués dans ce «Rapport sur la situation des finances publiques» pour la période 2019-2023. Une bonne partie de ce travail a été réalisé par les membres de l’Inspection générale des finances (Igf). On se rappelle -juste une petite digression- qu’un autre travail de l’Igf, le fameux rapport qui avait servi à incriminer l’ancien ministre Mame Mbaye Niang dans le «scandale» du Prodac, et qui a, in fine, abouti à faire condamner Ousmane Sonko pour diffamation, ce fameux rapport, dit-on, avait été à un moment renié par ses initiateurs. Or, il semble qu’il doive incessamment être ressuscité, pour sans doute, aider à reprendre le procès de Sonko. Cette Igf semble, depuis un certain moment, vouée à être à la base de grandes controverses de l’Etat.
C’est la seule institution vers laquelle le gouvernement s’est tourné pour conforter des chiffres qu’il voulait pour asseoir sa polémique avec l’ancien régime du Président Macky Sall. Ni l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) ni la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), entre autres services d’études économiques et financières de l’Etat, ne se sont aventurées à conforter les déclarations de M. Sonko et de ses ministres. Pire encore, même son document appelé à remplacer le Pse, à savoir le nouveau référentiel, «Sénégal 2050 ; Agenda national de transformation systémique», ne semblent donner crédit à ces chiffres.
Ce document se donne pour ambition, d’ici 2050, d’atteindre un taux de croissance de 6 ou 7% du Pib. Et grâce à cela, il compte tripler le revenu par habitant, de 1500 Us dollars à 4500 Usd. Il compte également «réduire la pauvreté de manière significative, et améliorer l’inclusion sociale et territoriale». C’est cela sa vision d’un «Sénégal souverain, juste et prospère». Le Premier ministre nous a assuré que c’est la voie pour sortir des paradigmes anciens de croissance sans développement, à cause d’une économie tournée vers l’extérieur, qui exporte des produits bruts à l’extérieur, et importe également toute sa consommation de l’étranger. Il est assez extraordinaire, avec cette vision si ambitieuse, de ne se donner que de si faibles perspectives pour la période 2025-2029. L’une des rares choses où le gouvernement se veut dynamique est la réduction du déficit. Dans le référentiel, il est dit que «le déficit budgétaire est ramené à 3% du Pib dès 2025 et maintenu à ce niveau durant toute la période 2025- 2029». Ce qui sera une prouesse digne des livres de Guinness. Le Premier ministre Sonko a prétendu, avec son ministre de l’Economie, que «le déficit budgétaire a été annoncé à une moyenne de 5,5% du Pib sur la période 2019-2023. Mais en réalité, il a été en moyenne de 10,4 %, soit près du double». D’une année à l’autre, le réduire à 3% serait une prouesse jamais accomplie, même dans les systèmes économiques les plus encadrés. Ce serait même assez inattendu, en ce que le Fonds monétaire international, lors de sa dernière revue trimestrielle, qui prédit une détérioration de l’économie, voit le déficit budgétaire passer des «3,9% prévus dans le budget initial, à plus de 7,5». Les services de Bassirou Diomaye et Ousmane Sonko, qui nous déclarent que le déficit est actuellement à plus de 10% du Pib, au-delà des déclarations les plus pessimistes du Fmi, nous assurent pouvoir le réduire en claquant les doigts, en quelques mois. Cela, dans un environnement économique des plus atones. Le bon côté avec les chiffres, c’est que, quoi que l’on puisse leur faire dire, ils restent des chiffres et affichent la vérité qu’ils indiquent. Le Premier ministre devra nous dire alors, comment avec son Agenda de transformation dont le manque d’ambition ou le «réalisme», comme l’on veut, peut, in fine, obtenir des meilleurs résultats que le Pse de Macky Sall.
