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30 novembre 2024
Politique
LE DILEMME D'AMADOU BA
Après plus de deux mois de réflexion, l'ancien Premier ministre et candidat défait au scrutin de mars va lever le voile dans les prochains jours sur sa décision : rester dans la majorité présidentielle ou prendre ses distances ?
Que va faire Amadou Ba ? C’est la question que se pose l’opinion. L’intéressé s’est accordé deux mois de réflexion. Il est rentré au Sénégal et prévoit de rencontrer les médias. Va-t-il continuer à militer à l’Alliance pour la République (Apr), qui a œuvré pour sa défaite ou créer son propre partie ou mouvement politique ? Eléments de réponse.
Amadou Ba, candidat malheureux à la présidentielle, semble digérer sa défaite. Plus de 2 mois après l’élection, l’ancien Premier ministre a foulé le sol sénégalais avant-hier. La mine radieuse, il semble avoir une idée sur son avenir. D’ailleurs, un de ses proches, Pape Amadou Sarr, ancien délégué général de la Der, a annoncé hier sur la Rfm que Amadou Ba va animer un point de presse dans la semaine. L’ancien Premier ministre ne va surtout pas échapper à la question sur son avenir. En attendant d’y apporter une réponse, l’attitude de certains des membres de sa formation politique peuvent pousser les observateurs à écarter un retour à l’Apr.
En effet, sous la bénédiction de Macky Sall, le parti avait fortement contribué à la mise à mort de son candidat. A la veille de l’ouverture de la campagne électorale, le Pds, qui s’est resigné à rater sa deuxième Présidentielle, a porté le projet d’installation d’une commission d’enquête parlementaire devant faire la lumière sur une supposée corruption de membres du Conseil constitutionnel. Amadou Ba a été pointé du doigt comme le principal instigateur, ce qui aurait comme finalité l’éviction de Karim Wade sur la liste des candidats à cause de sa double nationalité. Contre toute attente, l’Apr apporte son soutien. Thérèse Faye Diouf n’avait pas hésité à attaquer son Premier ministre d’alors sous le regard approbateur de Macky Sall. Mame Mbaye Niang avait fait pareil. Les députés Abdou Mbow et Seydou Diouf s’étaient refugés derrière «la séparation des pouvoirs» pour approuver la décision. Amadou Ba, muré dans le silence, s’était fait remarquer en écartant tout problème avec Macky Sall, qui l’avait choisi pour représenter sa coalition Bby.
Avec la percée de l’opposition lors des Locales, confirmée lors des Législatives, le candidat de Benno bokk yaakaar savait qu’il devait rassembler au-delà de sa famille politique pour prétendre gagner la présidentielle, il constate la division dans sa formation politique. Comme si cela ne suffisait pas, Macky Sall acte le report du scrutin. La position de Amadou Ba l’empêchait de contester cette décision, mais en l’approuvant, il s’est mis à dos une grande partie de l’électorat, qui tenait au respect de l’agenda républicain. Coincé entre ses frères de parti, qui ne veulent pas de lui, et l’opinion, qui semble se rapprocher plus de l’opposition, Amadou Ba force son destin et décide de battre campagne. Ses soutiens dans le gouvernement démis de leurs fonctions et ses pourfendeurs promus, il sillonne le Sénégal, esseulé au point d’attirer l’attention de la presse. Il a fallu qu’il arrête sa campagne pour tirer les choses au clair avec Macky Sall avant que le Secrétariat exécutif national de l’Apr n’acte son accompagnement tout en précisant que le «choix de Amadou Ba comme candidat n’a pas fait l’unanimité au directoire du parti».
Macky Sall avait choisi ce moment pour faire sortir Sonko et Diomaye de prison après des échanges grâce à Cheikh Diba. En toute logique, Amadou Ba perd l’élection présidentielle. Cependant, l’homme a gagné au change. En effet, malgré tout cela, il a obtenu plus de 35% des suffrages valablement exprimés. En d’autres termes, Amadou Ba peut compter sur cet électorat pour son avenir politique. Va-t-il continuer à militer à l’Apr ? Pour quel avenir ?
En tout cas, il serait paradoxal que l’actuel chef de l’opposition accepte d’avoir un chef qui a oeuvré pour sa défaite lors de la présidentielle. Macky Sall, qui continue à diriger la coalition Bby depuis l’étranger, va-t-il céder les pouvoirs à Amadou Ba ? S’il le fait, quel va être le sort de ces personnes qui ont assumé leur position d’anti-Amadou Ba ? Pourquoi Amadou Ba prendrait-il le risque de continuer avec ces personnes ? Ou metre sur pied son parti ou mouvement politique ? Voilà, entre autres, ce que l’ancien Premier ministre va clarifier lors de sa prochaine sortie médiatique. Avec les législatives anticipées qui pendent au nez, Amadou Ba devra vite se décider s’il veut faire partie de la reconfiguration politique.
par le chroniqueur de seneplus, Jean Pierre Corréa
MULTIPLE PHOTOS
UN MERVEILLEUX BOUILLON DE CULTURE…S
EXCLUSIF SENEPLUS - Du 16 mai au 16 juin, Blaise Senghor est au faîte de la Culture urbaine et surtout…en fêtes. Parce que Dakar, avec ou sans Biennale mérite "Encounters" avec un éventail impressionnant d'œuvres au programme
Le monde des Arts du Sénégal est encore tout abasourdi du report de la Biennale de Dakar, du fait des lacunes du régime sortant qui avait jugé plus important de classer Monument Historique l’école primaire où Macky Sall avait fait ses classes, que de maintenir cette prestigieuse manifestation au niveau où des hommes et des femmes de notre pays, pétris de qualités humaines et artistiques, l’avaient élevée dans l’agenda mondial de la culture et des arts plastiques et visuels. Heureusement, aujourd’hui, des initiatives tendent à prouver qu’il ne serait pas si stupide de privatiser la culture, tant le milieu artistique sénégalais démontre à l’envi, sa turbulente vitalité et son joyeux bouillonnement.
Mais heureusement, pendant que certains avaient de « la fuite dans les Idées », d’autres s’amusaient à montrer qu’ils avaient de la suite dans les leurs, et ont pu à travers un collectif dynamique et inventif, nommé avec toute la fierté requise « Black Rock Sénégal », mettre en œuvre leur deuxième exposition de groupe au Sénégal, au nom évocateur d’Encounters, organisée par le Dr Jareh Das. Cette exposition sera présentée au Centre culturel Blaise Senghor du 16 mai au 16 juin 2024, dans un Centre culturel bellement rénové par Black Rock Sénégal.
Du 16 mai au 16 juin Encounters présente un éventail impressionnant de médias artistiques, comprenant la peinture, la sculpture, les installations, la photographie, la gravure, le dessin, le cinéma et le multimédia.
Chaque artiste participant à cette exposition a effectué une résidence à Black Rock Sénégal de 2022 à 2024.
