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30 novembre 2024
Opinions
Par Samuel SARR
À YEWWI, ILS VIOLENT ET VIOLENTENT LES FEMMES
De quel problème souffrent-ils pour promouvoir et nourrir toute cette haine contre les femmes qu’ils violent et violentent ? Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le viol d’Adji SARR, ce sénile député, membre aussi de Yewwi frappe, comme dans un match
De quel problème souffrent-ils pour promouvoir et nourrir toute cette haine contre les femmes qu’ils violent et violentent ? Alors qu’on n’a pas fini d’épiloguer sur le viol d’Adji SARR, ce sénile député, membre aussi de Yewwi frappe, comme dans un match de football, d’un coup de pied brutal, cette mère de famille qui serait en état de grossesse.
Avait-il pensé à son épouse ou à sa sœur en faisant ce geste barbare dont les images ont fini de faire le tour du monde ? Cherchait-il volontairement à interrompre la grossesse pour empêcher la naissance de ce futur sénégalais ? Voir deux députés s’acharner contre une femme devant les caméras est l’image qu’on n’aimerait pas voir au Sénégal, un exemple de la démocratie et d’Etat de droit.
Aucune femme au monde ne mérite ce traitement méchant et déshonorant dont les auteurs semblent être des hommes déséquilibrés sans cœur, de mauvais pères de famille aussi.
Une volonté de réprimander la déclaration de Mme Amy Ndiaye sur Serigne Moustapha SY, ne pourrait justifier cette violence inacceptable et intolérable contre une mère de famille sans défense.
Moustapha Sy est un leader de parti politique légalement enregistré dans les livres du Ministère de l’Intérieur. Sur le terrain politique, Monsieur Sy ne saurait se prévaloir de son manteau de chef religieux. Il sera traité comme n’importe quel chef de parti. On lui reconnait sa liberté d’expression qu’il a toujours manifestée à satiété et souvent d’une virulence incendiaire, d’un acharnement ciblé contre les chefs d’Etat Abdou DIOUF, Abdoulaye WADE et aujourd’hui Macky SALL.
Dans ses diatribes sélectives, Monsieur SY n’épargne même pas le Vénéré Khalife Général des Tidianes ni son défunt Vénéré père Abdoul Aziz Al Amine qui ne sont pourtant pas dans l’arène politique.
Lorsqu’on s’engage en politique, il faut accepter le retour des coups que l’on donne aux autres. Le président Macky SALL ne perdrait pas son temps à polémiquer avec Monsieur SY. Mais d’autres responsables de sa coalition qui ont fait de la défense de la République leur mission, s’en chargeront.
Malgré tout, on se privera de rappeler toutes les déclarations controversées de Monsieur Sy leader de « PUR » contre de hautes personnalités politiques et religieuses de ce pays. Ses affidés militants ou disciples, devront s’attendre à des répliques ; puisque le terrain politique n’est pas un salon de massage. C’est un véritable ring.
Le président Macky SALL n’est pas Abdou DIOUF et il est différent de Me Abdoulaye WADE. Et, Monsieur SY semble perdre de vue cet aspect autour du caractère du président de la République réfractaire aux surenchères politiques.
Par ailleurs, cette brutalité dont l’honorable député Mme Amy NDIAYE a été victime, contraste d’avec les enseignements du Vénéré Serigne Cheikh Tidiane SY Al Makhtoum, un Grand érudit doublé d’un intellectuel respecté dans toute la Ummah islamique et ailleurs. Le Vénéré Al Makhtoum nous a toujours rappelé que l’Islam accorde une place privilégiée à la femme dans la société. Ce ne fut pas un simple discours pour lui. Dans ses pratiques de tous les jours, il nourrissait un grand respect pour la Femme : nos mamans, nos sœurs, nos filles.
Aucune société civilisée ne saurait tolérer cette violence méchante et sauvage de ces deux députés de Yewwi à l’égard de cette femme. Les dérives s’enchainent à l’Assemblée nationale, depuis son ouverture le 12 Juillet 2022. L’image dégradante que ces députés de l’opposition renvoient au reste du monde n’honore pas notre pays. Les députés de Yewwi intellectuellement très limités, brillent de par leur comportement malsain dans l’hémicycle créant un profond regret dans les rangs de leurs électeurs.
Tous les démocrates de ce pays doivent condamner les agissements de Guy Marius Sagna, Barthélémy Dias, Abass FALL et les autres qui pensent pouvoir prendre en otage ce pays par des actes de violence et de menace.
Le peuple sénégalais est très mature. Et il est évident que certains parmi leurs électeurs, ont déjà regretté d’avoir voté pour la liste de Yewwi lors des législatives et des locales. Car les personnes qu’ils ont envoyées leur représenter à l’Assemblée nationale, ont fini de montrer de quoi ils sont capables.
Le nom de votre coalition ne rime pas avec vos agissements de tous les jours, pénalement répréhensibles. Car, ce n’est pas par le viol et la violence que vous arriverez à Yewwi Askanwi.
Par coïncidence, c’est au moment où les opposants agressaient cette femme que le président de la République Macky SALL coupait le ruban pour ouvrir la nouvelle Université Amadou Makhtar MBOW après avoir déployé des moyens énormes pour soutenir les daaras. Cet homme a compris l’importance de l’éducation de qualité qui manque à cette opposition et à ses leaders.
PAR Jean-Baptiste Placca
DU FOOTBALL AU PANAFRICANISME
Avec des valeurs communes, des règles claires, respectées par tous, dans le sérieux et la rigueur, l'Afrique aura toujours de bonnes chances de s'en sortir. Au football comme dans le développement industriel
« Chaque Africain vibre pour chacune des équipes africaines présentes au Qatar », disiez-vous ici la semaine passée. Qu’est-ce que cela suppose de l’importance du football dans la vie des nations africaines ?
