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30 novembre 2024
Opinions
par Amadou Tidiane Wone
REDÉFINIR NOS TRAJECTOIRES ET ALLER DE L'AVANT
Rien de vraiment définitif ne nous lie au modèle de production mondial où nous comptons pour si peu. Ayons le courage de tenter une nouvelle aventure humaine autour des valeurs spirituelles et culturelles dont nos peuples regorgent
Le modèle de « développement » que nous impose l'Occident, à pas forcés, depuis notre rencontre brutale il y a plusieurs siècles, repose sur l'esprit de compétition. La quête effrénée de scores et de performances pour soi, mais surtout au détriment des autres ! Cet état d’esprit dans la réalité, est violent dans son essence. Il mine et détruit les relations sociales interpersonnelles. Il rend conflictuelles les rapports politiques et corrompt les échanges économiques. A plus ou moins long terme, et sous ce modèle, la vie en société redevient une jungle et la loi du plus fort reprend progressivement le dessus.
Or, l’histoire de l’humanité allait dans le sens d’une maitrise de la violence, par la mise en œuvre de lois et de règlements de plus en plus raffinés pour protéger l’espèce humaine de sa propre folie. Il semble hélas, que par une négligence coupable, les forces de l’esprit se sont laissées progressivement dominer par « la bête » ou, tout simplement, la bêtise ! De l’antiquité à nos jours, l’évolution des rapports sociaux a connu des hauts, avec l’édification d’aires de civilisation majeures sur tous les continents. Celles-ci ont apporté à l’humanité des œuvres culturelles inscrites dans la mémoire universelle. Mais aussi des chefs-d’œuvre artistiques intemporels dont certains sont versés au patrimoine mondial de l’Humanité. Mais parfois, l’Histoire a connu des bas, des balbutiements qui se traduisent par des guerres, des famines, des ruines et de la désolation. Il semble que nous soyons au bord d’une telle abîme en ce début du troisième millénaire et du 21ème siècle pourtant porteurs de tant de rêves pour l’homme et pour tous les hommes.
Que nous arrive-t-il donc au point où, ce soit les marchands de canons, les industriels de la guerre qui inspirent et suscitent le devenir du monde ?
Car, à y regarder de près, les gouvernements des pays les plus puissants du monde agissent sur commande des conglomérats industriels et militaires ! La notion de sécurité intérieure déborde les frontières de territoires donnés pour se jouer sur les territoires d’autrui. Ainsi, la lutte contre le terrorisme en Amérique et en Europe se joue au Sahel, en golfe de Guinée ou au moyen Orient. Une forme d’exportation de la violence et de l’expérimentation d’armes nouvelles semble trouver un lieu de légitimation juridique et moral (?) à travers les nombreuses résolutions des Nations-Unies qui semblent de moins en moins efficientes.
Ainsi, les terroristes sont devenus des employés, d’une puissance contre une autre, pour exercer impunément sur le sol d’un pays tiers, généralement riche en ressources stratégiques. Grosse la ficelle ! Car, comment comprendre, qu’un simple groupe armé puisse résister, pendant des années, face à une armée nationale. Surtout lorsque celle-ci bénéficie du « soutien de la communauté internationale ? »
Quelque chose ne tourne pas rond dans ces affaires là…
Pour dire, tout simplement, que l’hypocrisie est devenue la règle. Soutenue par une lâcheté collective et immorale des dirigeants du monde attachés à leurs privilèges au mépris du bien-être de l’espèce humaine.
Devenir meilleur pour soi-même, en fournissant des efforts sur soi, d’abord, me semble être la meilleure voie pour réinventer un avenir pour l’espèce humaine. Il est encore temps de faire demi-tour ! Récuser de toutes nos forces le modèle destructeur de la planète qu’aucune COP, de la 21ème à la 27ème, ne parvient à freiner. Des fausses solutions sont proposées face à de sérieux problèmes. Des experts en tous genres, des politiciens sans inspiration, bavardent pendant quelques jours et prennent rendez-vous pour la session prochaine pour dire les mêmes choses. Sur les mêmes sujets…Et ça tourne en rond, en perdiems consistants, pendant que la terre agonise et que les humains souffrent.. Infiniment !
Il est encore temps de redéfinir nos trajectoires humaines et nous, pays pauvres, en serions les premiers capables au vu de notre déconnexion du modèle dominant dont nous ne sommes que les victimes. Rien que des victimes. Trop consentantes cependant.
Rien n’est irréversible pour des pays où presque rien n’est vraiment engagé. Rien de vraiment définitif ne nous lie au modèle de production mondial où nous comptons pour si peu. Ayons le courage de tenter une nouvelle aventure humaine autour des valeurs spirituelles et culturelles dont nos peuples regorgent. Il suffit, pour cela de retirer les œillères de l’école occidentale et de ses sous-entendus cruels, pour voir le monde autrement ! Vivre et grandir différemment.
EXCLUSIF SENEPLUS - La justice ne peut pas être absente lorsqu’il s’agit de liberté d’expression. Le lancement d’alerte existe partout, le Sénégal ne peut pas s’en affranchir. Certains juges devraient se demander à quoi servent ces incarcérations ...
Molière a mis ces propos dans la bouche de son faux dévot Tartuffe saay saay invétéré accro du voyeurisme sexuel.
Le voyeurisme existe aussi dans la vie politique et sociale, exercé de façon noble par les journalistes d’investigation qui font des révélations sur de "coupables pensées". Ici, les Tartuffe sont des dirigeants politiques indignes, des crapules détourneurs de deniers publics et celles de la finance internationale qui se parent du manteau de la respectabilité pour couvrir au public leurs "coupables pensées", c’est-à-dire leurs méfaits.
C’est au 19ème siècle aux États-Unis que l’on fait remonter l’origine du journalisme d’investigation (ou d’enquête), avec Josef Pulitzer citoyen américain d’origine hongroise. Il exhortait ses disciples à exposer au grand jour auprès de l’opinion tout ce qui est sale coup, escroquerie, dissimulé sous le manteau du secret. Il crée en 1904 le Prix Pulitzer de récompense des citoyens américains qui s’illustrent dans cette voie.
C’est ainsi que le journalisme d’investigation s’est mis à traquer toutes les opérations de corruption politique et financière, de dissimulation, de mensonge et manipulation, etc. Bref, le journaliste d’investigation s’inscrit de plain-pied dans les valeurs éthiques et intellectuelles de vérité, raison et justice. Ce qui implique un travail de longue haleine sur des semaines, des mois, pour la recherche et la consultation de documents estampillés « Secret » pour protéger des personnalités d’influence, mais utiles pour le public qui doit savoir. Il n’est pas déshonorant d’accéder à ces documents en regardant par le trou de la serrure et par recours à des informateurs. C’est une des facettes de toute démocratie. La règle d’or du journaliste d’investigation est de ne jamais divulguer ses sources. Homme d’honneur, mais pas homme donneur. Le journaliste d’investigation n’est pas obligatoirement un journaliste professionnel sorti d’une école de journalisme, travaillant avec des dépêches d’agences. De grands journalistes n’ont jamais mis les pieds dans une école de journalisme.
Cela dit, on pourrait écrire des livres sur les cas de scandales révélés par des journalistes d’investigation dans le monde.
Aux Etats-Unis
Rien qu’aux Etats-Unis, citons ces deux exemples.
En 1904, Ida Tardelle, ancienne enseignante passée au journalisme d’investigation écrit un livre véritable brulot Histoire de Standard Oil Company dans lequel elle a le cran de dénoncer les pratiques de son propriétaire, un des hommes les plus riches des Etats-Unis, John D. Rockefeller qui ne respecte pas la loi anti-trust. Ce qui lui vaut d’être sanctionné. Elle sera considérée comme une héroïne.
Le cas le plus connu parce que plus récent et politique est le Watergate. En 1972, deux journalistes du Washington Post Bob Woodward and Carl Bernstein révèlent que dans la nuit du 17 juin, des membres du Parti Républicain du président Richard Nixon sont entrés dans le local du Parti Démocrate dans l’immeuble Watergate à Washington pour y installer des écoutes téléphoniques. Accusé d’avoir entravé l’action de la Commission d’enquête du Sénat sur l’affaire, Nixon a été obligé de démissionner le 8 août 1974.
