7 OU 5 ANS, PEU IMPORTE !

Dans l’entre-deux tours de la présidentielle de 2012, Macky Sall, alors candidat à la magistrature suprême, promettait de réduire son mandat de chef d’Etat de 7 à 5 ans. Un discours surprenant et quelque peu avant-gardiste, à la fois pour le contexte et « pour l’époque », et qui devait sans doute lui donner de pouvoir tenir le bon rôle, loin de vouloir jouer les vieux dinosaures inélégants, désespérément accrochés à leurs privilèges et à leur statut d’ancien président de la République.
Que ce soit par intime conviction, par calcul politique ou un peu des deux, le propos a le mérite de ne pas laisser indifférent. Même si, quand on interroge les mots, tout a l’air tellement gros, tellement « antinomique » à l’échelle du Continent, que Macky Sall a du mal à échapper aux sempiternelles questions qui donnent l’impression de vouloir mesurer sa bonne foi de « politicien » plus ou moins scrupuleux.
Certains membres de son parti lui suggèrent d’ailleurs de ne pas s’encombrer de principes plus ou moins vertueux qui le rendraient prisonnier d’un vieux serment délavé et sans valeur, sinon circonstancielle ou électoraliste. Qu’il se contente, répétait, pas plus tard que ce 4 avril, quelqu’un comme le député « républicain » Moustapha Cissé Lô, d’un «Wax Waxeet» (dire et se dédire) très peu subtil d’ailleurs, qu’Abdoulaye Wade ou l’homme qui rêvait d’un troisième mandat, avait eu du mal à faire passer, même entre deux éclats de rire. Ce que l’on dit au président, c’est que ce n’est pas opportun, et que rien ne l’y oblige d’ailleurs, pas même le respect de la parole donnée. S’il veut rester dans le symbole, et si cela lui fait plaisir de jouer les bons démocrates, pourquoi pas ? Et pour le convaincre, on lui oppose des arguments « républicains » : le respect de la Constitution qui a fixé à sept ans le mandat du chef de l’Etat. Ou alors, lui dit-on encore, il pourrait démissionner ou organiser des élections anticipées.
Le 17 mars, alors qu’il s’adressait à la presse étrangère, Macky Sall promettait qu’il ne faillirait pas. Son programme : un référendum en 2016, et des élections en 2017 au lieu de 2019 si le « oui » venait à l’emporter, autrement dit si la majorité des électeurs se disait favorable à ce que l’on réduise le mandat présidentiel. Sinon, on connait la suite…Macky Sall restera deux ans de plus au pouvoir. Sur le papier, rien ne changera vraiment, mais le symbole sera sauf et le président pourra se glorifier d’avoir eu l’intention de, et peut-être même qu’il se convaincra que le peuple sénégalais, dans sa souveraineté, avait décidé qu’il devait rester. Baromètre de fin premier mandat ?
Toujours est-il que 7 ou 5 ans, dans l’absolu, cela n’a pas vraiment d’importance. L’essentiel, c’est ce que l’on fait de ce temps qui passe et qu’il faut mettre à profit. Macky Sall devrait davantage s’en faire pour son bilan de premier mandat, quand on sait que depuis 2012, notre pays est resté suspendu, plus qu’à la traque des biens mal acquis, à l’affaire Karim Wade dont certains disaient d’ailleurs que son épilogue permettrait enfin de pouvoir «retourner aux choses sérieuses ».
L’ «émergence», ce mot qui est entre le slogan à la mode et la formule magique, impose de pouvoir résoudre des questions aussi concrètes que celle des jeunes sans emploi, de cette scolarité instable, de ces malades précaires, ou de ces ventres vides tenaillés par la faim.