"J’AI ÉTÉ FEMME DE MÉNAGE POUR…"
RAMATOULAYE DIALLO ALIAS DÉESSE MAJOR, RAPPEUSE
De son vrai nom Ramatoulaye Diallo, Déesse Major, évolue dans la musique, plus particulièrement dans le Hip-hop. Etant l’une des rares filles à avoir opté pour le rap, Déesse Major entretient de bonnes relations avec ses paires. Son style, très osé, a facilité sa place dans le milieu. C’est d’ailleurs sa marque de reconnaissance. A travers ses vidéos clips et apparitions sur scène, on croirait avoir à faire à une jeune fille sadique et sans éducation et la côtoyer peut faire basculer cette idée car cet artiste est une femme très pieuse. Mieux, elle a vécu une enfance bien mouvementée. De femme de ménage à chanteuse en passant par commerçante, son parcours renferme des souvenirs pas très roses. Habillée d’une longue robe blanche, qui traduit la pureté de son cœur de femme, et une mini veste rose, assortis à ses jolis hauts talons aux bouts pointus, Ramatoulaye Diallo, disciple de Baye Niasse, a reçu chaleureusement l’équipe de Grand Place venue à sa rencontre pour s’enquérir de ses nouvelles. L’entretien s’est déroulé dans son somptueux salon aux fauteuils en cuir orange et noir. En sus, de jolies vaisselles rangées dans des placards en bois Djibouti teinté en noir, une moquette marron aux dessins beiges font partie du décor. Déesse Major se livre.
Pourquoi Déesse Major ?
Déesse Major, c’est juste un nom d’artiste. En fait, le nom de l’artiste est très important dans le milieu du Rap. Déesse Major est un egotripe. Et vous savez que l’egotripe est un style de Rap qui consiste à faire ses propres éloges, à vanter ses qualités. Etant donné que Déesse signifie la féminité et major peut être défini comme étant le grand, le plus important même dans une promotion scolaire, on entend souvent parler de major de sa promotion. Je suis très féministe c’est pourquoi je me suis baptisée Déesse Major. Etre femme dans le milieu du Hip-hop n’est pas une chose facile.
Quelles relations entretenezvous avec les autres rappeurs ?
Une relation normale, comme frère et sœur. Je n’ai pas eu de difficultés à intégrer le milieu. J’ai commencé à rapper en 2008 et je me suis professionnalisée en 2013 avec mon single « Mu Nice ». Et depuis lors le respect est là et on s’entend bien. Ils m’invitent à leurs organisations et tous ce qu’ils font. Ils m’ont intégrée et m’ont soutenue. D’ailleurs à mes débuts, j’ai rencontré Fou Malade qui a fait ma promotion en 2013 à la sortie de mon premier single. Je le suis très reconnaissant pour cela.
Vous êtes souvent critiquée par rapport à votre style qui est trop sexy. Cela ne vous dérange pas ?
Chaque artiste a son style, son look. J’ai choisi le style sexy juste pour me démarquer des autres. Je l’ai fait exprès pour me rendre visible. Sans le style, je ne suis pas Déesse Major. Et comme je l’ai dis, même sans me connaître, je suis reconnue de tous.
Et mon style m’aide à faire le buzz. Les sénégalais n’arrivent pas à reconnaître une tenue de scène et une tenue de ville. Vous ne me verrez jamais mettre des tenues sexy chez moi. Et je peux vous dire que mon style est ma marque. Si un jour, je me présente sur scène, voile à la tète, on dira que je suis devenue folle (sourire aux lèvres).
Dans le titre « Gëm sa boop » vous donnez des conseils aux jeunes, mais avec votre accoutrement est-ce que ce message peut passer?
Vous savez dans ce titre que j’ai fait avec Pps, d’ailleurs je le remercie au passage, est en quelque sorte mon histoire. J’ai perdu mes parents et mes frères très tôt. C’est la petite sœur de ma maman qui s’est occupée de mon éducation. Au moment où je suis allée vivre avec elle, elle était encore jeune et n’avait pas de mari. Elle travaillait comme femme de ménage. Après mes cours, je quittais mon école et j’allais l’aider dans ses travaux. La distance que je parcourais était très longue. Et comme, j’ai toujours été amoureuse de la mode, durant les vacances scolaire, je me cherchais aussi un travail de domestique pour qu’à l’ouverture des classes, je puisse acheter mes fournitures et de nouveaux habits. Et même durant les fêtes de Pâques, je cherchais toujours des choses à faire juste pour ne pas être dans le besoin ou même dépendre de quelqu’un. Et figurez vous que je m’habillais de telle sorte que mes camarades avaient du mal à croire que j’étais d’une famille diminue. (L’air pensif). J’ai galéré.
Comment vous vivez avec les rumeurs ?
Vous savez, on ne peut pas empêcher aux gens de parler. Moi la chance que j’aie, est que tout ce que l’on me dit et que je n’ai pas fait, j’ai la conscience tranquille. Quand, je fais quelque chose et qu’on en parle, là je fais une autocritique. Je ne peux pas passer tout mon temps à me justifier. Non. Et ce que disent les gens nous rendent plus fort. Comment Déesse Major gère sa vie sentimentale avec le milieu du showbiz qui n’est pas du tout repos ? Très naturellement. Toutefois pour le moment, c’est ma carrière qui compte pour moi. Je ne veux surtout pas dépendre de qui que ce soit. Hormis la musique que je fais, je suis commerçante de vêtements, cheveux naturels et tout ce qui participe à la beauté de la femme. C’est ma priorité.
Comment arrivez-vous à faire la musique et la commerce ?
Actuellement, je n’ai pas de boutique même si j’envisage d’en ouvrir. Quand je dois enregistrer, je vais au studio et après je vaque à mes occupations. Les articles que je vends, viennent de l’exté- rieur. Et je vends à crédit.
Dans votre single «Mu Nice, vous relatez une trahison, Déesse Major l’a-t-elle vécue ?
Ce n’est pas forcement une trahison. Mais plutôt le fait qu’il ait des hommes qui collectent des filles. Ces hommes qui ne donnent pas à la femme le respect qu’elle mérite. Alors que cette dernière fait tout pour les satisfaire. Ce sont eux qui sont ciblés dans ce single. La femme est une mère, une sœur à qui on doit le maximum de considération. Dans le Coran, Dieu dit que la femme est sacrée. Donc, quand un homme est avec une femme qui l’aide, il doit se suffire à elle. Et c’est des réalités de la vie que je relate dans mes textes. Je suis très engagée à défendre la gent féminine car je suis très féministe.
Dans une émission télévisée vous avez donné une leçon de moral à un prêcheur avec qui vous aviez partagé le plateau. Est-ce à dire que Déesse Major con nait sa religion à la perfection ?
Déjà moi je suis Niassène (disciple de Baye Niasse). Je fais mes wirds, j’ai appris le Coran. Quand je suis chez moi, je suis en meulfeu ou habits traditionnels, chapelet à la main. Je suis croyante et pratiquante. Je fais mon wassifa et mon lasim tous les jours.
A quand l’album de Déesse major ?
Je travaille actuellement avec un label. Je suis en studio et je bosse dur. Je fais des tournées surtout à l’extérieur. Le label avec lequel je suis n’a pas que moi comme artiste et je peux vous dire que dés que mon produit sera prêt, il sera à la disposition de mes très chers fans.
Si Déesse Major devrait lancer un message à ses fans, que dira leur telle ?
Déjà je leur demanderai de respecter leurs parents et leurs études. C’est ce qui peut leur servir dans l’avenir.