SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
23 novembre 2024
Opinions
par Sidy Moctar Cissé
AMADOU MAKHTAR MBOW, UN HOMME DE TOUS LES COMBATS JUSTES
Sous son leadership, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup compris sur ce qu’est un État, sur l’histoire récente du Sénégal. Il était une bibliothèque et une école, une université en même temps
« Nous tenons en même temps à affirmer notre volonté d’exercer les droits que nous confèrent nos qualités de citoyens libres dans un pays libre et démocratique, y compris celui de réfléchir sur les destinées de notre peuple et sur le présent et l’avenir de notre pays », tels furent les mots d’Amadou Makhtar dans son discours d’ouverture des Assises nationales du Sénégal en juin 2008.
La vie sur terre d'Amadou Makhtar Mbow vient de s’achever. En retraçant cette vie, nous pouvons arriver à la conclusion qu’elle fut une vie de combats pour la cause de l’homme noir et, pour nous Sénégalais, une vie pour dédiée à la construction sans relâche, tel un Sisyphe de notre cher pays.
J’ai eu le privilège de travailler avec lui, avec les Assises nationales du Sénégal d’abord, ensuite avec la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Sous son leadership, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup compris sur ce qu’est un État, sur l’histoire récente du Sénégal. Quand on dit « en Afrique quand un vieux meurt c’est une bibliothèque qui brûle », c’est vraiment le cas avec le décès d'Amadou Makhtar Mbow. Il était une bibliothèque et une école, une université en même temps. Pa Mbow, comme nous aimions l’appeler, ne vous laisse aucune possibilité de ne pas apprendre avec lui. C’était son sacerdoce. Vous travaillez avec lui, il créera toujours l’occasion de vous retenir pour un cours sur son parcours et sur l’histoire du Sénégal. Professeur dans l’âme, il l’était. Cette générosité intellectuelle transparaissait dans tout échange avec lui.
En retraçant sa vie, nous pouvons retenir les combats qu’il a menés. Déjà, très jeune, il fut enrôlé dans l’armée française et fut prisonnier de guerre. Après la guerre, il mena le combat pour l’indépendance de nos pays. Avec la Loi Cadre, il intégra le premier gouvernement sénégalais et fut nommé ministre de l’Éducation, de la Jeunesse et de la Culture. En tant que ministre, entre 1957 et 1958, il entreprit d’échanger avec les populations rurales et parcourut le Sénégal profond dans le but de construire le système éducatif sénégalais que nous avons aujourd’hui. Il est à noter que Pa Mbow ne manquait jamais, dans nos conversations, de rappeler ses origines paysannes. Pa Mbow était donc un homme de terrain et un visionnaire. Ce sont ces deux traits de caractères qu’il a sus nous insuffler au sein des Assises Nationales du Sénégal et de la CNRI. Dans le cadre de ces deux expériences, il n’était pas question de rester cloitrer entre quatre murs, dans des salles climatisées des hôtels pour réfléchir sur des propositions pour le Sénégal. Toute réflexion devait être nourrie par les points de vue des populations. De ce fait, sous son leadership, nous avons pu mettre en place des mécanismes pour donner la parole aux sénégalais de tout bord.
Pa Mbow était un infatigable combattant pour l’éducation et la paix. Lui-même le soulignait dans son discours d’ouverture des Assisses Nationales où il justifiait l’acceptation de présider ces assises. « Au soir d’une vie aussi longue que la mienne au cours de laquelle j’ai participé à tant de combats pour la liberté, la dignité et le progrès des peuples, les miens comme les autres, sans en attendre que la satisfaction d’un devoir accompli, d’une responsabilité assumée, on ne peut se dérober. » Tel était Pa Mbow, un homme qui ne fuit pas les combats justes. Ce fut le cas lors son magistère au sein de l’UNESCO de 1974 à 1987. Il a su faire face au grand Goliath, Ronald Reagan pour un nouvel ordre mondial « en défendant avec force l’exigence de solidarité et d’égale dignité entre les peuples et entre les cultures » (Audrey Azoulay Directrice générale de l'UNESCO).
En Pa Mbow, j’ai pu découvrir et admirer un homme qui dédia sa vie à l’humanité et à son pays. J’ai vu un homme qui, au lieu de jouir pleinement de sa retraite, s’est mis à travailler bénévolement, de 8h à minuit avec tout juste des pauses déjeuner et prières. J’ai vu un homme qui parvenait à surmonter ses problèmes de santé dûs par l’âge pour tenir ses engagements. La vie de Amadou Makhtar Mbow est un modèle pour la jeune génération.
Repose en paix mon idole, mon père, mon maître, Amadou Makhtar Mbow. Ta vie a été un don pour le Sénégal.
Sidy Moctar Cissé est un ancien Assisard, ancien membre du Plateau Technique de la CNRI.
Par Mandiaye GAYE
ÉLECTIONS LEGISLATIVES INÉDITES
La situation du Sénégal est pleine d’incertitudes, face aux prochaines Législatives avec son lot de violations opérées sur les règles du jeu, du Code électoral, etc., par le pouvoir en place
La situation du Sénégal est pleine d’incertitudes, face aux prochaines Législatives avec son lot de violations opérées sur les règles du jeu, du Code électoral, etc., par le pouvoir en place. Cette opération consiste à avoir forcément une majorité écrasante à l’Assemblée nationale pour appliquer et nous imposer, sans aucune contestation possible, son prétendu Projet météore.
Le Sénégal est aujourd’hui dans une situation bâtarde, avec un président de la République qui ne fait que voyager, laissant en rade les problèmes essentiels et brûlants du pays. Et, un Pm, maître du jeu, plaque tournante du gouvernement et un toucheà-tout qui régente en fait tout dans la République et chez qui tout doit transiter. Avec un tel Pm, envahissant, réfractaire à la contradiction, «monsieur connaît tout» qui ne respecte ni les lois, ni la Constitution, encore moins le Code électoral et les institutions, nous allons, sûrement, à des élections législatives chaotiques et troubles ; autrement dit, vers des lendemains sombres pour notre pays. Oui, et cela du fait des nouveaux dirigeants qui se croient tout permis maintenant, comme s’ils avaient conquis un royaume par les armes, où ils règnent en maîtres absolus sur des sujets. Ils agissent ainsi comme si le Sénégal appartient à présent au parti Pastef et à ses seuls militants et sympathisants.
Tous les citoyens qui feignent d’ignorer ou de ne pas se rendre compte de la gravité de la situation actuelle de notre pays ont une large part de responsabilité dans tout ce qui nous arriverait demain à cause de leur silence coupable.
Il revient donc à chaque citoyen libre de jouer sa partition et d’assumer ses propres responsabilités devant l’histoire, en ces heures sombres et graves de veille d’élections législatives et à la préparation d’un hold-up électoral mûrement réfléchi depuis des mois, pour imposer, après leur victoire, une dictature et pensée unique au Sénégal.
Incontestablement, la plupart des nominés par le régime pastéfien n’ont pas le profil du poste et de l’emploi. Et le constat, c’est du sommet à la base de toute la hiérarchie, le Pm y compris qui nous parle d’économie et de géographie imprudemment, car ne maîtrisant pas les données. Et, les sorties, de quelques-uns d’entre eux dans les médias, qu’il s’agisse des ministres, Dg, Pca, etc., sont souvent catastrophiques, hors de saison, antirépublicaines, vont dans le sens de nuire à la cohésion sociale nationale ou menacent la coexistence pacifique inter-religieuse.
La création de la Direction des affaires religieuses à la présidence de la République est une violation de la Constitution, car contraire au caractère laïc de la République du Sénégal qui stipule que l’Etat ne doit pas se mêler de la religion. Quand bien même, il doit aide et assistance aux différentes confessions religieuses.
Par ailleurs, l’école sénégalaise et, de manière générale, l’éducation subissent des agressions graves, par des réformettes peu pertinentes et sans aucune étude sérieuse au préalable par le pouvoir. Ce dernier, en réalité, est en train de tâtonner dans le secteur éducatif, au point d’entamer même les fondements principaux de l’école publique sénégalaise, qui est abandonnée actuellement à son malheureux sort.
