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30 novembre 2024
Santé
DE LA JUDICIARISATION DES ERREURS MÉDICALES
Comment juger les médecins ? La question est posée, d’autant que leurs arrestations donnent toujours lieu à des levées de boucliers et des menaces de grève. L’idée de créer une juridiction spéciale fait son chemin
De plus en plus, les médecins sont traduits devant les juridictions nationales. Il y a une sorte de judiciarisation à outrance des erreurs ou supposées erreurs médicales qui interpelle. Pendant très longtemps, les médecins ont joui d’une certaine impunité. Mais, de plus en plus, les populations portent plainte devant les juridictions ; les magistrats instruisent les dossiers qui aboutissent à des procès et parfois à des condamnations, fussent-elles symboliques… Et, enfin, l’État prend de plus en plus des mesures disciplinaires pour sanctionner.
Du moins, c’était le cas sous le magistère du non-médecin Abdoulaye Diouf Sarr. L’on se rappelle encore les cas récents de Dr Abdou Sarr de l’hôpital Magatte Lo de Linguère, Amadou Guèye Diouf de l’hôpital régional de Louga.
Dans l’affaire Doura Diallo de Kédougou, la tutelle, sous la conduite cette fois d’un médecin, a préféré laver à grande eau ses agents. Contrairement au communiqué de l’autorité judiciaire qui parle de ‘’grave négligence’’, elle s’est évertuée à justifier des actes dits médicaux. Ce qui rend hypothétique la prise de mesures, ne serait-ce qu’à des fins conservatoires contre les médecins incriminés. À la grande désapprobation de la famille de la victime. Laquelle ne se fait aucun doute sur la culpabilité du personnel médical. Il en veut pour preuve leurs premières réactions. ‘’Quand j’ai dit à l’anesthésiste qu’ils ont tué ma femme et mon enfant, il était en larmes. Il ne pouvait même plus parler, car il sait très bien ce qui s’est passé. Le gynécologue était paniqué. Ils ont fait leur bêtise et exercent un chantage sur la justice’’. Bouillant de rage, il rétorque aux syndicalistes qu’ils font comme si Kédougou était le sacrifice suprême : ‘’Qu’ils restent à Dakar, si Kédougou est un sacrifice pour eux !’’
‘’Renforcement du tribunal des pairs’’
Ainsi, si des sanctions administratives ne sont pas attendues de Marie Khemesse, la justice sénégalaise pourrait sévir. Ira-t-elle jusqu’au bout de l’initiative qui a été prise par le parquet de Kédougou ? Rien n’est moins sûr. Déjà, les blouses blanches sont sur le pied de guerre, pour s’ériger en bouclier. Et si la volonté de l’Ordre national des médecins du Sénégal (ONMS) se matérialise, les médecins seront à l’avenir jugés par les médecins… Dans un communiqué publié avant-hier, le président de l’ordre estime que les autorités doivent apprendre de cette situation, ‘’pour adapter l’arsenal juridique par le renforcement du tribunal des pairs’’.
‘’L’ONMS, lit-on dans le communiqué, en appelle à la responsabilité de l’État pour qu’autant de pouvoir placé entre les mains d’un seul individu ne puisse nuire aux efforts déployés depuis de nombreuses années pour améliorer la santé des populations et demande le respect de la présomption d’innocence en cas de suspicion de manquements dans le cadre des actes médicaux pratiqués dans les formations sanitaires’’.
En fait, l’ordre a fait plus qu’exiger le respect de la présomption d’innocence. Dr Boly Diop et Cie déplorent tout simplement la démarche du procureur qui s’est, selon leurs termes, substitué à l’expertise des pairs. ‘’Cette attitude semble condamner les membres d’un ordre professionnel régi par la loi avant d’avoir épuisé tous les principes de prudence’’, dénoncent-ils, non sans appeler le parquet au respect de la procédure, notamment la saisine de l’ordre pour les besoins d’expertise.
En langage moins codé, l’ordre semble dire au procureur de se contenter de l’avis des experts qu’il avait mis à sa disposition. ‘’L’ONMS se désole de la tournure prise par cette affaire du seul fait de la volonté du procureur de passer outre l’expertise des sachants dûment désignés, le respect du principe de la présomption d’innocence et la mise à contribution du tribunal des pairs’’.
‘’Le rapport de l’Ordre des médecins ne peut lier l’autorité judiciaire’’
Mais l’avis des experts lie-t-il vraiment l’autorité judiciaire, à savoir le procureur ou le juge ? Interpellé, le juriste Amadou Khomeiny Camara précise d’emblée : ‘’Le rapport de l’Ordre des médecins ne peut lier l’autorité judiciaire. C’est juste à titre de renseignement. Le dernier mot appartient toujours au magistrat, en l’espèce, au procureur qui est seul maitre de l’opportunité des poursuites. S’il juge opportun de poursuivre, un rapport de l’Ordre des médecins ne peut l’en empêcher…’’
Revenant plus généralement sur la prise en charge des erreurs médicales dans le droit positif sénégalais, il explique : ‘’Comme vous le savez, le médecin n’a pas une obligation de résultat. Il a juste une obligation de moyens. Il doit donc se comporter en bon père de famille. Au cas contraire, on peut considérer qu’il y a une faute médicale. Maintenant, la question qui se pose est de savoir comment caractériser cette faute ? Est-ce qu’un simple juriste, un magistrat peut le faire ? Évidemment que non. Il faut forcément un homme de l’art, c’est-à-dire un médecin. L’on peut alors se demander sur quoi le juge ou le procureur peut se baser pour passer outre l’avis du spécialiste. Ce sera très difficile. En tout cas, devant le juge, l’avis du spécialiste est souvent décisif.’’
