DE L'HISTOIRE AUX PRÉMICES D'UNE RÉFORME DU SYSTÈME ÉDUCATIF AU SÉNÉGAL
Sureffectifs chroniques, inadéquation entre formations et marché de l'emploi, instabilité du calendrier académique... l'université sénégalaise peine à trouver sa voie, entre héritage colonial et quête d'identité
Cette Contribution est extraite d'un ouvrage collectif sur la réforme dans les universités, à paraître incessamment.
Au Sénégal, l'école sous sa forme actuelle, n'est pas le produit du développement interne des sociétés traditionnelles. Elle est la création et l'évolution du réseau scolaire qui ont accompagné la pénétration française, dominée par l'idéologie de l'assimilation, davantage accentuée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. C'est de cette école que le Sénégal indépendant a héritée (Fall, 2013).
Cependant, éduquer au national a toujours été une sollicitation récurrente pour les différents chefs de l'État sénégalais qui, chacun en ce qui le concerne, a fait de son mieux pour initier soit des réformes, soit des ajustements ou orientations allant dans ce sens.
... « L'éducation, la formation aux métiers, l'emploi, l'entreprenariat des jeunes et des femmes restent des défis majeurs à relever. J'en ferai une priorité élevée des politiques publiques, en concertation avec le secteur privé. Nous devons, à cet effet, revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu'ils répondent mieux aux besoins d'emploi et autres activités génératrices de revenus pour les jeunes. »
... « Il y a urgence à gagner notre souveraineté alimentaire en investissant plus et mieux dans l'agriculture, la pêche et l'élevage, les trois mamelles nourricières de notre pays. », (https://www.presidence.sn/fr/actualites.../ 03/04/24).
Même si ses prédécesseurs, quasiment tous avant lui, ont discouru dans ce sens, également, et bien que son discours soit allé plus en profondeur en impératifs à atteindre, eu égard aux résultats discutables jusque-là obtenus en dépit des efforts considérables déployés, ces extraits de l'allocution à la Nation, le 3 avril 2024, du nouveau président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, interrogent notre système éducatif en général et invitent davantage encore à une réflexion approfondie sur l'enseignement supérieur. Un diagnostic de ce « grand corps malade » qu'est le système universitaire public sénégalais s'impose à nous, en tant qu'acteurs et partie prenante du système, depuis plusieurs décennies.
Si on se prend au jeu, a priori, on constate que, dans sa globalité, trois à quatre épisodes de réformes se sont opérés dans le système d'enseignement sans que, toutefois, aucun de ces changements de paradigme n'ait inversé la baisse de qualité qui a été généralement opposée au système considéré, qui pourtant a évolué sans cesse, mais pas nécessairement avec succès.
À y regarder de plus près, la succession des réformes du système éducatif au Sénégal révèle, pour chacune des séquences, l'avènement d'un nouveau président de la République. Autrement dit, chaque président, tirant les leçons du passé, a impulsé « sa réforme », à sa façon, tentant de réinitialiser le système éducatif.
Fort de ce constat, il s'agit, dans cette contribution, de réaliser une analyse des contextes qui ont conduit, depuis l'indépendance, à la nécessité de réformes dans le système éducatif en général et dans l'enseignement supérieur public, en particulier, afin d'alimenter la réflexion sur la nécessité pressante de l'adaptation effective du système aux besoins nationaux, afin de transformer radicalement l'université sénégalaise.
L'exercice se propose ici d'examiner les mutations survenues dans le système au travers des réformes, d'exposer les arguments qui justifieraient l'impérieuse nécessité d'options novatrices à l'aide d'une démarche inclusive et, enfin, de susciter la réflexion en faveur de l'adaptation de l'enseignement supérieur aux besoins locaux pour sa contribution réelle à la prospérité économique jugée indispensable.
Les contextes des réformes dans le système éducatif, de l'indépendance à nos jours
Il est aisé de comprendre que, dès le début de l'indépendance, le contexte était en faveur d'une véritable refondation du système scolaire. Du président Senghor, nous retenons dans son rapport d'orientation au congrès de son parti, l'Union progressiste sénégalaise (UPS), en février 1962 à Thiès, qu'il a insisté sur la mission assignée à l'institution scolaire en ces termes :
« Il est question, disait-il, par l'École, de former le Sénégalais nouveau : un homme préparé à l'action, tourné vers l'action. Or celle-ci suppose, pour être efficace, d'être une action solidaire, faite par et pour l'ensemble de la Nation, dans un projet national unanimement concerté et réalisé. »
Ainsi, des innovations portant sur la question linguistique sont expérimentées à l'école primaire au travers de la méthode « pour parler français » du Centre de Linguistique Appliquée de Dakar (CLAD).
Toutefois, cette première tentative d'adaptation de l'enseignement du français, même si elle tenait compte des réalités linguistiques et socioculturelles, esquivait d'autres questions à la fois fondamentales et urgentes, celles de l'introduction des langues nationales à l'école et du choix d'une langue nationale d'unification.
