DES SPECIALISTES DONNENT LA CLE AUX JOURNALISTES CULTURELS
Se départir des simples comptes-rendus et faire des papiers de fond telle que la critique. Tel est le plaidoyer de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs).
Se départir des simples comptes-rendus et faire des papiers de fond telle que la critique. Tel est le plaidoyer de l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs). Cette association, en partenariat avec le groupe «Nous aimons lire», a organisé un panel sur le thème : «Critique littéraire : pluralité des perspectives et place dans la chaîne du livre». Samedi dernier, d’éminents professeurs ont, tour à tour, animé au Musée des civilisations noires des panels dans ce sens.
Au sortir du panel organisé par l’Association de la presse culturelle du Sénégal (Apcs), en partenariat avec le groupe «Nous aimons lire», les journalistes culturels sont désormais outillés pour étoffer leurs articles. La rencontre s’est tenue, samedi dernier, au Musée des civilisations noires (Mcn) autour de la thématique centrale «La critique littéraire : Pluralité des perspectives et place dans la chaine du livre». Elle a été animée par des professeurs de lettres, des éditeurs, des journalistes et écrivains. Dans sa communication, Pr Andrée Marie Diagne, formatrice à la Fastef, a d’emblée poser une question : «Je me demande si cette critique est un devoir pour l’écrivain ou le journaliste ? Est-elle un besoin pour le public ? Enfin, estelle une exigence pour nous tous pour pouvoir maintenir l’Afrique dans le concert des nations ?». Elle ajoute : «Critiquer c’est porter un jugement de valeur. Un jugement souvent subjectif, d’où l’ambivalence de ce mot «critique». Le critique construit son point de vue à partir de sa lecture de l’œuvre. Attention ! Si un critique se permet d’émettre (critiquer) un texte sans l’avoir lu, c’est le plus gros péché qu’on ne pardonne pas. Ne parlez pas de ce que vous n’avez pas lu. On n’a pas le droit de critiquer ce qu’on ne connaît pas.»
«Critiquer un texte sans l’avoir lu, c’est le plus gros péché»
Elle souligne aussi que le plagiat est un drame qu’on peut rencontrer dans la critique littéraire. Mais la critique entremêle trois types d’éléments, dont le narratif, des faits informatifs et argumentatifs. «Donc, cette critique est une étude sérieuse, une discussion, une évaluation, voire une interprétation du livre que vous avez à présenter. C’est dire que le critique doit être formé et informé. Il doit avoir une formation pour pouvoir aborder ce métier. Mais n’est pas critique littéraire qui veut», explique la professeure de lettres. Revenant à «Batouala», pour tirer des éclairages intéressants sur ce qu’elle appelle «les remous provoqués» par l’attribution du Goncourt à René Maran, elle indique que son livre ne valait pas mieux que les centaines de livres qui sont publiés et oubliés à la fin de l’année. Par conséquent, pour elle, «le jury du Goncourt s’était trompé de cible en donnant à René Maran ce « Prix Goncourt. Donc, voyez la critique, elle peut aller très loin. (…) Critique littéraire, nous avons besoin de vous pour que la porte de l’immortalité ne ferme pas à nos livres», déclare-telle. Pour Abdoulaye Racine Senghor, «il nous faut une critique littéraire, une critique journalistique. Il nous faut également dans la presse, la présence du livre. Si certains nous aident à penser, la critique aide à choisir et, par conséquent, à penser, disait Mame Less Camara. C’est aussi dire la responsabilité du critique littéraire. Il nous faut une critique littéraire honnête. Mais pour être honnête, celui qui est l’auteur de la critique littéraire doit s’entourer de toutes les garanties, qu’il se forme, qu’il sache de quoi il parle», conseillet-il.
«L’art est aisé, c’est la critique qui est difficile»
Son souhait est qu’on continue à assister les journalistes culturels, à leur donner les moyens pour qu’ils puissent constituer une équipe dynamique. «Les rédactions doivent leurs accordent les meilleures places dans les pages journaux, les meilleurs créneaux horaires à la radio et à la télé», plaide-t-il. Dans le même sillage, Abdoulaye Diallo, directeur de «L’Harmattan» estime que l’un des pires obstacles se trouve au niveau du nonrespect quelque part du cahier de charges des groupes de presse. «On constate très peu de présence de texte de compte rendu de critique littéraire au niveau de la presse écrite. La presse à cette lourde responsabilité de donner la place qui doit être la sienne aux livres. Il y a ce défi de l’autoformation à faire», insiste-t-il. Quant à Waly Ba de la Maison d’édition «Nuit et Jour», il estime que «l’art est aisé, c’est la critique qui est difficile».