UNE GAMBIENNE PREND LE DÉPART DU MARATHON DE PARIS, POUR DÉFENDRE L'ACCÈS À L'EAU
AFP - Le dossard n°64173 accroché à sa tenue traditionnelle, Siabatou Sanneh, a pris dimanche le départ du marathon de Paris, marchant avec un bidon sur la tête.
Dossard réglementaire accroché à sa tenue traditionnelle, une Gambienne a pris dimanche le départ du marathon de Paris, pour sensibiliser l'opinion aux kilomètres parcourus en Afrique pour chercher de l'eau. Car les 42 kilomètres du marathon correspondent à la distance parcourue chaque semaine par Siabatou Sanneh pour récupérer de l'eau au puits. Sandale aux pieds, bidon sur la tête, Siabatou Sanneh porte son message sur des panonceaux: "En Afrique, les femmes parcourent chaque jour cette distance pour de l'eau potable", "aidez-nous à réduire la distance".
"Ça me prend trois heures par jour".
Cette femme longiligne, âgée de 43 ans, a accepté de quitter pour la première fois son pays et de se glisser au milieu des 54.000 coureurs, pour sensibiliser aux problèmes d'accès à l'eau dans le monde. Siabatou Sanneh, elle, doit chercher de l'eau trois fois par jour, accompagnée de ses deux filles de 10 et 4 ans. Ces dernières ont, elles aussi, l'habitude de porter de lourds bidons pour acheminer le précieux liquide, nécessaire "pour boire, pour cuisiner, pour laver les vêtements".
"Ça me prend trois heures par jour. Je me réveille, puis je réveille mes enfants pour qu'ils m'accompagnent. J'y retourne le midi et le soir. C'est très fatigant. Je parcours huit kilomètres, chaque jour, avec mon seau de 20 litres. C'est très lourd, alors souvent, les autres femmes m'aident à le mettre sur la tête", confie-t-elle au micro d'Europe 1.
"Je vais penser à mes enfants, à leur avenir".
Son seau, elle le porte aujourd'hui, vide, sur la tête. Une participation symbolique au marathon, alors que s'ouvre dimanche, en Corée du sud, le 7e forum mondial de l'eau. "Cette marche, c'est un plaisir, mais aussi un devoir. C'est pour moi le seul moyen de faire changer l'avenir des femmes de mon village, mais surtout, d'avoir de l'eau potable. Ça va être dur, mais je suis prête physiquement, je vais penser à mes enfants, pour qu'ils n'aient pas le même avenir que le mien et qu'ils puissent grandir autrement", espère Siabatou Sanneh.
Un puits de pompage bientôt installé dans son village.
Pour venir en aide aux familles, comme celle de Siabatou Sanneh, l'ONG britannique Water for Africa a lancé cette campagne de collecte de fonds, pour financer des pompes à eau dans les villages reculés de Gambie. Cette campagne est l'occasion de "montrer le contraste entre l'opulence, la beauté de Paris et la pauvreté de l'Afrique", déclare Sheryl Greentree, fondatrice de l'ONG. Siabatou Sanneh ne compte donc pas faire le meilleur temps du marathon, mais revenir au village avec l'argent nécessaire pour financer l'installation d'un puits de pompage, pour éviter à ses enfants de devoir, comme elle, parcourir 42 kilomètres par semaine, pour pouvoir boire et se laver.
Une telle infrastructure coûte 4.900 euros et peut être monté en cinq jours, assure la fondatrice dont l'ONG a déjà financé 120 projets de ce type en Gambie. Selon l'organisation, entre 200 et 300 pompes à eau seraient nécessaires dans le pays pour approvisionner les populations et pallier les 40% à 60% de puits ou systèmes de pompage qui tombent en ruine.