Dans chaque pays, la sélection nationale est le lieu où s’estompent les rivalités, comme les dissensions politiques, confessionnelles, régionalistes ou autres. Le football joue un rôle tout aussi inestimable au niveau continental. Il n’y a, pour s’en convaincre, qu’à écouter les messages des auditeurs de toutes nationalités, régulièrement relayés par le service des sports de RFI, durant les retransmissions. C’est la magie du sport-roi que d’irradier de telles sensations à l’Afrique. S’il fallait une preuve ultime de ce que le rêve panafricaniste n’est pas totalement mort, ou qu’il peut encore être ressuscité, elle est dans cette capacité des Africains à vibrer et à souffrir pour des sélections africaines autres que la leur, dans la ferveur et avec une spontanéité, que les politiques sont bien incapables d’insuffler à leurs peuples.
Le football au secours du panafricanisme, n’est-ce pas d’un optimisme un peu excessif ?
Cela ne signifie nullement qu’il suffirait d’actionner cette solidarité panafricaine dans le football pour que, sans aucun effort d’imagination, sans un leadership clairvoyant, les États-Unis d’Afrique surgissent de six décennies de manque de courage politique et de balkanisation voulue ou subie.
Heureusement, il y a cette Coupe du monde et nos Lions, pour nous extirper, brièvement hélas, de la bêtise ayant pignon sur rue dans nos institutions, notamment l’Assemblée nationale, où les muscles et l’obscurantisme ont pris leurs quartiers
Heureusement, il y a cette Coupe du monde et nos Lions, pour nous extirper, brièvement hélas, de la bêtise ayant pignon sur rue dans nos institutions, notamment l’Assemblée nationale, où les muscles et l’obscurantisme ont pris leurs quartiers, dictant leur incurie.
Qu’est-ce que notre parlement aurait été, si son agencement avait favorisé le face-à-face, majorité-opposition, à l’architecture demi-circulaire propice aux consensus ?
Au vu des pugilats qui s’y multiplient, j’imagine le “ndawrabine” des “moussors”, et les vols planés des “marakisses”.
Au regard de ce que devient notre société, de la pauvreté grandissante et suffocante du discours politique, je ne serais pas surpris, que les fins analystes et redoutables débatteurs fassent leurs valises et livrent les sièges aux incultes, aux fans de Jacky Chan, qui transformeront l’hémicycle en cage octogonale du MMA.
Il faut franchement être à l’envers en ces moments inclusifs, exclusivement réservés à nos Gaïndés redoutables rivaux de l’heure des politiques du reste, pour se créer une fan zone de casseurs de femmes.
La vitesse à laquelle l’intolérance et l’insulte facile s’invitent dans nos institutions et quotidiens stressants pressant et compressant le minimum requis de décence, ne peut que produire des fruits amers. Et pour ne rien arranger, la démocratie, les traits tirés, s’embourbe dans une panne d’inspiration.
Qu’est-ce l’Assemblée nationale si ce n’est un Conseil d’administration, dont la charge n’est pas de définir la stratégie ou encore de définir le mode d’organisation de l’entreprise Sénégal, mais de débattre, de proposer, d’amender, de voter des lois et enfin de contrôler l’action du gouvernement, qu’il peut faire démettre par le vote d’une motion de censure, en vue de protéger les actionnaires sénégalais.
Faudrait-il encore que bon nombre de députés connussent l’architecture morale de notre Assemblée nationale, leur liberté d’expression et leur irresponsabilité.
Ce serait un bon début, avant de comprendre quelque chose aux actions dont les mandants attendent les dividendes.
D’ici à ce que d’aucuns pigent leur mission, on jouera les temps additionnels et prolongations interminables.
Place donc à nos Gaïndés qui affronteront dimanche les Anglais, en huitièmes de finale de la plus belle des Coupes du monde de football au Qatar.
Avec une pensée fraternelle pour les Lions de l’Atlas également qualifiés pour les huitièmes, ainsi que pour les Ghanéens et Camerounais.
Quant aux inciviles tabasseurs de femmes, pas la peine de leur faire un dessin sur les civilités, la galanterie et l’élégance. Cela prendrait un temps fou. Carton rouge tout simplement.
par Vieux Savané
STOP, ÇA SUFFIT
Lorsqu’on décide de descendre dans l'arène politique, que l’on soit marabout, prêtre ou professeur d’université, devient-on un citoyen ordinaire avec ses implications : l’acceptation du débat démocratique, le non-usage de la force dans la brutalité
Et vlan ! Une gifle, un coup de pied assené jeudi dernier à Mme Amy Ndiaye Gniby, députée-maire, en pleine session budgétaire à l’Assemblée nationale. Violent et désastreux est cet acte, pour ce qu’il donne à voir de la société sénégalaise, en ce moment de lutte et de dénonciation contre les violences faites aux femmes. Et c’est d’autant plus abject qu’il s’est produit dans l’enceinte de la représentation nationale, une institution censée voter des lois pour protéger les populations de toutes conditions.
Parce qu’il est inqualifiable, ce qui vient de se passer doit être sanctionné. Rien, absolument rien, ne saurait en effet l’absoudre. Faut-il le rappeler, on est dans le champ politique, un espace profane où tous les hommes et les femmes se valent, sont d’égale dignité, et méritent par conséquent respect et considération.
Aussi, lorsqu’on décide de descendre dans une telle arène, que l’on soit marabout, prêtre, professeur d’université ou autre, devient-on un citoyen ordinaire, avec tout ce que cela implique : l’acceptation du débat démocratique. En d’autres termes, le non usage de la force dans la brutalité et la bestialité de son expression.
Ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux aujourd’hui, et plus particulièrement à l’Assemblée nationale, n’augure rien de bon et invite chacun et chacune d’entre nous, à un sursaut salvateur. Pour dire stop, ça suffit !
Il est en effet des moments où aucune excuse n’est recevable du fait qu’on ne peut trouver des raisons à l’injustifiable, sous peine de voir la porte s’ouvrir grandement et sans filtre à toutes sortes de dérives. Aussi importe-t-il plus que jamais d’ériger des lignes rouges à ne pas franchir. Il s’agit là d’une condition indispensable au vivre-ensemble.
