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29 novembre 2024
Opinions
Par Thierno BOCOUM
TROIS REPONSES AU PRESIDENT MACKY SALL SUITE A SON ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC L’EXPRESS
Thierno BOCOUM ancien parlementaire Président AGIR, apporte des réponses sur la question du troisième mandat, celle du sommet France-Afrique de Montpellier et enfin celle relative à une éventuelle crainte d’émeutes au Sénégal comme celles de mars 2021
Le président Macky Sall a accordé une interview au journal français l’Express où il aborde plusieurs questions. Nous lui apportons des réponses sur trois d’entre elles : la question du troisième mandat, celle du sommet France-Afrique de Montpellier et enfin celle relative à une éventuelle crainte d’émeutes au Sénégal comme celles de mars 2021.
Sur la question du troisième mandat
Le Président Macky Sall entretient l’amalgame en ne faisant pas la différence entre le nombre de mandats et la durée de mandats, et ainsi pouvoir justifier que sa candidature dépendrait de sa simple volonté parce qu’ayant déjà obtenu l’onction du conseil constitutionnel depuis 2016. Dans son entretien avec le journal l’Express, il affirme que : « Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps. J’ai été élu en 2012 pour un mandat de sept ans. En 2016, j’ai proposé le passage au quinquennat et suggéré d’appliquer cette réduction à mon mandat en cours. Avant de soumettre ce choix au référendum, nous avons consulté le Conseil constitutionnel. Ce dernier a estimé que mon premier mandat était intangible et donc qu’il était hors de portée de la réforme. La question juridique est donc réglée. Maintenant, dois-je me porter candidat pour un troisième mandat ou non ? C’est un débat politique, je l’admets. » Le conseil constitutionnel s’est effectivement prononcé sur la réduction de la durée du mandat dans sa décision du 1er avril 2016. Il avait pris deux décisions sur cette durée : il avait avalisé la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans, prévue par ce projet de révision ; et avait considéré que la disposition prévoyant l’application de cette réduction au mandat en cours devait être supprimée, au motif que « le mandat en cours au moment de l’entrée en vigueur de la loi de révision, par essence intangible, est hors de portée de la loi. »
Donc, le Conseil constitutionnel s’est prononcé sur la durée du mandat qui était l’objet de la réforme constitutionnelle et non sur le nombre de mandats. Concernant le nombre de mandats, un verrou supplémentaire avait été ajouté à l’article 27 lors de la révision constitutionnelle du 20 mars 2016. Cet article avait déjà prévu la limitation des mandats à deux depuis la révision constitutionnelle du 7 janvier 2001. Ce verrou s’est libellé ainsi : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».
Retenons ensemble que la question du nombre de mandats n’a jamais fait l’objet d’une décision chez le juge constitutionnel. Il a été consolidé en 2001 et renforcé en 2016 dans la charte fondamentale de notre pays.
Or, la question de la candidature du Président Macky Sall relève de la problématique du nombre de mandats.
Si le juge constitutionnel devait traiter d’une manière indissociable la durée et le nombre, il faudrait une décision dans ce sens qui n’a jusque-là pas encore été prise.
Donc, contrairement aux affirmations du président de la République, le débat n’est pas encore tranché sur le plan juridique. Il s’y ajoute que le président Macky Sall qui incarne le pouvoir constituant dérivé et qui a donc été à la base de la réforme constitutionnelle a, lui-même, interprété la constitution en affirmant qu’il allait faire son dernier mandat quand il sera réélu en 2019 d’après les dispositions de la réforme de la constitution en date du 20 Mars 2016.
En dehors de l’aspect juridique avec son cortège de polémiques sciemment entretenues pour laisser une décision du juge constitutionnel s’imposer, il y a un aspect moral qui lie le président de la République à son peuple.
A la mythique phrase du président Wade « Ma waxone Waxete », le Président Macky Sall avait opposé le « wax jëf ». Une fois élu, il n’a pas respecté sa promesse de faire 5 ans à la place de 7 ans. Cependant, contrairement à cette promesse qui pouvait être habilement mais injustement accrochée à la décision du Conseil constitutionnel qui n’avait pas autorisé la réduction d’un mandat en cours, pour le cas du troisième mandat, cet exercice visant à prendre comme prétexte une prétendue décision du Conseil constitutionnel ne peut prospérer.
En effet, en l’espèce, le Président de la République ne pourra en aucune manière être contraint à se présenter à une élection sur la base d’une décision quelconque du juge constitutionnel sur le mandat, s’il décide de ne pas se représenter.
Sa décision personnelle sur cette question visant à respecter sa parole ne peut être compromise par une décision quelconque du conseil constitutionnel. Il doit par conséquent respecter sa parole en appliquant le « wax jëf » qu’il avait vendu à ses compatriotes.
Sur le somment de Montpellier
Interrogé sur le somment France-Afrique de Montpellier qui avait regroupé une certaine société civile africaine autour du Président Emmanuel Macron, le président Macky Sall a répondu au journal l’Express ceci : « Soyons clairs : les présidents africains n’ont pas apprécié ce format. Le chef de l’État français peut rencontrer la jeunesse africaine, cela ne pose aucun problème. Mais ce forum ne peut pas remplacer un sommet de chefs d’États élus qui représentent leurs pays. J’ai eu une discussion intéressante à ce sujet avec le président Macron. Tout cela est maintenant derrière nous et nous entretenons d’excellentes relations. » Cette façon de gérer nos relations avec la France est décevante et humiliante. Le Président Macron s’est permis de tordre les principes de souveraineté des États africains et s’en glorifie publiquement en organisant un sommet France-Afrique, snobant les décideurs africains légitimement élus et faisant face à une société civile choisie. À la place d’une réaction publique concertée des chefs d’Etats africains à la hauteur de l’affront, le Président Macky Sall nous annonce une discussion en privé entre lui et le président français sur la question qui aurait abouti à des relations excellentes entre les deux chefs d’États .
Le président Macky Sall doit savoir qu’il n’a pas été élu pour entretenir des relations personnelles qui relèguent les intérêts de l’Afrique et du Sénégal au second plan. Une action publique de dévoiement des principes de souveraineté des États africains entreprise par le président Macron devait être suivie d’une réponse publique de la part des chefs d’Etats africains. Dans une tribune intitulée « Cinq enseignements du sommet Afrique-France de Montpellier » nous avions averti qu’à travers ce sommet de Montpellier, le président Macron avait inauguré « l’ère des représentants africains non désignés par les Africains. Il inaugure l’ère des sommets étatiques impliquant l’Afrique sans représentants des États africains. Il inaugure l’ère du contournement des processus démocratiques internes des pays africains qui aboutissent aux choix de dirigeants élus. Il inaugure l’ère de l’attribution tous azimuts de la médaille de la légitimité française qui fera foi et metson titulaire au rang d’interlocuteur d’un Président français et de représentant du peuple africain. »
Et nous n’avions pas manqué de nous prononcer sur le silence des chefs d’États africains en ces termes : « Le silence de nos chefs d’Etat sur le sommet Afrique-France tenu à Montpellier et engageant nos pays à travers les décisions prises à cet effet sans leur présence et sans leur implication, remet tout en question. Tout le discours du Président Macron sur l’indépendance de l’Afrique s’affaisse comme un château de cartes. Si nos chefs d’Etat africains étaient libres, ils n’allaient jamais laisser passer un tel affront. Aucune jeunesse ou société civile française ne peut représenter la France dans aucun territoire du monde. Aucun chef d’Etat français n’acceptera que des décisions engageant la France soient prises en dehors de la France, sans ses représentants et exécutées en France. En organisant ce sommet de Montpellier, le Président Macron n’a fait que confirmer la main lourde de la France sur les affaires internes des pays africains. »
Les autorités françaises doivent définitivement tourner la page du paternalisme pour laisser place à une collaboration saine. C’est ainsi qu’elles donneront une bonne impression aux jeunes africains.
Même enrobé dans des réformes et formules creuses, ce paternalisme est visible à mille lieues. Il est juste irrespectueux à l’égard des peuples africains et inacceptable pour des États souverains.
Sur d’éventuelles émeutes au Sénégal
Répondant à la question de savoir s’il craignait des émeutes comme celles de mars 2021, qui avaient fait 14 morts, le Président Macky Sall a répondu : « J’ignore ce qui peut se passer. Je ne suis pas devin. Mais une chose est sûre : ceux qui s’imaginent pouvoir intimider le pouvoir et bloquer la justice se bercent d’illusions. Chacun devra assumer ses responsabilités. » Monsieur le Président de la République est donc passé du discours « ce qui s’est passé en mars ne se passera plus dans ce pays » à un discours où il nage dans l’incertitude en déclarant : « J’ignore ce qui peut se passer. Je ne suis pas devin. » En réalité, il sait que tout peut se passer. Le bilan de mars n’a été qu’un massacre contre le peuple sénégalais qui en a beaucoup souffert. Des compatriotes tués, d’autres blessés, des biens d’autrui saccagés, des commerces vandalisés… Le peuple souffre trop des dégâts collatéraux des combats politiques.
