FADEL BARRO ET CIE DEMANDENT LA LIBÉRATION DES CONGOLAIS
Y EN A MARRE DE RETOUR DU CONGO

Invités au Congo par le mouvement citoyen Filimbi, trois membres de 'Y en a marre' ont été arrêtés puis expulsés. De retour au Sénégal, ils ont donné une conférence de presse pour réclamer la libération de leurs camarades congolais et comptent mener de loin le combat.
Retenus depuis dimanche dernier dans les geôles kinoises et libérés mercredi, les trois 'Y en a marristes' s'en font maintenant pour leurs frères congolais restés en prison.
"On se fait du souci pour les membres de la Lucha, de Filimbi et les autres jeunes retenus au niveau de l'agence de renseignement", a dit hier le coordonnateur du mouvement 'Y en a marre' Fadel Barro. C'était au cours d'une conférence de presse tenue au niveau de leur quartier général aux Parcelles Assainies. Y en a marre et le mouvement burkinabé Balai Citoyen comptent continuer le combat pour la libération de leurs pairs. La conférence de presse tenue
hier est le premier acte de la stratégie qu'ils comptent dérouler. Car les Burkinabés ont eux aussi fait face à leur presse dans l'après-midi du même jour pour joindre leurs voix à celles de leurs frères sénégalais. "On ne sait pas s'ils ont mangé ou pas. Il faut qu'ils soient libérés", a soutenu Fadel Barro.
Même s'ils ont été arrêtés en même temps que les Congolais, Fadel Barro, Aliou Sané et Malal Talla ignorent les conditions de détention des animateurs de Filimbi.
"Quand on est arrivé au siège de l'agence de renseignement, on a organisé les gens suivant des groupes. On a mis les Sénégalais d'un côté, les Burkinabés de même, etc. Et de là où on était, il était impossible de savoir ce qui se passait de l'autre côté", a informé le porte-parole du jour.
Pourtant, avant leur arrivée à Dakar, des rumeurs ont couru sur des tortures qu'auraient subies des gens arrêtés, ce fameux dimanche au cours d'un point de presse. "On a été bien traité. Quand le chef de l'agence de renseignement militaire est arrivé, la première question qu'il nous a posée, c'est si on a été frappé ou torturé. Rien de tout cela ne nous a été fait. Une fois encore, on a été bien traité", a indiqué Malal Talla alias Fou Malade.
"Je ne sais pas pourquoi mais ils ont fouillé nos valises..."
Les jeunes Sénégalais ont dû répondre à un interrogatoire de 5h de temps. Et au moment où ils demandaient à leurs "hôtes" quelles charges pesaient sur eux, une conférence de presse était donnée par le porte-parole du gouvernement congolais.
"On a demandé quelles charges pesaient sur nous. On ne nous a dit rien. Alors qu'au même moment, le porte-parole du gouvernement congolais donnait une conférence de presse pour nous présenter comme 4 commandos venus de l'Afrique de l'ouest pour déstabiliser le Congo", a fait savoir Fadel Barro.
En effet, ils ont été accusés d'être des activistes militaires venus appeler les Congolais à l'insurrection et comptant leur apprendre à préparer des cocktails molotov. Pourtant, à aucun moment de leur interrogatoire, il n'a été question de ça. Cependant, des actes posés laissent penser que les autorités congolaises croyaient vraiment à leur thèse.
"Je ne sais pas pourquoi, mais ils ont fouillé nos valises. Dans celle de Malal, ils ont trouvé une de ses tenues de scène, un treillis, ils l'ont confisquée. Moi, j'avais un livre sur le jihadisme, ils l'ont pris. Aussi, ils ont confisqué l'ordinateur portable d'Aliou Sané, sans raison", selon Fadel Barro.
Ce dernier a confirmé les dires de Thiat sur la détermination de 'Y en a marre' à continuer son combat. "Cet épisode au Congo n'est qu'une parenthèse. On va continuer à répondre aux invitations de nos frères africains", a argué Fadel Barro.
"Avant de partir au Congo, on s'est assuré que les manifestations étaient autorisées. Quand on est arrivé pour la conférence de presse qui devait être suivie d'un concert, on a vu qu'il y avait la police sur place. On était rassuré. Rien n'a été dit ou fait qui explique notre arrestation. C'est le gouvernement qui est fébrile", a constaté Fadel.
"Plus on nous brûle, plus on brille"
Des Sénégalais ont reproché à 'Y en a marre' de balayer devant la case d'autrui, alors que la leur est sale. Pour leur dire qu'ils sont allés aider les Congolais à résoudre leurs problèmes, alors qu'au Sénégal, il se passe certaines choses qui méritent leur attention.
"Juste avant le voyage au Togo, on a lancé la série sur la citoyenneté et le civisme "Dox ak sa gox" a répondu Fadel Barro au cours de la conférence de presse. "Nous avons été à Nganda pour échanger avec les cultivateurs. On a lancé le projet "Wax ak sa député", pour sensibiliser les élus du peuple sur les problèmes du peuple", a ajouté dans la même veine Fou Malade.
Il n'a pas manqué de lancer des piques à la presse sénégalaise. "La presse sénégalaise ne s'intéresse pas à ces actes citoyens que nous menons. Intéressez-vous un plus à ça et les gens sauront que 'Y en a marre', ce n'est pas que la mobilisation populaire qui est une partie infime de notre mouvement", a lancé Malal Talla. A ceux qui parlent "d'ingérence", ils disent être loin de cette logique. Pour eux, c'est la "solidarité africaine et l'envie de construire une citoyenneté sans violence" qui les a menés au Congo.
Concernant les accusations sur le financement de Filimbi et du voyage de 'Y en a marre', ils ont répondu : "Filimbi a contacté des ONG pour financer les activités qui nous ont mené au Congo. Parmi celle-ci, l'USAID qui a bien voulu les soutenir. Maintenant, comme 'Y en a marre', on mettra tout et rien sur le dos de Filimbi. Mais sachez qu'il n'en est rien", a balayé Fadel Barro.
Mieux encore pour lui, ces accusations ne font que les fortifier dans leur combat. Pour lui, la relation qui lie 'Y en a marre' à ces détracteurs est comme celle liant l'or au feu. "C'est comme l'or et le feu. Plus on nous brûle, plus on brille. Nous sommes forts dans nos convictions. Nous ne sommes pas manipulables", a-t-il tonné.