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23 novembre 2024
Opinions
Par Mohamed GUEYE
NOURRIR LES SENEGALAIS, LEUR DONNER DU TRAVAIL
Il ne faudrait pas ôter de son esprit que la Css est le fleuron de l’économie sénégalaise. Si la ville de Richard-Toll connaît son actuel rayonnement, si la vallée du fleuve est tant soit peu attractive, la compagnie de Mimran y a joué sa part
Parmi les produits de première nécessité dont les prix ont été gelés, se trouvent le pain, la farine de blé, le riz et le sucre, entre autres. Depuis le mois de juin, ladite baisse devrait entraîner un manque à gagner d’environ 60 milliards pour l’Etat sur le plan de la fiscalité. Le Secrétaire général de la présidence de la République, M. Al Aminou Lô, qui annonçait ces mesures en ce mois de juin, en sus de se féliciter de promettre des mesures strictes de contrôle sur la stabilité des prix, assurait que le pays ne souffrirait pas de pénurie en ce qui concernait ces produits.
Par ailleurs, leur effet d’entraînement sur d’autres produits était quasiment garanti, à en croire l’ancien Directeur national de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). On a vu, quelques jours après, les meuniers du Sénégal vouloir s’essayer à une entente pour imposer une petite hausse marginale sur le prix de la farine, en avançant comme motif une certaine augmentation des prix sur les marchés internationaux. La réaction du gouvernement a été quasi-immédiate pour remettre ces commerçants et industriels sur le droit chemin.
Le ministère du Commerce leur a imposé d’appliquer les prix sur les produits importés, en assurant que les autorités étaient bien informées des véritables marges que ces industriels faisaient sur les produits, et qu’ils risquaient des sanctions bien sévères, étant donné que leurs véritables marges étaient connues des pouvoirs publics. Et comme pour leur donner raison, les velléités d’entente frauduleuse ont fait long feu.
Est-ce pour autant que les prix des denrées sont tous officiellement restés à la baisse ? Si les commerçants semblent se féliciter de la stabilité des prix de certains produits, certains ne cachent pas leurs difficultés à acquérir certains produits. Sur certains marchés de Dakar, le riz local dit Riz Walo, qui était déjà un produit de niche, devient encore plus difficile à trouver. La conséquence est que le sac de 25kg frôle les 25 000 francs Cfa, contrairement aux 9000 francs qu’il coûtait l’année dernière à la même période.
Dans le même temps, on nous annonce que les intrants tels que les engrais et les semences ont baissé de prix, grâce aux fortes subventions des pouvoirs publics. L’Etat s’était même vanté d’avoir épongé les dettes dues aux opérateurs privés stockeurs sur trois campagnes agricoles. Ces derniers, bien que satisfaits, ont relativisé en parlant de reliquat au moins aussi important que les arriérés déjà payés. Cette situation pousse certains paysans à se demander si la campagne agricole actuelle -la première du nouveau régime- ne va pas présenter des chiffres similaires à toutes celles qui l’ont précédée.
«On risque d’avoir le gouvernement qui va se féliciter d’avoir réussi des chiffres record en termes de certains produits agricoles, alors que dans le même temps, ces mêmes produits seront quasiment introuvables sur les marchés. Ou alors, ils seront à des prix assez inaccessibles pour le Sénégalais moyen», déclare un représentant des agriculteurs du Baol. Ce producteur d’arachide a illustré son propos par les chiffres de la production d’arachide que les différents ministres de Macky Sall balançaient d’année en année. «Si on prenait leurs chiffres pour argent comptant, on pourrait croire que le riz local est l’aliment de base de tous les Sénégalais, et que les gens le trouvent dans tous les points de vente.»
C’est le même scénario qui se présente pour les autres produits dernièrement homologués. La baguette de pain consommée par les Sénégalais semble avoir subi une forte cure d’amaigrissement, alors que son prix n’a pas bougé. Malgré tous les efforts de l’Etat, la production de sucre et de blé est condamnés à prendre la hausse ; et il sera difficile à l’Etat d’imposer une quelconque politique.
Le Brésil, l’un des plus grands pays producteurs de sucre et le premier exportateur, est en train de faire face à des incendies de forêt qui en sont arrivés jusqu’à menacer de grandes villes comme Rio de Janeiro. Le gouvernement fait tout ce qu’il peut pour que ces incendies n’en viennent pas à ravager de grandes agglomérations. Néanmoins, les autorités brésiliennes se débattent pour que les grands domaines agricoles ne soient pas affectés également. Il ne s’agit pas que du sucre qui pourrait subir les incendies. Le Brésil est aussi, entre autres, l’un des plus importants producteurs de café.
Pour ce qui est du sucre, les prévisions des spécialistes étaient, le mois dernier, de 18 millions de tonnes brûlées. Si l’on compare avec les 150 000 tonnes de sucre du Sénégal, on peut voir où se trouve le Sénégal. Cela explique d’ailleurs l’acharnement de l’industriel national, la Compagnie sucrière sénégalaise (Css), à vouloir protéger la petite production nationale. Si le pays produit du sucre, il comprend aussi de nombreux négociants qui s’approvisionnent sur le marché international. Ces négociants souhaiteraient une libéralisation totale de la commercialisation du sucre dans ce pays. Leur argument a toujours été que les consommateurs sénégalais ne s’en porteraient que mieux, en trouvant tout ce dont ils ont besoin sur le marché international, et souvent à meilleur prix. Des circonstances comme ces incendies géants qui affectent le Brésil, démontrent que le discours de ces commerçants locaux et de leurs partenaires est juste un calcul d’apprenti-sorcier.
Pour protéger son propre marché, le Brésil a déjà fortement réduit ses exportations. Ceux qui, en début de campagne, avaient tout fait pour obtenir pour plusieurs millions de Dipa (Déclarations d’importation des produits alimentaires) pour inonder les marché sénégalais de sucre importé, quitte à asphyxier la Css et son sucre, commencent à se tourner vers cette dernière pour acheter son produit. Ces mêmes commerçants mettent la pression sur l’Etat pour qu’il veille à ce que l’industriel ne puisse pas augmenter, au prétexte de protéger le pouvoir d’achat du consommateur. Une idée noble, mais entachée de mauvaises intentions, comme on le sait.
Ce genre de chose ne se présente pas pour la première fois au Sénégal. Souvent, si l’Etat cède aux arguments de ces négociants, ce qui finit par arriver, c’est que les douaniers enregistrent des centaines de tonnes de sucre prenant la direction des pays frontaliers, où elles sont cédées au prix fort, parfois au prix du marché international. Ce qui fait que l’Etat et le consommateur sénégalais se retrouvent tous les deux absolument perdants dans l’affaire.
Si les pouvoirs publics n’ont pas encore compris, ce jeu risque de se répéter. Depuis que le pouvoir en place a adopté le «souverainisme» comme slogan, et qu’il a donné pour mot d’ordre la remise en question de tous les contrats dans tous les domaines, surtout ceux où les intérêts étrangers sont dominants, la priorité ne semble pas donnée à la production nationale, ni à l’autosuffisance alimentaire. En dehors de la Sedima, qui semble avoir des problèmes particuliers, aucun opérateur économique national ne détient des parts majoritaires dans aucune activité dans l’agro-alimentaire. Plusieurs sociétés de production de certains produits se contentaient d’importer des produits qu’elles venaient transformer sur place.
Même pour ces entreprises, le coût des intrants et de nombreuses barrières non-tarifaires ont commencé à les pousser à renoncer progressivement, ou malheureusement, à transférer leurs activités dans des pays voisins.
Il faudrait se rendre dans la vallée du fleuve Sénégal, et compter combien de sociétés ont réduit leurs activités. La plupart de leurs capitaines sont des étrangers. L’une des plus grandes sociétés installées dans la vallée a des activités orientées vers des pays européens, notamment dans la zone méditerranéenne. Il se dit que dans les mois à venir, elle va mettre ses activités en stand-by et sacrifier ainsi plus de 3000 ouvriers et saisonniers.