Effectivement, les propos de ces personnalités reflètent l’image du Sénégal à l’extérieur, donc ils doivent être bien soignés. Ce qui n’est pas malheureusement le cas, car ils sont parfois inconvenants ou de prestation minable avec des fautes d’orthographe impardonnables pour des responsables au sommet de l’Etat. Voici un échantillon de propos incontestables de ministres ou Dg qui méritaient aux auteurs, à défaut d’être démis au moins, une sanction. Le ministre de la Santé déclare qu’il ne recrute dans son ministère que des Sénégalais détenant la carte de membre de Pastef. Tandis que le ministre de la Justice, lui, demanderait le feu vert au Pm avant d’inculper un militant de Pastef. Alors, le ministre de l’Assainissement, lui, en dehors du contentieux qui le concerne au niveau de l’Onas, déclare devant l’inondation à Touba que cet hivernage ne relève pas de la gestion du pouvoir actuel et que d’ailleurs, à vrai dire, ils ont fait du mieux qu’ils ont pu. La Maese peine, elle, à prononcer un discours cohérent de haute facture à la hauteur de ses prédécesseurs, pour maintenir intactes l’audience et la belle image de notre diplomatie au plan international ou bien simplement, parvenir à lire correctement son propre texte, au lieu de vouloir nous apprendre que le pain est fait de blé. Ce que tout le monde sait parfaitement. Et le ministre de l’Intérieur, chargé des élections et de surcroît Général, dont la neutralité entre les acteurs en jeu ne devrait souffrir d’aucun doute. Malheureusement, cette déclaration, faite à l’endroit des opposants, à propos des élections, donne froid dans le dos : «ils ne sont pas prêts pour affronter les urnes», dixit le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique. Ces propos reprennent exactement ceux de Sonko à l’adresse de l’opposition.
Cette déclaration susvisée du Général est loin de la neutralité qui doit cependant s’imposer à toute épreuve. Mais elle est d’ores et déjà entachée d’un parti pris évident, ce qui n’honore pas son haut grade de Général. Un Général ne reçoit pas des ordres, c’est lui qui doit en donner plutôt, puisqu’il est au sommet de la hiérarchie. C’est bien dommage.
Et, c’est le lieu de regretter nos deux vaillants généraux, Niang et Cissé. Que Dieu ait pitié de leurs âmes et les accueille à son Paradis. Ces derniers ont organisé, sous leur direction, des élections dans de parfaites conditions, avec zéro contestation, puisqu’elles étaient organisées dans les règles de l’art et le respect strict de toutes les parties prenantes, des règles du jeu et du Code électoral. Oui, car ils avaient mis tous les participants sur le même pied, mais aussi le devoir de sauvegarder leur honneur qui était attaché à leur grade de Général.
Voilà pourquoi il est bien regrettable de constater que le régime actuel ne nomme que des personnes qui obéissent au doigt et à l’œil, en plus les yeux fermés, aux ordres de Sonko. Et, ce dernier, avec sa double casquette de Pm et président de Pastef, personne ne sait parfois quel est le Sonko que nous avons en face ou qui s’adresse à nous. Cet imbroglio au sommet de l’Etat est un secret de Polichinelle. Oui, puisque la casquette, double ou triple, de Sonko se mue parfois en Pm, président de la République ou président de Pastef au gré de la situation ponctuelle qu’il peut exploiter en sa faveur ou bien aux humeurs du procureur de la République, d’accuser quelqu’un qui aurait offensé l’un de ces trois titres fluctuants.
par Jean Pierre Corréa
POURQUOI LE RIZ EST-IL L’ÉPICENTRE DES SCANDALES AU SÉNÉGAL ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Les plaintes des Sénégalais concernant la cherté du riz résonnent de plus en plus fort, alors qu’un nouveau scandale vient assombrir le tableau : un détournement présumé de plus de 15 milliards FCFA
Les plaintes des Sénégalais concernant la cherté du riz résonnent de plus en plus fort, alors qu’un nouveau scandale vient assombrir le tableau : un détournement présumé de plus de 15 milliards FCFA, orchestré par un dénommé Ali Zaidan, en complicité avec des agents de banque. Ce fait divers s'ajoute à une liste déjà longue d'affaires qui ont nourri les fantasmes, notamment l’affaire Bocar Samba-Dieye-CBAO, la dissolution de la Société de promotion et de commercialisation du riz au Sénégal (SPCRS SA), les déboires de TDS, le conflit entre Moustapha Tall et ses frères portant sur cinq milliards, pour ne citer que ces faits troublants. Sans oublier le scandale des fonds Covid impliquant la société AVANTI, qu’on accuse d’avoir bénéficié des faveurs de Mansour Faye.
Panorama d’un secteur en pleine tourmente, au cœur de l’économie sénégalaise
Le riz est un marché juteux qui attise des convoitises multiples. Avec une consommation annuelle de 1,5 million de tonnes, le Sénégal demeure un des pays africains où l’on consomme le plus de riz par habitant. Néanmoins, le Sénégal demeure fortement dépendant des importations. En 2022, les importations ont atteint près de 347 milliards FCFA selon l’Agence Nationale de la Statistique et des Données (ANSD), creusant ainsi un trou dans nos réserves de change et enrichissant la chaîne de valeur au détriment du consommateur. Bien que des efforts aient été entrepris pour développer la production locale, l’Agence Ecofin souligne que le pays peine encore à satisfaire la moitié de ses besoins par sa propre filière.
Les importations de riz sont régulées par des DIPA, Déclaration préalable d'Importation de Produits alimentaires, rendant l’accès à un marché libre complexe. Si cette réglementation avait en théorie pour but de mieux contrôler le marché et de favoriser la production locale, elle s’avère dans la pratique contre-productive, en engendrant des délais bureaucratiques et en favorisant ceux qui entretiennent des relations privilégiées avec l’administration. Ailleurs, ce système est peu répandu, l’on privilégie souvent une approche plus ouverte.
Des importateurs influents
Bien que certains acteurs historiques comme TDS aient perdu de leur influence, le secteur des importations de riz demeure sous le contrôle de figures emblématiques, connues de tous. Moustapha Tall, le plus médiatisé, reste un acteur incontournable avec une forte influence. Parallèlement, Moustapha Ndiaye, à la tête du Comptoir commercial Mandiaye Ndiaye, s'est imposé comme l'importateur le plus significatif du secteur. Son succès lui a permis de diversifier son empire, allant jusqu'à investir dans la production énergétique avec la centrale électrique WAE.
Ils font désormais face à de nouveaux entrants, en pleine croissance, qui ont rapidement conquis une part significative du marché.
La société AVANTI, qui était encore méconnue il y a quelques années, est le plus marquant de ces acteurs. Son gérant Rayan Hachem, qui avait pris la parole dans les médias, ainsi que son propriétaire, l’indiscret homme d’affaires Ramez Samir Bourgi, protégé de l’ancien régime et qui ne cachait pas ses relations privilégiées avec le Palais, sont devenus des figures connues du secteur. Propulsée dans l’industrie du riz grâce à l’achat de riz par l’Etat avec les fameux fonds Covid de Mansour Faye, scandale pour lequel la Cour des Comptes avait demandé des poursuites notamment pour faux et surfacturation, il n’est pas certain que la société AVANTI arrive à survivre à la reddition de comptes promise aux Sénégalais par le pouvoir actuel.
Parallèlement, un autre géant international, la Louis Dreyfus Company, a également su s'imposer sur le marché. Dirigée au Sénégal par Eric Bourgi, dont tout éventuel lien de parenté concret avec Ramez Samir Bourgi reste inconnu, cette société réalise plus de 100 000 tonnes d'importation par an, consolidant ainsi sa position dominante.
Face à ces mastodontes, des acteurs plus petits, comme Ali Zaidan, à la tête de Sénégalaise Trading Compagnie (STC), essaient de se frayer un chemin. Cet acteur, jusqu'alors peu connu, se retrouve désormais au cœur d’un scandale de détournement de 15 milliards FCFA, illustrant ainsi les dérives de certains acteurs d’un secteur où chaque opération se compte en milliards.
En 2017, le journal le 360 annonçait déjà la « fin de règne des importateurs de riz au pays du thiébou djeun ». Force est de constater que cette fin n'est pas pour demain.
