DEMARRAGE DE LA PROGRAMMATION DE RAW CINE CLUB 2018
Des Sénégalais sous le charme de ‘’Félicité’’
Pour soutenir le film du réalisateur sénégalais Alain Gomis, ‘’Félicité’’, sélectionné pour la 90e édition des Oscars du cinéma prévue en mars aux Etats-Unis, le Raw Material Company l’a diffusé, vendredi dernier, pour démarrer son programme académique 2018.
Le choix de ‘’Félicité’’ pour lancer le programme Raw ciné club en cette nouvelle année n’est pas fortuit, si l’on en croit la directrice de Raw Material Company, Koyo Kouoh. En effet, ce film du réalisateur Alain Gomis fait partie de la ‘’short list’’ des 9 films en compétition dans la catégorie du Meilleur long métrage de fiction en langue étrangère. C’est à l’occasion de la 90e édition des Oscars du cinéma qui doit se tenir aux Etats-Unis d'Amérique au mois de mars prochain. Il était en compétition avec 91 autres pellicules avant la sélection finale. Selon Koyo, le fait que ‘’Félicité’’ soit sélectionné aux Oscars est déjà une victoire pour le cinéma africain.
‘’La diffusion de ce film est une manière de soutenir sa chance d’être nominé et peut-être même de gagner les Oscars. Même sans vraiment connaitre les autres présélectionnés, je sais que ‘’Félicité’’ est un excellent film dans sa profondeur, dans sa qualité esthétique et dans son débat social. Bref, c’est un film très fort’’, soutient-elle.
Le réalisateur Aliou Badara Seck estime, pour sa part, que ‘’Félicité’’ a une très grande chance de gagner le grand prix, au soir du 4 mars prochain. Pour justifier son optimisme, le spécialiste rappelle le palmarès déjà assez reluisant du produit : Ours d’argent obtenu à la Berlinale en Allemagne, Etalon d’or de Yennenga à Ouagadougou et Prix spécial Silvers Hugo à Chicago, énumère-t-il, enthousiaste. ‘’Vous voyez que les trois continents ont déjà célébré ce film avec de grands prix. Je suis donc sûr qu’il va s’en sortir aux Usa. Car c’est un chef-œuvre et je sais que les Américains savent apprécier un bon film. Après tout, le cinéma est né chez eux’’, dit-il. Mais, à en croire le cinéaste, ce qui l’a le plus impressionné, dans ce long métrage, c’est le fait que le réalisateur essaie de déconstruire pour mieux décrire la réalité de l’Afrique.
‘’Les gens qui vont au Congo (Ndlr : Kinshasa) disent que c’est un pays chaotique. Alain a réuni ces éléments du chaos supposé pour en faire quelque chose de très harmonieux. Si vous regardez le film, il y a d’abord le récit de cette femme. Ensuite, on a l’orchestre qui est en train de jouer, Aussi représente-t-il la forêt… On voit une façon d’offrir une belle représentation de l’Afrique, et c’est extraordinaire’’, renseigne le cinéaste. Ce n’est pas tout, selon Aliou Badara Seck qui renchérit : ‘’Il y a également le fait qu’Alain a réussi à fusionner deux musiques différentes. C'est-à-dire la musique africaine, très rythmée, et la musique occidentale, classique, qui joue sur l’harmonie. Mais, surtout, le fait d’avoir la curiosité d’utiliser la langue africaine, bien qu’il ne la comprend pas. Il l’a fait parce qu’il a perçu dans cette langue la beauté et a voulu exprimer son histoire avec elle. Il fait éclore un récit nouveau, des acteurs, des talents, entre autres. Franchement, je suis à 100 % pour ce film’’, avoue-t-il.
Venu suivre le film avec son fils pour la première fois, Marie-Thérèse Diédhiou se dit impressionnée par ‘’sa force et sa violence’’. ‘’Le film est tellement profond, et il pose toutes les problématiques du sous-développement de l’Afrique. Il est universel et d’une violence profonde. Heureusement que l’orchestre philharmonique adoucit les mœurs et donne le courage de suivre jusqu'à la fin. Sinon, l’histoire racontée est vraiment très dure. En tant que femme, je me retrouve dans ce film’’, raconte Marie-Thérèse. Pour elle, c’est un Africain qui a fait le film tout court et toutes les nationalités peuvent s’y retrouver. ‘’C’est un grand bravo pour Alain. On lui tire le chapeau. Pour une fois, le Sénégal était présent dans le film et majoritaire dans le capital du film. C’est une fierté. J’ai beau ne pas être d’accord avec la politique culturelle, mais sur ce coup-là, je félicite le gouvernement pour avoir permis au pays d’être présent dans ce film et dans une très bonne posture’’, a-t-elle soutenu.