Par Baba DIOP
LE MAILLOT DU PRESIDENT
L e peuple était massé devant les grilles du Palais de la République avec le Président qui jubilait
L e peuple était massé devant les grilles du Palais de la République avec le Président qui jubilait. Un bain de foule qui impressionnait Tata, rivée devant la télé. Le Sénégal venait de gagner son ticket pour la suite du Mondial. Il entrait ainsi dans l’antichambre des pays où le football est roi. Tata repoussa son fauteuil. Elle se dirigea vers le débarras qui servait de vestiaire à Tons, ancien ailier droit de l’équipe « Les godasses d’or » qu’il partageait avec le Président de la République. Tata se vêtit du maillot de Tons qui ressemblait vaguement à celui des Anglais. Elle alla chercher une photo de l’équipe. Tons se tenait debout, les bras croisés et tout sourire. A genou, au pied de Tons, le jeune homme devenu président de la République. Devant la silhouette du jeune homme, Tata se moqua. « Le pouvoir a du bon qui vous taille un embonpoint de première classe», dit-elle à haute voix. Le bain de foule du Président devant la grille du palais était du pain béni pour Tata qui avait bien l’intention de lui dire que l’heure était venue pour un retour de l’ascenseur au regard des plats de thiéb servis. Tata se faufila dans la marée humaine, jouant du coude, demandant qu’on lui fasse la courte échelle. Quand quelqu’un se retourna pour dire : « Way, Mére bi maillot Angleterre la sol » (1). Et Tata de rétorquer « Ki mallot présiident l won. Xalén ma yon wi ma won kako » (2 )
1 Eh ben elle porte le maillot de l’Angleterre (prochain adversaire des Lions)
2 Non, c’est le maillot du Président, faites- moi une haie jusqu’à lui.
#FREEPAPEALÉ
À l’heure où la liberté de la presse consubstantielle à la liberté d’expression est malmenée au Sénégal, SenePlus s’élève pour dire non. Non, à une démocratie dépouillée de sa substance au profit de coteries diverses et variées
À l’heure où la liberté de la presse consubstantielle à la liberté d’expression est malmenée au Sénégal, SenePlus s’élève pour dire non. Non, à une démocratie dépouillée de sa substance au profit de coteries diverses et variées.
Le droit du public à l’information ne doit pas obéir à l’agenda politique. Il ne doit souffrir d'aucune entrave. Le journaliste a le devoir d’informer sur tout sujet d’intérêt public.
C’est malheureusement cette mission qui vaut à notre confrère Pape Alé Niang d’être incarcéré depuis le 6 novembre 2022 pour des accusations de «divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la défense nationale », « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ». Autant d’artifices destinés à maquiller les faits, à la manière des démocraties d’apparat.
SenePlus prend position afin que la liberté de la presse et toutes libertés plus généralement soient préservées, en ces temps troubles pour la démocratie.
PAR Nioxor Tine
PAIN ET JUSTICE POUR LE PEUPLE
Le caractère devenu presque systémique des atteintes aux libertés semble avoir atteint son acmé durant le règne abominable du successeur de Wade. Il n’est même plus exagéré d’évoquer une progressive "duvaliérisation" de notre système politique
Au moment où les performances de notre équipe nationale au Qatar nous font rêver et croire au miracle, l’urgence pour la majorité de nos concitoyens ne saurait se réduire à du pain et des jeux (panem et circenses) comme dans la Rome antique.
C’est dans ce contexte d’euphorie nationale que sont survenus, au niveau du parlement, les fâcheux incidents du jeudi 1er décembre, qui suscitent tant d’indignation de la part de l’opinion dans sa diversité, car rien ne peut justifier un tel niveau de violences verbales et physiques dans une Assemblée d’adultes responsables et matures, surtout à l’égard de femmes. Et ce d’autant qu’il s’agit d’un lieu symbolisant la vie démocratique de notre pays, où des citoyens, d’appartenances politiques diverses, sont censés délibérer, sereinement, sur le sort de la nation.
N’oublions pas qu’il s’agit du deuxième pouvoir dans l’architecture institutionnelle de notre République, dont beaucoup de personnes sensées et d’analystes éclairés pensent qu’elle devrait même être placée au-dessus de l’institution présidentielle !
Il est vrai que, depuis soixante ans, nos chefs d’État, incapables de se détacher des logiques néocoloniales, nous auront valu beaucoup de déceptions et de déboires, tant et si bien qu’il saute aux yeux, que le principal obstacle à l’épanouissement des libertés et au parachèvement de nos souverainetés est à chercher dans cette tare congénitale de notre système politique qu’est l’hyper-présidentialisme.
C’est cette concentration abusive de pouvoirs entre les mains d’un seul homme, qui plombe outrageusement l’approfondissement de la démocratie dans notre pays et fait de nos alternances successives autant de douloureux moments d’exacerbation de tendances tyranniques et d’accentuation de dynamiques frisant les modèles autocratiques.
Le caractère devenu presque systémique des atteintes aux libertés semble même avoir atteint son acmé durant le règne abominable du successeur de Me Wade, qui semble très réfractaire à l’idée de rendre le tablier, en février-mars 2024, comme prévu par la loi.
Pire, de nombreux signes comme les rapts suivis d’embastillements arbitraires d’activistes et du journaliste Pape Alé Niang, les disparitions inexpliquées et qui sait, peut-être des empoisonnements ou accidents déguisés, donnent l’image de dictatures sud-américaines de triste mémoire. Pensons aux mères des disparus de la Plaza del Mayo à Buenos Aires en Argentine !
Il n’est même plus exagéré d’évoquer une lente et progressive "duvaliérisation" de notre système politique, du nom de cette dictature haïtienne instaurée en 1957 par Papa Doc et ses tontons macoutes, auquel succèdera son rejeton joufflu, Bébé Doc et qui finira par être renversée en 1986, par une révolution populaire.
Ici, les thuriféraires du régime de Benno Bokk Yakaar et leurs nervis pensent prolonger le règne de leur mentor abusivement dépeint sous les traits d’un messie, jusqu’au-delà de 2035 !