‘’Ce qui m’écœure, fulmine-t-il, c’est ce corporatisme…’’
À en croire ce procureur, le plus écœurant dans cette affaire, c’est cette posture des médecins à vouloir à chaque fois prendre en otage de pauvres innocents pour protéger un des leurs. ‘’Ce qui m’écœure, fulmine-t-il, c’est ce corporatisme qui les pousse à vouloir se faire justice eux-mêmes à chaque fois qu’il y a erreur médicale. J’ai l’impression qu’ils ne se soucient jamais du préjudice subi par les victimes. À chaque fois qu’un des leurs est arrêté pour nécessité d’enquête, on prend systématiquement en otage toute la population, avec l’arme fatale qu’est la grève. Qu’adviendrait-il si toutes les corporations faisaient la même chose ?’’, s’interroge le magistrat dépité.
Selon Khomeiny, certaines revendications des médecins ne manquent tout de même pas de pertinence. ‘’Certains, dit-il, en sont venus à demander tout simplement s’il ne vaut pas mieux d’avoir tout simplement un tribunal spécial pour les médecins, comme c’est le cas chez les militaires, compte tenu des spécificités de la matière’’.
PLUS DE 800 MALADES MENACÉS DE FINIR EN FAUTEUIL ROULANT
Le Sénégal a célébré hier, mercredi 7 septembre 2022, pour la troisième fois, la Journée mondiale de sensibilisation consacrée à la maladie de la myopathie de Duchenne qui touche les muscles de l’organisme.
Le Sénégal a célébré hier, mercredi 7 septembre 2022, pour la troisième fois, la Journée mondiale de sensibilisation consacrée à la maladie de la myopathie de Duchenne qui touche les muscles de l’organisme. Maladie handicapante, elle est méconnue des Sénégalais de par sa rareté mais aussi sa complexité dans la manifestation. Avec plus de 800 malades dans le pays, l’Association des personnes victimes de myopathie a fait le plaidoyer pour un Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle pour mettre à l’aise les malades qui finissent, dans de nombreux cas, leur vie en fauteuil roulant.
La myopathie de Duchenne, ou dystrophie musculaire de Duchenne, est une maladie génétique provoquant une dégénérescence progressive de l’ensemble des muscles de l’organisme. Elle est liée à une anomalie du gène Dmd, responsable de la production d’une protéine impliquée dans le soutien de la fibre musculaire.
Selon le docteur neurologue Mariétou Traoré, cette pathologie est héréditaire et génétique parce que liée à une défaillance au niveau du gène qui coopte la protéine qui sous-tend le muscle. «Quand un muscle fonctionne, c’est parce que la protéine est normale. Maintenant, cette protéine, dans la maladie de Duchenne, est anormale. Elle s’appelle la dystrophie».
Pour le Dr Traoré, on a deux possibilités pour attraper la maladie. «Soit c’est un accident génétique au cours de l’embryonnaire ou c’est la maman qui va transmettre le gène malade au garçon. C’est pour cela que ce sont souvent les garçons qui sont malades de cette pathologie et les filles sont porteuses du gène malade», a-t-elle renseigné.
Sur le plan clinique, selon la spécialiste de la maladie, la myopathie de Duchenne, se déclare tôt pendant l’enfance, en général à l’âge de 18 mois, deux (2), cinq (5) ans. «Ce sont des enfants qui, quand ils courent ils tombent, quand ils montent les escaliers, ils font des chutes, des malades qui marchent sur la pointe des pieds, qui ont une augmentation du volume du mollet. Autant de signes, qui sont en rapport avec une défaillance du muscle», a déclaré la neurologue.
Face à la gravité et à la complexité de la maladie, le Sénégal a célébré hier, mercredi 7 septembre 2022, la Journée mondiale de la myopathie de Duchenne. Moment choisi pour porter la sensibilisation mais aussi le plaidoyer pour plus de soutiens à ces malades.
Pour le président de l’Association des malades de la myopathie de Duchenne, Brahim Aïdara Ndiaye, l’objectif de la journée est d’abord de marquer leur empreinte en faisant parler de cette maladie qui fait partie des 58 maladies rares génétiques. «Nous avons des problèmes musculaires. Nous avons du mal à nous tenir sur nos deux jambes, à soulever quelque chose. Notre première mission, est la sensibilisation, faire connaître cette maladie des Sénégalais» a déclaré M. Ndiaye.
COMPLICATIONS: INSUFFISANCE RESPIRATOIRE CONDUISANT A UN ARRET DE LA RESPIRATION, CARDIOMYOPATHIE EVOLUANT VERS UNE INSUFFISANCE CARDIAQUE
Avec plus de 800 malades dans le pays, les acteurs de la lutte ont fait le plaidoyer afin que l’Etat leur offre un accompagnement psycho-sociale, ainsi que la mise à disposition d’un Centre de rééducation et de réadaptation fonctionnelle qui reste, à en croire l’association, la seule solution pour mettre à l’aise les personnes souffrant de cette pathologie. Une sortie qui fera dire à la spécialiste de la maladie, Dr Traoré, qu’il est important de faire de la sensibilisation. «Beaucoup diront qu’il y a des maladies rares ; mais c’est une pathologie grave de par ses complications. Nous avons des muscles extérieurs du bras, de la cuisse, de la jambe, mais il y aussi d’autres muscles qui sont intrinsèques à l’intérieur de l’organisme à savoir les muscles de l’œsophage, du cœur, du diaphragme qui sous-tend la respiration. Si la maladie évolue vers l’atteinte de ces muscles, ce qui va se passer, pour le diaphragme, le malade va présenter des troubles respiratoires avec une complication qui engage le pronostic vital, avec une insuffisance respiratoire qui va conduire à un arrêt de la respiration avant l’âge de 13 ans. Si c’est le muscle cardiaque qui est atteint, il va présenter une cardiomyopathie qui va évoluer vers une insuffisance cardiaque», a renseigné Dr Traoré. Et de poursuivre : «la prise en charge est multidisciplinaire. Il y a une concertation qui se fait avec tous les spécialistes impliqués dans l’évolution de la maladie. Au niveau du service de neurologie, nous avons des médicaments pour ralentir l’évolution». En attendant que la recherche établisse des protocoles de soins adaptés pour le traitement curatif de cette maladie, des patients en absence de rééducation régulière des muscles continuent de voir leurs muscles se déformer, les conduisant à une paralysie, au fauteuil roulant, avant d’être cloué au lit. «Il n’y a pas de traitement curatif. Mais, en Europe, les spécialistes travaillent sur un traitement thérapeutique», a souligné Docteur Mariétou Traoré.