L’Etat a le devoir d’assurer totalement et entièrement la sécurité des populations, mais il n’a pas le droit de jeter de l’huile sur le feu.
Les différentes arrestations ces deniers jours doivent nous conduire à nous arrêter sur la question des libertés et sur l’utilisation de la force contraignante de l’État qui tend vers l’abus. Il est vrai que certaines arrestations sont totalement justifiées et doivent continuer. Ceux qui profitent d’une tension politique pour s’en prendre aux biens d’autrui doivent être mis hors d’état de nuire. La plus grosse erreur serait de défendre ces personnes incriminées au détriment de leurs victimes qui n’ont rien demandé et qui ont choisi de vaquer tranquillement à leurs occupations professionnelles ou familiales. En revanche, les arrestations pour des délits d’opinion qui deviennent courantes sont inacceptables. Alors membre de l’opposition, le président Macky Sall était allé jusqu’à promettre de déloger le président légitimement élu à l’époque, à savoir le Président Wade et il n’a jamais été inquiété pour cela. Les arrestations tous azimuts d’adversaires politiques pour des propos qu’ils auraient émis relèvent d’un abus de pouvoir inacceptable. Le président Macky Sall doit veiller au respect des libertés individuelles et collectives. L’Etat ne doit pas être le bras armé d’un Président de la République dans le cadre de ses propres règlements de comptes politiques.
Thierno BOCOUM
ancien parlementaire Président AGIR
Par Abdou FALL
LE SENS D’UNE INITIATIVE
Dans nos années de jeunesse, un ami aimait à dire que « le Sénégal avait la singularité d’un pays où la parole avait le pouvoir d’être un moyen de production aussi important que le travail et le capital
Dans nos années de jeunesse, un ami aimait à dire que « le Sénégal avait la singularité d’un pays où la parole avait le pouvoir d’être un moyen de production aussi important que le travail et le capital «. Cette malicieuse réflexion faisait rire à l’époque mais semble faire sens de nos jours au regard des phénomènes politiques pour le moins curieux qui se déroulent sous nos yeux ....
Par un usage frénétique, inconsidéré et sans scrupule des réseaux sociaux et avec la complicité de certains médias, il se fait le tour du monde que le Sénégal serait en crise et au bord de l’implosion parce qu’un citoyen doit répondre devant la justice d’allégations diffamatoires sur une personnalité politique du pays.
Déclarant à qui veut l’entendre sa défiance à l’égard de toutes les institutions de la République, ce monsieur qui prétend vouloir nous gouverner lance à tous vents des appels à des soulèvements populaires à chacune de ses convocations devant les tribunaux du pays. Pourtant, à l’exception de certains quartiers de la capitale où des bandes de jeunes se sont livrés à des actes de vandalisme, le pays est resté calme dans son ensemble.
Un climat de tension artificiellement entretenu par médias interposés a toutefois occasionné de la gêne pour des parents soucieux de préserver leurs enfants de violences sur la route de l’école et causé de lourds préjudices aux travailleurs du secteur informel dont les activités sont fortement compromises durant les journées d’agitation de rues érigées en mode opératoire de stratégies émeutières et insurrectionnelles.
Sinon aucun des secteurs névralgiques du pays n’est touché.
Le Sénégal serait pourtant en crise et au bord de l’implosion selon nos nouveaux professionnels de « l’agit prop « alors que toutes les institutions fonctionnent normalement, les appareils administratifs et de production tournent en toute tranquillité et en plein régime, toutes les activités sociales se déroulent le plus naturellement du monde, et au moment même où notre jeunesse fête avec fierté et enthousiasme le plus bel exploit qu’aucune nation africaine n’a jamais réalisé dans le passionnant domaine du football.
Toutes ces belles performances de la majorité conduite par le Président Macky Sall dans un contexte politique de libertés absolues, ce qui est une exception dans les pays en développement, devraient être ignorées et enterrées parce qu’un acteur politique est en difficulté sur des sujets d’ordre strictement civil.
Je pense en toute honnêteté que ça ne fait pas sérieux ...
Nous aurions toutefois manqué de rigueur si on ne prenait pas en compte le malaise et le mal-vivre d’un monde soumis à une gouvernance ultra libérale de l’économie et d’un modèle de démocratie représentative â bout de souffle avec un cortège d’inégalités inacceptables de nature à provoquer des discriminations, des frustrations et des colères de plus en plus vives dans presque tous les pays.
Au plan politique, toutes les démocraties dignes de ce nom, dont notre pays, traversent leurs moments anarcho-populistes. Ce qui se passe actuellement en France en est une parfaite illustration.
Au Sénégal aucun observateur de bonne foi n’ose nier les efforts colossaux entrepris de façon volontariste par le Président Macky Sall et ses gouvernements successifs dans la construction des bases infrastructurelles de notre développement, et pour la promotion de politiques justes de démocratie sociale avec la conscience aiguë du chemin qui reste à faire.
Toutefois, ailleurs comme chez nous, des groupes d’agitateurs fédèrent des radicalités d’obédiences les plus nébuleuses dans des logiques anti système qui ne peuvent être porteuses que de violence, de désordre et de chaos.
Pendant que les forces démocratiques et de progrès de notre pays, sous la direction de Bennoo s’attachent à consolider et à approfondir nos politiques hardies de construction démocratique d’une nation unie, solidaire et en développement, toutes choses reconnues à l’intérieur et l’extérieur du pays, on veut nous faire croire que le Sénégal est â la veille d’une «révolution « parce que le pays vient de donner naissance à un messie «sauveur» et « libérateur « qui offrirait sa vie pour cette « noble mission «.
De qui se moque t’on ?
Je suis de ceux qui pensent que le Sénégal, avec la trajectoire politique exceptionnelle qu’il a connue mérite bien mieux que ça. Quelle que soit par ailleurs la part d’autocritique que notre majorité ne peut manquer d’assumer en toute humilité à travers une démarche d’évaluation sans complaisance de ses points de forces et de faiblesses.
Ce à quoi la coalition Benno Bok Yakaar s’attelle avec rigueur et ne manquera pas dans les semaines qui viennent de traduire en programme et plan d’action à travers le territoire national et dans la diaspora.
En tout état de cause, maintenant que le décret fixant la date de la prochaine Présidentielle est publié, aucune confusion ne peut être entretenue sur le cours du calendrier électoral qui est le référentiel exclusif en démocratie et dans un état de droit qui se respecte.
Le Sénégal ne manquera jamais à ses obligations dans ce domaine car on serait dans une démarche de naufrage collectif. Ce que rien ne peut justifier dans les circonstances actuelles du pays.
Le Président de la République et son gouvernement sont dans leurs missions régaliennes de défense des droits et libertés publiques et privés, de préservation en toutes circonstances de la paix civile, de protection des personnes et des biens et de sauvegarde intransigeante de l’autorité de l’état dont la faiblesse nous mettrait tous en péril. C’est la conscience partagée de nos responsabilités individuelles et collectives dans la défense de la démocratie et de la République qui donne sens à l’appel qu’au-delà des clivages partisans des hommes et femmes de bonne volonté et de toutes obédiences viennent de lancer pour la défense intransigeante de nos institutions dont la robustesse conditionne la paix et la stabilité sans lesquelles aucune nation ne peut prospérer.
Les patriotes de Tivaouane échappent à l'instruction
Après un retour de parquet, les responsables du parti Pastef de Tivaouane que sont Bineta Samb, professeur de français au lycée de Pambal et responsable départemental des femmes patriotes, Alioune Badara Mboup coordonnateur communal et vice-coordonnateur départemental, Moustapha Lô chargé de la communication, Habib Sy Ndiaye responsables des jeunes et Idrissa Diédhiou responsable à Mboro ont été finalement placés sous mandat de dépôt hier. Ils ont passé leur première nuit à la maison d'arrêt et de correction (Mac) de Thiès en attendant le procès en flagrant délit prévu ce mercredi. Déférés au parquet hier pour troubles à l'ordre public, appel à la rébellion et incitation à la violence, ils ont finalement échappé à l'instruction. Au total, ce sont 11 patriotes de Tivaouane qui ont été déférés hier dont 3 mineurs qui seront traduits devant la juridiction dédiée. Ils avaient été interpellés suite à une manifestation autorisée du mercredi, qui devait s’achever à 17 heures, mais ils avaient poursuivi sous le prétexte que le domicile de Sonko était assiégé par les forces de l’ordre.
Le doyen des juges a inculpé 21 manifestants
Sale temps pour les interpellés des récents évènements du 16 mars à Dakar. L’information est de Me Cheikh Koureyssi Ba, membre du pool d’avocats des manifestants. A l’en croire, le doyen des juges a procédé à l'inculpation de 21 personnes réparties en deux dossiers. Il s’agit d’Assane Sall, Serigne Moda Dramé, Ousseynou Ndiaye, Yarga Sy, Babacar Baldé, Elimane Mouhamadou Salif Thiélo et 15 autres. Quant au juge Mamadou Seck du 2e cabinet, il hérite de deux dossiers polarisant 40 personnes. Il n’a pas pu entendre les mis en cause faute de greffier. Car l’union nationale des travailleurs de la Justice (Untj) est en grève.
