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30 novembre 2024
Politique
AFFECTATION À L'IFAN : LE SUDES RÉPOND AU SAES
Les éléments de la cinquième colonne essayent de détourner l'attention des véritables problèmes de gouvernance à l’UCAD. Ils montrent ainsi leur volonté de servir des intérêts crypto-personnels plutôt que ceux de la communauté universitaire - COMMUNIQUÉ
La section UCAD du SUDES/ESR dénonce une tentative de contournement illégal des procédures pour caser un ancien ministre à l'IFAN. Face aux "allégations fallacieuses" du Saes, elle réaffirme ses valeurs d'éthique et de défense des règles universitaires, à travers le communiqué ci-après :
"HALTE À L'OPÉRATION « SAUVER LES TRIPATOUILLEURS» DE TEXTES À L'UCAD !
Cher.e.s Camarades,
Dans une missive adressée à nos estimés collègues de l'UCAD, l'équipe dirigeante d'un syndicat, qui à notre grand regret, s'est positionné comme la cinquième colonne, a tenté de discréditer et de saboter la vive protestation de la section UCAD du SUDES-ESR contre la manœuvre du recteur pour caser un ancien ministre à l'IFAN en violation du décret 84-1184 du 13 octobre 1984.
Les auteurs de cette missive devraient avoir honte de qualifier de « rumeurs persistantes » et « d'informations non fondées » les faits que nous avons révélés et qu'ils n'hésitent pas, par ailleurs, à reprendre à leur compte.
La section UCAD du SUDES-ESR rappelle à la communauté universitaire les constantes factuelles de cette velléité d'instaurer à l'UCAD une exception de privilèges accordés à un enseignant alors que tou.te.s les enseignant.es, quels que soient leur rang, leur titre et leur grade sont d'égale dignité devant les textes de l'université.
En effet, les propos du porte-parole du recteur contradictoires à ceux de M. Ismaïla Madior Fall qui lui-même reconnaît avoir introduit une demande d'affectation à l'IFAN où il serait plus utile, pense-t-il, montrent à l'évidence que ces collègues syndicalistes avec leurs allégations fallacieuses et apocryphes dans cette affaire se sont fourvoyés. De plus, au nom de quelles règles et de quels usages, le recteur de l'UCAD prend-il les devants pour consulter le directeur de l'IFAN sans qu'il y ait de demande formelle comme l'a indiqué son porte-parole ? C'est cette immixtion tout autant incompréhensible qu'illégale du recteur dans un processus pourtant régi par des textes qui a alerté la section UCAD du SUDES/ESR. La procédure courait effectivement le risque d'être conduite illégalement. Les pseudos avant-gardistes n'ont visiblement pas vu venir la manigance ou s'en font complices de bonne foi.
En outre, quant à la prétendue politisation des enjeux universitaires, il est difficile de ne pas voir l'hypocrisie dans une telle déclaration. En accusant la section UCAD du SUDES/ESR de soulever des « délits d'opinion» et en préjugeant du caractère politique de sa protestation, les éléments de la cinquième colonne essayent de détourner l'attention des véritables problèmes de gouvernance à l’UCAD. Ils montrent ainsi leur volonté de servir sans discernement des intérêts crypto-personnels plutôt que ceux de la communauté universitaire.
La section UCAD du SUDES-ESR se félicite d'avoir tenu sa traditionnelle ligne de lutte et de défense des valeurs et de l'éthique professionnelle liées à la fonction d'enseignant et de chercheur sans partisanerie syndicale. Elle ne saurait transiger avec le louvoiement et la tortuosité syndicale.
En conséquence, la section UCAD du SUDES-ESR voudrait :
1. Exhorter l'ensemble de la communauté universitaire à rester solidaire pour faire barrage à toutes manœuvres illégales visant à déroger aux règles et procédures de notre université.
2. Inviter tou.te.s les camarades, quelle que soit leur affiliation syndicale à signaler toutes violations avérées ou présumées des textes de l'UCAD dont ils/elles ont connaissance.
3. Prier le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation de bien vouloir rappeler au recteur de l'UCAD dont le mandat arrive très bientôt à terme les principes élémentaires de bonne gouvernance."
par Ousmane Sy
BOUBACAR BORIS DIOP ET LES LANGUES : TOUT N’EST PAS FICTION
EXCLUSIF SENEPLUS - La lettre ouverte co-écrite avec Ngugi Wa Thiong'o laisse entrevoir une tendance sous-jacente à la hiérarchisation des langues sénégalaises, avec une mise en avant du wolof
Il est très difficile pour un passionné de lecture de résister à la plume et au style ô combien soignés de Boubacar Boris Diop. Lire cet homme procure un plaisir immense tant son cocktail est savamment bien dosé. Au-delà de ce style soigné et très souvent hautement intellectuel, il est naturel qu’on ne partage pas des fois ses positions, ses angles d’attaque et conséquemment ses conclusions.
Si la première partie de cette lettre a été dithyrambique à l’égard du destinataire, ce qui en fait peut relever d’un engagement politique, la seconde partie, par contre pose problème. Cette partie qui traite de questions et de planification linguistiques est à approfondir et à améliorer du fait qu’elle comporte en certains endroits des légèretés.
Au paraitre, elle serait bien teintée de subjectivités qui altèrent la rigueur scientifique et linguistique requise pour un tel sujet. Faire un plaidoyer pour les langues en soi est déjà une bonne chose mais la conception de l’organigramme des langues est malheureusement trahie par l’envie manifeste d’imposer le wolof comme langue officielle à la place du français.
La réflexion réfute sans ambages « toute hiérarchisation des langues » mais retombe aussitôt dans le même panneau. Le décret de 1971 avait élevé six langues (joola, mandinka,pulaar, serere, Soninke et wolof) au rang de langues nationales et pourtant malgré cette décision, la pratique linguistique aura plutôt penché pour une wolofisation tacite.
Une politique de laissez-faire qui permet sans décision administrative de donner tacitement tous les statuts à cette langue. Pour illustration, l’utilisation de nos langues dans nos médias officiels est éloquente à plus d’un titre quant à la volonté de faire du wolof la langue du travail. De fait, comme le montrent les articles de (D. C O’Brien) « the shadow-politics of wolofisation et de (Fiona Mc Laughin), Haalpulaar identity as a response to wolofisation, cette tendance à la hiérarchisation des langues entrainent des réponses communautaires. On est bien dans la hiérarchisation des langues depuis des décennies et la réflexion aurait pu relever cet état de fait, attirant ainsi l’attention du destinataire et décideur.
Le wolof est bien une lingua franca au Sénégal mais, selon les ères géographiques, nous avons encore d’autres lingua franca. Au Sud, le joola et un manding peuvent échanger en créole. Au nord, un soninke et wolof peuvent échanger en pulaar. On ne peut pas faire fi de toutes ses richesses.
