VIDEO"IL Y A BEAUCOUP D'HYPOCRISIE DANS NOTRE MILIEU"
SALAM DIALLO, ARTISTE MUSICIEN
Quand il s'agit de dire ses quatre vérités, Salam Diallo n'y va pas du dos de la cuillère. L'artiste, qui a du mal à comprendre "l'hypocrisie et la méchanceté" qui sont légion dans le milieu du showbiz, analyse dans cet entretien avec EnQuête les hauts et les bas de sa carrière musicale. Et tient à rappeler à "ceux qui cassent du sucre derrière son dos", qu'il a la carapace dure. La preuve : la sortie récente de son dernier album "Jam Ak Salam".
Vous venez de mettre sur le marché un nouvel album intitulé "Jam ak Salam". Parlez-nous des thèmes et sonorités contenus dans cette production
Dans le premier titre, je chante Serigne Saliou Mbacké. J'ai parlé de ses origines pour dire qu'il vient de Mbakole. Dans ce village, les gens ne connaissent que l'agriculture et la religion. J'ai aussi chanté les tidjanes dans le même registre. Car j'ai des amis dans cette ville sainte et ma très chère maman y repose. A cette dernière d'ailleurs, je dédie une chanson dans cet album. C'est aussi un clin d'œil à tous les orphelins de mère pour leur dire que ce n'est pas facile de vivre sans nos mamans. Il y a une chanson titrée "pourquoi". J'y pose le problème de l'hypocrisie et de la méchanceté dans nos sociétés. Il y a deux duos dans l'album. L'un, je l'ai fait avec Dame Sène. C'est "Dakar-Thiès". Et l'autre, c'est avec les "Ballago Boys". C'est "thieuguine". Il y a le dernier morceau dont le clip passe actuellement sur les chaînes de télévision qui est "soumala také wonéla". En somme, il y a 15 titres dans cet album et divers thèmes y sont développés. Pour le titre, le choix s'explique par le contexte. Le terrorisme fait des ravages dans certains pays et je prie pour qu'on vive partout en paix.
Et le contexte politique national actuel ne vous a pas inspiré dans votre vœu d'un monde de paix ?
La politique rime avec la concurrence et le débat. Cependant, j'exhorte les uns et les autres à ne pas aller au-delà de certaines choses. Que les dérives ne dépassent pas le cadre des médias. Je veux dire par là que cela ne doit pas dépasser le cadre oral. Qu'on n'en arrive pas à des agressions physiques. Il n'y aura que la paix au Sénégal. Celui qui est au pouvoir était un membre d'un des partis de l'opposition.
Une photo a circulé sur internet vous montrant accompagné d'une jolie fille. Des rumeurs laissent croire que c'est votre femme. Qu'en est-il ?
(Il rit). Il y a un photographe qu'on appelle Chon. Il a pris part au tournage du clip de la chanson "soumala také wanéla". Après, il a pris les photos et les a publiées sur internet. Maintenant, Seneweb a repris cela. Ils n'ont jamais dit qu'elle était ma femme mais ont dit que des rumeurs circulaient sur cela. Certains ont alors repris l'information en omettant de mettre rumeur et en confirmant. Les gens n'ont pas compris. Cette fille, je l'ai connue récemment. C'était une semaine avant le tournage du clip. Quand on me l'a présentée, on a discuté et après, je lui ai dit que j'aurais aimé qu'elle participe dans ma prochaine réalisation. Elle a accepté sans exiger une contrepartie. Elle l'a fait gentiment. Et dans le clip, elle joue le rôle de ma petite amie. Elle n'est pas ma "gnarèle" (ndlr ma seconde femme en langue wolof) comme on dit.
Quelle danse accompagne l'album comme il est de coutume avec vous ?
Celle qu'on voit dans ce clip. C'est "khana kheum nga". Les gens l'ont adopté et les enfants adorent ça.
Vous parlez de méchanceté dans "pourquoi" ; serait-ce une chose dont vous avez été victime au cours de votre carrière ?
Je vis cela tous les jours. Je l'ai vécu tout au long de ma carrière musicale. Des gens véhiculent tout le temps des choses fausses sur moi et ils le font à dessein. Cela m'étonne souvent. Des gens, après discussions ou échanges, me présentent leurs excuses en me disant : j'ai toujours pensé que tu étais comme ci ou comme ça. Je ne leur en veux pas parce que je sais que des gens mal intentionnés ont véhiculé des contrevérités sur mon compte. Personne ne doit juger son prochain sans le connaître.
Ces propos mal intentionnés seraient-ils véhiculés par vos collègues artistes ?
Je ne sais pas. Parce que les gens sont lâches, ils parlent toujours derrière toi. Je ne suis pas contre les critiques. Je suis très ouvert. Ceux-là qui cassent du sucre derrière mon dos, ils peuvent venir me regarder dans les yeux et me livrer leurs pensées. Seulement, cela doit se faire dans le respect et reposer sur la vérité. Aussi, ce que l'on raconte derrière mon dos ne me fait pas mal. Cela me rend au contraire plus fort. Quand je pense à ça, j'évite de dire ou faire certaines choses qui pourraient donner raison à mes détracteurs.
Le milieu du showbiz serait un milieu d'hypocrites. Quel commentaire cela vous inspire ?