Pourtant une réelle autosuffisance est possible
Il est illusoire de croire que nous pourrons rapidement sortir de notre dépendance aux importations de riz. Les importateurs, pour ceux qui ne sont pas impliqués dans des scandales publics, jouent un rôle crucial en garantissant l’approvisionnement lorsque la production locale est insuffisante. Cependant, l’État se doit de mettre pour objectif d’atteindre l’autosuffisance, en soutenant les mesures proposées par les experts :
1. Amélioration des infrastructures d’irrigation : La FAO recommande d'investir dans des systèmes modernes pour garantir une production stable, notamment dans les zones rizicoles comme la vallée du fleuve Sénégal.
2. Accès aux semences et technologies : L'ISRA soutient l'utilisation de semences résistantes et l’adoption de technologies agricoles modernes pour accroître la productivité.
3. Soutien financier : Il est impératif de faciliter l’accès aux financements pour les riziculteurs locaux, à travers des crédits agricoles et des subventions pour les intrants.
4. Renforcement des infrastructures post-récolte : l’USAID pointe du doigt la nécessité d’investir dans le stockage et la transformation pour réduire les pertes et améliorer la qualité du riz local.
5. Régulation des importations : Le CNCR conseille d'imposer des droits de douane et de limiter les importations pendant les récoltes locales pour protéger les producteurs sénégalais.
6. Formation des agriculteurs : Il est essentiel que l’Etat accompagne la formation des riziculteurs aux meilleures pratiques agricoles et à l’utilisation de nouvelles technologies.
7. Promotion de la consommation locale : Encourager les Sénégalais à privilégier les produits locaux afin d'augmenter la demande en riz local et soutenir les producteurs.
Plaidoyer pour la réappropriation des habitudes alimentaires
Revenir aux habitudes alimentaires ancestrales en Afrique de l'Ouest francophone est non seulement nécessaire, mais urgent ! Nos ancêtres savaient cultiver le mil, le fonio et le sorgho, des trésors nutritifs qui ont nourri des générations. Aujourd'hui, cependant, nous avons hérité d'une culture alimentaire imposée par les colons, qui ont cherché à écouler leur brisure de riz d'Indochine, un produit que personne ne consommait alors – et ont demandé aux pays colonisés d’abandonner leurs cultures traditionnelles pour se focaliser sur ce qui pouvait être exporté, comme au Sénégal avec l’Arachide. Ce passage à la monoculture, a affaibli nos systèmes agricoles locaux et rendu nos populations vulnérables.
Revaloriser le mil et le fonio, entre autres, c’est retrouver notre identité, redonner du sens à nos assiettes et renforcer notre résilience face aux crises économiques et climatiques. En célébrant nos traditions alimentaires, nous construisons un avenir où la biodiversité prospère et où les communautés s’épanouissent. C'est un acte de révolte contre l'héritage colonial et une promesse d'un avenir sain et durable pour les générations à venir. Un acte de révolte qui pourrait aussi matérialiser le Jub Jubal Jubanti. D’autant qu’il est connu que « plus y a de fous…plus on riz » !
par Jaume Portelle Cano
OBLIGATIONS DE LA DIASPORA : UNE ALTERNATIVE POUR LE FINANCEMENT ?
Cette approche, déjà éprouvée par d'autres nations, promet de réduire drastiquement la charge de la dette tout en renforçant les liens avec les Sénégalais de l'étranger
Un PDF de 11 pages peut déclencher des changements politiques dans un pays de 54 millions d'habitants. C’est le cas ici. En proie à une lourde dette et en négociations avec le FMI, le Kenya a annoncé fin juin un plan économique prévoyant une hausse des impôts pour réduire le déficit budgétaire du gouvernement. Du pain aux transferts mobiles, tout était taxé. Avec une population frappée par l’inflation alimentaire, le plan a reçu le soutien des investisseurs, mais a été rejeté par les Kényans. Les manifestations ont fait au moins 39 morts et le parlement a été attaqué par certains manifestants. Cet épisode a conduit William Ruto, le président du Kenya, à annuler la loi.
C’était une démonstration de vitalité démocratique, mais une mauvaise nouvelle pour les investisseurs, comme l’a résumé un analyste des marchés émergents dans des déclarations à Bloomberg. Quelques jours après l’abandon des mesures, l’agence de notation Moody’s a abaissé la note de crédit du Kenya. Un signal clair : le Kenya, qui s’était endetté à plus de 10 % en février pour rembourser une obligation arrivant à échéance en juin, aura désormais un accès plus difficile aux marchés privés. Désormais, toute opération similaire lui coûtera probablement un taux supérieur à 10 %. Dans ces conditions, accéder au financement du FMI - à des taux d’intérêt plus bas - et accepter ses conditions devient presque une obligation.
C’est une impasse dans laquelle se trouvent tous les pays africains qui s’endettent en dollars sur le marché privé. Lorsque les taux d’intérêt augmentent à la Réserve fédérale et à la Banque centrale européenne, la fenêtre de financement se referme et ils se retrouvent piégés entre les créanciers privés et le FMI : soit ils acceptent de s’endetter à des taux prohibitifs, soit ils adhèrent à un plan d’ajustement structurel. Ils ne peuvent pas se passer de dollars : c’est avec eux qu’ils paient les importations de nourriture et de carburant, indispensables au bon fonctionnement de toute société.
Tant que le pays a accès aux prêts, il peut refinancer la dette peu avant l’échéance - emprunter 100 dollars pour rembourser les 100 dollars dus - et seuls les intérêts changent. Le problème survient lorsque la fenêtre est fermée ou que les prêts deviennent plus chers, transformant la boule de neige des intérêts en un fardeau qui s'accapare, année après année, une part importante des ressources du budget national. Au Kenya, en Angola, au Malawi, en Ouganda ou au Ghana, plus de 20 % des recettes publiques sont consacrées au paiement des intérêts de la dette. Deux pays dépassent les 30 % (Zambie et Nigeria), et l’Égypte a déjà franchi les 40 %. En mai, l’économiste bissau-guinéen Carlos Lopes écrivait que les pays africains avaient peu de chances de résoudre leur crise de la dette dans un système « truqué contre eux ».
Le financement comme point de départ
Le nouveau gouvernement sénégalais, présidé par Bassirou Diomaye Faye, a réussi à la fin du mois de mars à conclure l'une des histoires politiques les plus épiques de ces dernières années. Faye, qui était emprisonné, est passé en 11 jours de la prison à une victoire électorale dès le premier tour. Son principal soutien, le populaire Ousmane Sonko, est également sorti de prison et a joué un rôle clé dans la victoire contre Amadou Ba, dauphin du président sortant, Macky Sall. Leurs promesses ont reçu un fort soutien, notamment chez les jeunes Sénégalais. Pour l’instant, les premières initiatives en matière de politique économique ont suivi une ligne de continuité par rapport à l’administration précédente. Le FMI s’est félicité que le gouvernement de Faye reste engagé dans le programme de réformes existant et ait l’intention de poursuivre la « consolidation budgétaire ». La confiance des marchés financiers dans le nouveau gouvernement s’est manifestée avec la vente d’Eurobonds d’une valeur de 750 millions de dollars, à un taux d’intérêt de 7,75 % sur sept ans. Avec des échéances de dettes importantes en 2026, les promesses les plus radicales du programme - la sortie du franc CFA ou la renégociation des contrats d’exploitation des ressources naturelles avec des entreprises étrangères - semblent aujourd'hui un écho lointain. Avec un déficit commercial permanent, le Sénégal dispose de peu de marge de manœuvre pour réduire sa dépendance envers les prêteurs, qui, en conséquence, dictent les limites de ses politiques.