LE SAMES EN GRÈVE DE 72 HEURES
L'assemblée générale tenue hier à Kédougou a été l'occasion pour le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal de se pencher sur des sujets qui étranglent leur profession avec en ligne de mire l'affaire Doura Diallo.
L'assemblée générale tenue hier à Kédougou a été l'occasion pour le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal de se pencher sur des sujets qui étranglent leur profession avec en ligne de mire l'affaire Doura Diallo. Il s'agit entre autres points de crispation : l'emprisonnement quasi systématique des agents de santé, des décisions précipitées du parquet dans certains accidents.
Sous ce rapport, le Sames rappelle d'emblée qu'en 2 ans, 3 agents de santé ont été emprisonnés pour des affaires banales dans la région de Kédougou. Ainsi, il a dénoncé une volonté manifeste du Parquet de causer du tort au système de santé de Kédougou.
Par ailleurs, regrettant une tendance d'emprisonnement quasi systématique des agents de santé devant tout accident ou incident survenu à l'hôpital, le Sames a exigé la prise de dispositions réglementaires instituant la consultation du ministre de la Santé et de l'Action Sociale ainsi que le président de l'Ordre National des Médecins du Sénégal, avant toute audition ou poursuite d'un agent de santé, pour ne pas provoquer des décès évitables à cause de décisions précipitées du parquet.
Mieux, les syndicalistes exigent des concertations entre les Ministères de Justice, celui de la Santé et le Haut conseil de la Magistrature.
En conséquence, constatant l'absence de toute proposition de l'Etat du Sénégal, le Sames a décrété un mot d'ordre de grève de 72h renouvelable. Cette grève, selon le Bureau exécutif national du Sames, concerne toutes les activités cliniques et de coordination ainsi que les actes médico-légaux (Genre de mort, Expertises, Certificat pour coups et blessures, autopsie etc).
par l'éditorialiste de seneplus, félix atchadé
LA RESPONSABILITÉ MÉDICALE, LE DROIT ADMINISTRATIF ET LE PROCUREUR
EXCLUSIF SENEPLUS - La sortie du procureur de Kédougou est un modèle de déclaration politique : biaisé, péremptoire et spéculatif. Malick Sall va-t-il faciliter le traitement juste des plaintes dans les services de santé ?
Felix Atchadé de SenePlus |
Publication 06/09/2022
Depuis quelques jours, la justice sénégalaise nous donne le spectacle affligeant de son niveau élevé de dysfonctionnement. Cette fois-ci, il ne s’agit pas d’un homme politique dont le destin est scellé par une poignée de magistrats obéissant aux ordres du chef de l’exécutif. Nous sommes confrontés à un drame que les errements d’un procureur rendent encore plus difficile à supporter.
La mort des suites d’une intervention chirurgicale de la parturiente Mamy Doura Diallo et de son bébé au centre de santé de Kédougou a montré à quel point les citoyens sont en insécurité judiciaire. Notre liberté, notre présence parmi nos proches, l’exercice de notre métier peuvent être remis en cause du jour au lendemain par la simple volonté d’un procureur et ceci sans que le droit ait quelque chose à y voir. Il s’y ajoute, pour le malheur des professionnels de santé, la frénésie procédurale des magistrats depuis la découverte par les médias du marronnier de la mort dans les structures de santé.
Il suffit de quelques manchettes racoleuses et morbides de la presse écrite le matin suivies de « plateaux de télévision » le soir avec des chroniqueurs sans la moindre compétence médicale, mais suffisamment spécialiste en « toutologie » pour que la machine s’emballe. Le procureur de pousser tous les dossiers qui se sont amoncelés sur son bureau au fil des années pour s’occuper du cas à grand renfort de communiqués de presse.
Deux remarques préliminaires
Il n’est pas question ici de critiquer la presse qui fait face à des contraintes structurelles parmi lesquelles le modèle économique n’est pas des moindres. Les journalistes qui tiennent l’antenne en direct pendant des heures sont des « forçats de l’information » nous leur devons des encouragements pas des quolibets. Il ne s’agit pas de dire que les professionnels de santé ne doivent pas rendre des comptes lorsque leur responsabilité est engagée. De même, passer par perte et profits la situation problématique de notre de système santé en général et des structures de soins médicaux en particulier. Divers travaux scientifiques et des rapports d’organisations de la société civile ont montré comment la violence est au cœur du fonctionnement des hôpitaux. Qu’elle soit verbale, physique ou symbolique, de manière banale la violence s’exerce sur les patients par des professionnels. Les travailleurs des hôpitaux subissent eux-mêmes la violence des usagers et de l’institution. Les établissements publics de santé sont des employeurs à qui le droit du travail ne s’applique pas.