Oui, il y a beaucoup d'hypocrisie dans notre milieu. Il est formé de 99% d'hypocrites. Cela est dû une fois encore à la méchanceté. Les gens ne croient pas en leur talent ni en Dieu. Parce qu'ils doivent savoir que ce que l'autre a et dont tu ne disposes pas est du bon vouloir de notre Seigneur. Si je n'avais que 100 F aujourd'hui, nul ne le saurait et je n'irais jamais lécher les bottes de qui que ce soit pour me remplir les poches. Je ne le ferai jamais même si je compte dans mon cercle d'amis beaucoup de milliardaires. Mais je peux jurer la main sur le Coran que je peux rester un ou deux ans sans les voir. Je ne suis le lèche-bottes de personne. Je ne peux même pas faire ces choses-là. Mon éducation me l'interdit. Ces amis dont je parle m'en veulent des fois. La dernière fois que j'ai vu Cheikh Amar, il m'a dit : "Je ne te le cache pas, je ne suis pas content de toi. Tu ne viens pas me voir alors que tu devrais." Je lui ai dit, je le jure sur la tombe de ma mère, que je ne voulais pas le fatiguer ou venir traîner chez lui au vu et au su de tous. Il lira cette interview, je le sais. Donc, je n'invente rien. C'est pareil avec d'autres comme Malick Gackou ou encore le Président Macky Sall qui est un grand ami à moi. Pourtant je n'ai jamais sollicité une audience auprès du Président.
Pour vous, une personne digne ne devrait pas faire ce que font certains artistes ?
Pour moi, ce ne sont pas que les artistes qui doivent avoir cette posture-là. Tout un chacun doit adopter cela. On ne doit pas se dire qu'on est artiste donc on doit mettre la pression sur un milliardaire pour lui soutirer de l'argent. Il peut arriver qu'un milliardaire se réveille sans un sou en poche.
N'est-ce pas votre façon de voir les choses qui vous retarde dans l'évolution de votre carrière ?
J'avoue que c'est cela. Mais je préfère cette situation que de chanter sans conviction les louanges d'une personne. Une fois encore, mon éducation ne me le permet pas. Il y a des choses qui sont héréditaires. Moi, ma maman est une griotte. Mais on ne la voyait jamais faire du "samba mbayaan" partout et n'importe où. Pourtant, elle se devait d'aller dans les cérémonies et faire cela. Mais elle le refusait catégoriquement.
Etes-vous conscient d'avoir perdu votre place dans le classement des leaders de la musique sénégalaise ?
Oui, et la vie est ainsi faite. Il y a des hauts et des bas. Rien n'est éternel. On n'entend plus Youssou Ndour ou encore Thione Seck. Pourtant, ils sont bien meilleurs que nous autres. A chacun son tour. Aujourd'hui, j'ai sorti un nouveau clip qui fait un tabac. J'en rends grâce à Dieu. Si quelqu'un reste leader pendant longtemps, il doit se poser des questions. Je ne pensais même pas pouvoir vendre ne serait-ce qu'une cassette un jour. Car j'ai entendu du n'importe quoi sur ma personne. J'ai été meilleur artiste de l'année en 2010 et 2011, et sacré micro d'or. J'en rends grâce à Dieu. Tout ce que j'obtiendrai de plus dans ma carrière ne sera qu'un plus. Pour ce que je fais qui est du taasu, les gens en ont peu d'égard au Sénégal. Et pourtant moi, j'arrive à m'imposer, à organiser des tournées nationales et internationales. Ce que j'ai aujourd'hui, je l'ai eu à la sueur de mon front. Je suis né à Grand-Dakar et j'ai grandi à Niary Tally. Je n'ai eu personne pour me soutenir dans ma carrière. Je me suis battu tout seul. Personne ne m'a aidé. On a dit beaucoup de mauvaises choses sur moi. Et j'ai résisté et je suis encore là. Pourtant, j'ai une femme, une famille et cela les affecte.
Ce qui est bizarre, c'est que vous n'êtes pas resté longtemps au sommet
Toute chose a une fin. L'essentiel c'est d'avoir été à un certain niveau. Encore une fois, rien n'est éternel.
Quels sont les premiers feed backs reçus après la sortie de votre album ?
Ils sont positifs. J'ai d'abord sorti 2 500 Cd qu'on a écoulés sans trop de difficultés. J'ai encore sorti 3 000 et au niveau national, le stock est épuisé. Il y a des Cd qu'on a amenés en France pour les déclarer au niveau de la Sacem (ndlr société des auteurs, compositeurs et éditeurs). On fait actuellement la promotion au niveau des radios et chaînes de télévisions. La conception de cet album a été difficile parce que c'est une auto-production. Cela m'a pris deux ans. Et j'ai pu réaliser 15 titres. Pour la promotion, du 1er au 31 mai, je compte faire le tour de toutes les régions du Sénégal. Après, je vais recommencer à jouer aux jours habituels dans une boîte des Almadies.
Après votre premier spectacle au Grand-théâtre qui a suscité beaucoup de polémiques, comptez-vous-y retourner ?
J'ai signé un contrat avec la TFM pour un spectacle au Grand-théâtre. Moi je suis une personne qui aime les défis. Et j'en ai un à relever. Ce n'est pas celui de la mobilisation mais de la qualité du spectacle. Je compte faire un très très grand spectacle. La dernière fois, j'ai fait un plateau avec Coumba Gawlo que tout le monde a aimé. Attendez-vous à avoir plus cette année. Le directeur du Grand-théâtre avait dit après mon premier spectacle qu'aucun n'avait fait mieux ni autant que moi. Et cette fois-ci, je compte battre mon propre record. Je veux qu'on me découvre sous une autre facette. Moi, je suis un musicien de spectacle. Je fus un danseur et aussi un tambour-major. Il me faut montrer tout cela. Ce cadre va permettre de faire ça. Et si tout se passe bien, on fera cela le 8 août.