EBOLA : 2E JOUR DE CONFINEMENT EN SIERRA LEONE, DÉCÈS DU DERNIER CAS CONFIRME AU LIBERIA
Freetown, 28 mars 2015 (AFP) - Le confinement de trois jours de la population en Sierra Leone, jusqu'à dimanche, permettra à ce pays de faire de réelles avancées dans sa lutte contre Ebola, ont affirmé ses autorités samedi, jour où le Liberia voisin a annoncé la mort du dernier cas confirmé sur son sol.
Depuis vendredi à 06H00 (heure locale et GMT) et jusqu'à dimanche à 18H00, les six millions d'habitants de Sierra Leone sont contraints de rester eux, ce qui donnait à la capitale, Freetown, et aux villes de provinces des allures de cités mortes, selon des journalistes de l'AFP et des témoins.
Comme lors du premier confinement général il y a six mois (17-19 septembre 2014), seuls étaient visibles dans les rues les acteurs sanitaires, forces de sécurité ou personnes dûment autorisées à se déplacer, ainsi que les 26.000 volontaires déployés pour du porte-à-porte dans le cadre d'une campagne nationale "Zéro Ebola".
Cette fois, l'accent était particulièrement mis sur la région de l'Ouest, abritant Freetown, ainsi que sur les départements de Port Kolo, Bombali et Kambia (nord), proches de la Guinée, où sont localisés les foyers actuels, selon le Centre national de lutte contre Ebola (NERC).
"Le premier jour de la campagne nationale Zéro Ebola s'est très bien passé, c'est très encourageant", a déclaré à l'AFP le chef de la NERC, Palo Conteh.
Selon lui, la sensibilisation permettra à certains de retrouver des habitudes de prévention et d'hygiène abandonnées, notamment éviter de toucher malades et morts, signaler tout cas suspect et ne participer à aucun enterrement non sécurisé.
"Nous ne sommes pas encore tirés d'affaire. (...) Ce n'est pas cette campagne qui nous mènera à zéro cas, mais elle nous aidera à atteindre cet objectif", a déclaré M. Conteh.
A Jendema (sud-est) et dans ses environs, les consignes anti-Ebola sont respectées par tous grâce à une intense campagne de sensibilisation impliquant les chefs traditionnels, a assuré le chef de la cellule locale de crise, Haji Sheriff, à une équipe de l'AFP qui s'est rendue dans cette localité de 3.000 habitants proche du Liberia, vivant essentiellement du commerce transfrontalier.
"Nous sommes passés de village en village" pour cette campagne, et "depuis onze mois maintenant, nous n'avons pas eu de cas d'Ebola" dans la zone, a dit M. Sheriff.
- Décès du dernier cas confirmé au Liberia -
L'épidémie actuelle d'Ebola est partie en décembre 2013 du sud de la Guinée, puis s'est propagée au Liberia et à la Sierra Leone voisins. Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) arrêté au 22 mars, ces trois pays comptent plus de 99% des plus de 10.300 morts identifiés sur quelque 25.000 cas.
Tous se sont fixés comme objectif d'atteindre zéro cas à la mi-avril. Le Liberia semblait sur la bonne voie pour être débarrassé du virus à cette échéance.
Mais cet espoir a été ruiné par l'annonce, le 20 mars, d'un cas confirmé positif, une femme malade qui s'était rendue d'elle-même la veille dans un centre de santé, alors que le pays avait passé un mois sans notification de contamination.
Une source proche du dossier avait précisé qu'il s'agissait de l'épouse d'un patient guéri d'Ebola. Selon les médecins, les rescapés d'Ebola sont immunisés contre le virus mais leur sperme reste contaminant jusqu'à 82 jours après leur guérison clinique.
Les autorités libériennes ont annoncé samedi à l'AFP que la patiente n'a pas survécu. Elle est "décédée hier (vendredi), nous n'avons pas de cas confirmé (...), seulement deux cas suspects", a affirmé Francis Karteh, responsable de la cellule nationale de crise contre Ebola.
Selon lui, 80 personnes de son voisinage demeuraient sous surveillance. Avec plus de 4.300 morts sur plus de 9.600 cas au 22 mars selon l'OMS, le Liberia compte le plus grand nombre de décès mais c'est la Sierra Leone qui enregistre le plus grand nombre de cas (plus de 11.840, dont plus de 3.700 morts).
La Guinée, elle, compte près de 2.300 décès sur plus de 3.400 cas. C'est dans ce pays que les réactions hostiles à la lutte anti-Ebola sont les plus fréquentes et les plus violentes.
Vendredi, des habitants de Forécariah (ouest) ont tenté de chasser quelques centaines de Sierra-Léonais arrivés dans leur ville. Des échauffourées les ont opposés à des forces de l'ordre ayant empêché les expulsions, selon une source sécuritaire et des témoins.
Les heurts ont fait une trentaine de blessés, d'après la source sécuritaire. Aucune nouvelle violence n'a été signalée samedi.