"LA RTS M'A CENSURÉ SANS RAISON"
BOUBA NDOUR, DIRECTEUR DES PROGRAMMES DE LA TFM
Le directeur des programmes de la Tfm est très remonté contre la RTS. Et pour cause, Bouba Ndour soutient dans cet entretien avec EnQuête que la direction de la RTS a décidé de censurer l'émission 100% délire de Khady Aïdara qui devait passer demain dimanche et où il était l'invité. Joint par téléphone, le directeur de la télévision nationale, Tidiane Barry, dégage en touche et nie toute censure.
Quel est le problème avec la RTS ?
Il y a un peu plus de dix jours, une personne que je connais et qui collabore avec nous m'a dit que Khady Aïdara chercher mon numéro de téléphone. J'ai qu'il n'y avait pas de soucis et je lui ai donné mon numéro. Dans l'après-midi, Khady m'a appelé et m'a invité à son émission 100% délire. Je lui ai dit Ok, il n'y a pas de problème. Le lendemain, elle m'a appelé pour me demander si on pouvait tourner à la fin de la semaine. Elle m'a rappelé après pour me dire que finalement on allait le faire le mardi 02 juin 2015. Entre-temps je suis tombé malade. Malgré tout, le lundi matin (Ndrl 1 juin), quand elle m'a appelé pour qu'on confirme, je lui ai dit oui parce que j'avais déjà donné ma parole même si je ne me sentais pas bien. Je me devais d'honorer ma parole. Alors, le mardi, je me suis réveillé à 6h du matin. L'équipe qui devait tourner l'émission m'a attendu devant l'école de mes enfants. Après avoir déposé ces derniers, elle m'a suivi au travail et a tout filmé. Après, ensemble on est allé au Parc de Hann où on est restés pendant toute la matinée. Physiquement, c'était très difficile parce que j'étais déjà souffrant. L'après-midi, nous sommes allés au dojo du lycée Blaise Diagne. Là-bas également, ça a été très éprouvant. Mais c'était aussi agréable vraiment. J'ai fait une superbe interview. J'ai dit de bonnes choses à l'endroit de la RTS. J'ai dit qu'elle est la mère de toutes les télés. Après le tournage, l'animatrice m'a dit qu'elle allait m'appeler quand la bande annonce serait faite. Il y a quatre jours, Khady Aïdara m'a appelé pour m'en informer. Beaucoup de gens m'ont appelé depuis qu'on a commencé la diffusion de la BA. Ils attendaient tous la diffusion pour voir comment je me suis débrouillé. Après le tournage aussi, je suis resté malade pendant 3 jours. Mais ce n'est pas grave. Seulement, ce matin (Ndlr hier), Khady m'a envoyé un message pour me dire : rappelle-moi, c'est urgent. Je la rappelle en pensant qu'elle va me donner le PAD de l'émission. Elle me dit au contraire d'une petite voix toute sa déception. Elle m'a dit être meurtrie et déçue parce que depuis hier (ndlr jeudi), elle n'a pas vu la bande annonce passer. Elle a téléphoné à son boulot pour savoir ce qui se passait, on lui a dit que l'émission était censurée, sans raison.
Qui a dit que c'était censuré sans raison ?
Non, c'est la présentatrice qui a appelé et on lui a dit que l'émission était censurée sans lui donner de raisons. Elle était dans tous ses états. Elle m'a dit qu'elle allait saisir le syndicat de la RTS. Khady Aidara est même disposée à parler de tout ça à la presse. Moi, ce qui me désole dans cette histoire, ce n'est pas ce que l'on m'a fait à moi mais la RTS appartient à tous les Sénégalais. Et dans cette affaire, je n'ai pas été demandeur. On m'a demandé de faire des choses très difficiles et j'ai accepté avec toute ma générosité et mes forces. Je me réveille et je vois que la RTS a censuré l'émission parce que je ne sais quoi. Pour moi, sur le principe et pour le symbolique, ce n'est pas possible. Ce n'est pas une télé nationale qui va se comporter comme ça avec les Sénégalais. Moi, je suis un Sénégalais comme tout le monde. Je n'ai pas participé à une émission politique ou d'un tout autre genre mais à une émission de loisirs. Si en tant que Sénégalais je ne peux pas accéder à ma télévision nationale pour des raisons inavouées, il est de mon devoir de dénoncer une telle forfaiture. Je me battrai pour avoir accès à la RTS, même au prix de ma vie. Il faut montrer aux gens que la RTS n'appartient à qui que ce soit. Il faut que ces pratiques cessent. Je ferai tout ce qu'il y a à faire pour obtenir gain de cause. Je ne peux pas laisser passer une telle injustice. C'est trop facile. Et à la limite c'est méchant. Je ne sais pas pourquoi ces gens-là se comportent ainsi envers des Sénégalais. La RTS n'est pas une télévision privée mais une télé nationale.
Est-ce que vous n'avez pas tenu au cours de l'émission des propos qui puissent déranger ?
Khady Aïdara m'a dit que les responsables de la RTS n'ont même pas regardé l'émission. Au cours de l'interview, j'ai même dit que je n'appartenais pas à la Tfm mais plutôt à la RTS. Car avant tout, elle est la mère de toutes les télés. Je n'ai fait qu'encenser la RTS dans cette interview. J'ai rien dit qui puisse vraiment froisser. Ce sont des gens qui ont décidé, parce que je m'appelle Bouba Ndour, de censurer l'émission.
Pourquoi dites-vous que votre personne dérange ?
Je ne sais pas. En tout cas, à la présentatrice on n'a pas fourni une raison de la décision de censure, parce qu'il n'y en a pas. Je ne sais pas si c'est de la jalousie ou de la dictature. Mais on ne doit pas avoir ces attitudes avec un médium qui appartient à chacun. C'est la chose publique.
Vous êtes prêt à aller jusqu'où dans cette bataille ?
Je suis prêt à aller jusqu'au bout avec la RTS. Je ferai tout ce qu'il y a à faire pour marquer le coup et faire comprendre à ces gens-là qu'ils partiront un jour mais que la RTS sera toujours là. Ces gens-là sont payés avec l'argent du contribuable sénégalais. Et j'en suis un. Je n'ai insulté personne encore moins manquer de respect à une institution dans cette émission. Je ne vois pas pourquoi je ne dois pas passer sur cette chaîne. Je ne comprends pas non plus que deux ou trois personnes décident de qui va passer et qui ne va pas passer. C'est ce que je veux comprendre. En allant faire cette émission c'est un Sénégalais qui s'appelle Boubacar Ndour qui est allé le faire. J'ai pris des risques en y allant. Je me refuse à chercher le pourquoi de cette censure car il ne pourrait être une chose logique.