«JE N’AI AUCUN PROBLEME A INTEGRER DES JEUNES»
Le sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal, Aliou Cissé a répondu à ceux qui estiment qu’il doit d’ores et déjà préparer la relève en introduisant de plus en plus de jeunes joueurs dans la tanière
(LISBONNE, Portugal)–Le sélectionneur de l’équipe nationale de football du Sénégal, Aliou Cissé a répondu à ceux qui estiment qu’il doit d’ores et déjà préparer la relève en introduisant de plus en plus de jeunes joueurs dans la tanière particulièrement ceux issus de la sélection U-20 vainqueur de la dernière CAN. Si le technicien sénégalais soutient n’avoir aucun problème à le faire, il refuse toutefois, qu’on envoie très tôt à la retraite certains cadres de l’équipe nationale. Il a fait à la presse hier, lundi 19 juin, en marge de la séance d’entraînement des Lions.
Coach, depuis le début du stage, de Dakar à Lisbonne, vous n’arrêtez pas de fermer l’équipe nationale. Est-ce à dire que vous avez des problèmes avec la presse ?
«Je n’ai pas de problème avec la presse sénégalaise. On a quitté le Bénin, on est arrivé à 2 heures du matin. Je suis là depuis 8 ans, vous savez comment ça se passe les veilles de match. C’est une organisation qui est là depuis et ce n’est pas moi qui décide. Ce n’est pas quelque chose venant de moi. Il y a une Fédération qui est au-dessus de moi. Si ça dépendait que de moi, on peut ouvrir les entraînements de l’équipe nationale H24 ça ne me dérange pas parce que l’équipe ne m’appartient pas. Donc, il faut que les gens arrêtent de penser qu’à chaque fois qu’il y a quelque chose qui ne va pas, c’est moi ! C’est la réglementation qui est comme ça. Maintenant, vous me dites que d’autres ont fait autre chose et c’est leur choix. Mais, nous, depuis 8 ans, on a toujours fonctionné ainsi. Je n’ai aucun problème avec la presse, ça fait des années que je travaille avec cette presse, et les choses ont toujours bien fonctionné. Avec la presse, il y a un respect réciproque. Mais, par moment il faut nous laisser travailler, on a préparé deux matchs, on a fait une composition d’équipe contre le Benin, ça demandait des stratégies qu’on devait mettre en place. On joue le Brésil et on n’a pas encore terminé de mettre cette stratégie et c’est aujourd’hui (lundi) qu’on pouvait la mettre. J’en suis en ma 5ème compétition et j’ai toujours collaboré avec vous tous ici. Donc, je suis vraiment étonné de cette question».
Êtes d’avis avec ceux qui disent que votre match le plus abouti c’était contre le Brésil en 2019 ?
«Ça a été un très bon match. Je pense que tactiquement on avait répondu. On avait joué le match dans de meilleures conditions et obtenir le match nul. C’est avec ce genre de match que le Sénégal va progresser, on fera face à une grosse équipe avec un énorme potentiel et sur le terrain et sur le banc. Des joueurs brésiliens sont dans les «BIG V» et qui sont titulaires partout. On a eu à jouer contre la Hollande, l’Equateur, l’Angleterre. Aujourd’hui, c’est contre le Brésil et c’est comme ça qu’on ira de l’avant. C’est comme ça qu’on va apprendre aussi. On a fait nos preuves en Afrique. Maintenant, on a envie de se jauger aux grosses équipes».
Allez-vous convoqué deux gauchers en l’occurrence Moussa Niakhaté et Abdou Diallo dans l’axe. C’est un fait rare. Allez vous poursuivre ainsi pour en faire des concurrents ou déployer l’un d’entre eux sur les cotés ?