Il ne faut surtout pas croire qu’il s’agirait de simples canulars portés par des clowns insulteurs quasi-analphabètes, comme le dirigeant "occulte" du groupe parlementaire de Benno Bokk Yakaar et ses sœurs de parti, dont l’une vient malheureusement de faire les frais de son insolence intrépide.
Il s’agit, d’abord, de tenter de compenser la perte de majorité par une agressivité verbale sans précédent, reposant sur le socle de l’instrumentalisation des FDS et de la Justice, du moins de ses secteurs les plus corrompus. Mais plus grave, il est question d’initier, à la faveur des découvertes de nos nouvelles ressources pétrolières et gazières, une entreprise systématique de dévoiement de notre vie démocratique ressemblant, à s’y méprendre aux théories de "l’illibéralisme", portées par Viktor Orban, actuel président de la Hongrie et super-fan de Trump et ...Poutine.
Ces ténors de la nouvelle extrême droite prônent un régime respectant strictement la tenue d’élections régulières, - même si elles sont manipulées (comme le parrainage version Macky, l’éviction judiciaire d’adversaires politiques, le trucage du fichier électoral...) -, mais se préoccupant très peu des libertés, encore moins du respect des droits économiques et sociaux. Les outils démocratiques sont détournés selon le principe de la fin, qui justifierait les moyens.
C’est ainsi qu’il faut comprendre le fait, que malgré une majorité étriquée, à la limite introuvable, le régime APR, arrive encore à faire passer ses lois au parlement, dont les sessions se suivent et se ressemblent, faisant de plus en plus penser à un cirque tragique, avec des personnages grotesques, as de l’injure et de l’invective.
On assiste, dans la même veine, à une autre instrumentalisation, celle de la cause féminine à des fins politiciennes, grâce à un procédé déloyal, qui transforme des contradictions politiques et des divergences idéologiques en "guerre des sexes", en présentant les opposants comme de machistes violents et violeurs, de surcroît.
Au moment où elles initient des campagnes médiatiques de dénigrement des adversaires politiques, on note une omerta troublante des autorités étatiques sur des scandales avérés, lourds de dangers pour la stabilité de notre pays, comme les détentions arbitraires, la criminalité à col blanc de l’élite au pouvoir que vient de confirmer l’ARMP, la disparition inexpliquée de deux membres des FDS, l’achat d’armes par le ministère de l’Environnement...etc.
Ainsi, de lourdes menaces pèsent sur la nation et sur notre sécurité à tous, comme l’a si pertinemment dit une ancienne ministre membre du parti présidentiel. C’est pour cette raison, que l’opposition a l’obligation de déjouer les pièges de la démocratie représentative bourgeoise, avec ses fausses querelles, qui éludent les débats de fond.
Il s’agit, au-delà de la posture de dénonciation et d’alerte, de se mettre à la hauteur des véritables enjeux en élaborant un programme commun de rupture, mobilisateur de tous les segments du peuple, particulièrement la classe ouvrière, la paysannerie et l’intelligentsia progressiste, qui sont les plus intéressées à une véritable alternative politique en 2024.
RETABLIR LE DIALOGUE PARTISAN POUR ERADIQUER LA VIOLENCE EN POLITIQUE
Des initiatives de médiation doivent voir le jour dans l’immédiat pour convenir entre acteurs politiques des marges de consensus politiques acceptables pour aller vers des consultations apaisées.
Notre pays, le Sénégal, a toujours été réputé pour son culte du dialogue et de la paix entre les peuples. Le président Senghor a fait de ces préceptes l’armature de son offre théorique en mettant en avant les concepts de dialogue des cultures et des civilisations, de dialogue islamophobe-chrétien, de dialogue israélo-arabe, comme socles de la civilisation de l’Universel. Même si le dialogue politique intérieur a souvent fait défaut sous son magistère, il fût quelque part contrebalancé par la force du code sociétal de paix et de cordialité qui empreint les relations entre Sénégalais.
La répression senghorienne fût en effet implacable vis-à-vis de son opposition, du PRA/Sénégal, qui enregistra plusieurs morts lors de la manifestation des ex-Allées du Centenaire, jusqu’au PAI entré en clandestinité en passant par les étudiants engagés dans la lutte contre le néocolonialisme qui eurent à payer un lourd tribut en termes de morts, d’emprisonnements, d’enrôlements forcés dans l’armée durant la période 1968/1971.
Après 10 années de parti unique ou unifié, soit de l’absorption du PRA/Sénégal en 1966, à 1976, date de son entrée à l’Internationale socialiste, Senghor s’est résolu à revenir au multipartisme qui prévalait au lendemain de notre indépendance. Il lui fallait en effet s’aligner sur les standards démocratiques exigés pour pouvoir adhérer à cette organisation qu’est l’Internationale socialiste.
La réforme politique introduite par la loi 1976-01 du 19 mars 1976 limitait le nombre de partis à 3. Dans l’exposé des motifs de cette loi, était précisé qu’il « ne saurait exister simultanément plus de 3 partis politiques correspondant à des courants de pensée différents » (courant socialiste et démocratique, courant libéral et démocratique et courant communiste ou marxiste – léniniste), pour la raison qu’« une prolifération de partis politiques pourrait constituer un péril mortel pour le bon fonctionnement de la démocratie ».
On vit ainsi apparaître aux côtés de l’UPS/PS, le PDS d’Abdoulaye WADE déjà créé et autorisé en 1974 et le PAI de Majhmout DIOP.
Les autres formations politiques non homologuées restèrent encore dans une semi clandestinité jusqu’à l’arrivée d’Abdou Diouf au pouvoir den 1981 qui consacra le multipartisme intégral.
Aujourd’hui, dans notre pays, la violence politique et sociale est devenue un phénomène récurrent. La fréquence de la violence faite aux femmes et aux enfants a atteint un tel niveau qu’elle a largement entamé la capacité d’indignation.
La violence politique de sporadique est devenue endémique. Elle est passée par différents stades, à savoir les interdictions de manifestations, les emprisonnements d’opposants, les répressions de manifestants politiques parmi lesquels des leaders de partis potentiels acteurs du dialogue politique.