100 manifestants répartis entre les 3e et 7e cabinets d'instruction
Restons avec les manifestants interpellés pour souligner que plus de 100 dossiers seront répartis entre les troisièmes et septièmes cabinets d'instruction. D’après Me Ba, le procureur qui a requis le mandat de dépôt pour l'ensemble des inculpés, vise l'article 80 du code pénal. Ainsi, ces manifestants ont bénéficié d’un retour de parquet de même que Cheikh Oumar Diagne et Karim Xrum Xaax dans l'attente de la désignation d'un cabinet pour instruire leurs dossiers. Quant aux mineurs en provenance du commissariat des Parcelles Assainies, ils vont comparaître devant le tribunal pour enfants, ce vendredi.
Révolte des élèves de Pikine
L’arrestation de l’élève Bass du CEM Tidjani de Bountou Pikine, lors des manifestations du 16 mars, a plongé ses camarades dans une colère noire. En guise de soutien, ces potaches ont tout bonnement observé hier une journée morte avant de déloger leurs camarades des autres écoles. Ils se sont ensuite rendus au tribunal de Pikine-Guédiawaye pour réclamer la libération de leur camarade. Car les manifestants arrêtés dans ces deux départements y sont déférés. Leur exigence a été bien prise en compte par le parquet qui a relaxé l’élève qui est sorti tout souriant, acclamé par ses camarades.
Taxawu Senegaal tacle Macky Sall
La sortie du Président Macky Sall sur le 3e mandat a suscité beaucoup de réactions. Le porte-parole de Taxawu Senegaal demande au président de la Benno Bokk Yaakaar de faire ses valises parce que la Constitution lui interdit de briguer un nouveau mandat. Moussa Taye estime que lorsque la sphère d'un chef de l’Etat est infestée de transhumants et de courtisans, l'arrogance devient le principe de gouvernance. Or, précise-t-il, l'arrogance précède la ruine. Il estime que la vérité juridique est que Macky Sall est bel et bien à son second et dernier mandat. A l’en croire, la sagesse lui recommande de préparer son départ pour préserver l'unité etla cohésion nationales. «Lorsqu'on est entouré d'une ribambelle d'incompétents avec à la tête votre pot de fleur de Premier ministre, j'imagine la difficulté à trouver un héritier qui porte le flambeau. Mais qu'à cela ne tienne, faites vos valises car l'heure du départ approche», a déclaré le porte-parole du mouvement de Khalifa Sall.
Débrayage des enseignants du Cusems/A
Le Cadre Unitaire des Syndicats de l'Enseignement Moyen et Secondaire/Authentique (Cusems/A) a entamé la lutte hier pour exiger la libération des enseignants arrêtés dans le cadre de leurs activités politiques et le respect du protocole d’accord. Les enseignants ont observé hier un débrayage qui a été bien suivi dans le département de Mbour. Dans la quasi-totalité des établissements scolaires, les enseignants affiliés à ce syndicat dirigé par Dame Mbodj ont suivi le mot d'ordre. Ceci a partiellement affecté le secteur éducatif. Les professeurs d'éducation physique sont aussi entrés dans la danse en respectant le mot d'ordre. Toutefois, la journée du mardi risque d'être beaucoup plus mouvementée avec la grève décrétée par le Cusems qui a rejointle combat pour la libération des enseignants et des élèves, en observant un débrayage à partir de 9h alors que le Cusems/Asera en grève totale.
LD Debout invite Macky à renoncer au 3e mandat…
La LD Debout demande solennellement au Président Macky Sall, pour l’intérêt du pays et le sien propre, de renoncer à ce projet de troisième mandat. Dans le même sillage, ces jallarbistes invitent le leader de Benno Bokk Yakaar (Bby) d’arrêter l’instrumentalisation de la justice et des forces de défense et de sécurité, et de respecter les libertés individuelles et collectives. Le Secrétariat Exécutif National (Sen) condamne, par ailleurs, l’agression dont a été victimes le président du Pastef Ousmane Sonko à qui elle souhaite prompt rétablissement. Il rappelle au Président Macky Sall son cortège et sa foule de militants pour répondre à une convocation en janvier 2009 à la Sûreté urbaine. Et à aucun moment, indiquent les jallarbistes, il n’avait été malmené ou forcé sur un choix d’itinéraire. Le Sen demande à ses militants de participer à la lutte pour la sauvegarde de notre démocratie, de l'Etat de droit et du respect de l'exercice des libertés individuelles et collectives, en ralliant les forces vives partout au Sénégal et dans la diaspora.
Les travailleurs de la Caisse de Sécurité Sociale au front
Les travailleurs de la Caisse de Sécurité Sociale (Css) engagent le combat pour la pérennité de l’institution, la justice sociale, l’égalité des chances et la transparence. Dans un communiqué reçu à «L’As», ils réclament la nomination d’un directeur à la hauteur des exigences d’une bonne gestion de l’institution. Cependant, prévient le secrétaire général du syndicat, les travailleurs n’accepteront aucune nomination politique pour ne pas finir comme certaines structures étatiques à l’exemple de la Poste alors qu’elle ne reçoit aucune subvention de l’Etat. Au regard des compétences existantes au sein de l’institution, ils souhaitent une promotion en interne d’un directeur préoccupé par les intérêts stricts de leur institution pour sa pérennisation et celle de leur emplois. Par ailleurs, les travailleurs de Css exigent le paiement des primes de bilan de 2021 dans les plus brefs délais. Dans le même registre, ils invitent l’Etat à renouveler le Conseil d’Administration dont le mandat a expiré depuis 2016. Le syndicat national des travailleurs de la Caisse de Sécurité Sociale est prêt à la lutte, si les autorités font la sourde oreille.
Projection du film «Chasseurs d’étoile du Sénégal»
Le Président Macky Sall est attendu aujourd’hui au Grand Théâtre à partir de 10h pour assister à la première du film «Chasseurs d'Étoile» de Marame Kaïre qui relate l’odyssée d’un vaisseau spatial de la NASA nommé Lucy qui décolle de Cap Canaveral (Floride, Etats Unis) pour une mission vers un groupe d'astéroïdes situés sur l’orbite de la planète Jupiter, à plus de 400 millions de kilomètres de la Terre et censés détenir des indices importants sur les origines de notre Système Solaire. Ce documentaire inédit de 56 minutes est une coproduction des studios mondialement reconnus de la société TERRA MATER (Vienne, Autriche) et de la plus grande chaîne de télévision scientifique au monde, NOVA-PBS (USA). Quelques heures avant, au Sénégal, d’après un communiqué reçu «L’As», une équipe de scientifiques entreprend de capturer des observations extraordinairement précises, essentielles au succès de la mission Lucy - des données cruciales, nécessaires pour aider la NASA à diriger Lucy vers ses cibles d'astéroïdes à travers des millions de kilomètres dans l’espace.
Renouvellement du parc automobile
Saint-Louis a accueilli hier la caravane du Fonds de Développement des Transports Terrestres (Fdtt) dirigé par Babacar Gaye. L’étape de la capitale du nord a permis à l’administrateur du Fdtt de rencontrer les acteurs afin d'échanger avec eux sur le programme de renouvellement du parc des véhicules de transport public. Présidant la cérémonie, le Gouverneur adjoint chargé du Développement, Modou Mamoune Diop, a salué la pertinence de cette démarche inclusive et les mesures prises pour le renouvellement du parc automobile sénégalais. Quant à Babacar Gaye, administrateur du Fdtt, il a rappelé que l’Etat a fourni d’innombrables efforts, malgré tout le parc automobile est très vétuste. A l’en croire, 60.000 véhicules vont bientôt être enlevés de la circulation. Ils constituent le segment des véhicules qui ont plus de vingt ans pour le transport de personnes et ceux qui ont plus de vingt-cinq ans pour les véhicules de transport de marchandises. Au nom des transporteurs, le syndicaliste Gora Khouma, précise que le Fdtt vise le renouvellement du parc automobile qui est une demande pressante des acteurs routiers.
Ndioum : 7e édition de la Ziarra annuelle
La 7e édition de la Ziarra annuelle de Hadja Khady Elimane Hane, dite Mayo a vécu ce weekend dans la commune de Ndioum. Un séance de récital du Coran et de Zikr s'est tenue toute la journée du samedi à Ndioum Walo dans la demeure de ses ancêtres, en présence des Imams Bocar Diaga de Ndioum, Mamadou Abdoulaye Sy de Guédé chantier, Amath Aw de Guédé village, et de la population. Les religieux ont magnifié la foi de l’initiatrice qui, de tout temps, œuvre dans le social en soutenant les lieux de cultes et les foyers religieux. Ils ont formulé des prières pour le repos des âmes de ses regrettés parents, pour la cohésion de sa famille et la stabilité du Sénégal. Auparavant, il y a eu la veillée religieuse ( Gamou) animée par Abou Samba Taara à Nianga Ndioum et dédiée au Prophète Mohamed (PSL). Au nom de la famille, El Hadji Tidiane Amadou Hane s’est réjoui de la bonne organisation de l'événement religieux. Il a rappelé à la nouvelle génération la place de femme dans le foyer et dans l’islam, à l'image de Sokhna Khadija.
