«L’ETAT DE L’AMENAGEMENT DES ESPACES FAMILIAUX ET L’HYPERSEXUALITE EXPLIQUENT L’INCESTE»
Le phénomène de l’inceste s’explique davantage et de plus en plus quand on se retrouve dans une situation de promiscuité, selon le sociologue Abdou Khadre Sanogo.
L’inceste, les abus sexuels dans les familles, est un phénomène récurrent dans nos sociétés. Le sociologue Abdou Khadre Sanogo estime que l’état de l’aménagement des espaces familiaux et l’hypersexualité expliquent ce phénomène qui a toujours existé. Pis, relève le sociologue, c’est l’œuvre de personnes qui sont malades mentalement, sans pour autant qu’on s’en rende compte. Ainsi, pour lui, il ne faut pas des pistes de solution, mais plutôt des pistes de réaction afin de venir à bout de ce fléau.
Le phénomène de l’inceste s’explique davantage et de plus en plus quand on se retrouve dans une situation de promiscuité, selon le sociologue Abdou Khadre Sanogo. A l’en croire, l’état de l’aménagement des espaces familiaux et l’hypersexualité expliquent l’inceste. «Cela est dû à un problème d’espace. Les gens vivent tellement entassés qu’en fin de compte, ils se retrouvent dans des situations très improbables où la nudité des uns et des autres expose. Et cela peut aiguiser facilement les appétits des uns et des autres, surtout les appétits de ceux qui sont malades mentalement sans pour autant qu’on s’en rende compte. Et ça, c’est des pathologies, comme l’obsession sexuelle. Et des gens qui ne maitrisent pas leurs pulsions dans les situations de nudité, puissent-ils être des parents proches, mais c’est le cadet de leurs soucis ; ils auront toujours envie d’assouvir leur besoin. Et ça, ça entre dans le sens de ce qu’on appelle l’hypersexualité : un moment où les gens ne pensent, ne réfléchissent, n’évoluent que dans le contexte de sexualité. Tout ce qu’ils utilisent en terme d’objets, en terme de répertoire linguistique, en terme d’échanges, tout renvoie vers la sexualité, même si c’est codé. Aujourd’hui, nous sommes dans un monde où les gens oublient même qu’ils sont père de, frère de ou qu’ils sont sœur de. Tout ce qui intéresse les uns et les autres, c’est visiblement assouvir leur besoin de sexualité.»
UN PHENOMENE LONGTEMPS TABOU, MAIS MEDIATISE AUJOURD’HUI
Pour le sociologue Abdou Khadre Sanogo, l’inceste est un phénomène qui a toujours existé. C’était un sujet tabou, auparavant. Mais, maintenant, avec la multiplication des médias, tout le monde en parle. «Ça a toujours existé, l’inceste. Mais, avec l’avènement des réseaux sociaux, des médias, il y a un foisonnement. Aujourd’hui, nous sommes dans l’ère de ce qu’on appelle les «soft news» ou les «hard news» appelés les «faits divers» qui nourrissent tellement aujourd’hui les rubriques au niveau des journaux ou des desks, des télévisions ou des radios, à telle enseigne que les journalistes spécialisés scrutent chaque jour et chaque instant ce genre de phénomène. C’est eux-mêmes qui vont pour pouvoir dénicher ce genre de situation là. C’est la raison fondamentale pour laquelle il y a cette amplification ; mais ça a toujours existé», a-t-il déclaré.
DES PISTES DE REFLEXION POUR VENIR A BOUT DE L’INCESTE
Ainsi, pour venir à bout de ce fléau, Abdou Khadre Sanogo préconise des pistes de réflexion. «Il faut davantage réfléchir sur la santé mentale des uns et des autres, qu’on puisse avoir un suivi psycho-clinique de l’accord des uns et des autres parce que la santé mentale est un peu extrêmement relevée qu’elle est reléguée au second plan ; les gens n’y accordent aucune importance. Or, de la même sorte que nous souffrons des maux de tête, de la même sorte aussi il peut arriver souvent que nous soyons dans des situations où on a des perturbations psychologiques, psychiques et des pathologies même qui peuvent renvoyer à ce genre de situation. Egalement, il faut tout faire pour aménager l’espace au niveau de nos maisons, pour pouvoir séparer davantage les lieux de résidence des parents proches. Ce n’est que dans ces situations que nous pouvons espérer, peut-être, un peu sortir de cette situation-là. Maintenant, il faut rebondir sur l’élément religieux : une pure éducation religieuse afin de prémunir ce genre de comportement, d’autant plus que, que ce soit l’Islam ou le Christianisme, ils proscrivent complètement l’inceste de leur domaine. Et si les gens ont un peu de culture religieuse, ça peut leur permettre de pouvoir contrôler leur appétit sexuel et leur pulsion ; c’est ce que l’on appelle en psychologie la sublimation».
LE TRAITEMENT JUDICIAIRE N’EST PAS… LA PANACEE
En outre, le sociologue Abdou Khadre Sanogo est d’avis que le traitement judiciaire, à lui seul, ne suffit pas pour dissuader les auteurs d’actes relevant de l’inceste. Sinon, les Etats-Unis d’Amérique, où il y a un système judiciaire très rigide, n’enregistreraient pas les plus forts taux de condamnation dans ce domaine-là, de pédophilie, d’inceste et autres.