La nouvelle administration pourrait gagner un peu de répit grâce à sa diaspora croissante. La migration est, au Sénégal, un facteur économique de premier ordre : elle représente 10 % du PIB, et la population sénégalaise dispersée dans le monde a contribué en 2023 près de 3 milliards de dollars à l’économie nationale. Dans la grande majorité des cas, il s’agit de transferts sporadiques qui contribuent à la consommation alimentaire et au paiement des factures courantes. Pendant la pandémie, ces envois ont été un véritable bouclier qui a permis au pays de tenir malgré la chute du tourisme. Ensuite, ils ont aidé à atténuer la hausse des prix alimentaires après la guerre en Ukraine. Cette diaspora, au fil des ans, a également pris une place politique. Au-delà du soutien financier, elle souhaite désormais participer au débat sur l’avenir du pays. Elle a joué un rôle clé dans le soutien financier au parti d’opposition qui a fini par remporter la présidence. Rarement diaspora et gouvernement sont aussi alignés qu’au Sénégal. À cet égard, les obligations de la diaspora pourraient être une option intéressante pour obtenir un financement - en dollars ou en euros - à un coût beaucoup plus bas. De cette manière, la diaspora pourrait transformer ses transferts périodiques en un levier d'investissement plus ambitieux.
Prenons l’exemple de la dernière euro-obligation vendue par le Sénégal. À 7,75 %, le Sénégal devra verser environ 58 millions de dollars d’intérêts chaque année pendant sept ans. Au total, il aura payé plus de 400 millions pour recevoir 750 millions. Une obligation de la diaspora est un instrument déjà utilisé par des pays comme Israël ou l’Inde. Le patriotisme des investisseurs permet d’obtenir des taux d’intérêt plus avantageux. Dans certains cas, ce type de financement est utilisé lorsque le pays a du mal à accéder aux financements - ce qui est précisément la situation actuelle des pays africains. Si le Sénégal pouvait vendre une obligation de 750 millions de dollars à sa diaspora avec un taux d’intérêt de 1 %, il économiserait plus de 50 millions de dollars d’intérêts annuels. Cet argent pourrait être réinvesti dans des écoles, des hôpitaux, des infrastructures ou des aides aux agriculteurs. Chaque année. Une augmentation de la production alimentaire au Sénégal réduirait la facture des importations de produits alimentaires tels que le riz (657 millions de dollars en 2022), le maïs (100 millions), les pommes de terre (32 millions) ou les oignons (113 millions).
Les économies réalisées sur la facture des importations permettraient de réinvestir cet argent au Sénégal ou de financer l’importation de machines pour améliorer la productivité agricole ou renforcer la souveraineté énergétique. Sur le point de devenir un producteur de pétrole et de gaz, le Sénégal disposera de nouvelles sources de revenus qui, sous la structure actuelle, serviront à payer les intérêts croissants du service de la dette. Ces intérêts élevés contribuent à maintenir la structure économique actuelle : face à la nécessité d’honorer les paiements annuels de la dette, le pays peine à financer un projet d’industrialisation. Il continue d'exporter des arachides - à qui un tiers de ses terres cultivées sont dédiées - sans transformation, comme à l'époque coloniale. Réduire la facture des intérêts ouvrirait la voie à une meilleure protection sociale ou à des investissements accrus, tout en permettant de mener une politique agricole avec plus de ressources ou de tenter de valoriser les ressources naturelles du pays.
Le court terme s'oppose au long terme
Réduire la quantité de fonds envoyés aux familles constituerait un changement important. Moins de fonds signifie également moins de consommation et moins de clients pour certains commerces. Cela provoquerait un choc pour l'économie locale. C'est le principal inconvénient potentiel d'une obligation de la diaspora, mais les bénéfices à moyen terme seraient considérables : une amélioration de la productivité agricole – obtenue grâce au soutien aux agriculteurs avec des engrais moins chers – augmenterait la quantité de nourriture disponible, réduisant ainsi les dépenses liées aux produits alimentaires importés, actuellement financées par ces envois d'argent. Une réduction structurelle des taux d'intérêt – si le Sénégal parvenait à réduire progressivement son portefeuille d'obligations à 7 % d'intérêt pour le convertir en un portefeuille avec des obligations à 1 % – libérerait des fonds pour financer une partie de cette transition pour les familles touchées. Le paiement des intérêts de la dette extérieure est l'une des dépenses les plus importantes du gouvernement sénégalais. En 2023, selon l'UNCTAD, le Sénégal a consacré 12,5 % des recettes de l'État au paiement des intérêts de sa dette. Avec des obligations de la diaspora et des investissements orientés vers l'agriculture locale, le Sénégal serait en mesure de réduire cette charge et de réaffecter ces fonds à sa population. Contrairement aux émissions obligataires, qui dépendent des fluctuations des marchés internationaux et des taux d'intérêt fixés par les banques centrales des pays riches, la diaspora envoie cet argent au Sénégal chaque année, quoi qu'il arrive. Ce qu'elle envoie représente déjà le double de l'aide internationale reçue par le pays. Si cet argent existe, pourquoi ne pas l'utiliser autrement ?
Par Hamidou ANNE
VITE, UN FRONT REPUBLICAIN !
«Seule une main peut défaire ce qu’une autre a fait» serait la traduction plus ou moins proche du dicton wolof. Mais l’idée reste de mon point de vue sans nuance aucune : la démocratie a conduit au pouvoir un parti anti-démocratique et anti-républicain
«Seule une main peut défaire ce qu’une autre a fait» serait la traduction plus ou moins proche du dicton wolof. Mais l’idée reste de mon point de vue sans nuance aucune : la démocratie a conduit au pouvoir un parti anti-démocratique et anti-républicain. C’est à la démocratie d’enlever l’abcès Pastef du corps du Sénégal. En six mois, Pastef a montré qu’il n’était pas un parti de gouvernement. Il avait mis en avant une infrastructure insurrectionnelle censée le conduire au pouvoir et compte gouverner par la menace et l’outrance.
Ceux qui sont surpris par cette gouvernance chaotique me surprennent. Soit ils n’avaient pas assez observé ce parti dans l’opposition, soit ils étaient peu exigeants sur les valeurs démocratiques et républicaines, soit enfin ils ne sont pas de bonne foi. Ces gens ne peuvent pas gouverner dans la sérénité car ce sont des populistes dont les idées s’ancrent dans une perspective insurrectionnelle et dans une volonté de détruire les fondements de l’Etat laïc et républicain. Mon ami Yoro Dia a été bien inspiré un jour de souligner que le projet du parti Pastef relevait d’une «négation du Sénégal» par sa volonté de destruction du modèle social de concorde sociale et religieuse et d’ouverture du pays à tous les vents féconds du monde.
Six mois après l’arrivée au pouvoir de ces amateurs, les Sénégalais découvrent un chef de gouvernement plus prompt à aller au théâtre qu’à l’Assemblée ; en plus de sortir des énormités verbales dans une langue plus que sommaire. Pire, nos concitoyens se rappellent qu’entre deux missions du Fmi, la charge de gestion d’un Etat requiert sérieux et compétence et non verbiage et slogans vaseux. Le Fmi, qui soulignait, dans un compte-rendu du mois de mai 2024, que les signaux étaient au vert avec un déficit à 3,9% et une croissance à 7,1%, sonne désormais l’alarme et informe qu’en trois mois, tous les indicateurs sont passés au rouge. Le déficit passe à 7,5% et la croissance chute à 6%, avec une économie dont la perspective est négative. Le ralentissement économique reflète, selon le Fonds, «une activité plus faible dans les secteurs minier, de la construction et agro-industriel». Au lieu de s’acharner à maintenir la trajectoire vertueuse dessinée par le régime précédent, le gouvernement a versé dans des actions tape-à-l’œil de blocage systématique de l’activité économique. L’arrêt des chantiers sur le littoral, l’acharnement fiscal, les discours incendiaires vis-àvis de nos partenaires internationaux, les atermoiements sur le franc Cfa, les clins d’œil aux aventuriers de l’Aes, les purges annoncées par l’Exécutif, l’incompétence au sommet de l’Etat sont autant de facteurs qui déroutent les investisseurs, menacent le climat des affaires et freinent l’activité économique. Ils ont hérité d’un Sénégal sur une pente ascendante avec une signature crédible, des signaux au vert et dans une vraie dynamique d’émergence, et veulent le transformer en un petit Etat tropical du début des années 60 préoccupé par les règlements de comptes et les économies d’épicier, et les discours suspicieux propres aux dictatures de l’époque. Ils glosaient sur des milliers de cadres compétents et intègres, mais ont dû racler les fonds de tiroir pour trouver des ministres et directeurs généraux dont l’incompétence et l’irresponsabilité suintent à la première prise de parole. Les mêmes qui ont appelé au «Mortal Kombat» pour sauver le «Projet» ont avoué le 24 avril qu’ils n’en avaient pas un. Ils sont les mêmes à avoir rusé pour soustraire leur gourou de l’exigence constitutionnelle de la Déclaration de politique générale. Ces gens ont rompu avec la tradition de la concertation consacrée depuis 1991 en vue de l’organisation de chaque rendez-vous électoral.
