À QUOI JOUE L’APR ?
Trois thématiques résument ce qui semble être soit une orchestration soit des contre-feux : la durée du mandat présidentiel à ramener à cinq ans et d’application immédiate, la traque des biens mal acquis et la torture contre Bby

L’actualité politique tourne autour de questionnements qu’expriment à haute et intelligible voix des cadres de première envergure de l’Apr. Face à cela, les jérémiades anticommunistes grossières d’un faux féal des Présidents Senghor et Diouf sont des singeries d’un destin brisé qui ne peuvent amuser que des ignorants.
De plus, que vaut l’appel « pathétique » aux retrouvailles de la prétendue famille libérale après le verdict du 23 mars, accompagné de l’exigence de la fin de la traque des biens mal acquis ? A quoi ces voix hors de l’Apr appellent-elles sinon à la fin de la Coalition Bby ?
Trois thématiques résument ce qui semble être soit une orchestration soit des contre-feux : la durée du mandat présidentiel à ramener à cinq ans et d’application immédiate, la traque des biens mal acquis comme une des expressions de la reddition des comptes pour tous les fonctionnaires de l’Etat, la torture « politique » contre Bby pour abréger ses jours.
D’abord sur le mandat politique
Le président de la République s’est engagé solennellement devant le peuple sénégalais pour ramener son mandat de sept à cinq ans et d’application immédiate. Cet engagement a rencontré l’assentiment d’une très grande majorité de Sénégalais, ce qui se vérifiera à l’occasion du référendum portant la révision constitutionnelle annoncée pour 2016.
Outre la communauté nationale, la communauté internationale a accueilli avec incrédulité et admiration la position du Président sénégalais, considérée comme innovante et sans précédent.
Ce qui lui vaut des félicitations et pas des moindres. L’engagement de réduire le mandat présidentiel et de protéger la Constitution contre des manipulations politiciennes intempestives vaudra au Président Macky Sall la reconnaissance de la Nation.
Il se trouve que ce n’est pas le seul chantier d’envergure qu’il est en train de mettre en route !
Le soutien de la communauté internationale est fondé sur la consistance de la politique réformatrice de l’Etat sénégalais dont le Président est porteur et que traduisent concrètement ses actes dans le pays et dans les relations internationales. Telle est la raison du leadership qui lui est reconnu.
Des voix tonitruantes voire des forces encagoulées dans l’Apr entreprennent de faire renoncer le Président à son engagement solennel. Il n’y a qu’un élu comme président de la République, donc comptable devant le peuple sénégalais et l’histoire, c’est Macky Sall.
Il entrera dans l’histoire par l’envergure de son œuvre politique, par l’audace mesurée et profonde des actes qu’il posera, la durabilité de leurs impacts, la capacité d’inspirer longtemps la vie de la Nation.
Il y a à peine un mois, le Président a annoncé l’organisation d’un référendum pour 2016 et réaffirmé qu’il tiendra sa promesse de ramener son mandat en cours à cinq ans. Ceux dans son parti qui ne sont préoccupés que par des intérêts catégoriels contre l’intérêt général soufflent dans les trompettes de la presse pour tordre le cou au Président.
Ils sont conscients que le projet que le Président soumettra au référendum rencontrera le soutien de la majorité des Sénégalais, en raison des enjeux en cause. C’est pourquoi ils agissent pour que la clause du mandat présidentiel ramené à cinq ans ne s’applique pas au mandat en cours.
Tous les arguments qu’ils développent sur ce point sont faux. En réalité, ils veulent entraîner le Président à commettre un parjure politique comme son prédécesseur Abdoulaye Wade. Si cela advenait, la tâche sur Macky Sall serait indélébile, quel que soit ce qu’il fera de bien par ailleurs.
Pourquoi le porte-parole du Gouvernement qui n’est pas le porte-parole de l’Apr vient-il se joindre à ceux qui appellent le Président au parjure ? Soit il a commis une faute politique monstrueuse et il faut le rappeler à l’ordre, sinon le doute s’installerait sur les raisons de sa pitoyable sortie.
Quand on est le porte-parole du Gouvernement, on doit se contenter de porter la bonne parole et éviter tous les amalgames imaginables en livrant des points de vue personnels sur les questions majeures.