Même les plus grosses n’y échappent pas. La Css, à qui l’Etat impose des prix à perte sous le prétexte de respect des prix imposés, ne pourrait pas non plus continuer indéfiniment le bradage de ses produits. Si elle se mettait à licencier une partie de son personnel, on peut souhaiter que les dirigeants, qui lui auront imposé cette solution, pourraient également trouver des entreprises qui pourraient recaser les travailleurs.
Il ne faudrait pas ôter de son esprit que la Css est le fleuron de l’économie sénégalaise. Si la ville de Richard-Toll connaît son actuel rayonnement, si la vallée du fleuve est tant soit peu attractive, la compagnie de Mimran y a joué sa part. Le gouvernement aurait intérêt, surtout dans le cadre du souverainisme économique, à encourager d’autres entrepreneurs à faire comme lui, afin de permettre au Sénégal de produire ce dont il a besoin et de ne plus se fatiguer à chercher à empêcher l’entrée des produits étrangers. Chiche ! Pourquoi ne pas imposer à tous ces négociants en riz, en lait, en sucre… de mettre ensemble des consortiums produisant des produits locaux, fabriqués au pays, et avec de la main-d’œuvre locale ? Ne serait-ce pas aussi une forme de «Jub Jubal Jubanti», et dans le domaine économique ?
par Abdoulaye Thiam
MONSIEUR LE MINISTRE, VOUS AUSSI
La sortie médiatique de Monsieur Ibrahima Sy, en contradiction flagrante avec le discours de rupture du nouveau pouvoir, ravive les fantômes d'un passé qu'on croyait révolu. Des mesures s’imposent pour rassurer les Sénégalais face à une telle dérive
Nous avons à plusieurs reprises rappelé dans ses mêmes colonnes que trois irrédentismes sont à éviter pour ne pas brûler notre cher Sénégal. Il s’agit de l’irrédentisme régional. L’irrédentisme religieux. Enfin, l’irrédentisme ethnique. Notre pays a frôlé le chaos avec le premier. Comme si cela ne suffit pas, des politiques y ajoutent la discrimination et/ou le favoritisme dans le recrutement des agents au sein de l’administration publique. Toute honte bue, dans une vidéo devenue virale, sur les reseaux sociaux, Monsieur Ibrahima Sy, ministre de la Santé et de l’action sociale, annonce qu’il privilégie toujours des militants du Pasfef quand des CV arrivent dans son cabinet.
« Les gens sont libres. Ils n’appartiennent à personne. Nous devons donc adopter une démarche pour qu’ils reviennent dans notre camp, pour qu’ils adoptent notre projet, qu’ils épousent notre vision, qu’ils acceptent de voter pour nous. J’y accorde une importance capitale. Au sein de mon ministère, à chaque fois qu’on me remette un CV, la première chose que je demande, c’est de savoir si la personne est membre du Pastef ou pas ? Parce que ma priorité, c’est de placer des membres du Pasfef», a-t-il déclaré en langue nationale peul. Tenir de tels propos dans une République est d’une extrême gravité. Surtout que le Premier ministre, Ousmane Sonko et le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye incarnent une certaine rupture afin que les Sénégalais soient tous d’égale dignité devant la loi et que la «méritocratie» devienne une réalité. C’est d’ailleurs le lieu de relever la cinglante réponse du président du Pastef à un « journaliste » qui a eu l’outrecuidance de soutenir que les cadres de Matam ne sont nommés dans son gouvernement. Une question certainement sur commande des hommes politiques de cette région qui ne sont mus que par leurs propres intérêts et qui agitent toujours la fibre régionaliste voire ethnique pour semer la zizanie, dans les têtes des populations.
Dans sa réponse, Ousmane Sonko, a rappelé que le directeur de l’ARTP, Dahirou Thiam est certes originaire de la région de Matam. Pourtant autant, il n’a pas été nommé pour s’occuper des Matamois, mais plutôt de tous les Sénégalais. Il devrait en être ainsi dans une République digne de son nom. Malheureusement, son ministre de la Santé et de l’action sociale, ne voit pas les choses ainsi. Sa malheureuse sortie tranche d’avec le discours de Sonko, jette l’opprobre sur le Projet du Pastef et va inquiéter plusieurs jeunes diplômés qui ne sont d’aucune obédience politique et/ou qui seraient même, membres d’autres partis. Monsieur Sy théorise tout simplement le parti à la patrie. Autrement dit, pour pouvoir travailler au sein du département de la Santé et de l’action sociale, il faut disposer de la carte du Pastef. C’est tout simplement inacceptable. Osons espérer d’ailleurs qu’il ne pousse une telle folie jusque dans nos hôpitaux en intimant l’ordre aux médecins de soigner en priorité des patients pastefiens.
Nul n’ignore toutefois qu’il y a toujours eu malheureusement dans ce pays, des recrutements politiques, mais qu’un ministre de la République en parle avec une certaine désinvolture comme Ibrahima Sy, l’a fait devant ses militants, c’est quand même inquiétant. Il vient tout simplement de franchir le Rubicon. Et des mesures s’imposent pour rassurer les Sénégalais face à une telle dérive qui n’honore pas notre pays.
Par Vieux SAVANE
HERMES T. OU L’ULTIME SECRET D’AKHENATON
Dans son premier roman, Abdoul Edouard Dia nous embarque dans une quête mystique inattendue au cœur du Sénégal. L'auteur transforme le quotidien d'un vendeur de charbon en une porte vers l'extraordinaire, mêlant habilement réalité et mysticisme
Bien des années plus tard, l’enclos de Seck Baraya était toujours là avec son monticule de charbon qui surplombait sa palissade en « crintin ». Aussi, les deux mains calleuses remplies de morceaux de charbon exposés comme une offrande sur un fond sombre troué par un petit éclat lumineux qui font la page de couverture du livre de Abdoul Edouard Dia, ne laissent-elles pas indifférent. Cette couverture accroche d’emblée par sa beauté plastique en même temps qu’elle intrigue. Au-delà de son titre insolite, «Hermès T. ou l’ultime secret d’Akhenaton », on devine qu’il ne saurait s’agir de n’importe quel vendeur de charbon. Que derrière cette présence banale se cacheraient certainement quelques pouvoirs mystérieux voire mystiques dont on dit le continent africain si friand. A l’image de ces gens de peu qui ne payent pas de mine, d’une simplicité émouvante, sans épaisseur matérielle et qui seraient dépositaires de certains dons voire de savoirs ésotériques capables de changer le cours normal des choses.