Pour rappel, les recommandations du CNRF de 1983 parlaient déjà de la langue de la communauté dans un organigramme des langues à l’école qui faisait ni plus ni moins que le bilinguisme soustractif qui au fait ne promeut qu’une seule langue. La conception est bien celle-là : « la langue maternelle, d’abord. Et ensuite, disons le wolof. Ensuite, disons le swahili, le français, etc. ». On note bien la subtile et volontaire gradation vers le dessein caché. Ainsi, la réflexion part de la base des langues sénégalaises, (ce que nous partageons fort bien) mais dérive doucement vers un parti pris. A y voir de près, les autres langues ne seraient là que pour le décor. Cette conception pas loin de celle de 1983 rappelle le bilinguisme soustractif qui se résume à l’équation : L1 + L2 – L1 = ?
En effet, le wolof étant une langue maternelle, viendrait d’abord en tant que langue maternelle et ensuite reviendrait en vertu de quel statut ? Et pour quelle fonction ? Et que deviendront les autres langues nationales étant toutes celles codifiées avec les nouvelles dispositions constitutionnelles de 2001 ? Promouvoir les langues ne peut se limiter à les nommer et à les présenter pour un faire-valoir. Les promouvoir revient à les moderniser et à introduire au moins les six d’entre elles qui ont connu des études soutenues (Dr Sylla Yero 1991) dans divers domaines dont la linguistique et la production à l’école comme langues d’instruction. Le principe est d’introduire ces langues à l’école et de les y maintenir. Ce qui nous aiderait à avoir des enfants sénégalais aptes à parler au moins trois langues nationales. Cet effort qui serait renforcé de voyages d’immersion de petits locuteurs joola en pays serere et de petits locuteurs soninke en pays wolof, renforçant ainsi ce brassage culturel qui fait que le Sénégal est un havre de paix.
On voit apparaitre en filigrane dans la perception, le Sénégal (wolof) l’Afrique (le swahili) et le monde par d’abord le français. Thiong’o est Gikiyu voisin des luwo dans une région où le swahili est presque la grande langue de communication avec environ trente et soixante millions de locuteurs dont quinze pour langue première. Elle a un statut officiel dans quatre pays et au moins dans deux organisations. Le gikiyu ne s’est pas contenté de sa langue maternelle mais a suivi des principes autres que l’émotion et la subjectivité. Si nous parlons de l’Afrique, il est difficile que le mot langue soit au singulier d’une part. Et d’autre part, nous devons parler des langues africaines et point de nos langues maternelles. Même si la planification linguistique a des aspects politiques, il n’en demeure pas moins que l’arbitraire ne peut prévaloir dans ce contexte précis. Elle obéit tout au moins à une logique linguistique et sociolinguistique donc à des études soutenues sur lesquels se fondent un décideur sérieux. L’honnêteté intellectuelle de reconnaitre que le wolof est une lingua franca au Sénégal est celle-là qui nous met devant l’évidence de reconnaitre que, dans le cadre africain, le wolof n’est pas répandu. Force est de reconnaitre qu’en dehors des frontières de la Sénégambie et de la Mauritanie, le wolof reste une langue étrangère qui n’est parlée que par les ressortissants de la Sénégambie et de la Mauritanie dans une moindre mesure. Toutefois, le Sénégal a cette grande opportunité de compter parmi ses langues le mandinka et surtout le pulaar plus connu sous le vocable fulfude. On estimait déjà en 2010 le nombre de locuteurs à vingt-cinq millions de locuteurs (M. Barro 2010)[1] dans plus d’une vingtaine de pays avec des variétés dialectales mutuellement intelligibles. Ce n’est pas un hasard si nous avons aujourd’hui RFI mandenkan et RFI fulfulde. La toute nouvelle chaine Pulaagu sur le bouquet Canal+ passe des productions de plusieurs pays africains où le fulfulde est bien présent.
En Afrique de l’ouest, elles sont de loin les deux langues les plus transfrontalières et peuvent servir de moyens de communications dans tous les pays de cette région. En Afrique centrale, le fulfulde est très présent et constitue la langue véhiculaire dans le nord du Cameroun. Compte tenu de cette situation, le mandinka et le fulfulde occupent une place de choix pour figurer dans le cercle des langues de communication dans nos pays, notre sous-région et notre continent. Elles allient deux principes fondamentaux à savoir, le nombre de locuteurs et la répartition géographique. Ignorer ces données, c’est négligé un outil linguistique très important dans l’unification culturelle de l’Afrique si chère à Cheikh Anta Diop.
Ousmane Sy, ès-didactiques des langues, enseignant au lycée de Donaye Taredji.
«Nous allons laisser à la Justice de faire son travail. Si jamais le procureur juge nécessaire de poursuivre des personnes pour faute grave, il le fera», a dit Moustapha Sarré, sur les ondes de la Rfm.
Depuis quelques semaines, les rapports des Corps de contrôle, qui dormaient dans les tiroirs jusqu’ici, sont publiés. Nombreux sont les cas de prévarication des deniers publics qui ont été décelés. Porte-parole du gouvernement, Moustapha Sarré a déclaré que pour l’instant, en sa connaissance, aucun ordre de poursuite n’a été donné. Mais, aucune entrave ne se fera quant au travail de la Justice.
«Nous allons laisser à la Justice de faire son travail. Si jamais le procureur juge nécessaire de poursuivre des personnes pour faute grave, il le fera», dit-il, sur les ondes de la Rfm.
Moustapha Sarré souligne surtout qu’il n’y aura aucun blocage au fonctionnement de la Justice et le procureur de la République pourrait faire son travail en toute indépendance.
«S’il considère qu’il y aura des poursuites contre certaines personnes qui ont eu des écarts dans la gestion des deniers publics, rassurez-vous que ces poursuites auront lieu», assure le ministre, porte-parole du gouvernement.
DÉNONCIATION DES CONCLUSIONS DU DIALOGUE INTER-MALIENS
A l'issue de cette assise, il apparaît clairement que la paix et la réconciliation n'étaient pas la priorité des autorités, désireuses avant tout de prolonger leur pouvoir, estiment les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars
Les masques sont tombés lors du "Dialogue inter-maliens", révélant le véritable objectif poursuivi par les autorités de transition : se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible. Les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars dénoncent, à travers la déclaration ci-après, une duperie et appellent le peuple malien à se mobiliser pour un retour rapide à l'ordre constitutionnel.
*LES MASQUES SONT TOMBÉS*
En fin de journée du vendredi 10 mai 2024, les rideaux sont tombés sur le " Dialogue inter-Maliens"
Cet exercice, lancé à l'occasion du Nouvel an 2024, s'est avéré un piège, un traquenard, un immense filet (djô) lancé devant le peuple malien par les autorités en place qui s'accrochent au pouvoir, depuis bientôt quatre années.
Les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024 dénoncent vigoureusement la mascarade de dialogue inter-maliens, initiée par les Autorités en place et rejettent ses recommandations.
