SABODALA : PROFANATIONS ET SACRILÈGES DES MULTINATIONALES AURIFÈRES
Menacées de déguerpissement, les populations du village de Sabodala lancent un cri du cœur et disent à qui veut les entendre qu’elles n’accepteront jamais un second sondage minier dans le village et au cimetière pouvant occasionner un éventuel déplacement des populations vers d’autres sites.
Les populations de Sabodala gardent encore en mémoire les mauvais jours de la sonde minière entreprise en 2005 par la compagnie minière Mdl dans leur village et dans les lieux de culte. Ce sondage effectué jusque dans le cimetière provoqua à l’époque la colère des populations qui virent à travers cet acte une profanation insupportable. Il fallut l’intervention du gouverneur de Tambacounda pour amener les deux parties autour d’une table de négociations et délimiter le village, rappelle Moussa Cissokho, fils du chef de village et porte-parole des populations.
Dans cette même lancée, Moussa souligne qu’après avoir bien délimité la superficie à sonder, les autorités de ladite société minière auraient affirmé qu’elles n’allaient pas investir dans le village parce que tôt ou tard il serait déguerpi. Une déclaration qui mit les populations dans tous leurs états puisque, non seulement au cours de ce premier sondage les tombes ont été profanées, mais aussi et surtout les lieux de culte ont été violés au vu et au su de tous. D’où la décision radicale des populations de ne plus voir ces gens piétiner leurs valeurs.
Neuf ans après, Mdl devient Téranga Gold Cooperation, les autorités de la mine comptent reprendre la sonde pour confirmation des travaux de prospection. Une mesure dont ne veulent pas entendre parler les habitants de Sabodala. Pas question, disent-elles, d’un nouveau sondage. De l’avis de Karfalaye Dansokho, un jeune du village, rien ne montre la crédibilité de Téranga car, depuis presque de dix ans, la société est là et n’a rien réalisé comme infrastructures dignes de ce nom. «Présentement, nous vivons un calvaire ; le village souffre d’un manque criard d’eau. En matière de santé, rien ne fonctionne. La seule ambulance que la compagnie a mise à la disposition des malades est gérée par le centre de santé de Kédougou – une autre violation quand on sait que la communauté rurale de Sabodala fait partie du département de Saraya».
Dans le domaine de l’éducation, les salles de classes ne sont que des abris provisoires devenus encombrant et une case des tout-petits qui n’existe que de nom. Au moment où les priorités ne manquent pas (accès à l’eau potable, à l’électricité, aux petits projets pour alléger les travaux des femmes et la formation et l’emploi des jeunes une vieille revendication), c’est vraiment incroyable, s’indigne-t-il. À en croire Dansokho, Téranga constitue une véritable catastrophe pour les habitants qui ne savent plus à quel saint se vouer. Les populations Sabodala retiennent encore la mésaventure des habitants de Dambankhoto déguerpis depuis plus de trois ans sans aucune indemnisation ni mesure d’accompagnement.
Ces populations, qui ont tout perdu (champs, pâturages, lieux de culte et autres valeurs sociales), habitent des sites occupés par des eaux de ruissellement artificiellement crées par la compagnie Téranga Gold Cooperation dans le but de canaliser les eaux polluées issues de la production.
Pour éviter un tel bouleversement dans le Bélédougou, les populations mettent des bouchées doubles et interpellent l’Etat avant qu’il ne soit trop tard.
En tout cas, face à cette menace, les populations de Sabodala n’entendent pas reculer. Quel que soit le prix à payer.