Aussi, Thierno Amadou Hill, personnage central du roman, se trouvait-il à cet endroit, assis dans l’enclos à charbon, alors qu’il était sorti très tôt de chez sa tante Racky, sis le quartier Kasnack à Kaolack, à la recherche d’air frais, abruti par une nuit d’insomnie après un long vol qui l’avait débarqué la veille à l’aéroport Blaise Diagne. Quelques souvenirs lui revenaient, se rappelant enfant, l’avoir vu souventes fois assis au coin de la rue, concentré sur la vente de son charbon, sans lui prêter pour autant une attention particulière. Et aujourd’hui, suite à son invite, il est venu aux aurores s’asseoir à ses côtés pour apprendre à écouler du charbon de bois, soumis toutefois à l’exigence de ne poser aucune question et de se contenter d’observer, l’esprit libéré, en toute décontraction. Lui, le professeur émérite de mathématiques de renommée internationale, se retrouvait désormais à devoir écouter et boire les paroles d’un vieil illettré dépenaillé et tout crasseux. Il y avait de quoi interroger son entourage qui se posait moult questions, d’autant plus que c’était un drôle de gus celui-là. Nul ne savait où il habitait. Nul ne connaissait sa famille, sa femme, ses enfants. Que s’était-il donc passé pour que ce mystérieux personnage se retrouvât tout d’un coup à le convier à une conversation, même si bizarrement, suite à son acceptation, il retrouvera le sommeil d’une nuit calme et reposante. Drôle d’échange mutique tout de même. C’était sans paroles. Son entourage s’inquiétait de le voir ainsi dans l’enclos de Seck Baraya, tout sale, pieds nus, à vendre du charbon. Un esprit malin lui aurait-il jeté un sort ou aurait-il tout simplement perdu la tête à la suite d’éprouvantes et brillantes études de mathématiques ? A moins que ce foutu charbonnier ne soit un suppôt du diable. Au bout de ces trois jours de dialogue improbable, il était à observer son interlocuteur qui n’en finissait pas de raccommoder son boubou. Au quatrième jour, plus de Seck Baraya, en lieu et place un jeune talibé qui demande de l’aumône. Il réapparaitra bien plus tard, complétement métamorphosé, « vêtu d’une djellaba couleur bleu nuit dont le tissu était d’une riche étoffe entre le cachemire et l’astrakan ». Ah si ces couleurs tant chantées, bleu comme l’azur, jaune comme l’or, vert comme l’émeraude n’étaient que des révélateurs de traces ! Qui donc était Seck Baraya ? Mystère et boule de gomme. Il apparaissait alors soudainement à Thierno que tout était signe, en somme des signifiants renvoyant à des signifiés à décrypter. Et au centre, ce fameux geste dessinant un cœur dans l’espace. Rien n’était décidément le fruit du hasard, jusqu’à son nom qui en annonçait le destin exceptionnel. Thierno faisant référence dans l’univers peul à des leaders spirituels ou des personnes de grande sagesse. Amadou ou Ahmad étant le prénom du Prophète. Tout était donc écrit, de sorte que les évènements qui se déroulent ne font que manifester ce qui était caché. L’inéluctable. A l’image d’un désir dont la manifestation passe par une tierce personne qui en accouche le narratif, il apparaissait par petites touches à Thierno Alassane, au fil de ses pérégrinations, qu’il était l’élu choisi pour retrouver et fusionner trois parchemins disséminés à travers le monde en un seul pour le plus grand bonheur de l’humanité.
Par une écriture suggestive et toute en finesse, titillant une imagination pouvant s’en donner à cœur joie, l’auteur arrive à nous entraîner dans les méandres d’une intrigue haletante dont on s’évertue vaille que vaille à démêler l’écheveau. Banquier international, ingénieur diplômé des grandes écoles, Abdoul Edouard Dia signe avec « HERMEST. Ou l’ultime secret d’Akhenaton » un premier roman étonnant de fraîcheur qui sonne comme un évènement, par son originalité et la profondeur de ses réflexions existentielles.
Par Babaciré DIA
QUELQUES PISTES DE REFLEXIONS POUR RÉUSSIR LE PREMIER QUINQUENAT
De la planification macro-économique à la relation étroite avec le peuple, en passant par la valorisation de la diaspora et la promotion du secteur privé, le nouveau gouvernement est appelé à poser les jalons d'un Sénégal plus juste, plus prospère...
Le Sénégal a connu, le 24 mars 2024, une alternance démocratique marquant, une fois de plus, la robustesse de son système démocratique et la maturité de son peuple. Plus que cela, l’avènement d’un nouveau régime restera à jamais graver en lettres d’or dans les annales de l’histoire politique du Sénégal tant par ses péripéties que par l’immense espoir placé en une si jeune génération de leaders politiques.
C’est pourquoi, il s’avère important, au-delà, de toute considération partisane encore moins politicienne, d’apporter une contribution citoyenne si modeste soit-elle pour la réussite du PROJET dans le sens de cette recherche de ruptures nécessaires et possibles pour faire du Sénégal une nation juste, prospère, souveraine et ancrée dans des valeurs fortes de Patriotisme, de Travail, d’Ethique et de Fraternité.
C’est le sens et l’esprit qui ont inspiré et présidé à la rédaction de ces quelques lignes. Ainsi, pour réussir ce premier quinquennat, il me semble primordial d’user de cette clé à huit dents suivantes :
Procéder a une macro planification des résultats majeurs du quinquennat
Il convient d’avoir, en grands traits, l’agenda de réalisation des ambitions pour le Sénégal avec des marqueurs importants au cours des cinq prochaines années. Cela aura un effet mobilisateur certain et l’avantage d’organiser, en conséquence, les efforts autour de la réalisation de ces objectifs majeurs. De plus, la définition d’objectifs majeurs à atteindre constitue un moyen de communication avec les populations et un baromètre pour mesurer la réussite du mandat.
Dans le même ordre d’idées, il convient de donner au PROJET un contenu répondant aux normes et standards de notre système de planification de manière à servir de référentiel de l’action publique dans toute sa diversité. Il s’agit, en définitive, de disposer d’une référence pour la mobilisation des ressources et des énergies.
Donner un signal fort dès à présent en posant des actes forts de rupture
Il est attendu des nouvelles autorités la matérialisation de la rupture prônée. En effet, il est important de poser des actes forts de rupture dont les plus déterminants sont l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience dans l’Administration, la promotion du mérite et de la culture du résultat et le renforcement de l’Etat de Droit.
En ce qui concerne l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience dans l’Administration, il convient dans un premier temps de procéder à une rationalisation des dépenses et une optimalisation des recettes par à la fois l’élargissement de l’assiette fiscale et un meilleur recouvrement. Une plus grande lisibilité des résultats attendus des départements sectoriels et de leur niveau d’atteinte (scolarisation universelle, accès universel à l’eau potable, à l’électricité, etc.) est nécessaire. Avec l’avènement des budgets programmes, cette question prend une dimension encore plus grande. Pour quel résultat substantiel l’argent du contribuable est alloué à tel secteur plus qu’à tel autre ?
Le second défi reste la célérité dans le traitement des dossiers à différents niveaux tant du point de vue horizontal (d’une structure à une autre) que du point vertical (d’un échelon inférieur à l’échelon supérieur). Dans le même ordre d’idées, le code des marchés publics doit être revu pour assurer plus de célérité et intégrer davantage la dimension performance qui est, il faut le rappeler, la première perspective et le premier mobile de dépense.
Pour ce qui est de la promotion du mérite et de la culture du résultat, l’acte fort tant attendu est l’instauration d’un appel à candidatures pour l’accès à certains postes de direction et limiter le nombre d’années maximum à rester à un poste. L’instauration de la concurrence dans certains postes de responsabilités associée à la limitation du nombre d’années favoriseront la légitimité des dirigeants et leur donneraient les coudées franches pour faire des résultats. L’alternance systématique sera ainsi instaurée avec la limitation du nombre d’années.
Contrairement à une opinion bien répandue, il n’est pas tard pour instaurer cette pratique déjà ancienne dans certains pays de l’Afrique subsaharienne. Il est vrai que le cadre juridique doit être préalablement mis en place et que la précipitation dans la prise de décisions majeures n’est pas à encourager. Il faut bien le dire, le Sénégal est à la traine à ce niveau. En tout état de cause, il convient de promouvoir la performance et l’excellence, à travers des sanctions positives ou négatives, suivant le cas et de célébrer les agents et les structures performantes à travers des cérémonies présidées par les hautes autorités et inscrire ces événements dans l’agenda national à l’image de la cérémonie de remise de prix aux meilleurs élèves.
Mettre en place un programme de développement des terroirs
Le caractère pressant de la demande sociale liée à la grande précarité individuelle et collective qui prévaut appelle de la part des autorités une réponse urgente, massive et soutenue pour améliorer les conditions de vie des populations et favoriser la promotion de moyens d’existence durables au niveau des différentes localités du pays.
Il est très urgent de mettre en place ce programme et de le dérouler dès la deuxième année du quinquennat. Il s’agit de donner des réponses adéquates à des préoccupations bien précieuses des populations tant en milieu rural qu’un milieu urbain. Les ressources allouées aux collectivités territoriales doivent être prioritairement orientées vers ce programme.
