PARIS CONCLUT AU SUICIDE DE MAMADOU MOUSTAPHA BA
Alors que le parquet de Dakar poursuit ses investigations, la justice française est formelle : l'ancien ministre du Budget s'est volontairement jeté sous une rame de métro parisien. Une conclusion appuyée par des preuves vidéo, selon Africa Intelligence
(SenePlus) - Une enquête d'Africa Intelligence, publiée le 14 novembre 2024, révèle les divergences franco-sénégalaises dans l'affaire du décès de l'ancien ministre des Finances Mamadou Moustapha Ba, survenu à Paris début octobre.
Les autorités françaises privilégieraient clairement la thèse du suicide. Selon les sources judiciaires citées par Africa Intelligence, les enregistrements des caméras de vidéosurveillance du métro parisien montrent que l'ancien ministre s'est jeté sous une rame, "sans l'intervention apparente d'un tiers". L'identification du corps, rendue complexe par son état, n'a été possible qu'après le signalement de sa disparition par son épouse le 23 octobre.
La justice sénégalaise, elle, maintient le mystère. Après avoir reçu le rapport français dans le cadre de l'entraide judiciaire, le parquet de Dakar a ordonné le 10 novembre l'ouverture d'une enquête, évoquant des "éléments qui sont de nature à attester que la mort n'est pas naturelle". La découverte d'une supposée plaie à la gorge alimente les suspicions des magistrats sénégalais qui, contrairement à leurs homologues français, n'excluent pas la piste criminelle.
Le contexte politique ajoute une dimension troublante à ce décès. Quelques jours avant sa mort, l'ancien ministre avait exprimé, d'après Africa Intelligence, ses craintes sur une boucle WhatsApp réunissant d'anciens membres du gouvernement. Il y affirmait selon le magazine que son téléphone avait été "cloné" et qu'il était "sous surveillance", déconseillant à ses anciens collègues de le contacter.
Ces appréhensions survenaient dans un climat de tensions avec le nouveau pouvoir. Le 27 septembre, le Premier ministre Ousmane Sonko avait publiquement mis en cause l'ancien ministre, l'accusant d'avoir manipulé les chiffres des finances publiques sous la présidence de Macky Sall. Le chef du gouvernement dénonçait alors une "corruption généralisée", révélant que le déficit budgétaire réel atteignait 10,4% du PIB, contre les 5,5% officiellement annoncés, et que la dette publique s'élevait à 76,3% du PIB au lieu des 65,9% déclarés.
La dépouille de Mamadou Moustapha Ba a été rapatriée à Dakar le 4 novembre, puis remise à sa famille qui l'a inhumée le 13 novembre dans son fief de Nioro du Rip, pendant que se poursuivent les investigations sur les circonstances exactes de sa disparition.