Les violations de la loi se multiplient, de même que les volontés de règlements de comptes ; sans oublier les discours orduriers et les injures et propos outrageants à l’encontre des chefs religieux, autorités coutumières, journalistes et intellectuels qui ont l’outrecuidance de ne pas se soumettre aux désidératas du gourou et de son fidèle échanson.
Ceux-là qui appelaient à la préférence nationale voient leur ministre de la Santé assumer que la préférence allait au parti et à ses militants. Cheikh Tidiane Dièye, cet opportuniste qui a en plus le bon goût d’être un incompétent notoire, pense esquiver pour toujours le dossier de l’Onas, tandis que Cheikh Oumar Diagne est maintenu en fonction malgré son incompétence, ses diplômes douteux et ses propos sidérants menaçant l’unité et la sécurité nationales.
Pour les Législatives anticipées, les démocrates et républicains doivent se mobiliser afin de faire échec à ce régime dont la volonté est de nous maintenir dans des basses querelles de vaisselle et de micro-ondes, faute de vision solide et de solutions concrètes aux vrais enjeux économiques et sociaux.
La dissolution téléguidée, l’organisation chaotique du scrutin à venir et les menaces graves du parti Pastef sur l’unité nationale nous engagent et nous obligent. Au nom de la laïcité républicaine, des libertés publiques, du pouvoir d’achat et de la crédibilité du Sénégal à l’étranger, nous devons toutes et tous faire preuve de responsabilité avant que l’irréparable ne se produise.
En démocratie, entre républicains, nous sommes des adversaires opposés par des visions différentes sur la société et sur la manière de conduire nos stratégies de développement. Mais sur l’essentiel, qui consacre la préservation de la République, de la laïcité et du modèle social sénégalais, nous sommes assis sur le même socle érigé par nos Pères fondateurs. Ce n’est pas le cas de Pastef, qui est un parti fasciste, donc en dehors de l’arc républicain, et dont la pratique politique se fonde exclusivement sur la violence et la grossière manipulation.
Tout ceci nous oblige au combat avec rigueur, hargne et hardiesse afin de faire un demi-tour démocratique dès les Législatives et transformer l’essai en 2029. Le parti Pastef doit être une parenthèse dans la République, comme le nazisme l’a été en Allemagne.
Au regard de ce qui précède, je suis convaincu qu’un large rassemblement des forces politiques autour de l’impératif d’un Front républicain constitue une urgence. Les limites idéologiques de ce Front républicain sont l’adhésion aux valeurs de la République. Les familles politiques historiques, socialistes, libéraux et sociaux-libéraux, parce qu’elles ont fondé le Sénégal et gouverné jusque-là, ont une obligation de sauver la République du désastre Pastef, de l’islamisme rampant, des menaces sur les libertés, de l’effondrement économique et de l’isolement du Sénégal sur la scène internationale.
Ce rassemblement nécessite de l’ingéniosité grâce à l’expérience électorale des uns et des autres, de la générosité, du courage de décider parfois contre les siens et du sens du sacrifice pour la seule urgence valable : la République.
La République du Sénégal est menacée. Tâchons toutes et tous d’être à la hauteur de l’histoire et de l’exigence de sauver la Patrie républicaine outragée, menacée et désacralisée. Si le parti fasciste a entre les mains tous les leviers du pouvoir, il en sera fini du Sénégal dont nous avons hérité et qu’il nous incombe de transmettre comme legs précieux aux prochaines générations de Sénégalaises et de Sénégalais.
J’avais écrit dans ces mêmes colonnes ceci, le 26 mars dernier : «Dès la proclamation définitive des résultats, il faut offrir à la moitié des Sénégalais, qui ont refusé de confier le pays à des aventuriers, un horizon, un projet, un discours et un cadre d’expression pour une opposition exigeante sur les principes, intelligente sur la stratégie et innovante sur les méthodes. Dans ce chemin d’espérance qui doit surgir pour faire de la défaite du 24 mars un terreau fertile pour un sursaut vers des victoires futures, je suis prêt à assumer toute ma part de responsabilité.»
Pour ce scrutin, nous ne devons pas nous dérober face à nos responsabilités afin de faire face aux fascistes, au nom de la République et du vivre-ensemble.
Vite, un Front républicain !
Par Docteur Biram Ndeck NDIAYE
TRISTE FIN DE VIE DE SPORTIFS ET ARTISTES : QUE FAIRE ?
La situation difficile que vivent d’anciennes gloires du sport (et de la culture) est à méditer avec beaucoup de lucidité
La situation difficile que vivent d’anciennes gloires du sport (et de la culture) est à méditer avec beaucoup de lucidité. Il convient de tirer une leçon de cette triste actualité à analyser froidement, de dépasser la mentalité d’éternels assistés pour chercher une solution durable.
Quelle mentalité adopter
Quelle mentalité doivent avoir les sportifs, surtout les vedettes ? Une vedette doit avoir pour ambition d’être un leader qui influence positivement son domaine d’activité, apporte des améliorations utiles au sport et aux sportifs. Pourquoi se lamenter et ne rien envisager comme action ? Qui est responsable de la situation difficile d’anciens sportifs ? Tout le monde sauf eux-mêmes ? Il est difficile de le croire.
Pour une meilleure prise de conscience
Que chacun voit sa propre part de responsabilité et, surtout, s’engage à tout mettre en œuvre pour éviter pareille situation aux générations actuelles et futures. C’est cela être acteur du progrès au lieu de rester simple spectateur, témoin d’une régression, sans rien faire pour trouver une solution. Est-ce que les sportifs sénégalais ont proposé une solution, après les matches de retrouvailles, les rigolades autour de déjeuners copieux et de blagues à vous couper le souffle ? Quand quelqu’un demande qu’on fasse quelque chose pour lui, on peut se demander qu’est-ce qu’il a fait ou envisage de faire pour d’autres. La main ne doit pas être tendue seulement pour demander mais aussi et surtout pour donner. Il faut participer au progrès d’une communauté et ne pas rester d’éternels assistés.
Engagement de chacun
On peut participer en idées, en actions, en mobilisation ou en argent autour d’un idéal. Il ne faut rien sous-estimer dans la marche vers le progrès. Bunu xeeb dara. Celui qu’aucune cause noble ne mobilise, comment pourrait-il mobiliser autour de ses intérêts personnels ? Il ne faut jamais croire qu’on te doit tout alors que tu ne dois rien à personne. Il faut donner d’abord si tu le peux avant de demander. La meilleure solution est de penser au groupe avant de penser à un individu. L’individu est dans le groupe. L’organisation et l’engagement sont déterminants pour toute réussite.
Faire preuve de discernement
Nous avons encore cette image d’entraîneur national de football demandant, exigeant presque au public de venir supporter l’équipe nationale. L’entraîneur ou sélectionneur est payé (salaire), les joueurs sont payés(indemnités) mais le public, outre l’impôt, paie transport, ticket et nourriture pour voir un match. Entraineur et joueurs ont des obligations (résultat) que le public n’a pas. L’investissement dans le sport (même si nous pensons qu’il faut toujours faire plus) est plus important que l’investissement consenti dans des secteurs indispensables dans la vie de notre pays.
Une meilleure répartition des ressources provenant du sport
Il faut surveiller l’utilisation de toute la manne financière depuis le mondial jusqu’à la Coupe d’Afrique des Nations et faire un bon arbitrage entre les différents besoins. Pourquoi ne pas réserver une partie à la couverture santé des pratiquants évoluant au Sénégal et ajouter une proportion des taxes sur le sport, le matériel et les équipements de sport ?
