AFP - Le chanteur américain de soul et de R&B Ben E. King, interprète du célèbre "Stand by me", sorti en 1961, est mort à l'âge de 76 ans, a indiqué son porte-parole vendredi.
Ben E. King, de son vrai nom Benjamin Earl Nelson, vivait dans le New Jersey, sur la cote Est américaine, et est mort de causes naturelles jeudi, a précisé son porte-parole Phil Brown à l'AFP.
Grande figure de la musique sénégalaise, Coumba Gawlo Seck, qui vient de fêter son quart de siècle de carrière, en lançant récemment un nouveau album intitulé «Sen Gawlo Eksyna» sur le marché, s’est livrée au «Pop». Dans cet entretien, la grande diva à la voix d’or évoque bien des questions liées à la musique, à la politique, au social… Elle s’offusque, en outre, de la manière dont on distribue de l’argent dans les soirées anniversaires au Grand Théâtre, à Sorano, etc.
Vous venez de fêter un quart de siècle de carrière, quel bilan pouvez-vous en tirer ?
Beaucoup de satisfaction et pour plusieurs raisons. D’abord, parce que le public a répondu présent aux trois dates majeures qui étaient programmées. Ensuite, parce que les Sénégalais, sans exception et tout âge confondu, m’ont soutenu dans la célébration de ce quart de siècle. Ils m’ont encore une fois témoigné de leur affection, de leur solidarité. Et enfin, parce que le show musical que je m’étais promise de présenter était à la hauteur. C’est un résultat satisfaisant et j’en suis très fière.
Qu’est-ce que vous avez déploré dans la célébration de ce quart de siècle ?
Je suis généralement très satisfaite de ce qui s’est passé tout au long du programme. Que ça soit au Grand Théâtre où j’ai vraiment eu tout type de public. Que ça soit le public très populaire, le public très jeune, que cela soit d’un autre niveau. Mais que ça soit aussi tous les ambassadeurs, ces membres du corps diplomatique qui étaient venus personnellement assister à cet événement, ce qui m’a beaucoup honorée. Donc, je ne peux vraiment que me réjouir du résultat. Et, je rends grâce à Dieu. Vous n’êtes pas sans savoir qu’on n’est jamais satisfait, surtout quand on est perfectionniste. Moi, je suis née perfectionniste, d’ailleurs certains de mes amis me le reprochent, parfois parmi lesquels le journaliste écrivain Pape Samba Kane qui me dit toujours : "Respire un peu tu es trop perfectionniste". Parce que, moi, j’aime le rêve. Donc, quand on est moulée ainsi, on n’est jamais satisfaite. Aussi, je rends grâce à Dieu, à l’équipe qui a bien travaillé, ainsi qu’aux musiciens.
Par contre, si j’ai quelque chose à déplorer, c’est le retard qu’il y a eu sur le démarrage du spectacle. Ça, m’a fait très mal. Parce que je suis une professionnelle, j’ai le devoir d’être une professionnelle en tout. Et quand on est professionnel, la première règle de ce métier est de démarrer les shows à l’heure. Il y a une heure minimale à laquelle il faut démarrer le show. Mais, comme me le dit parfois, une grande majorité de mon staff : "Il faut faire selon les réalités d’un pays". Et les réalités, c’est que les gens sortent tard au Sénégal. J’avoue que personnellement, cela m’a beaucoup stressée et ça ne m’a pas plu de démarrer ce show du Grand Théâtre à 23 heures. Pour moi, à cette heure, c’était trop tard. Parce que ce n’est pas une soirée dansante. On fait venir des gens, des personnalités, pour moi le show devait démarrer à 21 heures 30 au plus tard. Bon, c’est les aléas d’une société, il faut faire avec. Et, heureusement, que je n’avais pas ce même stress lors du dîner de Gala à Alkimia, c’était relax.
Est-ce que votre carrière a suivi la trajectoire que vous vouliez lui donner ?
Je suis quelqu’un qui aime chanter, qui aime faire des choses et qui a envie d’en faire plus. Mais je pense que ma carrière a suivi une très bonne trajectoire. Des fois, on veut réaliser des choses, ça ne se fait pas parce que c’est le destin, soit c’est autre chose. Voilà, on ne peut pas tout satisfaire dans la vie, il n’y a que Dieu qui peut tout satisfaire. Nous sommes des êtres imparfaits, il faut avoir cette foi. Mais, à mon humble avis, ma carrière a fait un grand pas. Je suis très satisfaite d’en arriver là où je suis aujourd’hui. J’ai un ami journaliste qui est aussi très proche de moi, qui me conseille, il me dit souvent : "Dans une carrière, le plus important n’est pas ce qu’on n’a pas fait, le plus important, c’est la constance, la régularité. Et le fait d’être constant c’est déjà très bien et vous avez cette chance d’avoir cette constance". Je m’en réjouis et j’en rends grâce à Dieu. Je pense que cette constance dans la durée est très importante et j’ai cette chance. Je m’en réjouis car c’est grâce aux fans.
A propos de constance, on ne vous sent plus sur la scène internationale comme du temps de «Pata-Pata». Vous êtes plus sur le marché local. Est-ce un choix ou ce sont les contingences du marché international qui vous l’imposent ?
Vous savez, quand on la chance que j’ai d’être une artiste de dimension internationale, beaucoup plus ouverte, qui voyage, qui fait des tournées, qui fréquente les grands plateaux des grandes chaînes du monde, on ne se plaint pas. Lundi dernier, j’ai été l’invitée de Tv5 Monde. Dernièrement, j’étais sur M6… Cela veut dire que c’est déjà bien. Il ne faut pas non plus oublier son public local, le ghetto comme on l’appelle. J’ai toujours envie d’être proche de mon public sénégalais. Parce que tout est parti du Sénégal, c’est la base. Il est très important pour moi de faire ce qu’on appelle du maintien. Maintenir son public local par des dates quand vous êtes au Sénégal en jouant dans un club. Cela n’empêche pas cependant d’aller faire d’autres dates ailleurs. Car, nous avons des dates au niveau international. Là, je viens de Ndjamena au Tchad. Nous avons aussi la tournée italienne qui démarre avant le Ramadan. Et après le Ramadan, nous serons au Canada. Il y a une date pour Paris dans la célébration du quart, prévu le 10 octobre 2015. Nous sommes toujours présents à l’international et je m’en réjouis, car on représente bien notre pays. Les artistes sont les porte-drapeaux de nos différents pays. Moi, mon rêve a toujours été de faire le tour du monde pour prêter ma voix, chanter pour les sans-voix, pour dire des messages non seulement qui donnent du baume au cœur, mais qui rendent forts les hommes et les femmes.
Maintenant, parlez-nous un peu de votre nouvel album tradi-moderne ?
C’est un album retour aux sources «Sen Gawlo Eksyna». C’était une longue demande de mes fans, de mon public. Et comme je suis une artiste qui accepte le désir de ses fans, je cède à leur demande. D’ailleurs, ce côté traditionnel me permet de sortir, de montrer mes tripes gawlo, griottes, d’afficher mes origines, d’aller dans ses sensibilités, ses sonorités, avec la présence du xalam, des balafons, de la kora… Et surtout, les chœurs qui chantent de manière traditionnelle avec le titre «Jeri Dior Ndélla». Et au-delà de ça, cet album rend hommage à des héros de l’histoire. Par exemple, «Jeri Dior Ndélla» raconte l’histoire d’un de nos héros que les enfants, les jeunes ne connaissaient pas. Il est important de connaître aujourd’hui l’histoire de son pays. Car c’est en connaissant cette histoire qu’on peut connaître son identité. Et quand on connaît son identité, on sait où on va, on sait qui on est et on sait comment parler, comment s’asseoir. Il y a aussi «Ndaw narré», «Ndouwouri» qui rend hommage à mes parents Peuls à travers Aïssata Tall Sall, une référence pour les femmes.
En tant qu’intellectuelle ce système de gaspillage lors des soirées anniversaires au Grand Théâtre, à Sorano, la manière dont on distribue l’argent ne vous choque-t-il pas ?
Cela me fait mal des fois de fâcher certaines personnes. Car je n’aime pas attrister des gens. Ce qui amène cette situation, c’est que les gens s’attendent généralement à ce que, quand je finis une chanson, je donne mon micro pour que les gens se mettent à parler, leurs délégations parlent et ensuite donnent de l’argent. Moi, j’ai dit : je ne peux pas me permettre ça, je suis désolée. Je suis bien gentille, je veux bien chanter tel ou tel, car je suis une gawlo, digne héritière de la famille des griots et gawlo, donc des historiens, mais, je suis sortie de mon terrain de gawlo, je suis griotte moderne, sur une scène moderne. Donc, je dois faire selon les réalités modernes et les réalités de mon métier. Récemment, au Grand Théâtre, il y a une maman chanteuse et tant d’autres qui se sont sentis vexés, jusqu’à même bouder la salle, parce que tout simplement je leur ai dit que nous ne sommes pas dans un «ngenté» (baptême). Mais, pour moi, ce n’est pas méchant et c’était même sur un ton d’humour.
Le Sénégal est un pays culturellement riche, assez ouvert, on est très fier de certaines de nos valeurs qui sont bonnes, selon le cadre, et qui ne le sont pas, selon d’autres cadres. Parce que, quand on a de l’argent, tel a donné tant, ça fait partie de nos valeurs. Mais c’est de bonnes et belles valeurs quand on est chez soi, dans sa grande cour ou sous sa bâche et qu’on marie sa fille ou qu’on baptise son enfant. Maintenant, quand on est une artiste moderne (elle répète), qu’on veut vendre sa musique sur l’échiquier international et qu’on veut faire une scène moderne, ça peut gêner, à la limite même c’est choquant. Il est bon que ça soit les artistes qui le comprennent. Parce que le public ou la personne qui vous montre autant de générosité ne peut pas le comprendre. Mais je pense que le métier a des règles et des lois que nous nous devons de respecter, il y a une limite à tout. Ce que je sais et que je retiens, je fais un métier, la musique qui n’est pas de l’à-peu-près, ni du tâtonnement.
Je n'en suis plus à un stade où je suis pressée d’aller sur une scène pour que l’on voit ma belle robe. Je peux ne pas aller sur une scène si je trouve que la scène que l’on me propose ne me satisfait ou n’est pas en phase avec le métier que je fais, ou bien mon sentiment d’artiste sera frustré. J’y vais par conviction, mais pas juste pour le paraître.
Peut-on dire que réellement les artistes vivent les mêmes difficultés que bon nombre de Sénégalais ?
Ah oui ! Les artistes sont de vrais Sénégalais au contraire. C’est vrai qu’il y a le superflu, les artifices, le rêve qu’on vend. Mais on ne peut pas se permettre, quand on est artiste, de venir pleurer devant le public qui a plus de problèmes que toi. Mais les artistes sont des êtres humains avec des souffrances, des douleurs, avec des problèmes de conjoncture, ça arrive à tout le monde. Vous savez, quand on est un être humain, nous avons des hauts et des bas, la vie c’est comme ça. Parfois, vous êtes riche, des fois vous vous réveillez sans aucun sou ou vous n’avez pas les moyens à la hauteur de vos ambitions. Cela peut être aussi une sorte de pauvreté, même si c’est difficile à croire. On vit les mêmes difficultés, l’école des enfants à payer, l’eau, l’électricité, la dépense quotidienne, sans compter les gens qui comptent sur vous, c’est un poids lourd. Maintenant à qui on donne de l’argent sur scène ? Ce n’est pas 7 jours 7, c’est une fois dans l’année et on pense que, voilà, elle a fait une traite annuelle. Non, il n’a pas fait sa traite annuelle ! Car, quand il va sortir de cette salle, tout les membres du «gangoor» (entourage), il faut leur donner leur part, donner aux parents, aux amis, au staff, mais aussi payer toutes les charges. Je suis sûre que quand l’artiste se retrouve seul, il va se retrouver avec des dettes. L’apparence est souvent trompeuse, la musique en Afrique, de surcroît le Sénégal, ne paye pas, on chante pour la gloire.
