LE TEMPLE DU SAVOIR... GASPILLER L’EAU ET L’ÉLECTRICITÉ
UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP
«Le temple du savoir» qu’est l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) est aussi un lieu où le gaspillage d’eau et d’électricité est monnaie courante. D’où la nécessité d’une meilleure gestion pour rationaliser les dépenses publiques.
L’Université Cheikh Anta Diop de Dakar semble être un lieu de non droit. Des étudiants et des agents de l’administration et des services gaspillent l’eau et l’électricité. Ici, le mauvais usage des biens publics est presque considéré comme une pratique normale. « C’est l’Etat qui paie ». Cette expression retentit souvent dans les couloirs des pavillons universitaires. Robinets non fermés, lampes allumées à longueur de journée, utilisation abusive de réchauds et fers à repasser, voilà l’état des lieux au campus social et pédagogique de l’Ucad.
Malgré cet usage irrationnel des ressources si indispensables au vécu, c’est l’Etat, à travers le contribuable sénégalais, qui supporte les factures. « Un jour, j’essayais de conscientiser un étudiant en lui faisant savoir que la facture de l’eau qu’il était en train de gaspiller sera supporté par nos parents. Pour cela, il serait mieux de l’utiliser à bon escient. Il m’a tout simplement répondu que si ce n’est pas moi qui payais la facture, je ferais mieux de me taire », se désole Bamba, un étudiant en Master croisé à la route qui mène à la faculté des Lettres appelée « Couloir de la mort ».
Selon lui, rien que l’eau qui est gaspillée à l’université pouvait alimenter un quartier de Dakar. Un mémoire de Dea soutenu en 1988 à l’Institut des sciences de l’environnement (Ise), intitulé « Contribution à l’étude de la gestion de l’eau au Sénégal : usage et mésusage collectifs de l’eau en milieu urbain Dakarois », semble aller dans ce sens. Dans cette enquête menée par Bienvenu Laurent Jimaja, il est ressorti que dans l’ensemble des pavillons Pm 6 (qui n’existe plus), H et I, qui sont en démolition et C, le ratio de perte d’eau à usage individuel était de 25 %.
Devant le pavillon M, l’étudiant Ablaye Diallo témoigne que l’université est sans doute l’un des lieux où les biens publics sont les plus gaspillés. « Il suffit d’entrer dans les pavillons pour constater la situation. Les chasses et les robinets sont ouverts et laissés en l’état. Dans certaines chambres, le courant fonctionne en continue, parce que qu’il s’y trouve des machines de toutes sortes », soutient-il. Pour lui, les étudiants doivent prendre conscience que ce gaspillage coûte cher à l’Etat et menace la durabilité de ces ressources, pourtant indispensables.
Pour Amadou, un autre étudiant trouvé devant le pavillon J, l’année dernière, lorsqu’il logeait au pavillon B, il était fréquent d’aller en weekend et au retour de trouver le couloir inondé. « Les gens oublient souvent de fermer les robinets et les lavabos après usage. Imagines-toi des robinets qui coulent pendant deux jours. C’est une quantité importante d’eau potable gaspillée », avance- t-il. En outre, l’étude de M. Jimaja a révélé que durant une nuit, les fuites d’eau constatées dans quelques robinets d’arrosage à la cité universitaire étaient de 1.126,2 litres en une heure.