Retenons cependant, que l'enracinement et l'ouverture, termes si chers au président-poète, vont constituer les deux axes fondamentaux de la loi d'orientation de juin 1971, jetant ainsi les bases théoriques d'une réforme qui, à terme, devrait permettre l'africanisation et la sénégalisation des enseignements.
Par la suite, en application de la loi d'orientation, le décret 72-862 a été articulé autour d'une nouvelle nomenclature du système éducatif. La structuration du système subdivisé en cinq niveaux reste en vigueur jusqu'à présent : l'éducation préscolaire, l'enseignement élémentaire, l'enseignement moyen, l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur (Cissé et al. 2016).
En dépit de ces adaptations parcellaires intégrant quelques réalités locales dans les contenus des programmes, le constat est que la période post indépendance n'a quasiment pas connu de transformations structurelles importantes du système éducatif dans sa globalité. Il est apparu qu'aucun changement significatif par rapport aux orientations et programmes de la période coloniale ne vit le jour malgré les efforts déployés pour reformer le système (Cissé et al., 2016).
Toutefois, au regard des tendances dominantes, il apparaît que la situation géopolitique mondiale, en n'épargnant pas le système éducatif des pays industrialisés, a également impacté ses homologues africains et sénégalais en particulier. Même si des prémices de bouleversement de paradigmes ont réellement commencé à émerger à l'approche des années 70.
Au niveau global, à la fin des années 1960, la survenue de certaines crises telles que la guerre du Vietnam, en suscitant un cycle de contestations de l'ordre existant et une remise en cause de la rigidité des relations humaines et des mœurs dans toute la société (Prost, 2004), a exacerbé le dépérissement de l'espoir d'une démocratisation de l'école : idéal si cher à Jules FERRY, père fondateur de l'école républicaine en France : une instruction publique, gratuite, obligatoire et laïque pour toutes et tous. La quasi-généralisation du mouvement mondial des mouvements de contestations qui s'est exprimée ouvertement en mai 1968, notamment dans les universités, pour se diffuser plus largement dans les années suivantes, n'a pas épargné, dans leur globalité, les systèmes scolaires jugés trop archaïques mais aussi trop injustes. De nouvelles valeurs centrées sur la justice et l'égalité mais aussi sur l'autonomie, la créativité et l'épanouissement personnel ont ainsi émergé partout à travers le monde (Prost, 1997).
La crise des années 70 et ses corolaires parmi lesquels la stagnation des économies industrialisées, l'apparition de nouvelles formes de pauvreté et le point de départ du chômage de masse, a fait le reste des lors que se consolidaient les jalons de la fin des « Trente Glorieuses ». Avec le taux de chômage grandissant, le diplôme a commencé à perdre de sa valeur, créant un désenchantement dans les classes moyennes, notamment parmi bon nombre de jeunes diplômés du système éducatif des pays occidentaux.
Ce nouveau contexte va de plus en plus imposer une nouvelle forme de demande sociale d'éducation. Il ne revient plus seulement à l'école de dispenser aux jeunes la culture et de leur fournir des diplômes ne pouvant pas leur assurer une insertion dans le monde du travail. Une visée utilitaire de l'école s'impose d'elle-même afin d'éviter l'exclusion et le chômage survenus à cause d'un contexte économique de récession. Des empreintes locales ont partout commencé à apparaitre dans les curricula et les systèmes d'enseignement.
Au Sénégal, le mouvement de contestations est également parti de l'université, même si l'élément déclencheur a été d'un tout autre ordre. La réforme Fouchet qui supprimait la première partie du baccalauréat, véritable facteur bloquant pour l'accès à l'enseignement supérieur, a été à l'origine d'une massification des nouveaux bacheliers arrivés à l'Université de Dakar. Les crédits alloués étant insuffisants pour satisfaire cette pléthore de boursiers, il a fallu réajuster les paiements sur 10 mois et non plus sur 12 comme cela a toujours été le cas, afin de satisfaire toute la masse des bénéficiaires. S'en sont suivies des contestations autour des bourses : l'étincelle qui fit sauter la dynamite, le point de départ d'un cycle de manifestations qui se déclenche, atteignant son paroxysme dans la journée du 29 mai 1968, marquée par une intervention policière dans le campus (Gueye, 2017).
Les contestations et les grèves répétitives des élèves et des étudiants se sont ainsi accentuées tandis qu'au niveau du primaire, la dénonciation de la méthode « pour parler français » matérialisée par le CLAD polarisait les critiques. La situation était devenue intenable avec la consolidation du mouvement syndical dans le milieu enseignant : le SUDES remplaçant en 1976 le SES, dissolu de manière arbitraire en 1973 (Fall. (2013).