Dans ce pays, le journalisme d’investigation est bien vu tant qu’il s’agit d’affaires domestiques. Mais lorsque des scandales sont révélés au niveau de la politique étrangère du gouvernement, le journaliste d’investigation est vite accusé d’espionnage, ce qui le situe sur un registre autre que celui de la liberté d’expression garantie par la Constitution. Des citoyens américains comme Edward Snowden en ont été victimes. Le cas le plus connu est celui de l’Australien Julian Assange fondateur du site Wikileaks (leaks signifiant fuites) révélant, entre autres, les tueries de civils perpétrées par l’armée américaine en Irak dans les années 1990, les tortures sur les prisonniers irakiens à la prison d'Abu Ghraib…
En Europe
On peut s’en tenir ici à deux pays : France et Belgique.
En France aussi le journalisme d’investigation a contribué à la chute de chefs d’État. Giscard d’Estaing a perdu sa réélection en 1981 à la suite de la révélation de ‘’L’Affaire des diamants’’ (diamants qui lui ont été remis par Bokassa). Le scandale a été divulgué par le journaliste d’enquête le plus connu du pays, Pierre Péan, en collaboration avec l’hebdomadaire satirique Le Canard Enchaîné. Pierre Péan s’est illustré aussi dans la dénonciation de la Françafrique avec les pratiques ténébreuses de Jacques Foccart.
Le site Mediapart est créé en 2008 par un groupe de journalistes français pour faire du journalisme d’enquête. Ses articles sont lus sur abonnement en ligne. Leurs révélations ont été à l’origine de démissions de ministres et ont contribué à la non réélection de Sarkozy en 2012 pour avoir reçu des fonds de Khadafi en financement de sa campagne électorale, et d’avoir dépassé les montants autorisés. Du fait de ces révélations, Sarkozy n’en a pas encore fini avec la justice française.
En 2019, Mediapart divulgue la vente d’armes par la France à l’Arabie Saoudite et aux Émirats Arabes-Unis au moment où leurs armées bombardent le Yémen, tuant des civils. Le ministère des Armées dépose une plainte en invoquant une « compromission du secret de la défense nationale ».
Le groupe a souvent été traduit en justice par des mis en cause, avec ces accusations : « dérapages très graves », « méthodes totalement anti-démocratiques », « méthodes fascistes », « faux et usages de faux », « recel de faux », « publication de fausses nouvelles », « diffamation ». Cette panoplie constitue le leitmotiv sempiternellement brandi dans tous les pays où l’on cherche à réfuter et à réprimer des journalistes d’investigation.
Mais dans le cas de Mediapart, le Parquet de Paris n’engage aucune poursuite contre le média qui en 2021 déclare n’avoir perdu que cinq procès sur 200 contre des particuliers.
Le journalisme d’investigation se poursuit dans le pays avec des journaux comme Le Canard Enchaîné et Le Monde, l’émission TV Cash Investigation de France 2.
En Belgique, Michel Collon se présente comme le journaliste de la désinformation, de la réinformation, pourfendeur du médiamensonge. Il a créé le collectif indépendant Investig’Action. Il s’est beaucoup investi dans la lutte contre la diabolisation de Khadafi, révélant toutes les preuves de son innocence dans les attentats dont il était accusé.
Internationalisation du journalisme d’investigation
Le journalisme d’investigation s’est internationalisé avec la création de structures mettant en rapport des acteurs de différents pays, financées par des fondations philanthropiques.
En 1997 est créé le Consortium international des journalistes d’investigation employant 280 journalistes collaborant sur une centaine de pays. Le siège est à Washington avec des bureaux dans des pays européens. La structure d’origine est le Centre d’intégrité publique (‘’Center for Public Integrity’’) engagé dans le crime international et la corruption.
Le Consortium collabore avec des organes de presse nationaux comme Washington Post, New York Times aux Etats-Unis, The Guardian au Royaume Uni, Süddeutsche Zeitung en Allemagne, Le Monde en France.
Des révélations sont faites sur le phénomène d’évasion fiscale des multinationales dans les paradis fiscaux dont les victimes sont des pays occidentaux mais aussi des pays du tiers monde. Des publications comme Panama Papers, Pandora Papers, Paradise Papers… sont maintenant dans le domaine public. En Afrique, l’enrichissement de la fille de l’ancien président d’Angola est une de leurs révélations.
Le journalisme d’investigation intervient aussi beaucoup sur le terrain social et humain en dénonçant des pratiques alimentaires préjudiciables à la santé des populations, les dégâts causés par les prothèses et implants médicaux, les conditions de travail inhumaines dans certains pays d’Asie, le travail d’enfants en Afrique …etc.
Les organisations internationales (Commission des droits humains et Comité des droits humains de l’Onu, Unesco) et régionales (Conseil de l’Europe, Commission africaine des droits humains) s’activent dans la défense de la liberté d’expression. Unesco a publié un Manuel du journalisme d’investigation dans lequel il est dit que la mission est d’exposer des sujets qui sont cachés délibérément par quelqu’un en position de pouvoir ou accidentellement.
Journaliste d’investigation et lanceur d’alerte.
Le terme whistleblower vient des Etats-Unis, rendu en français par lanceur d’alerte. Le lanceur d’alerte est un individu homme ou femme, qui dans son lieu de travail (public ou privé), constate des irrégularités, des injustices, des actes répréhensibles qui le choquent. N’y pouvant rien, animé par ses valeurs éthiques et son patriotisme, il entre en dissidence, met la main sur des documents compromettants qu’il transmet à l’extérieur à des médiats influents ou à des journalistes d’investigation de renom, pour en informer le public. Le journaliste d’investigation collabore étroitement avec le lanceur d’alerte qui est souvent son fournisseur. Les deux fonctions peuvent aussi être réunies dans la même personne.
Avec ces révélations qui s’attaquent à de gros intérêts, ils sont tous deux exposés aux foudres des États et à des agressions physiques. A la suite de l’assassinat d’une lanceuse d’alerte indienne révélant des scandales financiers de grosses huiles de son pays, des organisations spécifiques ont vu le jour en 2018 : Whistleblower International Network en Ecosse, Maison des lanceurs d’alerte en France où prennent part des groupes comme Attac, Greenpeace, Mediapart, Transparency International, des syndicats. Il s’agit d’accompagner les lanceurs d’alerte et d’améliorer leur protection, de leur proposer des conseils juridiques pour faire valoir leurs droits, de leur donner un accompagnement psychologique.
L’accent est mis sur le principe sacro-saint de non divulgation des sources des journalistes, caractéristique essentielle du droit à l’information. Demander à un journaliste l’identité de son informateur est une violation de la liberté d’expression. Cela est mentionné expressément dans la Résolution 33/2du Conseil des Droits Humains de l’Onu adoptée le 29/09/2016 par des pays comme le Sénégal.
Liberté d’expression et répression
Une brève revisite de l’histoire intellectuelle s’impose ici. En 1926 le premier théoricien de l’Intellectuel, l’Italien Antonio Gramsci est condamné dans son pays à une peine de prison de 20 ans, 4 mois et 5 jours, avec ce mot du procureur : Pour vingt ans nous devons empêcher le fonctionnement de ce cerveau. C’est en prison que Gramsci a rédigé l’essentiel de son œuvre : 2248 pages de réflexions sur la société, consignées dans Cahiers de prison.
Le général de Gaulle, président de la République française, avait retenu la leçon. Dans un entretien avec Charles Desjardins, il reconnaît que lors des troubles occasionnés par la guerre d’Algérie, pressé par son entourage pour faire arrêter Jean Paul Sartre, il a répondu : On n’emprisonne pas Voltaire. Et d’ajouter :
Sartre, à l'image de Villon, Voltaire et Romain Rolland en leurs temps, causa bien des tracas aux pouvoirs publics, mais il n'en est pas moins indispensable que la liberté de pensée et d'expression des intellectuels demeure respectée dans toute la mesure compatible avec l'obéissance aux lois de l'État et avec le souci de l'unité de la nation.
De Gaulle raconte aussi que lorsqu’il reçoit de Sartre une lettre à propos du Tribunal de Stockholm contre les crimes de guerre, il commence sa réponse par « Mon cher maître ».
Le cas Sénégal
Le journalisme d’investigation se veut l’œil public, le chien de garde, le défenseur de la liberté d’expression, le révélateur de ce qu’on cache et que le public veut et doit savoir. Ce que les autorités sénégalaises tardent à comprendre après avoir signé les conventions internationales qui en assurent la garantie.
Certains juges qui ont une propension frénétique, mais sélective, à emprisonner devraient se ressaisir et se demander à quoi servent ces incarcérations intempestives. Les deux Sénégalais les plus incarcérés sous ce régime, sont de par la volonté des populations, devenus depuis quelques mois députés, en plus l’un maire de la capitale. N'est-il pas arrivé ici et ailleurs que quelqu’un passe de la prison au palais présidentiel ? Le sens inverse aussi. Il est des emprisonnements dont on sort et parle la tête haute, parce que ne relevant pas de l’infamie.