Que les professionnels de santé et les établissements publics de santé aient mauvaise presse et l’opinion remontée contre eux, ils n’en demeurent pas moins des sujets de droit. La loi sénégalaise est claire : le professionnel de santé qui exerce au sein d’une structure hospitalière publique intervient en tant qu’agent de l’administration et le patient est un usager du service public. En cas d’accident, seule la responsabilité de l’établissement public est en principe engagée. C’est quand il peut être considéré que le professionnel de la santé a commis une faute personnelle détachable de ses fonctions que sa responsabilité pénale ou civile est engagée. Les fautes détachables de l’agent résultent d’actes relevant de sa vie privée ; d’une intention de nuire ; de la recherche d’un intérêt personnel et enfin la faute inadmissible, inexcusable au regard de la déontologie professionnelle. Cette responsabilité personnelle des agents ne se présume pas, elle doit être démontrée par des enquêtes sérieuses.
Procureur ou politicien ?
Le communiqué de presse (CP) du 31 août 2022 du procureur de la République près du Tribunal de grande instance de Kédougou est un modèle de déclaration politique : biaisé, péremptoire et spéculatif, il peut servir de modèle à tous ceux qui au sein des partis sont chargés d’en rédiger. Il ressort de la lecture que son auteur n’est pas médecin et qu’il connaît peu de choses à l’art. Aucun terme médical pour décrire les éventuels manquements, des affirmations gratuites comme « la défunte qui était diabétique ne pouvait nullement supporter accouchement par voie basse vu son poids qui était quasiment à 100 kg ». « Il nous a été donné de constater que le fœtus pesait 4 kilos 770 grammes et donc ne pouvait sous quelque acrobatie utilisée sortir par la voie basse. »
Quelles sont les sources médicales du procureur ? En termes techniques, l’équipe médicale était face à une dystocie des épaules conséquence d’une macrosomie fœtale. Les praticiens avaient-ils posé le diagnostic de macrosomie fœtale avant le début du travail ? Au cours des visites prénatales avaient-ils décelé les signes devant les orienter dans ce sens ? Les réponses à ces questions et bien d’autres ne peuvent que découler de l’étude attentive du dossier médical de la défunte. Le dépistage d’une macrosomie fœtale n’est pas un exercice facile. La sensibilité et la spécificité du dépistage clinique sont mauvaises. À l’échographie, les calculs pour estimer le poids fœtal ne sont pas infaillibles. À Kédougou, ces moyens existent-ils ? Le débat fondamental est de savoir si la responsabilité des praticiens est engagée. Le cas échéant, savoir s’il s’agit d’erreur ou de faute. Le procureur de Kédougou tel un politicien désireux de profiter d’une occasion pour faire avancer sa cause n’a pas voulu s’intéresser au fond.
Que fait maître Malick Sall, le ministre de la Justice ?
Il y a quelques semaines François Mancabou interpellé en bonne santé mourait après quelques jours de garde à vue. Dans un endroit où il n’y a aucune de raison d’avoir des « fractures cervicales », il en a été victime. L’« enquête » du procureur de Dakar n’a donné lieu à aucune garde à vue. Pourquoi l’hôpital, lieu où la mort est un phénomène malheureusement récurent, ne peut pas être le théâtre d’enquêtes sans gardes à vue et mandats de dépôt ? Maître Malick Sall qui s’est surtout illustré jusqu’à présent comme garde des siens va-t-il prendre date avec l’histoire en mettant en œuvre des réformes qui permettront un traitement juste et équitable des plaintes des usagers des services publics de santé ? En attendant, peut-il nous dire quelles sont les instructions de la Chancellerie aux parquets dans le traitement des dossiers impliquant les professionnels de la santé ?
L’époque de la toute-puissance et l’impunité du corps médical sont révolues. En même temps que la médecine devient une science pointue et une technique sûre, le public tolère de moins en moins ce qui peut sembler des erreurs ou des fautes. Il faut prendre en compte ces évolutions et penser le traitement judiciaire qu’il faut apporter aux plaintes des usagers. Il nous paraît qu’il y a deux travers à éviter : la complaisance et l’acharnement. Cela passe par la protection des droits des usagers et des professionnels, le respect des textes de loi édictés et l’allocation à la Justice de moyens nécessaires à sa mission. Personnellement, je suis contre l’idée d’un tribunal des paires telle que le demande le Conseil de l’Ordre des médecins. Que le Conseil continue de s’occuper des fautes déontologiques va de soi. Lui donner des prérogatives en matières civiles et pénales est inconcevable en démocratie.
LA JUSTICE ABDIQUE DEVANT MARIE KHEMESS NGOM ET LES SYNDICALISTES DE LA SANTÉ
Léonce Faye (gynécologue) et son équipe (anesthésiste et aide-infirmier) impliqués dans l’affaire de la femme en couche décédée au centre de santé de Kédougou ont bénéficié hier d’une liberté provisoire.
Le juge d’instruction en charge de l’affaire de la mort en couche de la parturiente Doura Diallo et de son bébé au centre de santé de Kédougou a placé sous contrôle judiciaire les trois agents de santé mis en cause. Le gynécologue Dr Léonce Faye, l’anesthésiste et l’aide-infirmer ont bénéficié d’une liberté provisoire. Mais leurs collègues protestent contre les lourdes charges d’homicide volontaire sur un bébé et involontaire sur une parturiente.