Législatives à Bissau : Braima Camará rencontre ses militants
Tête de liste de la coalition Madem-G15 aux élections législatives du 4 juin prochain, Braima Camará a entamé sa précampagne par le Sénégal. Ce compagnon du Président Umaro Sissoco Embaló a rencontré les militants de Madem-G15 au Grand Théâtre de Dakar. Braima Camará a tenu à remercier le Président Macky Sall et les autorités pour lui avoir facilité l’organisation de cette grande rencontre à ses sympathisants. Devant les nombreux militants, la tête de liste de Madem-G15 a lancé le slogan : «Hora Chiga» qui signifie que l’heure du changement a sonné. A l’en croire, les élections législatives constituent une opportunité pour le militants afin de consolider les acquis et d’opérer le changement de gouvernance dans tous les secteurs, particulièrement l’éducation, agriculture etc.. Braima Camará est confiant que MademG15 va gagner les législatives avec une majorité absolue.
André Chassaigne et Jean-Paul LECOQ
MULTIPLE PHOTOS
DES DÉPUTÉS FRANÇAIS S’INQUIÈTENT D’ACTES POSÉS PAR MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le spectre d'un troisième mandat apparait comme une mise à mal de la démocratie sénégalaise avec risques de tensions durables menaçant la stabilité de la région
SenePlus publie ci-dessous, l'intégralité de la lettre datée du 17 mars 2023 de deux députés français adressée à Catherine Colnna, le ministre de l'Europe et des Affaires étrangè!res sur la situation de grave crise qui prévaut au Sénégal.
Madame la Ministre,
Comme vous le savez, la situation politique au Sénégal est de plus en plus dangereuse à mesure que s'approche son élection présidentielle.
Premièrement, la menace d'un troisième mandat du Président Macky Sall apparait selon de nombreux acteurs au Sénégal et ailleurs comme une mise à mal de la démocratie sénégalaise et créerait des tensions durables au sein de la société menaçant la stabilité de la démocratie sénégalaise, et plus largement la stabilité de la région.
Deuxièmement, les tentatives d'intimidation, les menaces et les actions judiciaires contre les opposants politiques du Président Macky Sall, dont Ousmane Sonko qui est issu de la coalition « Yewwi Askan Wi», contribuent à créer des tensions qui pourraient, au moindre accident, dégénérer de manière violente Aujourd'hui, de très nombreux Sénégalais se soulèvent face à ce qu'ils considèrent comme un harcèlement judiciaire visant à faire tomber l'opposant politique le mieux placé pour l'emporter aux prochaines élections présidentielles.
Troisièmement, selon plusieurs médias sénégalais, le Président Macky Sall aurait donné 12 millions d'euros à la députée Marine Le Pen lors de son entrevue privée avec lui le 18 janvier dernier.
Fort de ces trois éléments complémentaires, il nous semble que la France a tout intérêt à s'inquiéter de la présente situation.
Premièrement, Paris doit impérativement vérifier que le Président Macky Sall ne s'ingère pas dans la politique française en finançant un parti politique français.
Deuxièmement, la France doit intégrer dans le dialogue qu'elle a avec le Président sénégalais et les autorités de ce pays, son souhait de voir le Sénégal remplir ses obligations du point de vue du droit international au titre, notamment de son adhésion aux Nations-Unies, mais également du Pacte international relatif aux droits civils et politiques ratifié par le Sénégal en 1978 et de tous les engagements internationaux et nationaux afférents.
Enfin, dans un contexte où les actions de la France sont scrutées de très près en Afrique francophone, dans ce qui a été autrefois appelé le "pré-carré" français, et qui laisse encore très largement des plaies à vif dans cette sous-région du continent africain, il apparait fondamental que la France soit attentive au respect de l'opposition et œuvre, dans un cadre multilatéral incluant les instances africaines à garantir des élections crédibles, c'est-à-dire sans la présence de l'actuel président Macky Sall.
Que nous le voulions ou non, force est de constater que dans cette zone d'influence, beaucoup voient la main de la France dans le soutien aux dirigeants politiques en place. Pour le dire autrement: la France est souvent vue comme préférant la stabilité politique à l'alternance démocratique, quitte à soutenir des autocrates pendant des décennies, comme c'est le cas par exemple au Cameroun ou à Djibouti.
Pour beaucoup d'opposants sénégalais, si Macky Sall se représente de manière illégale, c'est qu'il aura eu l'accord de Paris. Car selon que le pouvoir en place est proche ou non de Paris, beaucoup d'observateurs attentifs constatent que les règles semblent s'appliquer différemment.
C'est ainsi que le troisième mandat inconstitutionnel du président ivoirien Alassane Ouattara n'a pas été aussi sévèrement critiqué par Paris que le troisième
mandat du président guinéen Alpha Condé, qui a pris fin avec un coup d'État en septembre 2021 organisé par un ancien légionnaire français, ce qui, pour certains, pose question.
L'autre exemple qui trouble nombre d'observateurs du « deux poids deux mesures » de la diplomatie française en Afrique francophone porte sur la présence du chef d'État français à Ndjamena quelques jours après le décès du Président du Tchad Idriss Déby en avril 2021 afin de rencontrer le putschiste Mahamat Idriss Déby et de lui donner une légitimité de chef d'État alors qu'il a occupé la place de son père dans l'illégalité constitutionnelle la plus totale.
Madame la Ministre, les complexes relations qu'entretient la France avec les États francophones d'Afrique doivent évoluer. La France se grandirait donc à venir en soutien à toutes les initiatives utiles au bon déroulement du scrutin présidentiel à venir au Sénégal, démontrant ainsi un tournant dans cette politique trouble de la France en Afrique.
Sachant compter sur votre vision rénovée des relations entre la France et l'Afrique, et sur la capacité de la France à comprendre l'évolution de la dynamique politique africaine francophone, et espérant que la France saura prendre une part légitime et positive dans la résolution actuelle du conflit sénégalais, nous vous prions d'agréer, Madame la Ministre, l'expression de ma haute considération.
André Chassaigne
Député du Puy-de Dôme
Président du groupe de la Gauche Démocrate et républicaine
Jean-Paul LECOQ
Député de Seine-Maritime
Vice-président de la
Commission des Affaires étrangères
Par Mamadou Ndiaye
GEL DE LA CROISSANCE
Le froid s’éloigne. La chaleur s’installe. Au-delà des facéties du climat, le changement de saison déroute les Sénégalais. Ils ont certes l’œil rivé sur l’échéance fatidique de février 2024 mais le quotidien les tenaille.
Le froid s’éloigne. La chaleur s’installe. Au-delà des facéties du climat, le changement de saison déroute les Sénégalais. Ils ont certes l’œil rivé sur l’échéance fatidique de février 2024 mais le quotidien les tenaille. Comment tenir dès lors face aux enjeux et aux impératifs ?
Par la passion et par l’indifférence, ils se la jouent débonnaires. Pépères presque. Que cacherait alors cette tranquillité apparente ? Sans se prétendre autres, ils donnent d’eux-mêmes une image peu naturelle, feinte, navigant entre honte, peur et anxiété voire entre dangers occasionnels et soucis permanents.
Devant ce cumul de difficultés, nos compatriotes apparaissent ainsi nonchalants, dépourvus d’emprise nette sur un destin dont ils se croient dépossédés. S’ils refusent d’être en première ligne, la réalité, aussi dure soit-elle, s’imposera à eux contre leur propre gré.
Une introversion inhabituelle gagne de larges secteurs autrefois très actifs mais qui peinent aujourd’hui à se mouvoir et à se relancer. Or la menace guette. Pire, elle se précise.
Dans ce moche environnement, la voix de MBagnick Diop déchire un silence entretenu. L’habile président du Mouvement des Entreprises du Sénégal (MEDS) soulève le lièvre en clamant avec ostentation que « l’économie doit reprendre sa prééminence sur la politique » devant un parterre de chefs d’entreprises, de banquiers et d’assureurs, de dirigeants politiques et de leaders conviés à l’Assemblée générale de l’organisme patronal.
Une seule voix suffit-elle pour secouer le cocotier ? Pas si sûr. En revanche, elle peut être audible puisque par sa farouche apparence et son impressionnant carnet d’adresses, MBagnick Diop peut accéder aux hautes sphères de décision et infléchir des positions. Nul doute que nous nous acheminons vers une échéance importante.
Mais pour cruciale qu’elle soit, cette circonstance ne doit en aucune façon occulter la réalité économique de notre pays, soubassement de sa prospérité intrinsèque. Les indicateurs sont, à cet égard, très explicites. Selon de récentes prévisions, les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 22 % pour atteint de 2,5 milliards de dollars.
Dans le même temps, le Sénégal enregistre 27 % de hausse des projets d’investissements nouveaux. Seulement voilà : près de 60 % de ces IDE s’orientent vers les mines et les hydrocarbures. Cette tendance s’observe d’ailleurs à l’échelle de l’Afrique, toujours cantonnée au rôle (peu enviable) de pourvoyeur de matières premières et de produits de base.