Le journaliste Mamadou Oumar Ndiaye dans une intervention récente (Le Témoin, 8/11/2022) nous rafraîchit la mémoire sur son arrestation en 1989 à la suite d’un article écrit lors du conflit Sénégal – Mauritanie. Arrêté sur ordre du procureur, il dut sa libération à deux magistrats d’honneur Laity Kama et Maguette Diop. Des magistrats de cette trempe, insoumis, respectueux de leur serment sont légion dans l’appareil judiciaire sénégalais, faisant figure de majorité silencieuse, non nommés à des postes ‘’stratégiques’’. La justice ne peut pas être absente lorsqu’il s’agit de liberté d’expression.
Aucun régime ne peut museler les Sénégalais. Senghor, avec son régime de parti unique et d’Info unique (Dakar-Matin puis Le Soleil) pensait avoir tout verrouillé. Mais à son grand dam, des tracts circulaient régulièrement de mains en mains, révélant tout ce que faisait et cachait son gouvernement. Désabusé, il se résolut à ironiser sur ce qu’il appelait Radio Cancan, pour tenter de faire croire, mais en vain, que ce médiat de fortune ne débitait que des sornettes. Des lanceurs d’alerte proches de lui étaient passés par là, à son insu.
Le lancement d’alerte, qui va de pair avec la liberté d’expression, existe partout dans le monde, tapi dans toutes les structures des États. Un microcosme comme le Sénégal ne peut pas s’en affranchir.
Pape Alé Niang est de la race des grands journalistes d’investigation. Ce que le régime actuel ne lui pardonne pas, c’est d’avoir durant des années, révélé des crimes économiques impunis de membres du pouvoir, des directeurs bien-pensants ayant dépassé l’âge de la retraie maintenus à leurs postes, des vidéos de réécoute de propos de Macky Sall montrant qu’il a de terribles problèmes avec la parole donnée et ses accointances avec certains magistrats soumis, etc. Il est arrêté (kidnappé, ce qui est un crime), pour avoir diffusé un document dont on a du mal à trouver quelque rapport avec les accusations portées par le procureur.
Le document en question a l’allure d’un feuilleton dans lequel défilent différentes personnes (des officiers gendarmes). Mais tout ce remue-ménage tourne autour d’une toile de fond : L’affaire de la « violée » du salon de massage. Le document dont l’authenticité n’est pas contestée, montre l’implication de hautes personnalités de l’État dans ce qui ne peut pas être une affaire privée entre un citoyen et une citoyenne. Jusque-là le public ne disposait que d’indices du complot d’État pour éliminer un opposant politique, compte tenu des agissements maladroits et visibles de petits politiciens du pouvoir envoyés au charbon. Il n’est plus besoin d’être grand clerc pour constater la preuve du complot d’État, aussi visible que le nez au milieu du visage.
Ce que le document met à nu c’est la substantifique moelle, terme que nous devons à l’écrivain du 16ème siècle François Rabelais. L’auteur du roman Gargantua donnait au lecteur une leçon de lecture d’un texte : par une lecture attentive et une méditation assidue, rompre l'os pour sucer la substantifique moelle. Ce qu’il appelle ‘’substantifique moelle’’, c’est la quintessence du texte, le noyau dur. Les anglophones l’appellent nitty gritty .
Pape Alé Niang une fois sorti de prison, devra tout de même faire preuve de reconnaissance en remerciant ce régime gaffeur et maladroit pour lui avoir rendu un hommage incommensurable : l’auréole du martyr. Avec une audience nationale et internationale assortie d’une désormais peu honorable réputation pour ses persécuteurs.
par Cheikh Tidiane Gadio
DE QUOI MOMAR DIENG EST-IL LE NOM ?
Monsieur Momar Dieng, les injures, les noms d’oiseau, le manque de tenue et de retenue dans le style et dans les envolées ne sont pas dignes de vous et de votre parcours
J’ai lu avec surprise et tristesse le papier que Momar Dieng a commis sur mon intervention à l’assemblée nationale à propos de “mon petit frère et ami Pape Alé Niang”! Il est de mes habitudes d’ignorer superbement les écrits de mauvaise foi contre ma personne. Je n’ai pas un ego démesuré qui m’handicape dans l’acceptation du droit des autres à la critique de mes opinions et analyses, même si la critique m’appert sans aucun fondement rationnel ou factuel.
La sortie de M. Momar Dieng relève visiblement, non du registre de la critique, mais de celui de l’attaque préméditée, peut-être longtemps ruminée, avec des caractérisations infondées et imméritées contre ma personne: « lâcheté pure et simple», « parallèle grotesque, vicieux et impertinent », « manipulation honteuse d’un contexte », « démarche malhonnête qui ne fait pas honneur à son auteur ». Pas de place pour le doute : toutes ces infamies conceptuelles et ces boules puantes sont plus destinées à faire mal qu’à convaincre de la validité de son argumentaire. Plus grave, ils renseignent plus sur leur auteur que sur leur destinataire !
En agissant avec une telle hargne et une telle immaturité, M. Dieng m’oblige à lui appliquer le beau titre de Alain Badiou : « De quoi Sarkozy est-il le nom ?» afin de mieux réfléchir la question « De quoi Momar Dieng est-il le nom ? »
Si M. Dieng s’autorise de fabriquer en toute liberté une pseudo-comparaison que j’aurai faite entre « Trump et Pape Alé », je suis tout aussi fondé à comparer une telle démarche à à la suffisance et à l’extrême arrogance d’un Sarkozy. Du reste le comparer à un Chef d’état spécieux n’est « sûrement pas une absurdité sans nom » !
Je suis franchement bouleversé de voir que le style méprisable du langage des réseaux sociaux fait d’insultes, d’injures, de platitude et d’inintelligence des faits et des concepts a métastasé chez certains professionnels des médias que j’ai grandement estimés dans le passé.
Monsieur Momar Dieng, les injures, les noms d’oiseau, le manque de tenue et de retenue dans le style et dans les envolées ne sont pas dignes de vous et de votre parcours. Ils me ramènent à la triste question : « De quoi êtes-vous le nom ? » si ce n’est celui de l’incarnation de notre époque où toute décence déserte le champ lexical de tous ceux qui n’argumentent désormais que par l’insulte facile, la haine assumée, les contre-vérités toxiques maquillées en certitudes, bref par l’adhésion aux fléaux de la nouvelle culture façonnée par les Réseaux sociaux.
Vous en administrez la preuve dès le titre vulgaire à plus d’un titre de votre article. Votre conversion langagière est déprimante car vous aviez valu des satisfactions à vos compatriotes, dans le passé ! Contrairement à votre langage « Réseaux sociaux », je vais démontrer et déconstruire vos contrevérités… Voici une transcription fidèle de mon propos que tout lecteur pourra vérifier sur Youtube : https://youtu.be/7f4oAydic6g « Je vais dire un mot rapidement sur le cas Pape Alé Niang. Pape Alé est un petit frère, est un ami. Je suis personnellement très malheureux de ce qui est arrivé. Mais en même temps vous avez vu ce qui est arrivé aux états-Unis, ils sont sur le point de juger et peut-être d’emprisonner leur Président parce qu’il a déplacé des documents confidentiels, des documents « Secret défense » et les amenés dans un espace privé chez lui.
C’est des questions importantes. Il y’a des frères qui se sont prononcés ici en disant que c’est pas important « les secrets d’État ». Si ces questions ne sont pas réglées, il n’y a plus d’état au Sénégal.
Maintenant moi je propose qu’un Conseil des sages de la profession essaye d’aller régler ce problème (de Pape Alé), de faire une médiation pour qu’on applique la clémence, la bienveillance et essaye de trouver une solution ! »
Voilà mon propos que vous avez falsifié à dessein en me faisant dire autre chose : « Cheikh Tidiane Gadio soutient avec certitude que Donald Trump « a déplacé » des documents confidentiels et secret-défense « dans un espace public ». Il nous aurait plu qu’il précisât quel est cet « espace public» qui a accueilli les dits documents. Son propos est donc factuellement faux. »
Où est-ce que j’ai parlé de Trump qui « a déplacé des documents confidentiels et secret défense dans « un espace public ». Le lecteur aura détecté la manipulation délibérée de ce que j’ai dit réellement : «qu’il a déplacé des documents confidentiels, des documents « Secret défense » et les amenés dans un espace privé chez lui. »
M. Dieng, c’est vous donc qui avez des problèmes avec « le privé et le public », puisque là où j’ai parlé « d’espace privé » c’est-à-dire « chez lui », vous avez voulu lire « un espace public » et avez par conséquent construit tout un argumentaire qui ne vous honore pas non plus ! Êtes-vous donc prêt, en guise de mea culpa, à reformuler votre accusation ainsi : « Ayant mal lu ou mal compris ce qu’a dit monsieur Gadio, c’est mon propos qui est donc factuellement faux ! » Je doute que vous le fassiez: l’honnêteté intellectuelle et l’intégrité journalistique ne sont plus les valeurs les mieux partagées à l’ère des réseaux sociaux !
