PAPE ALBOURY NDAO FAIT APPEL CONTRE KARIM WADE
AFFAIRE DES 47 MILLIARDS DE SINGAPOUR

Après la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) et le tribunal correctionnel, l'affaire des 47 milliards de Singapour va atterrir à la Cour d'appel. Pape Alboury Ndao a décidé d'interjeter appel, bien qu'il soit relaxé dans la procédure initiée contre lui par Karim Wade.
Bien que relaxé dans la procédure initiée contre lui par Karim Wade, Pape Alboury Ndao n'est pas très satisfait de la décision. Il a décidé de faire appel. L'un de ses avocats, Me El Hadj Diouf, l'a annoncé hier au cours d'un point de presse organisé, en présence de Pape Alboury Ndao et de ses deux autres conseils Mes Ndéné Ndiaye et Samba Ametti. Sur les raisons qui ont poussé leur client à faire appel, Me Diouf a expliqué que Pape Alboury Ndao a subi un préjudice, à cause de la procédure intentée contre lui par le fils de l'ex-président Wade.
"Pape Alboury a perdu beaucoup de temps et de marchés, car il était obligé de se présenter tout le temps au tribunal. En tant que prévenu, il risquait le mandat d'arrêt s'il sortait du territoire national", a justifié l'avocat. Me Diouf estime que le juge aurait dû lui accorder des dommages et intérêts, au lieu de le débouter de sa demande de 500 millions de francs CFA pour citation abusive. Me Diouf de marteler : "Karim Wade doit réparer le préjudice subi". Toutefois, il a précisé que leur intention n'est pas de s'enrichir sur le dos de Karim Wade.
Ce dernier a traîné Pape Alboury Ndao en justice à cause d'un rapport que l'expert-comptable avait transmis à la commission d'instruction de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI). L'ex-ministre d'Etat, condamné à six ans pour enrichissement illicite, estime que le rapport qui lui impute un compte logé à Singapour et crédité à hauteur de 47 milliards de francs CFA, est faux. C'est pourquoi il avait servi une citation directe à Pape Alboury Ndao qu'il accuse de tentative d'escroquerie en jugement et faux et usage de faux, et lui réclamait des dommages et intérêts estimés à 47 milliards.
"Manœuvres puériles et infantiles"
Dans son délibéré rendu le 28 mai dernier, le tribunal correctionnel a relaxé purement et simplement l'expert-comptable. Il a débouté Karim Wade qui réclamait 47 milliards au titre de dommages et intérêts. Pape Alboury Ndao, qui réclamait également des dommages et intérêts pour citation abusive, a été de même débouté.
C'est pourquoi il a décidé de faire appel. Du côté de la partie civile, on n'a pas encore évoqué un recours. Mais à la veille du délibéré du tribunal correctionnel, les avocats de Karim Wade avaient annoncé leur décision de servir une nouvelle citation à l'expert. Pour Me El Hadj Diouf, il s'agit encore de "manœuvres puériles et infantiles". "C'est encore du toc. Sachant que le verdict leur sera défavorable, la panique s'est emparée d'eux. Mais ils ne respectent pas l'intelligence des Sénégalais", a asséné l'avocat.
Pape Alboury Ndao : "Je vais continuer à traquer les délinquants à col blanc"
En conférence de presse hier, Pape Alboury Ndao a réaffirmé l'existence du compte de Singapour. L'expert-comptable se dit toujours disponible à travailler avec la justice pour traquer les délinquants à col blanc.
"La vérité judiciaire a éclaté au grand jour pour nous donner raison et mettre à nu le jeu crapuleux de ceux qui voulaient jeter le discrédit sur notre personne et sur RMA", a soutenu hier Pape Alboury Ndao, pour se réjouir de sa relaxe par le tribunal correctionnel dans le procès qui l'a opposé à Karim Wade.
Face à la presse, en compagnie de ses avocats (Mes El Hadj Diouf, Samba Ametti et Ndéné Ndiaye), l'expert-comptable a déclaré avoir le sentiment du devoir accompli et a réaffirmé que le compte de Singapour existe bel et bien. "Je persiste et je signe : le compte de Singapour existe, c'est une réalité. Et j'assume la responsabilité du contenu de mon rapport", a-t-il clamé.
Aujourd'hui, Pape Alboury Ndao ne comprend pas pourquoi Karim Wade avait initié une citation directe contre lui. "J'ai du mal à comprendre cela ! Ayant fait mon travail et rendu compte à mon mandant, je ne vois pas comment il est impossible que je fasse une allitération sur mon rapport", s'est-il interrogé.
Pour lui, l'action en justice initiée contre lui "était une façon d'amuser la galerie". Il en veut pour preuve le fait qu'il n'ait pas été poursuivi lorsqu'il a produit un rapport favorable, alors qu'il administrait DPW. Il reste persuadé que le fils de l'ex-président Wade et ses conseils n'étaient animés que d'une volonté de jeter le discrédit sur sa personne. Mais au-delà de sa personne, il estime que "tous les experts qui font leur travail dans le but d'aider les juges pour une meilleure administration de la justice" sont ciblés.
Pour l'expert-comptable, "cette démarche de stigmatisation doit cesser", même si par ailleurs, il a soutenu qu'il n'a pas peur de ses détracteurs. "Les menaces et autres tentatives de discrédit ne me font pas peur. Leur démarche me renforce dans ma volonté d'apporter mon concours à la justice pour traquer les délinquants à col blanc", a mis en garde l'expert-comptable.