Avec l’arrivée de Macky Sall, les leaders ne sont pas embastillés pour des motifs politiques puisque ce sont plutôt des incriminations de malversation ou l’enrichissement illicite qui ont été invoqués pour Karim Wade et Khalifa SALL, ou alors d’offense au chef de l’Etat. Des condamnations ou des détentions qui présentent l’inconvénient pour ces leaders de semer le doute sur leur probité morale.
L’hémicycle de l’Assemblée nationale est devenu un autre point chaud de la violence politique. Cette violence s’exprime ouvertement tant au plan verbal qu’au plan physique, et s’apparente même à une forme de haine.
L’intervention d’un député Benno Bokk Yaakaar, lors de la présente séance budgétaire, incitant à ligoter et jeter à la mer les opposants récalcitrants, sous le regard d’un Président de l’institution impassible, et sans réaction de la hiérarchie du parti au pouvoir ni de l’opposition, a fini de renseigner sur l’état de délabrement moral de l’institution et surtout de l’indifférence des Sénégalais qui regardent tout cela de loin.
Dans la même séance, l’injure proférée à l’endroit d’un chef religieux par une députée du parti au pouvoir et la réponse physique d’un autre député du camp adverse laissent penser que l’hémicycle sera un autre champ sur lequel des coups de toutes sortes seront sans nul doute échangés d’ici peu. A la place du dialogue vivant et fructueux qui était la marque de fabrique du Sénégal sous le magistère du président Senghor, on a désormais droit à un dialogue de sourds. C’est le temps de l’invective, de l’insulte, des menaces, du « si tu fais le fou, je suis plus fou que to », renvoyant dos à dos les protagonistes à la même folie. La violence est également dans la répression excessive des forces de sécurité sur les manifestants.
Le slogan « Force restera à la loi » compris au sens « nous utiliserons la force pour vous contraindre » est des plus dévastateurs pour la pacification de l’espace politico-social. Il rappelle les fameux propos attribués au défunt président du Conseil de gouvernement, Mamadou DIA, en direction des syndicats auxquels il disait : « kou mbame mbamlou, ma laobé laobélou » qui auront brouillé son legs politique et économique que l’on peut considérer comme l’un des plus importants au profit de notre pays.
Dans les réseaux sociaux, les activistes généralement proches de l’opposition, font des « live » de longue durée et très suivis pour dénoncer, au quotidien, les turpitudes d’hommes politiques et de gestionnaires de fonds publics du camp du pouvoir, faire des incursions dans leurs vies privées et distiller des informations qui aujourd’hui ont une influence sur une bonne partie de l’opinion, en particulier les jeunes, insatisfaits de la couverture de l’information par les médias « mainstream ».
Le contexte qui prévaut à 15 mois de l’élection présidentielle de 2024, ne laisse pas augurer, toutes choses égales par ailleurs, la tenue de consultations électorales apaisées. La candidature de Macky Sall à un 3ème mandat est contestée par une opposition s’en tenant aux déclarations du chef de l’Etat, tandis que celle du principal opposant, Ousmane Sonko, est menacée par l’affaire Adji Sarr, dont la procédure tire en longueur au regard des contraintes du calendrier électoral.
Le danger pour la paix intérieure réside dans le fait qu’Ousmane Sonko est une forme de résurgence d’un Abdoulaye WADE des années 88/90, en ce qu’il incarne les aspirations de la jeunesse à un mieux-être. Aussi l’affaire Adji Sarr est-elle considérée par cette jeunesse comme un obstacle dressé par le pouvoir pour éliminer le leader de Pastef de la course.
Les menaces proférées dans les camps respectifs ont contribué à durcir les positions au point que la confrontation multiforme semble inévitable. Se rajoute à ce climat délétère, l’affaire des militaires disparus dont l’un a été retrouvé sans vie. Cette affaire prend une dimension de plus en plus large.
Rappelant que les disparus sont des agents du président de la République et s’inquiétant du silence de « cimetière » surprenant du gouvernement du fait de l’appartenance à l’IGE de l’un d’entre eux, le maire de Kafountine a directement interpelé le gouvernement et le chef de l’Etat pour une urgente prise de parole destinée à éclairer des populations dans le désarroi. Pour ôter toute suspicion, il est indispensable que l’autosaisine du procureur de la République aboutisse au rapide jaillissement de la lumière sur cette affaire.
A notre sens, cette affaire de militaires disparus porte en elle les germes d’une division sociétale et de rupture de confiance vis-àvis des institutions du pays. Elle suit de près l’affaire Mankabou, qui, elle-même, avait fait l’objet de suspicion quant aux causes de la mort de ce garde du corps proche de Sonko.
Le règlement de toutes ces questions en suspens est urgente, au regard du contexte. Un tel règlement exige l’accélération des procédures ainsi que des prises de décisions de justice incontestables. Le Sénégal doit revenir à ses fondamentaux de paix et de dialogue comme mode de résolution des conflits politiques ; en son temps, les présidents Diouf et Wade en avaient admis la nécessité, et cela avait ouvert une période de paix de 1991 à 2000.
Des initiatives de médiation doivent voir le jour dans l’immédiat pour convenir entre acteurs politiques des marges de consensus politiques acceptables pour aller vers des consultations apaisées. Il y va de la sécurité du Sénégal et des Sénégalais à l’heure où les appétits pour les ressources de notre sous-sol sont grandes pour les prédateurs en tous genres.