Au lieu de proposer une nouvelle architecture institutionnelle, à la fin d'une Transition qui n'a que trop duré, ces autorités ont inspiré une proposition de nouvelle prolongation de deux à cinq ans, donnant ainsi raison à ceux qui ont parlé d'une Transition à durée indéterminée, ignorant superbement les aspirations profondes des Maliens (eau, électricité, emploi des jeunes, cherté de la vie, fermeture des entreprises et chantiers, restriction des libertés publiques, mauvaise qualité des décisions de justice), pour se focaliser sur la prolongation de la Transition.
En effet, ceux qui ont juré, au lendemain de leur prise du pouvoir, qu'ils n'étaient venus que pour peu de temps, ceux qui, cherchant la compréhension des forces vives, ont déclaré en mai 2021 après la mise à l'écart du président Bah Ndaw «il ne reste plus que quelques mois », ont laissé tomber tous leurs masques: *ils veulent s'éterniser au pouvoir en prenant en otage le Mali et les Maliens*
Les masques sont tombés, parce que "le dialogue inter-maliens pour la paix et la réconciliation nationale, pour l'appropriation nationale du processus de paix" a été vidé de son contenu, détourné de ses objectifs initiaux.
L'exercice qui vient de se terminer n'a accouché d'aucune initiative malienne de paix et de réconciliation.
Ses recommandations, ne reflètant aucunement la volonté du peuple, risquent d'exacerber la crise politique nationale et de plonger notre pays dans une instabilité sociale sans précédent.
*En quoi les recommandations relatives à la prorogation de la durée de la transition, à la future candidature du colonel Assimi Goita, à l'affaiblissement et au musellement des partis politiques concourent-elles au rétablissement de la paix ? Pourquoi annoncer l'ouverture d'un dialogue avec les groupes armés à la fin du "Dialogue inter-Maliens" et non durant ce "Dialogue" ?* Les masques sont décidément bien tombés. L'objectif inavoué de cette vaste duperie est à présent connu : *le retour de la paix au Mali, qui manifestement n'était pas la priorité de ce "dialogue inter-Maliens", peut attendre*.
Les Maliens, des communes à Bamako en passant par les chefs-lieux de régions et la Diaspora qui ont participé de bonne foi à cette entreprise se rendent compte qu'ils ont été dupés.
En effet, les objectifs de ce dialogue, selon les TDR, étaient de "contribuer à la restauration de la paix, de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale." Son initiateur principal, le président de la Transition, ne disait pas autre chose dans son message de nouvel an 2024 : « diagnostiquer les causes des conflits intra-communautaires et intercommunautaires afin de tracer une architecture de paix durable : recoudre le tissu social et renforcer le vivre ensemble ».
Ce dialogue, en définitive, qui était censé être un cadre fédérateur de toutes les forces vives de la Nation, afin d'identifier les sources des crises qui secouent le pays, de prévenir et gérer les conflits en valorisant des mécanismes de gestion endogène, *s'est révélé être un grotesque piège politique*, au regard de son déroulement, du contexte d'exclusion créé en amont des forces vives significatives, et de ses conclusions majeures d'avance.
En outre, les recommandations du "dialogue inter-maliens" qui vient de se terminer ne sauraient engager le peuple malien qui ploie sous l'insécurité et sous les difficultés quotidiennes, un peuple en proie aux difficultés d'une cherté de la vie sans précédent, un peuple qui est confronté aux conséquences des délestages de courant électrique auxquels les autorités ont démontré leur incapacité notoire à apporter un moindre début de solution.
Par ailleurs, la Constitution promulguée suivant le Décret n° 2023-0401 du 22 juillet 2023 dispose clairement en son article 37 que « la souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants élus au suffrage universel direct ou indirect ou par voie de référendum. Aucune fraction du Peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.»
Les participants à ce " dialogue " n'ayant pas été élus, ils n'ont ainsi parlé qu'en leur nom personnel. Dans aucune démocratie digne de ce nom, leurs "recommandations" ne sauraient avoir valeur exécutoire
C'est pourquoi, les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024 prennent à témoin l'opinion nationale et internationale sur les risques que court une telle démarche unilatérale et exclusive qui sème les graines d'un désaccord croissant entre les forces vives de la Nation et les autorités en place à un moment crucial de notre histoire.
Par conséquent, les parties signataires de la déclaration commune du 31 mars 2024 appellent le peuple malien, toutes les forces vives du pays, à l'intérieur comme dans la Diaspora, à se concentrer sur le seul combat qui permettra au Mali d'amorcer la sortie de la crise multiforme qu'il connaît : *le retour à l'ordre constitutionnel selon un calendrier fixé de façon consensuelle*
*avec une nouvelle architecture institutionnelle*
*En dehors de ce combat, point de salut* !
Toutes les Maliennes, tous les Maliens de Diboli à Tinzawaten, de Zégoua à Léré, doivent prendre leur part dans ce combat.
Ceux qui ont participé de bonne foi au soi-disant "Dialogue inter-maliens",
Ceux qui sont dans l'expectative depuis la prise du pouvoir par les cinq colonels en août 2020 et en mai 2021,
Ceux qui sont à l'extérieur du pays,
Toutes et tous, donnons-nous la main pour restaurer le Mali !
Les signataires
Ont signé :
M5-RFP MALI KURA (Fare Anka Wili, LDC, RpDM, MODEC, REPARE, FASODE, MOTEMA, ANKO
Mali Dron, EMa, EMK, MR-BAARA NI YIRIWA, ASSOCIATION LE CHANGEMENT, etc)
CADRE DES PARTIS ET REGOUPEMENTS POUR LE RETOUR A L'ORDRE CONSTITUTIONNEL
ESPERANCE NOUVELLE JIGUIYA KURA
COORDINATION DES ORGANISATION DE L'APPEL DU 20 FEVRIER 2023 POUR SAUVER LE MAL
FUMA (UNION-JEUNES LEADERS DE KATI - SOS PDFLCIS - PDPM - AMAJ - FMD - FIMDD
SEGOU-SIGUIDA TAGNÈ- MOUVEMENT 05 Étoiles)
MOUVEMENT WULI KI DJO MALI YE
ARP
YELEMA « Le Changement »
ADEMA- PASJ
PARENA
NEMA
PS YELEN KURA
FAC
VNDA
MSP
PDES
BENKAN (LE PACTE CITOYEN)
ALTERNATIF POUR LE MALI
MALI KO - YERE KO ÉTATS UNIS
par Cheikh Kasse
NOS LANGUES, À CONDITION QU’ELLES PARLENT FORTEMENT NOS IMAGINAIRES
EXCLUSIF SENEPLUS - Il y a un rapport idéologique à reconstruire avec sa propre langue : celle de sortir de la vision d’un Universel qui aplatit et détruit les divers cultuels, sociologiques, anthropologiques
Ces deux écrivains, dans leurs prescriptions, posent la centralité d’une langue dans la continuation anthropologique d’une communauté pour la sauvegarde de son imaginaire. C’est par la langue que l’essence d’une communauté se prolonge. Pourquoi il n’y a pas de mots wolofs pour désigner millions, milliards ? La réponse est dans l’absence de propension exagérée d’accaparement et de richesses au-delà des besoins de survie. Pourquoi le mot « mbok » signifie de nos jours « parents » alors qu’il est de la même famille que « bokk » qui veut dire : « se partager, ou ce qui est à tous » ?