Dr Léonce Faye (gynécologue) et son équipe (anesthésiste et aide-infirmier) impliqués dans l’affaire de la femme en couche décédée au centre de santé de Kédougou ont bénéficié hier d’une liberté provisoire. Les professionnels de la santé qui étaient en garde-à-vue depuis le 31 août dernier sont placés sous contrôle judiciaire.
D’après les explications de l’un de leurs avocats, Me Mouhamadou Malal Barry, les mis en cause ont été entendus hier par le juge d’instruction avant d’avoir bénéficié de ce contrôle judiciaire. «Ils sont libres pour le moment mais en charge de se présenter tous les 21 jours devant le cabinet d’instruction pour émarger». C’est un placement en liberté, mais pour le moment provisoire en attendant les conclusions d’une information judiciaire. «Maintenant l’enquête va commencer», a fait savoir Me Barry qui se réjouit d’avoir obtenu la «compréhension» du magistrat en charge du dossier. Le dossier a été étudié. Les trois accusés ont été inculpés d’homicide volontaire contre un bébé et d’homicide involontaire contre la dame feue Doura Diallo, et ont été placés sous contrôle judiciaire.
Le travail sérieux commence pour les avocats et pour la magistrature. L’enquête va commencer et peut être ils feront appel à tous les experts, à toutes les personnes ressources, a-t-il dit. Donc par compréhension, le magistrat en charge du dossier a choisi de mettre en liberté provisoire, -le temps de l’enquête judiciaire-, les trois prestataires accusés d’homicides volontaire et involontaire.
La justice abdique devant le ministre et les syndicats de santé
Ces arrestations font suite à la mort de Doura Diallo et son bébé au niveau du bloc opératoire de ladite structure sanitaire dans la nuit du 29 au 30 août dernier. En conférence de presse, le médecin-chef du district sanitaire de Kédougou, Fodé Danfakha a expliqué que la victime est arrivée avec un mort-né et que l’équipe en place avait tenté de sauver la mère de 15 heures à 19 heures. Qui malheureusement a succombé lors d’une intervention chirurgicale. Il a aussi précisé que, «un seul décès» a été enregistré sur «plus de 300 femmes accouchées par césarienne».
Le procureur de Kédougou, avait en effet pris des mesures conservatoires en arrêtant les trois agents impliqués dans cette affaire. Ce qui n’est pas du goût des professionnels de la santé qui se sont érigés en bouclier pour protester contre l’acte posé par le procureur qui a déclenché une procédure plaçant l’équipe médicale en garde-à-vue tout en diffusant un communiqué de presse dont voici quelques extraits. «… Les manœuvres du gynécologue (...) ont causé le décès». «A l’analyse des faits, une forte négligence médicale, une incompétence notoire ainsi qu’un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine» auraient conduit à ces deux décès. Le procureur qui aurait abusé de «gros mots» digne d’un film d’horreur médical parle «d’homicide, de complicité et de forte négligence». «Il reçoit un coup de fil le 30 aout vers 22 heures pour une affaire aussi sensible et, dès le lendemain, sans attendre l’expertise d’une spécialiste, il nous sort une horrible note qui décrit carrément une scène de crime rocambolesque. Alors que même dans les vraies scènes de crime, c’est le médecin-légiste qui oriente la lecture du droit», s’est indigné un médecin sous l’anonymat.
Pour sa part, l’urgentiste Boubacar Signaté considère qu’il aurait juste fallu que le procureur se renseigne auprès de deux à trois médecins, qu’il demande l’avis du conseil de l’Ordre des médecins pour que la gestion soit autre que d’arrêter des agents de santé. L’Association des médecins du Sénégal qui, sans gant, avoue qu’ «il n’y a aucune faute médicale» dans cet acte posé par le gynécologue Dr Faye et son équipe. Les médecins ont ainsi tous remis en cause «l’erreur matériel» du procureur de Kédougou dans une partie de son communiqué sur laquelle reposent les charges à savoir homicide volontaire qu’il a remplacé par homicide involontaire. Ils sont formels. C’est un «communiqué à charge»! Or, le procureur, disent-ils, aurait juste dû entendre le médecin incriminé et demander l’avis d’un autre expert pour leur éviter une garde-à-vue. Le procureur se serait juste basé sur du déclaratif sans prendre la peine de recourir à une expertise médicale. Seulement l’on est surpris par la décision du juge d’instruction pour des faits qualifiés de graves et de négligence qui ont conduit à la mort de deux personnes selon le Procureur de Kédougou.
Le rapport du ministère de la Santé, l’action des syndicalistes, le rôle des avocats des trois mis en cause auraient-ils permis à ces agents de bénéficier d’une liberté... provisoire ? En tout cas, la justice de Kédougou a rapidement abdiqué après avoir jeté en prison les trois mis en cause avec des charges très graves.
LA TUTELLE ET LES SYNDICATS DESAVOUENT LA JUSTICE : Le Procureur de Kédougou accusé d’ «amateurisme» et d’ «impartialité»
De «l’amateurisme et de l’impartialité», s’indignent les gynécologues qui ont fait face à la presse pour d’abord donner des éclaircissements sur les gestes adoptés par leurs collègues. Lesquels actes posés seraient en parfaite symbiose avec la pratique médicale en gynécologie. Le chirurgien aurait fait exactement tout ce qu’il fallait et dans les règles de l’art. D’où leur protestation contre l’acharnement dont aurait victimes l’équipe du service gynécologique du centre de santé de Kédougou dans l’exercice de leur métier. Surtout les charges d’homicide «qui ne devaient aucunement peser» sur leurs braves collègues. D’autant que «Tout a été fait dans les règles de l’art», dixit le secrétaire général du Sames de la région de Kédougou qui dit penser que «la justice est une balance qui va toujours se pencher du côté de la vérité». Il trouve «normal, ce contrôle judiciaire». Pour lui, «la lumière a été faite sur ce dossier». Un dossier sur lequel la tutelle a communiqué en donnant les circonstances du décès de la parturiente Doura Diallo.