La cristallisation de la situation dans une ébullition des forces et options en présence a d'ailleurs motivé l'une des premières décisions du nouveau Président de la République, Abdou Diouf, annonçant, ler janvier 1981, la convocation des États Généraux de l'Éducation et de la Formation, dès son premier discours radiotélévisé adressé à la Nation.
Pour se départir d'une école d'assimilation, il était apparu comme une nécessité impérieuse, d'adapter l'école aux réalités du pays, ce qui était devenu inévitable.
Pour cela, le préalable absolu était d'élever le niveau général basique, porteur de la pensée et de la culture du pays colonisateur, avec comme unique vecteur la langue française à maîtriser absolument, et ensuite élargir l'offre à toute la population concernée et ne plus s'adresser uniquement à une élite ingénument ou foncièrement alliée.
La seconde phase des réformes post indépendance démarre ainsi en 1981 avec les États Généraux de l'Éducation et de la Formation pour redéfinir une nouvelle vocation de l'école.
Pour le nouveau président de la République, Abdou Diouf, qui remplaçait ainsi le président Léopold Sédar Senghor, il était impérativement question de créer une école fondée sur les valeurs traditionnelles du pays, longtemps marginalisées, même si dans le même temps il fallait rester ouvert au progrès scientifique et technique mondial.
C'est ainsi que toutes les parties prenantes du système éducatif allant de la Communauté Internationale aux responsables des Agences de Développement, aux chercheurs, universitaires de diverses disciplines en passant par les syndicats, sont invitées du 28 au 31 janvier 1981, après plusieurs mois de concertations, à réformer le système éducatif dans la perspective d'une meilleure articulation des contenus à l'identité socioculturelle nationale et africaine.
« L'École Normale Supérieure est ainsi devenue une institution pédagogique avec un rôle primordial dans la formation des professeurs sénégalais des lycées et collèges du Sénégal. » (Cisse et al. 2016)
Toutefois, malgré tous les efforts déployés pour cette recherche de solutions, de nombreux problèmes persistent. Retenons cependant que, depuis ces États Généraux de 1981, le Sénégal connaît une intense activité de réflexion et de concertation sur le devenir et sur l'avenir de son système éducatif.
Quelle est la place de l'Enseignement Supérieur dans cette vague de réforme ?
En 1990, la fin du monopole universitaire de Dakar est actée avec l'ouverture à Saint-Louis, de l'Université Gaston Berger (UGB). Nous assistons par la suite, avec le président Abdoulaye Wade, à la création en 2007 de deux nouvelles universités à vocation régionale disséminées à l'intérieur du pays, à Thiès et Ziguinchor et d'un Collège Universitaire Régional (CUR) à Bambey, opérationnel la même année même si les textes qui l'ont créé remontent à 2004. Ce CUR constitue l'ancêtre de l'université de Bambey, présentement université Alioune Diop de Bambey.
« L'Université de Bambey est l'héritière du Centre Universitaire Regional (CUR) de Bambey, dont la création remonte en 2004 (cf. décret 2004-916 portant « création et organisation d'un CUR à Bambey »), même si les enseignements n'y auront finalement démarré qu'en 2007. Il s'agissait à l'époque de la première expérimentation au Sénégal du modèle du CUR, et à ce jour, elle reste encore une expérience unique. Selon les termes mêmes retenus à l'issue du séminaire de réflexion sur la carte universitaire (30-31 octobre 2002), les missions du CUR sont « de préparer les apprenants à la formation universitaire (...) et d'assurer la formation professionnelle », en contribuant « à la mise en place des conditions de qualification des citoyens par la formation continue » et en veillant « à valoriser et à développer les atouts (économiques, culturels et sociaux...) au niveau du site d'implantation et des zones voisines ». Dans le décret 2004-916, il est également stipulé que « le CUR est un établissement décentralisé de formation générale et professionnelle universitaire de courte durée répondant aux exigences du développement local », ce qui le distingue donc des universités classiques.
Depuis 2009, le CUR de Bambey a été transformé en université de plein exercice, suite à la promulgation du décret 2009-1221, portant « création, organisation et fonctionnement de l'Université de Bambey »'
En 2013, suite à la Concertation Nationale sur l'Avenir de l'Enseignement Supérieur au Sénégal (CNAES), organisée sous le magistère du président Sall, différentes lignes d'actions prioritaires ont été identifiées avec des recommandations permettant d'initier une réforme destinée à bouleverser en profondeur le système de l'enseignement supérieur. Cette réforme s'est voulue inclusive en impliquant quasiment des acteurs du système de l'enseignement supérieur au Sénégal et de la diaspora autour de paradigmes nouveaux. Les grands thèmes de réflexion ont concerné la gouvernance, la qualité, l'accès, le financement, les ressources humaines, la professionnalisation, l'utilisation des nouvelles technologies de l'information notamment, avec le développement des STEM', la réorientation vers les sciences, la technologie, et la mise en place de filières courtes, techniques et professionnelles avec le lancements des Instituts Supérieurs d'Enseignement Professionnel (ISEP) ; le but final étant, essentiellement, de faire de l'Enseignement Supérieur un levier capital pour le développement socioéconomique du Sénégal.