En outre, en écrivant « l’ex-ministre semble nous dire que Pape Alé a « déplacé des documents confidentiels, des documents Top Secret » quelque part, un acte qui mettrait en danger l’état du Sénégal », la précaution « semble » ne vous absout pas d’une manipulation sans éthique du propos d’un concitoyen que vous teniez à descendre en flammes coûte que coûte quitte à lui mettre des propos dans la bouche. Là encore vous devez des excuses à vos lecteurs. Visez la suite !
Pourquoi ai-je convoqué le cas Trump à l’assemblée nationale du Sénégal ? Je voulais m’opposer aux points de vue exprimés par des collègues députés lors du passage la veille du Ministre de la Communication. Ils ont parlé de l’Affaire Pape Alé et certains d’entre eux ont rejeté comme non-pertinente la question « des documents Secret défense ou des documents estampillés Secrets ». Ils ont même cité Mediapart en France qui publie de tels documents sans être inquiété. Ceci m’a choqué et comme ma prise de parole avait été annulée faute de temps, j’ai profité de ma sortie le lendemain sur les thèmes: le CESTI, l’impérieuse nécessité de la formation des journalistes, les dérives dans les réseaux sociaux et le Cas pape Alé Niang pour inviter mes collègues députés à savoir raison garder car sans « les documents Secrets défense et les documents confidentiels et secrets », il n’y a plus d’état. Ou est-ce que j’ai dit ici que « Pape Alé a « déplacé des documents confidentiels, des documents Top Secret » quelque part, un acte qui mettrait en danger l’État du Sénégal » ?
Si un grand pays comme les USA nomme un Procureur spécial contre son ancien Président pour avoir violé les lois sur les documents « Secret Defense », rien ne m’empêche dans ma défense de la sacralité des « documents confidentiels et secrets ou des documents Secret Defense » dans la marche d’un état de convoquer « le cas Trump ».
Voilà ce que mes collègues de tout bord à l’assemblée ont compris et que vous avez refusé de comprendre. Il faut vraiment s’acharner dans la recherche de la petite bête pour m’accuser de comparer Pape Alé et Trump, ou de comparer le cas Pape Alé et « les ennuis judiciaires de Trump ». J’ai trop d’estime et de respect pour Pape Alé pour ne pas le comparer au phénoménal et inénarrable Donald Trump. Pape est « mieux disant » à tout point de vue.
M. Momar Dieng m’accuse aussi de soutenir « avec certitude » que Donald Trump « a déplacé » des documents confidentiels et secret défense… » Dans le paragraphe suivant, il essaye de limiter les documents emportés par Trump à des documents ayant les mentions « Top secret » ou « Confidentiel ». Une façon à peine subtile de remettre en cause mes propos sur les documents « Secret défense » emportés par Trump.
Pourtant ma source, c’est du béton puisqu’il s’agit du Département américain de la Justice lui-même (cité par France 24 et l’AFP le 8 août dernier) : « Selon les documents rendus publics par le ministère américain de la Justice, la police fédérale américaine (le FBI) a saisi des documents classés secret défense lors de sa perquisition au domicile floridien de Donald Trump. »
Toute ma déconstruction de votre violente sortie contre ma personne prouve à l’envie que vous étiez strictement dans une vendetta personnelle et non dans une quelconque défense de Pape Alé.
En conclusion, puisque je ne « cherche à plaire ni au Prince ni aux roturiers », n’ayant aucune familiarité avec la culture des laudateurs, des flagorneurs et des parvenus, mon engagement politique depuis 1976 étant exclusivement pour la cause du peuple sénégalais et des peuples africains, je le réaffirme haut et fort, l’arrestation et l’incarcération de mon petit frère Pape Alé Niang m’affectent profondément !
En revanche, je suis pleinement conscient qu’il est difficile voire impossible d’affronter un état dans un bras de fer ou un face à face frontal. Que la vérité soit de votre côté ou pas! C’est pour cela que j’ai proposé le recours à nos valeurs fondamentales de médiation pour obtenir la libération de Pape Niang dont la place est aux côtés de sa famille et de tous ceux qui l’estiment et lui souhaitent tout le bonheur du monde. Je récuse le bras de fer car je sais de quoi je parle pour avoir fait la très amère expérience de la force brutale et abusive de l’état le plus puissant du monde par le biais d’accusations infamantes et infondées, le tout couronné par l’arrogance d’un retrait pur et simple de sa plainte sans conséquence aucune pour lui.
Même si au demeurant, M. Dieng, dans la conclusion de sa diatribe, s’en délecte avec malice en essayant d’enfoncer le couteau et d’élargir la plaie d’une grave injustice subie par un compatriote. Mais c’est son droit le plus absolu !
Me plaçant à l’opposé d’une telle attitude, j’ai décidé de m’impliquer avec d’autres sages de la profession afin d’obtenir la libération sans délai de notre confrère Pape Alé. La vraie bataille est celle-là, pas celle des injures et des fabrications qui, encore une fois, déshonorent toujours plusieurs auteurs. Le temps est à l’union sacrée des cœurs et des esprits pour mettre fin au calvaire de Pape Alé Niang. Que Dieu veille sur lui !
Par Abdoul Aly KANE
LA CRISE ECONOMIQUE MONDIALE, HANDICAP OU OPPORTUNITE POUR L’AFRIQUE ?
Les indépendances qualifiées de « formelles » accordées à des Etats africains non viables économiquement ont pour la plupart débouché sur des échecs
Réfléchissant à la situation de l’Afrique dans l’actuel contexte géopolitique, qui n’a jamais été aussi chaotique depuis la 2ème guerre mondiale, il est tentant de se dire qu’une nouvelle opportunité de libération de ce rôle accessoire et périphérique attribué à l’Afrique se profile, et que les leaders africains devraient s’en saisir avec hardiesse.
Les indépendances qualifiées de « formelles » accordées à des Etats africains non viables économiquement ont pour la plupart débouché sur des échecs. La raison est qu’elles avaient été octroyées dans la perspective de perpétuer une domination économique par la « balkanisation » et le cantonnement de nos pays dans l’approvisionnement en matière premières pour les industries occidentales, et dans la dépendance alimentaire via les importations de produits alimentaires et industriels.
60 ans après, la problématique du développement économique reste posée dans les mêmes termes sauf que ce développement est désormais pris en charge par les institutions financières multilatérales, la participation de l’ex-puissance coloniale se limitant à l’aide publique au développement versée dans les budgets des Etats.
Au finish, après ajustements structurels et dévaluation, la situation n’a guère évolué. Elle s’est même aggravée avec la hausse du croît démographique dans un contexte de non création d’emplois.
L’ouverture de l’économie a favorisé les importations au détriment de la production locale peu compétitive en matière de coûts salariaux, énergétique, de productivité et de taux de change.
L’agro-industrie locale a été terrassée par les importations asiatiques, et les opérateurs économiques se sont tournés vers l’importation sans risque de produits alimentaires au détriment de la transformation industrielle locale.
Près de 40 ans après les fameux ajustements structurels, la situation de l’industrie locale demeure encore précaire.
La tâche n’est pas facile et il faut, en effet, reconstruire une armature de PME agricoles et industrielles.
Cette reconstruction nécessite l’implication du secteur bancaire, lui-même confronté à une politique monétaire et des lois et règlementations bancaires répressives.
Au-delà de la question du financement bancaire se pose celui de la construction d’une compétitivité forte pour nos entreprises. Celle-ci induit à tout le moins une politique de protection sectorielle et de promotion du « consommer local ».
Faute pour les promoteurs industriels de pouvoir maîtriser tous les éléments de la chaine, de l’idée du produit jusqu’à sa commercialisation, comment impulser un développement industriel ?
Faute de promouvoir l’initiative locale via la maîtrise de ces éléments, il devient quasi impossible de créer une armature industrielle nationale. C’est pourquoi l’objectif du PSE de faire émerger un « secteur privé national fort » devient un vœu pieux.
Le retard pris dans le développement d’une économie créatrice d’emplois et d’amélioration de la qualité de vie est le soubassement principal des révoltes de la jeunesse africaine, en particulier dans la zone francophone.