Mettre en place une stratégie de mise à contribution des compétences et opprtunités de la diaspora sénégalaise
La diaspora sénégalaise s’est particulièrement illustrée dans l’avènement de l’alternance au Sénégal par son engagement multiforme. En effet, les sénégalais de l’extérieur ont toujours joué un très déterminant dans l’amélioration des conditions de vie des populations tant au niveau des familles que des collectivités.
Cette communauté, diverse dans ses composantes, mérite une attention particulière afin d’en tirer le meilleur profit au bénéfice du Sénégal et des sénégalais. C’est pourquoi, il serait utile (i) d’asseoir une stratégie d’intelligence économique impliquant la diaspora sénégalaise employée dans les institutions internationales et les grandes sociétés multinationales ; (ii) de développer et de structurer davantage la coopération décentralisée comme complément non négligeable à l’action de l’Etat et de ses partenaires et de (iii) mener les études et investigations nécessaires à la bonne compréhension du phénomène migratoire avant d’envisager des mesures de quelle nature que ce soit. En effet, il convient de bien adresser le phénomène avec une meilleure connaissance des motivations, des situations économiques et sociales, des pays de destination des différentes personnes candidates à l’immigration irrégulière. L’adage le dit bien. Un problème bien posé est à moitié résolu.
Une politique de jeunesse bien adressée
Il est maintenant clair au niveau de tout un chacun que la jeunesse doit être au cœur des préoccupations des dirigeants qui, au-delà des slogans, doivent bien prendre en charge cette question avec détermination, réalisme et une responsabilité à toute épreuve. Pour ce faire, il convient de la dépolluer des querelles politiciennes, très souvent d’ailleurs, mal placées.
C’est pourquoi, pour mieux appréhender le problème, il convient, dans un premier temps, de mener les études et investigations nécessaires à la bonne compréhension du phénomène de la jeunesse dans sa diversité et sa complexité.
Ainsi, sur la base d’une meilleure connaissance des problèmes et des enjeux, il reviendra aux Autorités, d’asseoir une politique de promotion de la jeunesse selon une approche systémique allant du préscolaire au supérieur quelle que soit la filière d’enseignement et quel que le secteur concerné. Autrement dit, une bonne politique de jeunesse est celle-là qui transcende le découpage administratif des ministères et collectivités locales tout en gardant un fil conducteur unique d’un programme aussi cohérent que vaste.
Tout vaste et complexe qu’elle soit, la politique de jeunesse est à la portée des autorités qui en manifestent une volonté politique réelle de relever le défi.
Mettre en place une stratégie de developpement du secteur privé
Le développement du secteur privé avec la promotion de champions dans les secteurs clés de la compétitivité ou de la résilience de notre Economie commande, de la part des autorités, outre une volonté politique forte, de la générosité à voir émerger, se développer et s’étendre à travers le monde, des entreprises portées par des sénégalais soucieux de promouvoir le label sénégalais.
il est grand temps de se convaincre, une bonne fois pour toutes, que sans un secteur privé national dynamique, rien de durable ne peut être fait en matière de promotion de l’emploi des jeunes et de renforcement de la souveraineté économique. La transformation systémique de l’Economie passe nécessairement par la mise en place, à tous échelons, d’entités viables économiques et tenues avec rigueur et professionnalisme.
Dans cette perspective, Soutenir l’outil de production avec le renforcement des capacités et promouvoir la consommation des produits locaux et le recours à l’expertise locale doivent être de mise.
Magnifier le patriosme et la fierté d’etre Sénégalais
La promotion des valeurs de patriotisme, d’éthique et de fraternité revient à donner à la dimension humaine, souvent négligée, toute son importance dans le processus de développement tant l’Homme en est à la fois acteur et bénéficiaire, à titre principal.
Ces deux dernières décennies ont été marquées par un accent particulier mis sur le développement d’infrastructures pour combler le retard accumulé depuis l’accession de notre pays à la souveraineté internationale. Cependant, il est, très vite, apparu nécessaire voire évident que la dimension humaine, cet aspect « soft » du développement doit retrouver toute sa place dans la dynamique de construction nationale. Il est donc urgent de trouver un consensus national fort autour de ce que certains acteurs de la société civile ont appelé le sénégalais de type nouveau. Un sénégalais, citoyen du monde, fier de son passé, conscient des enjeux nationaux et des défis auxquels le monde actuel est confronté qui engage, au quotidien, avec détermination et patriotisme la lutte pour un mieux-être individuel et collectif.
C’est pourquoi et suivant l’approche systémique, il s’agit de repenser la relation entre le Citoyen et la société, la relation entre le Citoyen et son prochain et la relation entre le Citoyen et la Chose Publique.
Pour ce faire, il semble primordial de (i) recentrer certains enseignements sur une meilleure connaissance du Sénégal (son histoire, son économie, etc.) ; (ii) promouvoir ce qui fait la fierté d’être sénégalais et (iii) faire prendre conscience au peuple les enjeux de l’heure tant aux plans national, sous régional qu’international.
Maintenir un lien permanent et quasi charnel avec le peuple
Il est souvent dit que les élections présidentielles constituent une rencontre entre un Homme et son Peuple. La présidentielle de 2024 en a été une parfaite illustration. Une relation forte et rarement aussi intense et que profonde a été établie entre les tenants du pouvoir en place et les populations autour d’un espoir, qui, il faut bien le dire, ne doit être trahi sous aucun prétexte.
C’est la raison pour laquelle, il est important que les plus hautes autorités communiquent régulièrement sur les tenants et aboutissants de la Vision ainsi que les contraintes majeures qui entravent ou retardent sa concrétisation. Il s’agira de rendre régulièrement compte au Peuple de ce qui est fait et de ce qui reste à faire mais également de faire prendre conscience au Peuple les enjeux de l’heure tant aux plans national, sous régional qu’international.
Réussir le quinquennat est possible, largement à la portée des nouvelles autorités. De toutes façons, ce n’est pas une option.
Babaciré Dia est économiste planificateur.
par Abdoul Aziz Diop
MULTIPLE PHOTOS
AINSI PARLE LE PROFESSEUR MAKHTAR DIOUF…
EXCLUSIF SENEPLUS - L'économiste, dans sa dernière sortie, trahit les principes de la politique comparée. Son analyse du "Premier ministre qui gouverne" pèche par manque criant d'objectivité et de méthode
Dans un long soliloque de politique comparée sans la méthode et la rigueur scientifique qu’impose la branche de la science politique dont l’objet principal est de mettre en relation des pratiques politiques permettant d’établir des ressemblances et des différences entre pays, l’économiste rigoureux et prolixe - plusieurs ouvrages publiés dont le dernier « Afrique, voies de développement (Neas, Dakar 2023)») - applaudit sans réserve le « Premier ministre qui gouverne ». Mais celui qui aime criminaliser la politique en rappelant sans cesse qu’il n’est d’aucun parti politique aurait-il réussi le pari de faire taire les primo-opposants aux « primo-élus » Diomaye et Sonko ? Rien n’est moins sûr quand on se donne la peine de penser l’actualité plutôt que de la commenter comme Makhtar Diouf.
« Un Premier ministre qui gouverne »
En rappelant les dispositions constitutionnelles, maintenant anciennes, qu’il ne découvre que si tardivement et dont peut se prévaloir le Premier ministre Ousmane Sonko, le Professeur Diouf met au défi quiconque peut « citer un seul acte pris par l’actuel Premier ministre en dehors des attributions que lui confère la Constitution ». En mettant de côté le fait que très peu d’actes pris par les hommes politiques au pouvoir sont connus du grand public, personne ne comprend qu’un chef de gouvernement si gâté par la loi fondamentale de son pays tente de faire chanter l’Assemblée nationale en la sommant de mettre à niveau son règlement intérieur sous peine de se voir supplanter par un groupe de citoyens installés sur la voie publique pour la réception du discours de politique générale en violation démentielle de l’article 55 de la Constitution dont le libellé simplissime se passe de commentaires. Pour rappel, « Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance ».