Par Amadou Tidiane Cissé
REVISITER LES DOGMES DE LA STRATEGIE AMERICAINE DE SECURITE EN AFRIQUE
Dans une semaine s’ouvre, à Washington, le sommet américano-africain. Le communiqué de la Maison-Blanche qui l’annonce évoque une occasion pour les Etats-Unis d’Amérique et l’Afrique de redynamiser leurs partenariats
Dans une semaine s’ouvre, à Washington, le sommet américano-africain. Le communiqué de la Maison-Blanche qui l’annonce évoque une occasion pour les Etats-Unis d’Amérique et l’Afrique de redynamiser leurs partenariats: « ce sommet démontrera l’engagement durable des Etats-Unis d’Amérique envers l’Afrique et soulignera l’importance des relations entre les Etats-Unis et l’Afrique et d’une coopération accrue sur des priorités mondiales communes. »
Le sommet de 2014 organisé sous l’ère Obama était le premier dans l’agenda diplomatique américain et avait pour thème : « Investir dans la prochaine génération ». En invitant à Washington, presque une décennie après, les chefs d’Etats africains, le Président Biden entend amorcer une dynamique nouvelle dans ses relations avec le continent noir, en faisant cette fois-ci une place plus importante au commerce et à l’investissement. Il faut dire que jusqu’à une date plus ou moins récente, les interventions américaines sur le continent africain se résumaient à des urgences humanitaires post-conflit, ou sanitaires, avec notamment l’initiative du Président G.W. Bush de mobiliser 48 milliards de dollars pour faire face à la pandémie du sida en Afrique.
Durant tout son magistère, le Président Trump n’a pas visité l’Afrique. En effet, l’Afrique n’a jamais représenté pour lui une priorité stratégique. Pire, il a toujours assumé son désintérêt vis-à-vis du continent. Son épouse, Melania Trump, s’est contentée de visiter en 2018 quelques projets de l’USAID au Ghana, au Malawi et en Egypte, orientés vers la promotion de la santé et le bien-être des enfants, avant de terminer sa visite en terre africaine dans une réserve naturelle kényane où elle a donné le biberon à des éléphanteaux.
Pourtant, le vote parle congrès américain de la loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA) en 2000 traduisait déjà une volonté de développer les échanges commerciaux avec l’Afrique en permettant à plus de 6000 produits d’accéder au marché américain en franchise des droits. Au lendemain du sommet de 2014, le Congrès avait modernisé et prolongé jusqu’en 2025 la durée de ce programme de promotion des échanges commerciaux, auquel 40 Etats africains sont éligibles.
Une mobilisation de 8,8 milliards de dollars depuis 2004
Pour booster la croissance économique en Afrique, un fonds de développement bilatéral, le Millennium Challenge Corporation, a été mis en place avec la mobilisation d’un financement de 8,8milliards de dollars depuis 2004 dans 25 pays africains. Dotée d’un montant de 500 millions de dollars sur 5 ans, l’initiative Prosper Africa, qui a été lancée en 2020, vise à soutenir les entreprises africaines qui cherchent à pénétrer le marché américain, riche de 330 millions d’habitants et d’un PIB de 23 000 milliards de dollars. Prosper Africa met à la disposition des pays africains un guichet unique qui leur fournit une panoplie de services en matière de commerce et d’investissement. L’initiative américaine Power Africa vise à promouvoir les investissements dans le secteur de l’électricité en Afrique en injectant plus de 30000 mégawatts d’énergie propre et à fournir de l’électricité à plus de 60 millions de ménages et entrepreneurs africains.
Ces initiatives économiques majeures (AGOA, MCA, Prosper Africa) de l’administration américaine en direction de l’Afrique marquent un tournant important dans la coopération américano-africaine. Le Président Biden mise également sur la zone de libre échange continentale pour stimuler une croissance économique plus forte en Afrique.
En 2021, les importations américaines en provenance de l’Afrique étaient estimées à 37 milliards de dollars (vs 23,7 milliards de dollars en 2020). Les biens commerciaux africains exportés aux Etats-Unisse sont chiffrés à 26,7milliards au cours de la même année (vs 21,9 milliards de dollars en 2020). Même si les échanges commerciaux entre les deux continents ont beaucoup progressé au cours de la dernière décennie, il n’en demeure pas moins qu’ils restent globalement faibles, comparés aux exportations chinoises en Afrique estimées à 114 milliards de dollars en 2020 (un pic de 155 milliards de dollars a été noté en 2015).
Perspectives heureuses avec le partenariat américano-africain
Des perspectives heureuses se dessinent dans le partenariat américano-africain, notamment avec les nombreuses découvertes pétro-gazières dans le continent noir et la nécessité, pour le gouvernement fédéral des Etats-Unis, de diversifier ses sources d’approvisionnement en hydrocarbures et de réduire la dépendance énergétique de ses alliés au gaz russe, dictée par la conflagration née du conflit armé russo-ukrainien.
Lors de la publication récente de la Stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis en octobre 2022, le secrétaire d’Etat Antony Blinken s’exprimait en ces termes: « elle expose une vision d’un monde libre, ouvert , sûr et prospère et un plan global pour la réaliser. Ce n’est pas seulement notre vision, mais une vision partagée par de nombreux autres pays qui cherchent à vivre dans un monde qui respecte les principes fondamentaux de l’autodétermination, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique ; où les pays sont libres de déterminer leurs propres choix en matière de politique étrangère ; l’information est autorisée à circuler librement; les droits de l’homme universels sont respectés; et l’économie mondiale fonctionne sur un pied d’égalité, offrant des possibilités à tous. »
La nouvelle stratégie de sécurité nationale fixe les grands axes de la coopération américaine en Afrique, notamment dans le domaine de la sécurité. Elle évoque aussi l’impérieuse nécessité de surmonter la ligne de démarcation entre la politique intérieure et la politique étrangère américaines, en raison des imbrications parfaites entre les deux. C’est pourquoi l’administration Biden œuvre à mettre en place une armée toujours plus moderne et plus puissante pour protéger les intérêts vitaux des Etats-Unis, en empêchant le déclenchement de conflits dans le monde qui pourraient les impacter. C’est ainsi qu’elle soutient les efforts des régions et pays africains qui font face à des conflits politiques, à des agressions de groupes terroristes et à des crises humanitaires comme le Cameroun, le Nigéria, la République démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Mozambique, la Somalie ou encore le Sahel.
Pourtant, les dogmes de la stratégie des Etats-Unis d’Amérique en Afrique reposaient jusqu’ici, comme le rappelle avec justesse Maya Kandel, sur le concept de « light footprint » (empreinte légère), l’absence d’engagement direct pour les militaires américains, un leadership en retrait et une intervention par partenaire interposé.