Le même réflexe prévaut : prendre le produit brut, le transporter sous d’autres cieux pour le transformer et ramener une infime partie comme produit fini vendu si cher que peu y ont accès faute de pouvoir d’achat conséquent. Ces investissements ciblés contrastent avec le marasme qui sévit dans les entreprises productrices de biens de consommations. Les investissements se contractent.
Certains n’hésitent pas à parler de gel en raison des incertitudes liées au climat politique. Or tout gel ou contraction de financement entraînent un rétrécissement de portefeuille d’activités et de diminution drastique de productivité. Conséquence immédiate : une réduction proportionnée des effectifs, un lancinant chômage en vue avec des pertes de revenus et un accroissement des tensions.
La Banque centrale ne cesse d’inciter les banques primaires à la prudence. Le maître-mot : report des crédits à « meilleure opportunité ». En clair, les banques ne prêtent plus. Non plus elles ne financent à moyen terme. Comprenez : sur un an, délai qui coïncide étrangement avec la tenue de l’élection présidentielle de février 2024.
Pour autant, le continent représente une force, tant par sa centralité géostratégique que par la vitalité de sa démographie quand partout ailleurs, le vieillissement sonne comme un obstacle avec comme effet inhibiteur, une perte de position, la hantise du recul et de la dépendance dans un futur circonscrit.
Le personnel dirigeant du continent comprend-il mieux les enjeux (de maintenant et de demain) pour mener les batailles qui vaillent ? Bientôt le dividende démographique sera une réelle force motrice, un vecteur de progrès tangible pour soutenir la croissance et obtenir de substantiels gains de productivité pour les pays adeptes de la gestion d’anticipation. L’issue n’est pas encore certaine.
En revanche, pris isolément, les pays africains ne représentent pas une force face aux mastodontes américains, chinois, européens et même indiens. Ces puissances voient le continent africain comme une proie. Elles affinent leur stratégie de conquête et, tirant les leçons du passé colonial, s’arrangent pour séduire les jeunes « prêts à sauter le pas » pour échapper à un présent accablant. Ils constituent une chance et une force inouies.
Toutefois l’absence d’horizon dégagé pousse nombre d’entre eux à entreprendre des initiatives désespérées : aller à l’aventure, prendre les armes et s’incorporer dans les milices qui opèrent en bandes rivales dans des portions de territoires transformées en « no man’s land ». Pour peu, l’on croirait que violence et combats de rue riment avec jeunesse. Loin de là.
Cependant, il est notoirement connu que ces embrigadements traduisent un désenchantement de la jeunesse et surtout une inquiétante absence de perspectives claires alors que des pouvoirs s’organisent en clans pour un accaparement exclusif des ressources du pays.
Rien n’explique l’instabilité permanente si ce ne sont ces contestables modes de gouvernance sans concertations préalables. L’impunité s’érige-t-elle désormais en règle ? Il faut le craindre. Car partout où l’autorité faiblit, la société se fissure et l’autorité se délite. Qui a intérêt à vivre dans une société déconstruite ? Pas grand monde ne le veut.
En toute circonstance, une autorité doit prévaloir comme point de fixation des légitimes aspirations. Il sera trop tard pour s’en apercevoir quand chaque force lilliputienne ne voit midi qu’à… sa porte ! Cette autorité, fut-elle résiduelle, a aussi pour mission (et fonction) de protéger les personnes et les biens. Que deviennent les victimes des émeutes ? Qui évalue le préjudice ? Qui le répare ? Quel sort pour les émeutiers ?
Le monde est en mouvement perpétuel. Le comprendre et l’admettre, c’est déjà un acquis. Nos économies sont à genoux. Elles ne survivent que par les perfusions distillées par des institutions agissant « aux doigts et à l’œil » de puissances invisibles, mais oh combien visibles !
PAR Moussa Ngom
À MES CONFRÈRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce n'est pas pardonnable d'être journaliste et relayer les propos des tenants d'un “troisième mandat” illégal mais avant tout immoral à tout point de vue. Ce n'est pas une question d'équilibre mais de responsabilité
Cette tribune destinée à la presse sénégalaise appelle à des prises de position éditoriales plus fermes face à la violence d’État exercée par le régime actuel.
Il est des glissements vers l’autoritarisme qu'on ne soupçonne pas mais qui se reflètent dans nos modes de pensée.
La plus illustrative d'entre elles est de pouvoir deviner qui, de nos jours, est susceptible d'être inquiété par la justice non pas pour ses propos mais pour son affiliation politique ou la contradiction du discours politique officiel.
Il faut des hommes pour matérialiser les injustices mais il y a des corps de profession pour le permettre. Si les politiques au pouvoir sont à l’initiative de cette entreprise globale de répression des opinions, il est deux entités qu’il faut tenir particulièrement pour responsables de la situation actuelle : la Justice et la Presse pour leur rôle actif ou passif, c'est selon, au service d'ambitions liberticides.
Le Sénégal a connu des jours sombres à la fin du règne d’Abdoulaye Wade avec des morts qui n'auraient pas dû être et des personnes marquées à vie par les conséquences d'une ivresse de pouvoir.
Aujourd’hui encore les mêmes déclarations incendiaires, les difficultés socio-économiques et le climat de tension encore plus exacerbé font craindre le pire.
Une tension entretenue car si le chef de l’État avait douteusement expliqué vouloir écarter tout débat nuisible à la suite de son mandat, il faut noter que sa promesse de sanctionner ceux qui iraient à l’encontre de sa ligne de conduite ne s’est globalement appliquée qu’à ceux qui ont rappelé ce que lui-même avait dit et redit très clairement : il ne pourrait se représenter en 2024.
Pourtant, ses ministres (en tête, son Premier ministre le pressant de se déclarer), directeurs d’agences publiques et partisans de tous bords, déroulent à leur aise leur agenda pour un “second quinquennat” par des pétitions, déclarations de presse et meetings, parfois en sa présence et disent se mobiliser pour concrétiser leur "unique option pour 2024" sans que cela ne semble gêner le chef du parti.
Il ne fait donc plus aucun doute que si ce n'est sa principale option, Macky Sall se ménage encore les moyens de concrétiser une volonté de se représenter à nouveau et/ou d’écarter les concurrents sérieux à son poste. Sa récente sortie dans le média L'Express s’ajoute à une longue liste de signaux rouges.
Il est important de parler de cette troisième candidature car elle est à la source de tout. Et il convient si ce n’est déjà tard, d’anticiper les conséquences meurtrières de l’instauration d’un tel débat car à ce stade, ce n'est pas pardonnable d'être journaliste et relayer, en estimant n’être que factuel, les propos de leaders politiques qui professent un “troisième mandat” illégal mais avant tout immoral à tout point de vue. Ce n'est pas une question d'équilibre entre parties mais de responsabilité vu le passé très récent.
En d'autres termes, on ne peut pas prétendre exercer un métier ayant pour vocation de préserver la démocratie et torpiller les rares piliers sur lesquels elle repose.
Bien que nous soyons dans une période d'extrême polarisation de l'information, il ne s'agit pas d'une position partisane mais bien républicaine. Si la presse doit servir d’arbitre du jeu démocratique, s’opposer aux méthodes déloyales d’un acteur est tout sauf une interférence, surtout lorsque cet acteur utilise les puissants moyens mis à disposition de l’État contre une partie de la société.
Il s’agit donc de servir de rempart face à la machine répressive du régime actuel, préserver l'État de droit et surtout la liberté d'expression, celle-là même qui nous permet d'exercer ce métier et que le régime actuel réduit de jour en jour à néant.
Suivre des principes est parfois pénible car il implique de défendre des personnes pour lesquelles nous n'avons aucune sympathie, y compris au sein de notre profession. Aucun membre de la corporation n’est d’ailleurs épargné.
De nos jours, ne pas être inquiété pour son travail journalistique n'est pas fonction du respect des règles, tout dépend de sa capacité à gêner le projet antidémocratique qui se déploie depuis plusieurs années.
Il y a déjà eu une succession de faits marquants sur lesquels nous avons raté le coche.
La première concerne les germes liberticides contenus dans les textes régissant notre métier. Il ne faut que le moment opportun pour qu'ils soient utilisés contre les voix discordantes.
La diffusion de fausses nouvelles, la diffamation, le secret défense, les supposés outrages à l'Institution, des concepts qui ont malheureusement eu de meilleurs avocats dans la presse que ceux qui s’en prévalent pour intimider journalistes, activistes et opposants ou simples citoyens.
Heureusement qu’il reste dans les évènements politiques, des moyens de comparaison avec les risques liés à notre métier pour une meilleure prise de conscience de l'enjeu.
Interrogeons-nous, par exemple, quatre fois :
- Pourquoi faut-il, aux journalistes comme aux citoyens épris de transparence, s’entourer de toutes les subtilités possibles voire même s’autocensurer quand ils savent détenir un document, rendu confidentiel à dessein, relatant des faits d’intérêt public ?
- Pourquoi l’exigence (injustifiée) à la presse de respecter le secret de l’instruction est moins évoquée dans le débat public, les fuites de pv ici et là devant permettre à grande peine d’avaliser dans l'opinion des détentions plus qu’arbitraires et humiliantes.
