DEBUT DU TEMPS DE CAREME CHEZ LES FIDELES CHRETIENS
Cette année, le Carême débute ce 22 février, jour du mercredi des cendres. Il s’achèvera, après quarante jours de pénitence, le Jeudi saint, le 6 avril, où l’on commémore le dernier repas, la Cène, que Jésus a pris avec ses disciples.
Cette année, le Carême débute ce 22 février, jour du mercredi des cendres. Il s’achèvera, après quarante jours de pénitence, le Jeudi saint, le 6 avril, où l’on commémore le dernier repas, la Cène, que Jésus a pris avec ses disciples. Le dimanche de Pâques aura lieu le 9 avril prochain.
En attendant, l’entrée en Carême est marquée par l’imposition des cendres, d’où le nom de mercredi des Cendres. Pour savoir comment ça passe, Emedia s’est rendu à la Paroisse Sainte-Thérèse de Grand-Dakar. Le lieu de culte est pris d’assaut par de nombreux fidèles. Certains prient debout, d’autres assis, dehors, au moment où la voix du prêtre résonne à l’intérieur de l’Église. Tous l’écoutent religieusement. Seul le bruit du vent, qui souffle et soulevant la poussière, perturbe la quiétude des lieux.
A la fin de la cérémonie, quelques minutes plus tard, des fidèles s’avancent vers l’autel pour allumer le cierge. Un fidèle, jeune homme de teint noir, se démarque. En boubou traditionnel, il s’est accroupi, priant avec ferveur.
« C’est une joie de rencontrer notre Seigneur »
Interrogé, Joseph Diène Thiaré nous a confié qu’il ressent « aujourd’hui, la joie d’aller à la rencontre de Jésus. » Parce que, dit-il, « c’est Jésus qui a dit ‘’Priez et jeûnez’’. Nous entrons dans un moment de pénitence, de partage et de prières. Donc, on a tout laissé pour venir faire le mercredi des cendres. On est poussière et on retournera à la poussière. C’est une joie de rencontrer notre Seigneur. »
Une marque au front, une croix dessinée avec la cendre déposée par le Prête, l’émotion d’Annah Ndour est également perceptible. Les mains dans les poches de son blouson, la fidèle chrétienne nous explique que « pour ce premier jour, c’est un moment où on va vers Dieu. On Lui soumet tout ce qu’on a en tant que pêcheur, enfant de Dieu. Lui demander pardon pour tous les péchés. Chaque jour, on pèche, en calomniant, se moquant ou autre chose. Mais, c’est un temps favorable pour laver nos cœurs, se retourner vers Dieu. »
« Laver le cœur »
Pour elle, changer de garde-robe n’est pas le plus important. « Tout ce qu’on nous demande de changer, c’est le cœur d’abord. Parce que tu peux changer de garde-robe ou autre chose mais tant que le cœur n’est pas propre de l’intérieur, ça n’en vaut pas la peine. En tant qu’enfant de Dieu, on est dans un monde où il y a le péché qui règne. C’est un moment pendant lequel on est tenu de vivre en communion avec Lui », a-t-elle insisté.
Derrière, l’abbé Vivien Nadiack, vicaire à la paroisse sainte Thérèse de Grand-Dakar, est très sollicité. Des fidèles se rapprochent par petits groupes ou individuellement pour se faire bénir leur chapelet pour un bon temps de carême.
Détaillant la cérémonie, le vicaire nous a précisé qu’il est important, d’abord, que les fidèles chrétiens entrent « librement » en temps de carême. Avant de souligner que les cendres accompagnent la conversion qu’ils veulent et la pénitence qu’ils vont vivre. « Quand on fait procession, c’est parce qu’on a accepté de se lever. Donc, c’est librement qu’on y va. Au moment où on vous impose les cendres et que votre nom est inscrit parmi ceux qui font le carême, on va vous dire ‘’convertissez-vous, croyez à l’évangile’’… ».
Prières, partage et solidarité
Avant d’insister sur ces trois axes : « c’est Dieu, les frères et sœurs et soi-même. Dieu, par la prière qu’on lui adresse. Les frères et sœurs, par la solidarité, à travers l’aumône. Parce que ce qui n’est pas médiatisé, c’est tous les efforts de carême que les gens font en faveur des populations les plus démunies, qui sont un peu partout dans le Sénégal, à travers les marmites de Carême organisées en paroisse. Où les gens contribuent pour qu’après la collecte, on puisse distribuer cela. On a ce qu’on appelle la caritas au niveau de nos paroisses, au niveau du diocèse. Sans compter la solidarité que les gens vivent à titre personnel dans leur famille, le voisinage, le quartier et autre. Par rapport à soi-même, le jeûne, c’est une privation ou mortification, qui concerne l’homme lui-même. Il se prive de nourriture. Mais derrière, le jeûne va toucher la solidarité à travers l’aumône. Ce dont tu te prives, tu dois pouvoir le rendre disponible à ton frère ou ta sœur. »
« Pas de gatsa-gatsa »
« Je ne fais pas de la politique mais j’entends les gens dire souvent ‘’gatsa-gatsa’’. Pour nous, chrétiens-catholiques, le Christ a dit ‘’vous avez appris qu’il a été dit œil pour œil, dent pour dent’’. Mais moi, je vous dis : ‘’celui même qui en veut à son frère, va répondre au tribunal’’. C’est fort. C’est pour vous dire que nous, nous avons dépassé ce niveau où on va s’insulter. Cela ne milite pas en faveur d’une foi. Que ce soit la foi musulmane, que ce soit la foi chrétienne, (ou) animiste. Ce qui milite en faveur d’une foi, c’est le fait de se dire ‘’moi, je vais au-delà de ce que les gens font’’. Et, il est dit dans l’évangile, c’est quelqu’un te gifle sur la joue droite, tend lui l’autre’’. Essayons de vivre selon des principes et des valeurs qui sont partagées par le commun des mortels sénégalais. Le Sénégal a besoin de calme. La politique, c’est la conquête du pouvoir, mais avec les belles manières et les bonnes valeurs ».