Droit ȧ la santé et fondement juridique
Selon l’article 22 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale… grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays. La résolution 58.33 du 25 mai 2005 adoptée par la 58ème Assemblée mondiale de la Santé sur « financement durable, couverture universelle et systèmes de sécurité sociale » déclare que « tout individu doit pouvoir accéder aux services de santé sans être confronté à des difficultés financières ». Elle demande aux pays membres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de développer des systèmes de financement de la santé pour garantir à leur population un accès équitable à des services de santé de qualité et éviter des dépenses de santé catastrophiques et la paupérisation de personnes ayant besoin de soins. Cette résolution prévoit la transition vers la couverture universelle de tous les citoyens compte tenu du contexte macroéconomique, socioculturel et politique de chaque pays. La Constitution du Sénégal consacre, pour sa part, le droit à la santé en son article 8 qui en fait un droit fondamental et son article 17 qui dispose : « l ’État et les collectivités locales (territoriales) ont le droit de veiller à la santé physique et morale de la famille et, en particulier, des personnes handicapées et des personnes âgées. L’État garantit aux familles en général, et à celles vivant en milieu rural en particulier, l’accès aux services de santé et au bienêtre ». L’exploitation du gaz et du pétrole, comme une aubaine, doit pouvoir profiter aux plus démunis en matière de santé et d’éducation.
La solution par l’assurance santé et retraite
Une solution existe face au spectacle pathétique d’anciennes vedettes du sport et des arts gravement malades et abandonnées à leur triste sort. Aujourd’hui qu’un même département ministériel abrite aussi bien le sport que la culture, on peut s’inspirer de la couverture sociale au bénéfice des métiers de la culture (convention déjà signée et mise en œuvre) pour ratisser large. La couverture maladie universelle et les compagnies d’assurances peuvent se compléter pour offrir la gamme la plus large possible de couverture santé etretraite (du sportif amateur au professionnel avéré). L’étude est disponible et ce serait un bon coup pour les autorités sénégalaises, à exporter ensuite en Afrique le Sénégal étant un bon laboratoire.
Partage de responsabilités
L’Etat a une dette envers les populations. Il lui incombe l’obligation de leur assurer une couverture adéquate en matière de protection sociale en général, en matière de santé en particulier. Toutefois, les responsabilités sont partagées entres sportifs, acteurs culturels, État, collectivités territoriales du fait des compétences transférées, Fédérations et Ligues, compagnies d’assurances, SEN-CSU(ex-Agence de la CMU) pour la couverture sanitaire universelle. Cela dit, pour revenir aux sportifs et acteurs culturels, apprenons à donner, à nous engager au service des bonnes causes. Il faut s’acquitter de ses devoirs avant d’exiger ses droits. La plupart des individus sont dans une position attentiste. La révolution, c’est peu de personnes qui la font et tout le monde en profite après.
Pour une grande rencontre des sportifs
Pour commencer, il faut d’abord se retrouver, discuter sur la condition sociale des sportifs. Un colloque, une grande conférence est la première étape. Il est urgent de parler entre principaux concernés et nous croyons fermement que l’Etat est disposé à créer les conditions de cette rencontre pour marquer sa volonté politique et échanger avec les principaux acteurs concernés. Aider à faire avancer des secteurs et sous-secteurs, n’est-ce pas là une forme d’efficacité de la politique ? Le faire c’est gérer la cité, être à l’écoute et au service des citoyens. Aux concernés de faire des propositions à l’État en précisant ce qu’ils veulent et comment ils comptent y parvenir. Les sportifs doivent prendre la pleine mesure de ce qu’ils représentent dans un pays: la force, l’énergie, le nombre et ils savent mobiliser la jeunesse. Ils doivent penser à utiliser ces atouts pour attendre leurs objectifs.
ON NE PEUT PAS ETRE UN PARTI AU POUVOIR SANS CONTROLER DAKAR
Le jackpot en vaut la chandelle ! Plus qu’un grenier de sièges pour l’Assemblée, Dakar est aussi politiquement convoitée du point de vue symbolique. Inutile donc de dire que c’est au cœur de cette capitale que vont se jouer les plus intenses joutes...
Le jackpot en vaut la chandelle ! Plus qu’un grenier de sièges pour l’Assemblée, Dakar est aussi politiquement convoitée du point de vue symbolique. Inutile donc de dire que c’est au cœur de cette capitale que vont se jouer les plus intenses joutes de ces Législatives anticipées. Mieux, le caractère quasi exceptionnel du contexte préfigure à lui seul la force de l’enjeu. Autrement dit, un parti présidentiel décidé à laver l’affront face à d’anciens alliés qu’il considère avoir conduit jusqu’à destination, avant d’être «trahi» en tant que locomotive électorale de Yewwi askan wi. Sur ce, les esprits sont évidemment braqués sur Khalifa Sall et ses camarades dont le plus ciblé Barthélémy Dias.
Bien que frappé d’inéligibilité aux Législatives, le maire de Dakar est farouchement attendu sur le terrain par Abass Fall, patron de Pastef dans la capitale. «Ce qui est sûr, c’est que le Pastef va reprendre Dakar. On connait d’ailleurs le rôle que nous y avons joué lors des précédentes élections. Rien que pour la Présidentielle, nous avons remporté 280 000 voix. Surtout qu’on ne peut pas être un parti au pouvoir sans contrôler Dakar. Parce que qui gagne Dakar gagne le Sénégal», avait juré le parlementaire au cours de l’émission «Banc public» sur Seneweb. C’est dire que pour quelqu’un qui rêvait de conduire la liste de Yewwi à Dakar aux dernières Locales, puis Législatives avant d’être écarté au profit de Barth’, l’heure de la revanche a sonné.
Par Falilou MBALLO
CAPITAL MORTAL KOMBAT !
Si, à l’intérieur du pays, la course aux sièges sera âprement disputée pour ces Législatives anticipées, à Dakar, la bataille pour les 7 le sera davantage.
Si, à l’intérieur du pays, la course aux sièges sera âprement disputée pour ces Législatives anticipées, à Dakar, la bataille pour les 7 le sera davantage. Entre unnouveau pouvoir tenu de s’imposer, le camp de Taxawu, détenteur de la municipalité de cette ville et un Amadou Ba, chef de l’opposition obligé de s’affirmer dans son fief, l’enjeu augure un mortal kombat.
Le jackpot en vaut la chandelle ! Plus qu’un grenier de sièges pour l’Assemblée, Dakar est aussi politiquement convoitée du point de vue symbolique. Inutile donc de dire que c’est au cœur de cette capitale que vont se jouer les plus intenses joutes de ces Législatives anticipées. Mieux, le caractère quasi exceptionnel du contexte préfigure à lui seul la force de l’enjeu. Autrement dit, un parti présidentiel décidé à laver l’affront face à d’anciens alliés qu’il considère avoir conduit jusqu’à destination, avant d’être «trahi» en tant que locomotive électorale de Yewwi askan wi. Sur ce, les esprits sont évidemment braqués sur Khalifa Sall et ses camarades dont le plus ciblé Barthélémy Dias. Bien que frappé d’inéligibilité aux Législatives, le maire de Dakar est farouchement attendu sur le terrain par Abass Fall, patron de Pastef dans la capitale. «Ce qui est sûr, c’est que le Pastef va reprendre Dakar. On connait d’ailleurs le rôle que nous y avons joué lors des précédentes élections. Rien que pour la Présidentielle, nous avons remporté 280 000 voix. Surtout qu’on ne peut pas être un parti au pouvoir sans contrôler Dakar. Parce que qui gagne Dakar gagne le Sénégal», avait juré le parlementaire au cours de l’émission «Banc public» sur Seneweb. C’est dire que pour quelqu’un qui rêvait de conduire la liste de Yewwi à Dakar aux dernières Locales, puis Législatives avant d’être écarté au profit de Barth’, l’heure de la revanche a sonné.
«Borom Ndakaaru» menacé
Pour l’autre camp qui se revendique «BoromNdakaaru», c’est aussi l’occasion de prouver qu’il reste maitre des lieux. Mieux, après la grosse déception de la Présidentielle, Khalifa Sall, ou Taxawu, court le risque de ne garder que la mairie. En attendant les prochaines Locales. Il est loin le temps où il mettait en ballotage le parti au pouvoir en 2017 avec une différence de 2000 voix dans le département de Dakar en faveur de Benno qui avait fini par rafler les 7 sièges. Une inter-coalition avec le Ps et Amadou Ba ou le Pur comme annoncé sera-t-elle suffisant pour reprendre la main à Dakar, après le score fleuve de la coalition Diomaye Président à Dakar et ailleurs ? Taxawu n’a pas d’autre choix que de trouver une formule puissante à la dimension de Yewwi-Wallu.