Il faut rappeler que ce dernier, dans son Pap3 affichait que sa vision est «celle d’un «Sénégal émergent en 2035, avec une société solidaire, dans un Etat de Droit». Elle reflète un futur souhaité défini sur la base des préoccupations et aspirations des populations. Cette vision postule une plus grande efficacité économique, tout en promouvant le respect des principes de durabilité, la Bonne gouvernance - avec un accent particulier sur l’éthique et la vertu dans la gestion des affaires publiques et dans les attitudes et comportements». Il prévoyait un taux de Pib de 9,8%, avant de passer à deux chiffres durant les 5 prochaines années. La vision du Sénégal juste et prospère à venir est lui de «promouvoir un développement endogène et durable, porté par des territoires responsabilisés, viables et compétitifs, et jetant les bases de la souveraineté économique». Un programme qui se décline en 4 axes stratégiques dont on avait longuement parlé en son temps, et sur lesquels nous reviendrons sans doute bientôt.
La question pour l’heure, est de chercher à comprendre, comment, en disposant de plus de moyens, Ousmane Sonko et Diomaye Faye peuvent-ils faire montre de si peu d’ambitions pour leur pays, surtout par rapport à quelqu’un à qui ils promettaient naguère, le poteau d’exécution pour manque d’ambition ?
Par Mademba Aas NDIAYE
DE QUOI MAMADOU OUMAR NDIAYE EST-IL LE NOM ?
Je conjure les journalistes qui sont sous l’empire du CNRA de respecter leur code de déontologie pour ne pas infliger à Mamadou Oumar la douleur suprême de devoir prendre ou même penser prendre une sanction ! Il n’en dormirait pas.
Mes rapports avec les xons sont simples : en bon musulman doomu Ndar, je n’y crois pas ! Bon d’accord, sauf en général une fois par année quand mon équipe de football nawetaan perdait un match. Incapable d’une analyse technique d’un match de football - et en aurais-je été capable que je m’en serais abstenu – j’accusais, en toute mauvaise foi, l’équipe adverse de n’avoir gagné que parce que leur sorcier avait « noué » (takk) les jambes de notre avant-centre et les mains de notre gardien !
Mais je dois dire que, mercredi 2 octobre 2024, en lisant – lire, pas écouter – dans le communiqué du Conseil des ministres « Monsieur Mamadou Oumar Ndiaye, Journaliste, est nommé Président du Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, Poste Vacant », je me suis aussi demandé si le Président Basiiru Jomaay Jaxaar Faay n’avait pas quelques astuces héritées de ses ancêtres Sereer pour « takk » la langue d’une personne, de surcroit Hal Pulaar, lui ôtant la faculté de dire « Non, merci », un xon d’acquiescement en quelque sorte !
Mais je me suis rappelé aussi la réaction d’un brillant journaliste qui, entendant le nom d’une personne sur la liste des ministres du président Wade que le SG du gouvernement lisait en direct en avril 2000, alors que nous étions dans la salle de rédaction de Wal Fadjri, eut cette réaction étonnante : il se jeta sur le téléphone et appela le nouveau ministre pour lui dire « Toi ministre ? On aura tout vu ! »
Persuadé que Mamadou Oumar – je suis tellement réactionnaire qu’il m’est difficile de dire MON car je ne peux appeler une personne que par le nom soufflé dans ses oreilles par une matinée festive avec écoulement du sang d’une bête – donc que Mamadou Oumar ne peut pas être dans WhatsApp, je lui ai fait un petit message par le classique sms du téléphone ainsi - partiellement- libellé : « Eh bien en voilà une grande nouvelle ! Te convaincre à faire autre chose que du journalisme ! MashAllah ! ».
En effet, si on m’avait demandé de quoi Mamadou Oumar Ndiaye est le nom, ma réponse aurait été, sans hésitation, «Journaliste » ! Je me suis toujours demandé s’il savait faire autre chose !
