UNE COLONNE DE LA MUSIQUE AFRICAINE S’AFFAISSE
HOMMAGE À IBRAHIMA SYLLA
Syllart production a perdu son âme avec le décès d’Ibrahima Sylla, disparu à la suite d’une longue maladie. L’homme était alité depuis 4 ans.
Ibrahima Sylla ne verra pas son dernier Africando sur le marché africain. L’œuvre qui est intitulée « Viva Africa » est en train d’être peaufinée par le maestro Boncana Maiga, nous a révélé Bouya Ndoye, le manager de Ismael Lo. La disparition de Ibrahima Sylla est une grosse perte pour la musique africaine et caribéenne car l’homme avait véritablement du génie. Ibrahima Sylla, c’est Africando.
Nous sommes en 1991 dans les salons de l’hôtel Téranga de Dakar, Pape Seck Serigne Dagana, précurseur de la musique salsa-mbalax, Nicolas Meinhem, Médoune Diallo et Alain Jossé un collaborateur d’Ibrahima Sylla, discutent des modalités de mise en place d’Africando. Les trois chanteurs qui avaient fait les beaux jours du Number One de Dakar et de l’orchestra Baobab, voulaient donner un nouveau souffle à leurs carrières respectives. L’idée de travailler ensemble fera son chemin et débouchera sur la création d’un fameux big band, qui offrira au Sénégal et au monde des titres d’anthologie.
Au faite de sa gloire, Africando a surfé sur les hits parades africains et européens. Plus tard, Ibrahima Sylla ouvrira le groupe à de grands noms de la musique africaine tels que Koffi Olomidé, Papa Wemba, Tabu Ley Rochereau, Salif Keita, Sékouba Bambino, Thione Seck, Gnonnas Pedro et bien d’autres. Ibrahima Sylla s’associe à Boncana Manga, arrangeur de talent et musicien hors pair. Il va chercher de grands noms de la musique salsa pour ouvrir au monde les scènes de son groupe. Et l’on revisite les plus grands succès de la rumba congolaise, en passant par les airs de Mbalax mâtinés à la sauce salsa. La richesse musicale est inégalable.
On ne reprend plus seulement, on compose… et le patrimoine de la chanson africaine est ainsi mieux valorisé. Syllart production est le label africain le plus recherché. Ibrahima Sylla est considéré comme le principal producteur de la musique africaine. « Il avait l’œil sur toute la musique », révèle Alain Jossé, interrogé par nos confrères de l’APS. Ismael Lo, pour sa part, prie pour la mémoire de son ami et témoigne : « C’était un grand cœur». Sa dernière rencontre avec Ibrahima Syla remonte au 6 décembre dernier. Malgré mon calendrier chargé, j’ai tenu à aller le voir parce que depuis 4 ans, il était malade. Les deux hommes se sont connus en 1984 et Ibrahima Sylla a produit les trois premiers albums de Iso Lo qui vivait à l’époque à Paris.
Ibrahima Sylla a beaucoup apporté à la musique sénégalaise et africaine. C’est ainsi qu’il a propulsé les plus grands noms que sont : Youssou Ndour, Baaba Maal, Coumba Gawlo Seck, Oumar Pène, le Baobab et Ouza. Dans la sous région, Sekouba Bambino, Salif Keïta, Nando Da Cruz, le Cabo Verde Show, ont été sur sa liste. Sylla détenait l’un des plus beaux trésors du continent : le catalogue des musiciens africains. L’homme aimait dire : « Je suis une goutte dans la mer de tous ceux qui se consacrent à l’expansion des musiques d’Afrique. Si l’on me perçoit un peu «ambassadeur» de celles-ci, c’est grâce aux collaborateurs que j’ai sur le continent. Ils me disent il y a tel artiste, tel style, tel genre musical qui commence à marcher chez nous, me suggèrent d’aller les écouter pour envisager ensuite, éventuellement, de faire quelque chose ».
«Je suis plutôt dans l’artistique que dans le financement productionnel»