Dans la réalité du carnage foncier sous le régime de Macky Sall, ce qui est agité contre son illégalité est une expression, ce qui est à tous, « li ñepp bokk ». La communauté dépose dans les mots le sens fort d’un en- commun. Dans les autres langues africaines, longtemps résilientes aux valeurs capitalo-libéralistes, il y a des traces - mémoires d’un en-commun tenace. Donc, l’enseignement et la pratique de nos langues prolonge leur lente et forte volonté de porter l’identité, les cultures, les imaginaires propres à nos sociétés africaines.
Donc, aujourd’hui, parler, écrire nos langues sont, certes, un palier important dans la reconquête de nos cultures, de notre souveraineté. Mais sont-ils suffisants pour ne pas parler la culture dominante de l’autre ?
Nous vivons dans ce que Patrick Chamoiseau nomme un monde-relié où règne, de nos jours, une domination furtive. Dans la domination brutale, l’injonction était de remplacer sa langue, sa culture par celles des dominateurs. Aujourd’hui, la domination furtive se fait par la cybernétique, les réseaux « sociaux ». Les centres dominateurs ont anesthésié les communautés. Patrick Chamoiseau décrit l’époque dans laquelle nous vivons en ces termes : /…/ La domination furtive ne s’oppose à rien. Ses forces uniformisantes naissent de puissances dématérialisées qui se moquent des vieilles armes. Je pouvais parler ma langue. Hisser mon drapeau. Clamer mon Dieu./…/ Je demeurais la proie de pouvoirs commerciaux : images, médias, finances, médicaments, consommation… Leurs points d’impulsion ne sont plus seulement des États-Territoires, mais, au cœur du cyberspace, des nodules d’interactions qui propagent des standards auxquels tu devrais adhérer.
Si nous sommes dans ce monde de domination furtive du capitalo-libéralisme, parler et écrire sa propre langue ne suffisent plus. Les valeurs standards (l’individu, l’atomisation même en étant en groupe, l’argent, la marchandise, le marché, etc.) passent aussi dans et par nos langues.
Il y a, à mon avis, un rapport idéologique à reconstruire avec sa propre langue. Et Chamoiseau dit qu’il y a lieu de dire contre et à l’endroit de la langue dominante : « Cette langue, c’est ma patrie. Cette langue m’a choisi ou j’habite cette langue. » Cette bifurcation te met en garde de la parler en l’infusant d’énormément de mots d’emprunt d’autres langues comme le français, le wolof, etc. Le présentateur de télévision, de radio, le discoureur dans sa propre langue refuse sciemment le processus de créolisation de leur-s langue-s par des langues dominantes (français, wolof, etc. Ce rapport idéologico- affectif est tout aussi une conscience de se défaire des normes standardisées propagées par la domination furtive qui sont les filets de notre déshumanisation. Alors que nos langues nous parlent autre pour nous rappeler la tradition de notre en-commun : « Nit nitëy garabam », ((traduit difficilement par l’homme est le remède de l’homme), la préservation de notre patrimoine identitaire : ku wacc sa ànd ànd bo dem fekko mu toj » (celui qui abandonne sa culture est sans culture ». Et beaucoup, beaucoup d’autres choses.
L’autre bifurcation fondamentale est le recentrage dans nos langues de nos imaginaires, de nos cosmogonies qui pourtant se démerdent encore par des grouillements païens, traditionnels parce qu’il y a le contrôle d’autres langues, d’autres croyances religieuses. C’est dans ce sens que la prescription de Boubacar Boris Diop et de Ngugi wa Thiong’ o de mettre aux programmes de nos classes les thèses de Cheikh Anta Diop, de traduire nos monuments littéraires en langues nationales pour que les traces-mémoires de nos traditions qui s’y trouvent participent de la re-fondation de notre identité. Césaire nous parle de ne pas nous en faire des clichés de racisme, populisme : « Ce n’est pas par haine des autres races que je m’exige bêcheur (arrogant) de cette unique race (les noirs). »
Dans ce monde-en-relation, des langues disparaissent sous l’œil joyeux des langues dominantes. Des cultures, des cosmogonies aussi par le processus de l’unité universalisante, donc par la négation ou l’uniformisation de ces divers. La bataille idéologique est de sortir de la vision d’un Universel qui aplatit et détruit les divers cultuels, sociologiques, anthropologiques. À ce niveau, la bifurcation se fait par une conscience d’être comme dit Édouard Glissant (écrivain nègre) l’oiseau de son propre divers qui vole vers d’autres lieux qui cherchent pourtant à imposer leurs divers derrière le masque de l’Universel.
C’est quoi le divers que chacune de nos langues doit porter ? Hélas, je cite encore Chamoiseau (oiseau de Cham, l’ancêtre des noirs brûlés par Dieu selon l’imaginaire européen mais principalement méditerranéen, Chamoiseau est un fils de descendants d’esclaves noirs de Martinique). Il écrit : « le divers est ce qui me densifie et me disperse, m’éloigne et me ramène, me nomme et me dilue, m’a précédé et me prolongera. » Le seul véhicule des divers d’une communauté qui entre en relation avec d’autres est sa langue. Et pour continuer ce que nous fûmes, « les fils aînés du monde », sans se faire absorber et sans le faire à d’autres, Édouard Glissant nous parle : « Maintenir notre lieu dans le monde pour signifier le monde entier. »
Dr Cheikh Kasse est Enseignant-chercheur en littérature orale.
JE SUIS AU POUVOIR PARCE QUE JE ME SUIS BATTU POUR LE DEPART DE MACKY
Il n’est pas vainqueur de l’élection présidentielle ni membre de la coalition Diomaye Président, Boubacar Camara, président du Pcs/Jengu Tabax se considère comme étant au pouvoir
Bés Bi le Jour |
Cheikh Moussa SARR & Pape Doudou DIALLO |
Publication 13/05/2024
Il n’est pas vainqueur de l’élection présidentielle ni membre de la coalition Diomaye Président. Mais le président du Parti de la construction et de la solidarité (Pcs/Jengu Tabax) se considère comme étant au pouvoir. Boubacar Camara qui était l’invité du Jury du dimanche, hier, encourage le Président Diomaye Faye et son Premier ministre Sonko, à aller jusqu’au bout de leur promesse de rupture.