Sur la traque des biens mal acquis
A peine le prononcé du procès Karim Wade connu, des personnes extrêmement proches du Président l’invitent à enterrer la traque des biens mal acquis et à dissoudre la Crei, exprimant encore plus fortement les exigences de l’ancien régime de ne demander des comptes à aucun prévaricateur et prédateur des ressources publiques.
C’est à se demander si le président Macky Sall n’est pas en danger, entouré qu’il est par des gens qui ne partagent pas l’âme de ce en quoi il croit intimement : la réforme de l’Etat pour le mettre au service de l’intérêt commun pour servir les populations, au lieu de servir les intérêts des différentes mafias qui pillent la République.
Sur cette question, tous ceux qui sont contre cette option cardinale du Président devraient d’eux-mêmes cesser d’être dans sa proximité à la Présidence de la République et dans le Gouvernement. Ainsi les gens joueront franc jeu. Une politique ne peut pas être mise en œuvre par ceux qui n’y croient pas ou y croit à moitié.
La traque des biens mal acquis est une pierre de touche pour juger de la volonté, de la capacité et de la ténacité du président Macky Sall à changer le destin du Sénégal.
Ceux qui sont contre cette politique ne sont ni plus ni moins que des ennemis du peuple sénégalais. La clarté est indispensable pour cheminer sur les voies escarpées de la transformation sociale du Sénégal. S’il advenait que des obstacles importants obstruent la réforme de l’Etat pour mettre fin aux pillages et aux privilèges, les encagoulés contre sa politique et qui le côtoient journellement seraient parmi les premiers à déserter le front de la lutte. Par parenthèses, à partir du moment où la traque des biens mal acquis et la reddition des comptes sont d’application générale et non à géométrie variable, la transhumance cessera d’être un fait politiquement signifiant ou négativement chargé, parce que personne ne viendra pour aspirer à être épargné.
La traque des biens mal acquis n’est pas une politique saisonnière ou de mode. Elle doit être permanente, conduite par la Crei sur toute la période historique nécessaire pour que des tribunaux ordinaires prennent le relais et la charge de ce qu’accomplit cette juridiction spécialisée. Il faut rappeler que la Crei doit dissoudre les habitudes et pratiques qui ont accompagné le Sénégal de son indépendance à l’an 2012.
D’ailleurs, il faut savoir raison gardée et retenir qu’un pays doit se donner les moyens juridiques de préserver les intérêts supérieurs de l’Etat et de la société, ceux-là devant prévaloir sur tous les autres.
A cet effet, l’après 11 septembre aux Etats-Unis et la lutte contre le terrorisme en France après janvier 2015 illustrent qu’il n’y a jamais d’œuvre achevée et figée en matière d’arsenal juridique : le contexte et les circonstances appellent toujours les ajustements de droit jugés nécessaires.
S’agissant de Bby
Il est curieux que de grandes figures dans l’Apr et dans l’entourage du président de la République embouchent avec légèreté et constance les armes de la disparition de Bby à près de deux ans des élections.
L’interpellation express du Parti socialiste pour faire œuvre d’allégeance aujourd’hui et maintenant à la candidature du Président Macky Sall pour une élection qui n’arrivera qu’en février 2017 est une grossière provocation préjudiciable au bon travail du Gouvernement et de l’Assemblée nationale, où sont présents des socialistes loyaux à l’engagement de servir la 2ème Alternance sous la conduite du Président.
Que gagnerait le pays à une explosion prématurée de la Coalition Bby ? Que gagneraient le Président Macky Sall, l’Apr et la Coalition M2012 à cette séparation prématurée ?
On ne peut pas mieux servir les ennemis du Président Macky Sall que par la réalisation de la rupture de Bby maintenant. Continuer à s’attaquer ouvertement à Bby est une défiance au président de la République, sauf si c’est lui qui envoie de telles torpilles, ce qu’il est incapable de faire parce qu’il est un homme droit. Il vient dans son message du 3 avril 2015 d’appeler encore au rassemblement le plus large par-delà les contingences. La preuve est encore là qu’il n’a rien à voir avec ceux qui veulent terroriser et enterrer Bby.