- Pourquoi est-il inconsciemment considéré comme plus risqué légalement de filmer l’acte que de procéder à un racket quotidien et systématique sur les routes ?
- Alors que les moments les plus décisifs d’une nation se jouent souvent dans le secret et que dans bien des pays, on se bat et force les barrières que les gouvernants imposent pour le préserver, il n'y a rien de plus aberrant que certains, ici, justifient d'être écartés au nom d’une certaine “légalité”. À qui donc cette protection du secret sert-elle et est-ce l'essence de notre métier et d’une démocratie ?
Des carrières sont brisées, des personnes sont mortes sans qu'il ne leur soit accordé la considération qui sied en leur rendant justice et d'autres anonymes séjournent en prison car, faillite collective, échapper de nos jours aux injustices dépend du degré d’engagement de sa corporation.
Il nous faut ramener la logique démocratique et replacer l’humain au cœur de notre métier, privilégier la légitimité du but démocratique que nous poursuivons face à une légalité contraire aux intérêts du public, analyser ce que vaut et signifie le "respect" d’une Institution quand les hommes qui l’incarnent temporairement piétinent la dignité de ceux qu'ils devraient servir.
A mes confrères, il y a urgence démocratique.
par Madiambal Diagne
NE PLUS LAISSER FAIRE OUSMANE SONKO
A chaque fois que Sonko sort de sa maison, tout le monde s’enferme chez soi. Il s’autorise tout ce qu’aucun autre Sénégalais n’ose faire. Combien de personnes ont déjà perdu la vie pour les caprices de cet homme politique ?
C’est bien curieux ! Le 5 décembre 2022, révélant «la dernière manœuvre idiote de Ousmane Sonko», qui s’agissait d’un projet d’empoisonnement qu’était venu me proposer un de ses sbires, j’affirmais qu’il ne faudrait pas être surpris qu’il organise son propre empoisonnement pour se faire interner à l’hôpital et demander une évacuation sanitaire, afin de se soustraire à l’action de la Justice, se débiner d’un procès dans l’affaire Adji Sarr. D’ailleurs, le 3 novembre 2022, un de ses lieutenants, Bassirou Diomaye Faye, avait sorti de son chapeau «un projet d’empoisonnement que préparerait le régime de Macky Sall en complicité avec deux pays étrangers». La ficelle était trop grosse. Mais Ousmane Sonko préférerait de la sorte prendre la fuite, que de faire face à ses responsabilités. Aussi, au prétoire, le subterfuge est ordinaire qu’un prévenu se fasse interner à la veille d’un procès pour éviter de comparaître. Mais un tel stratagème n’empêche pas toujours les juges de statuer.
Franchement, je ne pouvais pas m’imaginer que Ousmane Sonko, qui clamait son impatience de confondre Mame Mbaye Niang, allait finir par imiter l’acteur Molière, jouant une représentation de la célèbre pièce Le malade imaginaire, pour faire ainsi renvoyer l’audience de confirmation de ses propos et d’exhibition de ses preuves qu’il disait accablantes. Son mal s’est subitement déclaré après qu’il eut, devant la barre, fini de débiter ses diatribes contre le président Macky Sall et son régime, et surtout juste au moment où le juge Pape Mohamed Diop lui a demandé s’il pouvait fournir les preuves de ses affirmations contre la partie civile, Mame Mbaye Niang, qui le poursuit pour diffamation. Son conseil, Me Ciré Clédor Ly, était, lui aussi, bizarrement tombé malade après avoir fait des déclarations aux journalistes, fustigeant des brutalités policières et après avoir plaidé devant le prétoire, pour le renvoi de l’audience. Evacué sur une chaise roulante, on le verra sur des images, une fois à Paris, retrouver la plénitude de ses moyens comme par enchantement.
Avant lui, Guy Marius Sagna s’était lui aussi retrouvé en moins de 24 heures, tout fringant, après une hospitalisation. Le simple fait que Ousmane Sonko, Me Ciré Clédor Ly ou Guy Marius Sagna ont été internés à la même clinique médicale dont les responsables sont connus pour des prises de position publiques favorables à Ousmane Sonko et à son camp politique, suffit pour rendre dubitatif le plus candide ou crédule. D’ailleurs, l’information livrée par Bamba Fall, maire de la Médina, selon laquelle le parti Pastef aurait signé un contrat d’exclusivité avec la clinique médicale pour ramasser ses victimes lors des dernières manifestations est grave et serait un motif de poursuites pénales pour participation à un mouvement insurrectionnel et non-assistance à personne en danger pour avoir refusé de soigner les victimes qui n’étaient pas du parti Pastef. Toutes les limites sont ainsi franchies.
C’est dire que le «malaise physique» de Ousmane Sonko était apparu si opportun que personne ne pouvait s’y tromper. Mais le juge a discrétionnairement décidé du renvoi du procès en audience spéciale pour le 30 mars 2023. Il reste qu’au sortir de l’audience, le prévenu, dans sa fuite en avant, a poussé l’art de la comédie jusqu’à demander une évacuation sanitaire à l’étranger pour éventuellement se dissiper dans la nature, pour disparaître et n’avoir jamais à faire face à celui qui prétend être diffamé et à la pauvre dame Adji Sarr qui l’accuse de viols et de sévices sexuels. Bassirou Diomaye Faye de rejouer alors le disque de l’empoisonnement. Molière avait fini sa célèbre pièce par disparaître définitivement sans demander ses restes, victime d’un malaise fatal, lors d’une représentation.
Je savais l’homme Sonko lâche et l’avais souligné dans plusieurs textes, notamment en date du 14 janvier 2019, du 15 novembre 2021, du 23 mai 2022, du 13 février 2023. On oublie par ailleurs que, confondu par l’enquête de la gendarmerie d’avoir été un client assidu du salon de massage Sweet Beauté, il avait invoqué un coriace mal de dos qu’il y soignait et qui le handicapait depuis sa tendre enfance. Pourtant, on le verra, quelques semaines après, faire des démonstrations athlétiques, révélant que sa pathologie était on ne peut plus imaginaire. Jouer au malade imaginaire, il n’en est donc pas à sa première pièce de théâtre ! Le 22 mai 2021, à Bignona, en pleine tempête de sa première comparution devant les enquêteurs dans l’affaire Adji Sarr, il avait donné l’impression de tomber dans les pommes avant de se remettre quelques minutes après à chahuter avec ses compagnons.
Les Sénégalais avaient aussi pu mesurer sa lâcheté lors de sa confrontation avec la plaignante Adji Sarr, dans le bureau du juge d’instruction, et aussi en le découvrant, en direct sur les écrans de télévision, perdre ses moyens quand des agents de la police l’exfiltraient de sa voiture, lui qui appelait les jeunes au «Mortal kombat». Pathétique et ridicule. Seulement, je parie que Ousmane Sonko ne pourra pas rester à l’hôpital jusqu’après le 30 mars 2023, jour de procès pour diffamation intenté par Mame Mbaye Niang.
En effet, il ne saurait rester sans se faire applaudir et parler aux médias, se faire en quelque sorte oublier, tant soit peu. («Sonko a donné la verge pour se faire battre», 15 février 2021). C’est le propre du narcissique, dirait un psychanalyste. De toute façon, il va réaliser que sa stratégie d’évasion sera inopérante et il se résoudra à quitter la clinique, pour parader devant les flashs de ses partisans. Quid des nombreuses personnes qui s’émouvaient de son sort et demandaient son évacuation sanitaire à l’étranger ? «Sonko sait rendre ridicules ceux qui le soutiennent», n’avais-je pas déjà «tweeté» le 19 février 2023 ?
En effet, lors d’un rassemblement politique, il cherchait à sauver la face pour avoir fait montre de passivité pour ne pas dire de couardise devant les policiers qu’il avait pourtant bravés ou défiés. Il affirmait après coup que ces derniers voulaient, par leur intervention, lui éviter de tomber dans un guet-apens de nervis commis par ses adversaires. Il aura couvert de ridicule les personnalités politiques de divers bords et ses soutiens aveugles au sein de la Société civile sénégalaise, qui s’étaient fait fort de dénoncer l’intervention policière ! En outre, combien de fois ses mensonges sordides à des fins de manipulation ont-ils été éventés ? Le 29 août 2022, dans ces colonnes, nous disions : «Ils découvrent enfin le véritable visage du leader de Pastef.»
