L’ORDRE OU LE DÉSORDRE CARACTÉRISE LES POLITIQUES
DIVERSITÉ DANS LA COMMUNICATION DES PARTIS AU SÉNÉGAL

Communiquer ou périr, semble être une option très bien partagée par les différentes formations politiques du pays. Elles veulent, à tout point de vue s’assurer, une existence politique réelle. Ainsi, elles se lancent, le plus souvent, à cet exercice périlleux pour capter l’attention des masses électorales très déterminantes à la conquête du pouvoir. Ces partis là, qui ne négligent pas la communication, ont, peut-être, compris les enjeux de cette interaction avec les masses dans une activité politique. Non seulement, ils décryptent l’idéal qui fait de la politique un art appartenant aux plus visibles. Et, ceux, qui veulent exister politiquement, ne lésineront point sur les axes d’intervention communicationnelle pour convaincre du bien fondé de leurs arguments. Et même, étaler la raison principale de leur volonté d’aller à la conquête du pouvoir.
Le besoin d’aller à la conquête des suffrages nécessite le déroulement de stratégies adaptées, captivantes et concevables. Pour répondre à cet impératif, chaque parti politique s’évertue à se donner les moyens de développer des caractéristiques communicationnelles bien spécifiques le différenciant des autres formations.
Malheureusement pour certains partis, l’absence de coordination des sorties médiatiques installe l’effet contraire à la vocation prioritaire. Ils peinent souvent à convaincre et reçoivent les contrecoups ou l’effet boomerang de la communication.
Constat: avec des messages moins bien réflé- chis, ils ratent la cible et se retrouvent exposer à la merci de l’opinion qui peine à comprendre l’essence ou la nécessité de communiquer. Et, les observateurs, avertis, relèvent que les différentes formations politiques du Sénégal développent des astuces communicationnelles diverses et variées.
Ainsi, le regard projeté sur certains partis tels que le Pds, l’Apr, Rewmi d’Idrissa Seck et le Parti socialiste (Ps) laissent entrevoir une communication désordonnée d’une part et de l’autre, une communication bien coordonnée ou mieux très bien structurée.
LA COM’ POLITIQUE A L’APR, REWMI, PDS, PS, LD, PIT… : UNE CONFRONTATION D’IDEES AU NOM DU POSITIONNEMENT
L’opposition, comme parti au pouvoir au Sénégal, déroule chacun de son côté une communication spécifique. La première, très disposée à jeter le discrédit ou l’opprobre sur les actions du parti au pouvoir, se range dans une logique contestataire. Elle approuve, très rarement, les entreprises du parti au pouvoir.
Tandis que le parti au pouvoir passe, le plus clair de son temps, à défendre ses orientations politiques. Et, chaque jalon posé impose une séance d’explication pour éviter un dé- tournement d’objectif. Conscient que la communication reste un élément incontournable, le besoin d’exister garde une incidence très tendue, très problématique sur la situation politique nationale.
Chaque formation essaie tant bien que mal à se positionner à travers des actes communicationnels. Ces formations ne veulent, en aucun cas, rater le rendez-vous des grands jours.
Mais, la manière d’intervenir sur certaines questions politiques nationales laissent constater des approches multiformes tant sur le fond que sur la forme. Une petite aventure dans l’univers de ces différentes formations, les plus présentes, dont le Pds, l’Alliance pour la République (Apr), Rewmi d’Idrissa Seck, le Pds et les gauchistes, permet d’en avoir une idée nette.
Au sein de ces partis, les calculs, manœuvres et stratégies qui s’y développent, installent une confrontation d’idées, dégageant des approches très fines. Ces positions émises sur une question politique produisent dès fois, une communication «réussie» ou «perdue».
L’APR ET SA COMMUNICATION DESARTICULEE
La communication du parti présidentiel laisse à désirer. Elle est la plus contestée ces derniers temps. Cette formation politique, disposant l’appareil gouvernemental, les moyens de l’Etat peine à sortir du lot. Et pourtant, elle compte dans ses rangs les plus prolixes à un moment donné de l’histoire politique du Sénégal.