Est-ce que même il sait conduire une voiture, faire du ataya ou même baxal nenn ? Ceux et celles qui me connaissent savent que j’ai une admiration sans limite pour les personnes brillantes, même si elles sont au Soudan ou en Côte d’Ivoire. Et Mamadou Oumar l’est par son talent et sa résilience ! Heureusement que le CESTI n’a pas finalement voulu de ce rebelle car il aurait sans doute, au bout de trois ans d’école, obtenu un parchemin avec la plus haute distinction, qui aurait fait de lui un journaliste quelconque. Comme nous autres quoi !
En sortant tôt, il a conservé ce charisme intellectuel tranquille doublé d’une candide fausse naïveté. Il ne s’embarrasse pas de débats mais s’exprime par des articles d’une écriture dont la qualité aurait sans doute fait de Senghor son admirateur comme le fut, sans le dire en public, le trio Diouf-Wade-Macky dont il revendique – avec courage- l’amitié !
Et c’est précisément ce talent professionnel et son courage éditorial qui ont été les boucliers de Mamadou Oumar et qui ont forcé l’admiration de tous. Il fait partie de ces journalistes que tout lecteur normal est gêné de « détester »,simplement parce qu’on sait que ce qu’il écrit, c’est ce qu’il pense sur le moment et il le fait avec talent.
Et comme je considère que le manque de talent est une faute professionnelle chez une/un journaliste, lui en a tout le temps ! Avoir partagé avec lui la rédaction de Takusan, le seul journal qu’on achetait avant sa parution, avec Mbagne Pathé, Camou, Tidiane, Charles, Xun Xunoor, Mame Ola, Kamara, et j’en passe, a été un des ses exquis moments professionnels qu’on n’oublie pas.
Même si Mamadou Oumar nous a fait un « mbass » imprévu comme toute esquive, nous ne lui en voulons pas puisque nous avons été largement compensé par la profondeur de son texte, le premier éditorial explicatif jamais paru au Sénégal pour légitimer, avec raison, ce passage d’un journalisme galérien mais libre (et même libertin parfois) à l’institutionnel rigide ! Et je conjure les journalistes qui sont sous l’empire du CNRA de respecter leur code de déontologie pour ne pas infliger à Mamadou Oumar la douleur suprême de devoir prendre ou même penser prendre une sanction ! Il n’en dormirait pas.
Ce texte est déjà trop long donc je dois conclure en avouant que le but n’était pas de dire le nom de celui que vous appelez MON ! Mais Mamadou Oumar le sait, lui :si j’écris ce n’est que pour trouver un prétexte pour écrire le nom d’une autre personne que lui et moi considérons – à tort, diront sans doute, avec raison, certains- comme la meilleure, la plus brillante d’entre nous journalistes (jigéen ak góor), celle pour qui notre double affection de Njayeen était presque pathologique au point qu’on a refusé de voir (moi, en tout cas) qu’elle partait. Celle qui, en lisant- – lire, pas écouter – le communiqué du 2 octobre 2024, aurait simplement dit « Waa lii moom lanla ? » avant de replonger dans ses rêveries ou sa lecture. Je termine par son nom : Rokhaya Daba Sarr.
1. Je voudrais saluer la décision de mon ami et compagnon de « tefess » - quand la plage existait encore à Pointe des Almadies-, qui a écrit aux autorités pour leur dire que son mandat était terminé. Un simple courrier à forte portée éthique ! Je pense que cette pratique devrait être érigée en règle, quitte à la sanctifier dans le droit positif.
2. Le point d’interrogation sur la signature ne relève pas d’une erreur typographique du journal !
Par Kaccoor Bi - Le Temoin
METTRE FIN A LA CHIENLIT
Ça vole assurément bas dans le landerneau politique de Galsen. On pourrait bien se demander où est passée cette belle et légendaire tradition de Téranga et d’écoute.
Ça vole assurément bas dans le landerneau politique de Galsen. On pourrait bien se demander où est passée cette belle et légendaire tradition de Téranga et d’écoute.