Boubacar Camara brise le silence. Le président du Parti de la construction et de la solidarité (Pcs/Jengu Tabax), candidat malheureux à la Présidentielle, était l’invité du Jury du dimanche (Jdd) sur iRadio, hier. «Il fallait quand même se reposer. C’était une élection bizarre, particulièrement épuisante pour nous avec des tentatives de sabotage du président sortant sur la participation inclusive, sur la tenue même de l’élection», justifie-t-il son silence. Il est de ceux qui pensent que ce scrutin remporté dès le premier tour par Bassirou Diomaye Faye était un «référendum», donc «la victoire de la rupture sur la continuité». Mais au-delà, Boubacar Camara considère que «c’est une victoire de l’opposition». Il ajoute : «Je fais partie de l’opposition. Je me bats depuis six ans pour le départ de Macky Sall. C’est fait. Je suis content. Ah oui, on est au pouvoir. On s’oppose à qui ? À quoi ? À nos pas. Ce n’est pas le moment de s’opposer. Ce n’est même pas un problème de moment. Nous nous sommes battus pour une rupture systémique qui a été plébiscitée. La question est de savoir comment faire pour que cette rupture se traduise par une réussite bénéfique aux populations.»
«Il y a des signaux qui montrent qu’on va vers un vrai changement de système»
Boubacar Camara dit être «en parfaite entente» avec Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, même s’ils s’étaient séparés au lendemain de la Présidentielle, après leur alliance en 2019. «J’étais le superviseur de la campagne du président Ousmane Sonko en 2019, après toutes ces convergences qu’on a sur les questions programmatiques essentielles, ne pas me réjouir d’une victoire de ce pour quoi on a combattu pendant des années ne serait pas logique», a-t-il précisé. Les premiers actes posés par le «couple» exécutif sont rassurants, selon lui. « Je considère qu’aujourd’hui nous avons des signaux extrêmement importants qui montrent qu’on va vers un vrai changement de système. Il y a des gens qui attendent l’échec. Je les appelle des guetteurs de faux pas, qui sont en train d’ergoter sur des détails. L’essentiel, c’est est-ce qu’il y a la volonté de rompre avec la dilapidation des biens publics. Mais globalement, je considère qu’il n’y a rien à dire. Il faut foncer !», soutient-il.
«Si vous ne voulez pas que votre nom soit associé au bien public, n’y touchez pas»
La Direction générale des impôts et domaines a annoncé, il y a quelques jours, la suspension provisoire des procédures domaniales et foncières dans certaines zones du pays. Le président du Pcs/Jengu Tabax déclare : «Le paradoxe au Sénégal, c’est qu’il faut protéger le bien public contre les gouvernants qui sont censés les gérer en bon père de famille. C’est extraordinaire ! Ceux qui sont élus ou nommés pour gérer, optimiser les biens publics dans l’intérêt des populations, c’est euxmêmes qui se mettent à piller ces biens. Et donc, toute mesure qui va dans le sens d’arrêter cette spirale est à saluer. Le foncier, les ressources naturelles, les deniers publics, tout ce qui est commande publique, la transparence doit être de mise. Pour le foncier, c’est extraordinaire ! Il y a une conséquence énorme sur l’aménagement du territoire, sur l’environnement.» Il poursuit : «On ne peut pas se taper le foncier qui appartient à tout le monde comme ça, parce que simplement on a été élu ou bien on est maire, ou bien on est ceci ou cela. Il faut arrêter cela. Et il faut aller jusqu’au bout. Que ce soit très clair, qu’il n’y ait pas de deux poids, deux mesures. Et aujourd’hui, chacun doit prendre ses responsabilités. Restituer les terres qui ont été obtenues illégalement. Il faut paralyser la main prédatrice sur le foncier, les ressources naturelles et le denier public. Ce n’est pas un problème de religieux. Le bien public, c’est le bien public. Si vous ne voulez pas que votre nom soit associé au bien public, n’y touchez pas, c’est aussi simple que ça. C’est ça la rupture. La protection, c’est fini.»
«Encourager la publication des rapports, mais éviter de jeter en pâture des gens»
Des cas de malversations ou de mauvaises gestions des deniers publics ont été relevés par les rapports des corps de contrôle. «J’étais inspecteur général d’Etat. J’ai souvent été frustré par le fait que, après le rapport et tout, ça finit comme de l’eau de boudin. Les gens épinglés, vous les rencontrez partout. Ils sont là en train de plastronner, après avoir dilapidé les biens. Pourquoi devrait-on devrait cacher la vérité aux populations ? Évidemment, si les fautes qui sont commises ne méritent pas d’être portées à la connaissance du public, il y a des règles pour voir ce qu’il faut publier, comment il faut le publier (…)», a-t-il dit. Par ailleurs, Boubacar Camara estime qu’avec ces malversations le développement ne sera pas pour maintenant. «Si ces malversations étaient évitées, on aurait déjà gagné beaucoup d’argent. Estce que vous savez, selon l’Ocde, que plus de 142 milliards de dollars ont été dilapidés en Afrique et planqués ailleurs ? Alors qu’il suffit d’avoir 72 milliards pour transformer l’Afrique. Toutes les infrastructures, les gares, le TGV et tout. Donc ça veut dire que l’Afrique n’est pas pauvre. Le Sénégal aussi n’est pas pauvre. Donc, c’est la même chose pour les ressources naturelles. Je pense qu’il faut encourager cette tendance-là à la publication des rapports. Il faut bien sûr prendre une loi pour voir les conditions de publication, les déclassifications qu’il faut faire, pour éviter de jeter en pâture des gens, pour des détails, etc.», dit-il. «Ce qui a manqué au régime précédent, c’est deux choses : le respect des populations et la transparence. Mais ce besoin, c’est comme de la nourriture. Les gens ont besoin d’être respectés. Les gens ont besoin que leur bien soit géré dans la transparence.»
LA DEMISSION DES MINISTRES DE LEURS POSTES ELECTIFS EST UN ACTE DE RUPTURE
Le chercheur sénégalais Serigne Mbaye Mbodj considère la démission du Premier ministre, Ousmane Sonko, et de membres du gouvernement de leurs postes électifs comme un ‘’acte de rupture’’ et le ”signal fort d’un nouveau style de gouvernance des affaires
Dakar, 12 mai (APS) – Le chercheur sénégalais Serigne Mbaye Mbodj considère la démission du Premier ministre, Ousmane Sonko, et de membres du gouvernement de leurs postes électifs comme un ‘’acte de rupture’’ et le ”signal fort d’un nouveau style de gouvernance des affaires publiques’’.
‘’La décision du Premier ministre et des membres du gouvernement de se libérer de leurs mandats électifs pour se consacrer exclusivement à leurs fonctions de ministre, se veut un acte qui rompt d’avec le cumul de mandats ayant longtemps constitué une pratique politique au Sénégal’’, a déclaré le politiste dans un entretien avec l’APS.
‘’Les nouvelles autorités tentent d’envoyer le signal fort d’un nouveau style de management des affaires publiques’’, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a officiellement démissionné de son poste de maire de la commune de Ziguinchor (sud), qu’il occupait depuis les élections municipales et départementales de janvier 2022.
Cette démission de M. Sonko de son mandat électif obéit à une directive du président de la République Bassirou Diomaye Faye, demandant à tout membre du nouveau gouvernement installé le 5 avril dernier, qui cumule des mandats électifs (collectivités territoriales, Assemblée nationale), de se démettre de ses fonctions dans un délai d’un mois.