Qu’il gouverne donc le Premier ministre en commençant par dire aux Sénégalaises et aux Sénégalais de quoi est faite la politique définie par le président de la République et comment il entend s’y prendre de manière générale pour la mettre en œuvre. Ça, Makhtar Diouf s’en moque !
Concernant la France citée en exemple, il aurait suffi au Professeur Diouf de retarder de quelques heures seulement la publication de son article pour s’affranchir de son complexe pathologique de colonisé qui fait qu’il voit du bien dans tout ce qui se fait en France et rien que du mal s’agissant du Sénégal qui l’a vu naître, éduqué, instruit, employé, logé, nourri et adulé comme universitaire de haut rang. En France, encore huée par le « primo-élu » Sonko au nom du souverainisme, la cohabitation a vécu après la nomination par le président Emmanuel Macron d’un Premier ministre issu de la droite laminée et en dépit de l’arrivée en tête, le 7 juillet 2024, du Nouveau front populaire (NFP) à l’issue des dernières élections législatives anticipées avec lesquelles Macron prit de court, sans dire pourquoi, les états-majors politiques et les citoyens français dont le vote n’a finalement servi à rien.
Diouf contrarie Makhtar
« [Les] détracteurs [de Sonko] n’acceptent pas qu’il prenne l’avion de commandement pour représenter Diomaye à l’investiture du président du Rwanda, invoquant l’impératif de rationaliser les dépenses », fulmine Diouf, bien « content » de contrarier Makhtar sur ce coup.
Voici Makhtar, in extenso, dans les colonnes du portail d’informations sur le Sénégal SenePlus :
« Une des premières mesures d’économie d’argent du nouveau régime devrait être la location de l’avion présidentiel à une compagnie aérienne. En 1982, au siège de la compagnie ‘’Air Afrique’’ à Abidjan, lors d’une visite de travail, le directeur commercial m’avait dit qu’ils avaient demandé à Abdou Diouf de prendre en location l’avion de commandement, quitte à le lui rétablir lorsqu’il doit voyager. Abdou Diouf avait refusé.
Les déplacements de cet avion coûtent extrêmement cher en carburant. L’actuel avion Airbus 320 consomme en moyenne 3 000 litres de kérosène par heure de vol, soit près de 2 millions de francs cfa l’heure, sans compter le décollage qui consomme 10 pour cent du stock de carburant.
Diomaye Faye n’est certainement pas candidat à ces pérégrinations en palais volant de ses prédécesseurs à longueur d’année. Cet avion qui nous a coûté plus de 57 milliards francs cfa à l’achat devrait enfin rapporter pour ne pas être ce que les économistes appellent éléphant blanc. »
No comment.
Diouf applaudit maintenant le passager Sonko à bord du même avion. Aucun Premier ministre ne le fit avant Ousmane Sonko. Quand la proposition avait été faite à un chef de gouvernement par le chef de l’État, le patron du protocole d’alors dissuada le Premier ministre d’accepter avant de demander au président en exercice de ne plus y penser.
Diouf fâché avec la rigueur scientifique
Premièrement, nous ne reviendrons pas ici sur les suppressions annoncées des assemblées consultatives que sont le Conseil économique social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCTT). Notre conviction est qu’elles n’ont pas de prix lorsqu’elles jouent le rôle qui leur est vraiment dévolu : conseiller, à travers leurs avis et rapports, le président, le gouvernement et l'Assemblée nationale plutôt que les laisser faire comme bon leur semble. C’est notre opinion vraie à côté de celle respectable du Professeur d’économies de bouts de chandelles qui ne dit rien sur les fonds politiques destinés à devenir secrets sous le duo Diomaye-Sonko.
Deuxièmement, les indices de développement humain (IDH) du Sénégal et de la Mauritanie pour l’année 2023 ne suffisent pas pour faire le tour de la comparaison ainsi que nous l’impose la méthode en politique comparée. En ayant à l’esprit que le Sénégal est quatre fois plus peuplé que la Mauritanie voisine, l’évolution de l’IDH des deux pays sur une période bien plus longue est beaucoup mieux cernée à travers la courbe ci-après de Human development reports (HDR). (voir le graphique en illustration de l’article).
De 0,37 seulement en 1990, c’est-à-dire au sortir de dix années d’ajustement structurel, l’IDH du Sénégal suit une tendance haussière, passant de 0,48 en 2012 à 0,51 (celui de la Mauritanie) en 2018, cinq ans après le lancement de la Couverture maladie universelle (CMU) et 4 ans après celui de la Bourse de sécurité familiale (BSF).
Entre 2012 et 2019, l’DH du Cap-Vert et du Sénégal ont augmenté dans les mêmes proportions (de 0,01 en moyenne par an pour chacun des deux pays).
La tendance baissière depuis 2019 de l’IDH du Sénégal est pour quelque chose sur le désaveu massif dont a pâti le régime de Macky Sall sur la période (2019-2024). Indiscutable ! Mais la rigueur scientifique avec lequel Diouf est fâchée nous impose le coup de projecteur que voilà.
« Naufragés du 24 mars 2024, foutez donc la paix à ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années !», crie Diouf a tue-tête. Les primo-opposants aux « primo-élus » savent alors à quoi s’en tenir. Mais notre qualité de primo-opposant ne nous empêche pas pour autant de rappeler à Makhtar Diouf que la démocratie sénégalaise qu’il disait, il y a juste deux ans, « hybride », (« traces de démocratie et de dictature ») existe bel et bien, qu’elle ne prend pas de vacances et ne part surtout pas à la retraite. En 2015, notre double casquette de militant et de commis de l’État ne nous empêcha pas d’écrire dans notre essai d’information et d’analyse de la politique de protection sociale universelle de l’ancien président Sall que « la démocratie sénégalaise ne s’adapte à aucun moule préconçu » et qu’« elle n’a que du mépris pour les coteries».
« On est bon quand on est d’accord avec moi et mauvais en cas de désaccord. » Ainsi parle et écrit le Professeur Makhtar Diouf. Cela n’a évidemment rien à voir avec les « valeurs éthiques de raison, vérité et justice, en guerre contre la déraison, le mensonge et l’injustice » sous la dictée desquelles Makhtar dit écrire pour juste contrarier Diouf inconsciemment ou peut-être même consciemment.
La Chronique de DMF
LE TOURNANT DE RIGUEUR
EXCLUSIF SENEPLUS - On pouvait penser en avoir fini avec les scandales et le népotisme. Il y a grande urgence à revoir le casting gouvernemental insuffisant, mal profilé et inefficace
Dié Maty Fall de SenePlus |
Publication 10/09/2024
Youssou Ndour, le ministre du bonheur, nous a sagement rappelé, que « niit bu dul juum amoul ». Surtout lorsque l’on est, comme le Pastef, appelé à agir par une volonté démocratique et populaire massive pour redresser, être transparent et bien gouverner. Au vu des péripéties et des gaffes en série d’éminents membres du gouvernement, il est temps pour les nouvelles autorités élues d’opérer un tournant radical dans le casting gouvernemental.
Passe encore que le tout-puissant Premier ministre et l’honorable président de la République, désigné par lui, se pensent investis de la mission de se soupeser par rapport aux pouvoirs et prérogatives des autres institutions constitutionnelles. Ils en oublieraient presque qu’ils doivent réformer la justice, auditer l’administration, renégocier les contrats miniers et gaziers. Qu’ils doivent booster l’agriculture, l’élevage, l’industrie et la pétrochimie en vue de créer des chaînes de valeur complète pour l’exportation de produits transformés. Qu’ils doivent réduire le chômage des jeunes, le coût de la vie et inciter les Sénégalais à payer leurs impôts. Qu’ils appellent la presse à plus de responsabilité et l’opposition à plus de pertinence. Et surtout présenter à la Nation et aux partenaires techniques et financiers, un plan d’action gouvernemental (DPG) issu de leur programme Vision Sénégal 2050, encore attendu.