La jeunesse africaine s’en prend aux symboles forts qu’elle identifie comme les causes du non-développement, en particulier le FCFA
Le caractère extraverti d’une politique monétaire accrochée à celle en vigueur dans la zone euro est avéré dans la mesure où les configurations économiques entre l’Europe et l’Afrique sont dissemblables.
Il reste par conséquent à concevoir un système monétaire sous régional adossé à une monnaie commune ou à des monnaies nationales distinctes, et tenant compte des complémentarités mais aussi des disparités économiques des pays le composant.
La situation actuelle de la zone euro doit renseigner sur les difficultés à construire une politique monétaire commune pour des enjeux économiques structurels différents.
Dans son souci de ramener l’inflation à des niveaux conventionnels, l’Allemagne, leader économique, pousse à un relèvement des taux directeurs de la Banque Centrale européenne (à la base des taux de base bancaire et du marché financier) quitte à freiner son économie.
D’autres Etats de la zone euro, très endettés sur le marché obligataire, ont intérêt au maintien de taux directeurs bas afin de payer des charges d’intérêts sur leurs émissions d’obligations à faible impact sur leurs dépenses budgétaires.
Il en ressort que le niveau d’endettement des pays est un facteur de dispersion par rapport à leur politique monétaire commune.
Par conséquent, la question du Fcfa, loin de se résumer à une sortie qui automatiquement impulserait le développement économique, pose plusieurs problématiques en particulier celle de la complémentarité des économies d’Afrique de l’Ouest (si l’on sait que les flux commerciaux entre les pays de la CEDEAO sont d’environ 15%), la structure des commerces extérieurs respectifs (pays exportateurs ayant besoin d’une compétitivité change, pays importateurs d’énergie).
Il importe donc d’étudier en profondeur les défis inhérents à ces différentes options monétaires, et aussi celui de la complémentarité économique pour accroître les flux commerciaux, pour rendre la future zone monétaire opérationnelle et donner du sens à la Zlecaf.
En réalité, et à notre sens, c’est l’organisation du marché africain qui devrait venir avant la création du signe monétaire.
La question du marché africain renvoie à son tour à celle des infrastructures de désenclavement dont l’érection est une condition nécessaire.
L’étroitesse des marchés nationaux ne favorisant pas les économies d’échelles et la compétitivité, le marché sous régional s’impose comme le lieu le plus approprié du développement économique endogène.
Aussi, le besoin en infrastructures et services de transports ne doit plus se résumer à la seule solution des problèmes de mobilité urbaine intérieure via le TER ou le BRT en cours pour le Sénégal.
Si le droit au confort est indiscutable pour les populations, il faut tout de même convenir que, dans cette configuration, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un transfert intra sectoriel d’activité de transport des « Ndiaga Ndiaye » versle TER et le BRT.
Les problèmes de mobilité urbaine intérieure peuvent être réglés par des mesures internes contraignantes (encourager l’utilisation des « deux roues » comme en Asie, au Burkina et au Bénin, mener une politique de modernisation du matériel roulant des services privés de transport en commun permettant leur renouvellement régulier, décourager l’importation de véhicules de particulier polluants à partir d’un certain âge).
Pour des investissements massifs de désenclavement entre pays !
Tous ces problèmes sus évoqués non seulement ruinent les efforts de désencombrement routiers et rendent obsolètes avant terme les investissements réalisés d’infrastructures et de services, mais encore participent à la hausse de la facture énergétique du pays.
Notre conviction est que la priorité est moins dans la réalisation d’infrastructures de transports urbains, dont l’objectif essentiel est le déplacement des populations (et non de produits) de la banlieue périphérique vers le centre commercial et industriel qu’est Dakar, sans pour autant que la valeur ajoutée à l’ensemble de l’économie n’ait été prise en compte au préalable dans un éventuel calcul économique.
En matière d’investissements de désenclavement, la question de la mobilisation des ressources financières à moyen et long terme est centrale.
Pour poursuivre la réalisation des investissements communs aux pays d’un espace comme la CEDEAO, les capacités financières singulières doivent être agrégées afin de déterminer une capacité d’engagement globale à l’échelle sous régionale. Il est vrai que la Banque Mondiale a consacré près de 13 % de son portefeuille pour l’Afrique aux infrastructures d’intégration régionale.
Les Etats doivent également y consacrer du financement propre, en particulier pour l’entretien et la maintenance des grands corridors routiers que d’aucuns suggèrent de transformer en autoroutes. La question du développement de l’Afrique intervient dans un contexte marqué par la crise géopolitique en cours et la problématique du climat, induisant chez les pays occidentaux une tendance de plus en plus forte d’interdire à terme le recours aux énergies fossiles pour la transformation industrielle. Or, ce recours conditionne à moyen terme le bon fonctionnement de nos économies faute d’investissements préexistants en énergie propre.
Cette orientation vers une industrie « décarbonée » réaffirmée avec force au COP 27, permet de mesurer le risque à moyen terme pour les pays africains détenteurs de ressources fossiles de se voir priver de leur pleine utilisation à terme, alors que le dérèglement climatique n’est pas le fait d’activités industrielles en Afrique.
Le principe équitable « pays pollueur payeur » n’est toujours pas appliqué, finissant ainsi de convaincre du caractère profondément inéquitable du système économique mondial, et de la marginalisation du continent africain.
Au-delà des infrastructures et services de transports régionaux, une volonté politique d’intégration des économies doit être ferme. Les Etats doivent se mettre d’accord sur les cadres à mettre en œuvre en matière économique, commerciale et monétaire.
Les complémentarités économiques doivent être suscitées par les Etats et encouragées à travers des missions économiques et financières organisées par les banques africaines de développement. Un système bancaire et financier intégré doit pourvoir des financements et du conseil pour accompagner les projets privés communs de l’espace géographique.
Le COVID et ses conséquences sur le dérèglement des chaînes d’approvisionnement et la récession mondiales, la guerre russo- ukrainienne et ses conséquences sur l’inflation mondiale et la crise de l’énergie, ont entraîné une récession économique (en Europe en particulier) et conduit à une désorganisation du système monétaire et financier international symbolisé par l’exclusion de la Russie des transactions « swift ».
Cette dernière mesure a suscité en réaction la création s’un système monétaire et commercial alternatif basé sur l’utilisation des monnaies nationales dans les transactions énergétiques pour les pays émergents (Chine et Inde principalement).
Dans ce nouveau contexte, l’Afrique a la possibilité de collaborer avec, comme principe, la transformation industrielle sur place de ses ressources naturelles accompagnées d’un transfert de technologie et de la formation du capital humain.
En effet, face à sa longue marginalisation commerciale, industrielle, scientifique, technologique, l’Afrique n’a d’autre choix que de s’approprier ses ressources et diversifier ses partenaires pour s’ouvrir la voie du développement économique qu’elle ne saurait différer au regard de sa démographie jeune et galopante.
par Moussa Kamara
8 MILLIARDS ET DEFIS SECURITAIRES
Ainsi donc nous sommes 8 milliards sur terre. Sur l’exactitude de ce chiffre, vous me permettrez d’être dubitatif avec les nombreuses failles constatées lors de nos recensements
Ainsi donc nous sommes 8 milliards sur terre. Sur l’exactitude de ce chiffre, vous me permettrez d’être dubitatif avec les nombreuses failles constatées lors de nos recensements. C’est certainement le même cas ailleurs en Afrique dans des pays moins nantis.
M’enfin contentons-nous de ce chiffre généralement bien accueilli et consenti par la planète. Ici au Sénégal avec 17 millions d’âmes, nous roulons, nous rouspétons, nous délirons, nous débattons, nous complotons sans oublier de rêver l’avenir avec cette manne que vont rapporter le pétrole et le gaz. Ces ressources ne peuvent nous apporter que du bien contrairement à ce pensent les Cassandres. Parce que notre peuple est fondamentalement différent des autres.
Notre Etat-Nation est bâti sur du solide depuis l’aube des indépendances. Nos premiers dirigeants étaient de grands intellectuels bien formés à l’Est comme à l’Ouest. Dans ce pays, l’effervescence politique a commencé bien avant l’indépendance.
Nos hommes politiques étaient bien armés mentalement et solidement pour défendre leurs idées. Eux ne trichaient jamais. Aujourd’hui, le monde politique est truffé de gens sortis de nulle part, qui s’autoproclament experts sans jamais le prouver. En plein Covid-19, un faux médecin a été démasqué et récemment un faux professeur de philo arrêté. Avec le nombre impressionnant d’élèves alpagués pour fraude lors des compositions et concours on peut bien se demander où se trouve notre dignité.
