COMBAT D’UN PÈRE DÉSABUSÉ

Il remuerait ciel et terre pour faire libérer son fils Karim Wade. L’ancien Président serait même prêt au sacrifice suprême pour y arriver. Au début, avec un brin de naïveté, il pensait que Macky Sall n’irait pas jusqu’au bout. Mais aujourd’hui se rendant compte du contraire, l’ex Chef de l’Etat est en train de faire feu de tout bois pour que Karim Wade quitte Rebeuss. Combat d’un père désabusé pour un fils au destin présidentiel (sic).

Depuis sa retraite de Versailles, après sa déconvenue à la présidentielle de 2012, Me Wade, l’ancien président de la République s’était prononcé, en décembre 2013, depuis la capitale de la Côte-d’Ivoire, sur l’emprisonnement de son fils, Karim Wade placé en détention depuis plus de deux sur la traque des biens mal acquis.

Au confrère de Rfi, il avait confié : "Karim Wade a commis le délit d’être fils d’un Président en Afrique. La justice sera dite, un jour. Un jour, il sera déclaré innocent, je vous le promets parce qu’il n’a rien fait". Il ajoute : "L’accuser d’avoir détourné 700 milliards de francs Cfa… On doit au moins trouver une banque où il a mis de l’argent. La seule banque où on a trouvé de l’argent, c’est la banque Julius Bär. C’est mon argent et je vais le récupérer. Parce que je fais un procès à Monaco pour récupérer mon argent", faisait-il remarquer.

Ensuite, depuis un hôtel 5 étoiles au Maroc, sur le chemin de retour au Sénégal, après deux ans d’exile à Versailles, Me Wade affirmait que Karim est juste en stage chez Macky. Qu’il a entamé sa marche vers le Palais. Dans sa déclaration à l’occasion de son séjour marocain, Wade soutenait que le Président Macky Sall n’irait pas jusqu’au bout :

"Karim n’a rien fait. Il est innocent. Macky veut le faire condamner, mais n’ira pas jusque-là", avait-il laissé entendre sur les ondes de Rfi, dans son hôtel 5 étoiles au Maroc où il se trouve bloqué avec son jet privé qui doit l’acheminer au Sénégal. "Je suis allé 5 fois en prison. Karim est en stage chez Macky Sall. Macky lui a donné la popularité. Beaucoup de Sénégalais n’aiment pas l’injustice. Si sa cote de popularité était de 40 %, aujourd’hui Macky l’a amenée à 80 %", affirmait Abdoulaye Wade dans un éclat de rire. "Aujourd’hui, des sondages ont montré que s’il y avait élection, c’est Macky Sall et Karim Wade qui seraient au second tour", disait-il.

Lors de son retour triomphal, après deux ans d’exile à Versailles à la suite de déconvenue de mars 2012, il a parlé en ces termes : "Le Président Macky Sall doit décoder le message du peuple. Moi je l’ai fait : cela traduit l’attachement des Sénégalais à ma personne. Les gens ont attendu dix heures d’affilée. Ils l’ont fait parce que je représente un espoir, en raison de ce que j’ai fait pour le Sénégal, et aussi du fait qu’aujourd’hui, ces gens sont désespérés. La loi de la nature fait que l’on passe et que d’autres arrivent. J’aurais souhaité qu’il y ait un président - je ne dis pas qui ait la même aura que moi, ni qu’il réussisse comme moi - mais au moins qui gagne le cœur des Sénégalais".

Et dans la même déclaration dans l’enceinte de la permanence du Pds, le pape du Sopi a évoqué la dossier de la traque des biens des mal acquis en parlant de "la chasse aux sorcières" et assimilant au passage le régime de Macky Sall a une dictature". Avec la menace à la bouche, il lâche : "Si je voulais renverser Macky Sall, je le pourrais. Mais ce n’est pas mon intention. Moi ce que je veux, c’est faire comprendre à Macky Sall qu’il fait erreur".

Il y a une dizaine de jours, le pape du sopi est passé à la vitesse supérieure dans son bras de fer avec le régime de Macky Sall pour la libération de son fils. Il avait forcé le barrage des policiers, avant de retourné à sa résidence où il s’était adressé à la presse :

"Je récuse la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (Crei). Je n’accepterai jamais que la Crei, ce machin, comme disait le Général De Gaulle, juge Karim Wade. Quitte à y laisser ma vie. Ce jour-là, Macky Sall m’ôtera la vie. Macky Sall a laissé entendre qu’il libérera Karim Wade, quand il sera condamné. Il n’est pas intelligent. S’il l’était, il allait tout faire pour qu’on le libère avant qu’il soit jugé. Ce qui pourrait porter un coup dur à son statut de banquier. Mais, qu’il se le tienne pour dit. Karim Wade ne sera pas condamné. Je suis prêt à donner ma vie contre toute condamnation de Karim. Car un père qui ne se bat pas pour son fils est un lâche (…) Une de mes revendications consiste à retirer le dossier de Karim des mains d’Henri Grégoire Diop qui a déjà son verdict et sa condamnation en main"

La dernière trouvaille de Me Wade, il aurait déclaré à l’un de ses proches et dont les propos sont relayés par notre confrère Libération, être prêt pour Rebeuss : "J’ai sorti la valise que j’avais amenée en prison en 1988 et qui contient des brosses à dent et autres machins. Je vous conseille d’en faire de même parce que quand on vient vous arrêter, vous n’avez pas le temps de faire vos valises. Moi, je suis prêt", aurait déclaré Me Wade dimanche dernier.