Après avoir presque touché le fond avec une nation déchirée, on aspirait à un climat de paix. Mais voilà que depuis quelque temps des va-t-en-guerre crachent le feu et bandent les muscles. Le discours ne se veut plus policé, mais patauge carrément dans un putride et nauséabond répertoire langagier qui fait se boucher les oreilles aux puristes et puritains. Passe s’il ne s’agissait que de néo-opposants jaloux et aigris. Mais voilà que d’autres acteurs dont ceux de la presse s’invitent dans ce vaudeville, se comportant comme des mercenaires, mettant une louche sur le feu.
De gros mots sortent de leurs bouches puantes et plumes infectes. Preuve de la petitesse d’esprit de gens qui s’y complaisent. Et ça devient un challenge d’insanités avec de jeunes politiciens qui n’ont pas subi une formation dans des écoles des formations politiques, lesquelles n’existent, hélas, plus. Des personnes qui n’ont également jamais lu un seul livre de leur vie. Quand on ouvre la bouche pour ne proférer que des énormités tout en se voulant un acteur de la vie politique, on peut dire que de solides piliers sont à terre. Malgré nos différences, ce charmant pays a toujours été une terre de confrontation.
Le verbe a toujours volé haut partout et dans tous les sens. Mais dans le respect de nos spécificités pour en faire un terreau fertile et ensemencer la pensée de belles notions. On vous rappelait ici la belle époque Senghorienne et Dioufienne avec des gens racés dans le port et le verbe. On se nourrissait de leurs préciosités.
De leurs joutes, on en ressortait comblés de belles formules. Ces gentlemen de la pensée féconde se respectaient et se vouaient une considération mutuelle. Aujourd’hui, l’espace politique est envahi par des personnes sans foi, ni loi et dont certains déroulent un agenda caché car étant plus préoccupés par leurs business qu’au développement de ce pays. Il est temps de civiliser les rapports et faire taire ceux qui pensent que leur statut de politiciens leur permet d’insulter ou défier l’Autorité. Après ce que nous avons vécu entre mars 2021 et février 2024, l’Etat doit rester fort et sévir avec fermeté sans faiblesse coupable, ni cruauté inutile. Ce pays a besoin de paix, rêve de paix et aspire à vivre dans la fraternité.
Aux insulteurs et autres rentiers de fanfaronnades puériles, de revenir à la raison. Ce pays doit être reconstruit et aspire à une paix véritable. Oui, à de belles confrontations, mais dans un respect mutuel et dans l’élégance républicaine. KACCOOR BI - LE TEMOIN
Diagne Fodé Roland
ARRESTATIONS DE KEMI SEBA, HERY DJEHUTY ET MOHAMED KONARE : VIOLATION DE LA LIBERTE D’EXPRESSION
Coup sur coup comme s’ils s’étaient passés le mot, les États français et italien ont procédé aux arrestations de Kemi Seba, Hery Djehuty et Mohamed Konaré.
Coup sur coup comme s’ils s’étaient passés le mot, les États français et italien ont procédé aux arrestations de Kemi Seba, Hery Djehuty et Mohamed Konaré.
Que peut-on leur reprocher, si ce n’est qu’ils dénoncent la françafrique et l’eurafrique que tous les anti-racistes, les démocrates, les anticolonialistes, les anti-néocolonialistes et internationalistes rejettent au nom du droit à l’autodétermination, à la souveraineté et de l’égalité entre les peuples.
Ont-ils posé des bombes ou fait des attentats ? Rien de tout ça.
Leur « crime », c’est de dénoncer :
- les méfaits de la domination et la prédation impérialiste françafricaine et eurafricaine de l’Afrique ;
- le racisme d’État en France, en Italie et dans l’Union Européenne contre les migrants, la diaspora afro-descendante ;
- la fascisation et le fascisme montent dans la scène politique des pays européens.
