CES GROS PONTES THIESSOIS FONT LE TONG-TONG DE MBOUR 4
Lors de sa visite surprise dans ce lotissement, le président a directement accusé d'anciens pontes du régime et des hommes d'affaires proches du pouvoir de s'être octroyés des centaines de parcelles de manière indue. Le mal serait plus profond que prévu
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Lors de sa visite inopinée au lotissement polémique de Mbour4, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a directement indexé des « gros pontes de l’ancien régime et des hommes d’affaires qui lui sont proches, qui se sont partagé les terres ». Selon le chef de l’Etat, qui a détaillé, à l’occasion, le scandale entouré d’une grande opacité, avec des «forfaitures, de graves distorsions à l’égalité et à l’équité entre les citoyens», « Certains se sont retrouvés avec 3, 5, 10, 30, 50 ha, il y a même un qui a reçu 200 ha, pour la simple raison de sa proximité avec ce pouvoir. Un autre, qui sait que c’est à lui que je parle, a eu 40 parcelles à lui seul ».
Au regard de la situation décrite devant le président de la République, le mal serait beaucoup plus profond qu’on l’aurait cru. Puisque des pontes de l’ancien régime, des responsables politiques, surtout de la mouvance présidentielle, se sont retrouvés avec des centaines de parcelles, entre 180 et 585 chacun. À Thiès, en particulier, des noms auraient même été cités. Seraient-ils ministres, députés, hautes autorités administratives et/ou judiciaires, leaders de parti politiques, entre autres ? A en croire l’expert en communication et relations publiques, Ousseynou Masserigne Gueye : « Des hommes du pouvoir sortant sont indexés de s’être octroyés, à titre indu, des terrains sur le site de Mbour 4 et de Thiès Ville Neuve comme un gâteau d’anniversaire avec une boulimie foncière qui démontre leur cupidité et leur soif de s’enrichir sur le dos du contribuable sénégalais ». Aussi d’indiquer que « plusieurs dignitaires du régime sortant notamment des présidents d’institutions, des ministres, des directeurs généraux, des députés, des PCA, des guides religieux entre autres sont cités parmi les grands bénéficiaires car disposant de quotas de parcelles injustifiables »
Comment un citoyen Thiessois, qui n’a rien fait d’exceptionnel, peut se faire octroyer 13 ha, pendant que la ville n’a été créditée que de 3 ha soit 120 parcelles, à distribuer à ses citoyens. Et comment cette personne puisse se sentir à l’aise, au point même de demander à ses concitoyens leurs suffrages, pour présider aux destinées de la ville », s’est interrogé sur un ton ferme, le Président de la République. Pour lui, le projet concerne près de 3.000 ha et de ce point de vue, beaucoup de Thiessois ayant des problèmes d’accès au logement, pouvaient bel et bien y trouver leur compte. « Mais des hommes politiques de l’ancien régime se sont partagé le lotissement dont certains se sont retrouvés avec 30 ha, voire 50 et 200 ha » s’est-il désolé.
Le Président de la République a réaffirmé sa ferme volonté de mettre fin à toutes ces forfaitures, d’où la première décision conservatoire de suspendre toutes les opérations sur les terrains de Mbour 4 et sur tous les terrains présentant des situations similaires.
Certains auraient dû restituer ce qu’ils ont indûment reçu avant même la mesure
Il est évident que le lotissement de Mbour 4 est un projet à contentieux, qui a fait l’objet de beaucoup de polémiques, de beaucoup de réclamations et jusqu’ici, il n’y a en réalité aucune décision claire », a remarqué le candidat recalé à la dernière présidentielle de mars 2024, Charles Emile Ciss. De ce point de vue, dit-il, « la mesure de suspension prise par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, qui est une très bonne chose, permettra d’apaiser les tensions mais aussi de pouvoir reprendre éventuellement le processus et clarifier l’historique du découpage foncier ».
Le Coordonnateur régional de Thiès de la coalition Diomaye Président trouve que « ces histoires d’accaparement de terres sont indignes du Sénégal et elles risquent de frustrer des milliers de citoyens, raison pour laquelle, il était temps que les bonnes mesures soient prises ». Et d’indiquer qu’il appartiendra aux services compétents, sur les instructions du président de la République et du gouvernement, de voir « comment reprendre éventuellement ce processus, si reprise il y aura ». Il pense que « la première mesure, c’était d’abord d’arrêter car, quand un projet est polémique, avec beaucoup de tensions, marquées par des divisions, des soupçons de spoliation, de corruption, il faut arrêter et l’auditer de fond en comble. Ce qui permettra d’assainir le dossier, d’expliquer le processus, de faire ressortir les tares et voir qui a droit à quoi et qui n’y a pas droit, etc. ».
« Tout responsable public, qu’il soit de l’ancien ou du nouveau régime ne doit bénéficier d’assiette foncière, de par sa position. Il faut prêcher par l’exemple et les bénéficiaires, dans ce cas, ne devraient même pas attendre que le président de la République prenne des mesures. Ils doivent restituer ce qui a été pris indûment », indique Charles Emile Ciss. Qui ne manque pas d’inviter le président de la République à « inciter les responsables publics à arrêter de spolier, de s’approprier des hectares de manière indue ». Il salue la dynamique enclenchée avec ces mesures prises par le Président Faye et souhaiterait qu’ « on aille jusqu’au bout, pour rétablir la confiance entre les usagers et l’administration », indiquant, dans ce cadre, qu’« il urge désormais de faire en sorte que toute mairie impliquée dans une spoliation foncière soit mise sous délégation spéciale ».
D’après l’ancien Directeur de la Solde, « les mesures prises ces dernières temps sont bien incorporées dans le projet Diomaye Président. Et la suspension du lotissement de Mbour 4, entre dans le cadre de la bonne gouvernance et du rétablissement de la confiance entre les usagers et l’administration ». Selon lui, « de telles mesures permettent également de sécuriser les assiettes foncières, étant entendu que tout le monde sait dans quelles conditions se font les attributions, lesquelles ne sont généralement pas claires et ne permettent pas aux citoyens de savoir ce qui construit dans une zone déterminée ».