Deux principes ont été au cœur de l'élaboration des conclusions de cette CNAES : la vision dans le terme consistait à faire de sorte que l'enseignement supérieur et la recherche appartiennent de manière concrète à la Société. Pour cela il faut absolument que l'enseignement supérieur et la recherche deviennent le levier primordial du développement économique, social et culturel. Suite aux débats du 6 au 9 avril 2013 étaient ressorties 78 recommandations, 11 décisions et 69 directives.
Ainsi, de 2013 à 2022, se sont succédés, le programme des réformes prioritaires 2013/2017 de l'enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal et le Plan de développement de l'Enseignement supérieur et de la recherche PDESR 2013-2022. Les 11 décisions retenues étaient les suivantes :
1. STEM et professionnalisation : Réorienter le système d'enseignement supérieur vers les sciences, la technologie et les formations professionnelles ;
2. ICT : Mettre les technologies de l'information et de la communication (TIC) au cœur du développement de l'enseignement supérieur et de la recherche ;
3. Gouvernance : Améliorer le pilotage du système d'enseignement supérieur et de recherche et réformer la gouvernance des établissements publics d'enseignement supérieur ;
4. Paix : Instaurer une culture de la paix au sein des établissements publics d'enseignement supérieur ;
5. Carrière : Favoriser la carrière des enseignants, des chercheurs et du personnel administratif, technique et de service ;
6. Affaires sociales : Faire de l'étudiant un acteur de sa formation, favoriser sa réussite et améliorer ses conditions de vie ;
7. Renforcer la carte universitaire pour favoriser l'accès, diversifier l'offre de formation et assurer la qualité de l'enseignement supérieur ;
8. STI : Donner un nouvel élan à la recherche et à l'innovation ;
9. Internationalisation : Ouvrir l'espace sénégalais de l'enseignement supérieur et de la recherche à l'Afrique et au monde ;
10. Gestion : Améliorer la gestion des budgets et de l'équité des universités en mettant en place des procédures et des mécanismes modernes et transparents ;
11. Investissement : Investir dans l'enseignement supérieur et la recherche à la hauteur de notre nouvelle ambition.
Les réformes intervenues dans le pilotage des universités ont amené un recadrage managérial par rapport à l'échelle institutionnelle, qui s'est traduit par un ensemble de dispositifs mis en place. Les instances de délibération sont hiérarchisées du sommet à la base et toutes les composantes de l'Université et de la société y siègent. Les décisions sont prises dans une démarche de co-construction et s'imposent ainsi à tous les organes exécutifs : personnel d'enseignement et de recherche (PER), personnel administratif, technique et de service (PATS) et étudiants).
Rappelons que l'Assemblée de l'Université (A.U) était un centre de décision pour les questions allant de l'ordre académique aux finances en passant par les questions disciplinaires. Avec la loi 2015-26 relative aux universités publiques, le Conseil d'administration, qui permet une meilleure ouverture sur le monde socioéconomique et la société, devient un organe délibératif en lieu et place de l'Assemblée de l'Université qui était présidé par le Recteur. La désignation du Recteur et du Secrétaire général de l'Université se fait après un appel à candidatures et sont créés des postes de Vice-Recteurs. L'Assemblée de Faculté ou Conseil d'Unité de Formation et de Recherche UFR est l'organe décisionnaire au niveau de la Faculté ou de l'UFR et peut éventuellement être présidé par le Recteur. L'Assemblée du département ou de section est la cellule de base de la faculté ou de l'UFR, sur le double plan de l'enseignement et de la recherche.
En outre, au sein des universités publiques, un ensemble de dispositifs vont être mis en place : les cellules internes d'assurance qualité (CIAQ) et des Centre de pédagogie universitaires (CPU), les incubateurs, les structures genre et équité, les responsables de médiation et de dialogue social, les organes de services à la communauté, les structures de génération de ressources, les comités d'éthique et de déontologie, les comités d'audit interne et les cadres stratégiques.
Le Conseil académique, remis entre les mains des universitaires, est l'organe de délibération de toutes les questions d'ordre académique. À ce titre, il a pour missions de délibérer sur les aspects scientifiques, académiques, pédagogiques, disciplinaires et de recherche. Il est chargé notamment de délibérer sur : les programmes et le contenu des enseignements; les mesures et les listes d'aptitude pour la promotion des enseignants et/ou des chercheurs ; le calendrier universitaire ; le régime des études et des examens ; les critères et mécanismes d'autoévaluation des programmes de formation ou d'études des filières des unités de formation et de recherche des facultés, des UFR, des écoles et des instituts selon les référentiels définis par l'Autorité Nationale d'Assurance Qualité de l'Enseignement Supérieur (ANAQ-sup) ; les mesures de nature à améliorer la qualité de l'enseignement et de la recherche ainsi qu'à développer la formation continue ; la création ou la suppression des filières et des structures.
