LA PLATEFORME CITOYENS NUMERIQUES ALERTE CONTRE LA TENTATIVE DE L'ETAT DE REGULER LES RESEAUX SOCIAUX
Dans le cadre de la lutte contre les dérives sur l’internet, les membres de la plateforme Citoyens numériques se font l’écho des inquiétudes du Chef de l’Etat Macky Sall, par rapport aux excès déplorés dans les réseaux sociaux
Dans le cadre de la lutte contre les dérives sur l’internet, les membres de la plateforme Citoyens numériques se font l’écho des inquiétudes du Chef de l’Etat Macky Sall, par rapport aux excès déplorés dans les réseaux sociaux. Ils ont fait face à la presse hier, lundi 8 février 2021, dans le but de sensibiliser, prévenir et expliquer, sur l’usage des réseaux sociaux.
En réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, la semaine dernière, le président de la République, Macky Sall, a réitéré son appel à mettre fin aux dérives sur les réseaux sociaux à travers la mise en place d’«un dispositif de régulation et d’encadrement, spécifique aux réseaux sociaux», histoire d’apporter des solutions face à de tels moyens de communication pour assurer protections des données à caractères personnels des utilisateurs. La plateforme Citoyens numériques qui partage les inquiétudes du chef de l’Etat a organisé hier, lundi 8 février 2021, une conférence de presse dans les locaux de la Pressafrik.
Dans le but de venir en aide aux jeunes utilisateurs et éviter les dérives surles réseaux sociaux, les leaders de Citoyens numériques ont opté d’intervenir, d’être en action mais aussi d’alerter. Revenant sur plan juridique, Emmanuel Dioh, juriste et membre du collectif, souligne que le dispositif à mettre en place doit tenir compte de l’évolution rapide des TIC. «Si aujourd’hui on prend des dispositions sur seulement les réseaux sociaux, on devrait se poserla question par rapport à la rapidité de l’évolution d’internet ; si dans 10 ans ou dans 5 ans, on a d’autres outils, qu’est-ce qu’on va faire ? Doit-on encore légiférer ? Et là ne se pose pas le problème parce que depuis 2008, le Sénégal dispose d’un cadre juridique quand-même assez soutenu pour encadrer tout ce qui se passe dans le cyber espace et pour être vraiment large, en dehors des réseaux sociaux. Tout ce qui se passe aujourd’hui dans le cyber espace, le Sénégal a des dispositions adaptées et pouvant vraiment réglementer nos rapports entre humain, nos rapports entre les administrations, et les administrés et tout», a-t-il précisé.
ALERTE CONTRE UNE INFLATION DE TEXTES LEGISLATIFS QUI NE SERVIRONT A RIEN
Et Emmanuel Dioh de poursuivre : «vouloir maintenant proposer un autre dispositif, c’est comme si on est en train de nous dire qu’à l’heure actuelle, le Sénégal n’a pas des dispositions capables de réguler ou d’encadrer ce qui se passe dans le cyber espace. Je recommande vivement au membre du gouvernement de scruter les législations pour éviter vraiment cette inflation législative qui, après, ne sert à rien. Les juges ont eu à se baser sur des textes pour adresser des questions connexe au cyber espace, ils n’ont qu’à également revoir la jurisprudence, le droit positif sénégalais est ok et à jour par rapport à tout ce qui peut se passer dans le cyber espace. Compte tenu de tout cela, il est maintenant venu l’heure de nous demander qu’est-ce qu’ils veulent en fait réguler ? Qu’est ce qu’on veut réguler ?
L’usurpation dans l’identité numérique a été prise en compte, le vol dans le cyber espace a été pris en compte bien avant la loi de 2008, c’est-à-dire en 2006, la diffamation, les nouveaux médias ont été pris en compte avec le Code pénal de 2016, qui parle de diffusion par un quelconque moyen. Même dans la manière de faire les lois, nos spécialistes sont vraiment allés trop loin. On donne même la possibilité aux juges d’aller plus loin et de ne pas être embrigadés dans les textes», détaille Emmanuel Dioh. Lui emboitant le pas, Ibrahima Lissa Faye Administrateur et Directeur de publication de Pressafrik, relèvera que le président de la République devrait être mieux avisé pour éviter de mettre en place une nouvelle législation qui va encore rendre les choses beaucoup plus compliqué. «Nous avons un arsenal assez répressif contre les utilisateurs du numérique et surtout quand il y a des dérives, quand il y a des actes répréhensifs…
D’après certaines informations, c’est plutôt un organe de régulation qui se prépare, qui va plus tuer l’instantanéité sur les réseaux sociaux, et va faire en sorte, en tout cas, que certains contenus, à des moments très fort d’actualités (ne passent pas). Je pense que c’est la liberté d’expression qui va en pâtir ; mais ce n’est pas seulement cette liberté-là car, aujourd’hui, il faut comprendre qu’il y a un business numérique et les jeunes qui n’arrivent pas à trouver de l’emploi basculent carrément sur internet. Il y’a beaucoup de producteurs de contenus, également beaucoup de startup qui aujourd’hui gagnent leur vie grâce à internet, et c’est tout cet écosystème qui va être menacé… Et je pense que le président de la République devrait penser à cet écosystème qui est autour du numérique ; les écoles, les universités l’utilisent pour partager les cours.
Pour limiter les dérives, il y’a tout un arsenal mais, également je pense que l’Etat devrait aller vers la mis en place de programme scolaire sur la culture numérique. Car on doit apprendre aux élèves comment tirer profil sur les réseaux sociaux, l’Etat a un rôle d’éducateur». La plateforme Citoyens numériques qui rappelle que beaucoup de pays africains ont échoué dans leur tentatives de réguler le numérique, car ils n’ont pas réussi à contrôler de façon répressive les réseaux sociaux, prône la formation, la sensibilisation et l’alerte, entre autres solutions en plus du dispositif juridique déjà existant.