Avec 8 milliards d’êtres humains sur terre, toutes les strates de notre société connaissent un développement exponentiel. Les tricheurs et les voyous n’en démordront jamais car c’est dans leur ADN de sortir des clous ou de faire du mal. Aujourd’hui, ils roulent carrosses et sont lourdement armés pour s’en prendre à leurs cibles et aux forces de sécurité.
Semer la mort à tout-va et sans regret, tel est le leitmotiv de ces voyous modernes. Ces gens-là veulent s’enrichir sans coup férir. Ils veulent vivre au soleil sans accomplir aucun préalable. Ils agressent, ils tuent et ils mutilent d’autres humains pour satisfaire leurs basses prétentions. Avec 17 millions de Sénégalais sur les 8 milliards d’êtres humains, il nous reste à développer le pays en augmentant notre sécurité et notre bien-être. Le grand défi des villes modernes !
Par Fadel DIA
QATAR 2022, HYPOCRISIES DES PUISSANTS
C'est avec la complicité des dirigeants et des entreprises de leurs pays que le Qatar s’est offert, pour son plaisir, la manifestation la plus regardée du monde, comme jadis en France les puissants se payaient une danseuse de l’Opéra
Depuis des mois, et jusqu’au jour fatidique, on a assisté à un déferlement de critiques formulées par des citoyens ou des collectivités d’Europe et d’Amérique du Nord qui s’élèvent contre la tenue au Qatar de la phase finale du championnat du monde de football.
Mais les mots d’ordre qu’ils préconisent ont-ils des chances d’être observés par tous ceux dont les pays réaliseraient des performances au cours du tournoi ? D’ores et déjà les Français ont boycotté le boycott, dès le premier match opposant leur pays, champion en titre, à l’Australie, qui n’est qu’au 38e rang mondial, plus de 12 millions d’entre eux ont suivi la confrontation, avant de célébrer Olivier Giroud comme un héros national.
Ensuite, et surtout, les contempteurs de Qatar 2022 ne crient-ils pas trop tard leur indignation et ne se sont-ils pas trompés de cible ? La moitié des équipes présentes à Doha viennent de chez eux, le choix du Qatar remonte à douze ans et découle d’une décision d’une organisation qui a son siège au Nord, dont leurs pays qui contrôlent le fonctionnement et auquel ils fournissent ses principaux sponsors, dont certains (Coca-Cola, Mc Donald…) ,soit dit en passant, ne sont pas des modèles en matière de bien être. On peut donc dire en conclusion que c’est avec la complicité des dirigeants et des entreprises de leurs pays que le Qatar s’est offert, pour son plaisir et pour la gloire, la manifestation la plus regardée du monde, comme jadis en France les hommes riches ou puissants se payaient une danseuse de l’Opéra.
A savoir :
1. Que ce petit émirat, à peine plus étendu que la Corse, n’est qu’une protubérance, vénéneuse pour certains, de la péninsule arabique, un pays désertique, avec un climat très chaud et, en été, période pendant laquelle se sont depuis toujours déroulés les championnats du monde de football, la température oscille entre 40 et 50 degrés ;
2. Qu’il n’est pas un pays de vieille tradition footballistique et n’a aucune légitimité pour abriter une manifestation dans laquelle il n’a jamais brillé et qui nécessite des équipements lourds, surdimensionnés à son échelle et dont il n’aura que faire à la fin de la compétition ;
3. Qu’il compte quelque 300 000 citoyens, concentrés à 80 % dans une seule agglomération et qui n’ont aucune envie de servir d’ouvriers pour la construction des infrastructures. Le pays devra donc, comme à son habitude, faire appel à une main-d’œuvre étrangère, laquelle devra, comme c’est le cas dans la région, se soumettre à un assujettissement total, sans garantie de sécurité, avec des risques de pertes humaines dont seule l’ampleur était imprévisible ;
4. Que le Qatar est un pays musulman, conservateur en matière de mœurs, une monarchie peu soucieuse du respect de la démocratie et des droits de l’homme, où la consommation d’alcool est prohibée et l’homosexualité sévèrement condamnée ;
5. Que le Qatar est le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié, que sa consommation d’énergie et d’électricité, par habitant est, respectivement, le triple et le quadruple de celle d’un pays développé comme l’Italie et qu’il n’a donc pas une culture d’économie de ressources fossiles. La climatisation, y compris celle des lieux de sports, y est une pratique ordinaire, les voitures y sont gourmandes en carburant et les jets privés, le moyen usuel pour se rendre des riches émirats voisins à sa capitale dont les capacités d’hébergement sont limitées.
On ne peut donc pas stigmatiser la tenue de Qatar 2022 sans reconnaitre que c’est aussi l’illustration de l’hypocrisie dont font souvent preuve les grands de ce monde pour fuir leurs responsabilités et nier leur complicité. Les deux personnalités qui étaient à la manœuvre au moment du choix du pays hôte ont pesé de tout leur poids, qui était grand, sur cette décision et ont sans doute fait pencher la balance. L’un d’eux a reconnu, tardivement, qu’il avait commis une erreur et dénoncé des pressions, l’autre, qui est cité dans une enquête judiciaire sur le vote, a avoué qu’il avait été sensible aux arguments de son pays. Si ce pays, la France, a fait campagne et voté en faveur d’une monarchie arabe, peu ouverte aux droits des minorités, et l’a préférée aux Etats-Unis, dont elle se flatte d’avoir été le premier allié, ce n’était certainement pas pour des raisons d’ordre éthique.
On ne peut donc que s’étonner que la maire de Paris défende le boycott de Qatar 2022, alors que l’entreprise la plus flamboyante de sa ville, le PSG, est la propriété de l’émirat qui l’a achetée, généreusement, pour le triple de sa valeur, comme pour remercier les Français de leur soutien.
On ressent la même incompréhension quand des footballeurs qui s’étaient abstenus de tancer leurs confrères, parmi les plus prestigieux (Beckam, Messi, Zidane… ) lorsque ceux-ci ont servi de VRP à la cause qatari, sillonné le monde et occupé des plateaux de télévision, menacent aujourd’hui de manifester leur mécontentement sur le terrain, acte du reste anodin si on le compare au défi des joueurs iraniens qui ont risqué leur vie en refusant de chanter leur hymne national…
On tire à boulets rouges sur le Qatar parce qu’il est revenu, comme c’était prévisible, sur sa promesse d’autoriser la vente de boissons alcoolisées à proximité des stades, ce qui ne lèse que les fabricants de ce produit, qui le feront payer cher à la FIFA, alors que le pays hôte avait auparavant déchiré sa signature sur un sujet autrement plus sérieux, en remettant en cause le calendrier de la manifestation qui cette année, et pour la première fois, s’est tenue en hiver. Dire que les clubs européens menaçaient de ne plus libérer leurs joueurs africains si la CAN était maintenue en été !
Qatar 2022 nous réserve sans doute d’autres surprises et des anomalies dont certaines sont déjà consommées.
Pour la première fois, un pays organisateur de la Coupe du monde peut accueillir l’ensemble de ses citoyens dans les stades réalisés à l’occasion de l’évènement.
Pour la première fois, un pays accueille une Coupe du monde dans des stades qui tous, plus exactement 7 sur 8, se trouvent dans un rayon de 20 km à partir du centre de sa capitale
Pour la première fois, le pays organisateur est battu au match d’ouverture du tournoi…
Enfin, Qatar 2022 est aussi l’occasion de se reposer cette question : pourquoi les Euro-américains auraient –ils, seuls, le droit d’imposer leur culture et leur mode de vie aux autres quand ceux-ci séjournent chez eux, et le droit de s’abstenir de respecter les us et coutumes de ceux auxquels ils rendent visite ? En 2010, ils voulaient que, pour la Coupe du monde de football, l’Afrique du Sud interdise dans ses stades l’usage des vouvouzélas, que leurs oreilles délicates ne pouvaient pas supporter. En 2015, ils avaient fait pression sur la Chine pour qu’elle suspende la vente de la viande de chien pendant la durée du championnat du monde d’athlétisme. Même si aucun des deux pays n’a obtempéré à leurs ordres, ce comportement discourtois, qui n’est pas propre au sport, traduit leur propension à ne pas mettre en accord leurs paroles avec leurs actes. Le hasard de calendrier a fait que Qatar 2022 démarrait au moment où se clôturait la COP, et à la fin de ce happening, qui en est à sa 27e édition, ils nous ont joué une nouvelle fois le jeu qu’ils jouent dans toutes les grandes occasions : ils renvoient leurs promesses aux calendes grecques, ou les remplacent par d’autres encore plus mirifiques, et surtout, ils refusent que le casseur, et en l’occurrence, ici, le pollueur, soit le payeur !
par Siré Sy
LA VICTOIRE TACTIQUE DE MACKY SUR SONKO
Birame Souleye Diop aura-t-il la stature d'un numéro deux ? La dernière structuration du bureau politique de Pastef va-t-elle résister à la lutte des places et la guerre des ego ? Le ver serait-il dans le fruit ?