L’Alliance pour la République a, de grands messieurs communicants ou hommes de médias à ses côtés. Ces derniers, se mettaient à l’œuvre en permanence, pour donner des leçons de communication ou porter un regard critique sur certaines questions de l’actualité.
A chaque occasion, ils se prêtaient à ce jeu de donneurs de leçons à l’opinion nationale et internationale. Qu’est-ce qui s’est passé entre temps ? Ont-ils perdu le verbe, la lucidité légendaire ou gardent-ils la peur de perdre les privilèges à partir d’une prise de position défensive ? Ces interrogations restent entières.
Seulement, ils étaient convaincants à travers les ondes des radios et autres supports médiatiques du pays. Leur mutisme inquiète. A la place, les Sénégalais constatent des sorties souvent intempestives avec des propos, souvent, déplacés. Et, sé- rieusement, l’Apr présente une communication inefficace, désarticulée et même désordonnée. Le secrétaire d’Etat, chargé à la communication du gouvernement, Yakham Mbaye ne pense pas autrement. Il affirmait dans L’Obs ce qui suit:
«C’est le désordre, le manque d’indiscipline ou d’organisation qui est notée dans le parti». Et, la cacophonie reste plus visible sur la question du mandat présidentielle ou encore sur l’acte III de la décentralisation. Ces deux questions suffisent pour illustrer le degré de désordre dans leur rang.
Sur cet aspect, chacun donne son point de vue. Là, la position du parti demeure inexistante. Ailleurs, d’autres maladresses apparaissent. Il est possible de citer la réponse du chef de l’Etat sur une question piège, celle de la transhumance. Macky Sall s’était démarqué totalement de la position de la majeure partie de l’opinion.
Sa position installe du coup, une instabilité politique entre son parti et ses alliés. Le pouvoir et ses alliés incarnent, souvent, des positions contradictoires à travers des sorties médiatiques. Et, les membres de sa coalition politique commencent à se radicaliser.
Là, il reste certain que la communication des apéristes, tire de la quiétude à l’inquiétude, sans édification aucune. Les faits et les prises de position s’entrechoquent pour faire vaciller davantage, à l’interne comme à l’externe, la communication de ce parti. Force est de reconnaître maintenant que l’Apr a intérêt à revoir les tenants de sa communication pour rester sur les rails… gagner le cœur des masses électorales
REWMI OU LA FORCE TRANQUILLE
Tout le contraire du parti au pouvoir. Depuis un moment, le Rewmi adopte une stratégie du silence. Il avait choisi de s’abstenir. Gardant un silence de cathédrale, son leader refuse de se prononcer publiquement.
Certainement, une manière pour mieux rebondir et surprendre lors des joutes électorales à venir. Dans son parti, Idrissa Seck, qui impose une communication disciplinée et ordonnée, tient les commandes avec sa propre stratégie du silence parlant.
Souvent, les sorties donnant les positions du parti découle d’un choix judicieux. Elles dépendent de la dimension de l’actualité et des moments. Et, en temps ordinaire, l’unique interlocuteur, parlant au nom de ce parti demeure le porte parole, Thierno Bocoum.
Sciemment, l’homme diffère ses interventions et se raréfie, tout en refusant de se prononcer sur des futilités. Il choisit dès fois, de se lancer sur la grande actualité, c’est-à-dire les questions à intérêt national. Rien d’autre ne peut l’obliger à faire l’aventure.
Dans cette logique de discipline, il apparaît que le Docteur Abdourahmane Diouf reste le noyau central de la stratégie. Il est souvent le débatteur dans les médias et n’intervient que sur des questions d’ordre national.
Cette répartition des tâches donne à ce parti des caractéristiques d’une entité qui choisit d’aller patiemment, en fin stratège, vers la conquête des mases, sans tambours, ni trompette.