Les œuvres exposées expriment l'engagement profond des artistes envers les grandes questions culturelles et sociales, illustrant des ères où pensées et actions entrent en collision, se contrastent, convergent et s'entremêlent.
L’exposition explore le travail d'artistes de différentes générations qui opèrent à l'échelle internationale et proviennent de divers horizons sociaux et culturels. Ils sont unis par leur passage au Sénégal, un lieu où chacun a pu évoluer et repousser les limites de sa pratique artistique hors de son contexte habituel. Nos intersections actuelles avec les arts visuels et les cultures—tant historiques que contemporaines—ainsi que les diverses théories et méthodologies, positionnent cette exposition comme une plateforme propice à de nouvelles collaborations dans les arts visuels. Elle favorise le croisement des différentes manières de penser, de créer et de réaliser dans le domaine artistique.
À propos de Black rock Sénégal
La résidence rassemble des artistes internationaux qui viennent vivre et travailler à Dakar, au Sénégal, pour des séjours de 1 à 3 mois. La mission de ce collectif ardent est de soutenir la nouvelle création artistique par le biais d'échanges collaboratifs et d'inciter au changement dans le discours mondial sur l'Afrique.
Le design composé de la Résidence Black Rock a été conçu par l'architecte Sénégalais Abib Diène avec une collaboration pour la décoration intérieure entre Wiley, Fatiya Diène, architecte et Aissa Dione.
Cette aventure est une invitation pour les artistes à s'engager avec les artistes sénégalais.
Venez découvrir ce résultat, saisissant de créativité enthousiaste et de générosité artistique, et promenez-vous sous de surprenantes cimaises et autres installations d’une étonnante diversité.
Ce 16 mai, la musique sera aussi en fêtes avec une scène où de célèbres DJ se produiront dès 20 heures dans un Centre Blaise Senghor, rénové et offert à l’esprit festif que seuls des arts visuels et plastiques savent encore offrir à nos émotions en quête de curiosités créatives.
À propos de Kehinde Wiley
Kehinde Wiley est un artiste visuel de renommée mondiale, surtout connu pour ses représentations dynamiques d'individus afro-américains et afro-diasporiques contemporains qui renversent les hiérarchies et les conventions du portrait européen et américain. Travaillant dans les médiums de la peinture, de la sculpture et de la vidéo, les portraits de Wiley défient et réorientent les récits de l'histoire de l'art, réveillant des problèmes sociopolitiques complexes que beaucoup préféreraient rester en sourdine. En 2018, Wiley est devenu le premier artiste afro-américain à peindre un portrait présidentiel américain officiel pour La Smithsonian National Portrait Gallery. L'ancien président américain Barack Obama a choisi Wiley pour cet honneur.
En 2019, l'artiste a lancé sa première sculpture publique à grande échelle à Times Square, New York, un monument équestre en bronze honorant l'héroïsme des jeunes hommes noirs en Amérique. Wiley est le fondateur et président de Black Rock Sénégal. Il vit et travaille à Pékin, Dakar et New York.
Du 16 mai au 16 juin, Blaise Senghor est au faîte de la Culture urbaine et surtout…en fêtes. Parce que Dakar, avec ou sans Biennale des Arts mérite ENCOUNTERS. Ne vous le faites pas raconter.
LES VÉRITÉS DU CONSUL GÉNÉRAL DE MARSEILLE
Abdourahmane Koïta fait le point sur ses missions et la situation des Sénégalais dans la ville phocéenne
Consul général du Sénégal à Marseille, Abdourahmane Koïta est passablement agacé par les révélations sur les retards récurrents de versement de l’indemnité dénoncés par certains agents de cette représentation diplomatique. Il s’inscrit en faux contre cela et annonce que les indemnités du mois de mai ont déjà été payées. Dans cet entretien, le Consul général fait le point aussi sur ses missions et la situation des Sénégalais à Marseille.
M. le Consul général, des membres du personnel expatrié de votre juridiction nous ont saisis pour parler de retards récurrents dans le versement de leurs indemnités de logement. Quelle est votre réaction ?
En ma qualité de Consul général du Sénégal à Marseille, j’ai souhaité apporter les précisions qui s’imposent pour la bonne information de vos lecteurs et des Sénégalais. D’abord, nous (personnel consulaire et moi-même) sommes très surpris de découvrir cet article de presse qui ternit l’image de notre institution à bien des égards, alors qu’il existe une procédure réglementaire beaucoup plus légale pour saisir l’autorité de tutelle. En effet, l’Administration est un sacerdoce et les règles sont très claires : en cas de manquement dans le fonctionnement, tout agent peut saisir la hiérarchie par voie, uniquement, administrative. Cette disposition réglementaire est encore beaucoup plus vraie en diplomatie, où on a l’honneur de venir représenter son pays dans un esprit de loyauté. Il est écrit à tort dans l’article que «les membres du personnel ont saisi la ministre de l’Intégration africaine et des affaires étrangères pour essayer de sortir de cette situation fâcheuse». Je précise n’avoir jamais reçu de lettre pour transmission à l’autorité supérieure sur les questions des indemnités de logement. Par ailleurs, je suis consterné de voir dans l’article qu’il est évoqué des retards de paiement alors que les indemnités de logement de mai 2024 ont déjà été payées par le payeur des consulats généraux en début de mois. L’auteur de cet article n’a certainement pas mesuré les conséquences de son acte. Il a vraiment été imprudent par ce geste qui salit, de manière injuste, le personnel consulaire et ternit l’image de notre ministère, ainsi que notre Administration. Votre informateur est sous le sceau de l’anonymat. Toutefois, une enquête administrative est menée pour situer les responsabilités et tirer toutes les conclusions nécessaires pour une Administration de qualité.
Comment sont gérées ces indemnités de logement, parce que dans leur document, ils parlent de versement mensuel à Marseille contrairement aux autres juridictions consulaires ?
Je précise que les questions relatives aux indemnités de logement sont encadrées par des décrets pour les agents en service dans les postes diplomatiques et consulaires. La procédure de gestion comptable est la suivante : le ministère de tutelle affecte des crédits à un poste diplomatique ou consulaire, le chef de poste, en sa qualité d’ordonnateur secondaire, établit un ordre de paiement pour les agents sous sa responsabilité et l’agent comptable des consulats généraux procède au paiement desdites indemnités de logement. Il convient bien de faire observer que les règles de la comptabilité publique sont très claires : l’indemnité de logement est mensuelle à la base. Sauf que pour des raisons de souplesse budgétaire, le payeur des consulats généraux peut faire un paiement de plusieurs mois à la fois par dérogation. Par ailleurs, je précise qu’il n’y a pas de traitement différencié pour les agents à Marseille par rapport à ceux des autres représentations consulaires du Sénégal en France. C’est l’agent comptable à Paris qui gère l’ensemble du personnel consulaire du Sénégal en France. Certes toute œuvre humaine est perfectible, mais nous travaillons avec l’agent comptable à Paris en bonne intelligence pour accompagner le personnel consulaire.