Amadou Ba contre l’Apr, le combat des frères ennemis
Prêt à se lancer dans sa «Nouvelle responsabilité» politique, Amadou Ba est l’autre baron attendu dans cette bataille de Dakar. À l’image d’un Abass Fall, lui aussi est sûrement loin d’avoir digéré le choix qui était porté sur Diouf Sarr comme tête de liste de Benno à Dakar aux Locales de janvier 2022. Probablement, l’Apr (re)mettra l’homme de Yoff dans la capitale. Emancipé du mentorat politique du Président Macky Sall qui l’avait contraint de faire profil bas, le leader de l’opposition (au regard des résultats de la dernière Présidentielle) n’a plus droit à l’échec dans son propre fief. Avec ces Législatives, il est appelé une nouvelle fois à prouver que c’était Macky Sall qui avait obstrué son ascension, quoique n’importe quel schéma aurait difficilement résisté à la vague Yewwi-Wallu en 2022. Et pour un homme politique de sa trempe qui aspire à la Présidence, c’est maintenant ou jamais !
PAR ELHADJI MAMADOU MBAYE
DE L’ÉVALUATION DE L’ACTION GOUVERNEMENTALE DE DIOMAYE-SONKO
EXCLUSIF SENEPLUS - Le gouvernement n'a pas encore réussi à dissiper le pessimisme ambiant face à la soif d'espoir de la jeunesse. Ils n’ont pas encore réussi à agir sur les imaginaires. Le bilan à l’heure actuelle est « mi-figue, mi-raisin »
Peut-on, doit-on « déjà » évaluer l’action gouvernementale de Diomaye-Sonko ? Cette question fait l’objet de débats aussi bien dans les forums scientifiques, les forums politiques et ceux de la société civile.
L’évaluation d’un travail gouvernemental dépend des indicateurs que nous voulons évaluer. On ne peut pas évaluer sans avoir eu de baseline, c’est-à-dire d’où l’on est parti et où on veut aller, dans combien de temps. Cela aurait nécessité au premier mois d’avoir un projet suffisamment clair, des objectifs suffisamment précis à court, moyen et long terme pour permettre à l’ensemble des observateurs de suivre et d’évaluer en tout temps et en tout lieu l’action gouvernementale. Nous sommes à 6 mois et n’avons toujours pas un tableau de bord, ce « PROJET » qui nous permettrait d’apprécier l’action publique. Cette situation désagréable entraine conflits et controverses chez ceux-là même qui ont voté pour le nouveau régime. Quand faut-il alors les évaluer ? après la mise en place de la Nouvelle Assemblée ? À un an ? à la fin du mandat de cinq ans ? Et s’ils n’ont pas la majorité absolue à l’Assemblée ?
Quels indicateurs pouvons-nous évaluer pour dire que les nouvelles autorités sont sur la bonne, la mauvaise voie, s’ils vont réussir ou échouer. Est-ce que le facteur temps : six mois, est suffisant pour évaluer un travail gouvernemental surtout dans le contexte actuel du Sénégal.
Une analyse diachronique et synchronique dans d’autres contextes démontre que la réussite d’un travail gouvernemental dépend des orientations prises au début, à l’origine. La référence mondiale est « les 100 premiers jours », qui renvoient au New Deal de Roosevelt qui avait réussi en 100 jours à voter une série de lois qui ont fixé le cap et permis aux Etats-Unis de sortir de la crise de 1929. Nous sommes à plus 200 jours ! Effectivement, le contexte n’est pas le même, mais en six mois, il est possible, déjà, de montrer la voie, de donner de l’espoir à la population (en France, on dirait c’est cet espoir qui permet de susciter la consommation des ménages et de faire repartir l’économie). Au Sénégal, la plupart des investisseurs attendent d’être édifiés sur les orientations du gouvernement avant d’investir.
Oui, effectivement, sur certaines questions (la lutte contre la corruption, les politiques agricoles, la réforme de la justice… c’est plus ou moins clair me semble-t-il, il y a déjà des orientations, mais sur beaucoup d’autres et parfois les plus importantes, les orientations ne sont pas claires. Nous attendons le Projet et la déclaration de politique générale.
L’une des attentes majeures et sur lesquelles, les Sénégalais et surtout les jeunes attendent le gouvernement c’est de rétablir l’espoir. Malheureusement, sur cette question fondamentale, le gouvernement n’a pas encore réussi à mettre fin au pessimisme des Sénégalais : 52% des jeunes qui représentent 75% de la population souhaitent quitter le pays dès qu’ils en ont l’occasion. Comment alors construire un pays si plus de la moitié de sa population ne souhaite pas y rester ? Il y a alors un travail fondamental à réaliser pour agir sur les consciences et fixer le cap qui permettrait aux Sénégalais de retrouver de l’espoir. C’est vrai qu’on peut reprocher aux jeunes, aux Sénégalais d’être trop pressés. Mais regardons le nombre de jeunes candidats à l’émigration morts depuis six mois, le nombre de vies perdues dans les hôpitaux depuis six mois, le nombre de personnes ayant perdus leur logement depuis six mois, le nombre de morts sur la route depuis six mois…. Le gouvernement est-il responsable ? Bien sûr, car il est élu pour trouver des solutions aux problèmes des Sénégalais, les nouvelles autorités ont suscité de l’espoir. Combien de temps leur faudra-t-il pour rétablir l’espoir… Pour le moment, ils n’ont pas encore réussi à agir sur les imaginaires et à remettre en cause la perception que la majorité des Sénégalais ont des hommes politiques (« ils sont tous pareils les politiciens », « ils se servent d’abord avant de servir la population », « ils continuent de faire de la politique politicienne », « les promesses des politiciens visent uniquement leur accès au pouvoir » …).
Les acteurs politiques, scientifiques et de la société civile ont le droit et même l’obligation de faire pression au gouvernement et de leur rappeler leurs engagements toujours et sur tout ce qu’ils avaient promis. Quand, de manière rétrospective, nous visionnons leurs vidéos en tant qu’opposants et candidats, tout avait l’air tellement facile, ils semblaient être le messie pour résoudre, sur un coup de baguette magique les problèmes des Sénégalais et surtout des jeunes… Aujourd’hui leur discours sur ces problèmes est plus réaliste. Ils le disent : il n’y a pas de solution magique ! C’est surtout cela que nous leur reprochons, d’avoir eu un discours populiste pour accéder au pouvoir, et de ne pas être assez prompt sur les solutions aux problèmes ou plutôt sur les pistes de solutions car le temps de la résolution des problèmes est un temps long et parfois élastique, mais comme dit un proverbe africain « connaitre le chemin est plus important que de marcher vite ».
L’un des défis majeurs est d’être capable d’agir sur les mentalités, sur les consciences pour lutter contre la corruption, le népotisme, l’émigration irrégulière, les accidents de la route, l’échec scolaire et tous les problèmes auxquels les Sénégalais sont confrontés…. Nous avons besoin d’un réferentiel nouveau en matière de politique publique qui peut agir sur les mentalités des Sénégalais pour impulser une nouvelle dynamique à tous les niveaux et dans tous les secteurs d’action publique. La politisation, l’électoralisation de l’action gouvernementale n’est pas la meilleure solution. Effectivement, il faut une majorité pour gouverner, néanmoins, ne pas être capable de convaincre les députés, certains députés, pour avoir une majorité suffisante pour mettre en place les mesures les plus urgentes, c’est d’abord un aveu d’échec, car me semble-t-il, ils, nous aimons tous ce pays et sommes tous prêts à suivre la voie qui va permettre à la majorité des Sénégalais de vivre dignement… Il faut rassembler les Sénégalais autour d’une vision commune, éviter les divisions et « faire nation » car l’enjeu majeur est là, permettre aux Sénégalais d’être ensemble, aux jeunes de vivre dignement tout en restant dans leur pays.