Il était grand temps que la gouvernance change et que de nouveaux visages portent le projet de hisser le Sénégal plus haut encore que les prouesses stratégiques accomplies par l’ancien président Macky Sall. Tout le mal que nous souhaitons au duo Diomaye président-Sonko Premier est de réussir, de rester soudé, de rassembler et d’unir autour de leur projet en préparation. Leur réussite sera celle de tout le Sénégal, en attendant la prochaine offre de programme politique. Nous respectons le choix des Sénégalais et restons, par conviction, debout pour un Sénégal de paix et de progrès. Il y a cependant une grande urgence à revoir le casting gouvernemental qui est insuffisant, mal profilé et inefficace. Il est compréhensible que pour une première élection, l’amateurisme et le manque d’expérience soient de mise. En 1981, début des années Mitterrand, le président socialiste nomme aux affaires ses anciens compagnons de lutte de l’union de la Gauche des années de braise. Ce qui peut se comprendre. Mais à partir de mars 1983, face à l’augmentation du déficit public et du déficit extérieur, il met en place le « tournant de la rigueur » devant la réalité du pouvoir et envoie en congés (payés?) ses camarades socialistes et communistes.
À cet effet, il serait souhaitable pour le duo Diomaye-Sonko de s’adapter à la réalité de leur nouvel environnement et de mettre la priorité sur la fonctionnalité des profils. La douée Aminata Touré rendrait un plus grand service à l’image internationale du Sénégal au poste de ministre des Affaires étrangères. Face à elle, le Premier ministre fantoche malien ne ferait pas le coq, sous peine qu’elle lui rentre vertement dans le plumage.
Les ministres Bala Moussa Fofana et Ibrahim Sy sont de vrais boulets, incapables de régler la grève d’un an des travailleurs des collectivités locales pour l’un, et de mettre le recrutement des Sénégalais au-dessus de son parti Pastef, pour le second. Au ministère de la Communication, l’actuel DG du Soleil Lamine Niang aurait de meilleurs atouts (fluidité intellectuelle et intelligence sociale) pour porter la parole du gouvernement que Moustapha Njekk Sarré, plutôt limité dans l’expression et la conception. Le ministre Aliou Sall pourrait parfaitement conserver le ministère du Numérique. Dr Aïssatou Mbodj serait davantage à son avantage comme ministre d’Etat auprès du président de la République ou du Premier ministre que de diriger la Der. Mme Khady Diene Gaye, « na riir, na riiira riir », devra apprendre elle aussi à faire la différence entre État et parti lorsqu’elle agit comme ministre de la République.
On pouvait penser en avoir fini avec les scandales et le népotisme, mais il est difficile de rompre avec les mauvaises pratiques. Les ministres Cheikh Tidiane Dièye et Oumar Diagne, le DG Cheikh Dieng, le ministre Serigne Gueye Diop excellent en industrie mais négligent en recrutement familial, les DG du port et de la Miferso, plutôt bavards et « musculaires », ne rendent pas service aux nobles objectifs du duo au pouvoir. Le scribe des communiqués de la présidence de la République et ministre Ousseynou Ly s’est montré plus compétent dans le domaine digital que dans la maîtrise de la langue officielle et de la rédaction présidentielle. Pitié, un hashtag partisan n’a rien à faire sur des communiqués officiels ni les fautes d’orthographe et de syntaxe. Dans la foulée du nouveau casting souhaitable, les nouvelles autorités devraient recruter un vrai rédacteur républicain et professionnel.
A contrario de ces péchés de débutant, la ministre de la Famille Maimouna Dièye est celle qui incarne le mieux l’âme politique et sociologique du projet de Pastef dans toutes ses dimensions. L’ancienne championne nationale du Sénégal a appris à servir son pays bien avant de devenir ministre et elle est bien servie par son exquise urbanité et son infaillible élégance républicaine.
En dehors de ces mauvais castings précités, le duo Diomaye-Sonko fonctionne bien et se répartit les rôles dans l’atteinte de leurs objectifs. Il utilise à son profit tous les ressorts d’une Constitution qu’il rejetait dans l’opposition, finissant ainsi de légitimer les institutions nées du pouvoir socialiste. Le Premier ministre Sonko, si toutefois il voudrait conserver le ministère de l’opposition et de la harangue politique, devrait plutôt s’orienter vers la direction de la future liste de sa coalition en vue des prochaines législatives anticipées.
À ce titre, il pourrait facilement (c’est peut-être vite dit) s’emparer de la tête de l’Assemblée nationale et incarner, lui aussi, une institution constitutionnelle, avec tous les pouvoirs et prérogatives y attachés. Cela collerait mieux à son tempérament d’homme politique radical et cogneur. Dans ce cas, il serait bien avisé que le nouveau Premier ministre soit une nouvelle Première ministre jeune, d’un gouvernement plus ouvert aux femmes. Il n’en manque pas dans le vivier du Pastef. Sinon, pas de pitié pour les pilleurs de deniers publics, mais toutefois en respectant les droits des présumés accusés.
Par Khady Gadiaga
LE DROIT À L'INDIFFERENCE, UTOPIE HUMANISTE, FRATERNITÉ OUVERTE OU MENACE MORALE ?
La conception de la modernité et de la nation est complexe comme l'homme, qui ne peut vivre hors d'un monde signifiant et ordonné
La conception de la modernité et de la nation est complexe comme l'homme, qui ne peut vivre hors d'un monde signifiant et ordonné.
La notion de «vivre ensemble» permet de penser l'organisation d'une société, mais aussi sa délimitation. Or qu'est-ce que cette notion si ce n'est une façon, moins connotée que le concept de nation, d'affirmer que des valeurs suffisamment partagées sont nécessaires pour qu'émerge et s'impose dans l'espace sensible un intérêt général, fondateur de l'espace citoyen, sans lequel le fonctionnement de la société moderne et démocratique est impossible?
Liberté fondamentale ou essence fermée?
Le problème vient pour une bonne part de notre propension à ne penser les lieux et les groupes qu'en termes d'essences, de formules ou de modèles qui nous enferment dans des jugements préalables.
Le droit à la différence en est une étape, pas une fin; son possible est le droit à l'indifférence. Les explications culturelles de cette forme contemporaine de l’indifférence à autrui sont nombreuses : elle serait le produit ou le symptôme de l’individualisme exacerbé, du repli sur soi postmoderne, du narcissisme érigé en doctrine morale, du monadisme comme seul horizon de valeurs ou encore de « la passivité où plonge le divertissement spectaculaire » (Agone 1999) qui seraient typiques des pays riches contemporains.
Du souci exclusif de soi à l’indifférence à autrui, il n’y aurait qu’un pas.
On peut toutefois rétorquer que sans droit à l'indifférence, le droit à la différence enferme le regard porté sur l'Autre dans un a priori le reliant à son appartenance, et en conséquence fausse la connaissance de l'Autre.
En revanche, le droit à l'indifférence donne à tout individu le droit d'être regardé simplement comme un citoyen: il assure ainsi la liberté et l'égalité de la personne humaine au-delà de sa différence, lui permettant de déployer une fraternité ouverte sans idées préconçues...
La progression contemporaine des deux attitudes d'indifférence n'est, à vrai dire, pas surprenante. La première est le résultat d'une hyper-médiatisation de la vie sociale, d'une saturation d'informations, qui égalisent les positions et émoussent les jugements de valeur. La seconde est l'expression de l'hédonisme ambiant, encouragé par une société de consommation où chacun ne cherche qu'à se replier sur soi et à se soucier de son bien-être.