Concernant la culture de l'évaluation institutionnelle, pédagogique, elle s'exerce sous la tutelle ministérielle par l'Autorité Nationale d'Assurance Qualité (ANAQ-Sup). La reddition des comptes s'opère à travers la création d'un comité d'audit au sein du Conseil d'Administration, d'une déclaration de patrimoine exigée de certains responsables par l'Office National de Lutte contre la Fraude et la corruption (Ofnac) et des missions ponctuelles des corps de contrôle qui sont l'Inspection des Affaires Administratives et Financières (IAAF), l'Inspection Générale des Finances (IGF), l'Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP), l'Inspection Générale d'Etat (IGE) et la Cour des Comptes.
Il est toutefois à constater que, même si cette dernière réforme de l'enseignement supérieur de 2013 à nos jours a pu contribuer à travers les grandes orientations à jeter les bases d'une dynamique sociale pouvant servir de leviers de développement (l'élargissement de la carte universitaire sur l'ensemble du territoire, le développement de filières scientifiques et techniques et l'augmentation des ressources investies pour la recherche et la formation des ressources humaines), des défis persistants restent à relever au regard des crises récurrentes qui continuent de secouer le système d'enseignement supérieur au Sénégal.
Une université qui évolue et tente de s'adapter aux besoins
Il serait d'un pléonasme criard que de rappeler que l'histoire de l'université au Sénégal est intimement liée à la colonisation française. En effet, Aristide Le Dantec avait créé en 1918 la première école africaine de médecine à Dakar pour pallier les besoins spécifiques en santé publique. Les 33 médecins français militaires ne pouvant plus suffire à couvrir l'Afrique occidentale française, il s'agissait de former du personnel autochtone pour lancer une campagne de santé publique étendue sur les territoires (Barthélemy, 2010). Avec le déploiement de la scolarisation au niveau primaire et secondaire, des étudiants ont commencé à être envoyés au sein des universités françaises et l'Université de Dakar, qui était d'abord un collège dépendant de l'université de Bordeaux, fut créée en 1957 en tant que 18° université française. Le personnel enseignant était majoritairement français de métropole à cette époque.
Aujourd'hui, l'enseignement supérieur au Sénégal, avec le chemin parcouru ces soixante dernières années, a formé des élites qui interviennent au niveau national et international. La recherche, qui n'a pas toujours les moyens escomptés, est cependant prolixe, remarquable et des partenariats multiples sont engagés dans des politiques de collaboration à l'échelle régionale et internationale, avec des institutions académiques, scientifiques, des ONG, des associations ou des entreprises. Toutefois, un enseignement supérieur stable et de qualité à l'instar des universités de renom au plan international (classements, ranking internationaux) n'est pas encore de mise malgré les transformations notoires amorcées dans la jeune république du Sénégal au fil des décennies, depuis les indépendances, avec les quatre présidents successifs que sont : Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall.
Le sous-secteur de l'enseignement supérieur dans son état actuel
Le sous-secteur de l'enseignement supérieur compte des établissements publics mais également des établissements privés pour lesquels l'ouverture a été autorisée en 1993. Malgré ce dispositif dont le maillage recouvre quasiment l'ensemble du territoire sénégalais, le secteur peine à absorber tous les sortants du cycle secondaire. Dans les années 2000, pour répondre à la pression démographique et afin d'absorber et de fixer les élèves dans leurs terroirs, un nombre important de collèges et de lycées a été déployé sur le territoire. L'élargissement de la carte universitaire ne s'est malheureusement pas réalisé de façon concomitante mais avec plus d'une décennie de retard.
• Le sous-système public d'enseignement supérieur compte en 2024 :
- 9 universités publiques :
• L'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ;
• L'Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) ;
• L'Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT) ;
• L'Université Assane Seck de Ziguinchor (UASZ) ;
• L'Université Alioune Diop de Bambey (UAD B) ;
• L'Université Amadou Mahtar Mbow (UAM) ;
• L'Université du Sine Saloum Elhadj Ibrahima Niass (USSEIN) ;
• L'Université numérique Cheikh Hamidou Kane (UN-CHK), ex
Université Virtuelle du Sénégal (UVS), qui dispose de vingt-trois
(23) espaces numériques ouverts (ENO) répartis dans le pays ;
• L'Université Rose Dieng France-Sénégal (URD-FS) ex Campus franco-sénégalais (CFS) qui constitue la 9° Université du pays ; de droit sénégalais, à gouvernance paritaire entre le Sénégal et la France.
- Cinq (5) écoles d'ingénieur, dont quatre (4) intégrées à des universités et une école autonome (école polytechnique de Thiès) ;
- Six (6) instituts supérieurs d'enseignement professionnel (ISEP) qui offrent des formations professionnelles courtes de niveau bac +2 : ISEP de Thiès, ISEP de Richard-Toll, ISEP de Matam, ISEP de Bignona, ISEP de Diamniadio, et ISEP de Mbacké. Huit (8) autres ISEP sont en développement de sorte à couvrir les quatorze (14) Régions administratives du Sénégal.