On peut ne pas partager la ligne politique de Kemi, de Djehuty et Konaré, mais on ne peut se taire sur cette violation de la liberté d’opinion et d’expression les visant.
Ces arrestations bafouent l’Etat de droit prôné en France, en Italie et dans l’Union Européenne. Elles sont attentatoires aux libertés individuelles et collectives conquises de haute lutte par le mouvement ouvrier et démocratique dans les pays de l’UE.
La liberté d’avoir des opinions différentes, voire opposées ne peut voiler le devoir de défendre la liberté d’expression de chacun et donc de tous contre la censure, la répression et la dictature de la pensée unique.
Le deux poids deux mesures tant décrié de nos jours dans la pratique de l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain se révèle ici aussi dans toute son ampleur nauséabonde.
On laisse les racistes et fascistes vomir tous les jours sur les migrants sans papiers, les immigrés légaux et les citoyens récents d’origine africaine les désignant mensongèrement comme « responsables de tous les maux » de la société.
Mais on réprime les opinions défensives quelles qu’elles soient des victimes des agressions verbales et même physiques des mouvements racistes fascistes.
Quoi qu’on pense, le délit d’opinion est inexistant en démocratie et donc antinomique avec l’Etat de droit.
Pour toutes ces raisons :
- Kemi, Dehuty, Konaré doivent être totalement libérés.
- la liberté d’opinion, d’expression et de manifester doit être respectée.
- Se taire et laisser faire, c'est préparer les conditions pour que les uns et les autres, chacun à son tour, subissent les atteintes liberticides d'un État de plus en plus hors la loi.
PAR IBRAHIMA ANNE
LOGIQUE DE VÉRITÉS
"Au-delà du débat d’experts sur les chiffres et de la polémique politicienne qu’il allait inéluctablement provoquer, quel est l’intérêt, pour le citoyen lambda, de voir les «secrets de famille» étalés au grand jour ?"
La vérité. Celle des chiffres. C’est l’exercice auquel s’est livré, le 26 septembre dernier, le gouvernement de la République du Sénégal. Déficit public, taux de croissance, budget, niveau d’endettement… Tout était donc faux, jusqu’à ce que le Bon Dieu, dans Sa Miséricorde, nous envoie le duo Diomaye-Sonko pour nous faire voir la vérité. Toutes les vérités sont-elles bonnes à dire? Ben…oui, diront certains! La transparence est à ce prix. Elle est désormais inscrite comme un principe sacro-saint dans tous les pays à pavillon démocratique comme le nôtre.
Surtout que l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) dont le Sénégal est membre en fait une obligation pour ses Etats-parties. Alors, il est inscrit dans la logique des choses et des textes que nos gouvernants nous disent la vérité, quelles qu’en soient les conséquences. Et elles sont déjà là, lourdes. En attendant que la Cour des comptes, seul organe qualifié pour certifier les comptes publics, donne son verdict final, le Sénégal voit, en effet, sa note baisser, passant de Ba3 à B1 avec «mise sous surveillance». Ses obligations souveraines en dollars ont, également, chuté après que le gouvernement, dans son exercice de vérité, a révélé des chiffres de dette et de déficit plus importants que ceux-là, bidons, du pouvoir de Macky Sall.
Ce dernier, sur Bloomberg TV, a déclaré qu’au moment de quitter la Présidence de la République, «tous les signaux étaient au vert». Qui dit vrai ? Qui dit faux ? En tout cas, le résultat est là : note baissée et obligations souveraines en chute libre. «Et après ?», s’étonne le Premier ministre, après le tollé qu’a suscité la sincérité de son gouvernement sur les vrais chiffres de l’économie sénégalaise sous la présidence Macky Sall. L’avenir immédiat permettra de répondre à l’interrogation du Premier ministre.