Est-il arrivé que des agents se soient retrouvés dans une situation où ils sont mis en demeure ou menacés d’expulsion par leurs bailleurs ?
Je n’ai pas connaissance d’une telle situation à Marseille. En tout cas, je n’ai jamais été saisi pour une mise en demeure ou une menace d’expulsion d’un agent consulaire qui serait liée aux versements des indemnités de logement. Au contraire, l’Etat du Sénégal, dans un souci constant de préserver son image à l’étranger, a consenti beaucoup d’efforts pour accompagner, en permanence, les agents en mission dans les représentations diplomatiques et consulaires. Je voudrais donc saluer les efforts financiers conséquents qui sont faits par notre Etat pour une diplomatie de qualité. Le Sénégal fait vraiment exception en Afrique subsaharienne pour avoir des représentations diplomatiques et consulaires dans toutes les régions géographiques du monde.
Au-delà de ces questions, si vous le permettez, quels sont les défis auxquels vous faites face à Marseille ?
Le Consulat général s’évertue au quotidien à faciliter l’intégration de nos compatriotes et accompagner les usagers de cette grande juridiction du bassin de la Méditerranée par une approche inclusive et participative, dans une logique de diplomatie de proximité. Par ailleurs, la diplomatie sénégalaise a un rôle essentiel à jouer pour attirer les investisseurs et faire la promotion de la destination Sénégal. A cet effet, il est important de cultiver une diplomatie économique et d’influence qui aura comme socle des représentations diplomatiques et consulaires de qualité répondant aux exigences de la nouvelle configuration géopolitique et du nouvel ordre mondial. Toutefois, pour réussir ces défis majeurs, il est extrêmement important et fondamental d’avoir une vision prospective de notre diplomatie sur un temps long, avec de nouvelles orientations. Un autre défi majeur à relever reste la cartographie de l’ensemble de nos compatriotes établis dans la juridiction et la dématérialisation des procédures consulaires pour plus d’efficacité. En effet, une juridiction est un territoire qui regorge de beaucoup de données. La mobilisation de ces ressources humaines et matérielles est nécessaire pour le développement et la mise en relation entre les compétences et les besoins. La diaspora regorge de compétences et d’expertise, malheureusement peu mobilisées pour le Sénégal. Il est important de revoir les questions sociales de nos retraités. Enfin, la coopération décentralisée, le marketing territorial et la dynamique des territoires sont un axe important pour le Consulat général.
Comment se porte la communauté sénégalaise dans la cité phocéenne ?
Elle se porte bien, avec un ancrage historique. On a une importante communauté sénégalaise établie à Marseille, avec une certaine diversité socioprofessionnelle et intergénérationnelle. Tous les secteurs d’activité sont représentés, avec des élus, des cadres, des techniciens, des ouvriers, des commerçants, etc., qui participent à l’économie du Sénégal par les flux financiers. Cette relation séculaire avec la cité phocéenne réside dans le fait que Marseille a toujours été la porte d’entrée des Africains en Europe. Rappelons que les villes de Marseille et Dakar sont jumelées depuis 1968 avec plusieurs domaines de coopération (la santé, l’éducation, la culture, l’urbanisme, etc.). En dehors de Marseille, nos compatriotes sont aussi très fortement établis dans des villes telles que Montpellier, Nice, Cannes, Toulon, etc. Et les autorités locales de ma juridiction consulaire saluent le comportement exemplaire de nos ressortissants.
HABIB SY ET AIDA MBODJ S’EFFACENT DE LA SCÈNE POLITIQUE
Préfèrent-ils rester dans l’ombre des tenants actuels du pouvoir ? Ou attendent-ils d’être rétribués à leur juste valeur ? Ils étaient très remuants avant la présidentielle alors que Sonko et Diomaye étaient en prison
Préfèrent-ils rester dans l’ombre des tenants actuels du pouvoir ? Ou attendent-ils d’être rétribués à leur juste valeur ? Habib Sy et Aida Mbodj, actifs et très remuants durant la période préélectorale, alors que Sonko et Diomaye étaient en prison, se sont effacés tout d’un coup de la scène politique après la victoire à l’élection présidentielle du 24 mars 2024.
Habib Sy et Aida Mbodj, tel un dôme de fer, protégeait «Le Projet», le temps qu’Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye sortent de prison. Tout au moins, le temps que Macky lâche du lest et libère ses adversaires les plus redoutables durant ses douze ans de règne.
Les deux sages, qui détenaient les rênes de la coalition «Diomaye Président», étaient ainsi sur tous les fronts : conférences de presse ; médiation ; définition de stratégies pour faire tomber le régime «aux abois» de Macky Sall ; manifestations ou actions d’envergure.
Ces deux leaders qui étaient donnés pour mort politiquement, se sont ainsi fait une nouvelle virginité politique en occupant le terrain en l’absence d’Ousmane Sonko et de son dauphin Bassirou Diomaye Faye, fortement adulés par les populations notamment les jeunes.
Il a fallu que Diomaye et Sonko sortent de prison pour que Habib Sy et Aida Mbodj s’effacent. Ils ont ainsi laissé ces derniers mener le reste du combat. En main de maitre, le duo «Sonko-Diomaye» a achevé le travail avec une campagne phénoménale et une victoire historique au soir du 24 mars 2024. D’aucuns soutiennent que Habib et Aida ont été oubliés ou zappés lors de la distribution des postes. Voulant rester fidèle à ses principes, Sonko a pris le soin de dire juste après sa nomination au poste de Premier ministre qu’il ne s’agissait pas d’un partage de gâteau. Mais force est de constater que la porte n’est pas encore fermée pour tous ces leaders qui peuvent être dans d’autres stations où ils seront plus utiles.
En plus, pour avoir été plusieurs fois ministres sous Abdoulaye Wade, et vu leur âge, il serait vraiment incongru de mettre dans le gouvernement Sonko I ces papys de la politique.
Avec leur expérience, il serait préférable de les mettre dans des postes comme celui de Président du Conseil Economique Social Environnemental (CESE) ou celui de Président du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT) afin de faire valoir leur sagesse politique au bénéfice du pays avec moins de pression. Mais cette hypothèse est à écarter vu que le nouveau régime n’a pas l’intention de garder ces deux institutions. A moins qu’il les supprime et en crée un nouveau, moins budgétivore et plus utile en termes d’impact dans la marche du pays.
Il faut noter également que l’un de ces deux sages, Aida ou Habib, pourrait, à l’image de Moustapha Niasse, se voir confier la présidence de l’Assemblée nationale. Mais il faudrait au préalable que le Parlement soit dissous et que la coalition présidentielle remporte haut les Législatives. Mais ce poste est également convoité par une Aminata Touré dont on ne pourrait rétribuer véritablement l’engagement aux côtés de «Diomaye Président» qu’à travers ce qui lui avait été privé sous Macky : le perchoir.