A Macky Sall d’assumer sa responsabilité historique contre ce disciple de Bakounine
La stratégie du dilatoire est manifeste. Va-t-on le laisser tenir le pays en haleine avec ses multiples affaires judiciaires, ses incartades politiques ou ses pérégrinations provocatrices ? A chaque fois que Ousmane Sonko sort de sa maison, tout le monde s’enferme chez soi, les écoles et les commerces sont fermés. Il s’organise de sorte à provoquer le tohu-bohu, indisposer ses autres concitoyens en bloquant la circulation et en suscitant de violentes émeutes. Il s’autorise tout ce qu’aucun autre Sénégalais n’ose faire, et le tribut est lourd pour les autres citoyens. Combien de personnes ont déjà perdu la vie pour les caprices de cet homme politique ? L’Etat va-t-il continuer de laisser compter les morts ? Combien de Sénégalais ont perdu des biens et autres patrimoines, du fait de ses appels publics insurrectionnels, des appels à la violence et aux pillages ? Qui va réparer les graves préjudices subis par les personnes victimes collatérales ? Ni l’Etat, ni les municipalités, encore moins les fauteurs de troubles ne paient les dommages et le manque à gagner pour les acteurs économiques ; et les victimes sont abandonnées à leur pauvre sort. En agissant de la sorte, donc avec passivité, l’Etat finira par se mettre lui-même en danger, et les personnes qui en ont les moyens organiseront désormais leur propre sécurité, celle de leurs proches et de leurs biens. Ousmane Sonko a lui-même appelé au «gatsa-gatsa» (la loi du Talion), ils seront nombreux à ne pas se laisser agresser et riposteront à la hauteur des attaques. Et après coup, personne ne devrait s’en prendre aux autres qui auront fait usage de leur droit à la légitime défense ? On ne le dira jamais assez, il appartient alors à l’Etat de s’interposer et de mettre un terme aux agissements du fauteur de troubles, du donneur d’ordres subversifs qui est bien identifié, qui ne s’en cache pas d’ailleurs, qui l’assume et s’en vante. Il y aura fatalement un prix à payer, mais force est de dire que différer l’acquittement de ce prix va provoquer un renchérissement des coûts humains, politiques, économiques et sociaux.
Je refuse de croire à une stratégie de pourrissement des autorités de l’Etat qui, par attentisme, chercheraient à montrer, au gré des tumultes politiques, le caractère dangereux d’un homme. La preuve est largement faite que Ousmane Sonko est un danger pour la paix civile dans ce pays. Ce serait d’un cynisme abject que de laisser des personnes continuer de mourir, de voir des gens perdre leurs biens, d’assister au saccage de biens et édifices publics, simplement pour montrer la véritable face hideuse d’un homme politique. Le coût budgétaire des opérations de maintien de l’ordre consécutives aux heurts provoqués par les déplacements et manifestations du parti Pastef ne sont pas négligeables, encore que la lassitude et l’exaspération des éléments sur le terrain peuvent, à la longue, être dommageables d’autant que cette situation de tension ou de troubles récurrents peut être réglée dans l’immédiat. Qui plus est, personne ne peut plus affirmer n’avoir pas pris la mesure de la situation. Il demeure que ceux qui le suivront dans sa surenchère continueront à le faire et n’auront pas besoin d’être persuadés d’un danger ou d’une menace quelconque pour changer d’avis. Le peuple du parti Pastef est constitué pour l’essentiel d’un monde de frustrés professionnels, sociaux, politiques ou économiques, qui ne se soucient pas des voies et moyens pour assouvir une revanche ou une vengeance sur la vie. Il ne les intéresse pas de savoir les politiques à mettre en œuvre ou encore moins de se prononcer sur les questions fondamentales comme l’éducation, la santé, l’agriculture, la sécurité ou les infrastructures.
Ousmane Sonko devrait servir de bélier pour forcer les portes du destin ou du pouvoir pour des militants politiques qui n’ont jamais pu espérer d’un «grand soir», et des enturbannés de tout acabit s’en servent comme un «cheval de Troie». Dans une telle ambiance, il ne peut sortir du discours rien de positif, plutôt que de l’invective, de la haine, de la violence, de la dénonciation et de l’aigreur. Même les succès et réussites du Sénégal sont chahutés. Ousmane Sonko n’exprime pas une pensée politique élaborée, mais de ses faits et gestes et de ses déclarations éparses et à l’emporte-pièce, exhale un véritable anarchisme ou nihilisme. Il remet en cause l’Etat et les institutions, toute hiérarchie sociale, politique ou économique, et prône un égalitarisme social. Il ferait un bon disciple de l’activiste d’origine russe, Mikhaïl Bakounine (1814-1876). Il urge de stopper cet aventurier funeste, même si je reste persuadé que «Sonko se brûlera avec le feu qu’il aura allumé» (13 juin 2022).
Les opportuns exemples de la France et des Etats-Unis d’Amérique
La France n’est peut-être pas une grande démocratie, encore moins une référence pour nous autres Sénégalais. C’est pour cela qu’on a assisté, blasés, à des tabassages d’opposants qui continuent de manifester dans les rues pour s’opposer à l’adoption d’une loi allongeant principalement l’âge du départ à la retraite. Des mobiliers urbains ont été détruits par la furie des manifestants dans de nombreuses villes françaises. Mais dans ce pays, l’autorité de l’Etat est telle que des fauteurs de troubles, qui s’en prennent à des biens publics ou privés lors de manifestations, en paient le prix fort en se voyant appliquer rigoureusement la loi pénale. C’est sans doute pourquoi tous les responsables syndicaux ou politiques opposés à la réforme des retraites ont vite couru sur les plateaux de télévision pour se démarquer des casses et autres émeutes, et de souligner «le caractère spontané des événements». D’ailleurs, pour éviter de se laisser soupçonner d’être à l’origine ou d’avoir inspiré des troubles violents, nul n’a osé fustiger l’interdiction, par le Préfet de police, de rassemblements à la Place de la Concorde à Paris. En France, l’autorité de l’Etat est de rigueur, mais au Sénégal, l’Etat apparaît si faible que des citoyens peuvent revendiquer devant les caméras de télévision les saccages de biens publics et privés et des violences contre les Forces de l’ordre ou des menaces de s’en prendre physiquement à des concitoyens, de surcroît des personnes investies de l’autorité de l’Etat comme des juges, des procureurs, des officiers de police ou de gendarmerie.
En France, les manifestants de ces derniers jours agissent pour prétendre défendre une cause générale, impersonnelle, mais au Sénégal, les manifestants sont jetés dans la rue pour défendre un homme de ses actes de fornication présumés délictuels ou criminels ou d’accusations fausses et gratuites qu’il a proférées à l’endroit d’un concitoyen.
On attend de voir aux Etats-Unis d’Amérique, comment la force publique s’abattra sans pitié sur les hordes de manifestants que l’ancien Président Donald Trump voudrait dresser, demain, mardi 21 mars 2023, comme des barricades pour l’empêcher d’aller répondre devant la Justice de ses actes de coucherie qui auraient mal tourné. Du Ousmane Sonko en quelque sorte, à tous points de vue ! Mais la différence sera qu’aux Etats-Unis, la loi passe, quoi qu’il en coûte, et est égale pour tout le monde, et que le Président Trump comparaîtra, de gré ou de force, devant le juge ! Le Sénégal ne saurait faire moins sur le registre du respect de la légalité républicaine et de l’égalité des citoyens devant la loi.
PAR Pape Demba Sy
LA CDS N'EST PAS EN LÉTHARGIE
Notre conception de la politique est aux antipodes de la politique spectacle en cours dans notre pays. Convaincus que l’unité des forces de gauche ne se fera pas en un claquement de doigts, nous la construisons avec méthode et patience
A Monsieur le Directeur de publication de SenePlus
Monsieur le Directeur
Dans votre site d’informations SenePlus du 13/03 /2023, monsieur Félix Atchadé a publié une contribution intitulée « De quoi Ousmane Sonko est-il le nom ? »
Faisant allusion à deux tribunes que la Confédération pour la Démocratie et le Socialisme (CDS) aurait publiées en une dizaine de jours, monsieur Félix Atchadé attribue ces expressions à la CDS : « populisme », « fachopopulisme », « néonazi », « islamisme radical anti-confrérique » , et « groupes d’obédience irrédentiste » pour désigner Pastef et son leader.
En ma qualité de coordonnateur de la CDS, je voudrais apporter les clarifications suivantes :
1 Les tribunes auxquelles monsieur Félix Atchadé fait référence n’ont pas été publiées par la CDS.
2 La CDS n’a jamais utilisé les expressions ci-dessus pour désigner Pastef et son leader.
3 Les déclarations publiques de la CDS sur la situation nationale et internationale sont dûment signées par son coordonnateur.
Dès lors, nous osons espérer que monsieur Félix Atchadé s’est trompé de bonne foi.
A l’avenir, il gagnerait à faire preuve de plus de rigueur. Il y va de sa crédibilité et de celle de ses publications.
Pour le reste, il est superfétatoire de revenir, ici, sur les actions communes des partis membres de la CDS. Ceux qui suivent les actualités politiques, au Sénégal, en sont régulièrement informés par nos déclarations, nos conférences de presse et autres débats publics.
La dernière activité publique de la CDS sous forme de panel a été tenue le samedi 11 mars 2023 sur le thème « Besoin de Gauche au Sénégal, entre urgences et écueils ».
Dans la matinée de ce même jour du samedi 11 mars 2023, s’est tenue l’Assemblée générale des responsables départementaux de la CDS avec pour objectif la mise en place des coordinations départementales de notre Confédération. Ce pas qualitatif dans la construction de l’unification de la gauche n’a jamais été atteint dans toutes les expériences de tentative d’unité de la gauche.
