CES MONUMENTS, SITES ET PATRIMOINES HISTORIQUES A VALORISER
Au Sénégal, lorsqu’on parle de destinations touristiques, les esprits se tournent vers cinq ou sites bien connus du pays. Chacune de ces zones offre, en effet, de quoi tenter une évasion soit en famille, soit en solo, histoire de se changer les idées.
Au Sénégal, lorsqu’on parle de destinations touristiques, les esprits se tournent vers cinq ou sites bien connus du pays. Chacune de ces zones offre, en effet, de quoi tenter une évasion soit en famille, soit en solo, histoire de se changer les idées, de décompresser. Le balnéaire sur la Petite Côte, l’écotourisme et le balnéaire en Casamance et dans les Iles du Saloum (l’une des plus belles baies du monde), le tourisme cynégétique, de découverte et culturel à Kédougou (chutes de Dindefelo, pays Bassari et Bédik), le balnéaire et la découverte à Saint-Louis (Parc de Djoudj), le balnéaire et le tourisme d’affaires et mémoriel à Dakar (Ile de Gorée, Lac Rose, Monument de la Renaissance…). Ces localités et leurs offres touristiques constituent ce qu’on appelle dans le jargon du tourisme, des «produits d’appel». On les utilise pour vendre la destination Sénégal à l’étranger. Elles sont la vitrine du tourisme sénégalais. D’ailleurs, les six pôles touristiques du pays ont été constitués autour de ces sites touristiques.
Sauf que la tyrannie de ces produits phares qui consacrent la forte prédominance du tourisme balnéaire (54 % de l’offre) et d’affaires (33 % de l’offre) semble inhiber les quelques attraits touristiques que ne manque pas de receler l’hinterland sénégalais, ces régions absentes de la carte touristique. On peut citer Matam, Louga, Tambacounda (hors Parc Niokolo Koba), Diourbel, Kaffrine, Kaolack, Kolda… Peu valorisés, peu exposés, leurs atouts, atours et attraits peuvent pourtant, à l’heure où le Chef de l’Etat exhorte son Gouvernement à développer les «zones touristiques émergentes», valoir beaucoup de satisfaction au Sénégal dans sa quête de faire du tourisme un véritable vecteur de développement.
Justement, ce dossier tente de mettre en lumière les potentialités jusqu’ici inexploitées dans quelques-unes de ces localités où le tourisme compte pour du menu fretin.
Monuments et sites et patrimoines historiques : Ces attractions touristiques peu connues de la région de Louga
La région de Louga dispose de sites et de monuments historiques d’une rare particularité et pouvant constituer un patrimoine touristique attractif. Du mythique « Puits de Calom » à Ndande à la stratégique « Tata d’Alboury Ndiaye » à Linguère en passant par la « Case du tirailleur » de Thiowor, le « Musée du Damel du Cayor » de Dékheulé, ce potentiel demeure cependant inexploité.
« Le tourisme local peut se développer à partir des sites et des monuments historiques qui sont un riche patrimoine qu’il est difficile de trouver ailleurs ». Cette remarque de Youssouf Mbargane Mbaye, historien et président du réseau régional des communicateurs traditionnels de Louga, renseigne sur l’existence de potentiels sites touristiques dans la région de Louga.
Le 26 décembre 2018, le Président de la République du Sénégal inaugurait le « Musée du Damel de Cayor », à Dékheulé, dans le département de Kébémer. Un lieu connu pour son passé colonial et où le résistant Lat Dior Diop a livré son dernier combat et son mausolée érigé à quelques mètres du Musée. Les populations de la localité avaient nourri l’espoir que le Musée allait être une attraction et un pôle de convergence de touristes. Mais jusque là, ce symbole de la résistance anti coloniale n’est pas visité comme on s’y attendait. Selon Mame Mor Sylla, maire de la commune de Mbacké Kadior (dont dépend le village de Dékheulé) : « Le seul mouvement vers le Musée dont je peux parler, c’est la rencontre annuelle qu’on y organise. A part ça, je n’ai rien constaté de nouveau et je ne peux pas en dire plus ».
A quelques kilomètres de Dékheulé, dans le même département de Kébémer, la commune de Ndande abrite le mythique « Puits de Calom Fall ». Ce monument historique du 13ème siècle renferme des mystères. D’une profondeur de 34 mètres et un diamètre de 9 mètres, le « Puits de Calom Fall » aiguise les curiosités. Et selon Serigne Mbacké Fall, conservateur des sites historiques de Ndande, « ce site qui n’a pas livré tous ses secrets liés à son histoire et aux mystères qu’il renferme reçoit peu de visiteurs ».
Dans la commune de Léona (département de Louga), notamment au village de Thiowor, trône la « Case du tirailleur » érigé en Musée par l’Association des amis du musée des Forces armées (Asamu) en hommage à Abdoulaye Ndiaye, dernier survivant des tirailleurs sénégalais de la première guerre mondiale, décédé le 11 novembre 1998, à l’âge de 104 ans, la veille de sa décoration à la Légion d’honneur par l’ambassadeur de France au Sénégal. Mais ce patrimoine historique ne constitue pas, jusque-là, un point d’attraction de visiteurs. Dans le département de Linguère, la commune de Yang Yang, ancienne capitale du royaume du Djoloff, garde encore les vestiges de l’armée du résistant anti colonialiste Alboury Ndiaye. Point de départ des expéditions militaires de l’ancien « Bourba » contre l’armée coloniale, Yang Yang garde encore les anciens bâtiments et les aménagements de l’ancien résistant dont le « Tata » qui était une forteresse dans la stratégie militaire du roi d’alors.
Le « tourisme responsable communautaire » : Un palliatif
Malgré tous ces sites et monuments historiques, la région de Louga est encore loin d’être une zone touristique privilégiée par les visiteurs. Selon Youssouf Mbargane Mbaye, « si on avait mis à profit ce potentiel historique, la région de Louga serait une zone touristique attractive ». Une situation que déplore d’ailleurs Babacar Sarr, président du Festival international de folklore et de percussion (Fesfop) de Louga qui organise annuellement un événement culturel international avec des invités en provenance de pays étrangers. Mais le président du Fesfop renseigne qu’à défaut de sites touristiques aménagés pour satisfaire la curiosité des invités du Fesfop, les organisateurs de l’événement ont opté pour le « tourisme responsable communautaire ». « Il s’agit de partager nos réalités avec les européens en les logeant dans les maisons, dans les cases avec les mêmes modes de vie », explique-t-il. Mieux, renseigne le président du Fesfop, « les invités partagent avec nous les mêmes repas, dorment sous les moustiquaires et finalement, ils vivent les mêmes réalités que nous durant leurs séjours ».
Toutefois, Babacar Sarr se désole de l’absence de service de tourisme dans la région de Louga. « On ne peut pas comprendre pourquoi le Ministère du tourisme n’a aucun service administratif dans la région de Louga qui renferme des monuments et des sites historiques très importants », regrette-t-il. Citant le Puits de « Calom Fall », le village historique de Diéwol, la frange côtière sur l’Océan atlantique, le Lac de Guiers, entre autres, le président du Festival international de Folklore et de percussion (Fesfop) de Louga est convaincu que la mise à profit de ce patrimoine historique et cultuel pourrait faire de la région de Louga une très forte attraction touristique avec ses impacts sur le plan économique.