Pastef va-t-il vers une implosion ? Le moins que l’on puisse dire, c’est que Pastef connaît actuellement une crise de croissance. La preuve, la bourde de son numéro deux, Birame Souleye Diop, sur le cumul des mandats (maire et député). S’il y a un gain (le seul d’ailleurs) que Macky Sall a pu tirer de l’affaire Sweet Beauté (Adji Sarr), c’est sa victoire tactique sur Ousmane Sonko. La victoire tactique de Macky aura été de charger et d’étouffer Ousmane Sonko, au point qu’il n’a pas eu le temps de structurer lui-même son parti (Pastef) au sortir de la présidentielle de 2019.
Conséquence, autant que je m’en rappelle, le Pastef de 2014, ce Pastef des bandes de copains (Sonko, Birame Souleye, Diomaye, etc.) que nous avions reçus au Forum Civil du temps de feu Mohamed Mbodj, pour échanger avec nous sur leur désir d’entrer en politique après le combat syndical, ce Pastef-là, a muté et a bien grandi.
En 2014, Pastef était un (simple) parti politique de l’opposition. En 2022, Pastef est devenu bien plus qu’un (simple) parti politique de l’opposition. Pastef est devenu non seulement le principal parti politique de l’opposition ; Pastef s’est radicalisé dans l’intervalle et mieux, Pastef est devenu dans la perspective, un mouvement révolutionnaire national sénégalais selon certains, un mouvement populiste-nationaliste selon d’autres. Dans l’un comme dans l’autre, Pastef est en même temps et dans le même rapport, porteur de tous les espoirs au sens marxiste du terme et de tous les esperanto au sens hellénistique du terme. D’une part et d’autre part, Pastef inquiète parce qu’on ne sait pas encore si sa "révolution" prendra les allures de la Révolution française de 1789 ou celles de la révolution bolchevik de 1917...
Ainsi, Sonko empêtré dans l’affaire Adji Sarr, n’a pas eu, peut-être, tout le temps et la latitude pour structurer le Pastef, au sortir de son excellent résultat de la présidentielle de 2019. Pour une première élection présidentielle, Sonko arrive troisième sur cinq candidats, avec un score de 15% de l’électorat. Et c’était prévisible que le Pastef allait être la plus grande menace pour Macky et son régime, en perspective de 2024.
Pastef était parti pour être la direction, la destination et le réceptacle de toute une génération de Sénégalais.es (les natifs de la décennie 90 et 2000, majoritaires au Sénégal) dont les "mindset" ne sont plus en phase avec les ceux du clan libéral (Wade et Macky sont sur scène depuis l’an 2000). Sans compter ceux qui pensent que la génération de Macky (les natifs des années 50 et 60) a fait son temps et qu’elle devrait passer le témoin à la génération des Sonko (les natifs des années 70 et 80).
La question de fond qui se posera au sein de Pastef sera de savoir si Birame Souleye Diop aura-t-il la stature, la carrure, l’envergure et la posture pour être le numéro deux d’un "grand"’ parti, le Pastef, passé d’un parti national à un parti panafricain ? La dernière structuration du bureau politique de Pastef va-t-elle tenir face à la lutte des places et la guerre des ego ? L’avenir nous dira…
Il nous a semblé que la dernière restructuration entérinée par Ousmane Sonko que Macky Sall a su intelligemment et subtilement isolé (la victoire tactique de Macky sur Sonko) des structures de son parti aurait été menée de main de maître par Birame Souleye Diop et Diomaye Faye. Ces derniers auraient mis en pole position, ceux et celles qui les sont favorables. Au détriment d’une vraie démocratie en interne.
Or, c’est cette absence de démocratie en interne, qui hélas, pourrait perdre Pastef et son formidable projet. Et la fronde pourrait venir de la Diaspora, le poumon et les mamelles de Pastef.
En (science) politique, il est extrêmement difficile, voire impossible, pour une organisation politique de masse, de conserver un fonctionnement interne démocratique conforme à son projet. Selon Roberto Michels, l’institutionnalisation progressive conduirait inexorablement à la bureaucratisation de l’organisation et à l’émergence d’une classe plus ou moins autonome de dirigeants. Convaincus d’être indispensables, ceux-ci développeraient des intérêts propres, distincts à la fois de ceux de l’organisation et de ceux de leurs soutiens. La loi d’airain de l’oligarchie ainsi formulée traduit une certaine déception à l’égard du projet, qui trahirait en quelque sorte leur promesse démocratique. Roberto Michels considérait en outre que la démocratie interne était la condition sine qua non d’un système politique démocratique.
Alors, le ver serait-il dans le fruit ? C’est-à-dire la dernière structuration du bureau politique de Pastef.
Par Momar Dieng
LA LACHETE DE GADIO…
Alors que Pape Alé Niang est en prison, Cheikh Tidiane Gadio a cru souhaitable de l’enfoncer à la tribune de l’Assemblée nationale, au détour d’un parallèle avec les ennuis judiciaires de Donald Trump.
Cheikh Tidiane Gadio, le coup irrégulier dans le dos de son « « frère et ami » Pape Alé Niang, le journaliste Pape Alé Niang, en prison depuis le 9 novembre 2022.
Alors que Pape Alé Niang est en prison, Cheikh Tidiane Gadio a cru souhaitable de l’enfoncer à la tribune de l’Assemblée nationale, au détour d’un parallèle avec les ennuis judiciaires de Donald Trump. Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, qui se dit « personnellement très malheureux de ce qui est arrivé »à notre confrère en prison depuis le 9 novembre 2022, « il faut noter qu’aux Etats-Unis, ils sont sur le point de juger ou d’emprisonner leur ex-président Donald Trump parce qu’il a déplacé des documents confidentiels, des documents secret défense et les a amenés dans un espace public. »
A ses yeux, « si les questions de secret d’Etat ne sont pas réglées, il n’y a plus d’Etat au Sénégal. » De nombreux médias ont rapporté les propos que voilà.
Il n’est pas certain que Pape Alé Niang, du fond de sa cellule de la prison de Sébikhotane, apprécie ce parallèle grotesque, vicieux et impertinent qui est établi entre lui et Donald Trump. Au moins trois considérations sont à relever par rapport aux certitudes de M. Cheikh Tidiane Gadio.
Primo. Les mots ayant leur sens, l’ex-ministre semble nous dire que Pape Alé Niang a « déplacé des « documents confidentiels, des documents secret-défense » quelque part, un acte qui mettrait en danger l’Etat du Sénégal. Or, les documents concernant Trump – jusqu’à preuve du contraire – n’ont absolument rien à voir avec des messages radio de la police ou des sapeurs pompiers dans le contexte d’une « affaire privée » dont l’un des protagonistes allait être entendu par un juge d’instruction.
Secundo. Cheikh Tidiane Gadio soutient avec certitude que Donald Trump « a déplacé » des documents confidentiels et secretdéfense « dans un espace public ». Il nous aurait plu qu’il précisât quel est cet « espace public » qui a accueilli les dits documents. Son propos est donc factuellement FAUX.
Ce que l’on savait jusqu’ici, c’est que le FBI a perquisitionné la résidence privée de Trump à Mar-aLago (Floride) le 8 août 2022 pour récupérer plusieurs boîtes de documents ayant les mentions « TOP SECRET » ou « CONFIDENTIEL ». Selon le ministère de la Justice, Donald Trump n’aurait même pas dû emporter ces documents. Et après avoir quitté la Maison Blanche, il n’a pas daigné les rendre en dépit des demandes du FBI. Cela explique la descente spectaculaire menée à sa résidence privée. Un espace privé, ce n’est pas un espace public !
Tertio. Pape Alé Niang est un journaliste, Donald Trump ne l’est pas – sauf indication contraire. La tentative de comparaison est d’une absurdité sans nom car ces deux-là ne font pas le même métier. C’est une manipulation honteuse d’un contexte et d’une réalité qui n’ont absolument aucune sorte de lien avec l’embastillement autoritaire d’un confrère dont le travail éclabousse certaines forfaitures ici au Sénégal.