A la date du 5 mai dernier, tous les concernés se sont conformés à l’injonction présidentielle.
Par cette disposition, les nouvelles autorités politiques inaugurent une ère ‘’de nouvelles pratiques politiques sur fond de vertu, d’éthique et de morale’’, pense savoir le spécialiste des questions de démocratie et de bonne gouvernance.
En outre, ‘’s’il est impossible de cumuler la fonction de ministre et la charge de député, précise-t-il, aucune disposition légale ou réglementaire n’empêche d’être député et maire, ministre et maire, maire et directeur général ou président de Conseil d’administration’’.
‘’C’est dans ce désert de non-réglementation qu’ont émergé des personnalités politiques très puissantes au niveau de leur localité, parce que cumulant une fonction d’élu et une autre de nomination émanant du président de la République dans une double logique d’accaparement de ressources et de mobilisation d’une clientèle politique’’, tranche le juriste.
Selon lui, une autorité politique cumularde pourrait être portée au népotisme, avoir tendance à mobiliser des ressources pour favoriser sa localité au détriment d’autres.
‘’En décidant de ne pas perpétuer la survenance d’hommes politiques “super-man”, les nouvelles autorités du pays donnent l’impression de vouloir mettre fin au cumul de mandats, une pratique politique corrosive qui sapent les fondements de la démocratie, de la justice et de l’équité sociale’’, commente M. Mbodj.
A cet égard ”la démission des ministres de leurs postes électifs dans le sillage de la fin du cumul est une promesse de campagne du candidat Bassirou Diomaye Faye’’, rappelle-t-il en estimant que le respect de cet engagement contribue à redonner à la parole politique son crédit quelque peu perdu’’.
Par Madiambal DIAGNE
LE CRASH D’UN VOL D’AIR SENEGAL, LA RANÇON DE NOTRE LAXISME
La compagnie Air Sénégal a pris le pli de louer des avions d’un autre âge et dont les conditions de contrôle et d’entretien techniques peuvent laisser à désirer ou lui ont échappé
Le grave accident survenu à l’aéroport Blaise Diagne de Diass, dans la nuit du 8 au 9 mai 2024, a fait de nombreux blessés et des dégâts matériels importants. Le bilan est lourd mais il s’avère quelque peu anodin, vu l’ampleur de la catastrophe qu’aurait pu provoquer un tel crash dans des circonstances d’un vol en haute altitude. Il y a lieu cependant de relever que cet incident, qualifié de minicrash dans le jargon des professionnels des transports aériens, n’en est pas moins un cas sérieux ; d’autant qu’il ne constitue guère une surprise pour les techniciens et de nombreux passagers.
On n’a jamais appris du naufrage du bateau «Le Joola»
Sur la plateforme de l’aéroport Blaise Diagne, tout le monde savait que le laxisme, qui est la règle dans toutes les opérations, ne pouvait pas manquer de provoquer un drame. Plus d’une fois, nous nous sommes fait l’écho de cette situation à travers ces colonnes et malheureusement, les responsables ne voulaient pas voir la réalité des choses et prenaient toute alerte comme un procès d’intention contre Monsieur X ou Madame Y. On a toujours récolté une bordée d’insultes. Le 20 novembre 2023, j’indiquais notamment : «Je m’étais résigné à cesser d’évoquer les misères et tribulations des passagers au niveau de l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd). J’ai baissé les bras, comprenant en fin de compte qu’il ne servait à rien de tirer la sonnette d’alarme, d’attirer l’attention, notamment celle des hautes autorités de l’Etat, sur les méfaits d’une exploitation laxiste à bien des égards et qui finira fatalement par dégrader la qualité de ce bijou qui a occasionné de très gros investissements au Sénégal. Les alertes ont toujours été prises avec une certaine désinvolture et les autorités et autres pontes ne semblent rien faire pour améliorer la situation ; encore que les responsables de l’aéroport prennent l’habitude, depuis toujours, de botter en touche, trouvant, derrière chaque dénonciation, on ne sait quel complot, cabale ou lugubre agenda. Seulement, le fait de fustiger les mauvaises pratiques qui ont libre cours, a fini par rendre difficiles quelques-uns de mes passages dans cet aéroport.»
Franchement, pour une fois, que personne ne verse dans le fatalisme ! C’est triste mais ce crash est la rançon du laxisme. Des esprits malins vont une fois de plus essayer de relier ce crash à l’incendie de l’usine de Patisen ou à un autre incident du genre pour invoquer des mains immanentes ou on ne sait quels mauvais esprits !
La compagnie Air Sénégal a pris le pli de louer des avions d’un autre âge et dont les conditions de contrôle et d’entretien techniques peuvent laisser à désirer ou lui ont échappé. On ne le dira jamais assez, la compagnie nationale devait être plus regardante sur l’état des appareils transportant des passagers et ainsi, n’aurait-elle jamais dû recourir à cet aéronef de Transair. Nul n’a non plus tenu compte de l’expérience ou de la qualité de l’équipage ou du passif de l’avion ou même du passif de Transair. On a encore en souvenir l’incident, le 17 décembre 2019, d’un avion de Transair dont un moteur avait pris feu au départ de Ziguinchor. L’incident a été minimisé. Transair laissait le soin à son chef d’escale à Ziguinchor de dire aux médias, ces quelques mots qui témoignent d’une désinvolture sidérante : «C’est juste que le pilote a mal démarré le moteur. Mais, dès qu’il s’en est aperçu, il a immédiatement coupé le moteur. Par mesure de prudence, les passagers ont été débarqués. Nous avons procédé à un contrôle. Mais vu que l’appareil a été mal démarré, il y a eu un problème au moteur. Ce n’est qu’un petit incident. Finalement, nous avons préféré faire venir des mécaniciens. Aussi, un autre appareil a été affrété pour acheminer les passagers vers Dakar.» On n’a pas connaissance de conclusions d’une enquête sérieuse sur cet incident et la compagnie a continué à faire voler le même avion.
L’accident d’avion de cette semaine est le fait d’un appareil de l’âge de ses pilotes, acquis auprès de la compagnie nationale roumaine Tarom, pour une bouchée de pain, d’autant qu’il ne pouvait plus voler dans le ciel européen pour cause de non-satisfaction aux normes sécuritaires. Son état était déplorable. Encore une fois, nous recyclons tous les rebuts d’Europe, avec des «venant de France» ou des «France au revoir» tels réfrigérateurs, véhicules, machines de toutes sortes et d’objets ou de vieux matériels hors service et comble, jusqu’aux avions, sans aucun égard pour la vie des passagers. L’hécatombe sur nos routes du fait de bus et autres véhicules dont la circulation est refusée en Europe, est déjà fort éloquente. N’a-t-on pas vu le véhicule du Président Macky Sall prendre feu en juillet 2019, à Nguéniène, au moment des obsèques du regretté Ousmane Tanor Dieng ? La rumeur avait voulu que la voiture avait été achetée en seconde main, mais on saura qu’elle avait été acquise neuve, même si elle avait fait l’objet d’une transformation par un opérateur belge. Le diagnostic et le rapport d’audit avaient révélé qu’une des plaques de la carrosserie a été surchauffée et avait entraîné un courtcircuit. La présidence de la République a été finalement remboursée après une longue procédure de 15 mois. Mais d’aucuns voulaient croire à des coups de «sorciers» ou autres pangols !