On dit que vous êtes très introduite au niveau des Palais africains, comment tissez-vous ces relations, qu’avez-vous à y gagner ?
Je ne saurai l’expliquer. Mais je pense que c’est à force de travailler, car j’ai la chance de tourner beaucoup en Afrique depuis des années. A force d’aller dans un pays, on y habite. Je me sens habitante et citoyenne de chaque pays d’Afrique où je vais. Il y en a beaucoup où soit j’ai un terrain, une maison ou un passeport diplomatique. Parce que j’y mène des actions pour les femmes, les enfants, l’éducation, j’ai envie de voir l’Afrique briller, l’injustice disparaître. J’ai envie de voir la femme ne jouant plus en victime, mais être optimisme, garder le sourire, se dire que je peux y arriver. Le Président Yaya Jammeh me dit souvent j’ai envie que tu sois une citoyenne gambienne (elle pouffe ).
Qu’en est-il de votre pays, le Sénégal ?
Ah mon pays le Sénégal m’a tout donné. Je ne cesse de le dire, c’est moi qui dois aux Sénégalais. J’ai la chance d’être née ici, d’avoir démarré ma carrière ici à l’âge de 7 ans. A 14 ans, j’ai gagné un concours de chant. A 18 ans, j’ai sorti mon premier album. Et depuis, les Sénégalais ont suivi ma carrière. Finalement, l’impression que j’ai, sans risque de me tromper, c’est que je suis dans le cœur de tous les Sénégalais. Je suis en quelque sorte la fille de chaque maman, de chaque papa, c’est un honneur. Même au niveau des partis politiques, je n’ai pas de sens interdit. Mes manifestations le prouvent, les gens viennent de tous les partis pour me soutenir. Et le discours qu’ils (les partis) tiennent m’honore. Parce que quand quelqu’un vous met à une barre, c’est très difficile pour vous de descendre de cette barre. Pour la simple et bonne raison que vous n’avez pas droit à l’erreur, vous devez d’être clean, ce n’est pas un fardeau, mais une lourde responsabilité. Car des gens vous disent que vous êtes une référence. Pour cela, je dois beaucoup aux Sénégalais, j’ai envie de leur dire encore à travers vos colonnes «Dieureuf».
Quels sont vos rapports avec l’ex-président, Abdoulaye Wade que vous avez tant chanté ?
Abdoulaye Wade, c’est mon ami, c’est mon père. Je l’ai connu avant qu’il ne soit chef d’Etat. Quand vous connaissez quelqu’un à l’âge de 14 ans, il ne peut qu’être votre père. Au moment où le monde le fuyait, quand il était dans l’opposition, j’étais toujours fourrée chez lui au Point E. Wade est en moi, j’ai une vraie affection pour lui et c’est réciproque.
Et avec l’actuel Président Macky Sall…
C’est aussi un excellent ami. C’est quelqu’un qui n’est jamais sourd à mes sollicitations. Dans la vie, il y a plusieurs types de rapports que l’on peut avoir avec des personnes. J’ai eu cette chance extraordinaire d’avoir grandi sous le magistère de plusieurs chefs d’Etat. Le seul regret que j’ai, c’est que je n’ai pas connu Senghor. Ce poète, j’aurais aimé le connaître. Si Senghor était encore-là, j’aurais été sa muse (elle éclate de rire…), car il a toujours défendu les femmes noires.
Vous vous battez toujours pour les valeurs culturelles, que vous s’inspire la transhumance politique ?
Moi je trouve que c’est très banal de venir dire la transhumance est un feeling. Vous savez, j’aurai bien aimé faire la politique un jour. Mais la politique que je ne saurais faire, c’est de la politique qui poignarde dans le dos, la politique qui ment, la politique qui trahit, la politique qui baisse le regard. Parce que tout simplement on fait mal et on ne peut pas lever le regard, ni la tête. La politique passe par les coups bas pour faire du mal, ça je ne saurai le faire. Dans la vie, il faut avoir une éthique. Quand on est avec quelqu’un et qu’on est en phase, qu’on est vrai dans ses convictions, il faut rester jusqu’au bout. Maintenant, la politique est ce qu’elle est, vous ne pouvez pas changer ce qu’est la politique. Chacun est assez responsable pour se juger, se regarder dans sa glace et se dire que je suis fier ou pas fier de moi. Parce que mon acte est noble ou pas. Mais ce que je sais moi, Coumba Gawlo, il y a des choses que je n’arriverai jamais à faire. Quand j’ai été compagnon avec quelqu’un, même si ensemble on se sépare, parce qu’on n’est plus d’accord, il ne faut jamais dénigrer, vilipender. Il faut rester noble, digne. Car nous partageons des valeurs, des ambitions communes, je garderai ma dignité, et je resterai honorable. Dénigrer quelqu’un avec qui on était, hier, dont on est séparé par la force des choses, n’est ni noble pour cette personne ni pour celui qui le dit.
Vous défendez la cause des enfants, l’éducation est en crise, qui doit lâcher du lest l'Etat ou syndicats ?
C’est très dommage et cela m’attriste beaucoup. Le développement d’un peuple passe par l’éducation, un peuple non éduqué ne sera pas développé. Parce qu’il n’y aura pas de grands intellectuels, pas de grands hommes politiques, ni de grands journalistes, encore moins de brillantes femmes indépendantes. Je trouve que c’est très dommage d’en arriver à ce stade. Il est important, voire urgent de trouver rapidement une solution, tant du côté des enseignants que celui de l’Etat. Que chacun fasse un compromis pour une solution rapide. Car un peuple sans éducation est un peuple qui va à la ruine, droit vers le mur et je ne le souhaite pas pour cette génération à venir.
Vous avez tant chanté l’amour, mais «kuy feug», il n’y a toujours pas un homme qui frappe à votre porte ?
(Eclats de rires…). Je vais dire aux responsables du «Populaire» qu’ils me trouvent un journaliste…
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"FAADA ET MOI SOMMES COMPLÉMENTAIRES"
NDONGO D DE DAARA J
Sophiane Bengeloun & Bigué Bob |
Publication 30/04/2015
Difficile de regrouper actuellement Ndongo D et Faada Freddy. Ce dernier à un planning plus que full après la sortie de son album international "gospel journey". C'est ainsi que Ndongo D nous a reçues dans les studios de "bois sakré". Il aborde l'avenir du groupe dans cet entretien, la carrière solo de Fada, le spectacle qu'il prépare au Grand-théâtre ainsi que leurs relations avec Lord Alajiman.
Qu'est-ce que Daara J prépare pour le 9 mai ?
On prépare un show. C'est la continuité de ce que nous faisons sur scène. On voudrait partager avec tous les gens qui nous ont suivi et nous soutiennent. C'est vrai qu'on fait de petites salles de temps en temps mais là, à un moment donné, on s'est dit qu'on va passer à une autre étape. Et pour cela, on a besoin d'une plus grande salle, de plus d'espace pour montrer ce que nous faisons et fêter nos 20 ans de carrière. Mais on n'insiste pas seulement sur la célébration des 20 ans. C'est un spectacle que nous voulons offrir. C'est de la musique que nous faisons avec des musiciens qui sont talentueux. Fada a besoin d'espace. Moi, j'ai besoin d'espace. On va avoir des invités surprise. Le spectacle va démarrer de la porte à la grande salle de spectacle. Ce que personne n'a jamais fait au Grand-théâtre.
Vous pouvez nous faire un bref bilan de ces 20 ans ?
Quand on calcule, 20 ans, c'est énorme. Quand je vois quelqu'un qui a 20 ans je me dis ouah! Il y a des personnes qui connaissent notre musique et qui ont probablement 20 ans. Des gens qui ont le double de cet âge-là aujourd'hui écoutent Daara J. Des enfants de sept ans aussi connaissent au moins une mélodie de Daara J. C'est vrai que faire le bilan des 20 ans ne serait pas facile pour moi. Mais je voudrais juste dire que ça m'a beaucoup marqué et ça a marqué beaucoup de gens aussi. C'est énorme de partager des concerts, des albums avec des hauts et des bas. De partager tous ces moments avec des gens et de constater aujourd'hui que ça fait 20 ans quand même. Cela veut dire qu'il est temps de se projeter dans le futur mais de ne pas oublier tout ce qu'on a traversé et de ne pas oublier le présent. C'est pourquoi le thème de ce spectacle, c'est : "Back to the future présent". Ce qui signifie retour vers le présent futur. On a préparé un show où les gens verront dès le début le futur qui va parler du passé et ensuite on va plonger le public dans un spectacle vivant avec la participation de guests et de personnes qui ne sont pas forcément dans la musique.
Avez-vous la même énergie qu'il y a 20 ans ? Qu'est ce qui a changé aussi dans votre vision des choses ?
Je pense qu'on a gagné en maturité. Je pense qu'on a la même énergie sauf que là, on est un peu plus mesuré. Quand on est jeune et fougueux sur scène, on est individualiste et coincé dans notre monde. Ce qui est intéressant, c'est qu'avant, on était moins de 5 personnes sur scène et là, on est très nombreux. Donc, il faut que ça soit interactif. On fait du live. Il n'y a pas de machines. En 20 ans, on a appris beaucoup de choses. Aujourd'hui, on a la même rage et la même hargne. Quand on interprète des morceaux comme "kou yagg ci teen", on donne tout pourtant, c'est un son de 2015. C'est la même fougue.
Le rap ne serait-il pas en perte de vitesse, on a l'impression qu'il n'y a plus de soubassement idéologique dans l'écriture ?
C'est à l'image de notre société, des médias, de notre quotidien, de ce monde-là. Cependant, face à tout cela, il est possible de trouver une perle. Dans le mouvement hip-hop, tout le monde n'est pas dans le commercial. Il y a des gens qui ont opté pour une musique consciente. Il y a des chansons qui datent d'au moins 20 ans et qui sont toujours d'actualité et originales. Je suis mal placé pour juger tous les rappeurs. J'en suis un parmi tant d'autres. Ici au Sénégal, on a encore de belles plumes. En France, c'est différent. Les gens sont plus dans le commercial et ils sont prêts à tout. Tout est commercial maintenant. Moi, je pense qu'on peut vendre sans dénaturer l'aspect originel de la chose. On peut vendre en gardant l'âme de notre métier. C'est possible. Il faut juste trouver l'équilibre pour ça. En règle générale, on peut trouver des perles dans le lot. C'est indéniable.
On reproche à Daara J de ne pas trop participer aux scènes qu'organisent les hip-hoppeurs. Pourquoi préférez-vous vous replier sur vous-même ?
Moi, je pourrais poser la question à savoir qui nous reproche cela. Parce que moi, je suis très ouvert d'autant plus que beaucoup de gens passent par moi quand ils ont besoin de Daara J. Moi, je communique avec Africulturban, avec Simon et de temps à autre avec Awadi. Pour les jeunes, je travaille avec Canabasse. J'ai fait un featuring avec Dip Doundou Guiss par exemple. J'essaie de comprendre ce qu'on nous reproche. On nous invite sur des scènes des fois. Mais je me dis qu'il faut aussi laisser la place aux jeunes. On ne peut pas faire toutes les scènes et noyer ces jeunes. Aussi, nous c'est Daara J. On est vraiment dans l'esprit de ce concept. On ne se mêle pas de tout et de n'importe quoi. Avec Fada, quand les gens nous invitent, on regarde si notre agenda nous permet de répondre favorablement. Ce n'est pas facile. Il y a plusieurs plannings. Oui, peut-être qu'on n'est pas dans tous les concerts. Daara J n'est pas à ses débuts. On ne peut nous inviter à un show dont on n'a aucune information sur les conditions d'organisation. Nous demander cela, c'est comme dire à Youssou Ndour il faut venir à tel concert parce que c'est une organisation qui regroupe tous les mbalaxman qui donne un concert. Je pense qu'on donne beaucoup à ce mouvement hip-hop.
Quand vous dites différents plannings, ça concerne le groupe ou divers membres du groupe ?