L’annonce du Président Biden sonne la fin d’une politique étrangère américaine longtemps adossée à celle de son allié historique français qui jouit jusqu’ici d’une plus grande influence en Afrique subsaharienne.
Vers une nouvelle coopération sécuritaire
Face aux défis de stabilité actuels, l’administration américaine promeut une coopération sécuritaire pour s’attaquer aux causes structurelles du terrorisme et lutter contre les activités des groupes armés qui sapent la stabilité des Etats africains. Cette nouvelle approche américaine est une aubaine pour l’Afrique, qui est traversée par des crises multiformes : rébellion, criminalité transnationale organisée, terrorisme, grand banditisme, etc.
La République centrafricaine est empêtrée dans des conflits depuis que l’opposition armée de la Séléka s’est emparée de la capitale, Bangui. Elle peine toujours à se relever des démons de la violence malgré la présence de la MINUSCA. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est tiraillée entre les forces du gouvernement d’union nationale et les forces du maréchal Haftar, qui contrôle l’Est du pays. Le Soudan et le Soudan du Sud se disputent le contrôle de régions frontalières riches en pétrole. L’ancienne rébellion du Mouvement du 23 Mars (M23) a repris les armes dans la province du Nord-Kivu contre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) qui accuse le Rwanda voisin de la soutenir. A l’extrême Nord de l’Ethiopie, l’armée loyaliste et les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) s’entredéchirent. La Somalie a été minée pendant des décennies par des violences tribales avant de céder en 2004 à l’insurrection menée par l’Union des Tribunaux islamiques. Des combattants djihadistes Al Shabab attaquent le Mozambique et menacent la stabilité de ce pays très riche en énergies fossiles. Les activités terroristes de Boko Haram qui en flamment l’Etat du Borno au Nigéria se sont propagées sur les pays frontaliers du Cameroun, du Niger et du Tchad, plongeant ainsi la région du bassin du lac Tchad dans l’œil du cyclone djihadiste. Les groupes armés affiliés à l’Etat islamique et à Al-Qaïda au Maghreb islamique ont transformé la face du Sahel, au point de faire basculer le Mali et le Niger parmi les pays du monde qui ont les indices de terrorisme les plus élevés, selon les données recueillies par le National Consortium for the Study of Terrorism de l’Université du Maryland. Dans le classement 2021 de l’Université nord-américaine, le Burkina Faso occupe le quatrième rang mondial derrière l’Afghanistan, l’Iraq et la Somalie.
Au vu de ce qui précède, il ressort que les impératifs sécuritaires doivent être pris en charge si les Etats-Unis veulent bâtir avec l’Afrique un partenariat économique mutuellement bénéfique. Pour cela, ils doivent s’appuyer sur deux leviers essentiels : AFRICOM et la Force africaine en attente (FAA)
Le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) est le dernier-né des centres de commandements militaires opérationnels mis en place à travers le monde par le département de la Défense américain. Les intérêts géostratégiques américains limités sur le continent justifient sans doute le placement de l’Afrique sous la tutelle du commandement européen des forces armées américaines basé à Stuttgart en Allemagne. S’il en est ainsi, c’est parce que les pays africains ont gardé avec la France des liens qui laissent aux autres puissances étrangères une marge de manœuvre très réduite en termes de coopération militaire. Alain Fogue Tedom évoque aussi la perception négative qu’ont les Etats-Unis du monopole politique et économique des anciennes puissances coloniales sur l’Afrique. Plus précisément, il estime que la dimension géostratégique de la contestation de la tutelle de la France par Washington est sans ambiguïté, surtout que la libre concurrence politique et économique en Afrique et ailleurs dans le monde était actée depuis la fin de la guerre froide.
Cette prise de position américaine est d’autant plus avérée que l’alliance historique entre la France et les Etats-Unis n’avait pas empêché le Président Biden de torpiller le contrat de fourniture de douze sous-marins à propulsion conventionnelle d’une valeur de 56 milliards d’euros, signé entre la France et l’Australie depuis 2016, et de négocier avec cette dernière un nouvel accord commercial pour la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire, conçus à l’aide de technologies de pointe américaines et britanniques. L’annulation du contrat « future submarine programme » avait provoqué une réaction colérique de l’ancien Ministre français de l’Europe et des Affaires Etrangères qui s’est publiquement réjoui, quelques mois plus tard, de la défaite électorale du Premier ministre australien Scott Morrison, qu’il accusait d’avoir unilatéralement rompu le contrat. La défaite récente de l’Australie face à la France lors de la World Cup au Qatar par un score de 4-1, doit également « très bien convenir » à monsieur Jean Yves Le Drian.
Par ailleurs, les Etats-Unis doivent faire preuve de plus d’audace et de cohérence dans leur nouvelle stratégie africaine de sécurité en dotant AFRICOM d’un siège dans un pays africain comme le Sénégal. Un poste de commandement américain plus proche des théâtres d’opérations offre l’avantage de renforcer le sentiment de sécurité de leurs partenaires africains, des Américains établis en Afrique et de conjurer la menace terroriste. Le Trans-Sahara Counterterrorism Partnership (Partenariat Transsaharien contre le Terrorisme) propose déjà un cadre de coopération sécuritaire avec les pays du Maghreb et du Sahel dans les domaines de la surveillance des frontières, de la lutte contre le financement du terrorisme et du renforcement des capacités opérationnelles des forces armées africaines.
L’expertise américaine en matière de médiation internationale a récemment fait parler d’elle avec l’accord historique entre le Liban et Israël sur leur différend maritime frontalier, ayant abouti au partage des gisements gaziers de Cana et de Karish en Méditerranée orientale. La pacification des frontières maritimes communes aux deux pays officiellement en guerre illustre le savoir-faire américain en matière de règlement de conflits, comme ceux qui déchirent l’Afrique. Ce succès diplomatique coïncide avec l’accord de cessation des hostilités conclu à Pretoria entre le gouvernement éthiopien et les rebelles du Tigré, grâce à la médiation du représentant de l’UA pour la Corne de l’Afrique. Ces belles réussites dans la grisaille diplomatique mondiale démontrent que les Etats-Unis et l’UA peuvent peser de tout leur poids pour mettre fin à des conflits meurtriers, trouver des compromis entre les Etats belligérants et les engager sur le chemin d’une paix durable.