Ceci ne passe pas seulement par des discours, mais par des pratiques, des actions quotidiennes pour réduire le train de vie de l’État (non pas seulement supprimer la CESE et du HCCT, mais aussi dans celui de ces centaines d’agences, consulats, administrations qui continuent de peser sur le budget de l’État, encourager les Sénégalais à payer leurs impôts à être solidaires les uns les autres, à se respecter, à avoir confiance à notre administration…. On pourrait continuer l’énumération, mais l’heure n’est peut-être pas encore celle de l’évaluation…. Mais le bilan à l’heure actuelle est « mi-figue, mi-raisin ». Pour cela, comme dit plutôt, nous devons continuer à analyser, surveiller, dénoncer, critiquer, rappeler car c’est seulement dans les controverses constructives qu’on peut inscrire notre nation dans la voie du développement.
Elhadji Mamadou Mbaye est enseignant-chercheur en science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et membre de Sursaut Citoyen et du Collectif des Universitaires pour la défense de la démocratie
par l'éditorialiste de seneplus, alymana bathily
LÉGISLATIVES 2024 : QUATRE INITIATIVES AVANT, DEUX APRÈS
EXCLUSIF SENEPLUS - Qu’il aille à l’élection sous son seul nom ou dans le cadre d’une coalition de partis, le Pastef n’a qu’un seul objectif : confirmer le plébiscite. "Motali yéné", tel est le slogan de cette élection
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 23/09/2024
Cette élection parachèvera le plébiscite du président Bassirou Diomaye Faye obtenu au premier tour de l’élection présidentielle du 24 mars avec 54,28 % des voix. Qu’il aille à l’élection sous son seul nom ou dans le cadre d’une coalition de partis, Pastef n’a qu’un seul objectif : confirmer le plébiscite.
Motali yéné, c’est le slogan de cette élection. « Parachevez l’élection du président Bassirou Diomaye Faye en nous donnant la majorité absolue à l’Assemblée pour nous permettre de prendre les lois nécessaires à la mise en œuvre du Projet. »
En accordant une majorité absolue à l’Assemblée nationale à Pastef, les Sénégalais permettront en effet au président de la République et à son premier ministre Ousmane Sonko de mettre en œuvre le Projet pour répondre enfin aux attentes des Sénégalais en matière de développement économique, social et culturel ainsi que de souveraineté sur tous les plans.
Il ne fait pas de doute que les Sénégalais qui ont subi depuis 60 ans des régimes successifs de domination et d’exploitation néocoloniale et qui ont été récemment victimes de la cleptocratie et de la répression souvent sanguinaire du régime Macky Sall, confirmeront leur élection du président Bassirou Diomaye Faye.
Quatre initiatives avant
Il ne serait pourtant pas fastidieux pour le gouvernement d’initier avant même l’ouverture de la campagne électorale des initiatives concrètes susceptibles de confirmer que le président Bassirou Diomaye Faye et le premier ministre ont d’ores et déjà engagé le pays dans la voie promise du renouveau en même temps que du « jub, jubal, jubanti ».
Nous suggérons ici, des initiatives, quatre à annoncer avant les élections, trois autres après, que nous mettons dans la « corbeille » pour parler comme le Grand Maodo, « l’ancien gardien du grenier du village ».[1]
La première de ces initiatives pourrait concerner la publication du « livre blanc » (Livre noir ou rouge sang devrait-on dire plutôt) sur le régime Macky Sall. On rappellera, chiffres à l’appui, d’abord les impasses politiques dans lesquels l’ancien président a engagé ou maintenu notre pays, notamment au plan monétaire en refusant la réforme du FCFA, au plan militaire en gardant intact les accords de coopération avec la France et au plan régional africain en cautionnant la politique de « containment » des régimes militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO victimes d’agressions terroristes.
On rappellera ensuite les crimes économiques et de sang qui ont jalonné les douze longues années du régime de l’APR-Benno : des spoliations foncières récurrentes au scandale Petro-Tim, de l’achat illicite d’armes de guerre, à la disparition depuis le 18 novembre 2022 des gendarmes Didier Badji et Fulbert Sambou, à celui de François Macambou arrêté le 16 juin 2022, gardé à vue à la Sûreté urbaine puis déclaré mort à l’hôpital principal de Dakar et à l’assassinat froidement exécuté de ces dizaines de jeunes (60?) à travers le pays, notamment à Dakar, à Bignona, à Ziguinchor.
La deuxième initiative qu’il faudrait engager dès à présent concerne la reddition des comptes, d’ailleurs annoncée comme imminente puisque le pool judiciaire et financier chargé d’entendre les plaintes est déjà en place.
Il suffit de plaider ici pour le lancement rapide de la procédure et sa large publicité.
La troisième initiative dont nous souhaitons la mise en œuvre ou tout au moins l’annonce avant les élections législatives concerne l’emploi des jeunes. On pourrait dès à présent entreprendre et annoncer des actions précises.
Par exemple l’enrôlement, dès après l’hivernage de dizaines de milliers de jeunes pour des travaux d’intérêt public, dans tous les départements du pays, avec l’encadrement de l’AGETIP et du génie militaire et le financement provenant des nombreuses agences dédiées à l’emploi des jeunes qu’on aura fusionné.
On pourrait aussi restructurer, organiser et financer les milliers d’ateliers de mécanique, d’électricité, de plomberie et autres métiers et assurer leur encadrement au plan de leur gestion en leur demandant en contrepartie à chacun l’embauche et la formation de quelques jeunes.
La quatrième initiative à annoncer avant les législatives concerne l’émigration clandestine des jeunes. Le gouvernement peut et doit dès à présent proposer une alternative à cette forme d’émigration, en prenant en compte à la fois le droit des gens d’aller et de venir, les lois des pays de destination et la nécessité d’assurer la sécurité des émigrés ainsi que l’accomplissement de leur projet dans la dignité.
L’Alliance « Africa Avanza » (Stratégie Afrique ) que le président de la République vient de signer avec le premier ministre du Royaume d’Espagne qui reconnait « que la migration régulière est un levier de prospérité et de développement économique, social et culturel » et appelle « à améliorer la gestion des flux migratoires, à intégrer une composante de retour et de réintégration dans le marché du travail local, à développer des programmes de migration circulaire, y compris l'approche genre… » pourrait constituer un modèle à proposer aux pays de l’Union Européenne et au Royaume Unie de Grande Bretagne.
Ces pays prennent désormais de plus en plus en compte les besoins en main d’œuvre de leurs économies et reviennent sur les considérations idéologiques voire racialistes qui fondent encore leurs politiques migratoires.
Notre gouvernement devrait annoncer au cours de la campagne électorale qu’il confluera des accords de migration circulaire régulière avec les différents pays européens en faveur des dizaines de milliers de jeunes qui bénéficieraient ainsi de formations et/ ou d’emplois dans de conditions décentes et pour des métiers ciblés, contribuant aux projets de développement du pays.
Deux initiatives après
La première initiative consisterait à dénoncer la loi d’amnistie portant sur les faits liés aux manifestations politiques intervenues entre février 2021 et février 2024 qui « constitue un déni de justice pour les victimes, ainsi que pour leurs familles, qui attendent justice » ainsi que l’a souligné Amnesty International.
La dénonciation de cette loi permettra de poursuivre toutes les personnes impliquées dans des crimes de sang au cours de cette période y compris le président Macky Sall.
La deuxième initiative post élections législatives concernerait la mise en œuvre des recommandations de la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI) visant notamment : « la consolidation de l’Etat de droit, l’équilibre des Pouvoirs entre l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire, le renforcement de l’indépendance de la Justice, l’approfondissement de la démocratie représentative et participative, le renforcement et la protection des libertés publiques, le renforcement de la décentralisation et de la déconcentration, la territorialisation des politiques publiques, la protection et la promotion des valeurs positives de notre société… »
Cette initiative aboutira en fin de compte à l’examen pour adoption par référendum d’une nouvelle Constitution dont la première mouture a été proposée par la CNRI.
L’adoption de cette Constitution marquera la rupture nette avec l’ancien régime et le système de gouvernement néocolonial et inaugurera l’entrée du Sénégal dans une République nouvelle.
[1] Mamadou Dia : Corbeille pour l’an 2000, Editions Paix et Développement 1995.