En ce moment, il y a plus de dates à l'extérieur concernant le projet de Fada. Mais dans l'absolu, le Daara J fait beaucoup de concerts à Dakar. On essaie d'équilibrer les choses. On s'organise pour cela. On avait annoncé tous ces projets depuis 2011, je crois. On avait dit qu'on arriverait à un moment où on va être très sollicité partout. C'est ensemble qu'on a décidé de ne pas faire des projets que pour Daara J. On a des projets pour Fada, pour Ndongo et pour Bois sakré.
Pendant que Fada tourne pour son projet, vous faites quoi ?
Je fais beaucoup de choses. On doit gérer le Bois sakré. On gère le planning de Daara J sur l'international. Je donne juste un exemple toute bête : on a fait une musique pour une nouvelle série intitulée "c'est la vie". Daara J family a fait toute la musique. Même si Fada et moi avons fait la musique ensemble, il y a eu les mix à faire, aller dans des studios à Paris, arranger des choses avec une ONG qui est ici et qui s'appelle RAS, gérer toute la coordination avec les réalisateurs, etc. C'est autant de travail à faire. On est complémentaire. Des fois, il fait des choses là-bas pour Daara J et moi j'en fais ici au Sénégal. Même pour le projet de Fada pareil. On organise des choses ici à Dakar. Et tout a été enregistré ici aussi. Pendant que Fada tourne, les choses continuent pour Daara J.
N'est-ce pas un risque pour le groupe que de vouloir développer deux carrières musicales en même temps ? Et au rythme où vont les concerts de Fada, Ndongo ne risque-t-il pas de mourir artistiquement ?
Il y a un album qui arrive. Cela prouve que le groupe continue à vivre. Si on avait décidé d'arrêter l'aventure Daara J, on n'aurait pas fait un nouvel album ni de concert. On se dira juste : on arrête. Et c'est fini. Les gens se disent que ce n'est pas possible. Pour nous, ça l'est. Regardez en France ou aux USA, on a plein de groupes de musique et de collectifs qui font des choses en solo et en groupe. Ce n'est pas facile. Mais il faut s'organiser et donner du temps à chaque projet.
Donc il n'y a aucun risque que Daara J family s'éclate encore ?
Non, non et non. Il n'y a pas de risque. Le risque, c'est dans la tête des gens.
Il n'y a pas de rivalité entre vous ?
On n'a pas d'ego. Moi je suis à l'image de Fada et Fada est à mon image. On se respecte mutuellement. Je ne me dis pas que son projet marche, il faut que je raccroche. Non. Et lui aussi, il me dit qu'il faut qu'on continue. Il a beaucoup insisté pour qu'on fasse les projets de Daara J parce que c'est ça qui a fait Fada. Demain, moi j'amènerai des projets et on posera les mêmes questions à Fada. On lui fera les mêmes remarques que celles qu'on m'a faites. Nous, on est préparé à tout cela. Aujourd'hui je suis fier, même si je n'aime pas le dire, d'être à l'origine du projet de Fada. Le gars qui a monté le projet est passé par moi. J'ai convaincu après Fada d'accepter. Je l'ai encouragé. C'est toujours bien de diversifier. On ne peut pas toujours faire les mêmes choses. Daara J est une école où on apprend une matière et comment la développer. Donc, à un moment, il faut bien se spécialiser. Un chanteur comme Fada, on ne doit même pas le cantonner que dans l'univers de Daara J. Il peut demain faire un album reggae. On a plein de titres reggae ici qu'on n'a pas encore touché. On peut demain aller chanter avec l'ensemble lyrique traditionnel de Sorano. On peut chanter avec la fille de Yandé Codou Sène. Attendez-vous à avoir beaucoup de projets. On ne peut pas se cantonner à un seul genre. Je suis dans cette dynamique.
Ndongo envisage de sortir un album solo ?
Oui, absolument c'est dans mes projets.
Revenons à votre musique. Quelle est la part d'originalité dans ce que vous faites ; une chanson type qui représente la musique de Daara J ?
Une chanson type, c'est Bayi yoon. Il y a une couleur pentatonique dans cette chanson. On y retrouve le "xalam" de chez nous mais aussi le beat r'n'b et des partitions reggae. Comme on disait dans le temps des possee : rap, reggae, soul. C'est hip hop, reggae et soul. La base reste hiphop mais teintée de soul et de reggae. Cela a toujours été comme ça à Daara J. On a toujours reçu des influences métissées. Cela a toujours été notre force. D'un coup, à travers notre musique, tu peux te retrouver à Dakar, New-York, Paris ou Kingston. C'est ça Daara J depuis le premier album qui a été enregistré au Sénégal puis repris par un producteur qui s'appelle Matt Professor et Carlton Bubbless qui sont en Angleterre et qui l'ont mixé. Après ça a été mastérisé en France. On a fait une tournée en France après. On est allés aux Usa. On a été en Jamaïque dans le studio penthouse de Bob Marley. On a ramené toutes ces expériences au Sénégal. On est un cocktail de la musique moderne.
Daara J Family, c'est aussi de l'engagement… Que vous inspire un sujet d'actualité comme l'immigration clandestine ? Que ressentez-vous quand vous voyez 995 Africains mourir comme ça, en Méditerranée ?
L'immigration, c'est un sujet qu'on a abordé depuis longtemps, dans des chansons comme "Exodus" quand on disait que nous sommes des milliers à quitter nos pays. Un autre morceau à cette image est "Gates of Freedom", dans l'album School of Life International, où on parlait de "portes de la liberté" que les gens cherchent tellement à franchir qu'ils sont prêts en à mourir. Chacun cherche la liberté mais la question, c'est "à quel prix " ?
Tout le monde est responsable, que ce soient les autorités africaines ou européennes. Moi, je dis que c'est une catastrophe à la fois pour l'Afrique et pour l'Europe. C'est bien dommage, pour reprendre les arguments de Fatou Diome, que tous les moyens que l'Europe peut aujourd'hui mettre en branle pour soi-disant se défendre en cas d'attaque ne puissent pas être utilisés pour sauver les gens. C'est quelque part une manière de laisser mourir des milliers de jeunes, en se contentant de rester spectateurs et de penser, en sourdine, que c'est un moyen comme un autre pour que le nombre de clandestins diminue.
On nous fait miroiter le rêve européen qui nous a été vendu mais je crois qu'il en existe un autre, africain cette fois, dont la charge nous revient, en tant que nouvelle génération et porte-voix, de développer… C'est d'ailleurs la raison pour laquelle notre nouvel album comprend un morceau, "Sénégal", dans lequel on exhorte la Diaspora à donner la main à ses frères et, ainsi, aider les gens du pays à travailler et monter des projets. Nous, on l'a dit et on le fait. Daara J est dans l'action. Je dis tout le temps qu'on aurait pu tout aussi bien rester en Europe mais qu'on a fait le choix conscient d'être là. Et cela même s'il nous faut tout reprendre à zéro, même si ce n'est pas facile. Je crois que quand tu reviens d'Europe avec de l'expérience, c'est ici qu'il faut essayer de faire des choses. Si ça ne marche pas, recommence ! Même si on te propose un salaire qui n'est qu'un tiers de ce que tu pourrais avoir ailleurs, il faut rester et faire ou ne serait-ce que commencer quelque chose pour les prochaines générations… Donc la solution, comme je l'ai dit, c'est de vendre le rêve africain tant au niveau médiatique qu'à celui de la culture. C'est ce que nous, on fait en montrant aux gens que c'est possible de travailler en Afrique, créer une base et montrer l'exemple aux jeunes. Ici même. Même si c'est difficile, on y croit !
Après, je pense aussi que les gens ont besoin de voyager pour apprendre de la vie. Il n'est pas normal qu'en 2015, l'Europe se soit barricadée et reste "mythifiée" aux yeux des Africains. L'Europe n'est pas un mythe. C'est l'Afrique qui l'a faite, j'ose le dire. Comme le disent les wolofs, Na Naar bi délo khorom (NDLR :). L'Europe doit beaucoup à l'Afrique, c'est indéniable. Aujourd'hui, de toute façon, on arrive à un stade où l'Afrique est en train de se développer. Et elle va se développer, tout le monde le sait. On a une jeunesse qui est là et qui en veut. Même dans la musique, on voit que ce sont les jeunes Africains qui sont en train de tout exploser ! C'est un signe. On peut tout exploiter, créer et, à partir de tout, travailler pour faire quelque chose. Il faut juste que les gens croient en eux-mêmes. Les nouvelles générations l'ont compris si bien qu'ils savent aujourd'hui qu'on ne peut plus se contenter de compter sur les politiques. C'est justement à nous-mêmes de nous faire en sorte de nous développer, non plus en vendant plus le rêve européen mais en croyant plutôt au rêve africain.
L'engagement de Daara J, c'est aussi des questions identitaires comme la France-Afrique ou même des questions liées à la jeunesse… On ne vous entend néanmoins presque pas au sujet de la marche du pays. Vous ne parlez presque jamais de politique, pourquoi ?
J'ai l'habitude de dire que n'étant pas un politologue ou spécialiste sur un quelconque sujet politique, je n'aimerais pas faire le prétentieux. Ce que font les autorités, c'est-à-dire leur manière de gérer le pays, je ne suis pas assez bien placé pour en parler. Cela parce que je suis, tout simplement, un musicien. Pourquoi est-ce que je devrais parler de politique ? S'il s'agissait encore juste de son sens premier, qui est la gestion de la cité, je suis d'accord car, quand on m'en donne l'occasion, j'en parle mais toujours à ma manière… celle de Daara J ! Après, libre aux gens de le prendre comme ils le veulent. Je pense, en tout cas, que si on n'a eu qu'un seul mérite, c'est celui d'avoir fait pendant vingt ans une musique qui change les mentalités. On est plus dans l'éthique car nous, on exhorte les gens à avoir des valeurs. Et tant que les gens ne comprendront pas le sens de leur vie dans sa dimension "spirituelle", on va dire, ils ne se connaîtront pas, ni eux ni leur histoire, et on aura toujours des problèmes sur le plan politique parce c'est une question d'éducation. Il faut réformater à la fois la génération présente et celle future pour prétendre changer la politique. On aura beau dire "f…thepolitics" ou "fight the power" et le répéter de génération en génération, ce n'est pas pour autant qu'on aura la solution.
Quelle est donc la solution, selon vous ?
Pour Daara J, la recherche de solutions se trouve dans une dynamique de protéger les enfants, par exemple, de les sortir de la rue ou encore de participer à des projets grâce auxquels on peut aider des non-voyants à monter quelque chose. Bref, il s'agit d'être dans un élan participatif et non de parler de politique. D'abord parce que ce n'est pas ma tasse de thé. Ni même celle de Fada. Lui, c'est quelqu'un d'assez cultivé mais surtout, ne lui parlez pas de politique parce que ce qu'il ne va pas vous répondre, c'est qu'il les dépasse de loin ! Quand les gens écoutent notre musique, ils se nourrissent et nourrissent leur esprit donc, je me dis qu'aujourd'hui, parler de politique, c'est embrasser toute la politique africaine et donner des solutions mais à la manière de Cheikh Anta Diop ou de tous ces dirigeants qui ont apporté une pierre à l'édifice. Et peut-être aussi montrer aux nouvelles générations qu'on peut avoir des valeurs et en même temps accomplir quelque chose : rêver, devenir un scientifique, un avocat ou même devenir un président. Et faire à son tour rêver les gens, pourquoi pas ?
La politique, pour moi, elle reste la même. Elle n'a pas changé. La faire changer, c'est former une nouvelle génération. Et ça, ça touche le domaine éducatif car il faut éduquer les gens et non se contenter de répéter que ça ne va pas. Ça ne va pas, c'est vrai, mais que faire pour avancer? En tout cas, ce que Daara J avait dit en 2005, 2004, 1997 ou 1998 reste toujours ce qu'on dit aujourd'hui. On est dans la même lignée mais dans un élan évolutif. On ne nous verra pas dans la rue mais quand quelqu'un écoute notre musique, il va réfléchir et se dire qu'il faut se bouger. Duma Tiit, duma wéét, fileeg mangui wétal Ki ma sakk. Dieu a mis toute chose sur terre pour une raison. Il ne faut pas se laisser aller ou être dans le matériel. Il y a une partie de son être qu'il faut donner au spirituel pour pouvoir se concentrer et trouver le fil d'Arianne qui te permet de bien faire les choses. Yoonu njub (NDLR : le droit chemin), comme disent les Wolofs.