De riches parcours politiques
Par ailleurs, le silence d’Aida Mbodj et de Habib Sy peut s’expliquer aussi par une volonté de ne pas gêner le duo «Sonko-Diomaye» en action depuis le 2 avril dernier. Une manière pour eux de se concentrer et de consacrer exclusivement aux aspects politiques et politiciens de «Diomaye Président».
Aujourd’hui, la conférence des leaders de la coalition présidentielle a choisi Aïda Mbodj comme présidente en remplacement de Moustapha Bamba Guirassy, nommé ministre de l’Education. Lors de cette rencontre qui a vu la présence de la quasi-totalité des souteneurs de la coalition, le président de Pastef n’a pas manqué d’alerter ses alliés. «Nos adversaires ont perdu une bataille. Mais ils n’ont pas déposé les armes. Ce qui doit nous amener à multiplier les efforts pour réussir notre mission à la tête de l’Etat», avait-il prévenu. Une manière de dire que le combat politique est toujours de mise. Et Sonko doit certainement compter sur Habib et Aida qui ont été déterminants dans le combat qui a abouti à faire chuter le régime Macky Sall.
Il faut dire qu’Aida Mbodj est très expérimentée en politique. Recalée lors des parrainages pour la présidentielle, elle est restée cohérente dans sa démarche en restant opposée à Macky Sall. Elle est passée par les deux partis les plus historiques du pays en l’occurrence le Parti socialiste du Sénégal (PS) et le Parti démocratique sénégalais (PDS). Elle a été également maire de la ville de Bambey. En tant que député, elle a siégé dans quatre législatures différentes depuis 2007. Elle a même été Présidente du groupe parlementaire libéral et démocratie en 2016. Surnommée, la lionne de Bambey, Aida Mboj a été aussi à plusieurs fois ministres sous Abdoulaye Wade : ministre de la Femme, de la Famille et du Développement social, ministre de la Transformation alimentaire des Produits agricoles, … Aujourd’hui, elle préside l’Alliance Nationale pour la Démocratie/ And Saxal Liggeey. Un parcours politique assez riche profitable à la mouvance présidentielle.
Quant à Habib Sy, il a été Directeur de cabinet de Me Abdoulaye Wade ; ministre d'État, ministre des Infrastructures, de l'Équipement, des Transports terrestres et des Transports maritimes intérieurs ; ministre d'État, ministre de la Fonction publique, de l'Emploi, du Travail et des Organisations professionnelles, …
Il a été candidat à l’élection présidentielle avant de se retirer au profit de Bassirou Diomaye Faye
Avoir de tels profils politiques à leur chevet est une grande opportunité pour Sonko et Diomaye, jeunes, déterminés et fougueux, et qui feront face certainement à des situations qui nécessiteront les conseils de sages comme Habib et Aida pour les affranchir..
AYMEROU GNINGUE QUITTE LA MAIRIE DE MÉRINA DAKHAR
Après deux mandats à la tête de la commune, l'ex-maire annonce se retirer de la vie politique locale pour se consacrer à des actions sociales au sein d'une fondation
Réélu pour la troisième fois en 2022 à la tête de la collectivité territoriale de Mérina Dakhar, Aymérou Gningue vient de jeter l’éponge. Sa démission a été effectivement actée et c’est désormais Mme Thiara Sarr, la conseillère la plus âgée, qui assure l’intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau maire. Quant à Aymérou Gningue, désormais ex-maire de la commune, il a annoncé qu’il retourne à ses anciennes amours, en l’occurrence le social, à travers la mise en place d’une fondation.
Aymérou Gningue, président du Conseil d’administration de Petrosen, n’est plus le maire de la commune de Mérina Dakhar, dans le département de Tivaouane. Il a en effet démissionné de son poste «pour convenance personnelle». Dans ce cadre, il avait adressé une correspondance au ministre en charge des Collectivités territoriales depuis plus d’un mois et ladite démission vient d’être officiellement actée. « Après deux mandats pleins exercés à la tête de Mérina Dakhar, le premier en qualité de président du Conseil rural (2009-2014) et le second comme maire (2014-2022), j’ai estimé que le moment est venu pour moi de préparer la relève, au profit d’élus qui méritent parfaitement ma confiance dans la capacité à poursuivre les bonnes œuvres loyalement entamées à mes côtés», écrit-il dans sa lettre de démission.
En application des articles 92 alinéa 6 et 137 alinéa 1 du code des collectivités locales, Mme Thiara Sarr, la conseillère la plus âgée, par ailleurs vice-présidente du Conseil rural de 2009 à 2014, est désignée pour assurer l’intérim jusqu’à l’élection d’un nouveau maire, «dans les meilleurs délais».
Selon la note du sous-préfet de Mérina Dakhar, «ce choix s’explique aussi par la décision de la Cour suprême, dans son arrêt n° 61 du (?) décembre 2022 confirmant l’arrêt n° 42 du 28 avril 2022, qui a annulé le procès-verbal relatif à l’élection complémentaire des membres du bureau municipal à partir du premier adjoint, pour cause de non-respect de la loi sur la parité».
Natif de Nguiguiss, Aymérou Gningue a fait ses premiers pas en politique en 2005, à la demande expresse du Président Macky Sall, à l’époque Premier ministre du Président Abdoulaye Wade, du temps de l’épopée glorieuse du Parti démocratique sénégalais (PDS). C’est parce que justement il y avait un vide au niveau de la commune de Mérina Dakhar, totalement contrôlée par le Parti socialiste (PS), qui avait d’ailleurs encore occupé le fauteuil de maire, à la suite des élections locales de 2002, sous la bannière du CPC. Pendant ce temps, le leader local du PDS, le regretté député Mor Talla Diouf, avait pris la décision de quitter la barque libérale pour poursuivre son aventure politique avec Idrissa Seck, l’ancien puissant numéro 2 du parti, qui avait été exclu des rangs à la suite de démêlées politiques, avec son père putatif Me Abdoulaye Wade.
Son engament dans le PDS sera marqué en 2009 par une large victoire aux élections locales, ce qui a permis de détrôner le puissant socialiste qui détenait les rênes politiques de la collectivité. Et entre les deux tours de la présidentielle de 2012, il a décidé de rejoindre le candidat Macky Sall pour lui apporter finalement l’un des meilleurs taux en termes de contribution à la victoire.
En 2014, il a rempilé à la tête de la commune et en 2017, il est investi tête de liste départementale de Tivaouane de la coalition Benno Bokk Yaakaar, lors des élections législatives. A la suite de son élection à ces législatives, il deviendra pendant toute cette législature le Président du groupe parlementaire BBY. Depuis son engagement politique, il a raflé la commune pendant toutes les élections, mais sans pouvoir échapper au dernier vent du changement qui a soufflé dans le pays, un certain 25 mars 2024, actant du coup la survenue d’une nouvelle alternance politique. Mais force est de constater qu’il laisse ses empreintes sur le plan social, économique, culturel, sportif, dans une commune qui manquait de tout en 2009.