L’Apr est un grand parti ; elle est la colonne vertébrale de l’alliance autour du Président Macky Sall. Et en cela son avenir nous interpelle. Les vrais alliés du Président Macky Sall, ceux qui comprennent la pertinence et les enjeux de la politique dont il est porteur, souhaitent qu’il soit aux commandes de notre pays, en février 2017. Tous ne peuvent pas l’affirmer dès maintenant, mais n’en pensent pas moins. La question c’est déjà l’après 2022. Voilà ce qui est problématique et l’Apr en l’état pose problème.
Qui dans ses rangs se projette à cet après ? Peut-elle être à la hauteur pour cet horizon en restant une armée mexicaine, où seul un homme, le Président Macky Sall, a une légitimité ? Peut-elle l’accompagner efficacement dans la tranche 2017-2022 sans se déchirer dans des conflits sans fin de positionnement et d’héritage ? Sans discipline et sans une vision véritablement partagée pour un grand dessein et un grand destin de la Nation, poursuivant la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent, l’Apr risque de connaître le sort pitoyable du Pds, créé par un homme pour une ambition personnelle, fossoyeur en définitive de son œuvre historique. Le Pds a vécu du 1974 au 23 mars 2015. L’Apr vivra-t-elle après février voire mars 2022 ? Combien font ce pari de la survie et combien y travaillent ? Et finalement l’Apr poursuivra-t-elle l’émergence du Sénégal quand le Président Macky Sall terminera sa mission à la tête du Sénégal en 2022, s’il plaît à Dieu ?
C’est à l’horizon de vingt ans que l’émergence portera véritablement ses fruits et c’est cela qui vaille, tout le reste est dérisoire parce qu’attaché aux contingences de nos vies individuelles, face à la vie du pays qui nous survivra.
Toujours dans les rangs de l’Apr des théoriciens de la mort des partis donnent de la voix. Ils leur substituent des magmas informes de groupes d’intérêts, d’ambitions ou de think-tanks hybrides, sortes de coalitions à mille têtes, avec un gourou comme pièce centrale faisant fonction d’imam ou de prêtre.
Il s’agit là d’une illusion qui dure depuis que les partis politiques sont entrés dans le fonctionnement des institutions politiques modernes.
Un parti politique est construit sur un projet de société, avec des valeurs sociétales à la fois stables et dynamiques. Elles sont stables parce qu’elles correspondent à l’agrégation des préoccupations et aspirations, des comportements, des habitudes, us, coutumes et règles de vie de la société. En un mot, il s’agit des rapports sociaux cardinaux, matériels et spirituels qui fondent une société.
Quant au dynamisme, il s’agit d’anticiper et d’intégrer les évolutions nécessaires, voire s’adapter avec le minimum d’inconvénients possibles aux bouleversements non anticipés d’ordre interne ou international.
Un parti tente d’influencer la marche de la vie d’un pays, tant qu’il n’exerce pas le pouvoir. Il gère sans doute des choses s’il arrive aux responsabilités nationales ou locales. Mais derrière les choses, il y a les hommes et les structures sociales. De telles responsabilités, mais surtout la perspective d’avoir une action durable, commandent la permanence du mouvement qui s’appelle parti politique, qui, par delà la diversité des opinions de ses membres sur les questions nouvelles ou en délibération, doit, pour être efficace, avoir une ligne stable, des règles d’organisation et de fonctionnement qui assurent la démocratie en son sein, sans nuire à la commune volonté de conquérir le pouvoir pour concrétiser son programme. Seul un parti offre ces possibilités.
Les conditions présentes de notre pays depuis la première alternance en 2000 ont imposé les coalitions politiques, comme forme de rassemblement de la diversité pour accéder au pouvoir et le gérer. Il est prévisible que de telles coalitions s’imposeront à l’avenir.
Le Nigeria vient de vivre sa première alternance grâce à la coalition de l’opposition, constituée pour aller aux élections. Mais toute coalition a besoin d’un leadership et d’un parti formant sa colonne vertébrale.
Toute la difficulté consiste à amener les acteurs politiques en coalition à placer les intérêts de la communauté nationale au-dessus des ambitions personnelles, mais aussi que le leader de la coalition victorieuse et son parti comprennent que pour servir le pays, il faut le faire avec les alliés. Le Président Macky Sall, lui, comprend cela et le pratique. Qu’en est-il des autres ?