HOMMAGE À SEMBÈNE, PAPE DU CINÉMA AFRICAIN
À l'occasion du centenaire de la naissance d'Ousmane Sembène, père fondateur du cinéma africain, Dakar rend hommage au géant sénégalais à travers une rétrospective de ses films qui ont révolutionné le septième art
À Dakar, où se déroule une rétrospective de ses films, la figure du réalisateur Ousmane Sembène, décédé en 2007, est mise à l'honneur à l'occasion du centenaire de sa naissance cette année. Cet artiste autodidacte, à la fois écrivain, scénariste et réalisateur, a placé son engagement politique, social et artistique au cœur de son œuvre cinématographique critique, selon des propos rapportés par l'AFP mardi 12 décembre 2023.
Ses films les plus emblématiques comme "Le Mandat" (1968), "Ceddo" (1976) ou "Camp de Thiaroye" (1988) sont projetés dans les cinémas dakarois. Qualifié de "père" du cinéma africain, il a "posé les jalons du cinéma africain" et "montré le chemin à toute une génération d'artistes", souligne le critique de cinéma Baba Diop, qui l'a interviewé à plusieurs reprises.
Pourtant, des voix regrettent l'absence d'hommage national de la part de l'État sénégalais pour cette "figure de référence". Au Fonds d'archives africain pour la sauvegarde des mémoires à Dakar, des dizaines de photos inédites d'Ousmane Sembène ont été retrouvées et numérisées, le montrant derrière sa caméra ou avec sa célèbre casquette, selon sa coordinatrice Katlyn Liliou.
Publiée cette année, la biographie "Ousmane Sembène, le fondateur" dresse le portrait de l'homme militant à travers des entretiens avec sa famille et collaborateurs. Il a inspiré plusieurs artistes sénégalais, dont le plasticien Cheikh Ndiaye qui expose des toiles évoquant l'histoire du cinéma au Sénégal. "La défense de la dignité des hommes et des femmes" est l'héritage le plus souvent mentionné par ses proches, à l'instar de son assistant Clarence Thomas Delgado. Si son centenaire semble avoir été oublié des autorités, Ousmane Sembène demeure une figure majeure de la culture africaine.