«On a pris quatre défenseurs dans l’axe dont deux défenseurs gauche. Donc, cela veut dire qu’Abdou (Diallo) et Moussa (Niakhaté) sont capables de jouer sur le même poste. Je profite de cette polyvalence et je peux les faire jouer ensemble dans l’axe. Tout cela, ce sont des options. C’est pourquoi ces deux matchs sont importants. Au-delà de la victoire, c’est le moment de grossir notre effectif en terme de qualité. Je le répète, pour gagner, ce n’est pas seulement 11 joueurs. Ces deux matchs doivent me permettre d’étouffer le groupe, donner la chance à certains. Si on ne le fait pas, on ne pourra pas le faire plus tard parce qu’on aura des matchs décisifs comme les éliminatoires de la Coupe du monde».
Quelle place occupe les statistiques dans vos critères de sélection ?
«Une question très technique. Les statistiques sont importantes mais dans un groupe de performance ce n’est pas uniquement les statistiques. Il y a aussi le social, le fait de cultiver d’autres arguments. J’ai envie de dire que pour gagner, il faut avoir le meilleur groupe possible, capable d’aller le plus loin possible. Donc, tout ne peut être basé que sur les statistiques, il y a d’autres éléments qui se cachent derrière comme le savoir vivre, le vivre ensemble et c’est important pour un entraîneur. Dans un groupe quand on s’aime, on peut aller loin. Dans un groupe où il y a la jalousie, des choses comme ça».
Avez-vous réussi à démystifier cette équipe du Brésil que certains apprécient ?
«On n’a pas à présenter cette équipe. Même au Sénégal, il y a des gens qui supportent le Brésil. C’est le pays de Pelé. On est fiers quand cette équipe demande de jouer contre nous. C’est une équipe qu’on respecte beaucoup mais ce qui nous intéresse, c’est de nous jauger à eux et être à la hauteur de cette équipe. C’est un match de prestige mais le mythe brésilien est là».
Comment voyez-vous le racisme que vivent les joueurs en championnat ?
«C’est malheureux de voir ce genre d’attitude dans les stades au 21ème siècle. Je connais mon histoire, je connais mes ancêtres, quand je vois des imbéciles faire des cris de singe, excusez-moi du terme, ça ne touche pas. Je sais qui je suis, à partir de là, c’est une fierté pour moi. Je sais ce qui se passe. Mais, j’ai une façon spéciale de le vivre. Je suis très fier d’être noir. Ce ne sont pas des cris de deux ou trois mecs qui vont me déstabiliser. On a tous été victimes de ça. Toutefois, ça ne nous a pas empêché d’avancer. Il y a ce racisme, cette discrimination économique qui est là et qui est beaucoup plus grave».
Deux avis s’opposent. D’aucuns estiment que vous devrez ouvrir la tanière à de jeunes joueurs notamment les U-20. D’autres soutiennent que pour travailler sur l’avenir, la Fédération aurait dû vous offrir un bail plus long qui va enjamber la Can 2024. Qu’en pensez vous ?
«Je vais respecter mon contrat jusqu’au 2024. Après, on verra. Mais l’objectif assigné c’est de conserver le titre en 2024. Et je ne veux pas vous mentir, je me concentre pour atteindre cet objectif. Maintenant, je n’ai aucun problème à intégrer des jeunes. Je veux de bons joueurs peu importe où ils sont et si j’estime avec mon staff, qu’on doit les appeler, on le fera. Ces garçons qui sont avec moi, ont 15 ans de carrière et ils ont l’expérience, il ne faut pas les vieillir trop vite. Ils ont encore des choses à donner. On va continuer à travailler dans cette dynamique de victoires, travailler l’évolution de cette équipe. Mais l’objectif aujourd’hui ce n’est pas 2026».
Quelle est votre opinion sur le Brésil ?
Une équipe qui a une identité de jeu, qui joue très bien au football qui est au-dessus de la norme. Mais, sur ces dernières années, le Brésil a progressé sur l’impact physique avec des joueurs de plus de plus costauds, robustes capables de faire des efforts. En attaque, le Brésil a tout le temps fourni de grands joueurs. L’une des meilleures au monde. On a besoin de ce genre de match pour progresser et c’est important qu’on arrive à mettre notre philosophie pour ce genre de match, essayer de contrecarrer l’adversaire. C’est un match excitant».