Mais les gens font n'importe quoi… Tu leur confies des postes et ils ne se comportent pas de manière correcte parce qu'ils n'ont pas été bien éduqués et ne sont là que pour l'argent. Tant qu'on ne canalise pas les forces qui sont en nous, on ne peut pas trouver de solution parce qu'on est inconscient du fait que chacune de nos actions agit sur notre prochain. Ce que tu fais ou dis agit sur les autres. Aujourd'hui, quand je vais sur les réseaux sociaux ou les forums de discussion et que je lis ce que les gens postent, je suis ébahi de voir qu'ils pensent vraiment les choses qui sont écrites. Il y a tellement de violence. C'est un problème. A quoi est dû ce malaise ? Au manque d'argent ? A un mal être ? C'est une vraie question car je me demande qui peut être en colère du matin au soir, sans interruption. Dans mon entendement, il y a toujours des touches positives dans la vie de quelqu'un, ne serait-ce que du fait de ses proches, qui lui permettent de faire éclore la beauté qu'il porte en lui…
Donc vous pensez qu'une initiative du genre de celle de Y en a marre n'est pas la solution ?
Ça peut l'être. Après, ça n'engage que les gens qui s'y retrouvent. Je respecte Y en a marre, je pense en avoir assez parlé et beaucoup d'eau a coulé sous les ponts ; ce qui fait que d'autres sont plus édifiés que moi pour en parler. Moi, je respecte leur travail et ce qu'ils ont accompli car c'est quelque chose d'énorme, mais je pense qu'aujourd'hui, il y a des repositionnements… Comme on dit, de toute façon, le pouvoir revient toujours au peuple et c'est ce que Y en a marre défend. Je crois, en tout cas, que c'est ce qu'ils défendent. Je les encourage pour qu'ils soient encore plus motivés dans la direction qu'ils ont prise, particulièrement en ce qui concerne le civisme, parce que c'est quelque chose qui me tient à cœur. Mais qu'il s'agisse de Y en a marre ou de politique, j'avoue ne rien y connaître parce que ce que je fais dans la vie, c'est de la musique. Pas de la politique. Qu'on me parle de Daara J, de Fada Freddy… Là, je peux répondre. Idem pour les questions sur l'environnement, le civisme, la sécurité routière ou la mendicité infantile. J'aime en parler parce que c'est ce que je connais.
On revient aux 20 ans de Daara J (NDLR : le concert du 9 mai). On ne peut pas en parler sans aborder le sujet de Lord Alajiman… Sera-t-il invité ?
Une invitation, ça ne se fait pas dans la presse. Officiellement ou officieusement, il sera invité. C'est sûr que moi, personnellement, je ferai ce pas-là. Le plus important, c'est que ce concert n'est pas un concert de retrouvailles. Mais, sans mauvaise foi, je pense qu'honnêtement, on en a déjà trop parlé. Il reste un frère, on le respecte et j'espère qu'il aura le temps d'être là.
Vous l'invitez en tant que spectateur ou il va prester avec vous ?
Le spectacle est déjà monté au moment où je vous parle (ndlr l'entretien a été réalisé hier).
Comment comptez-vous revenir dans le passé sans lui ?
Dès le début du concert, vous serez dans le futur qui vous montre le passé. Rendez-vous le 9, vous verrez.
Quels ont été les repositionnements d'un point de vue artistique suite à son départ ? Ecrire pour trois, ce n'est pas écrire pour deux… Notamment quand on partage le même rêve musical. Vous n'avez pas eu l'impression d'avoir perdu quelque chose ?
Pas vraiment. C'est vrai que d'y penser peut nous replonger dans des souvenirs parce qu'au moment de la scission, il s'est peut-être passé une période où on n'était que deux là où le public attendait trois personnes… C'est arrivé. Mais il ne faut pas oublier qu'historiquement, j'ai beaucoup travaillé avec Faada avant de rencontrer Alaji. Ça, beaucoup de gens ne le savent pas. On a fait trois à quatre années à s'accompagner avant de devenir un trio.
Après, si je me replonge dans mes souvenirs, je peux me dire que quelque part, ça a été une belle expérience de faire carrière à trois mais aujourd'hui, quand je regarde autour de moi, je ne vois pas deux ni trois personnes mais cinq à six avec moi sur scène. Donc le problème n'est pas là. Peut-être est-il dans les yeux des gens qui avaient l'habitude d'avoir un trio en face d'eux et se disent que c'est dommage ? Je le comprends mais, à notre niveau, ça fait bientôt huit ans qu'on est deux… Je pense qu'on a digéré ça. C'était une belle époque mais je ne sais pas si ça me manque ou pas. Ce n'est pas une bonne chose de ressasser le passé. On est en 2015 et rien ne nous ramènera ces années-là. Il faut avancer… D'où "Back to the future" ! Le passé, on ne l'oublie pas. On ne peut pas l'oublier. On aura beau faire, il est ancré en nous. Mais il faut aussi se projeter en avant.
Vous comptez, enfin, sortir un nouvel album intitulé "Foundation". Quels sont les piliers d'un point de vue artistique, éthique et idéologique ?
Les piliers sont la femme et les enfants. La femme parce qu'elle est la première architecte de l'Homme. On a utilisé une chanson populaire que la majorité des enfants connaisse pour leur dire qu'ils doivent compter, s'investir pour bâtir leur avenir. "Foundation" s'inscrit dans un cadre humain. On parle des bases qui font l'Homme. Les femmes et les enfants nous ramènent à l'éducation. Cet album est la continuité de l'école de la vie (ndlr en référence au dernier album de Daara J Family school of life). Il faut qu'elle évolue. Quand on termine ses études, il faut un métier puis fonder une famille. Dans cet album, on rend hommage aux femmes à travers le titre "African mousso". Dans "Xeet", on invite les gens à dépasser les clivages ethniques. Il y a aussi les titres "Breath of my life", "Rave evolution", "Sénégal", etc.
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BOXE: PACQUIAO-MAYWEATHER, ENFIN UN "COMBAT DU SIÈCLE" QUI MÉRITE SON NOM!
AFP - A eux deux, Manny Pacquiao et Floyd Mayweather cumulent vingt titres mondiaux et plus de 100 victoires: leur duel, samedi à Las Vegas, est une évidence, mais il a fallu plus de cinq années d'âpres négociations pour en arriver là.
Sans l'opiniâtreté d'un grand patron, sans un coup de pouce de la météo, le "combat du XXIe siècle" n'aurait peut-être pas eu lieu.
Organiser le choc entre Pacquiao et Mayweather n'aurait pourtant dû être qu'une formalité: ils sont les boxeurs les plus talentueux de leur génération et ont remporté leur premier titre mondial la même année, en 1998.
Au sommet depuis presque vingt ans, "Pac-Man", demi-dieu et député aux Philippines, et le sulfureux et richissime "Pretty Boy" (littéralement beau gosse), sont les rois du "noble art".
Dans le fouillis des fédérations internationales et catégories, ils sont deux des meilleurs boxeurs, selon le magazine spécialisé américain The Ring.
Dans le classement The Ring qui fait référence, Mayweather, 47 victoires en autant de combats, dont 26 avant la limite, est N.1, devant l'Ukrainien Vladimir Klitschko, le patron des lourds, et Pacquiao (57 victoires, dont 38 par KO, 5 défaites et deux nuls).
Mais leur affrontement a longtemps paru impossible à cause de rivalités de promoteurs et de diffuseurs et de solides inimitiés personnelles.
Caprice de la météo
En 2009, lorsque les premières négociations débutent, Mayweather et Pacquiao, alors encore invaincu et plus grande star que l'Américain, sont sous contrat avec le même diffuseur, la chaîne à péage HBO.
Mais ils ne parviennent pas à s'entendre, notamment sur le protocole des contrôles antidopage d'avant match. Mayweather accuse même Pacquiao de dopage, ce qui les conduira devant un tribunal pour diffamation.
Les choses se gâtent lorsque Mayweather devient son propre promoteur et rompt avec Bob Arum, puis quitte en 2013 HBO pour rejoindre son rival Showtime qui lui fait signer un juteux contrat de plus de 200 millions de dollars.
S'ils s'asticotent régulièrement sur les réseaux sociaux, ils semblent résignés à finir leur carrière sans s'affronter.
Jusqu'à ce que Leslie Moonves, grand patron du mastodonte audiovisuel CBS, maison-mère de Showtime, rencontre fortuitement dans un restaurant de Los Angeles Freddie Roach, l'entraîneur de Pacquiao.
"Il est ensuite venu plusieurs fois chez moi", a rappelé Bob Arum, promoteur du Philippin.
"Il est revenu à la charge à plusieurs reprises et nous a montré qu'il était prêt à tout: il voulait savoir quelle somme pouvait convaincre Manny de donner son accord", a-t-il poursuivi.
Mais l'élément déterminant est un caprice de la météo: une tempête de janvier qui a empêché Pacquiao de quitter Miami où il avait été... juré d'un concours de beauté.
Echange de numéros au basket
Grand amateur de basket-ball, il assiste à un match de l'équipe locale de NBA, le Miami Heat, où il croise Mayweather et lui parle pour la première fois. Ils échangent leur numéro de portable et promettent de se reparler. Mayweather le rappelle dans la soirée.
"C'est là que Manny a compris que Floyd était déterminé à ce que ce combat ait lieu", a rappelé Arum.
Le 20 février, le combat tant attendu, et aussitôt qualifié de plus rémunérateur de l'histoire, est officiellement annoncé.
Conscient qu'il joue à 36 ans sa dernière chance de toucher le jackpot, Pacquiao a accepté la répartition des gains avec 40% pour lui, contre 60% à son adversaire de 38 ans, déjà le sportif le mieux payé de la planète. HBO et Showtime se sont mis d'accord pour se partager l'énorme manne financière estimée à plus de 300 millions de dollars.
Mais tout n'est pas résolu: il aura ainsi fallu attendre dix jours avant "The Fight" pour que les deux parties trouvent un accord pour la répartition des 16.800 billets dont les plus chers se négocient à 10.000 dollars.
Mayweather se défend d'être obnubilé par l'argent: "Ce combat est très important pour moi et pour l'histoire de la boxe", a-t-il prévenu.
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UN SÉNÉGAL-MAROC CULTUREL
Première séance de "Gorée Cinéma" : Projection du film "Fièvres" du Marocain Hicham Ayouch, samedi sur la plage de Gorée – "Diiso Cinéma", une rencontre entre réalisateurs et journalistes spécialisés
(SenePlus.Com, Dakar) - Benjamin, 13 ans, est un petit soldat en guerre contre la vie, contre les adultes, contre lui-même. Tourmenté, écorché vif, il fait des allers-retours entre chez lui et le foyer depuis qu'il a cinq ans. Un jour, sa mère va en prison, lui révèle qu'il a un père. Pour Benjamin, l'objectif est simple : quitter le foyer. Alors quand les assistantes sociales lui donnent le choix, il décide d'aller vivre chez ce père inconnu.
Celui-ci, Karim Zeroubi, est un homme d'une quarantaine d'années, manutentionnaire à la mairie. Il vit chez ses parents en banlieue parisienne. Karim est un homme cassé, qui n'a jamais décollé de la cité, il se contente de vivre, ou plutôt d'attendre la mort. L'arrivée de Benjamin va complètement bouleverser sa vie…
Vous êtes au cœur de «Fièvres», le film du Marocain Hicham Ayouch, Étalon d’or de Yennenga lors du dernier Fespaco. Le film se déroule en banlieue parisienne mais, selon l’auteur, il "pourrait se dérouler dans n'importe quelle ville".
