LE NIGERIA SUSPENDU AUX RÉSULTATS DES ELECTIONS LOCALES, MARQUÉES PAR DES VIOLENCES SPORADIQUES

Lagos, 12 avr 2015 (AFP) - Le Nigeria attendait dimanche les premiers résultats des élections des gouverneurs et des représentants des assemblées locales des Etats, un scrutin que l'opposition espère remporter dans la foulée de sa victoire historique à la présidentielle.
Les élections des gouverneurs n'avaient lieu que dans 29 Etats samedi, les autres ayant déjà fait l'objet d'élections partielles, mais l'ensemble des 36 Etats se sont rendus aux urnes pour élire les représentants des assemblées locales.
Les actions des gouverneurs, qui tiennent les cordons de la bourse dans des domaines-clés, tels que l'éducation, la santé et les infrastructures, ont souvent plus d'impact direct sur la population que celles du président, selon certains experts.
Et à l'échelle du pays, ils représentent un pouvoir collectif fort, face aux autorités d'Abuja. Le Congrès progressiste (APC) du futur président, Muhammadu Buhari --élu fin mars et investi fin mai-- ne détient que 14 des 36 Etats de la fédération nigériane, tandis que le Parti démocratique populaire (PDP) du président sortant Goodluck Jonathan en contrôle 21.
Mais l'APC espère bénéficier d'un effet d'entraînement, chez les électeurs, suite à sa victoire à la présidentielle. La Commission électorale indépendante (Inec) s'est dite satisfaite du déroulement du scrutin, samedi, malgré de nombreuses plaintes concernant des irrégularités à plusieurs endroits, des cas d'intimidation des électeurs et des violences.
"Les choses se sont bien passées. Nos bureaux de vote ont ouvert à l'heure pour la plupart, et les lecteurs (de cartes biométriques) ont bien fonctionné" a déclaré le porte-parole de l'Inec, Kayode Idowu, à l'AFP.
Les lecteurs de cartes biométriques, utilisés pour la première fois cette année pour éviter les fraudes, ont engendré de nombreux couacs techniques lors de la présidentielle le mois dernier. L'Etat de Lagos, qui abrite la plus grande ville --20 millions d'habitants-- et le véritable poumon économique du pays, fief de l'opposition depuis 1999, fait partie des enjeux cruciaux de ce scrutin local.
Le candidat du PDP, Jimi Agbaje, a mené une campagne efficace contre Akinwumi Ambode, le candidat désigné par l'APC pour succéder au très populaire Babatunde Fashola. M. Fashola, qui a gouverné
Lagos pendant deux mandats de quatre ans, a été salué pour avoir rendu la mégalopole plus séduisante face aux investisseurs étrangers, notamment en engageant des travaux d'infrastructures et en luttant contre l'insécurité.
Il a cependant été accusé de vouloir chasser les pauvres de la ville en rasant des bidonvilles entiers. L'Etat stratégique de Rivers, au sud, où le gouverneur sortant, Rotimi Amaechi, un ancien pillier du PDP, a rejoint l'APC en cours de mandat, est le théâtre de tensions et de violences sporadiques, qui ont éclaté pendant la présidentielle et se sont poursuivi lors des élections locales, samedi.
C'est de cet Etat que provient une grande partie de la production pétrolière et gazière du premier producteur d'or noir africain. Des résultats non officiels ont commencé à filtrer dès samedi soir sur les réseaux sociaux.
Mais les résultats officiels, annoncés Etat par Etat, ne sont pas attendus avant dimanche matin. M. Jonathan a été salué au Nigeria et dans le monde pour avoir accepté sa défaite, fin mars, avant même l'annonce officielle des résultats, ce qui a certainement permis d'éviter un bain de sang dans un pays au long historique de violences post-électorales.
La ministre de l'Information Patricia Akwashiki a appelé samedi les candidats à suivre l'exemple du président sortant. "Si notre président a été capable de se retirer et d'accepter sa défaite, tout le monde, le gagnant et le perdant, devrait pouvoir accepter le choix du peuple", a-t-elle déclaré dans un message relayé par plusieurs journaux nigérians.