Dans un communiqué, la tutelle considère que tout le protocole concernant la dame en couche a été respecté. Ce qui laisse entendre que la responsabilité des personnes qui étaient retenues n’est en rien engagée. Dans le rapport, il n’y a nulle part un mot qui fait remarquer une faille dans l’exécution de leurs tâches. En tout cas, le rapport tel que libellé blanchit les incriminés. Le Secrétaire général du Sames affirme que « le ministère de la Santé est équidistant. Il a fait une enquête de manière impartiale et une enquête a révélé que tout a été respecté». Dr Yéri Camara trouve plutôt que c’est le procureur qui, dans une démarche précipitée, «a fauté». «Un geste incompréhensible. Toutes ses affirmations dans son communiqué sont fausses. Le procureur nous a montré son manque de clairvoyance, de connaissance, en prenant à la légère des choses aussi importantes que la vie, que la progression médicale de la gynécologie obstétrique», s’est-il indigné. Tout comme les femmes médecins du Sénégal qui pensent que «cette dérive d’arrestations systématiques du personnel de santé dès qu’il y a un drame dans une structure doit cesser».
Les syndicalistes ont mutualisé leurs forces pour dire non à «un abus de pouvoir», à «l’acharnement» et «aux arrestations» constatés ces derniers jours dans leur secteur. Depuis deux jours, seules les urgences et le service minimum sont assurés dans les structures sanitaires au niveau national, particulièrement à Kédougou. Deux jours d’arrêt de consultation médicale. «Le procureur de Kédougou aura sur ses épaules la responsabilité de tous ces décès maternels et néonatal qui surviendront dans cette région pendant cette période», a dit Dr Yéri Camara qui confie que le Sames n’écarte pas d’autres actions d’envergures. Une grève de 48 heures qui n’est donc que la première partie du plan d’action des médecins grévistes. «Le plan va continuer, et aller crescendo. Nous pensons que le président de la République, le ministre de la Justice prendrons en compte les conclusions de cet audit pour démontrer que toutes les règles édictées en la matière ont été respectées. Et surtout se demander combien de femmes ont été sauvées?».
Les deux jours de mouvement d’humeur seront suivis d’une Assemblée générale pour déterminer la suite du mouvement des professionnels de la santé qui dénoncent une dérive et les arrestations systématique de personnels de santé dans des cas similaires. «Au vu de la gravité du préjudice subi», les femmes médecins, elles, exigent des «excuses publiques» et une «réparation du préjudice aux concernées (Dr Léonce Faye, Abdou Aziz Dioum et Bacary Diabakhaté».
LE SAMES EN GREVE POUR 48 HEURES
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décrété un mot d’ordre de 48 heures à partir de ce lundi sur l’ensemble des structures sanitaires du Sénégal.
Le Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) a décrété un mot d’ordre de 48 heures à partir de ce lundi sur l’ensemble des structures sanitaires du Sénégal. « Nous irons en assemblée générale à Kédougou. Si la tension ne se décante pas, ce sont des mots d’ordre qui seront déroulés. L’Etat n’a qu’à se ressaisir, on n’acceptera pas qu’on mette les médecins en prison. On s’est assez sacrifiés » a fait savoir le secrétaire général du Sames, Amadou Yéri Camara, à la presse.
« Il y a des gestes barbares pendant lesquels, on enfonce des clous dans les genoux, une perceuse pour percer un crâne. Quand on ne sait pas, on se tait. Personne n’aime les faire parce que c’est des gestes barbares mais c’est salvateur, on nous l’a appris à la formation. Malheureusement les décès maternels sont une réalité dans ce pays. Selon lui, l’effort de recrutement de ressources humaines du ministère pour avoir des gynécologues dans cette zone risque de tomber à l’eau à cause d’un procureur qui cherche à se faire connaitre », dit-il.
LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ PARLE «DE CONFORMITÉ DE PROCÉDURE DE SAUVETAGE»
L’audit fait par le ministère de la Santé et de l’Action sociale sur le décès d’une femme en couches et de son bébé le 30 aout dernier à Kédougou, renseigne que l’intervention chirurgicale a été conforme avec les procédures de sauvetage
L’audit fait par le ministère de la Santé et de l’Action sociale sur le décès d’une femme en couches et de son bébé le 30 aout dernier à Kédougou, renseigne que l’équipe chirurgicale conduite par le gynécologue Léonce Mbade Faye, présentement sur les liens de la détention, a été conforme avec les procédures de sauvetage.
«L’exploration chirurgicale a retrouvé une rupture utérine sur une ancienne cicatrice avec propagation, ainsi qu’une hémorragie interne avec 500ml de sang aspiré. Devant les difficultés d’extraction du fœtus et l’absence de signe de vie dudit fœtus, une embryotomie a été réalisée», a fait savoir le communiqué sur la mission d’audit de décès maternels à Kédougou. Et de poursuivre: «Dans le but d’arrêter le saignement pour sauvetage maternel, une hystérectomie d’hémostase a été effectuée, suivi de la mise en place d’un drain pour évacuer le sang résiduel et surveiller d’éventuel saignement. L’intervention a duré trois heures. En fin d’intervention, la patiente a présenté un arrêt cardiorespiratoire suivi d’une réanimation sans succès. Le décès a été constaté à 19heures».
