«PLUS ON NOUS BRULE, PLUS ON BRILLE»
CHEIKH FADEL BARRO DE «Y EN A MARRE»

Après leur séjour carcéral en république démocratique du Congo (rdc), les responsables du mouvement « Y en a marre » ont profité de leur rencontre avec la presse, hier, pour apporter des éclaircissements sur leur voyage au pays du président Kabila. Ainsi, ils sont revenus sur les circonstances de leur arrestation par la police militaire congolaise. Mais cette page douloureuse n’altère en rien leur détermination à lutter pour l’émergence d’une citoyenneté inclusive africaine.
La rencontre avec la presse a été l’occasion pour Fadel Barro & Cie e réagir contre la campagne de déstabilisation et de sabotage à l’encontre du mouvement «Y en a marre», suite à leur séjour carcéral en République démocratique du Congo (Rdc). Ainsi, vêtus de tee-shirts floqués d’un sifflet et d’un carton rouge, ils ont répondu aux détracteurs de leur structure qui les disent être à la solde de l’Occident. « Nous ne sommes pas des activistes à la solde de puissances étrangères comme le prétendent certaines rumeurs.
En outre, nous ne sommes pas manipulés par des pays pour tenter de déstabiliser des régimes africains », vocifère Fadel Barro. D’après lui, toute cette manipulation fait suite à des procès d’intention souvent faits à « Y en a marre ». « Les gens s’arrêtent sur nos rencontres avec les puissants de ce monde (Obama, Laurent Fabius), alors que nous sommes engagés dans beaucoup de projets sociaux et la promotion de la bonne gouvernance», se plaint-il.
Avant d’ajouter : « Nous n’allons pas nous faire divertir par ce discours rétrograde qui veut subordonner tout mouvement de lutte africain à des puissances coloniales. Cette tentative de déstabilisation ou de musèlement de «Y en a marre» ne marchera pas. Nous restons fidèles à nousmêmes dans la défense de nos convictions. Nous sommes comme l’or et le feu ; plus on nous brûle et plus on brille », nargue-t-il.
Poursuivant son propos, il réaffirme leur engagement pour l’émancipation de la jeunesse et le renforcement d’une citoyenneté africaine participative, malgré toutes les difficultés. « Durant cette affaire, nous avons toujours tenté de respecter les lois et règlements du Congo. Nous sommes entrés avec des visas délivrés par l’ambassade du Congo à Dakar. Ceci en réponse à l’invitation de Filimbi qui est une organisation citoyenne congolaise qui signifie coup de sifflet en Swahili. Ces derniers, en collaboration avec des organismes internationaux comme l’Usaid, la jeunesse de partis politiques et de lucha, nous ont fait venir à Kinshasa pour animer des conférences sur le civisme et la citoyenneté.
Après notre arrivée, les membres de Filimbi nous ont assuré que toutes les autorisations ont été obtenues pour cette manifestation. Mais au deuxième jour (dimanche) des travaux, la police militaire est venue nous appréhender pour nous envoyer à l’Agence nationale du renseignement (Anr) où nous avons été détenus séparément des autres membres de la société civile congolaise », relate Fadel Barro.
«NOUS N’AVONS SUBI AUCUNE VIOLENCE, NI D’INTIMIDATIONS ET BRIMADES DE LA PART DES FORCES DE SECURITE CONGOLAISES»
Toutefois, le rappeur Malal Talla a tenu à préciser n’avoir subi aucune violence, ni intimidations, ni brimades de la part des forces de sécurité congolaises. «Nous avons même reçu la visite du chef de l’agence qui nous a demandé si on n’a pas été violenté. Ainsi, après les interrogatoires des agents congolais où on a exposé toute notre démarche dans la transparence, ils nous ont libérés le mercredi dernier à 15 heures avant de nous conduire à l’aéroport pour prendre l’avion pour Bruxelles. Et Fadel Barro d’ajouter : «cette parenthèse n’est qu’une petite étape dans notre parcours pour l’émancipation de la jeunesse africaine. Mais, cela n’ébranle pas notre conviction et la réussite de la mobilisation à Ouagadougou contre Blaise Compaoré nous conforte dans notre combat».
Pour le journaliste, cette lutte est le symbole d’une jeunesse africaine qui se prend en main. « Nous voulons faire bénéficier de votre expérience et notre expertise à toute organisation de la société africaine. Ainsi, l’émergence des mouvements citoyens au Togo, au Mali, au Burkina Faso et en Mauritanie témoigne de la vigueur de ce concept qui vise à l’émancipation des jeunes et à se battre contre tous les fossoyeurs de la démocratie en Afrique », conclut-il.
«Y en a marre» appelle à la libération des membres de la société civile congolaise
Lors de la rencontre d’hier avec la presse, les responsables du mouvement Y en a marre en ont profité pour lancer un appel aux autorités congolaises pour la libération de Sylvain Sanousseké, leader de Filimbi et des membres de l’organisation la Lutte pour le changement (Lucha) en provenance de l’Est du Congo. Pour les responsables de Y en a marre, «ces organisations citoyennes ne mènent pas des idées subversives, mais seulement un travail de conscientisation des jeunes congolais afin de les imprégner dans les principes de civisme et de la citoyenneté». Ces organisations ont pour mission de siffler la fin du massacre de la population congolaise qui depuis des décennies souffre dans l’indifférence de la communauté internationale.