VIVIANE WADE "TRÈS INQUIÈTE"
L’EX-PREMIÈRE DAME PARLE DU PROCÈS DE SON FILS KARIM
L’ex-Première dame Viviane Wade se dit persuadée que le procès de Karim Wade est "politique". Elle promet de faire face et espère que son fils triomphera. Toutefois, elle se dit "inquiète".
Au début de l’affaire Karim Wade, elle a "voulu comprendre". Dès les premières accusations, elle a été "stupéfaite" puis a "eu très peur". Mais tout cela, c’était avant. Aujourd’hui que le procès de l’ancien ministre est en cours, Viviane Wade n’a "plus peur". Elle est plutôt "très inquiète" du sort de son fils, poursuivi pour enrichissement illicite et corruption passive présumés, notamment, et placé en détention depuis avril 2013.
La frontière entre la peur et l’inquiétude est ténue, mais elle est significative aux yeux de l’ex-Première dame. "La peur vous rend faible, l’inquiétude vous rend attentive et combattante", philosophe-t-elle dans un entretien avec Rfi paru ce lundi 6 octobre.
C’est que Viviane Wade est persuadée que Karim Wade est victime d’une cabale. Et qu’à travers lui, on vise son père, l’ancien chef de l’État Abdoulaye Wade. Elle dit : "C’est vrai qu’il a eu cinq ministères, mais a-t-il commis des fautes ? Est-il poursuivi pour un détournement quelconque ? Non. On lui attribue des banques, on lui attribue des immeubles, on lui attribue des sociétés qui appartiennent à d’autres. On en conclut donc que c’est un procès politique. On veut probablement détruire son image et celle du père à travers lui."
50 ans avec Wade, ça forge le mental
Viviane Wade se dit prête à faire face. Elle et à sa famille. "Cette longue vie avec Abdoulaye Wade, plus de 50 ans de vie commune, m’a appris que l’on réussit sa vie que lorsqu’on a surmonté les difficultés. Et je pense que nous allons surmonter aussi cette difficulté", martèle l’ex-Première dame qui, durant tout l’entretien avec le correspondant de Rfi à Dakar, n’a jamais prononcé le nom de son époux, préférant toujours servir du "le président".
L’ancien ministre, révèle sa mère, est animé de la même volonté de se battre. "Karim est lucide. Il est déterminé à prouver qu’il est innocent, confie Viviane Wade. Il ne m’a jamais dit qu’il souffrait, qu’il était mal (lors de ses visites à la prison de Rebeuss où est détenu son fils, Ndlr). Il s’est installé dans sa prison, dans sa cellule pour vivre le mieux possible et en travaillant pour se défendre."
Brouille entre le père et le fils ?
Depuis sa détention, Karim Wade a reçu plusieurs visites de sa mère, mais aucune de son père. Une situation qui avait alimenté les rumeurs d’une brouille entre les deux hommes. Viviane Wade dément : "Le Président n’est pas allé voir son fils en prison et il en a fait la demande. Je pense qu’elle a été acceptée, mais ça aurait causé vraiment… peut-être un incident. Parce que quand Abdoulaye Wade sort, la foule le suit. Que serait-il arrivé ? Il n’y a aucun problème. Aucun."
Et pour l’absence de l’ancien Président aux audiences ? L’ex-Première dame dédramatise là aussi : "Il est tout à fait normal que je sois tous les jours auprès de mon fils. Quant au président, je ne le vois vraiment pas assister à ce procès, qui n’est pas un procès, qui est une parodie de procès. Qu’est-ce que cela ajouterait de plus pour Karim ? Reconnaître la Crei ? Reconnaître cette parodie de justice ? Les avocats ont démontré que la procédure était entachée de fautes graves, de violations graves et d’autres moins graves, mais une quantité… Il n’y a pas de calendrier, tous les co-inculpés n’ont pas été entendus, il n’y a rien."
Karim et le fauteuil de Président
À ceux qui accusent Wade d’avoir voulu laisser son fauteuil de Président à son fils, Viviane Wade jure qu’"il n’en a jamais été question". "Je n’ai jamais entendu qu’il était là pour succéder à son père. Après les élections, que le président a d’ailleurs reconnues dans les trois heures où il a compris qu’il avait perdu- il a félicité le futur président Macky Sall -, Karim repartait dans sa banque, rejoindre sa famille."
Karim Wade est jugé depuis le 31 juillet dernier par la Crei. Il est poursuivi, notamment, pour enrichissement illicite présumé portant sur près de 200 milliards de francs Cfa. Il est en détention à la prison de Rebeuss depuis avril 2013. Sous la présidence de son père, Abdoulaye Wade, il a été tour à tour conseiller du chef de l’État, président de l’Anoci et ministre aux multiples portefeuilles. Ce qui lui valut le surnom de "ministre du Ciel et de la Terre".