La situation a bien changé en quelques décennies. Les idéologies de gauche (existentialisme ou marxisme) encourageaient encore les hommes à des parti-pris dogmatiques, à des engagements conflictuels, à des espérances en de grands changements; aujourd'hui, nous sommes entrés dans l'ère des logiques molles, des credos consensuels, de la fin des grands récits historiques, bref d'une présumée post-modernité.
L'indifférence, un poisson lent à effet délétère ?
L'indifférence reflète logiquement un déficit de valeurs individuelles claires et de normes collectives visibles. Faut-il pour autant s'y résigner?
Nos sociétés ne sécrètent-elles pas là un poison à effet lent, mais délétère?
En quel sens effectivement convient-il de voir sous la passivité molle de l'indifférence une menace morale? Mais, dans quelle mesure, aussi, l'indifférence peut-elle se révéler comme signe d'une exigence morale? N'est-elle pas un frein aux sentiments de fraternité nécessaires à la recherche de l’égalité ?
Les réponses à ces questions ne sont pas simples dès lors que les thèmes du « retour » : retour à la religion et aux traditions, retour à la nation et aux racines, retour aux anciennes institutions, retour à la République omnipotente, retour aux valeurs sont omniprésents. Non seulement ces retours-là posent des limites à la démocratie mais aussi à l’égalité parce qu’ils portent en eux le refus des singularités, le lourd fardeau du patriarcat et l’autoritarisme des institutions.
Face à l'indifférence, ouvrir une alternative de solidarité
Si l’on admet que la vie sociale est désormais une production d’elle-même par le système politique, les politiques sociales, les représentations culturelles de ce que nous sommes, si l’on pense que l’organisation de la vie sociale est un débat, il importe de s’intéresser à cette production continue, aux représentations, aux imaginaires et aux sentiments qu’elle engendre.
Il faut ainsi offrir une alternative de solidarité à ceux qui ont peur, se sentent maltraités et qui en appellent au repli, parfois à la haine et, plus encore, répondre à ceux qui glissent vers l’indifférence et la défiance.
Plutôt que de chercher un nouveau « grand récit», il est plus raisonnable de nous tourner vers nos propres pratiques, quitte à sembler trop timides et trop peu « visionnaires ».
Mais il n’est pas rare que les principes modestes, imposant une obligation d’effectivité et de réalisme, produisent davantage d’effets que les déclarations flamboyantes ou de concepts mirobolants
Par Hamidou ANNE
CES STAGIAIRES AU SOMMET DE L’ÉTAT
S’en prendre à la France, au Maroc, à Israël, multiplier les bourdes diplomatiques, entrer en conflit ouvert avec des multinationales étrangères, auront comme finalité l’isolement du Sénégal à l'international
Les régimes sénégalais successifs ont toujours maintenu une constance en matière de politique étrangère. A l’aube de l’indépendance déjà, notre pays, petit par la taille et le poids économique, avait acquis une certaine respectabilité sur la scène internationale. Le Sénégal a toujours été au cœur des enjeux du monde grâce à une politique étrangère sobre et ambitieuse, et à des diplomates aussi compétents que discrets. Il y a également dans ces succès quelque chose d’abstrait, qui relèverait d’un esprit sénégalais : un savant mélange de raffinement, d’ambition, de talent et de cet art exquis du compromis.
Ce n’est guère un hasard si notre petit point qui embrasse l’Atlantique a pu placer ses fils à la tête de grandes organisations internationales. Abdoul Karim Gaye, Amadou Mahtar Mbow, Lamine Diack, Jacques Diouf, entre autres, représentaient l’âme d’un petit pays, qui a décidé très tôt d’être grand par son poids dans la géopolitique mondiale.
De Léopold Senghor à Macky Sall, l’un socialiste, l’autre social-libéral, nous avons maintenu nos acquis diplomatiques ; mieux nous n’avons jamais manqué le rendez-vous des grands enjeux multilatéraux.
Le 24 mars dernier, les Sénégalais ont fait un choix sans ambiguïté certes, mais celui-ci n’est guère un chèque en blanc pour autoriser toutes les outrances et tous les outrages, qui auront comme finalité la ruine du crédit et du prestige de l’Etat. En moins d’un semestre, le vulgaire et l’ordinaire ont élu domicile au cœur de la République, avec une désinvolture dans les propos et dans les méthodes.
C’est avec une immense peine que j’ai lu la déclaration de la présidence de la République à l’issue de la visite du Premier ministre Espagnol, Pedro Sanchez. Dans le texte, il est écrit «puissance occupante» pour faire référence à Israël. Cette affirmation est inappropriée et ne reflète pas l’état de nos relations avec ce pays. Nous entretenons une coopération avec l’État hébreu, même si notre proximité avec le peuple palestinien, héritée de nos pères fondateurs, reste sans équivoque. Il est inacceptable pour la présidence de la République du Sénégal d’utiliser le terme «puissance occupante», surtout que nous reconnaissons l’Etat d’Israël depuis les années 60. A la présidence toujours, un hurluberlu, conspirationniste et islamiste assumé, tient des propos d’une gravité inouïe sur le roi du Maroc et son père, accusés respectivement d’homosexualité et de franc-maçonnerie. Je me demande encore comment a-t-on pu ne serait-ce qu’imaginer nommer cet individu au cœur de l’Etat ? Le Maroc n’est pas un pays ami, c’est un pays frère ; il s’agit d’un de nos plus proches alliés, avec lequel nous partageons une histoire vieille et profonde. Les propos orduriers de ce rustre sont choquants et ne reflètent que sa petitesse d’esprit.
Parce que ce régime à la médiocrité dans son ADN, le Premier ministre s’en mêle avec la hardiesse qu’on lui connaît, quand il s’agit d’incarner l’incompétence et le manque d’épaisseur. Il met en danger notre pays par des déclarations d’une grande irresponsabilité. Parti à la manifestation en soutien au Peuple palestinien, il vilipende des Etats alliés comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, par des propos d’une rare grossièreté. Pire, il s’attaque non pas à Israël mais aux «Juifs». Parler des «Juifs» et les accoler tout de suite à la banque » renvoie à une rhétorique antisémite abjecte. Le drame que vivent les populations de Gaza depuis le 7 octobre et dont le responsable est le gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu est inacceptable. Mais quand on est responsable public, on se prononce avec comme unique boussole le droit international. Un responsable public doit se donner comme exigence de ne jamais céder aux excès racistes, islamophobes ou antisémites.
La défense de la cause palestinienne est un marqueur de notre politique extérieure depuis toujours. Yasser Arafat a longtemps voyagé avec un passeport diplomatique sénégalais. L’ambassadeur Saïd Abassi, après 32 ans de présence sur notre sol, repose pour l’éternité au cimetière de Yoff.
Dans le même temps, nous accueillons une ambassade israélienne à Dakar. Israël est le quatrième pays au monde à avoir reconnu le Sénégal indépendant. Le Sénégal a donc à jouer un rôle de médiateur et de facilitateur pour arriver à la seule solution viable, celle de deux Etats côte-à-côte dans des frontières sûres et reconnues.
Nous avons une responsabilité devant l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Gaza et devons poursuivre les efforts à New York, à Genève et au Caire pour obtenir un cessez-le-feu.
S’en prendre à la France, au Maroc, à Israël, multiplier les bourdes diplomatiques, entrer en conflit ouvert avec des multinationales étrangères auront comme finalité l’isolement du Sénégal sur la scène diplomatique. Un pays jadis respecté et estimé partout risque de devenir un Etat paria du fait de l’incompétence d’un homme sans relief. Dans la gestion de l’Etat, la tenue, la retenue et la responsabilité sont des valeurs capitales. Mais certains ne vivent que pour les caméras et pour le reflet de leur propre image, prouvant définitivement leur nature de personne disqualifiée à porter la voix du Sénégal. Quand l’injure et la vaine bravade s’unissent, ils ne charrient que la banalisation de la parole publique et de ses tenanciers.
