XALAM, RACONTÉ PAR SES CORDES
APRES 49 ANS D’EXISTENCE
Xalam signe son come back avec Waxaati. Mythique et pleins de souvenirs, ce vieux groupe, connu pour sa bonne musique des années 60 à nos jours, renait de ses cendres après une longue pause. Un retour en force marqué par un nouvel album qui ouvre une nouvelle pé- riode pour Ibrahima Coundoul, leade vocal, et les autres. Musiciens et instrumentistes ont accepté de prendre la machine à remonter le temps pour revisiter les souvenirs.
C’est le genre de rencontre qui reste gravée dans votre mémoire et rythme toute votre vie. Une bande de gamins, frappant les portes du troisième âge avec les multiples sonorités qu’ils ont composé dans les années 60. Henry Guillabert, Moustapha Cissé, Cheikh Tidiane Tall, et Ibrahima Coundoul s’émerveillent en réécoutant la musique du mythique Xalam.
On oublie même parfois qu’ils sont les créateurs de ces sublimes mélodies qui les font danser comme au bon vieux temps. L’un des plus vieux groupe musical vient de sortir, un nouvel album de 12 titres: Waxaati.
La présentation de cet album a été une occasion pour ces artistes de jouer le rétro de leurs vies de musiciens centrées autour d’un groupe plus connu sous le nom de Xalam.
Créé en 1966 par un groupe d’amis, Xalam était au dé- part un orchestre de passionnés de musique qui jouaient de variété pour gagner leur vie. Et c’est vers la fin de l’année 1974 qu’ils ont dé- cidé de travailler pour le premier album du groupe.
Deux ans de durs labeurs dans des conditions rocambolesques qu’ils ont relaté avec plaisir, plus de 40 ans après. «On jouait de la variété en reprenant les musiques des autres. A un certain moment, on a décidé d’arrêter pour créer notre propre musique et pour y arriver, il fallait obligatoirement faire une rupture.
C’est ainsi que nous avons commencé des recherches qui nous ont amené à puiser dans notre folklore, la musique traditionnelle qu’on a associé à d’autres genres musicaux. Mais cette période était très difficile parce que nous avions décidé de ne pas dépendre de nos parents.
Et comme ont ne jouait plus de la variété, nous nous sommes retrouvés sans argent et on mangeait des cacahouètes », a révélé Henry Guillabert qui est le premier à raconter une de ces petites histoires vécues par les membres de Xalam. Histoires qui, par la force des choses, deviennent presque «privées» et qu’ils ne se racontaient qu’entre amis jusqu’à aujourd’hui.
Henry Guillabert
«On a travaillé pendant 2 ans. C’est-à-dire fin 1974. Depuis 1977, pour la sortie de notre album. On ne cessait de répéter. On invitait nos amis aux répétitions et ils nous prédisaient un grand tabac, notre première sortie. Le jour du concert, nous avions le Grand El Hadji Ndiaga Mbaye pour jouer la première partie.
La salle était pleine et nous avions refusé du monde. Ndiaga Mbaye monte sur scène et fait une prestation époustouflante pendant 1 heure. Après une courte pause, le temps qu’on se mette en place, le speaker annonce Xalam, les diables du rythme.
On fait une entrée historique, parce qu’on est entré par les portes réservées au public, les uns vêtus de tenus traditionnelles d’ethnies sénégalaises comme les bassaris, les diolas, les mandjacks etc. Le public n’en revenait pas et les gens se demandaient d’où ils sortent ces gars là ?
Ce sont des fous ou quoi ! Ce sont des broussards ! On démarre avec une intro que le public n’a pas apprécié. Et après 3 morceaux, ils ont commencé à quitter la salle par vagues de 4 personnes puis 6 personnes etc… Et d’un seul coup, c’est devenu un mouvement de masse et en quelques minutes on s’est retrouvé avec 30 personnes dans la salle. Plus de 1000 personnes ont quitté la salle et nous ont laissé avec 30 personnes qui étaient en réalité des amis qui criaient: «Allez Xalam, ils n’ont rien compris, Vous êtes les meilleurs…»
C’est vrai qu’on avait récolté de l’argent mais personne n’a écouté notre musique. Et c’était un choc. Et quand on est rentré, la question qui revenait souvent était la suivant : Est-ce qu’on ne s’est pas trompé de chemin?
C’était un choc et si on n’était pas soudé, il y’aurait certainement des gens qui allaient quitter. Mais c’est aussi à partir de ce moment qu’on s’est dit qu’on ne nous comprend pas chez nous. Maintenant on va jouer pour l’étranger. Et on a transféré notre vision pour jouer à l’étranger».
Apres Guillabert, Ibrahima Coundoul, chanteur leader du groupe, partage avec nous un événement survenu lors d’une prestation en 1981 au festival du diaz club méditerrané «lorsqu’on est venu jouer, un grand pianiste du nom de Arielle Danko est venu trouver Henri Guillabert et lui a demandé avec étonnement, comment faisait t-il pour utiliser le piano ?
Henry lui a répondu que nous travaillons l’harmonie africaine. Très impressionné par la maîtrise, l’aisance et les connaissances d’Henry, Danko affirme qu’il a fait un livre avec les mêmes notes que Henry venait de jouer.
Ce fût pour eux une grande satisfaction, parce qu’après tous les grands musiciens sont venus chanter dans les morceaux de Xalam », a raconté Ibrahima. Pour Coundoul, c’était un grand moment et une satisfaction professionnelle. «Ce qui prouve que l’on faisait un grand travail», a –t-il pré- cisé.
Quant au percussionniste vocal, il garde en mémoire l’enregistrement de l’album ‘’Gorée’’. Pour Moustapha Cissé, c’est lors de cet enregistrement qu’ils ont gagné beaucoup plus d’estime dans leur travail. Il raconte : « Stéphane, ingénieur de son qui s’occupait de notre enregistrement était aussi celui qui s’occupait de l’enregistrement du futur album des Rolling ‘Stones.
Et c’est dans ce studio que Mick Jagger est tombé par hasard sur nos chansons. Et il demanda à Stéphane qui sont-ils ? Il lui répondit que ce sont des africains qui viennent du Sénégal. Le même jour, il confesse à Stéphane qu’il n’avait jamais écouté une musique pareille.
Un soir de l’année 1986, le téléphone sonna, je décroche et quelqu’un me dit : c’est Mick Jagger des Rolling Stone. Croyant avoir affaire a un faiseur de malin, je lui dis : je suis James Brown et il fallu qu’il prenne un ton beaucoup plus sérieux en me précisant qu’il était à Paris avec Stéphan pour que je me rends compte que c’est bien lui au bout du fil.
C’était pour un entretien qui, par la suite, nous a permis de jouer dans un album sans titre que nous avons bouclé en 2 mois de répétition. Une rencontre qui nous a permis de participer au 25 ans des Rolling Stone.»
Malgré les différentes histoires vécues par eux, ils sont tous conscient que le Xalam est un long chemin, un voyage qui ne s’arrê- tera jamais parce qu’il y a des gens qui ont commencé avec le Xalam quand ils jouaient de la variété.
Certains ont arrêté quand le Xalam à commencé à jouer du mbalaakh. D’autres sont venus après et sont repartis quand un autre genre musical a été choisi ainsi de suite. Aujourd’hui, avec Waxaati, une nouvelle période s’ouvre pour l’un des plus vieux