En effet, chaque gouvernement promettait dans ses professions de foi «plus jamais ça», après les innombrables drames de la route, et aucune leçon de sagesse n’a été tirée du naufrage du bateau «Le Joola» en septembre 2002, qui a été l’une des plus douloureuses catastrophes des transports maritimes de l’Histoire. L’Etat du Sénégal se permet d’acheter des hélicoptères d’occase qui tombaient comme des pierres, faisant de nombreux morts à Missirah (voir notre chronique du 8 octobre 2019) ou la société de transports publics, Dakar Dem Dikk, qui met des bus recyclés en circulation. Rien d’étonnant car le Président Abdoulaye Wade avait acheté un avion de commandement, un avion Airbus abandonné par son homologue français Nicolas Sarkozy. C’est donc le cas de ce Boeing de Transair, affrété par Air Sénégal pour un vol en direction de Bamako. On se rappelle la série de pannes ayant cloué des avions loués dans de nombreux aéroports africains. Le cas le plus burlesque est celui d’une panne survenue à Douala, en janvier 2024, où les passagers étaient laissés en rade pendant plus de deux jours. L’avion manquait d’une pièce et un autre avion a été affrété pour aller récupérer les passagers et l’équipage. Mais ce deuxième avion tombera en panne et restera lui aussi cloué à Douala. Il avait alors fallu prélever une pièce de l’un des avions pour pouvoir faire décoller l’autre.
Les dégâts occasionnés par le crash du vol HC 301 (nom du code du vol DakarBamako) sont incommensurables. Un tel incident vous ruine ou abime une image d’une compagnie aérienne. Le crash fait de gros dégâts. Des sociétés européennes ont commencé à blacklister Air Sénégal et des passagers, plus d’une centaine de voyageurs prévus sur le vol Dakar-Paris dans la nuit du 9 au 10 mai 2024, s’étaient déportés sur le vol concurrent d’Air France. La saignée risque de se poursuivre, le temps que des conclusions d’une enquête permettent de rassurer la clientèle. Les polices d’assurances idoines auraient été souscrites et Air Sénégal ne devrait pas avoir de crainte de ce point de vue pour couvrir les sinistres.
4 milliards de pertes par mois ! Est-ce perdu pour tout le monde ?
Il s’y ajoute une certaine frénésie observée pour la location des appareils appartenant particulièrement à Transair. On notera qu’il est courant que la compagnie nationale loue pour plusieurs rotations en une journée, des avions de cette compagnie privée. Mieux, tous les vols intérieurs en direction de Saint-Louis sont effectués systématiquement avec ses aéronefs. Mais à chaque fois, de nombreux passagers ont eu à déplorer des situations de frayeur en vol. Les procédures d’affrétement ne sont pas toujours respectées. Des affrétements sont faits sur un simple coup de fil téléphonique, sans les contrôles techniques et de maintenance nécessaires. On invoque à chaque fois des urgences et cela a fini par devenir la règle. Trois avions d’Air Sénégal sont au sol dont un avion ATR cloué à Nouakchott, un avion cloué à Diass et un autre A330 qui effectuait le vol sur New York. Tous ces avions ont des problèmes de moteurs et attendent d’en trouver de nouveaux.
Des avions sont affrétés pour des destinations internationales, structurellement déficitaires. Pourquoi s’obstiner à poursuivre à perdre de l’argent de la sorte ? Sans doute que ce n’est pas perdu pour tout le monde. Air Sénégal se fait renflouer tous les mois à hauteur de 4 milliards sur le budget de l’Etat du Sénégal. Tel est le montant prévu dans la Loi de finances 2024, mais des sources proches du ministère des Finances indiquent que les perfusions dépassent largement ce seuil budgétaire. C’est comme un défi de garder la compagnie en vol. Soit ! Seulement qu’est-ce qui interdirait alors un audit des coûts et des opérations ?
Un projet de fusion Air Sénégal-Transair en péril
La situation de concurrence entre Air Sénégal et Transair semblait montrer à quel point il fallait harmoniser les interventions. Les deux compagnies desservent Ziguinchor quotidiennement et sont également en concurrence sur les lignes vers Praia, Conakry et autres. Le Directeur général d’Air Sénégal, Alioune Badara Fall, du temps où il officiait comme Conseiller technique au ministère des Transports aériens, préconisait l’idée de la création d’une filiale d’Air Sénégal appelée Air Sénégal Express. La gestion serait confiée aux dirigeants de Transair. Le modèle voudrait par exemple que la flotte de Transair soit acquise et repeinte aux couleurs de la filiale et s’occuperait de la desserte intérieure et des vols de proximité. Air Sénégal se déploierait sur les autres destinations et travaillerait à rationaliser ses coûts d’exploitation. En effet, précise un expert, «certaines lignes peuvent être très rentables comme le Dakar-Abidjan, alors que les lignes déficitaires provoquent un gap énorme dans l’exploitation, d’où toutes les difficultés de la compagnie nationale». Le schéma, porté jusqu’ici par le Directeur général d’Air Sénégal, aurait séduit le patron de Transair, Alioune Fall (curieuse homonymie me dirait-on). Il reste à savoir si ce crash et l’état de cette flotte ne vont pas le compromettre définitivement. Certaines sources affirment que les nouvelles autorités sénégalaises auraient adoubé le projet calqué sur le modèle de la Royal Air Maroc avec sa filiale Royal Air Maroc Express ou d’Air France avec sa filiale Hop. Au demeurant, les relations de proximité entre le Premier ministre et la compagnie privée auraient pu aider à matérialiser cette idée. En effet, Ousmane Sonko avait choisi de ne prendre que des vols de Transair sur l’axe DakarZiguinchor du temps où il était dans l’opposition. Cette préférence a pu laisser nourrir la rumeur d’une proximité des dirigeants de Transair avec les dirigeants de Pastef. Est-ce cela qui expliquait le fait que le régime de Macky Sall n’encourageait pas trop les activités de Transair ? Il reste qu’il appartiendra au gouvernement de se montrer intransigeant pour situer les responsabilités dans cet accident et engager toutes mesures qui permettront d’éviter qu’Air Sénégal ne continue d’être un gouffre à milliards.