Dans tout cela, Idrissa Seck, en tant que maître du jeu de la ré- orientation communicationnelle du parti, pilote sa barque vers une destination bien indiquée. Ainsi, il pourra surprendre…
LD/PIT, LE CHOIX DE LA PROXIMITE AVEC LES PEUPLES
Les formations de gauches, dits marxistes ou léninistes restent de tradition des partis «souteneurs». Avec de faibles apports en termes de suffrages et sachant lire entre les lignes, ils ont toujours gouverné avec les partis vainqueurs des élections.
Ces formations prônent une communication bien ciblée. Et, pour réussir leur stratégie politique, ils calculent bien les sorties médiatiques. Ils axent leurs interventions sur l’intérêt national tout en cherchant à porter la voix du peuple.
Cette forme de communication vise à impliquer le peuple pour qu’il adhère aux discours. Ils se débrouillent, tant bien que mal, pour que leur discours touche l’intérêt national.
En même temps, ils égratignent la sensibilité ou la fibre patriotique des citoyens. Même, s’ils ne sont pas convaincus… leur stratégie finit toujours par être payante. Ils tirent leur force dans cette option de proximité avec les peuples.
LE PS, UNE CONSTANCE COMMUNICATIONNELLE
Le parti des verts n’est pas ancien pour rien. Après 40 ans de pouvoir, il reste un modèle dans les choix et orientations du parti. Ici, tout n’est pas permis. La communication dans cette entité est, non seulement, ordonnée, mais bien définie.
Souvent, c’est le porte- parole qui parle. Etant membre de la coalition présidentielle, le Ps, en communication politique, garde son code de conduite. Le secrétaire général national, Ousmane Tanor Dieng, est seul habilité à s’exprimer à tout point de vue. Personne d’autre ne prend l’initiative à sa place. A défaut, c’est les communiqués qui sont utilisés comme canaux pour éviter toute monopolisation de la communication du parti.
Pour faire une affaire de grands, ce sont les jeunes qui vont, souvent, au front à la place des leaders. Et, même celui que les Sénégalais prêtent des ambitions présidentielles, à la place d’Ousmane Tanor Dieng, utilise d’autres étiquettes pour communiquer. C’est le cas du maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall.
Le chargé à la vie politique du Ps a un choix judicieux dans sa communication. Souvent, quand le besoin se fait sentir à son niveau, il arbore son statut de maire de la ville de Dakar pour donner sa position.
Cette forme de communication très stratégique des socialistes embarque tous les militants du parti dans l’ordre dé- fini. A vrai dire, aucun autre parti sénégalais ne développe une communication plus responsable que les verts.
LE PDS OPTE POUR UNE COMMUNICATION «AGRESSIVE»
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) continue à tenir le coup. Malgré la perte du pouvoir et l’emprisonnement de certains militants. Les libéraux développent une communication dure. Ils optent pour un bras de fer.
Dans cette logique de confrontation, ils distillent une communication «agressive». Très nuancés, les libé- raux exposent derrière des intentions non exprimées totalement. Le doute prend place et une certaine peur gagne la tête des Sénégalais.
Cette option consiste à faire la pression sur les tenants du pouvoir afin de les pousser à une reculade sur certaines décisions. Leur stratégie politique apparait, aujourd’hui, comme une communication juridico-politique. Ils lancent, à travers leurs sorties provocatrices, un besoin de liberté afin de reconquérir le pouvoir.
Nostalgique, ils ne veulent laisser aucune marge de manœuvre à l’Apr. Dans leurs actions, les libéraux cherchent à faire connaître la médiocrité ou l’incapacité du président Macky Sall dans sa gestion des affaires du pays. Le Pds, dans sa nouvelle posture d’opposant, communique autrement.
Il cherche, de prime abord, à toucher la grande masse. A cet effet, les cadres, les mouvements de soutient ou les membres du bureau politique sont activés. Ils restent tous sur le qui-vive pour répondre à la dimension des supposés «attaques», venant d’ailleurs. Et, l’emprisonnement du porte-parole du parti (El Hadji Amadou Sall), donne une tournure un peu méditative à leur communication. Les libéraux, depuis cet événement, semblent se chercher pour occuper l’actualité comme ce fut le cas à date récente. Malgré la transhumance, en termes de communication, les libéraux tiennent bon.