D’un taux de couverture de 5% en électrification rurale, la commune est aujourd’hui à plus de 92% et l’eau coule à flot dans l’essentiel des villages, avec la réalisation de 8 forages équipés de châteaux d’eau. Il s’y ajoute la présence massive de périmètres maraîchers qui permettent aux groupements de femmes de mener des activités génératrices de revenus, sans compter les pistes de productions, la boucle de désenclavement goudronnée, qui relie Kelle à Mérina Dakhar. «Je retourne à mes premières amours, en l’occurrence le social, en mieux l’organisant, à travers une fondation dénommée Ibra Kata pour le Développement du Kayor (FIKADEK), avec siège à Mékhé et dont les activités vont bientôt démarrer», précise le désormais ancien maire de Mérina Dakhar. Selon lui, « les prestations de la fondation viendront en appui et en accompagnement constants à la nouvelle équipe, dans le cadre des missions sociales et humanitaires qui sont les siennes».
Par Ismaila A. Guisse
LETTRE DE DEMISSION A L’ALLIANCE POUR LA REPUBLIQUE
Lorsqu’on apprend que le leader d'un parti fait la promotion de l’impunité, de l’injustice et de la médiocrité, lorsque ce même leader a contribué à l’échec de son propre parti aux élections, il est clair que je n’ai plus rien à y faire
Lorsqu’un parti est pointé du doigt du fait de la gestion scandaleuse du foncier national par les hommes de confiance du président, lorsque les rapports de l’OFNAC, de la Cour des Comptes et de l’IGE révèlent des fautes graves liées à la gestion des deniers publics et l’enrichissement illicite, lorsqu’on apprend que son leader avait préféré d’estampiller ses coudes sur ces rapports en refusant de les déclassifier en toute connaissance de cause, lorsqu’il fait la promotion de l’impunité, de l’injustice et de la médiocrité, lorsque ce même leader a contribué à l’échec de son propre parti aux élections, il est clair que je n’ai plus rien à y faire. Un peu plus de quatorze années d’engagement politique a l’APR, avec une collaboration uniquement politique d’autres responsables très engagés de l’APR Canada, au mépris de l’injustice que nous avons subie, je me suis efforcé de promouvoir les réalisations du président Macky Sall, de vulgariser sa vision du PSE à travers les médias et les réseaux sociaux, mais aussi d’assumer les conséquences des errements de son pouvoir et de ses proches collaborateurs, d’oublier ma propre personne pour maintenir l’unité du parti en dépit du manque de considération à l’égard de notre DSE, d’y colmater jour après jour des brèches béantes et des nouvelles stratégies suicidaires inspirées par le président, sa belle-famille et son entourage. Bien que je ne me sois en aucun moment impliqué ni dans la gestion des administrations ni du gouvernement du régime Macky Sall, je me sens concerné, préoccupé et leurré par les informations préoccupantes que les rapports des corps de contrôle ont publiquement révélées.
En conseil des ministres du 17 avril 2024, le nouveau président de la République Bassirou Diomaye Faye et son premier ministre Ousmane Sonko ont ordonné la publication des rapports sur les 5 dernières années de l’OFNAC, de la Cour des Comptes et de l’IGE. Ainsi, ces organes assermentes de l’Etat ont publié plus de 75 documents annuels explosifs révélant des fautes graves, conflits d’intérêts, entorses au code des marchés, infractions présumées pénales commises sur la gestion du fonds de riposte Covid durant les années 2020-2021 ; des nébuleuses affaires sur la délivrance des licences de pêche en violation du code de la pêche maritime par le ministère en charge des pêches, des scandales portant sur une grosse assiette financière allouée à des ministères, destinée à l’acquisition de vivres, de kits détergents, d’autres produits et prestations de services de transport dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid-19 ; des actes de gestion nébuleuse du patrimoine foncier au Sénégal dont le récent dossier de Mbour 4 et la Nouvelle Ville de Thiès. Il a fallu que tous ces rapports soient récemment déclassifiés pour comprendre les raisons pour lesquelles le président Macky Sall, qui était le seul et le premier destinataire de ces dossiers top-secret, avait préféré y poser son coude dans l’ignorance d’authentiques et fidèles militants.
Par ailleurs, les dernières décisions impopulaires prises par le président Macky Sall, à savoir l’amnistie de toutes les violences survenues en 2021-2022-2023, son implication personnelle et l’usage de tous ses moyens pour repousser les élections sous prétexte d’accusation de corruption qu’il impute à Amadou Ba et à des magistrats constitutionnels, ont plongé le pays dans l’incertitude et ont déstabilisé le dernier processus électoral au Sénégal.
À cela s’ajoute une situation de crise institutionnelle sans précédent, entre le Conseil constitutionnel, l’Assemblée nationale et le président de la République, que cela aurait pu engager le pays. De ces situations confuses, les sénégalais ont été incapables d’avoir une idée claire sur la vision et les programmes de tous les candidats à l’élection présidentielle. Sur le plan politiquement interne à l’APR, son discours adressé aux militants à New York le 21 septembre 2023 où le président Macky Sall disait qu’Amadou Ba était un candidat passable mais meilleur que les autres candidats de BBY (en wolof - « Si candidats Benno yeup, Amadou Ba mooy candidat bi si tané ») suivi de son abstinence et du sabotage pendant la campagne du candidat de BBy avec l’aide de ses responsables complices, m’ont permis de douter de la sincérité de son choix. Aux vues de tous ces éléments et après avoir mûrement réfléchi, j’ai pris la décision de démissionner et de quitter l’Alliance Pour la République à compter de la présente date pour devenir libre de tous partis politiques
Soucieux du développement de mon pays, je continuerai à m’y impliquer en m’appuyant sur son développement à travers mon mouvement « Sunu yitte », mais aussi sur mon expertise, mes ressources et mon réseau personnels. Ma priorité sera de continuer les actions sociales et économiques que j’avais initiées l’année dernière à Louga, ensuite je procéderai à l’élargissement de celles-ci au niveau national. Je vous remercie.
Ismaila A. Guisse est membre fondateur d’APR au Canada en 2009, ancien coordonnateur national en 2011- 2018, mandataire national de BBY lors des élections présidentielles et législatives de 2012, ancien coordonnateur-adjoint en 2018- 2024/05. Actuellement Président du mouvement « Sunu Yitte » / « Louga Sunu Yitte » Unis pour le Développement de nos localités
LES DÉFIS D'AIR SÉNÉGAL
Le pavillon national peine à assurer un service de qualité. Son recours fréquent à des appareils âgés et peu réglementés soulève de sérieuses interrogations sur la sécurité de ses vols. Une situation alarmante qui remet en cause la gestion de la compagnie
(SenePlus) - L'incident du 9 mai impliquant un avion affrété par Air Sénégal soulève des questions sur l'état de sa flotte et son recours fréquent à des appareils vétustes, mettant en évidence les défis auxquels la compagnie aérienne nationale est confrontée.