Avant, le 4 février 2023, sur initiative de la CDS, des partis de la gauche plurielle se sont rencontrés et ont décidé de construire une Gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste. Le processus est en cours. Les TDR en voie de finalisation.
Toutes ces initiatives et actions montrent clairement que contrairement à l’opinion de monsieur Félix Atchadé, la CDS n’est pas en léthargie. Il se trouve seulement que notre conception de la politique est aux antipodes de la politique spectacle en cours dans notre pays.
Convaincus que l’unité des forces de gauche ne se fera pas en un claquement de doigts, nous la construisons avec méthode et patience.
Dans l’espoir que cette mise au point sera publiée incessamment par votre site d’informations, veuillez recevoir, monsieur le Directeur, mes sentiments respectueux.
Par Assane SAADA
UN BRUISSEMENT DE TAM-TAM MAUDIT
Au-delà des indignations, des chants partisans, des logiques binaires et leurs lots d’assignations… essayons d’écouter et de comprendre la clameur, l’écho des voix qu’elle porte. Ce messager infidèle qui perd des politiciens et fait trembler des pays.
Au-delà des indignations, des chants partisans, des logiques binaires et leurs lots d’assignations… essayons d’écouter et de comprendre la clameur, l’écho des voix qu’elle porte. Ce messager infidèle qui perd des politiciens et fait trembler des pays. Il est l’allié du temps qui passe emportant des sincérités saoulent qu’elles ne sont plus convergentes. Le monde en a tant vu. Des enseignements des luttes politiques et sociales témoignent. Si d’aucuns pensent refaire l’histoire, que d’autres retrouvent ou projettent des fantasmes de jeunesse sur des évènements d’un moment, l’idéalisme débordant, un fait est irréfutable. Toutes les révolutions ont fini en désastre, horreur et désolation, dévorant leurs propres enfants. Les promesses des fleurs des printemps toujours attendues.
Ils ne seraient pas présomptueux bien que portés par leurs émotions. Oublieux de la supercherie électoraliste qu’ils assimilent à tort ou à dessein à une condition fondamentale d’une transformation radicale. Nourrissant un destin de tromper des populations dont beaucoup ne se laissent point duper. Ils parlent et elles les écoutent comme avec des conteurs qui « doivent charmer, par-delà les oreilles, le cœur et l’esprit ». Le temps qui passe les ayant instruites que « la promesse est une couverture bien épaisse mais qui s’en couvre grelottera aux grands froids » (dixit Birago Diop). Aucune désespérance n’habite donc ces populations et c’est le sens de leur courage de vivre.
Le messager infidèle, gavé de la misère des masses populaires, repu de leurs déceptions, reste une hantise. Il murmure aux oreilles de certains à travers les insomnies de leurs désirs fougueux. Il continue à virevolter comme un tueur à gages au service de la supercherie de politiciens jacassant des idées folles, une parole démente. Des preux qui, malgré le courage dont ils se targuent ou font montre, sont, dans la mêlée, rendus à leurs limites, leurs faiblesses, voire leur simple condition humaine. Une situation appelant à savoir raison garder. « Une communication devient un poison quand elle débouche sur l’illusion que le verbe suffit », disait le journaliste, philosophe, Jean-François Revel.
S’affranchir de la supercherie
Que d’échecs dénoncés, que d’espoirs trahis, rarement la supercherie combattue. Autant il est nécessaire de libérer des populations d’une crainte injustifiée du pouvoir, de les sortir de leurs précarités, il est impérieux que ces populations s’affranchissent de la supercherie des politiciens. « Si vous voulez une République, vous devez vous occuper de tirer le peuple d’un état d’incertitude et de misère qui le corrompt », disait Saint-Just dans son Discours sur les subsistances prononcé à la convention du 29 novembre 1792. Il ajoutait : « On n’a point de vertus politiques sans orgueil ; on n’a point d’orgueil dans la détresse. » Cette détresse sur laquelle surfe la supercherie pour s’outiller d’une lame de fond, un combustible qui emporterait tout sans substituer la grandeur de l’homme à la petitesse des politiciens.
La situation du pays n’oblige-t-elle pas à chercher d’autres chemins que ceux empruntés malgré la galère ? Pourquoi malheur à qui ne prendrait pas partie et ne se reconnaîtrait pas dans une quelconque surenchère ? Il croit déjà à un dieu qui lui laisse la liberté de ne pas croire et il est conscient que : « Abreuvés au mêmes rivages/Et nourris aux mêmes festins,/Victimes des mêmes breuvages/Nous eûmes les mêmes destins… », comme l’écrivait Birago Diop dans son poème Sympathie (recueil Leurres et lueurs). Des certitudes et des emballements, parfois revanchards, étant aussi répugnants que la vanité de mots qui cachent mal des agendas autres dans une nébuleuse d’orfèvres de la schizophrénie et de l’égocentrisme, semblables et divers en même temps qu’il est difficile de démêler leur confort de la démesure.
Dans Le courage de la nuance, Jean Birndaum, traitant de Rolland Barthes, écrit : « En finir avec l’arrogance (…) telle est bien l’obsession de Barthes, ce qui rend son héritage encore si subversif aujourd’hui, dans le vacarme des certitudes assénées, des ennemis jurés : rêver un discours qu’on pourrait tenir sans l’imposer, inventer une parole qui viendrait miner les dominations routinières, les jugements tout faits. Cette utopie, (…) il s’en inspire pour forger une catégorie qu’il nomme le « Neutre ». Par-là, il désigne ce lieu où l’on refuse de choisir un terme contre un autre, où l’arrogance se trouve suspendue. « Je réunis sous le nom d’arrogance tous les “gestes” (de parole) qui constituent des discours d’intimidation, de sujétion, de domination, d’assertion, de superbe : qui se placent sous l’autorité, la garantie d’une vérité dogmatique… » Tout dogme étant bête et rend bête, selon des philosophes. Et quand plus personne pour dissuader des politiciens de battre un tam-tam maudit, un pathétique advient. Des populations n’ayant plus de réconfort, rien que des peines.
Par Félix NZALE
SONKO ET SES AMIS DE L’APR
Suite à son rendez-vous encore manqué au tribunal avec Ousmane Sonko, le ministre plaignant, Mame Mbaye Niang, a tenu le crachoir devant la presse pour se comporter en véritable histrion
Suite à son rendez-vous encore manqué au tribunal avec Ousmane Sonko, le ministre plaignant, Mame Mbaye Niang, a tenu le crachoir devant la presse pour se comporter en véritable histrion. Il s’est d’abord amusé à traiter son «ami» Sonko par-dessus la jambe avant de se laisser aller à des propos de nature à alourdir un climat sociopolitique déjà extrêmement délétère.
Mame Mbaye Niang crie victoire alors que le pays brûle de partout, avec des casses et des pillages, des jeunes tués, et des hôpitaux qui fourmillent de blessés graves.
Alors que les échos des voix indignées ne se sont pas encore estompées, voilà qu’un autre phénomène, Oumar Sow pour ne pas le nommer, sort du bois «apériste» pour souhaiter la mort de Sonko, ajoutant que si finalement cela venait à arriver, çà ne serait pas de chance pour la maman du leader du Pastef qui serait, selon lui, ménopausée.
Mais c’est quoi ce délire ?
S’il n’est pas trop tard pour le Président Macky Sall de ramener ses troupes à la raison, c’est maintenant ou jamais. Parce que ses ouailles accréditent l’idée que son régime est à fond dans la promotion de la violence et de l’absurde érigés en mode de gouvernement, la terreur et le meurtre en moyens d’actions.
La «victoire», dans le contexte où nous sommes, ne rend pas véridique. Elle ne consacre ni la compétence, ni les qualités humaines. Pas plus qu’elle ne signe la justesse de la cause et la pertinence des propos.
Disons-le tout net : nous sommes sous la pression des populismes. Les sautes d’humeur gagnent la vie politique au détriment de la rationalité et de la perspective, alors que les attentes des Sénégalais sont ailleurs situées : en finir avec l’injustice et les horreurs. Cela suppose une reconstruction rationnelle de notre Cité parce que ses bases, ses lois, son fonctionnement… tout est pourri. Refondation morale et philosophique impérative, et se battre afin que les tyrans ne dictent plus notre Histoire selon leurs caprices.
Eh oui, notre système démocratique est décadent. Dans cet effondrement, il y a bien sûr la faillite des élites qui, aujourd’hui, ne sont plus capables de penser notre société. Ils ont perdu tout lien avec les dynamiques sociales, parce que arriérés sur le plan de leur logique et de leur référentiel. Ils se sont mis en trahison de leur service de l’intérêt collectif.
L’élite n’a en effet de sens que si elle est au service du collectif. Mais quand elle ne sert plus que son intérêt dévoyé ou des intérêts auxquels elle s’est prostituée, elle devient nocive. C’est le cas actuellement dans notre pays plongé dans un état de maltraitance de la part de nos élites (politiques, intellectuelles, religieuses…) sur les populations, de manipulation et de torture psychologique. C’est vraiment, comme dirait l’autre, du lourd de chez lourd.
Le réveil risque d’être à la fois brutal et fatal.