Dans le communiqué daté du 03 septembre qui nous est parvenu hier, dimanche 4 septembre, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a renseigné : «suite à l’information, Madame le ministre de la Santé et de l’Action sociale a dépêché une mission à Kédougou le jeudi 1er septembre dans le but de procédé à l’audit de ce décès. Cette mission a été conduite par le directeur de la santé de la mère et de l’enfant, accompagné d’un représentant de la chaire de gynécologie obstétrique de la faculté de médecine, de pharmacie odontologie de l’Ucad».
Un audit qui s’est basé sur les documents dont le registre de consultations prénatales du poste de santé de Dabala où la femme était suivie, le registre de programme du poste de santé de Dabala ; la fiche de référence de la patiente du poste de santé de Dabala vers le centre de santé de Kédougou ; le dossier d’accouchement de la patiente au niveau du centre de santé de Kédougou; la feuille de surveillance de la patiente ; le compte rendu de la césarienne effectué sur la patiente mais aussi le carnet de santé de la mère et de l’enfant de la dame Doura Diallo.
Selon le ministère de la Santé et de l’Action sociale, il en est sorti de cet audit, la présentation chez la femme de près de six facteurs de risques susceptible de compromettre la grossesse ou l’accouchement. Les consultations de la femme au poste de santé de Dabala, avec les fiches de référence au centre de santé de Kédougou pour une meilleure prise en charge de la grossesse. La prise en charge de la femme au centre de santé de Kédougou le 30 aout 2022 à son arrivée, conformément aux normes et protocoles en vigueur à travers l’indication de la césarienne et la réalisation de la visite pré anesthésiste dans les délais.
Face à cette situation, le ministère de la Santé et de l’Action sociale a renouvelé ses condoléances à la famille de la défunte Doura Diallo. Il a en outre manifesté son soutien au personnel de santé et d’action sociale, et les a exhortés à persévérer dans les soins humanisés. «J’appelle au calme et à la sérénité et réitère notre ferme volonté d’offrir aux populations des soins de qualité », renseigne la ministre de la Santé dans ledit communiqué.
UNE FORTE NÉGLIGENCE A CAUSÉ UN NOUVEAU DRAME AUTOUR DE L'ACCOUCHEMENT
Mme Doura Diallo s'est présentée mardi au centre de santé de Kédougou pour un accouchement avant une décision du personnel médical de faire une "intervention chirurgicale" faite "trop tard car la situation était déjà devenue inextricable"
"Une forte négligence médicale" a causé le décès cette semaine au Sénégal d'une femme et son bébé et justifie la garde à vue de trois personnels de santé, a déclaré un procureur d'un tribunal sénégalais.
"Eu égard à la gravité des faits", trois "personnes mises en cause sont arrêtées et placées (depuis mercredi) en position de garde à vue pour homicide volontaire et complicité de ce chef", a indiqué le procureur du tribunal de grande instance de la ville de Kédougou (sud-est), Baye Thiam dans un communiqué, daté de mercredi et parvenu vendredi à l'AFP.
Mme Doura Diallo, dont l'âge n'a pas été précisé, s'est présentée dans la journée de mardi au centre de santé de Kédougou pour un accouchement avant une décision du personnel médical de faire une "intervention chirurgicale" faite "trop tard car la situation était déjà devenue inextricable". Les centres de santé sont des structures intermédiaires entre postes de santé et hôpitaux au Sénégal.
Selon le procureur, citant un rapport médical, "les manoeuvres du gynécologue pour extraire le nouveau-né ont causé (son) décès" et ont "certainement provoqué une rupture utérine qui a immédiatement conduit au décès de la mère suite à une hémorragie externe et un arrêt cardiaque". "Une forte négligence médicale ainsi qu'un manquement manifeste aux règles élémentaires de la médecine ont été relevés", indique-t-il. Les trois personnes en garde à vue sont un gynécologue, un anesthésiste et un infirmier, a indiqué à l'AFP un représentant syndical.
La presse sénégalaise a rapporté des circonstances terribles pendant l'accouchement et la prise en charge par l'équipe médicale. Cette affaire fait écho à une autre qui a suscité un vif émoi. Astou Sokhna, la trentaine, mariée et enceinte de neuf mois, est décédée le 7 avril à l'hôpital de Louga (nord) après avoir attendu dans de grandes souffrances pendant une vingtaine d'heures la césarienne qu'elle réclamait.
Trois sages-femmes ont été condamnées en mai à Louga à six mois de prison avec sursis pour "non assistance à personne en danger". Onze bébés ont péri le 25 mai dans un incendie dans l'hôpital de la ville de Tivaouane (ouest). Trois personnes qui étaient en détention préventive dans le cadre de l'enquête ont bénéficié d'une liberté provisoire entre le 23 août et le 30 août, a rapporté la presse. Quatre nouveau-nés avaient également péri dans l'incendie d'un service de néonatalogie à l'hôpital de Linguère (nord) en avril 2021.
Le président Macky Sall a reconnu "l'obsolescence" du système de santé et ordonné son audit après le drame de Tivaouane.
TROIS AGENTS DE SANTÉ ARRÊTÉS DANS UN NOUVEAU DRAME AUTOUR DE L'ACCOUCHEMENT
Une femme et le bébé qu'elle portait sont décédés dans la nuit de mardi à mercredi lors de l'accouchement dans un centre de santé de Kédougou. La presse a rapporté des circonstances terribles au cours de la prise en charge par l'équipe médicale
Trois professionnels de santé ont été placés en garde à vue cette semaine au Sénégal après le décès d'une femme enceinte et son bébé, dernier drame en date autour de l'accouchement et la maternité dans le pays, a indiqué un représentant syndical.