Pourquoi la banlieue, alors ? "En tant que conteur, la banlieue m'inspire, tout y est exacerbé, extrême, il y règne une violence, mais aussi une poésie et une immense envie de vivre, explique Ayouch. Les habitants de ces quartiers sont drôles, attachants et surtout très humains. Cette humanité est un beau matériel cinématographique, car elle est porteuse d'émotion, et en tant que metteur en scène, je ne tends que vers l'émotion."
Le réalisateur marocain de poursuivre : "L'histoire est naturaliste, mais j'ai décidé de prendre des partis pris très affirmés en terme de lumière avec beaucoup de contrastes et de couleurs vives. Le travail sur le décor a été réalisé dans cette optique, certains murs sont peints en vert, en bleu ou en rouge, ainsi chaque personnage a une couleur qui lui correspond. Enfin le travail sur le son et la musique repose également sur cette même volonté de contraste, l'idée étant là encore de réussir à emmener le spectateur dans un autre univers."
"Fièvres" sera projeté samedi soir prochain sur la plage de l’Ile pour marquer l’ouverture du festival "Gorée Cinéma". Un événement mensuel dont le but est "de réunir tous les mois, de mai à octobre, les acteurs du cinéma africain et panafricain, afin de favoriser échanges et innovations audiovisuelles".
Organisé en partenariat avec la mairie de Gorée, ce festival choisit de faire la promotion du cinéma africain en combinant projections de films et mise en valeur de l'existence d'une filmographie et d'une relève artistique sénégalaise et panafricaine.
Ce seront donc principalement les œuvres de jeunes artistes et réalisateurs, dont le regard s’est penché sur le continent africain, qui seront diffusées lors de ces projections mensuelles.
Les films des futures programmations seront le fruit d’une sélection effectué par le comité d’organisation du festival. L’inscription d’une œuvre est ouverte au public et le formulaire disponible directement sur le site www.goreecinema.com. Une fois sélectionnées, les œuvres pourraient bénéficier, en plus d'une projection publique, d'une plus large diffusion employant les nouveaux médias numériques.
La soirée d’ouverture de ce samedi se tiendra en présence d’Hicham Ayouch, de l’ambassadeur du Maroc au Sénégal, Taleh Barrada, du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, et du maire de Gorée, Augustin Senghor.
"Gorée Cinéma" souhaite aussi le renforcement, par le biais de la culture, des liens déjà solides entre le Sénégal et le Maroc. Pays de Cinéma, avec des infrastructures de haut niveau, des moyens techniques de pointe ainsi que des ressources humaines et financières conséquentes, le Royaume chérifien constitue un partenaire de choix pour faire émerger une industrie du cinéma au Sénégal où le talent et l’envie en ce domaine ne sont pas une denrée rare.
Une piste qui sera certainement explorée lors du "Diiso Cinéma". Une rencontre prévue samedi, en marge de l’événement, et qui réunira autour d’un déjeuner d’échanges et de discussions le réalisateur de "Fièvres", Hicham Ayouch, et des réalisateurs, des journalistes et d’autres acteurs du cinéma.
YOU MENACE DP WORLD
Dans la suite de l'entretien exclusif accordé à "Enquête", le président du groupe Futurs médias exige réparation du préjudice causé avec la destruction de son imprimerie d'une valeur estimée à 2,4 milliards de francs Cfa
Bigué Bob & Sophiane Bengeloun |
Publication 27/04/2015
Dans ce second jet de l'entretien que le Président du groupe Futurs Médias a bien voulu nous accorder, la multinationale Dubaï Port World en prend pour son grade. Youssou Ndour corse son discours avec force citations en wolof et menace celle-ci de réactions à la hauteur de "l'agression" si aucune réparation du préjudice subi- une imprimerie de 2,4 milliards Cfa endommagée- n'est faite. Il évoque bien d'autres sujets comme ses relations avec le Président Macky Sall, l'avenir de la presse telle qu'elle se pratique aujourd'hui, sa popularité mondiale etc.
On vous a entendu élever le ton dans le contentieux qui vous oppose à Dubaï Port World (DPW). Etes-vous dans la même logique de bras de fer ?
Oui, je suis dans la même logique. C'est moi qui ai retardé tout ça. C'est un projet de 20 milliards de francs Cfa qui concentre des centaines d'emplois. Et avec ce projet-là, je faisais une course contre la montre. Je voulais être le réalisateur du premier projet du PSE dans le domaine privé, après celui du Président Sall avec le centre de conférence de Diamniadio. Je voulais lui montrer que le secteur privé est là, derrière le PSE. Et aussi que moi-même je m'engage pour mon pays en créant des emplois et des opportunités. On ne l'a pas réussi parce qu'on n'a pas su inaugurer à temps. Je profite de l'occasion pour remercier tout le monde. J'ai eu de la sympathie venant des organisations, du CNP, du MEDES, de la CNES, d'amis du milieu. Bref de partout. Je pense aussi qu'on est tous d'accord que dans un pays, il faut un plan A, un plan B et toujours un plan C. Aujourd'hui, le plan A, c'est que tout le monde sait que ce projet est plombé et pourtant il doit démarrer. Il faut que les responsabilités soient situées. Deuxième chose, il faut discuter. Un cadre est en train d'être créé dans ce sens. Je crois qu'à partir de lundi, la direction du port avec le ministère de l'Industrie vont échanger. Ce n'est pas encore officiel mais je crois que cela se fera dès la semaine prochaine. Les gens vont se rencontrer pour d'abord situer les responsabilités. "C'est nous dans nous", mais il n'est pas question que les choses soient encore retardées. J'ai assez retardé les choses en tempérant, mais là vraiment, il faut que ça commence. La troisième chose, il faut que les gens sachent que nous sommes dans une économie libérale. Tout le monde a le droit d'entreprendre. Dans ce pays, il n'y a plus d'exclusivité. Certains ont dit que tout cela, c'est du sabotage. On prend cela au second degré. Mais quand même, il faut comprendre que c'est fini les histoires de monopole. Ce projet est très important. Personne ne peut dire que moi, je suis là depuis les années 60 et que tel secteur m'appartient. C'est clair et net, personne ne peut arrêter ce projet. La quatrième chose est que nous sommes des acteurs économiques de ce pays. Et comme on le dit, pour qu'un pays émerge, il faut des industries. Il faut que ces industries soient contrôlées à un certain niveau par les nationaux qui gagnent de l'argent ici pour que l'économie tourne. "Ken mënul daaneel futurs médias budul Yàllà. Su yaboo niu gëm Yàllà" (ndlr nul ne peut faire tomber futurs médias si ce n'est Dieu. Croyez en Dieu). Moi je suis chanteur, je suis venu dans le truc-là comme ça. Après, ça a évolué. Ce n'est plus que pour Youssou Ndour. Je n'accepterai pas qu'on fasse tomber cette entreprise. Dieu sait que depuis 12 ans, ce groupe de presse n'a fait que subir des pressions. On croit en Dieu donc on va continuer.
Jusqu'où êtes-vous prêt à aller dans ce combat ?
Je ne veux pas que cette bataille salisse la réputation de qui que ce soit. Je suis quelqu'un de très connu ici et à travers le monde. Je ne veux pas non plus que cela ternisse l'image de Dubaï Port World. On sait toujours où ça commence mais on ne sait jamais où ça se termine. Cela peut gâcher beaucoup de choses pour Dubaï Port World. Ils ne sont pas plus célèbres que moi. Moi aussi je peux en pâtir. "So daanalee massinu jambuur mu nekk sa responsabilité, nga nek kilifë bu maate, da nga koy regle. Daniu bëgg njuuj njaaj torop" (ndlr, quand vous endommagez le patrimoine de quelqu‘un et que vous savez que vous êtes fautifs, en dirigeant responsable vous devez régler le problème). Depuis l'installation du nouveau régime dans ce pays, on ne parle que de DP World. On ne parle que d'eux. Alors, il faut qu'ils arrêtent. Ce n'est pas une histoire de milliards ou d'autres choses. Ici, c'est le Sénégal, ça nous appartient, "amul naar, amul Saoudien, amul xaaliss, amul pétrole amul dara". On ne peut que nous tuer mais le Sénégal restera notre Sénégal. Il faut qu'au-delà du business et des stratégies, on fasse attention. DP World est un partenaire pour le Sénégal qui est là et qui travaille avec nous. Ils ne peuvent donc pas être là et mépriser les Sénégalais (sic). Devant ce genre de problèmes, l'entreprise devait s'organiser et voir comment réparer le dommage. Ils ne font rien dans ce sens et disent "nio ma eupeu doole. Non eupouniou ma doole. Yalla moo am doole". J'ai pris mon mal en patience du mieux que j'ai pu. Mais là, il faut régler ce problème parce que je ne peux plus attendre. "Niu ngi dee".
Futurs médias est en danger ?
Mais bien sûr. Ce projet, c'était pour plus de sécurité. La presse est en mutation. Nous, on s'est dit que si on entre dans l'industrie et qu'on y investisse, on pourrait montrer à ceux qui prédisent la mort de la presse que cette dernière est en train de faire des mutations. Une industrie de ce genre peut générer des milliards et des milliards au-delà même du Sénégal, surtout avec l'interdiction des sachets plastiques. Si cela marche bien, ça va consolider le groupe. Le papier ne se vend presque plus dans la presse. La télévision, ce n'est plus que dans le salon. Il y a maintenant les Smartphones. Avec ça, la presse va beaucoup perdre. Donc, il nous faut un plan B. Il faut vraiment que notre projet soit lancé. Ils font marcher leur entreprise, ils n'ont qu'à nous laisser faire autant avec la nôtre.
Vous avez un compte twitter et c'est instantané alors que vous êtes dans l'appareil d'État. Comment faites-vous pour contrôler votre communication ?
Chaque jour, je fais le point. Je ne veux pas être en contradiction avec l'État. Chaque fois que c'est un peu sensible, je vais vers le ministre des Affaires Etrangères. Je lui pose des questions et je me conforme après à ces conseils. Quand c'est quelque chose de personnel qui n'a rien à voir avec la machine d'État ou qui pourrait avoir des incidences sur celle-ci, j'interviens directement. Twitter est aussi un mode de communication extraordinaire. C'est moi qui gère mon twitter. Je suis très sollicité. Mais j'essaie quand même de ne pas être en contradiction avec l'État.
Votre notoriété sur le plan mondial ne fait-il pas d'ombre au Président Sall ?
Je vous dis sans détour que je suis plus connu que le président Macky Sall. Mais c'est lui mon patron.
Il n'est pas jaloux ?
Nooon ! Au contraire ! Sur ça, il n'est pas du tout jaloux.
Il n'envie même pas vos capacités vocales ?
Un jour, je lui ai demandé ce qui l'intéressait dans la musique. Il m'a dit qu'il était très attiré par le piano. Je lui dis qu'il devait prendre des cours de piano. Il m'a répondu qu'il lui fallait d'abord trouver du temps pour ça. Je veux bien l'aider à jouer au piano un jour et il interprétera l'hymne et je chanterais.
Comment voyez-vous votre avenir avec le Président Sall ?
Ça va continuer. Comme je l'ai dit, Macky Sall a été un ami, un compagnon avant qu'il ne soit président de la République. Je fais partie des premiers à avoir trouvé Macky Sall dans son salon alors qu'il était Premier ministre et en passe de devenir président de l'assemblée nationale avant d'être exclu pour lui dire : "Vous avez une responsabilité historique, prenez votre courage à deux mains." Après cela, on est resté très proche. On a travaillé ensemble. On est ensemble et je souhaite qu'après tout cela, on reste des amis. Sur la gestion du pays, on est d'accord sur presque tout. Même si des fois j'ai des critiques. Je suis un ministre conseiller, je les formule à l'interne. Pour mon avenir politique, moi je suis entré en politique par accident. J'ai senti un besoin d'une majorité des Sénégalais. Mon vrai combat, c'était pour que les autres dégagent. La stratégie que j'ai utilisée a été bonne parce que j'avais des chances aussi. Avant je parlais de l'histoire et d'un coup je faisais partie de l'histoire que d'autres raconteront. Mon entrée en politique n'était donc pas un besoin personnel. Maintenant je suis avec un Président avec qui je m'entends très bien. Je ne le gêne pas. Je ne crée pas de dualité. Tant que Macky Sall ne change pas de vision, je suis derrière lui. Je n'essaie pas de lui mettre des bâtons dans les roues et pourtant je peux avoir mes ambitions. Sur l'échéance qui est devant nous, que ce soit 2017 ou 2019, nous sommes avec lui. Je ne suis pas avec lui juste pour parler, je participe et cela au vrai sens du terme.