La sortie de piste d'un Boeing 737-300 de la compagnie privée sénégalaise Transair, affrété par Air Sénégal pour un vol vers Bamako, a fait 11 blessés parmi les 85 personnes à bord. Cet incident met en lumière les problèmes récurrents auxquels le pavillon national fait face en raison de son vieillissement de flotte et de sa dépendance croissante à la location d'avions auprès d'autres compagnies, souvent moins réglementées.
Selon Jeune Afrique, l'appareil impliqué, âgé de plus de 30 ans, avait été acheté neuf par la compagnie roumaine Tarom avant d'être retiré du service en 2022 pour être "hors d'usage". Pourtant, depuis mi-janvier 2024, il effectuait des vols réguliers pour Transair, une compagnie dont la flotte a un âge moyen de près de 29 ans, bien supérieur à celle d'Air Sénégal.
"En principe, une compagnie labellisée IOSA ne doit passer d'accord qu'avec des compagnies elles-mêmes labellisées, pour assurer un certain standard de qualité et de sécurité", a déclaré un expert de l'aviation à Jeune Afrique, soulignant que Transair n'est pas certifiée IOSA, contrairement à Air Sénégal.
Cette collaboration surprenante met en évidence les défis auxquels Air Sénégal est confrontée, avec des problèmes moteur récurrents et une pénurie de pièces détachées, qui l'obligent à louer régulièrement des avions auprès d'autres compagnies. Comme l'explique Jeune Afrique, "le 14 mai, c'est un A340-300 loué à la compagnie maltaise Hi-Fly de plus de 20 ans et son équipage qui ont effectué le vol entre Dakar et Paris en lieu et place des A330 de la compagnie".
Alioune Badara Fall, le directeur général d'Air Sénégal, a assuré que "cette collaboration qui ne date pas d'aujourd'hui se fait sous la supervision de la direction qualité" et que "tout est orthodoxe" dans le contrat avec Transair. Cependant, les raisons précises de l'incident du 9 mai restent à déterminer par le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA) sénégalais.
Un ancien pilote cité par Jeune Afrique penche pour l'erreur humaine, affirmant qu'"une panne inopinée, cela arrive, mais il est impossible de sortir ainsi de la piste dans des conditions normales". Il souligne que les procédures ont pu ne pas être respectées lors de la seconde tentative de décollage.
En fin de compte, cet incident met en évidence les défis majeurs auxquels Air Sénégal doit faire face, notamment le vieillissement de sa flotte et sa dépendance croissante à des appareils loués auprès de compagnies moins réglementées. Une situation préoccupante qui soulève des questions sur la sécurité et la qualité du service offert par le pavillon national sénégalais.
SONKO PLONGE DANS LE LITTORAL
Les nouvelles autorités semblent déterminées à mettre de l’ordre, arrêter l’hémorragie et récupérer ce qu’il reste des terres du Domaine Public Maritime (DPM) en proie à des prédateurs
Les nouvelles autorités semblent déterminées à mettre de l’ordre, arrêter l’hémorragie et récupérer ce qu’il reste, ou du moins ce qui peut l’être, des terres du littoral en proie à des prédateurs du Domaine Public Maritime (DPM). La mesure portant arrêt de tous les travaux de construction sur la corniche de Dakar et la bande des filaos de Guédiawaye, sur instruction du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, dévoilée le dernier week-end du mois d’avril dernier ayant suscité des polémiques non pas sur l'intention jugée «noble», mais sur la démarche, la légalité et la nécessité de l’encadrer, le gouvernement y met la manière en instituant, par arrêté du Premier ministre, une Commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification de tous titres et occupations du DMP dans la région de Dakar. Mieux, à titre conservatoire, il est décidé la suspension de toutes les constructions et autres travaux sur le DPM de Dakar, pour un délai de deux (02) mois.
Le nouveau régime passe à une vitesse supérieure dans sa volonté manifeste de mettre fin à l’occupation «illégale» du littoral dakarois. Par Arrêté n°006632, en date du 13 mai 2024 et signé le Premier ministre Ousmane Sonko, il a décidé de la «création d’une Commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les anciennes et nouvelles dépendances du Domaine Public Maritime (DMP) dans la région de Dakar». La mesure portant création de cette Commission dispose, en son Article premier : «il est institué, au sein de la Primature, une commission ad hoc chargée de procéder à la vérification de la légalité et de la conformité des titres délivrés et occupations faites dans les zones ciblées».
L’Arrêté, dans l’Article 2, définit l’organigramme de cette nouvelle entité. «Sous la présidence du ministre, Secrétaire général du gouvernement, elle est coordonnée par le ministre des Finances et du Budget. Son Secrétariat est assuré par le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement des territoires». Elle compte au moins une vingtaine de membres de plusieurs entités directement concernées par la question foncière et répartis en deux groupes de travail. «Sont membres de la Commission : trois représentants de l’Assemblée nationale ; un représentant du Conseil Economique, Social et Environnemental ; un représentant du Haut Conseil des Collectivités Territoriales ; trois représentants du ministère des Finances et du Budget (Impôts, Domaines, Cadastre) ; deux représentants du ministère de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire ; un représentant du ministère de l’Environnement ; un représentant du ministère de la Justice ; le Gouverneur de Dakar ; les représentants des Collectivités territoriales concernées ; le Directeur général de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation des Sols (DGSCOS) ; le Directeur général de l’Agence Nationale des Affaires Maritimes (ANAM) ; un représentant de l’Ordre des Avocats du Sénégal ; un représentant de la Chambre des Notaires ; un représentant de l’Ordre des Architectes du Sénégal ; un représentant de l’Ordre National des Géomètres Experts du Sénégal ; un représentant du Laboratoire National de Référence dans le domaine du Bâtiment et des Travaux Publics (LNR-BTP). La Commission peut s’adjoindre les compétences jugées utiles de toute autre personne. La Commission est composée de deux groupes de travail : groupe de travail 1 portant sur les aspects juridiques et techniques ; groupe de travail 2 portant sur les impacts sociaux et environnementaux», détaille le document.
A la fin de ses investigations, la Commission va produire un rapport destiné au chef de l’Etat. «Les travaux de la Commission devront être sanctionnés par un rapport qui sera soumis à la très haute attention du président de la République», informe la même source en son Article 3. En attendant, renseigne l’Article 4, «A titre conservatoire, instruction est donnée au Directeur général de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation des Sols, de procéder à la suspension de toutes les constructions et autres travaux sur les anciennes dépendances du Domaines Public Maritime (DPM) dans la région de Dakar, pour un délai de deux (02) mois, à compter de ce jours», note le présent arrêté dont le ministre, secrétaire général du gouvernement, est chargé de l’exécution et qui sera publié et communiqué partout où besoins sera (Article 5).
Une « réponse » aux préoccupations des spécialistes du foncier
L’Arrêté n°006632, «portant création d’une Commission ad hoc chargée du contrôle et de la vérification des titres et occupations sur les anciennes et nouvelles dépendances du Domaine Public Maritime (DMP) dans la région de Dakar», pris le 13 mai 2024 par le Premier ministre Ousmane Sonko, apparaît comme une réponse aux préoccupations d’acteurs spécialistes du foncier et juristes.
