"GORÉE CINÉMA", ÉPISODE 2
"LE CERCLE DES NOYÉS", LE FILM-DOCUMENTAIRE DU BELGE PIERRE YVES-VANDEWEERD, AU MENU DE LA DEUXIÈME SÉANCE DE PROJECTION DU FESTIVAL, CE SAMEDI SUR LA PLAGE DE L'ÎLE À PARTIR DE 21H
(SenePlus.Com, Dakar) – La plage de Gorée accueille ce samedi la deuxième séance de projection du festival "Gorée Cinéma". Après Fièvres du Marocain Hicham Ayouch, Étalon d'Or du Yennega lors du dernier Fespaco, le mois dernier, Le Cercle des Noyés sera à l’honneur. Ce film-documentaire du cinéaste belge Pierre-Yves Vandeweerd sera projeté à partir de 21 heures sur la plage de l’Île. Il sera introduit par l’ingénieur du son Alain Cabaux, membre de l’équipe de tournage.
Dans une note parvenue à www.SenePlus.Com, les organisateurs du festival informent à propos du réalisateur belge : "Ce récit retrace la douloureuse histoire de l’emprisonnement, entre 1986 et 1991, des membres du FLAM (Front de libération africain de Mauritanie), un groupe qui luttait contre la ségrégation raciale dans l’ancien fort français d’Oualata, aux fins fond du désert, près de la frontière avec le Mali. Il donne à découvrir le délicat travail de mémoire livré par l’un de ces anciens détenus qui se souvient de son histoire et de celle de ses compagnons."
Auparavant (20h30) l’équipe de "Gorée Cinéma" propose Dakar Bel-Air, le court métrage de David Bouchet. Un récit plein de poésie, partagé entre le Sénégal et la France, l’Islam et la Chrétienté, les vieux et les jeunes, les vivants et les morts, les émigrés et ceux qui sont restés au pays...
Dans l’après-midi, jusqu’à 19h, le "Diisoo Cinéma" réunira cinéastes, journalistes, écrivains et experts, etc. autour de deux thèmes : "Généalogie du combat contre l’esclavagisme, la ségrégation et l’oppression en Mauritanie." et "Le cinéma documentaire : un outil de transformation du réel." La deuxième séance de "Gorée Cinéma" débute avec de l’animation musicale sur la plage de l’Île. Dj Dollars sera aux platines.
C’est parce que le cinéma est un outil de transformation du réel, une arme contre l’oubli, un art du récit essentiel à l’identité de chaque peuple, qu’il peut être le fondement d’une réflexion théorique et politique. Partir d’une œuvre documentaire offre, par ailleurs, un angle d’analyse et de discussion très captivant car celle-ci est, à la fois l’expression individuelle et artistique de son auteur, ainsi que la saisie d’une donnée, d’une expérience réelle sur laquelle le regard du cinéaste se pose afin de recueillir et transmettre un savoir.
C’est le fruit d’un tel travail d’orfèvres qui nous est donné à voir dans Le Cercle des Noyés, de Pierre-Yves Vandeweerd. Ici, ce sont les souffrances mortelles des survivants de Oualata, ancien fort colonial fait prison, qui sont sublimées grâce au cinéma. La synthèse opérée à l’écran, entre le récit d’un ancien membre du F.L.A.M- qui se souvient- et la prison forteresse dans laquelle lui et nombres de ses camarades furent emprisonnés convoque sous les yeux du spectateur une réalité en proie à l’effacement pour fonder une mémoire de cette lutte. Le regard du cinéaste sur ce fort, laissé à l’oubli là-bas, au loin sur le rivage de l’éternité, trace en noir et blanc la tragédie des morts oubliées.
Dans quelle mesure l’entretien du devoir de mémoire est-il un outil exploitable pour la poursuite d’une lutte actuelle ? Il faut pour cela se saisir de ces ouvrages pour en activer le produit symbolique. C’est dans ce creuset que se construit le thème de ce Diisoo Cinéma. À travers le prisme du cinéma, et grâce au précieux travail de Pierre-Yves Vandeweerd, ainsi qu’à la résilience d’individus convaincus que leur combat passe par une réhabilitation de leur histoire, il est possible de poser le fondement d’une réflexion sur les origines de l’oppression, de la ségrégation et de l’esclavagisme en Mauritanie.
En convoquant, autour d’une table, des acteurs actuels de cette lutte pour l’égalité ainsi que différents spécialistes, journalistes, écrivains ou historiens, afin qu’ils se confrontent à cette source cinématographique pour nourrir et orienter leurs échanges, le Diisoo Cinéma devient, le temps d’une rencontre, l’écho de cette mémoire fantôme qui peine à faire résonner le cri de ses souffrances pour qu’elles soient entendues et prêtent voix à celles qui sont aujourd'hui étouffées.
Un texte de l’équipe de Gorée Cinéma