3 Cf. Loi nº94-82 du 23 décembre 1994 portant statut des établissements d'enseignement privés, modifiée par la loi n°2005-03 du 11 janvier 2005.
• Le sous-système privé d'enseignement supérieur compte, de son côté, selon le rapport sur la situation de l'enseignement supérieur au Sénégal (SAGNA et al., 2022), quelques 230 établissements regroupés au sein de trois organisations faîtières que sont la Conférence des grandes écoles (CGE), la Conférence des établissements privés d'enseignement supérieur (CEPES) et la Fédération des établissements privés d'enseignement supérieur (FEPES)*.
En dépit des acquis engrangés par leurs prédécesseurs, les nouvelles autorités devraient s'atteler aux exigences contemporaines de l'enseignement supérieur. Le « Projet Sénégal Vision 2050 », dont ils sont porteurs, mérite ainsi une attention particulière pour déterminer la façon dont les acteurs devraient s'investir pour la mise en œuvre des propositions concernant l'Enseignement supérieur, la Recherche et l'Innovation.
Les défis actuels
Après l'évaluation des acquis à l'existant qui a déjà été mise en place, le chemin qu'il reste à parcourir vers l'atteinte d'objectifs ambitieux pour une nation qui compte beaucoup sur son système éducatif reste encore long. Car, malgré les résultats plus ou moins probants de la concertation de 2013, le rapport annuel de performance 2022 du MESRI met en lumière certains défis persistants à relever, que nous passons en revue ci-dessous :
• La normalisation du calendrier universitaire
Pour éviter le chevauchement des années académiques, le calendrier universitaire est l'outil indispensable qui se doit d'être maîtrisé et régularisé en tenant compte des perspectives d'échanges avec les universités partenaires à l'international.
C'est un aspect fondamental pour apporter une stabilité à un système d'enseignement qui doit répondre aux critères internationaux de qualité.
L'insatisfaction des trois acteurs du système, à savoir, les PER, PATS et étudiants et la contestation sociale qui s'ensuit induisant tout un cortège de maux, serait l'une des principales causes de ces décalages perpétuels des rentrées universitaires des établissements publics au Sénégal. Les grèves, les troubles à l'ordre public et la paralysie de l'économie sont souvent des conséquences du décalage des rythmes scolaires et particulièrement au niveau universitaire.
La problématique a fait l'objet d'un séminaire de trois jours en mai-juin 2024, sous l'initiative du ministre de l'Enseignement supérieur de la Recherche et de l'Innovation, Dr Abdourahmane Diouf, invitant ainsi toutes les parties prenantes du sous-secteur à réfléchir ensemble, de manière inclusive, autour de la question afin de proposer des solutions idoines permettant de décrisper la situation. Les conclusions et recommandations issues en cours de validation par l'autorité et les instances universitaires sont à mettre en œuvre pour une meilleure sortie de situation de crise.
• L'accroissement continu de la population estudiantine, la question de l'orientation des nouveaux bacheliers et de la mobilité
En 2023, il y a eu cent cinquante-cinq mille cent neuf (155 109) candidats au baccalauréat, soit une augmentation de près de 5 000 candidats par rapport à 2022.
Même si les résultats sont loin d'atteindre les standards internationaux régis par l'UNESCO en matière de ratio nombre de bachelier/ population totale, l'effectif total des admis au baccalauréat de 2023 a été de 77 427, avec un taux de réussite de près de 52% (dont 62% pour le public).
Conséquemment la population estudiantine est en perpétuelle augmentation : en 2023, elle était de 269 556 étudiants répartis entre les établissements publics et privés, dont 137 393 hommes et 132 163 femmes (soit 49,03% de l'effectif). La part des bacheliers sénégalais qui partent étudier à l'étranger ne représente que 7% de ceux qui optent pour une mobilité internationale. En 2023, 15 252 étudiants sénégalais ont été recensés en France, qui est la première destination de nos étudiants à l'étranger (en cinq ans une évolution de + 39% a été constatée). Le Maroc (avec 1251 étudiants en 2021) se trouve en deuxième position et le Canada suit de près (1239 étudiants en 2021) avec des campagnes de recrutement d'étudiants de plus en plus attractives. Malgré le mythe lié à cette mobilité internationale qui offrirait plus d'espoir pour l'avenir, la grande majorité des étudiants sénégalais reste étudier au pays. Ainsi la pression sur les établissements d'enseignement supérieur sénégalais est très forte.
