L’EXCISION ALTÈRE LA SANTE DE LA MÈRE ET DE L’ENFANT
Beaucoup de personnes, surtout celles qui ne connaissent pas la pratique, n’entendent parler de l’excision qu’à travers la presse ou dans les discussions de salon, mais elles ne savent exactement pas à quel point c’est horrible.
Beaucoup de personnes, surtout celles qui ne connaissent pas la pratique, n’entendent parler de l’excision qu’à travers la presse ou dans les discussions de salon, mais elles ne savent exactement pas à quel point c’est horrible. La vidéo choquante qui circule sur le Net nous laisse sans voix. Le Témoin, à l’occasion de la célébration de la journée de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (Mgf), célébrée chaque année le 06 février, revient sur la douleur sans complexe infligée à ces femmes, et qui ne manque pas de conséquences sanitaires, sociales comme psychologiques. Elles pourrissent même la santé de la mère et celle de l’enfant, selon le gynécologue Dr Abdoulaye Diop.
Les images sont horribles, et les cris stridents de la jeune fille glaçants. Jambes maladroitement écartées de force par quatre femmes qui lui bloquent également les deux mains et la tête, la tortionnaire s’apprête à lui couper une partie d’elle. En une fraction de secondes, la jeune fille va se retrouver avec une moitié de clitoris et le tiers et ses deux lèvres supérieures. Couteau presque rouillé et sans désinfectant à la main, l’exciseuse procède à l’amputation d’une bonne partie du clitoris de la jeune fille bien retenue. De même que les deux lèvres supérieures. Ces membranes, éliminées du corps de la jeune fille larmoyante, le sang gicle. Tout devient rouge autour d’elle, sur le couteau et sur les doigts de la femme exciseuse. Ce, sans anesthésie locale ! la jeune fille ne pouvant plus résister à la pratique plus que barbare, hurle de toutes ses forces. Elle pleure de rage. Des cris stridents, car ne pouvant plus calmer la douleur. Tellement elle est atroce. « Je suis morte », crie-t-elle de toutes ses forces. Oui, elle est « morte » ! Car son âme, -pour ne pas dire son corps toute entière-, lui a été volée par des femmes insensées. Lesquelles, en voulant respecter une tradition culturelle moyenâgeuse, font fi des conséquences physiques, psychologiques et sanitaires que peut engendrer une telle pratique inhumaine. La scène est horrible, indigne et plus que choquante. C’est à la limite une abomination.
Quelle épouvantable et abominable pratique !
La suppliée subit l’acte sans soins. Juste un petit pagne qu’on étale entre les deux jambes comme un « nguimb » d’un lutteur avant de l’aider à se relever, lui demandant d’être forte. Car « elle est devenue une grande fille maintenant. Mais elle a très mal, et peinait à marcher. Elle a subi et a survécu de cette torture à vie. Encore qu’elle est « chanceuse », comparée à ces milliers de femmes qui décèdent suite à une hémorragie. la vidéo dans laquelle on procède sans cœur à la mutilation d’une bonne partie de son sexe ; son clitoris et ses lèvres supérieures, ne constitue qu’un petit exemple dans la grande forêt de femmes qui ont traversé ce moment douloureux dans leur enfance. on leur a coupé leur féminité, leur intimité, et toute leur chair. Au nom d’une tradition, elles font aujourd’hui face à une déchirure hémorragique extrêmement douloureuse. C’est le cas de cette dame nouvellement mariée et qui a aussi subi cette atrocité. Qui l’aurait empêché de vivre pleinement. « Je me sens handicapée à vie. Cela m’a créé un énorme blocage. Ma nuit de noce a été un enfer », a témoigné cette femme dans l’anonymat.
«Les justifications aboutissent à l’effet inverse»
Le poids de la coutume semble être l’explication la plus fréquente pour justifier les mutilations génitales féminines. Seulement, les arguments avancés sont nombreux. D’aucuns pensent que la finalité de l’excision serait de « contrôler » la sexualité féminine. Elle permettrait de préserver la chasteté par l’inhibition du plaisir et du désir sexuel. Selon le docteur Abdoulaye Diop, « on voit dans ces pratiques le symbole de l’oppression masculine. Mais il est intéressant de noter qu’elles sont perpétuées essentiellement par les femmes, - mère ou grand-mère-, et le geste réalisé par des femmes ».
Concernant l’argument selon lequel, l’excision accroit la fécondité et protège le nouveau-né à l’accouchement ou assainit les organes génitaux de la femme, le gynécologue explique que « ces justifications aboutissent à l’effet inverse puisque, dit-il, ses actes altèrent aussi bien la santé de la mère que celle de l’enfant ». Toutefois, il tient à rappeler que « des milliers de femmes au Sénégal, où la pratique est interdite depuis le 13 janvier 1999, ignorent que les mutilations et leurs conséquences peuvent désormais être réparées pour leur permettre de retrouver une dignité perdue ».