Ligue des champions 1993: l'OM montre la voie au foot français
<p>Là où Reims avait échoué par deux fois, où les Verts avaient buté sur les poteaux carrés de Glasgow, Marseille est entré dans l'histoire le 26 mai 1993 à Munich en battant l'AC Milan (1-0), pour devenir le premier et unique club français à ce jour à avoir remporté la Ligue des champions.</p><p>Même si quelques semaines plus tard éclatait le plus grand scandale de corruption du football hexagonal, avec l'affaire VA-OM, qui allait précipiter la chute de son président Bernard Tapie et conduire l'OM à la 2e division, nul n'enlèvera au club préféré des Français cette victoire historique.</p><p>Le nom "Olympique de Marseille" est gravé pour l'éternité sur la Coupe aux grandes oreilles aux côtés de devanciers prestigieux, comme le Bayern Munich, fossoyeur des espoirs de Saint-Etienne en 1976 ou encore le Real Madrid, double vainqueur du Stade de Reims en 1956 et 1959.</p><p>Au stade olympique de Munich, les Marseillais dont certains avaient vécu la cruelle défaite de 1991 en finale contre l'Etoile Rouge de Belgrade (aux tirs au but), ne sont pas favoris, mais "nous étions en totale décontraction, en totale confiance", se souvient Jean-Jacques Eydelie, condamné plus tard dans l'affaire VA-OM, et qui entraîne aujourd'hui le petit club corse de Bonifacio (DH).</p><p>"Deux ans avant, sur le papier on avait peut-être une plus belle équipe, mais en 1993 j'avais 11 joueurs qui étaient prêts à mourir les uns pour les autres", raconte Tapie.</p><p>En ce début de rencontre, alors que l'ancien Marseillais Jean-Pierre Papin s'impatiente sur le banc italien, le jeune (21 ans alors) Fabien Barthez réalise "des miracles" face à Rijkaard et Massaro, se souvient Bernard Casoni, capitaine en début de saison mais lui aussi remplaçant.</p><p>Blessé à un genou depuis plusieurs semaines, le défenseur central Basile Boli souffre et demande à son entraîneur Raymond Goethals de sortir. Mais Tapie s'y oppose. Il ne sait pas encore que Boli inscrira l'unique but à la 44e minute, reprenant de la tête un corner d'Abédi Pelé, une image restée à jamais dans la mémoire des supporteurs.</p><p>"On était stupéfait, on n'y croyait pas", se remémore William Perret, 18 ans ce jour-là, qui avait fait 18 heures de bus avec les Dodgers pour atteindre Munich. "J'étais assez prêt pour voir Boli mimant +cette fois je ne pleure pas+", ajoute William, désormais hôtelier et qui ne boit depuis lors aucune autre bière que la Erdinger, "la bière de Munich".</p><p>A la mi-temps, l'entraîneur italien Fabio Capello envoie s'échauffer Papin, qui entre à la 55e minute.</p><p>Les minutes paraissent des heures. Jocelyn Angloma quitte ses partenaires, victime d'une fracture tibia-péroné, qui ne l'empêchera pas de faire la fête après la victoire, grâce à "une attelle de fortune et bourré d'antalgique", confie Alain Sultanian, toujours kiné de l'équipe pro.</p><p>Au coup de sifflet final, Franck Sauzée comme Eric Di Meco sont en pleurs. Le capitaine Didier Deschamps soulève la coupe devant 25.000 supporteurs marseillais ivres de bonheur.</p><p>"C'était un moment de libération, témoigne Casoni pour qui ce succès "fait partie des victoires, comme celle de Limoges en basket ou de Vitrolles en handball la même année, qui ont fait prendre conscience aux sportifs français qu'on était capable de gagner".</p><p>Pour Jean-Philippe Durand, entré à l'heure de jeu, aujourd'hui chargé du recrutement à l'OM, "cette victoire a décomplexé le football français et a été à l'origine du sacre des Bleus en Coupe du monde en 1998".</p><p>Vingt ans après, l'OM qui s'est entretemps remis de bien des tempêtes, se souviendra de cet exploit avec un feu d'artifice tiré le 26 mai, lors de la dernière journée de Ligue 1, et une galerie de portraits de ceux qui ont fait l'OM, réalisés par le photographe Stan Guigui, de l'agence Vu, exposés au Pavillon M à Marseille du 20 au 26 mai.</p><p>Avant que l'OM ne retrouve sa chère Ligue des champions dès la saison prochaine, grâce à sa 2e place en championnat.</p>