A quand la prochaine production de Youssou Ndour ?
Ça va sortir d'ici la fin d'année peut-être. Maintenant, il y a des choses à voir avant. Il y a l'international à prendre en compte etc. Mais en 2016, je suis prêt pour un autre album. Cela fait un moment quand même depuis Dakar-Kingston. Je ne peux vraiment pas aller au fond des choses pour l'instant quant à la composition de ce nouvel album. Je peux juste dire qu'il y aura un clin d'œil à la jeunesse.
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YOU S'EXPLIQUE
EXCLUSIF "ENQUÊTE" - Affaire Futurs Médias-Dp World, condamnation de Karim Wade, relations avec Macky Sall, agression de Mane Touré, ses projets musicaux…
Bigué Bob & Sophiane Bengeloun |
Publication 25/04/2015
Il n'y aura pas de grand bal à Bercy cette année, mais Youssou Ndour donne rendez-vous à ses fans pour un spectacle avant le début du ramadan. Dans la même logique, celle de faire plaisir à ses aficionados, il a prévu de sortir un nouvel album fin 2015 ou courant 2016. Il l'a fait savoir à EnQuête au cours d'un entretien. Elégant mais simple dans un grand-boubou bleu, vendredi oblige, il a reçu l'équipe dans ses bureaux aux Almadies. Refusant de parler d'autre chose que du nouvel album qu'il vient de lancer "Fatéléku 2" qui regroupe Abou Thioubalo, Amy Collé Dieng, Bouba Kirikou et Papa Laye Mbaye fils de feu Ndiaga Mbaye, il a fini par s'étaler sur divers sujets. C'est ainsi que le différend Futurs médias – DP world est abordé, l'annulation de la plainte contre des militants du Pds après l'agression de Mane Touré, ses relations avec Macky Sall ou encore la condamnation de Karim Wade.
Pourquoi "Fatéléku" ?
Depuis quelques années, les gens écoutent de plus en plus d'anciennes chansons. C'est un élan naturel. Pape Cheikh Diallo, par exemple, s'est fait connaître par ce style. Les jeunes s'intéressent tout d'un coup aux classiques et donc, reviennent s'appesantir sur ces chansons, sur la façon dont à l'époque les choses ont été formatées et ça, c'est le signe que le peuple attend quelque chose de plus quant à la création musicale. Cela, c'est quelque chose qui me parle énormément. Avec le recul, je pense que c'est bien vrai que quand tu ne sais pas où tu vas tu retournes d'où tu viens, comme on dit… Il y a quelque part un manque d'originalité aujourd'hui. C'est moins fort et les gens vont donc puiser dans le répertoire des années fastes de la musique sénégalaise pour trouver mieux. Dans un deuxième temps, "Fatéléku" c'est aussi, je pense, un moyen de faire aimer des mélodies qui sont chères à tous, marquant, chaque année, un temps d'arrêt pour se souvenir de l'histoire de la musique. Depuis ma rentrée dans le gouvernement, mon sentiment patriotique est exacerbé, ce qui me permet toujours de participer, certes à ma manière, à la consolidation des symboles de notre nation, comme le 4 avril par exemple. C'est donc quelque part pour poser un acte fort, un acte d'envergure, qu'est né ce projet de revenir sur des titres désuets. Les chanter, en retravailler les textes pour les remettre au goût du jour et, enfin, les produire est ma façon d'offrir un cadeau aux Sénégalais en cet anniversaire de notre indépendance. Avec Lalo Kéba Dramé et Ndiaga Mbaye, nous avons écouté, réappris, réécrit et réenregistré des chansons pour lancer un premier produit (NDLR : Fatéléku I) qui, à sa sortie, a été bien accueilli. Dans la même foulée, on s'est dit que cela pourrait être un produit annuel. De manière spontanée, nous nous sommes entendus le jour même du lancement pour continuer.
Cette année, ce n'est pas vous qui êtes sur le devant de la scène mais plutôt des jeunes que vous avez invités à participer à la réalisation de l'album. Pourquoi ce changement ?
Je pense que dans la musique, il faut toujours essayer de ne pas saturer son public. Cette année, je suis sur le point de sortir moi-même un nouvel album et je pense qu'il aurait donc été maladroit de faire de la promo à plusieurs reprises dans la même année. De plus, c'est un projet que je dirige mais que je ne considère pas pour autant m'appartenir. "Fatéléku" est quelque chose qui peut être utilisé comme premier jalon d'une idée similaire à celle des Resto du Cœur, en France. Les artistes pourront se relayer pour rendre hommage à ceux qui sont partis et même, au-delà, peut-être aussi venir en aide à d'autres qui, bien que toujours là, sont aujourd'hui incapables de subvenir à leurs besoins. On pourrait même pérenniser le concept en le transformant en association dans un futur proche… L'essentiel est que cela ne dépende pas uniquement de moi mais, au contraire, soit porté par des artistes qui croient au projet. Cette année, j'ai voulu amener de la fraîcheur en décidant que j'allais produire et non chanter. J'ai malgré tout personnellement travaillé sur les chansons comme si j'allais moi-même les chanter et chaque détail a été noté, réécrit, répété et réarrangé à ma façon… Du choix des gammes jusqu'aux maquettes. Quand je me suis rendu compte que faire le "Fatéléku" ne me permettait pas de sortir mon propre album dans la même année, j'ai fait appel à des jeunes que j'aime beaucoup et qui, quelque part, traversent des moments un peu difficiles par rapport à la promotion. Vous savez, un artiste peut être bon et sortir un excellent album sans pour autant que ça ne marche pour lui. D'où cette idée de faire appel à ces voix "oubliées" pour qu'elles puissent surfer sur la vague du "Fatéléku" et avoir une certaine visibilité… et pourquoi pas reprendre leur envol ?
Ces artistes ne sont donc que des interprètes ?
Oui. Quand je dirige un projet, c'est jusqu'au bout. Les artistes invités ont été interprètes au sens propre du mot et je pense que, quelque part, ça nous a aidés. Cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas d'idées mais, au moment de faire appel à eux, tout était prêt-àchanter, si on peut le dire ainsi. Je pense que leur avoir laissé la place était la meilleure solution.
Et ce n'est pas un peu intimidant pour des jeunes artistes de travailler sous votre direction ?
Peut-être. Il ne faut néanmoins pas oublier que dans la musique, comme dans toute chose, on doit faire preuve de diplomatie. Quand on est à la tête d'un projet, il faut se comporter d'une certaine manière parce qu'il y a des gens qui regardent vers vous mais mes collaborateurs, même s'ils sont de jeunes artistes, ne sont pas des "petits" pour autant. On peut n'avoir que deux ans de carrière et pourtant être pétri de talent donc il faut savoir comment parler avec eux et leur donner du respect, c'est-à-dire les "laisser vivre" avec la musique pour qu'au fur et à mesure, ils soient en mesure de prendre de l'initiative et s'impliquer dans les morceaux. Un autre aspect crucial est que les chansons ont été construites pour qu'on s'y succède à tour de rôle, comme cela se faisait dans le temps, avec les premiers qui chantent et les seconds qui font les chœurs et vice-versa… Ce qui fait qu'il y a eu une forte cohésion dès le départ. Tout le monde s'est senti impliqué et, de là, ça a été facile. Il est vrai que je dirige le projet mais il m'est souvent arrivé de m'effacer pour les laisser travailler seuls et les écouter aussi… Mais il est clair que la chose était déjà ficelée.
Etes-vous, en fin de compte, satisfait de la collaboration ?
Ah oui ! Extrêmement. Cela parce que, d'abord, ils m'ont eux-mêmes donné satisfaction et, ensuite, parce que je pense que c'est un bon produit. Il y a également le fait que la période soit bien tombée : aucun des artistes n'avait de grand projet en amont et donc ils ont vraiment pu surfer sur "Fatéléku" en terme de promotion en attendant d'autres initiatives individuelles. Je suis donc vraiment satisfait même s'il y a comme dans toute chose un point négatif. Comme pour tous les albums maintenant, on ne dispose pas de chiffres parce qu'on ne compte plus ce qui est vendu et, donc, on ne peut pas l'estimer. Quand on sort un album de nos jours, on l'entend à la radio et on le voit à la télé ou via le net, ça fait le "buzz" et tout mais on n'a aucun indicateur permettant de mesurer son impact ou son succès et ainsi savoir où l'on en est. Dans la rue, les CD piratés sont presque devenus la norme parce que les gens pensent que c'est ça qui est légal… C'est un regret unanimement partagé par les artistes, je pense.
"Fatéléku" fait l'apologie d'une certaine nostalgie et on sait qu'à l'époque tout était différent, jusqu'à la manière même d'enregistrer les morceaux. Est-ce qu'il y a quelque chose que la technologie actuelle n'arrive pas à répliquer et que vous auriez souhaité pouvoir retrouver dans cet album ?
La musique a évidemment vécu beaucoup de mutations. Quand les Féla Kuti et autres Manu Dibango démarraient dans la musique (à l'époque, j'étais très jeune), ils faisaient des chansons longues de quinze minutes. De quinze, la norme est passée à huit, puis sept… Moi-même, j'ai fait des chansons de sept minutes ! Ce qui s'est passé ensuite, c'est qu'il y a eu un formatage des morceaux tel que si tu dépassais les trois minutes trente, tu ne passais pas à la radio. Ce rétrécissement a amené les artistes à diminuer, faute de place, les envolées et les solos… Ce qui fait qu'on perd automatiquement certaines choses. Aujourd'hui, oser les vingt minutes, c'est n'avoir plus aucune chance de passer à la télévision ni à la radio, ce qui est bien dommage.
"Fatéléku" n'est-il pas l'occasion rêvée de repartir vers ces choses-là, alors ?
Si, mais tout en restant actuels parce qu'on veut être écouté. On essaie de surfer sur une vague nostalgique mais on veut être joués à la radio et, pour y arriver, il ne faut pas être long. Donc il n'y a pas vraiment de réponse.
L'année dernière, c'étaient des reprises de Samba Diabaré Samb, de Lalo Kéba Dramé et autres… Cette année, qui sont ceux qu'Ami Collé, Abou Thioubalo et Cie ont repris ?