Au-delà du débat d’experts sur les chiffres et de la polémique politicienne qu’il allait inéluctablement provoquer, quel est l’intérêt, pour le citoyen lambda, de voir les «secrets de famille» étalés au grand jour ? En attendant une réponse, prenant le chef du gouvernement au mot, le même citoyen est en droit d’attendre de lui qu’il se livre au même devoir de vérité concernant quelques «affaires» qui ont commencé à maculer le bilan des six mois d’exercice du pouvoir du duo. Il s’agit, entre autres, de celle de l’Onas qui a vu le Président Diomaye Faye procéder à son premier limogeage d’un Directeur général, quelques semaines seulement après la nomination de celui-ci. Viré mais pas coulé dans les fosses septiques, Cheikh Dieng, le plus éphémère Dg de l’ère Diomaye, est resté droit dans ses bottes en maintenant ses accusations contre son ministre, Cheikh Tidiane Dièye.
Corruption, favoritisme sont, entre autres, les griefs formulés contre son désormais ex-ministre qui, loin de se laisser démonter, accuse, via ses seconds couteaux, l’ancien Dg d’avoir bénéficié d’un véhicule acheté à 80 millions qu’il a fait muter à son nom. Silence radio du gouvernement qui a laissé l’Onas aller au casse-pipe en servant une plainte contre son ancien patron. Une bonne communication aurait permis de dissiper le brouillard de contrevérités qui la couvrent. Tout comme celle-ci aurait permis de jeter un faisceau de lumière dans et autour de la nébuleuse affaire dite «Asergate», du nom de ce marché d’électrification rurale, filé, dans des conditions jugées opaques, à une entreprise espagnole, et qui aurait conduit au limogeage du Dg de l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop). Une affaire dans l’affaire, aux côtés d’autres affaires, sur lesquelles un exercice de vérité est tout aussi attendu des nouvelles autorités. Ce, au nom du triptyque «Jub-Jubël-Jubbënti».
Post-scriptum : Au moment où nous mettons un point final à cette chronique, nous apprenons que le cortège de Bougane et Cie, en mode récup’, a été bloqué à l’entrée de Bakel et que le leader de Gueum Sa Bopp a été mis en position de garde à vue à la gendarmerie de la localité. En même temps, Sonko avait fini de mobiliser 15 mille militants de Pastef au Dakar Arena pour une collecte de fonds en vue de financer sa campagne pour les législatives. Moralité: nos politiques s’en f…éperdument des malheurs de ceux qui ont tout perdu dans les crues du fleuve.
Par Hamidou ANNE
LE SENEGAL DE BAKEL, CELUI DE DAKAR ARENA
L’histoire retiendra que le 19 octobre, pendant que des milliers de Sénégalais souffraient dans leur chair, les privilégiés se pavanaient au meeting de la honte… Il faut violemment détester son pays pour l’oser.
Ils lancent leur programme de gouvernement au Centre international de conférences Abdou Diouf, prestigieux héritage du régime du Président Sall dont le nom est donné à un des hommes d’Etat qu’ils ont jadis appelé à fusiller. Ils organisent un raout dans la belle salle de Dakar Arena, luxueux héritage du régime Président Sall dont ils jugeaient la construction contraire aux priorités du pays. Les militants ont été convoyés par Dakar Dem Dikk, héritage du régime du Président Wade qu’ils ont jadis appelé à fusiller. L’autre horde de militants a été transportée par le Train express régional, infrastructure structurante léguée à la postérité par le régime du Président Sall. Pour rappel, Mimi -selon la facétieuse trouvaille du maire de Dakar- avait juré de renoncer à son patronyme si le Ter roulait un jour.