Convoquer donc les problèmes judiciaires de Donald Trump pour culpabiliser Pape Alé Niang est une démarche malhonnête qui ne fait pas honneur à son auteur. Le mémorandum rendu public par la Coordination des associations de presse du Sénégal (CAP) a démontré l’extrême abus de pouvoir dont l’Etat a fait preuve pour coffrer un journaliste dans l’exercice de sa profession. Vouloir coûte que coûte plaire au prince en attaquant aussi vilainement un homme privé de liberté relève de la lâcheté pure et simple. Après, on peut bien emprunter l’habit du bon samaritain pour aller quémander une « clémence ».
Cela s’appelle hypocrisie.
Oui, Pape Alé Niang n’est pas enfermé dans une résidence privée sous surveillance de la police, bracelet électronique au pied,sanstéléphone. Il est en prison ! Et ça, nous ne l’oublions pas.
Par Baba DIOP
DJINN EUREKA
Tata « d’un bon s’est élevée » criant à tue-tête « Eureka, j’ai trouvé ! Eureka, J’ai trouvé ! ». Tons écarquilla des yeux et s’interrogea, si cet Eureka-ci n’était pas ce Djinn, dont on lui avait parlé et qui viendrait hanter le sommeil de Tata
Tata « d’un bon s’est élevée » criant à tue-tête « Eureka, j’ai trouvé ! Eureka, J’ai trouvé ! ». Tons écarquilla des yeux et s’interrogea, si cet Eureka-ci n’était pas ce Djinn, dont on lui avait parlé et qui viendrait hanter le sommeil de Tata. Il empoigna sous le lit sa bouteille de safara(1), qu’il agita énergiquement, la débouchonna et s’approcha de Tata qui le stoppa sans s’embarrasser de précaution. Sous l’effet de la surprise, Tons resta coi.
Tôt le matin, Tata ouvrit large les battants de son armoire. Elle en tira un lafa (2) aux couleurs nationales, puis un faaru mbam (3) vert -jaune-rouge frappé de l’étoile verte et en dessous, elle mit un tiaya(4) peul, des bas et crampons de même couleur
. Tata avait les allures du drapeau national sur courtes pattes, quelque peu ventru. La voici déguisée en Yaye Fall, calebasse et mégaphone en main, remontant la grand-rue. Elle se disait envoyée spéciale de Djinné Eureka pour la victoire des Lions de la Teranga contre le Pays-Bas.
Les pièces et les billets tombaient dans la sébile. Elle rentra à la maison aussi vite qu’elle en était sortie. Tons de hurler : « Akassa Djinné ! Euréka dil gneuwe goudi gou nek » (5)
1- Safara : Eau bénite
2- Lafa : bonnet
3- Faru Mbam : habit sans couture sur les cotés
4- Tiya : pantalon bouffant
5- Merci Djinn Eureka, reviens tous les soirs
Par CHEIKH MBACKE KEBE
LE SÉNÉGAL TOUJOURS FACE À SON DESTIN
Dans un Groupe A qui a fini de révéler le tiers de ses vérités, Après ses deux premières rencontres qui ont retenu la plus grande attention de nombreux supporters et passionnés de football, le Groupe A affiche sa nouvelle physionomie.
Après ses deux premières rencontres qui ont retenu la plus grande attention de nombreux supporters et passionnés de football, le Groupe A affiche sa nouvelle physionomie. Jusqu’au coup d’envoi de la rencontre PAYS-BAS/SENEGAL d’avant-hier, ces deux équipes étaient considérées comme les favorites du Groupe A devant l’EQUATEUR et le QATAR pays organisateur.
Depuis lors, le constat est le suivant : 2 équipes l’EQUATEUR ET LA HOLLANDE ont réussi leur entrée dans la compétition avec le même score et se sont de fait arrogées le statut de favorites devant deux championnes continentales qui ont raté pour des raisons différentes peut-être leur entrée : le QATAR, champion d’Asie en titre (on ne le rappelle pas assez souvent), et le SÉNÉGAL, nouveau champion d’Afrique qui était très attendu par beaucoup pour cette raison.
QUELLES LEÇONS TIRER DE LA 2ème RENCONTRE DU GROUPE A?
Cette rencontre promettait beaucoup assurément. Et en vérité, le SENEGAL, en dépit d’erreurs individuelles difficilement pardonnables n’a pas fait piètre figure. J’en viens même à me dire avec le recul, qu’aucune des deux équipes n’aurait dû ressentir une honte à signer pour un match nul et un score vierge avant la sortie maladroite et hasardeuse de notre goal keeper national-pensionnaire du club londonien de Chelsea qui a facilité ce premier but batave assassin! En écoutant attentivement les uns et les autres (autorités, sélectionneurs, sélectionnés, supporters) avant cette importante rencontre, on ne pouvait manquer de déceler qu’en dépit du meilleur lot des Néerlandais dans le classement mondial FIFA, nous étions en face de deux équipes qui se respectaient et se craignaient mutuellement. Les PAYS-BAS ont un passé glorieux avec un catalogue de joueurs de renom comme l’inoubliable Johan CRUIYF, l’élégant Marco VAN BAStEN ; pour ne citer que ces deux-là qui ont suffi à faire du pays du football total une terre du ballon rond même si les résultats n’ont pas toujours suivi. Le SENEGAL est désormais attendu pour son fighting spirit (depuis METSU et la joyeuse bande décomplexée des Pape Bouba DIoP qui avaient donné une leçon mémorable en 2002 aux champions du monde en titre hexagonaux!), et craint aussi pour l’imprévisibilité de son jeu dû à son jeune et riche effectif qui se renouvelle en permanence.
Le match PAYS-BAS/SENEGAL était également un match de coach! Le septuagénaire et rusé Louis VAN GAAL qui avait annoncé à qui voulait l’entendre que Memphis DEPAY ne jouerait pas, a manifestement pris le dessus hier sur “El tactico” A.CISSE puisque c’est ce même DEPAY qui allait offrir à la 99ème minute le deuxième but hollandais à l’autre remplaçant KLAASSEN !
QUELLE ATTITUDE LE SENEGAL DEVRAIT-IL ADOPTER FACE À CES DEUX PROCHAINS ADVERSAIRES?
Il me semble qu’il est temps de cesser de rabâcher à longueur de journée l’absence de Sadio MANÉ d’autant plus qu’il a fait l’objet d’un remplacement! La non-participation de Sadio ne doit en aucun être considérée comme une excuse. Souvenons-nous que le 16 juin 2002 au Stade d’OITA, deux pièces maîtresses du dispositif de METSU-le “gaucher magique” K. FADIGA, et Salif DIAO n’étaient pas disponibles en rencontre de huitième de finale contre la SUEDE et pourtant notre pays avait pu se qualifier pour les quarts de finale en gagnant 2 buts à 1. Ceux qui sont présents à DOHA doivent faire le job pour mériter leurs places. Des joueurs offensifs comme Ismaïla SARR et Crépin DIATTA doivent pouvoir faire plus et mieux. Vis à vis de nos adversaires, le respect doit davantage prévaloir. Je refuse de croire que le QATAR, pays organisateur, qui a dû battre des pays comme le JAPON pour être champion d’ASIE, ait joué à son véritable ou meilleur niveau avant hier. Ils ont pu rater leur entrée dans la compétition pour différentes raisons dont la plus probable peut être ce phénomène connu d’inhibition lié souvent à la pression que peuvent ressentir les équipes qui jouent à domicile. Aujourd’hui qu’ils n’ont plus d’autre choix que gagner ou passer à la trappe, notre tâche ne sera pas facile face à eux vendredi! Et que dire de l’EQUATEUR qui a fait étalage de son savoir-faire lors du match d’ouverture. Nous devons vraiment être sur nos gardes devant une telle équipe. Les équipes latino-américaines ne nous réussissent pas en général!
Pour rappel le 11 juin 2002, à l’occasion de notre dernier match de phase de Groupe, nous avions mené en première mi-temps 3-0 contre l’URUGAY avant de nous faire remonter en deuxième partie entre la 46ème et la 88 ème minutes par MORALES, le talentueux Diègo FORLANE, et le non moins brillant Alvaro RECOBA alias EL Chino! 3buts à 3! Nous étions tous pressés d’entendre le coup de sifflet final de l’arbitre! Plus près de nous lors du Mundial russe de 2018, nous avions perdu contre la COLOMBIE en match de phase de groupe 0 but à 1. Ces deux adversaires sont à notre portée, mais nous ne serions pas bien avisés de rêver de deux parties de plaisir! Nous devons prendre notre destin en main.
CHEIKH MBACKE KEBE
Administrateur Directeur Général HOLDING KEBE S.A