«UNE VERITABLE FUITE EN AVANT», SELON ELIMANE HABY KANE
EXTERNALISATION DU PUDC
A peine lancé avant-hier (mardi), par le président de la République Macky Sall, le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc) suscite des interrogations auprès des certains observateurs.
Même si la perspective du programme est «intéressante», il n’en demeure pas moins «suspecte» aux yeux de certains comme, le président du Leadership, éthique, Elimane Hady Kane qui se pose la question suivante : «qu’est ce qui légitime cette urgence au point d’oublier le PSE qui est une vision prospective bénie urbi orbi ?»
«Le choix porté sur le Pnud pour mettre en œuvre ledit programme en défaveur de l’administration sénégalaise payée pour la cause, le contournement de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp), l’expertise étrangère, et le coût du programme chiffré à 113 milliards de francs CFA, devraient susciter des interrogations», relève-t-il.
Selon M. Kane le choix porté sur le Pnud pour mettre en œuvre le Pudc est tout simplement «inédit». A ce niveau, la question mérite d’être élucidée parce que soutient-il «le Pnud a pris part au club de Paris. N’était-ce pas mieux alors, dans le cadre de la mise en œuvre du Pse, de le confier un vaste programme?»
«Mieux, poursuit-il, la question du désaveu de la compétence administrative gouvernementale à mettre en œuvre un programme national avec efficience, allant même jusqu’à dire que si le Pnud venait à mettre efficacement le programme, il n’hésiterait pas à transférer l’action gouvernementale aux organismes internationaux». Sur ce, «il taraude à l’esprit dira-t-il l’insatisfaction du chef de l’Etat de son gouvernement à mettre en œuvre son action».
Au sujet du contournement de l’Armp pour contrôler ce programme, parce que tout simplement les procédures sont longues, Elimane H. Kane avance deux hypothèses : soit «les agents sont incompétents ou alors ça les arrangerait de travailler sans le respect des codes de transparence sous réserve d’en espérer tirer profit».
Légitimant ces propos, il laisse entendre qu’il s’agit de résistance. A titre illustratif, il convoque le rapport d’évaluation des marchés publics du Conseil économique environnemental et social (Cese) qui indique clairement que le problème de l’Armp n’est pas lié aux procédures mais à l’application des procédures.
Par conséquent, c’est une fuite en avant que de vouloir contourner une responsabilité aussi énorme dans l’exécution de la vision du chef de l’Etat en externalisant vers d’autres organisations.
Justement à ce niveau, il se pose la question de la souveraineté nationale, dira-t-il. Et de s’interroger «Comment pouvons-nous sur le plan symbolique expliquer le fait de recourir aux organisations internationales pour faire le travail de notre administration nourrie et blanchie aux frais du contribuable sénégalais».
«Il serait plus judicieux de s’attaquer au problème que de le laisser entier pour recourir aux étrangers».
Cette façon de gouverner témoigne si besoin en était qu’ «on a beau chassé le naturel, il revient au galop. Nous sommes dans un système qui se cherche, qui tâtonne», conclut-il.