La Force africaine en attente (FAA) doit prendre part à la nouvelle stratégie de sécurité outre-Atlantique pour entrer dans une phase opérationnelle vingt ans après son lancement et asseoir un cadre d’intervention militaire mieux adapté et immédiatement opérationnel, afin de faire face aux nombreuses crises sécuritaires sur le continent africain, notamment dans les pays en proie à des oppositions asymétriques.
Shakira interprétait en 2010 l’hymne officiel de la Coupe du monde de football intitulé « This Time for Africa », avec les groupes camerounais Golden Sounds et sud-africain Freshly Ground et magnifiait par la même occasion le pouvoir du football d’unir les peuples autour d’une passion commune.
Le Président Obama avait bien compris que les nouvelles dynamiques en Afrique étaient porteuses de changements qui allaient bousculer les grands équilibres géopolitiques. Sur la tribune de l’Union africaine, cinq années après Shakira, il s’exprimait en ces termes: « Je crois que l’essor de l’Afrique n’est pas seulement important pour l’Afrique, il l’est pour le monde entier. Nous ne serons pas en mesure de relever les défis de notre époque – de la garantie d’une économie mondiale forte à la lutte contre l’extrémisme violent, à la lutte contre le changement climatique, à l’élimination de la faim et de l’extrême pauvreté – sans les voix et les contributions d’un milliard d’Africains. »
Le sommet qui se tient à Washington du 13 au 15 décembre 2022 aura réussi son pari si les Etats-Unis en sortent avec la courageuse décision d’arrimer au nouveau partenariat économique qu’ils veulent promouvoir au cours de de la prochaine décennie, qui s’annonce décisive, une stratégie de sécurité qui place le continent noir et les conflits asymétriques qui secouent la Libye, le Sahel, le bassin du lac Tchad et quimenacent les pays du golfe de Guinée et l’Afrique australe au cœur de leurs enjeux stratégiques majeurs.
May Allah blessthe Africa-USA Summit !
Amadou Tidiane Cissé
Inspecteur principal des douanes
DAKAR
PAR Oumou Wane
LA GIFLE DE TROP
Ce jeudi 1er décembre, le contrat social a été rompu au sein de notre Assemblée. Désormais, même les députés empruntent le fonctionnement des voyous et des délinquants. Le crime devient désormais possible jusque dans l’hémicycle
La honte ! C’est le mot qui me vient à l’esprit. Et le dégoût, le sentiment qui m’envahit devant ces images qui suscitent l'indignation aussi bien au Sénégal qu'à l'étranger. Une flèche de plus plantée dans la dignité des femmes.
Ce jeudi 1er décembre, le contrat social a été rompu au sein de notre Assemblée nationale. Désormais, même les députés empruntent le fonctionnement des voyous et des délinquants.
Hier, les membres de l’opposition Massata Samb et Mamadou Niang ont littéralement tabassé la députée de la majorité Amy Ndiaye Gniby, lors de l’examen du budget du ministère de la Justice et ces gestes aussi inattendus en ce lieu qu’ignobles et violents, constituent une violation des droits humains et posent un sérieux défi à notre démocratie.
De purs hommes ou des sous-hommes ? Non, un homme qui se respecte ne doit pas être capable de violences sur les femmes et il est urgent pour l’État de changer la loi et de mettre les femmes à l'abri de la violence politique, car la violence à l'égard des femmes dans un parlement entrave gravement leur capacité à s’acquitter du mandat pour lequel elles ont été élues.
Un pays est souvent à l’image de sa classe politique, et quel bien triste spectacle. De la violence verbale à la violence physique, il n’y a qu’un bras celui de Massata Samb, ou un pied, celui de Mamadou Niang. Le crime devient désormais possible jusque dans l’hémicycle.
Le pays va mal. Et le mal est profond. Qu’avons-nous appris ces dernières années ? De quels spectacles a-t-on été les témoins indésirables ? Dans notre pays coule un poison qui a un nom, la haine, comme un serpent dans nos âmes et nos veines, qui nous fait juge et en même temps nous condamne et fait de nous ses complices. On s’entend sans se comprendre et le seul sentiment qui compte finalement, c’est de haïr.
L’opposition a encore le culot de réclamer des excuses publiques à Amy Ndiaye Gniby à qui elle reproche de prétendus propos polémiques sur Serigne Moustapha Sy, guide moral des moustarchidines et président fondateur du Parti de l’Unité et du Rassemblement.
Mais n’est-ce pas plutôt au peuple d’exiger des excuses de la classe politique ? Car qu’en est-il de l’exemplarité de nos dirigeants et du modèle qu’ils sont sensés donner à nos enfants ? Ainsi quand nous ne sommes pas d’accord avec une femme, il faudrait la frapper. Ce comportement machiste et irresponsable continue de saper les droits des femmes à participer librement et équitablement à la société.
D’ordinaire, dans l’imaginaire collectif, les délinquants misogynes, sont des agresseurs plutôt pauvres et mal éduqués et non des députés ! Mais aujourd’hui, la vidéo de l'agression a été diffusée sur Internet et les réseaux sociaux, contribuant, en plus de la violence faite à une femme, à l'image catastrophique rendue de notre pays.
On ne sait pas encore quelles seront les conséquences de ce triste spectacle qu’ont offert des parlementaires sénégalais à la face du monde. C’est du flagrant délit qui ne doit pas rester impuni.
En attendant, on ne peut que constater que la violence contre les femmes en politique est un échec moral de notre société. Il me plairait cependant d’entendre toutes les femmes s’indigner, majorité ou opposition, associations ou leaders d’opinions car là ce n’est plus de la politique, c’est une agression contre une de nos sœurs.
Dieu merci, devant ces heures les plus sombres de l’histoire de notre Assemblée nationale, deuxième institution du Sénégal, je me réjouis que les femmes aient le droit de vote dans notre pays, sinon je me dis que l’avenir serait une tragédie.