Ces décès mettent à nouveau en lumière les carences du système de santé au Sénégal après une série d'accidents fatals.
Une femme et le bébé qu'elle portait sont décédés dans la nuit de mardi à mercredi lors de l'accouchement dans un centre de santé de Kédougou (sud-est), a indiqué à l'AFP un représentant syndical s'exprimant sous le couvert de l'anonymat parce que l'affaire est entre les mains de la justice.
La presse a rapporté des circonstances terribles au cours de l'accouchement et de la prise en charge par l'équipe médicale.
Les centres de santé sont des structures intermédiaires entre postes de santé et hôpitaux dans les petites villes.
"Trois personnes ont été arrêtées depuis hier (mercredi). Elles sont en garde à vue à la gendarmerie de Kédougou pour négligence", a dit le représentant syndical. Il s'agit d'un gynécologue, un anesthésiste et un infirmier, a-t-il précisé.
Selon la presse sénégalaise, Dioura Diallo, en état de grossesse très avancée et dont l'âge n'a pas été précisé, s'est présentée mardi soir au centre de santé. Elle est décédée après avoir abondamment saigné et à la suite d'une césarienne ratée lors de laquelle le bébé a subi des blessures avant de décéder, selon la presse.
Cette affaire fait écho à une autre qui a suscité un vif émoi. Astou Sokhna, la trentaine, mariée et enceinte de neuf mois, est décédée le 7 avril à l'hôpital de Louga (nord) après avoir attendu dans de grandes souffrances pendant une vingtaine d'heures la césarienne qu'elle réclamait.
Trois sages-femmes ont été condamnées en mai à Louga à six mois de prison avec sursis pour "non assistance à personne en danger".
Onze bébés ont péri le 25 mai dans un incendie dans l'hôpital de la ville de Tivaouane (ouest). Trois personnes qui étaient en détention préventive dans le cadre de l'enquête ont bénéficié d'une liberté provisoire entre le 23 août et le 30 août, a rapporté la presse.
Quatre nouveau-nés avaient également péri dans l'incendie d'un service de néonatalogie à l'hôpital de Linguère (nord) en avril 2021.
Le président Macky Sall a reconnu "l'obsolescence" du système de santé et ordonné son audit après le drame de Tivaouane.
UN PROJET DE COUVERTURE MALADIE POUR LES VACANCIERS SÉNÉGALAIS EN GESTATION
L’Agence en charge de la couverture maladie universelle envisage de faire bénéficier ses services aux expatriés sénégalais de passage au pays à travers une offre dénommée ‘’CMU-Diaspora’’
Dakar, 1er sept (APS) – L’Agence en charge de la couverture maladie universelle envisage de faire bénéficier ses services aux expatriés sénégalais de passage au pays à travers une offre dénommée ‘’CMU-Diaspora’’, a indiqué, jeudi, un responsable de la structure.
"Nous voulons développer un modèle de prise en charge en faveur des émigrés et des membres de leurs familles une fois en vacances au Sénégal. Ces sénégalais de la diaspora perdent leur prise en charge dès qu’ils viennent en vacances, car en dehors de la France où des États-Unis, il n’existe pas une convention de protection sociale qui assure la portabilité CMU’’, a notamment assuré Serigne Diouf.
Le Directeur des opérations à l’Agence nationale de la couverture maladie universelle (ANCMU) intervenait lors d’un déjeuner et de partage d’informations avec des membres de l’Association des journalistes en santé, population et démographie.
Pour se faire, l’ANCMU compte s’appuyer sur le développement de partenariats avec des Dahiras et autres associations regroupant des sénégalais de la diaspora afin d’enrôler les familles de leurs membres restés au pays à travers un système de parrainage des personnes vulnérables, a expliqué M. Diouf.
Il a ainsi fait part de la volonté de l’ANCMU de sensibiliser les émigrés à adhérer à cette initiative afin de bénéficier d’une couverture sociale le temps qu’ils soient en vacances au Sénégal.
Ce projet fait partie des trois initiatives majeures de l’Agence nationale de la couverture maladie universelle dont certaines sont déjà en cours d’exécution. Il s’agit de l’intégration des gratuités dans les mutuelles de santé locales, la restructuration des organisations mutualistes et l’installation des bureaux CMU comme CMU Diaspora.
‘’La première initiative consiste à investir dans la santé de la mère et de l’enfant avec un financement de la Banque mondiale de 17 milliards de francs CFA. Avec ce projet déjà démarré dans six régions, nous voulons transférer la gestion de la prise en charge dans les mutuelles de santé’’, a avancé le responsable de l’ANCMU.
Il a fait savoir que l’agence n’allait plus procéder au remboursement, une tâche appelée à désormais être dévolue aux mutuelles de santé.
Ce projet est déroulé dans les régions de Kaffrine, Kédougou, Sédhiou, Tambacounda, Ziguinchor et Kolda, a fait savoir le Directeur des opérations, qui ajoute que 3 milliards de francs CFA ont été déjà mobilisés.
‘’Avec l’initiative visant à restructurer les organisations mutualistes, la CMU veut réduire le nombre de mutuelles de santé de 676 à 46 en raison d’une pour chaque département du pays’’, a fait noter Serigne Diouf.
Le directeur des opérations de l’ANCMU a dit qu’à ce jour, 38 départements avaient accepté de fusionner leurs mutuelles. Il s’agit à travers ce procédé d’éviter l’émiettement des mutuelles.
"S’agissant de la dernière initiative, nous allons implanter un bureau CMU qui sera chargé d’appuyer le contrôleur financier. On confond souvent la CMU à des dettes, alors que la responsabilité par rapport à cette question est partagée", a-t-il justifié.