MULTIPLE PHOTOSPROCÈS KARIM, ACTE 2
Après trois jours de suspension, le procès Karim Wade et ses co-accusés reprend ce lundi 4 août. Pour cette deuxième journée d’audience, partie civile et défense devraient d’abord se pencher sur les questions de forme avant d’attaquer les débats de fond. Les exceptions soulevées lors de la première journée, jeudi dernier, sont passées par là.
C’est reparti pour le procès de Karim Wade et ses co-accusés. Ouvert jeudi dernier, il a été reporté à ce lundi. Le décor au Palais de justice est le même. D’un côté un public nombreux, composé essentiellement de partisans de Karim Wade et de curieux, et de l’autre les forces de l’ordre, police et gendarmerie veillant au grain. La seule différence visible par rapport au premier jour du procès, la foule est plus nombreuse et le dispositif de sécurité plus fourni.
En attendant l'ouverture de l'audience, c’est l’effervescence autour du Palais de justice. Les policiers y font preuve d’une grande vigilance. Chargé de l’ordre à l’intérieur du temple de Thémis, les gendarmes sont aux aguets. À l'entrée principale qui donne directement sur le hall, un portique est dressé pour la circonstance. Chaque visiteur est prié de soumettre ses bagages à ce détecteur de métal dangereux.
Venu soutenir Karim Wade, Toussaint Manga ne devrait pas suivre le procès à l'intérieur de la salle d'audience. Le responsable des Jeunesses libérales a été retenu à l'entrée du Palais de justice. Selon lui, les forces de l'ordre lui ont fait comprendre que la salle où doit se tenir le procès, est pleine. Ce qu'il réfute devant les journalistes, dénonçant "une absence de démocratie au Sénégal".
Contrairement au premier jour de son procès, Karim Wade n'a pu faire le show à son arrivée au Palais de justice. Le véhicule qui le transporté est entré presqu'en trombe au tribunal. Beaucoup de photographes n'ont pu, comme jeudi dernier, capter le visage de l'ancien ministre d'État souriant et saluant la foule. Il s'est rattrapé à l'intérieur de la salle d'audience. A ses partisans qui scandent "Karim, Karim...Karim" ou "Président, président..., président", l'ancien ministre d'État, habillé d'un boubou marron, a répondu par les bras ouvert en signe de victoire.
Le coordonnateur du Pds, Oumar Sarr, et l'ancien porte-parole du chef de l'État Serigne Mbacké Ndiaye, durent se lever pour demander à leurs partisans de se calmer.
Comme lors de la première journée du procès, l'ex-Première dame, Viviane Wade, a effectué le déplacement pour soutenir son fils. Elle a été accueillie dans la salle 4 par une salve d'applaudissements. Elle était accompagnée notamment de Madické Niang, qui fait partie des avocats de Karim Wade.
Pendant ce temps à l'extérieur du Palais de justice, les partisans de Karim Wade qui n'ont pu accéder à la salle d'audience ont été dispersés par les forces de l'ordre à coup de gaz lacrymogènes.
L’acte 2 du procès Karim Wade devrait s’ouvrir sur des questions de forme. La principale, porte sur la légalité de la constitution des anciens ministres aux côtés des parties en procès. Lors de la première journée d’audience, Me El Hadji Diouf, un des avocats de l’État avait rappelé que l’article 11 alinéa 10 du texte régissant l’ordre des avocats interdit aux anciens fonctionnaires de se constituer contre l’État. Une exception qui vise Mes Amadou Sall, Souleymane Ndéné Ndiaye et Madické Niang, notamment.
Ces robes noires ciblées ont battu en brèche cette réserve de leur confrère. Invitant à faire le distingo entre un fonctionnaire "simple" et un ancien ministre. Et pour certains, si la disposition invoquée est recevable, El Hadji Diouf lui-même ne devrait pas être épargné. En effet, à en croire certains spécialistes du droit, le texte en question ne fait pas de distinction entre les avocats qui se constituent contre l’État et ceux qui s’engagent pour ses intérêts.
Le juge Henri Grégoire Diop, qui officie, devrait d’abord vider cette question avant d’attaquer le fond du dossier. À moins que d’autres exceptions soient soulevées.
C’est que dans cette affaire, la bataille de procédures qui a jalonné son déroulement risque de se poursuivre longtemps devant le tribunal. D’où le risque que le procès tire en longueur. D’autant que l’affaire Karim Wade et ses co-accusés fait l’objet d’un document de plus de 40 mille pages et concerne près de 80 témoins.