En effet, invité de l’émission «Sortie» sur la RTS1, le dimanche 28 avril 2024, l’architecte Pierre Goudiaby Atépa a annoncé que, sur instruction du président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, tous les travaux de construction sur la corniche de Dakar et la bande des filaos de Guédiawaye ont été arrêtés. Revenir sur le modus operandi pour l’appropriation privative du foncier du littoral par quelques privilégiés, dans des conditions scandaleuses, l’architecte déclare : «On l’achète à 2 450 FCFA le m2 ; on se fait octroyer un bail ; on prend le même terrain, on s’organise pour le faire déclasser et le transformer en titre foncier. Ils prennent ce titre, ils l’amènent à la banque. La banque leur donne l’équivalent d’au moins 1 million de FCFA le m2. Ils le revendent à 1,5 million le m2. C’est scandaleux», dénonce-t-il.
Une mesure qui sera confirmée par le Directeur général de la Surveillance et du Contrôle de l’Occupation des Sols (Dscos), le lendemain, lundi 29 avril dernier, puis par le gouvernement à travers une circulaire du ministre des Finances et du Budget adressée au Directeur général des Impôts et Domaines. Cette mesure de suspension des travaux, élargie à d’autres localités de l’intérieur du pays dont Mbour 4, sera validée par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, lors d’une visite surprise sur ce dernier site à Thiès, une semaine après. Cependant, la décision des nouvelles autorités avait suscité des réactions diverses chez des acteurs et autres spécialistes qui, tout en appréciant positivement l'intention jugée «noble», s’interrogent sur la démarche qui pose de sérieux problèmes quant à la légalité et l'équité de la mesure. D’où la nécessité de l’encadrer.
La privatisation du littoral, avec les constructions sur la corniche, a toujours été dénoncée par les citoyens. En 2020, les travaux de construction d’immeuble au pied du Phare des Mamelles avait soulevé l’ire de plus d’un, y compris les riverains et les défenseurs du littoral. Le promoteur qui brandissait un titre de bail datant du 9 avril 2020, avait été stoppé par la révolte du collectif «Touches pas aux terres du Phare des Mamelles», qui s’était érigé en bouclier contre la dégradation de ce site historique. Et face la forte pression, le président de la République d’alors, Macky Sall, en Conseil des ministres du 10 juin 2020, a donné instruction au ministre des Finances et du Budget, celui des Collectivités territoriales et au ministre de l’Intérieur de «veiller au respect des règles de gestion foncière au plan national…, la mise en place d’un ‘’Plan global d’aménagement durable et de valorisation optimale du littoral national’’ et de veiller, sur l’étendue du territoire, à l’application rigoureuse des dispositions du Code de l’urbanisme et du Code de la construction». Une directive présidentielle restée en l’Etat. D’ailleurs, alors opposant, Ousmane Sonko, avait déjà promis d’arrêter toute cette poussée vertigineuse de bâtiments le long du littoral, une fois au pouvoir.
Au-delà de la corniche, la façade maritime de Yoff à Tivaouane Peulh est également concernée par le fléau, notamment la bande des filaos de Guédiawaye. Ainsi, le jeudi 13 avril 2023, le sous-préfet de l’arrondissement des Almadies, Papa Serigne Niang, avait ordonné la suspension des travaux de construction sur le littoral de Diamalaye, à côté de l’arrêt des bus Tata, dans la commune de Yoff, pour absence d’autorisation de construire approuvée par l’autorité administrative et risques réels de troubles à l’ordre public liés à des menaces d’affrontements entre les habitants du quartier et le promoteur. De même, déclassée par le président Macky Sall, pour un programme dit «d’utilité publique», la bande des filaos de Guédiawaye a été morcelée en parcelles attribuées à des tiers, au grand dam des populations. L’Association pour la justice environnementale (AJE) a déposé un recours en annulation à la Cour Suprême du décret présidentiel portant déclassification de cette forêt côtière. La haute juridiction, lors de son audience du 25 avril 2024, a décidé d’instruire le dossier.
L'OMBRE TUTÉLAIRE DE MAMADOU DIA PLANE SUR LA NOUVELLE PRÉSIDENCE
Longtemps occulté, ce "premier souverainiste sénégalais" fascine aujourd'hui la jeunesse panafricaine et anti-impérialiste. Cette tendance à la réhabilitation de l'ancien président du Conseil transparaît jusqu'au plus haut sommet de l'État
(SenePlus) - La figure de Mamadou Dia, président du Conseil de 1960 à 1962 avant d'être écarté du pouvoir par Léopold Sédar Senghor, connaît un regain d'intérêt ces dernières années, notamment auprès de la jeunesse. Depuis son élection à la présidence le 24 mars dernier, Bassirou Diomaye Faye, connu pour être un admirateur de Dia, semble vouloir s'inscrire dans l'héritage de cet homme politique emblématique, selon une analyse du site d'information Afrique XXI.
"Vous avez devant vous un diaïste convaincu !", s'exclame Ousmane Barro, militant du parti présidentiel Pastef, cité par Afrique XXI. Le siège même du parti à Dakar porte le nom de "Keur Mamadou Dia" (Maison Mamadou Dia) en hommage à celui qui incarna, l'espace de deux ans seulement, les aspirations d'indépendance réelle et de développement autocentré du Sénégal.
Si la jeunesse se réapproprie aujourd'hui Mamadou Dia, c'est que ce "premier souverainiste sénégalais", selon les termes d'Ousmane Barro, symbolise la lutte contre le néocolonialisme et pour un "développement par en bas des campagnes". Son programme d'"animation rurale" et de "politique autogestionnaire", inspiré du socialisme, l'avait rapidement mis en porte-à-faux avec les élites locales, de l'establishment politique aux marabouts mourides impliqués dans l'économie de l'arachide.
Arrêté en 1962 après une violente crise institutionnelle, Mamadou Dia fut condamné au bagne à Kédougou. Libéré en 1974, cet homme "réservé" et "rigoureux", décrit par Afrique XXI, continua d'influencer une partie de la jeunesse sénégalaise, attirée par ses idées réformistes en matière agricole et religieuse.
"Toutes ses réflexions sur le réformisme islamique, la revivification d'un message religieux de combativité sociale [...] intéressent de nombreux jeunes", souligne ainsi Dialo Diop, un dirigeant de Pastef cité par le média en ligne.
Au-delà de Dia, c'est "tout un pan de l'histoire" anticoloniale et contestataire du Sénégal qui resurgit aujourd'hui, des grèves cheminotes de 1947 immortalisées par Ousmane Sembène aux luttes syndicalistes marginalisées par le régime postrévolutionnaire. "À travers Mamadou Dia, c'est tout un pan de notre histoire qu'on soulève et redécouvre", se réjouit Ahmadou Djibril, jeune militant cité par Afrique XXI.