Post scriptum : Bravo à Diomaye et Sonko de ne pas persister dans l’erreur
Les autorités gouvernementales ont très vite pris la mesure des dégâts que pouvait provoquer la mesure annoncée le 28 avril 2024 par l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, de suspension unilatérale des chantiers de construction sur la Corniche de Dakar. C’est ainsi que le tandem Diomaye-Sonko a fini par autoriser les promoteurs et autres propriétaires à poursuivre leurs travaux. On doit les féliciter pour cette humilité et les encourager à plus de vigilance quant à des conseils a priori désintéressés, mais qui pourraient avoir des relents de conflits d’intérêts ou de petits règlements de comptes. En effet, un des plus grands promoteurs immobiliers frappés par la mesure de suspension des chantiers nous a confié son étonnement devant cette mesure brutale, après qu’un proche du nouveau régime n’a pas pu lui imposer de lui confier un marché de suivi de ses chantiers
JEAN PIERRE SENGHOR S’ENGAGE À LIVRER TOUTE LA VÉRITÉ SUR LE PRODAC
Huit ans après avoir été écarté de son poste de coordonnateur du Prodac, Jean Pierre Senghor brise enfin le silence. Invité sur les ondes de Sud FM, il promet de dévoiler tous les détails sur ce scandale financier et les raisons de son limogeage
Premier Coordonnateur national du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac), Jean Pierre Senghor s’est engagé à livrer toutes les informations concernant le Prodac après avoir donné tous les éléments sur les tenants et les aboutissements de ce projet aux nouvelles autorités, notamment le Premier ministre, Ousmane Sonko, son chef hiérarchique. Invité de l’émission Objection de la radio Sud Fm (privée) hier, dimanche 12 mai, l’actuel Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal a révélé avoir été « viré pour insubordination sur la base de fausses informations » de son poste de Coordonnateur national du Prodac.
L’histoire du scandale financier présumé dans la gestion du Programme des domaines agricoles communautaires (Prodac) semble partie pour connaitre un dernier rebondissement qui pourrait enfin édifier les Sénégalais sur les vrais tenants et aboutissements de cette affaire qui a entouré la première phase de ce programme de 100 milliards qui continue de cristalliser les positions au Sénégal. En effet, invité de l’émission Objection de la radio Sud fm (privée) hier, dimanche 12 mai, l’ancien Coordonnateur national de ce programme lancé en 2014, Jean Pierre Senghor, s’est engagé à livrer toutes les informations concernant le Prodac qu’il a d’ailleurs qualifié comme « un des plus beaux projets de ces trente dernières années ». En effet, interpellé par notre confrère Baye Oumar Guèye sur sa part de vérité dans le débat portant sur le scandale dans la gestion de ce programme de 100 milliards qui continue de cristalliser les positions au Sénégal, l’actuel Secrétaire exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire du Sénégal, révélant qu’il a été « viré pour insubordination sur la base de fausses informations », a donné rendez-vous dans les prochains jours.
« Depuis huit ans que j’ai été viré de ce programme pour insubordination, je suis parti et personne ne m’a jamais entendu dire un seul mot dans quelque médium que ce soit », a-t-il d’emblée souligné avant de faire remarquer. « Je veux simplement dire, comme je l’avais fait à l’époque quand j’ai été viré sur la base de fausses informations, que j’avais réservé la primeur au chef de l’Etat de l’époque. Je suis allé lui dire exactement ce qu’il en était exactement avec un dossier complet ». Et de conclure : « Avec l’arrivée des nouvelles autorités, nous sommes directement rattachés à la Primature. Donc, je réserve la primeur de l’information à l’autorité. Et quand j’aurai fini de lui donner tous les éléments et de lui expliquer tous les tenants et les aboutissements de ce beau projet qui a été plombé et que je l’espère, ils pourront relever, à ce moment-là, je reviendrais. Je vous le promets ».
L’ENSEIGNANT-CHERCHEUR EN DROIT PENAL OUSSEYNOU SAMBA ECLAIRE LA PROCEDURE
Alors que toutes les personnes impliquées dans le scandale du Prodac nient l'existence d'un rapport de l'IGF, Sonko persiste et signe. Mais si ce rapport s'avérait avéré, ne faudrait-il pas alors revoir le jugement pour dissimulation de preuves ?
«En la matière, on parle de rapport quand il y a enquête qui est sanctionnée d’un pré rapport qui est ensuite envoyé à toutes les personnes concernées par l’enquête pour recueillir leurs observations et remarques. Si les personnes concernées n’ont jamais reçu ce pré-rapport, dans ce cas, le rapport définitif n’existe pas. En droit au Sénégal, le rapport exige le principe contradictoire. Personne ne peut être condamné s’il n’a pas été entendu. Je me demande est-ce que ce principe contradictoire a été respecté par les enquêteurs de l’Igf parce que, outre Mame Mbaye Niang, toutes les personnes impliquées dans cette affaire nient catégoriquement l’existence d’un rapport de l’Igf sur le Prodac. Or, si ce principe contradictoire n’est pas respecté, le rapport n’existe pas. Maintenant, je me demande si, à l’époque, le ministre Mame Mbaye Niang avait reçu ce pré-rapport pour faire ses remarques, observations et conclusions. Le cas échéant, est-ce que ses remarques, observations et conclusions ont été prises en compte ? Car, il semble se baser sur le défaut de ces éléments pour dire qu’il n’existe pas de rapport parce que, selon lui, il n’a jamais reçu de pré-rapport de l’Igf sur le Prodac ».
Si, effectivement, ce que Sonko disait par rapport à l’existence de ce rapport était vrai, on doit pouvoir faire la réouverture le procès pour le blanchir sur la base de cet élément nouveau
« Maintenant, si tel est le cas, on peut procéder à la révision du procès parce que c’est une dissimulation de documents. En droit, lorsque l’infraction est dissimulée, on peut reprendre toute la procédure à partir du moment où on l’a découverte. Même quand on parle du délai de prescription pour une infraction, c’est à partir du moment où l’infraction a été commise. Mais la loi dit si les faits ont été dissimulés, ce n’est plus au moment de leur commission mais c’est au moment de leur découverte. Donc, c’est au moment de la découverte des faits qu’on va commencer à faire courir le point de départ de la prescription. Sommes-nous maintenant dans ce cas de figure ou pas ? Est-ce que le rapport a été caché ? Qui l’a caché ? Est-ce que la personne qui l’a fait avait la qualité de le faire ? C’est autant de questions auxquelles il faudra un jour apporter des réponses. Imaginons que ça soit le président de la République qui a le pouvoir discrétionnaire de divulguer ou de ne pas le faire qui est derrière cela, quel sera juridiquement le sort qui sera réservé à ce rapport ? Si ce rapport a existé, pourquoi les autorités qui le détenaient ne l’ont pas fait sortir pendant le procès ? S’ils l’ont réellement caché, cela n’est-il pas une infraction ? Maintenant, si effectivement ce que Ousmane Sonko disait par rapport à l’existence de ce rapport était vrai, on doit pouvoir faire la réouverture du procès pour le blanchir sur la base de cet élément nouveau qui n’avait pas été connu au moment du procès. Car, si ce rapport était connu, il aurait permis de donner une autre décision. Donc, le procureur de la République, lorsqu’il est saisi sur la base de la découverte de ce rapport, peut demander la réouverture du dossier. C’est ce que prévoit la loi. Ce sont les faits qui existaient mais qui avaient été inconnus parce que cachés ou ignorés ».