Il reste aussi à prendre en considération les effectifs d'étudiants potentiels exclus actuellement du système universitaire : les bacheliers « cartouchards », autrement dit ceux qui ressortent de l'université avec le même diplôme qu'à l'entrée, en l'occurrence le baccalauréat sans autre diplôme en sus mais aussi les non-orientés pour quelque motif que ce soit (non maîtrise du système de demande d'orientation pour la plupart du temps), la règle étant que tous les bacheliers accèdent à l'université. Certains de ces omis du système optent pour une insertion professionnelle, souvent précaire. Ce sont ainsi, des milliers de jeunes qui peuvent rester insatisfaits car n'ayant pas eu l'opportunité de poursuivre leurs études et qui peuvent se retrouver dans une situation de vulnérabilité.
Selon l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, en 2022, le taux brut de la scolarisation des 19-23 ans dans l'enseignement supérieur était de 16,09 % et le taux de chômage de la population en âge de travailler autour de 20%. Selon le Bureau International du Travail, ce sont 3,26 millions de travailleurs de 15 ans et plus® au Sénégal qui occupent un emploi informel. Le nombre de jeunes sans emploi ou en emploi précaire reste difficile à déterminer. Toujours est-il qu'il existe une part très importante de jeunes sénégalais à intégrer et à prendre en charge par le système d'enseignement supérieur au Sénégal afin de leur permettre de monter en compétences et d'accéder à un emploi décent.
• La nécessité de renforcement de l'enseignement en distanciel et autres défis à relever
Au regard des aménagements opérés suite à l'amorce de mise en œuvre des certaines recommandations issues de la dernière réforme, le constat révèle que ce sont des changements majeurs du mode de fonctionnement des universités qui impactent le mode d'organisation des différents services et les relations hiérarchiques des acteurs qui interviennent dans le déroulement des programmes.
Il faut remarquer que l'administration universitaire tendrait à se professionnaliser pour répondre aux défis imposés par les dynamiques sociales au travers d'une contractualisation auprès des politiques publiques avec le contrat de performance (CDP), le développement d'un budget de programme et la dématérialisation progressive des procédures.
Pour procéder à une évaluation de ces dispositifs, il faudrait un recul un peu plus important. Cependant, force est de constater qu'avec les effectifs actuels, le système éducatif a du mal à être performant et n'arrive pas à intégrer une part importante de la masse de jeunes scolarisables à tous les niveaux. Les capacités d'accueil des infrastructures publiques d'éducation sont en-deçà des besoins provoquant une régulation des flux à l'entrée des universités. Malgré les dispositifs mis en place (IFOAD) et le programme « un étudiant, un ordinateur », l'enseignement à distance au sein de l'ensemble des universités n'a pas encore atteint le niveau escompté. L'UVS, devenue présentement l'UN-CHK avec un effectif qui avoisine les 80.000 étudiants avait, à son lancement en 2014, démarré ses activités dans des conditions d'urgence, avec près de 2 000 nouveaux bacheliers orientés ; elle est rapidement devenue la deuxième université du Sénégal en termes de nombre d'apprenants. Ainsi, même si l'apparition de la crise sanitaire du Covid19 a accéléré les initiatives dans ce sens, les autres universités peinent encore à intégrer l'enseignement à distance dans leurs programmes de formation. De nombreux défis restent encore à relever :
- Le renforcement du dispositif technologique et de la capacité de formation dans les Sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) s'est effectué à travers le développement des écoles d'ingénieurs, des ISEP, des facultés ou UFR à orientations scientifique et technique. Également, l'on a assisté, comme ci-dessus indiqué, à la mise en place en 2014, de l'Université virtuelle sénégalaise (UVS) et des Espaces Numériques Ouverts (ENO) dans chacune des régions du Sénégal. Cela a permis de désengorger les amphithéâtres même si le nombre d'étudiants reste encore important dans les universités par rapport aux capacités d'accueil. S'y ajoute la création d'une multitude de plateformes en ligne à travers le Système d'Information et de Gestion de l'Enseignement supérieur et de la Recherche (SIGESR) ;
- La stabilisation du nouveau modèle pédagogique et la sensibilisation des utilisateurs (corps enseignant et étudiants) à l'intérêt d'un enseignement hybride, en distanciel, co-modal ou bi-modal, reste encore à renforcer ;
- La généralisation de la formation et de la professionnalisation des tuteurs qui occupent une part importante du corps enseignant de l'université virtuelle ? ;
- L'optimisation du système d'évaluation et de correction des examens qui présente des faiblesses notoires ;
- L'amélioration et la garantie de la qualité des programmes de formations respectant les référentiels-qualité de l'ANAQ Sup et du CAMES.
Les tuteurs jouent le rôle de relais entre les étudiants et la plateforme de l'UVS. Les principales activités pédagogiques des tuteurs consistent : à accueillir et à orienter les apprenants au sein des plateformes d'apprentissage, à y animer des activités pédagogiques (TD, classes virtuelles, forums, etc.), à animer (en présentiel ou à distance) les activités de remédiation au bénéfice des apprenants, à superviser le bon déroulement des activités d'apprentissage, à participer activement au suivi des apprentissages et à la motivation des apprenants, à préparer les apprenants aux évaluations, à contribuer au bon déroulement des évaluations (surveillances, corrections, délibérations, etc.), à participer aux dispositifs dédiés à l'amélioration permanente des enseignements et des apprentissages.