D'abord, il y a la chanson de Ndiaga Mbaye intitulée "Âlimoul Khaïbé". C'est un morceau très connu même si on ne se souvient souvent que de la mélodie, que tout le monde connaît, et non du titre… Donc, du coup, je l'ai rebaptisé "Sëy", pour faire un clin d'œil aux difficultés que connaissent les couples. Après tout, nos chansons parlent toujours de notre société. Et donc, sur ce morceau, j'ai eu la chance de pouvoir enregistrer le fils de Ndiaga Mbaye qui commence sa carrière. Pape Laye est là depuis très longtemps et avait même envoyé des piques en disant qu'on ne l'associait pas aux projets ayant trait à son père. Pas plus tard que l'année dernière, par exemple, il avait fait une sortie dans ce sens pour se plaindre qu'on ne s'occupait pas du répertoire de son père… Donc, quand je l'ai croisé, je lui ai proposé de participer et on lui a demandé de reprendre la chanson de son père. Ça fait un choc agréable quand on l'entend. Ensuite, on est allé chercher une très ancienne mélodie Hal Pulaar dédiée à Cheikh Omar Foutiyou. Là aussi, il s'agissait de retravailler un hommage que la Umma Islamique a fait à l'endroit de Cheikh Oumar Foutiyou Tall. On a confié l'interprétation à un garçon connu pour la chaleur de sa voix, c'est-à-dire Abou Thioubalo. Après le grand succès qu'il a eu, il avait un peu disparu mais je sais que c'est un bon chanteur et je lui ai fait confiance… Le résultat est à couper le souffle. Puis, vient ce titre qui me tient particulièrement à cœur, "Sidi Anta Ndiaye". Il a été chanté par ma grand-mère Fatou Thiam Samb, en l'honneur de Serigne Cheikh Gaïndé Fatma, le père de Serigne Mbacké Sokhna Lo. Ce dernier à qui j'ai moi-même dédié une chanson, comme ma grand-mère avait à l'époque dédié un morceau à son père, mais à qui j'ai dit, quand je l'ai rencontré, que je ne pourrais jamais créer une chanson aussi belle que celle de mon aïeule. Je lui ai en tout cas assuré que j'en ferais une que personne ne pourrait surpasser, à savoir "Serigne Mbacké Sokhna Lo". Bref, "Sidy Anta Ndiaye" est une chanson que j'aime depuis très longtemps… C'est d'ailleurs l'une des seules où, si on écoute bien les bandes, on peut entendre le public de Sorano faire une ovation en plein milieu du morceau. Les gens s'étaient spontanément levés pour applaudir, ce qui est très rare et me fait toujours penser à l'époque Oum Kalsoum. C'est Ami Collé, une super voix qui a eu énormément de difficultés avec ses dernières productions, qui chante ce morceau. Enfin, il reste un morceau inédit. Quand on dit "Fatéléku", ça ne se traduit pas simplement sous le terme de "chanson" mais ça peut aussi se comprendre sous celui d' "histoire". J'ai donc écrit un morceau qui parle de la Casamance via deux sœurs, Aguène et Diambogne, et leur lien qui perdure malgré l'éloignement physique. Le morceau est interprété par Bouba Kirikou, accompagné de Mariama, celle qui chante avec Daby. Ce morceau parle de l'histoire et de la richesse de la Casamance et c'est vraiment une très belle chanson que j'avais chantée pour la première fois il y a de cela quelques années. Aujourd'hui, le morceau s'intitule "Welcome to Casamance". Comme vous le voyez, "Fatéléku" est un opus assez divers, assez varié.
Pourquoi la Casamance, tout particulièrement ? On sent que vous aimez cette région…
J'adore la Casamance, j'adore sa musique et j'y ai aussi des parents car un de mes arrière-grands-pères maternels repose à Sédhiou. J'ai toujours senti une proximité avec les gens de là-bas, j'y ai beaucoup d'amis et même des collaborateurs. Je l'ai visité de nombreuses fois et c'est une région qui n'est pas, à mon sens, assez magnifiée, que l'on parle d'économie, de chansons ou d'autre chose. C'est un grenier au vrai sens du mot… Et je ne parle pas d'agriculture.
Vous avez dit tout à l'heure que si "Fatéléku" est né, c'est parce que vous avez vu que certains animateurs, comme Pape Cheikh Diallo, jouaient souvent à l'antenne de vieilles chansons… Est-ce à dire que le Mbalax, aujourd'hui ne se fait plus comme il se faisait avant ? Sa composition a-t-elle fondamentalement changé ?
Je ne dis pas que la composition est en perte de vitesse… Comme j'ai essayé de l'expliquer tout à l'heure, les temps ont changé. Je ne sais pas quels sont les facteurs de cela mais le constat est que le Mbalax d'aujourd'hui est plein d'engouement mais peine à laisser des traces palpables dans la mémoire collective. Ce qu'on en retient, ce n'est pas grand-chose et cela, même si ça marche bien et que l'animation est là… Donc, on se rend compte qu'on vit à un tournant de l'histoire musicale où se fait sentir un besoin, pour les artistes, de revenir vers eux-mêmes, de se retrouver ou de marquer un arrêt sur image, peut-être, pour revenir à la création. On a vu des groupes comme le Xalam revenir sur le devant de la scène, c'est un signe ! C'est que le Sénégalais accorde aujourd'hui plus que jamais de l'importance à l'originalité, à la création ! Donc, il faut prendre ce qu'il y a de mieux dans chaque époque, lier le dynamisme d'aujourd'hui à la créativité d'hier… C'est de cela que va naître quelque chose de nouveau.
Pensez-vous que la génération Pape Diouf, Waly Seck a la chance de percer sur l'international avec le mbalax qu'il faut ?
Je l'ai toujours dit. Il y a deux voies à suivre. La première est celle de la musique locale, populaire. Cela se passe ici. Elle n'a pas beaucoup de chance d'être écoutée à l'étranger. Je vais revenir sur ma leçon d'anthologie du mbalax. Le mbalax aimé, adoré dont on m'appelle le roi est une superbe musique mais n'a pas de chance au niveau international vu ses rythmes, même si cela a une originalité extraordinaire. Mais ce n'est pas le "one". Ce n'est pas le standard international. C'est quelque chose d'original qui concerne une langue, un peuple et c'est une façon de faire qu'on peut adorer. Car quand un étranger voit un orchestre avec un danseur de mbalax il se régale. Mais si on le laisse seul avec l'orchestre, il se perd. Pour moi, la musique sénégalaise, ce n'est pas que le mbalax. Le mbalax est wolof. Au sud et au nord du Sénégal on a des sonorités riches. Avec ces dernières, on peut avoir la chance de s'imposer sur le plan international. Les Touré Kunda ont pu bien marcher parce que les rythmes du sud vont bien avec ceux standard. Baaba Maal vient du nord. Ce qui a marché chez lui, ce sont ces sonorités qui sont presque du reggae. Après on en vient à Youssou Ndour. Qu'est-ce qui a marché sur l'international c'est "seven seconds", etc. des chansons qui n'ont pas eu de très grands succès populaires ici. Donc, il y a deux voies à prendre. Il faut se battre pour servir du bon mbalax au niveau local. Cela demande beaucoup de travail. Et sur le plan international, il faut autre chose. Dès qu'on comprend ça, on peut s'en sortir.
Que pensez-vous de ces jeunes-là ?
Je pense qu'ils ont beaucoup de talent. A leur âge moi, je n'osais même pas regarder quelqu'un à plus forte raison parler. Mais on les voit à la télé, ce sont des stars. Ils n'ont pas de complexe. Ils ont du potentiel et de la fougue que j'aime beaucoup. Je pense qu'il faut qu'ils comprennent qu'il y a plusieurs chemins. On ne peut avoir les deux marchés avec un seul style. C'est quasiment impossible.
Concernant les habitudes d'écoute, avec le digital, ça passe vite alors qu'avec l'analogie, on prenait le temps d'écouter et de comprendre. N'est-ce pas un handicap ?
Même par rapport à la musique acoustique, roots et tout, la période analogique restera quand même gravée. Parce qu'avec la cassette, les bandes magnétos on entend quelque chose. Il y a quand même une chaleur qu'on a perdue et qui nous amène au digital mais qui nous donne énormément de possibilités. Ce sont des mutations et des choix qui sont parfois profitables mais qui nous font perdre beaucoup de choses. En studio, on enregistre avec une table qui a des lampes avec lesquelles on peut capter la chaleur du son, l'ambiance. Maintenant pour la distribution, il y a les appareils qui changent la donne. La création n'est pas seulement une volonté artistique. C'est aussi de l'économie. S'il n'y a pas d'argent dans la création, personne ne va plus créer. Tout le monde ira chercher autre chose. Quand nous sommes venus au ministère de la Culture nous nous sommes rendu compte que le modèle de lutte contre la piraterie mis en place n'était pas des meilleurs. Avec ce dernier, il allait être difficile de gagner le combat. Il y a des propositions au niveau international qui consistent à taxer les Smartphones et les appareils qui téléchargent la musique à un petit pourcentage. Ces taxes sont reversées en guise de droits aux artistes. C'est une manière de contrecarrer la piraterie. C'est un modèle qui marche bien. L'Algérie et le Burkina ont commencé à faire ça. Beaucoup de pays dont le Sénégal ont signé. Moi, je me bats aujourd'hui pour que l'Etat puisse ratifier cela et le faire. Si on arrive à régler le problème sur le plan économique, ça pourrait booster la création. La piraterie va tuer la création. Sur l'international, quand quelqu'un achète ton disque une fois, deux fois, à chaque fois que tu sors quelque chose, il achète. A chaque fois que tu joues, il vient. C'est éternel après. Malgré les mutations de ce monde-là, les gens ont quand même gardé cette relation affective avec les artistes. Ici, on a tendance à oublier très rapidement. D'où d'ailleurs le fait de reprendre quelques chansons anciennes. Quand je vois Doudou Ndiaye Rose entrer dans une salle et que tout le monde est là assis, je suis étonné. Moi, je me lève même si ce n'est pas son spectacle. C'est comme Stevie Wonder aux Usa ou Mohamed Ali quand ils entrent dans une salle où il y a du monde ; tout le monde se lève. Ce sont des choses importantes qui valent plus que l'argent ou toute autre chose.
Lors des soirées anniversaires des artistes, il y a beaucoup d'argent qui est donné publiquement. Ne pensez-vous pas que les artistes offrent un contre-exemple à la population ?
Cet argent, ce sont des formes d'encouragement. Sincèrement, les artistes aussi ont besoin d'être encouragés. Il y a des taxes à payer pour organiser des spectacles. J'ai demandé aux médias du groupe de les aider en signant avec eux des coproductions. Les chanteurs sont des entreprises. Il y a énormément de personnes qui comptent sur eux entre les instrumentistes et les danseurs. Ils doivent payer ces gens-là quand ils font des spectacles. Après ils font la publicité et ils vendent des tickets et les gens paient 5000 F Cfa. En 1987, quand je jouais au Thiossane, le billet était à 5000 F CFA. On est en 2015 et le prix du ticket est toujours le même. Il y a problème. C'est bizarre. Avant, quand je prestais, c'était la ruée vers moi. On venait me remettre de l'argent. Je peinais même à terminer mes chansons à cause de cela. Mais aujourd'hui, c'est moi qui donne. Ils viennent très rarement maintenant me donner de l'argent. Ils se disent peut-être que celui-là en a plus que nous.
Dernièrement, on vous a vus beaucoup soutenir les jeunes artistes. Seriez-vous en train de préparer votre retraite ?
Si c'est comme ça que je prépare ma retraite ! J'ai commencé depuis très très longtemps. J'avais une sono et je ne l'utilisais qu'une fois par semaine. J'avais un manager qui me disait qu'il fallait la louer le reste de la semaine. C'est ainsi qu'est née Saprom. Le gars tenait une comptabilité et à la fin de chaque mois, il me disait combien on avait gagné. C'est comme ça que j'ai eu un studio d'enregistrement. Et c'est comme ça que j'ai fonctionné avec mes inspirations. J'ai la possibilité d'aider mais je ne peux pas tout faire. On est une famille et un pays, on peut et on doit s'entraider. C'est ce que j'ai toujours fait. J'ai fait beaucoup de rencontres musicales dans ma carrière depuis Kassé. C'est vrai qu'aujourd'hui, après le temps que j'ai passé dans la musique, les gens ont le droit de penser à la retraite. Maintenant dès qu'on fait quelque chose, on pense directement à cela. Non, la musique reste ma passion. Il est vrai que je ne joue plus comme avant mais la musique reste ma passion. Et je ne pense pas que la retraite telle qu'elle existe dans les autres métiers puisse exister dans le nôtre. Je veux vivre l'art et pour cela, il faut donner l'art. Je suis dans mon univers où je vis des fois ma chanson à travers une autre personne. C'est extraordinaire. Alors non, je ne prépare pas du tout ma retraite.
Cela signifie-t-il que la musique constitue la plus grande priorité de votre vie ?