Je reviens sur ce récent passé, car il permet de comprendre davantage à qui nous avons affaire. Une belle brochette de plaisantins dont l’ardeur à la tâche ne s’est guère exprimée, si ce n’est par la calomnie, l’injure, la médisance et la confirmation d’une notoire incompétence. Je rappelle ce passé également parce que rouler en Brt, composter le billet de Ter, s’enjailler dans l’enceinte de Dakar Arena provoqueraient pour un esprit rationnel un peu d’humilité et moins d’arrogance. Au contraire, la rhétorique de «l’Etat en ruine» par la faute de maquillage des comptes publics est encore brandie. Bref, la bêtise insiste toujours, nous prévenait Camus.
Des milliers de nos compatriotes vivent un drame humanitaire sans précédent depuis plus d’un siècle. Bakel est devenu la matérialité de la souffrance des Sénégalais victimes de la crue qui a fait suite au débordement de certains cours d’eau. Pire, il n’y a pas que Bakel : le Fouta est atteint. Notre beau territoire, ardent foyer de sagesse, d’intelligence et de fine intuition, est également touché par le débordement du fleuve du Doué, rivière née du fleuve Sénégal, au cœur du pays halpulaar. Podor, Ndioum et tant d’autres villages sont touchés dans un silence officiel qui en dit long... Je m’en remets à Charles Péguy : «Il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.» Bref…
Pendant ce temps, quand les énergies sont attendues autour d’une exigence de sortir de la souffrance nos compatriotes du Nord et de l’Est, les amuseurs publics paradent, accusent et, pire, s’accusent. Il y a une décence que je n’ai jamais attendue de ces gens. Et elle n’est toujours pas au rendez-vous.
La grossièreté est la marque de fabrique des faibles d’esprit dont la seule valeur est de n’en avoir aucune d’exemplaire. Pour dire le vrai, la cruauté de l’incompétence lui provient de son compagnonnage avec la désinvolture, voire la témérité. L’incompétent, quand il a en plus la mauvaise «bonne idée» d’être bavard, expose son ignorance et sa bassesse. Beaucoup de nos compatriotes qui, jadis, ont eu la faiblesse de leur prêter oreille attentive et bienveillante, ne se font plus d’illusion. Leurs anciens alliés, rétifs à l’époque à toute critique froide et objective au nom du «Tout sauf Macky», se réveillent groggy, entre cyberharcèlement, arrestations et acharnements divers.
Le temps est décidément ce juge implacable de la vanité des hommes. Quand ce bavardage, aussi permanent qu’incivil, s’arrêtera-t-il pour se remettre enfin au travail, afin de prendre soin de la veuve et de l’orphelin, de l’étudiant précaire comme de l’ouvrier, du retraité comme de l’enfant dont l’école est envahie par les eaux d’un fleuve débordant ?
Un des leurs parlait en mars dernier d’un «Sénégal des Almadies face à un Sénégal des Parcelles Assainies». Sa voix s’est désormais perdue dans la compromission quand il s’agit de pointer le Sénégal de Bakel et celui de Dakar Arena.
Bakel a les corps plongés dans les eaux, parmi lesquels ceux des mères aux visages noyés de larmes devant le désarroi de leur progéniture.
Des enfants en sont réduits à errer dans une zone coupée du reste du monde faute de pouvoir aller à l’école. Ils ont tout vu du show indécent de Dakar Arena et ne l’oublieront jamais. Pendant qu’ils souffrent, d’autres festoient. Il faut avoir un immense culot pour un jour oser faire le récit de l’unité nationale aux citoyens de Bakel et du Fouta. Et la Gauche, dans tout ce drame, notamment celle qui est tombée en ruine morale à force d’opportunismes et de calculs ? Celle qui a juré de défendre les opprimés et les outragés au nom de l’universalisme du genre humain. Au nom de places à squatter, ils ont expulsé le peuple de Bakel, de Matam, de Podor, de Kédougou, de leur champ de vision de l’humanité.
L’histoire retiendra que le 19 octobre, pendant que des milliers de Sénégalais souffraient dans leur chair, les privilégiés se pavanaient au meeting de la honte… Il faut violemment détester son pays pour l’oser.