Vers une nouvelle réforme de l'Enseignement supérieur ?
Au plan global et continental, l'évocation de certains évènements naturels et sociaux survenus au cours de ces dernières années, entre autres, Covid, vague de chaleur, inondations, coups d'États militaires dans la zone sahélienne, guerre en Ukraine, prémices de redistribution de la carte géopolitique mondiale, etc., suffit à démontrer que nous vivons dans un monde préoccupant et imprévisible.
Des effets directs du changement climatique au développement des mégalopoles, à la montée en puissance de l'intelligence artificielle en passant par les dynamiques démographiques, notamment en Afrique et au Sénégal, la jeunesse de la population accentue les autres besoins en autosuffisance alimentaire, en infrastructures et moyens indispensables pour une meilleure prise en charge sanitaire. Autant de forces structurelles qui contribuent ainsi à la nécessité de reconsidérer les risques auxquels les populations sont globalement exposées. Ces processus de mutations posent un redoutable défi aux systèmes de prise en charge de tout ordre des populations, notamment au sein des États africains qui éprouvent beaucoup de difficultés à protéger la vie et le bien-être des communautés, tout en soutenant la poursuite d'une activité économique hypothétique.
Sur un autre registre, au plan régional et local, à l'heure des innovations et de la mobilisation des forces partout au travers du monde pour une émergence économique durable, la jeunesse africaine fuit quasiment, sans déchirement, son continent par l'intermédiaire d'une émigration régulière et clandestine principalement vers l'Europe mais aussi vers d'autres pays du monde. À partir de villes telles que Dakar, les migrations vers l'Europe, les USA et d'autres continents, occupent 55% de la dynamique spatiale. Les exodes s'accentuent à la faveur de troubles politiques et économiques qui se multiplient dans les pays d'origine. Certaines de ces formes d'exode sont considérées comme suicidaires ; pourtant, au Sénégal, le choix est assumé par de nombreux jeunes, candidats à ces départs à conditions périlleuses.
Au regard de tous ces faits, le contexte est fondamentalement propice à l'adoption de démarches et d'adaptations nouvelles et innovantes dans la formation, la recherche universitaire prenant en compte les réalités nationales et locales, valorisant les pratiques et savoirs endogènes, tout en s'appuyant sur l'exploitation judicieuse des ressources naturelles propres pour l'amélioration du quotidien de nos compatriotes.
Même si le leitmotiv reste partout semblable, c'est-à-dire chercher la qualité en intégrant les fondamentaux socioculturels, au Sénégal, une « adaptation aux besoins nationaux » s'avère être d'une nécessité impérieuse. Cela d'autant que le contexte récent a fait que les universités ont quasiment touché le fond avec leur fermeture intégrale d'abord, puis partielle, imposée par le Covid-19, et plus récemment leur fermeture quasi arbitraire et sectorielle ; le privé universitaire n'étant pas concerné. Cette situation liée au contexte sociopolitique pré-électoral s'est traduite par des actes de vandalisme qui ont ébranlé l'université-mère (Ucad). Celle-ci a vu sa bibliothèque et nombre de ses infrastructures aussi bien dans le campus social que pédagogique saccagées mais aussi une partie de ses archives brûlées.
Au demeurant, dans un contexte de réouverture de l'université publique en 2023-2024 pratiquement au milieu du calendrier académique malgré les séquelles encore visibles des perturbations ci-dessus évoquées, on assiste quasiment à un redémarrage difficile de l'année en cours. Toutefois, il semble crucial, suite de l'évaluation du système LMD après quasiment plus de 15 ans d'effectivité de mettre en œuvre de manière effective les recommandations issues du diagnostic approfondi qui semble révéler que le dérèglement constaté semble émaner d'une application quasiment pas très appropriée du système. On assiste en effet, non pas à un système LMD mais à des systèmes LMD appliqués différemment au sein des universités sénégalaises. En conséquence, afin d'avoir une meilleure idée de l'efficacité de la CNAES, une évaluation tangible des résultats de son application, plus de 10 ans après sa tenue, devient un impératif. Au regard du contexte géopolitique mondial, africain et local, tout pousse à croire que les nouvelles autorités ne tarderont pas à imprimer leur empreinte sur une nouvelle réforme pour l'enseignement supérieur. Tout indique, en effet, qu'on s'achemine, comme ont eu à le faire ses prédécesseurs, vers une nouvelle réforme à associer au président Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
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Aminata Ndiaye est Professeur titulaire des Universités (UCAD), Directrice des Affaires académiques et juridiques - Direction générale de l'Enseignement supérieur (MESRI).