J'ai eu à faire beaucoup de choses dans la musique. Une fois encore, elle reste ma passion, mon métier et la chose la plus importante. Mais aujourd'hui, il y a d'autres priorités. J'ai certaines responsabilités au niveau de l'Etat. Même si on a élu une seule personne, on a été élu par ce pays pour notre engagement et d'autres choses. Je travaille pour mon pays. Ces 4 dernières années, j'ai plus travaillé pour mon pays que pour ma musique. Cela me plaît. Les deux vont ensemble. C'est vrai que quand on vous voit danser à la télé, on ne peut penser que cette même personne puisse décider pour vous. Mais telle est la volonté de Dieu. Je danse mais je suis aussi un des décideurs de ce pays pour l'instant. J'accompagne le Président Macky Sall qui me respecte énormément par rapport à mes idées, mes engagements, par rapport à ce que je représente et ce que je peux apporter au pays. Il me respecte et je participe énormément. Ce n'est pas la peine de dire maintenant ce qu'on a fait. Mais je participe et si je ne lui étais pas utile, je ne perdrais pas mon temps.
Comment voyez-vous votre avenir avec le Président Sall ?
Ça va continuer. Comme je l'ai dit, Macky Sall a été un ami, un compagnon avant qu'il ne soit président de la République. Je fais partie des premiers à avoir trouvé Macky Sall dans son salon alors qu'il était Premier ministre et en passe de devenir président de l'assemblée nationale avant d'être exclu pour lui dire : "Vous avez une responsabilité historique, prenez votre courage à deux mains." Après cela, on est resté très proche. On a travaillé ensemble. On est ensemble et je souhaite qu'après tout cela, on reste des amis. Sur la gestion du pays, on est d'accord sur presque tout. Même si des fois j'ai des critiques. Je suis un ministre conseiller, je les formule à l'interne. Pour mon avenir politique, moi je suis entré en politique par accident. J'ai senti un besoin d'une majorité des Sénégalais. Mon vrai combat, c'était pour que les autres dégagent. La stratégie que j'ai utilisée a été bonne parce que j'avais des chances aussi. Avant, je parlais de l'histoire et d'un coup, je faisais partie de l'histoire que d'autres raconteront. Mon entrée en politique n'était donc pas un besoin personnel. Maintenant je suis avec un Président avec qui je m'entends très bien. Je ne le gêne pas. Je ne crée pas de dualité. Tant que Macky Sall ne change pas de vision, je suis derrière lui. Je n'essaie pas de lui mettre des bâtons dans les roues et pourtant, je peux avoir mes ambitions. Sur l'échéance qui est devant nous, que cela soit 2017 ou 2019, nous sommes avec lui. Je ne suis pas avec lui juste pour parler, je participe et cela au vrai sens du terme.
Vous vous êtes battu contre un régime qui n'est plus là. L'un de ses membres en l'occurrence Karim Wade est en prison. Vous ressentez quoi ? De la joie ?
C'est une logique. Je n'ai jamais eu de mauvaise intention envers qui que ce soit, fût-il Karim Wade qui m'a accusé ici publiquement, jurant sur le Coran. Tout le monde savait qu'il mentait. Mais je ne lui en veux pas pour autant. Il est mon petit frère. Devant son père, je lui ai dit (il se répète) que je ne voulais pas qu'il rende compte comme ça. Il y a des témoins qui peuvent le certifier. Cela me fait mal de le voir là dans cette situation. Ça ne devait pas se passer comme ça. Mais il y a eu quand même une période qu'il ne faut pas occulter. C'est cette période où tout le monde a alerté et averti. La reddition des comptes faisait partie des demandes sociales. Macky s'était s'engagé sur cette question et il lui fallait aller jusqu'au bout. Aminata Touré a engagé le dossier Karim Wade et Habré. C'était dans une logique de satisfaire une demande sociale. La justice a fait son travail. Il y a eu l'annonce du verdict. Maintenant, ils vont ou ils ont fait recours. On attend. Ce qu'il faut retenir, c'est que désormais dans ce pays, qui gère doit s'attendre à rendre compte. C'est positif. L'OFNAC règle le problème de ceux qui gèrent actuellement. Maintenant voir qu'on mette des gens en prison, humainement c'est d'autres réflexions. Lors de ma dernière sortie, j'ai dit que j'appréciais l'attitude de l'autre camp, le Pds. C'est un peu plus calme, un peu plus réfléchi. Il n'y a pas eu de bagarres dans la rue parce que l'Etat a été ferme. J'aime cette ambiance pacifiste.
Le jour où le verdict est tombé, une de vos reporters, Mane Touré, a été agressée. Pourquoi avez-vous demandé au groupe Futurs médias et à la famille de Mane de ne pas porter plainte ?
Moi, je suis un manager. Manager, c'est déléguer et savoir choisir les bonnes personnes et les mettre à la bonne place. Il faut savoir aussi ne pas tomber dans l'émotion des fois et avoir une lecture froide de certains évènements. C'est cela le management. Il n'y a pas autre chose. Ce jour là, il y avait beaucoup de tension dans ce pays qui s'appelle Sénégal. Ce qui m'a poussé à faire cela, c'est que j'ai écouté les radios et j'ai entendu les gens parler. Je me suis dit : c'est un moment important. On peut tolérer des dérapages. Je me suis renseigné. Physiquement, il n'y avait pas beaucoup de problèmes. J'ai appelé la maman de Mane et je lui ai dit qu'il fallait mieux tempérer parce que les militants venaient d'entendre la sentence et ils étaient fébriles. Et il ne fallait surtout pas que ce problème soit transformé en un différend "Youssou NdourAbdoulaye Wade". Cela pouvait aller très loin et c'est ce que j'ai voulu éviter. Mane et sa famille m'ont vraiment prêté une oreille attentive ainsi que la direction. Je pense que c'était mieux parce que c'est dans la paix qu'on peut construire des choses. On ne peut pas aussi être la première radio de ce pays et ne pas échanger avec l'opposition la plus représentative. Ce n'est pas possible. Tout le monde connaît mon modèle. Je tends le micro à tout le monde. Donc j'ai calmé. Et je m'en réjouis.
C’est aujourd’hui que se tient le lancement de la première étape de ï, un nouveau concept du sport automobile. Ce sont des moments d’échanges et de partages des différents acteurs du secteur du sport automobile au Sénégal, mais aussi une vitrine pour conscientiser les acteurs sur la problématique de la prévention routière.
C’est ce samedi 25 avril 2015 que les organisateurs du Machine Game Style procèdent à la première étape qui consiste à la présentation du concept aux différents acteurs du sport automobile. Un événement dédié à Demba Dia, un grand passionné du sport automobile décédé.
C’est une occasion pour les adeptes de l’automobile de découvrir une nouvelle facette du sport automobile qui n’est pas aussi développée au niveau du Sénégal. Ce sera aussi un moment d’échanges et de partage entre les acteurs avec l’objectif de revaloriser le monde de l’automobile au Sénégal. Comme l’a, d’ailleurs, expliqué le président du comité d’organisation lors d’un point de presse tenu en prélude de cette journée du 25 avril.
«Cette première journée d’aujourd’hui va permettre au public de découvrir déjà le concept Machine Game Style qui a l’ambition de revaloriser le monde de l’automobile au Sénégal et de faire renaitre l’amour et la passion que les amateurs avaient pour les courses», a déclaré Oumar Diop.
Qui précise que «c’est une opportunité qu’on va saisir pour sensibiliser les conducteurs et tous les acteurs du secteur de la mécanique sur la campagne de prévention routière qui préoccupe la plus haute sphère des autorités du pays».
Ce sera la première étape de la grande journée prévue dans quelques mois et dédiée au défunt artiste Demba Dia, grand passionné du sport automobile sénégalais. Bachir Sy, membre du comité d’organisation, soutient que «toute la famille du feu Demba Dia prendra part à la manifestation, elle l’a donné son accord, ainsi que sa famille mécanique qui est actuellement engagée dans des courses au plan international.
Hilaire Chabi, un de ses proches collaborateurs annonce d’ailleurs que tous les amis de Demba Dia qui évoluent dans le milieu feront le dé- placement sur Dakar pour participer à l’événement». Mamadou Aladji Ly, un des parrains de l’événement, soutient que «l’initiative est à encourager, puisque ce n’est pas seulement l’aspect sportif qu’il faut retenir mais aussi le canal qu’il peut constituer pour véhiculer des messages surtout en ce concerne la campagne de prévention routière qui préoccupe les acteurs et les autorités du pays au plus haut niveau».
Les organisateurs ont tenu à saluer l’engagement de l’artiste Ndongo D du Groupe Daara J Family qui n’a cessé de leur apporter conseils et assistance pour la réussite de l’événement ainsi que le Collège pour l’animation et la fidélisation de l’électorat marron qui a grandement contribué à la réussite de cette journée.
Toutefois les organisateurs appellent les conseillers municipaux de Dakar ainsi que les ministères de tutelles à s’impliquer d’avantage dans le concept qui se dé- finit comme un cadre d’échanges pour la jeunesse et les foyers des établissements privés et publics. Rappelons que la grande journée de course, qui devait se tenir, a été renvoyée à une date ultérieure en raison des travaux qui ont démarré au niveau du pont de la Patte D’oie.
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DEMBA BÂ ET MOUSSA SOW REÇUS PAR MACKY SALL À ISTANBUL
Dakar, 24 avr (APS) – Le chef de l’Etat, Macky Sall, a reçu, jeudi, à Istanbul, les footballeurs sénégalais Demba Ba et Moussa Sow, tous les deux évoluant en Turquie, a annoncé la présidence sénégalaise.
Macky Sall a reçu les joueurs en marge de sa visite en Turquie sur invitation de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, précise le communiqué transmis à l’APS.
La même source souligne que le chef de l’Etat ‘’a particulièrement été marqué par l’aura et la notoriété de nos deux compatriotes chez les turcs y compris dans le milieu des hommes d’affaires et investisseurs’’.
EUMEU SÈNE - "MÊME AVEC UN MILLIARD, JE NE COMPTE PAS LUTTER AVEC YÉKINI"
Le "mercato" tout en "ngemb" que certains désirent dans l'arène est parti pour réserver toutes les surprises.
Sans doute pas dans le sens émis par la presse locale qui estime que les conditions sont réunies pour que le choc Eumeu Sène/Yékini ait lieu, avec comme organisateur de ce duel, le promoteur de lutte Gaston Mbengue, qui aurait, écrit-on, avancé de l'argent à Eumeu Sène. Mais le chef de file de Tay Shinger ne l'entend sans doute pas de cette oreille.
Il a confié à EnQuête : "Même avec un cachet d'un milliard de francs Cfa, je ne compte pas lutter avec Yékini."
Pour Eumeu Sène en exclusivité dans les colonnes de votre quotidien préféré, "toutes les projections de combats qui sont faites depuis quelques jours ne regardent que ceux qui les font", car lui, "n'a nulle part manifesté le désir de lutter avec Yakhya Diop dit Yékini".
Le tombeur de Balla Gaye 2 est formel : "Tout ce qu'on dit, qu'on distille pour me mettre la pression est totalement inutile."
Et de poursuivre : "Personne ne peut me pousser à m'engager dans une voie que je ne désire pas." "Aucun promoteur ne peut faire en sorte que je lutte avec Yékini, ni aujourd'hui, ni demain", insiste-t-il.
Et de dire avec un brin d'ironie que "les gens se reposent donc". Pour lui, son plan de carrière n'intègre pas Yékini, car "lamb boole wugnu" (traduction approximative : "ce n'est pas un choc que l'arène impose").
Quel est le moral d'Eumeu Sène, après sa victoire sur le "champion" de Guédiawaye, Balla Gaye 2 ? "Je m'entraîne tous les jours. C'est mon travail. Tout homme normal qui se réveille se rend au travail. Moi aussi, quand je me réveille, je vais à l'entraînement", dit-il.
Eumeu Sène est aussi largement revenu sur son dernier séjour en Gambie où il a été l'hôte de Yaya Jammeh.
"Je remercie le Président Jammeh. Il m'a bien accueilli. On était 35 personnes, il nous a logés dans un hôtel de luxe. Et il a ensuite formulé des prières pour moi", at-il dit.