Cette soif de réhabilitation historique transparaît dans le programme de Pastef, qui promeut une "éthique du travail" et "la nécessité de démarchandiser la politique", autant de principes chers à Mamadou Dia. Si celui-ci a incarné un temps les espoirs d'émancipation du Sénégal postcolonial avant d'être écarté, son autoritarisme envers les franges radicales lui a aussi valu des inimitiés durables. Mais pour la nouvelle génération au pouvoir, brandir l'étendard diaïste semble désormais un moyen de se démarquer d'un "récit national lissé" et d'inscrire son action dans l'héritage historique des luttes pour l'indépendance réelle.
L’INSTINCT DE SURVIE
La victoire du duo Diomaye-Sonko a reconfiguré le système politique sénégalais en ouvrant l’ère des grands pôles qui semblent se constituer avant les prochaines élections législatives.
La victoire du duo Diomaye-Sonko a reconfiguré le système politique sénégalais en ouvrant l’ère des grands pôles qui semblent se constituer avant les prochaines élections législatives. Le camp libéral-démocrate, à l’instar du PS, veut peser sur l’échiquier politique face à la déferlante Pastef qui entend assurer sa suprématie sur la scène politique sénégalaise.
Les défis des retrouvailles libérales-démocrates
La volonté de retrouvailles de la grande famille socialiste va rebattre les cartes politiques dans le landerneau sénégalais. Depuis la perte du pouvoir, les libéraux démocrates semblent être encore dans l’expectative, anesthésiés par l’avènement du duo Sonko-Diomaye.
Toutefois, ils pourraient surfer sur le travail de regroupement de la grande famille libérale autour de l’APR déjà entamé par Macky Sall, après le 1er novembre 2020, avec la majorité élargie réunissant le Parti libéral démocrate (PLD/Suxali Sénégal), l’Union des centristes sénégalais (UCS), Bokk Gis Gis, le Parti démocratique sénégalais (PDS) et LDR/Yessal, entre autres. Puisque Macky Sall ambitionnait, sur la fin de son règne, de réaliser le dessein de Me Wade qui voulait que les libéraux restent au pouvoir pendant 50 ans.
Le patron de l’APR a pu intégrer plusieurs cadres libéraux comme Ousmane Ngom, Mahmout Saleh, Me Amadou Sall, Farba Senghor, Oumar Sarr au sein des instances de la majorité présidentielle. La perspective des élections législatives anticipées devrait reconfigurer tout l’espace politique sénégalais. La crainte d’un raz-de-marée de la coalition DiomayePrésident, lors de ce scrutin, pourrait pousser beaucoup de partis à aller vers des regroupements politiques et la constitution de grands pôles.
Toutefois, l’ancien parti au pouvoir reste confronté à des risques d’implosion, avec le cas Amadou Ba qui pourrait remettre en cause cette volonté de retrouvailles de la famille libérale. De possibles querelles entre les “légitimistes” autour de Macky Sall et des “réformateurs” derrière Amadou Ba peuvent affaiblir cette alliance libérale-démocrate.
Les enjeux pour les différentes formations politiques
Néanmoins, plusieurs scénarios peuvent se dessiner à l’aune de cette nouvelle ère politique.
En effet, le choix du PDS de soutenir le candidat de Pastef à la Présidentielle répond à un désir de la formation du Sopi d’assurer sa survie politique. Le PDS, qui était en froid avec le candidat de BBY Amadou Ba, accusé d’avoir comploté avec deux magistrats du Conseil constitutionnel pour écarter son candidat Karim Wade, pourrait s’éloigner de toute forme d’alliance avec l’APR.
Sur ce, les libéraux pourraient craindre aussi d’être happés par le sentiment de rejet de l’APR qui a bouclé 12 ans de règne à la tête du Sénégal.
Par ailleurs, la percée de Pastef dans ses fiefs historiques (Mbacké, Kébémer, Pikine et Kaolack) peut inciter Karim et ses frères de parti à rechercher une nouvelle alliance avec la coalition DiomayePrésident. D’autant plus que les bons résultats de Wallu au sein de l’intercoalition YAW-Wallu lui ont permis de s’arroger une vingtaine de députés au sein de l’hémicycle en juillet 2022.
Le PDS, qui a en ligne de mire la Présidentielle de 2029, est bien décidé à peser sur l’échiquier politique en conservant son noyau dur de députés qui lui assure d’être au centre des tractations politiques à l’Assemblée nationale.
De ce fait, le choix du PDS de faire alliance avec le nouveau régime pourrait s’avérer crucial dans l’optique de la réalisation d’un grand pôle libéral-démocrate.
Par ailleurs, toute défection du PDS et des partis politiques alliés au sein de Wallu est aussi susceptible d’affaiblir le camp libéral-démocrate.
Perspectives d'alliance et de renouvellement
Pour Moussa Diakhaté, responsable à Bokk Gis Gis, cette alliance est une obligation pour la grande famille des libéraux démocrates, s’ils veulent continuer à compter sur la scène politique. ‘’Nous sommes à l'ère des grands pôles. Le PS est en train de bâtir un grand pôle de gauche. Nous (libéraux et démocrates) devons aller vers des concertations et évaluer des pistes de réflexion pour constituer un bloc libéral. La semaine dernière, 49 formations libérales et démocrates, parmi lesquelles on peut citer Rewmi, LDR/Yessal, Bokk Gis Gis, se sont réunies pour discuter des moyens d’aller vers cette voie’’, affirme le député.
D’après le porte-parole du parti de Pape Diop, ce rassemblement des partis libéraux et démocrates ne se fera pas avec le PDS qui, depuis la Présidentielle, assume son appartenance à la mouvance présidentielle.
L'absence d’unité des libéraux pourrait ouvrir la voie à une large voie à la coalition DiomayePrésident qui compte sur ce scrutin afin d’obtenir une forte majorité au Parlement.
Joint par Téléphone, Abdou Mbow, porte-parole de l’APR, a indiqué que son parti a toujours travaillé dans ce sens, mais que pour l’heure, la priorité est à la remobilisation des militants. ‘’Nous travaillons sereinement à faire l’évaluation des dernières élections. Et nous n’excluons pas de travailler avec nos frères libéraux et démocrates dans le sens d’une grande alliance politique’’, soutient le président du groupe parlementaire Benno à l’Assemblée nationale.
Cette perspective d’une alliance libérale-démocrate pourrait constituer une voie de salut du mouvement libéral qui tentera de résister à la déferlante Pastef, lors de ce scrutin. Un moyen aussi pour l'APR et ses alliés de limiter une possible déconfiture qui suit généralement toute perte du pouvoir et de s’arroger ainsi un second souffle politique en vue de la Présidentielle de 2029.
L’ère des grands pôles pourrait aussi ouvrir la voie à un possible renouvellement générationnel de la classe politique sénégalaise. La débâcle des candidats expérimentés comme Khalifa Sall et Idrissa Seck est aussi susceptible d’ouvrir la voie à de nouveaux leaders porteurs de nouveaux projets politiques.