Ces gens sont un boulet pour notre pays, relativement au prestige de l’Etat et à la sécurité nationale. Les meilleures blagues sont les plus courtes. Il y a un devoir et une responsabilité de renvoyer ces stagiaires à leurs chères études dès les législatives prochaines.
Par Mbaye Jacques DIop
ADIEU GRAND SEGA, LE MAGNIFIQUE !
Footballeur racé, il présente un palmarès très enviable mais n’a pas véritablement exploité toutes ses possibilités. Élégant, Grand Séga Sakho le fut incontestablement sur un terrain de football et en dehors
Il y avait du Garrincha chez ce footballeur technique dont les moindres actions respiraient l’intelligence. Il faisait partie des joueurs les plus rapides, il possédait une technique plus élaborée. Un sens de la dernière passe décisive et plus prononcé.
Footballeur racé, il présente un palmarès très enviable mais n’a pas véritablement exploité toutes ses possibilités. Élégant, Grand Séga Sakho le fut incontestablement sur un terrain de football et en dehors. Son rayonnement sur le terrain, sa présence dans la vie de tous les jours, la majesté qui se dégageait de la moindre de ses actions et du moindre de ses actes en ont fait un joueur à part, adulé et respecté à la fois dans le football.
En fait, sur un terrain de football et pendant 90 minutes d’une partie, il était partout à la fois avec efficacité, énergie et comique aussi. Il était capable de chambrer des adversaires, puis, dans la minute qui suivait, de se trouver à la conclusion d’une offensive magnifiquement élaborée. Cet artiste à la souplesse féline se montrait toujours d’une extrême incorrection dans le jeu tactique et d’une extraordinaire intelligence dès lors qu’il s’agissait de porter le danger dans le camp adverse.
Omniprésent, il l’était certes, mais toujours avec bonheur, irradiant d’un esprit comique naturel conforté par un organe vocale qu’il était difficile d’ignorer ! Autoritaire, Saliou dit Séga Sakho de son vrai nom ? Ô combien ! Il ne faisait pas bon lui résister… Séga Sakho a brillé d’un éclat incomparable dans tous les clubs où il a évolué, notamment à l’Union sportive goréenne, à la Linguére de Saint-Louis, à la Jeanne d’Arc de Dakar, au Walidane de Banjul et à l’Asc les Jaraaf de Dakar son club de cœur après quelques piges en France. Des clubs qu’il a totalement façonnés, il ne put en être de même en équipe nationale.
Si Séga Sakho a toujours pu instaurer une telle emprise sur un club ou sur une compétition, c’est que son talent,sa personnalité et esprit comique ont pu se forger au cours d’une première partie d’existence placée sous le signe de l’aventure. Extrêmement populaire, il fut bien vite surnommé Garrincha, ce qui en dit long sur l’admiration et l’affection qu’on pouvait lui porter. Il était aussi le roi du dribble, d’où ce surnom de Manuel Francisco Dos Santos dit Garrincha, ce feu-follet brésilien partenaire du roi Pélé. Il était un artiste du ballon rond et Dieu sait si le football sénégalais avec les derbys Jaraaf-Jeanne d’Arc ou Jaraaf-Gorée ont connu une certaine popularité propre à déchaîner les passions aussi rapidement qu’ils ont été installés sur leur piédestal !
À la fois artiste et inspiré et combattant impitoyable, ayant survécu et prospéré dans la jungle du football sénégalais, il a tracé le sillon d’un grand aventurier conquérant. Aujourd’hui les férus du football reconnaissants ne sont pas prêts d’oublier les joies procurées par Séga Sakho, ce magicien, ce funambule. Ils ne peuvent s’empêcher d’avoir une pensée émue envers lui. Toutes nos condoléances à ses amis de la Rue 59 Gueule Tapée « Wa Bang-Ba », notamment Mbaye Mbengue Diop, Idrissa Gueye, Maguette Traoré, Mbaye Mbengue SGBS, Amadou Diallo, ses anciens coéquipiers Alioune Ndiaye « Cheval fou » Alioune Sarr, Ibrahima Bâ « Eusobio » Cheikh Seck, Amadou Diop « Boy Bandit », Léopold Diop sans compter ses grands amis de toujours Douma Seye et Bathie Diop transitaire.
Malgré ta maladie qui t’a cloué plusieurs fois, tu as toujours résisté pour revenir très fort mais la vie est faite de rencontres et de séparations et il fallait qu’on se quitte un jour et tu nous a faussé compagnie au cours de cette nuit du dimanche à lundi. Dors bien grand frère, tu as accompli ta mission sur terre.
Que Seydina Mohamed (PSL) soit ton éternel compagnon au Paradis.
Ton jeune frère Mbaye Jacques DIop.
Un parent d’élève désespéré
LETTRE OUVERTE À MONSIEUR LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SAR
Quel sort est réservé aux candidats arrivés au bout du processus de sélection pour les postes d’Aides opérateurs/Agents pipes ? Les résultats de cette sélection ont-ils été validés par le Conseil d’Administration ?
Je viens respectueusement vous faire part de nos interrogations de parents des jeunes bacheliers de la Série S, candidats sortis premiers aux tests de recrutement aux postes d’Aides opérateurs/Agents pipes organisés, l’année dernière, par la Société africaine de Raffinage (Sar).
A la suite d’un Avis de vacance de poste publié en février 2023 par la Direction des Ressources humaines (DRH) de la Sar, ces jeunes bacheliers, d’après les informations qui nous ont été rapportées par nos enfants, étaient une soixantaine de candidats à avoir postulé en déposant le dossier requis auprès de la Direction des ressources humaines (Drh) de la Sar.
A l’issue d’un processus de sélection jugé transparent et rigoureux, les candidats sortis premiers de ces tests, dont mon fils (sauf erreur de ma part, ils sont moins de dix (10) candidats) ont été d’abord soumis, au mois de mai 2023, à des épreuves écrites (Mathématiques, Sciences physiques, Français et Anglais), puis à des épreuves sportives d’aptitude physique au Stade Iba Mar Diop de Dakar en novembre 2023 (1000 mètres sur piste, 100 mètres et montée à la corde) et enfin à un entretien avec un jury composé de hauts cadres de la Sar en décembre 2023. Juste pour vous prouver le long processus de sélection des candidatures à la fois rassurant et sérieux.
Malheureusement depuis lors, ces candidats attendent. Non seulement ils ne sont pas encore rappelés, mais n’ont reçu aucune notification de la part de la Sar. Pendant ce temps, certains candidats sélectionnés ont hypothéqué presque deux années académiques dans les universités publiques ou privées. Car ils espéraient une formation professionnelle pour pouvoir intégrer la Sar. Entretemps, en février 2024, est intervenu le changement de régime à la faveur duquel vous êtes, Monsieur le Directeur général, promu à la tête de la SAR.
Les questions légitimes et compréhensibles que se pose le parent que je suis, sont les suivantes : quel sort est réservé à ces candidats arrivés au bout du processus de sélection ? Les résultats de cette sélection ont-ils été validés par le Conseil d’Administration de la Sar ? Nos enfants peuvent-ils continuer d’espérer être recrutés par la SAR ?
Monsieur le Directeur général, s’il existe une raison objective, interne, qui fait que les résultats issus de ce processus de sélection devront être remis en cause ou même supprimés, les parents d’élèves que nous sommes n’auront rien à redire, à part s’en remettre au bon Dieu, l’omniscient.
Le cas échéant, nous ne demanderons qu’une seule chose : que les personnes qui seront recrutées à la place de ces brillants bacheliers, soient soumises aux mêmes tests et épreuves de sélection. Sinon, Monsieur le Directeur général, ce serait encore fouler aux pieds l’une des promesses électorales qui vous ont portés au pouvoir : « la sélection par appel d’offres », « les hommes qu’il faut aux places qu’il faut ».
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Directeur général, l’expression de ma considération distinguée.